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Lespolymersomes,
des vésicules robustes
et stimulablespour lalibération
contrôlée desmédicaments
Article proposé par:
ElyesMabrouk,elyes.mabrouk@curie.fr
Damien Cuvelier,damien.cuvelier@curie.fr
FrançoiseBrochard-Wyart,francoise.brochard@curie.fr
Min-HuiLi,min-hui.li@curie.fr
PierreNassoy,pierre.nassoy@curie.fr
LaboratoirePhysico-Chimie Curie, UMR 168, Institut Curie/CNRS/UPMC, Paris
L’utilisation récente de molécules tellesque despolyrespour formerdes vésiculesaouvert de nouvelles
perspectivesbiomédicales.Ces vésicules, appeléespolymersomes,sontdes sphèrescreusesconstituéesd’une
bicouche de polyres.Dufaitde leur robustesse,lespolymersomes sont utiliséscomme nano-transporteurs de
médicaments destinésàêtre libérésdansles tissus ouorganesmalades.A cesfins trapeutiques,une étape
importanteconsisteàpouvoirclencherladestruction des vésicules une foisla cible atteinte. Nous rapportons
ici desexemplesdéclatementde polymersomescontrôlé pardes stimuli physiques.Nous discutonsles
canismes sous-jacents etleurs applicationspotentielles.
e nombreux médicaments ne peuventpasêtre
administrésdirectementdanslorganisme, carils
sont toxiquespour les tissus sainsou rapidement
éliminésparles reins.Encapsulercesprincipesactifs
dansdes« nano-transporteurs » nest pasnon plus un
gage absolude protection, caril existe descellules scia-
lisées(macrophages) dontlafonction est de captureret
déliminerlesparticulesétrangèresetpathogènes.Ce pro-
cessus de phagocytose est facilité parladsorption de
protéinesàlasurface de laparticule,quisontensuite
reconnues scifiquementparles récepteurs membra-
nairesdesmacrophages.Pour échapperàlaphagocytose
parlesmacrophages,une desprincipales voies suiviesa
été la conception desnano-transporteurs furtifs,le plus
souventdesliposomescoréspardespolyresde
nature polyéthylèneglycol (PEG). Lesliposomes sontdes
vésiculesdontlenveloppe est constituée d’une bicouche
de lipidesamphiphiles, cest-à-dire dont une extrémité est
hydrophile et une terminaison est hydrophobe. Dansle
casde liposomescorésde PEG, laprésence de la couche
polyre hydrophile en surface de lavésicule assureune
répulsion dorigine stérique,qui inhibe ladsorption de
protéinesàleur surface. Toutefois, cesliposomes,ca-
niquementfragiles,ont une durée de vie réduitesous
leffetducisaillementimposé parle flux sanguin notam-
ment.Récemment,l’utilisation de vésiculespolyres,
baptiséespolymersomes,est apparuecomme une alterna-
tive permettantdaccrtreletempsde circulation des
nano-transporteurs danslorganisme. Pour formerces
polymersomes,il suffitd’utiliserdespolyres synthé-
tiquesamphiphiles.Cesmacro-amphiphiles s’associent
alors spontanémenten bicouchesquisereferment sur
elles-mêmespour donnerdes vésicules.La robustesse des
polymersomesaméliorée par rapport aux liposomes vient
essentiellementdufaitque lamasse moléculaire despoly-
res,qui peut être modulée par syntsechimique,est
10à100 foisplus élevée quecelle deslipides.Lépaisseur
de la bicouche membranaire peut doncêtreaussi nette-
mentaccrue (voirfigure 1Aetencadré1 ). Cependant,
lenjeu trapeutique premiernest pas uniquement
lencapsulation de principesactifsdansdesnano-trans-
porteurs ultra-résistants.Lobjectif ultime est de faire en
sorte queces réservoirs s’accumulentdansles tissus ou
organescibsen demeurantintacts aucours de la circula-
tion danslorganisme,puisde lestruire oulespera-
biliserpour libérerlesmédicaments une foisarrivésà
destination. Cecahierdeschargesimplique doncune for-
mulation apparemmentantagoniste,puisque les réser-
voirs transporteurs doiventàlafoisêtrerobustesou
furtifs vis-à-visdu système immunitaire etpouvoirêtre
stabilisésàsouhaitlorsque la cible est atteinte.
