Redoutez-vous les e-patients

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ÉDITORIAL
COURRIER
DES LECTEURS
par Catherine Choquette
Soutien à la
Redoutez-vous les e-patients ?
n Amérique du Nord, on
évalue qu’un patient sur
cinq est un chercheur
d’information médicale
sur Internet. Plus souvent des
femmes, plus nombreux dans la
tranche des 30-65 ans, ces internautes ont un nom : les health
seekers. Ils cherchent pour la plupart des renseignements sur un
problème précis, pour eux ou
pour un proche. Il arrive aussi
qu’ils veuillent entrer en contact
avec des communautés de soutien virtuelles.
Obligés de limiter le temps de
leurs consultations, les médecins
ne suffisent manifestement pas à
fournir à chaque patient toute
l’information dont il a besoin. En
outre, dans certains cas, des docteurs plus paternalistes que
d’autres sous-estiment systématiquement le besoin (ou le désir)
d’explications des patients et leur
capacité à les comprendre.
Mais qu’en est-il de ces recherches d’information médicale
pour ce qui concerne votre pratique ? Sont-elles utiles ? Présentent-elles des dangers ? Interfèrent-elles dans votre relation avec
vos patients ?
Premier écueil, la fiabilité souvent fort douteuse des sites médicaux. Sur le Web, en santé comme ailleurs, on trouve du meilleur
et du pire, des sites offrant des
renseignements valables mêlés à
d’autres erronés, obsolètes, etc.
Heureusement, certaines organisations attribuent un label aux
sites respectant les principes d’un
E
4 | L’actualité médicale | 13 janvier 2010
code de bonne conduite (Health
On the Net Foundation, notamment).
Autre problème potentiel : le
patient qui, fort de sa toute nouvelle science, pense en savoir
autant sinon plus que son médecin. Celui-ci peut se sentir agacé
ou même agressé par cette attitude. Un gros effort de patience
et de pédagogie s’avère alors nécessaire. Mais c’est aussi l’occa-
Ces quelques inconvénients
mis à part, vos e-patients sont en
réalité bien plus susceptibles que
d’autres de se prendre en charge
et d’être prêts à prendre des décisions de traitement plus éclairées. Ils cherchent avant tout à
mieux comprendre leurs problèmes de santé et les traitements
que vous leur recommandez. Ils
veulent se prendre en main et
communiquer avec d’autres in-
LES RECHERCHES D’INFORMATION MÉDICALE
SUR LE WEB REPRÉSENTENT UNE DIMENSION
COMPLÉMENTAIRE À LA PRISE EN CHARGE MÉDICALE.
ELLES NE LA MENACENT PAS, AU CONTRAIRE.
VOS PATIENTS VEULENT PLUS DE RENSEIGNEMENTS,
MAIS NE VOUS Y TROMPEZ PAS :
VOTRE AVIS COMPTE AVANT TOUT.
sion de passer en revue avec votre
patient l’information qu’il aura
glanée sur Internet pour en évaluer la qualité et lui expliquer la
particularité de chaque cas.
Enfin, on constate un phénomène courant de cyberhypocondrie, certains e-patients vivant
une grande inquiétude, le plus
souvent sans raison, lors de recherches effrénées sur le Web. Il
faut alors les rassurer et leur faire
comprendre que les professionnels de la santé sont là pour les
encadrer et leur éviter de se retrouver seuls face à des symptômes inconnus.
ternautes qui vivent une situation semblable – ce qui, dans les
cas de maladies chroniques en
particulier, peut les aider à mieux
gérer leur santé.
Par ailleurs, il est évident que
tous les médecins ne connaissent
pas toujours tous les traitements
existants et leurs effets secondaires potentiels. La recherche de
votre patient peut alors parfois
contribuer à enrichir votre expertise de la pathologie – vous
qui saurez évaluer la pertinence
des sites consultés. Quant aux
communautés de soutien virtuelles, vos patients y trouveront
bien souvent des ressources pratiques dans leur communauté, un
soutien psychologique important
et, parfois, d’autres options de
traitement valables côté médecines alternatives et complémentaires.
Enfin, confrontés par exemple à
des problèmes sexuels, de santé
mentale ou de toxicomanie, plusieurs personnes oseront faire les
premiers pas pour chercher de
l’aide sur la toile, démarche souvent encore impensable face à face
dans votre bureau.
Les recherches d’information
médicale sur le Web représentent
donc une dimension complémentaire à la prise en charge médicale. Elles ne la menacent pas,
au contraire. Vos patients veulent
plus de renseignements, mais ne
vous y trompez pas : votre avis
compte avant tout. D’ailleurs, si
quelques-uns entrent en trombe
dans votre bureau en brandissant
quatre ou cinq feuilles imprimées
recto verso, certains n’oseront pas
vous parler de leurs recherches
sur Internet : ils ne souhaitent pas
que vous vous sentiez – à tort –
froissés ou remis en cause.
Alors, plutôt que de redouter les
consultations avec vos e-patients,
pourquoi ne pas prendre les devants en leur recommandant
vous-mêmes des sites à consulter
(sites d’associations de patients,
sites d’informations médicales
spécialisées) afin de les guider
dans leurs recherches sur Internet ? Tout le monde en sortirait
gagnant. b
n appui à la manifestation
de la population de SeptÎles du 13 décembre 2009,
nous aimerions aujourd’hui apporter notre soutien à
nos collègues et à la population de
cette ville.
Nos confrères et consœurs ont
raison d’attirer l’attention des
autorités sur les dangers d’une telle exploitation minière. En effet,
toute exploitation minière comporte des risques professionnels
et environnementaux. Mais les
risques d’une mine d’uranium et
de ses rejets sont beaucoup plus
importants du fait de la radioactivité de ces résidus. L’uranium 235
se transforme en plusieurs produits radioactifs secondaires dont
le radon et les différents isotopes
du polonium dont le polonium
210 qui a fait l’objet en 2006 d’une
communication médiatique retentissante à la suite du décès de
l’espion russe Alexandre Litvinenko après l’ingestion de quelques microgrammes de ce produit.
Le radon est bien connu pour
les cancers du poumon occasionnés d’abord chez les mineurs de
mine d’uranium, puis au sein de
la population exposée. Il s’agit
d’un gaz hautement radioactif
plus lourd que l’air, mais qui peut
se propager sur de longues distances. Présentement, un ambitieux programme de santé publique est en voie d’être déployé sur
l’ensemble du territoire québécois afin de juguler cette menace
à la santé de la population. C’est
ainsi que des sommes énormes
devront être investies afin d’éva-
E
popu
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