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(Gressy), un murus gallicus est aménagé vers le milieu du Ier s. av. J.-C. Tout autre situation au Mont Vully où
un puissant rempart à poteaux frontaux a été érigé une quarantaine d'années avant celui d'Yverdon, vers 120
av. J.-C., sur un site de hauteur (50 ha); sa durée de vie n'excède pas trois générations et il est abandonné
après la guerre des Gaules au profit d'Aventicum dans la plaine. Des levées de terre laissent supposer
l'existence de fortifications au Bois de Châtel (10 ha), au sud d'Avenches. L'identification de l'habitat de
hauteur de Châtillon-sur-Glâne (Posieux) avec un oppidum reste sujette à caution. Sur la presqu'île de l'Enge
près de Berne, Brenodurum, sans doute l'oppidum central du territoire des Helvètes, résulte d'un phénomène
de concentration et de densification de l'habitat dès le IIIe s. av. J.-C.; établi sur un site de hauteur protégé
naturellement par un méandre de l'Aar, il s'avère plus conforme au modèle des oppida, ne serait-ce que par
une superficie de plus de 140 hectares; son rempart à poteaux frontaux, clouté, date probablement de la fin
du IIe s. av. J.-C. Le vicus gallo-romain s'est développé, comme à Yverdon, au même emplacement. Sur le
Jensberg (commune de Studen BE), mis à part le Keltenwall englobant 30 hectares, de rares trouvailles
remontent au Ier s. av. J.-C. Un ensemble à vocation cultuelle y est installé au Ier s. apr. J.-C., le vicus de
Petinesca se développant à ses pieds, le long d'une route principale traversant le Plateau d'ouest en est.
En Suisse orientale, l'Uetliberg (50 ha), avec son imposant rempart extérieur (Vorwall) et des trouvailles
monétaires s'inscrit à la fin du IIe-début Ier s. av. J.-C., alors que dans la ville de Zurich, au pied du Lindenhof,
des fouilles au tournant du XXIe s. ont mis au jour les restes d'une occupation du Ier s. av. J.-C. A Windisch,
sous le camp romain de Vindonissa, le Keltengraben est précédé d'un rempart à poteaux frontaux du milieu
du Ier s. av. J.-C., protégeant une dizaine d'hectares de cet éperon sis entre l'Aar et la Reuss. Altenburg (Bade-
Wurtemberg) et Rheinau, sur deux presqu'îles emboîtées définies par les méandres du Rhin, sont un site
double, respectivement de plus de 200 et 80 hectares protégés par des remparts à poteaux frontaux; si
Altenburg est occupé dès la fin du IIe s., Rheinau semble lui succéder avant le milieu du Ier s. av. J.-C., pour une
ou deux générations à peine, précédant ainsi l'installation romaine au cours des dernières décennies avant
notre ère.
Le territoire attribué aux Rauraques est dominé, dans sa partie suisse, par le site de Bâle-Münsterhügel
(3,5 ha) avec un rempart mixte (poteaux frontaux et construction de type murus gallicus cloutée) de 120 m
de longueur précédé d'un vaste fossé; il est occupé au Ier s. av. J.-C. alors que l'agglomération ouverte de la
Gasfabrik, sur le déclin, est abandonnée dans le premier quart du Ier s. av. J.-C.; l'occupation militaire romaine
marque la fin de l'oppidum. Le Mont-Terri (4 ha), fortifié par un murus gallicus et occupé au Ier s. av. J.-C., est
traditionnellement considéré comme un oppidum des Rauraques.
La réalité archéologique est complexe et fort contrastée: tous les sites évoqués ne présentent pas une
importante superficie à l'instar de Berne ou d'Altenburg, ce qui peut être en partie mis au compte de la
chronologie, les sites du Ier s. av. J.-C. étant en général de plus petites dimensions; tous ne bénéficient pas de
remparts de contour, mais parfois de barrage, aux architectures différentes. De plus, la fonction de véritable
ville est difficile à assurer en l'absence de fouilles d'envergure. Les impératifs topographiques, stratégiques,
économiques et bien sûr historiques permettent en partie d'expliquer les différentes formes d'oppida
recensées dans une Suisse, dont le territoire au nord des Alpes était partagé, à la fin de La Tène, entre
Allobroges, Helvètes (Tigurins à l'ouest, Latobices à l'est ?) et Rauraques pour les peuples touchés par ce
phénomène d'urbanisation, emblématique du monde celtique finissant.
Bibliographie
– SPM, 4, 153-169
– S. Fichtl, La ville celtique, 22005