Jusqu’àprésent,deux typesde stratégiesontétésui-
viespour réaliser un désassemblage contrôlé de polymer-
somes.La premièrevoie consisteàexploiterles vastes
possibilitésde syntsechimique pour concevoirdes
membranespolyres sensiblesàlenvironnement
chimique. Parexemple,si le caractère hydrophile du
D
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Lespolymersomes,des vésicules robusteset stimulablespour lalibération contrôlée desmédicaments
copolyreamphiphile est amplifié en milieuacide,les
polyresinitialement stablesdansla bicouche sesolubi-
lisentprogressivementdansle milieuaqueux environ-
nant, ce quiconduitàune perabilisation lente du
polymersome. La deuxième voie,quicommenceàêtre
explorée,viseàutiliserdes stimuli physiques(telsque les
champsélectrique etmagnétique,lalumière oulatem-
rature) pour truireàdistancecesnano-réservoirs
polyres.Danslasuite du texte,nous limiteronsnotre
discussion à ceteffetdes stimuli physiques sur les
Figure 1 – (A)Image d’un nano-polymersome obtenue
parcryo-microscopie électroniqueàtransmission. Barre
déchelle = 20 nm. Lanneau sombre est le cœur hydro-
phobe de la bicouche polyre,dépaisseur 8 nm (extrait
de B.M.Discheretal.,Science284,1143(1999)).
(B)Imagesd’un polymersome géantobtenue parmicro-
scopie optique,respectivementen fond clair(gauche) et
en fluorescence (droite). Un fluorophore hydrophile est
encapsulé dansle compartimentinterne aqueux dupoly-
mersome. Barre déchelle = 5 µ m.
Vésiculeslipidiquesetpolymersomes
Encadré 1
Unamphiphile est une molécule constituée d’une partie
hydrophile etd’une partie hydrophobe. Lestergents classi-
ques(utilisésdansleslessives) ont une forme conique
(grossetête hydrophile etfine queue hydrophobe) et s’organi-
senten micelles,exposantainsi lapartie hydrophile au
milieuaqueux etécrantantle blochydrophobeaucœur de la
micelle ( figureE1A ). Enrevanche,lorsque laforme molé-
culaire est proche de celle d’uncylindre,lesamphiphilesfor-
ment spontanémentdesbicouches, ce qui permetaux parties
hydrophobes,orientées vers lintérieur de la bicouche,dévi-
ter tout contactavecleau.Cette forme dauto-assemblage est
obtenue pour lesphospholipidesqu’on trouve danslesmem-
branesbiologiquesetdontlaqueue hydrophobe est consti-
tuée de deux chaînescarbonées( figureE1B ). Enfin,
lorsqu’une bicouche de moléculesamphiphiles sereferme
sur elle-même,on obtientdes vésiculesdites unilamellaires.
Celles-cisontimperablesetpeuventêtreutiliséescomme
des réservoirs pour encapsuleretprotégerdesescesacti-
ves.Troisgrandescatégoriesde vésicules sontactuellement
utiliséesdansle domaine de lalibération contrôlée de
drogues( figureE1C):i) lesliposomes sontconstituésde
phospholipides ; ii) lesliposomesfurtifs sontdesliposomes
«chevelus »,stabilisés stériquement,danslesquelsle phos-
pholipide aété « décoré », auniveaude satête hydrophile,
par une chaîne de polyre hydrosoluble (PEG, polyéthylène
glycol) ;iii) lespolymersomes sontdes vésiculesdansles-
quelleslamphiphile est un polyre,le plus souvent un
copolyre diblocquicontient unblochydrophile et unbloc
hydrophobe. La possibilité d’utiliserdespolyresde grande
masse moléculaire (relativementaux phospholipides,et
typiquementde quelques1000 à10 000 g/mol) leur confère
une plus grande épaisseur de membrane,etdoncune imper-
abilité,une stabilité et une robustesseaccrues vis-à-visdes
contraintescaniques.
