4 | L’actualitédicale | 13 janvier 2010
En Amérique du Nord, on
évalue qu’un patient sur
cinq est un chercheur
d’information dicale
sur Internet. Plus souvent des
femmes, plus nombreux dans la
tranche des 30-65 ans, ces inter-
nautes ont un nom : les health
seekers. Ils cherchent pour la plu-
part des renseignements sur un
probme précis, pour eux ou
pour un proche. Il arrive aussi
qu’ils veuillent entrer en contact
avec des communautés de sou-
tien virtuelles.
Obligés de limiter le temps de
leurs consultations, les médecins
ne suffisent manifestement pas à
fournir à chaque patient toute
l’information dont il a besoin. En
outre, dans certains cas, des doc-
teurs plus paternalistes que
d’autres sous-estiment systéma-
tiquement le besoin (ou le désir)
d’explications des patients et leur
capacité à les comprendre.
Mais qu’en est-il de ces recher-
ches d’information médicale
pour ce qui concerne votre prati-
que ? Sont-elles utiles ? Présen-
tent-elles des dangers ? Interfè-
rent-elles dans votre relation avec
vos patients ?
Premier écueil, la fiabilité sou-
vent fort douteuse des sites mé-
dicaux. Sur le Web, en santé com-
me ailleurs, on trouve du meilleur
et du pire, des sites offrant des
renseignements valables mêlés à
d’autres erronés, obsolètes, etc.
Heureusement, certaines organi-
sations attribuent un label aux
sites respectant les principes d’un
code de bonne conduite (Health
On the Net Foundation, notam-
ment).
Autre probme potentiel : le
patient qui, fort de sa toute nou-
velle science, pense en savoir
autant sinon plus que son méde-
cin. Celui-ci peut se sentir agacé
ou même agressé par cette atti-
tude. Un gros effort de patience
et de pédagogie s’avère alors né-
cessaire. Mais c’est aussi l’occa-
sion de passer en revue avec votre
patient l’information quil aura
glanée sur Internet pour en éva-
luer la qualité et lui expliquer la
particularité de chaque cas.
Enfin, on constate un phéno-
mène courant de cyberhypocon-
drie, certains e-patients vivant
une grande inquiétude, le plus
souvent sans raison, lors de re-
cherches effrénées sur le Web. Il
faut alors les rassurer et leur faire
comprendre que les profession-
nels de la sansont pour les
encadrer et leur éviter de se re-
trouver seuls face à des symptô-
mes inconnus.
Ces quelques inconvénients
mis à part, vos e-patients sont en
réalité bien plus susceptibles que
d’autres de se prendre en charge
et d’être prêts à prendre des déci-
sions de traitement plus éclai-
rées. Ils cherchent avant tout à
mieux comprendre leurs problè-
mes de santé et les traitements
que vous leur recommandez. Ils
veulent se prendre en main et
communiquer avec d’autres in-
ternautes qui vivent une situa-
tion semblable – ce qui, dans les
cas de maladies chroniques en
particulier, peut les aider à mieux
gérer leur santé.
Par ailleurs, il est évident que
tous les médecins ne connaissent
pas toujours tous les traitements
existants et leurs effets secondai-
res potentiels. La recherche de
votre patient peut alors parfois
contribuer à enrichir votre ex-
pertise de la pathologie vous
qui saurez évaluer la pertinence
des sites consuls. Quant aux
communautés de soutien vir-
tuelles, vos patients y trouveront
bien souvent des ressources pra-
tiques dans leur communauté, un
soutien psychologique important
et, parfois, d’autres options de
traitement valables côté médeci-
nes alternatives et complémentai-
res.
Enfin, confrontés par exemple à
des problèmes sexuels, de santé
mentale ou de toxicomanie, plu-
sieurs personnes oseront faire les
premiers pas pour chercher de
l’aide sur la toile, démarche sou-
vent encore impensable face à face
dans votre bureau.
Les recherches d’information
médicale sur le Web représentent
donc une dimension comp-
mentaire à la prise en charge mé-
dicale. Elles ne la menacent pas,
au contraire. Vos patients veulent
plus de renseignements, mais ne
vous y trompez pas : votre avis
compte avant tout. D’ailleurs, si
quelques-uns entrent en trombe
dans votre bureau en brandissant
quatre ou cinq feuilles imprimées
recto verso, certains n’oseront pas
vous parler de leurs recherches
sur Internet : ils ne souhaitent pas
que vous vous sentiez à tort
froissés ou remis en cause.
Alors, plutôt que de redouter les
consultations avec vos e-patients,
pourquoi ne pas prendre les de-
vants en leur recommandant
vous-mêmes des sites à consulter
(sites d’associations de patients,
sites d’informations médicales
spécialisées) afin de les guider
dans leurs recherches sur Inter-
net ? Tout le monde en sortirait
gagnant. b
En appui à la manifestation
de la population de Sept-
Îles du 13 décembre 2009,
nous aimerions aujour-
d’hui apporter notre soutien à
nos collègues et à la population de
cette ville.
Nos confrères et consœurs ont
raison d’attirer l’attention des
autorités sur les dangers d’une tel-
le exploitation minière. En effet,
toute exploitation minière com-
porte des risques professionnels
et environnementaux. Mais les
risques d’une mine d’uranium et
de ses rejets sont beaucoup plus
importants du fait de la radioacti-
vité de ces résidus. L’uranium 235
se transforme en plusieurs pro-
duits radioactifs secondaires dont
le radon et les différents isotopes
du polonium dont le polonium
210 qui a fait l’objet en 2006 d’une
communication médiatique re-
tentissante à la suite du décès de
l’espion russe Alexandre Litvi-
nenko après l’ingestion de quel-
ques microgrammes de ce pro-
duit.
Le radon est bien connu pour
les cancers du poumon occasion-
nés d’abord chez les mineurs de
mine d’uranium, puis au sein de
la population exposée. Il s’agit
d’un gaz hautement radioactif
plus lourd que l’air, mais qui peut
se propager sur de longues dis-
tances. Présentement, un ambi-
tieux programme de santé publi-
que est en voie d’être déployé sur
l’ensemble du territoire québé-
cois afin de juguler cette menace
à la santé de la population. C’est
ainsi que des sommes énormes
devront être investies afin d’éva-
Redoutez-vous les e-patients ?
ÉDITORIAL par Catherine Choquette
LES RECHERCHES D’INFORMATION MÉDICALE
SUR LE WEB REPRÉSENTENT UNE DIMENSION
COMPLÉMENTAIRE À LA PRISE EN CHARGE MÉDICALE.
ELLES NE LA MENACENT PAS, AU CONTRAIRE.
VOS PATIENTS VEULENT PLUS DE RENSEIGNEMENTS,
MAIS NE VOUS Y TROMPEZ PAS :
VOTRE AVIS COMPTE AVANT TOUT.
Soutien à la population et aux médecins démissionnaires de Sept-Îles
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