FigureE1 – Représentation schématique de :(A)une micelle,formée àpartirdamphiphilesde forme conique;(B)une vésicule lipidique, constituée
d’une bicouche de phospholipides ; (C) différentesfamillesde bicouches susceptiblesde formerdes vésicules.Dansle casdupolymersome,le bloc
hydrophile dupolyre joue le rôle de latête polaire dulipide,etleschaîneslipidiquescarbonées sont remplacéesparle blochydrophobe.
Lespolymersomes,des vésicules robusteset stimulablespour lalibération contrôlée desmédicaments
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vésiculespolyres.Nous nous focaliserons sur deux
approchesdistinctes,quireposent sur descanismes
physiques radicalementdifférents.Ilyaquelquesannées,
un groupe aricain aétudié laréponse de polymer-
somesàunchamp électrique etmontré que ladestruction
de lamembrane pouvait résulterd’une augmentation de
latension de surface de lavésicule directementinduite
parle champ électrique. Plus récemment, aulaboratoire
de physico-chimie de lInstitut Curie,nous avonsproposé
une stratégie alternative,quireposesur unchangement
de courburespontanée induitparlalumière dansdes
bicouchesasytriquesde polyrescristaux liquides.
Avantdallerplus loin,notonsque,si lesapplications
médicalesdemandentde travailleravecdesnano-liposo-
mesoupolymersomesd’une taille de quelques100 nm,la
plupart des travaux académiques visantà caractériserles
paratrescaniquesde cesmembranes sont réalisés
sur des vésiculesditesantesd’un diatre de quelques
10µm (figure 1B );leur visualisation aumicroscope opti-
que permetleur manipulation etleur déformation à
léchelle de lobjetindividuel. Commençonsdoncpar
introduire quelquesgénéralités sur laphysique desmem-
branesetpar résumerlesprincipalesproprtésca-
niquesdes vésiculeslipidiquesetpolyres.
Proprtéscaniques
desmembraneset vésiculesfluides
Aupremierordre,une membrane constituée de deux
feuillets (oumonocouches) de lipidesoude polyres
amphiphiles,secomporte,d’un pointde vue mécanique,
comme une fine tranche homogène,qui peut être
cisaillée, courbée,etcomprimée oudilatée. Aléquilibre,
laréponse de lamembrane à cesdéformationsest caracté-
risée pardesparatres telsque le module de cisaille-
mentµ,le module de rigidité de courbureκ,etle module
détirement surfaciqueK a(quicorrespond àladilatation
oula compression de lamembrane). Les valeurs de ces
modulesdépendentde létat thermodynamique de la
membrane etde sa composition, cest-à-dire de lanature
chimique desamphiphilesqui la constituent.Dans un
étatfluide,une membrane noffreaucune résistanceau
cisaillement,doncµ=0.Lesénergiesélastiquesde cour-
bure etdétirement sontclassiquementmesuréespar
aspiration de vésiculesdans une micropipette (voirenca-
dré2 ). On définitaussiune tension critiqueàlaquelle la
vésicule éclate:il s’agitde latension de lyseτ c .Aune
échelle moléculaire,lastabilité d’une membrane lipidi-
que oupolyrerésulte principalementde léquilibre
entre deux forcesantagonistes:lesforcesattractivesde
Van derWaalsentrechaîneshydrophobesetlesforces
répulsivesde cœur dur (et/ouélectrostatiques) entretêtes
ou segments de chaîneshydrophiles(voirencadré1 ). Léti-
rementde lamembrane tend àéloignerleslipidesou
chaînesde polyresles unsdesautres, ce qui expose le
cœur hydrophobe de la bicouche àleau, augmenteson
énergie,etcontribueàlastabilisation de lamembrane.
Cependant,pour atteindreune description réaliste et
complète de laphysique desmembranes,il convientde
prendre explicitementen compte le faitqu’une mem-
brane nest paspurement un matériaubidimensionnel
élastique ethomogène,maisqu’elle est constituée de
deux feuillets partiellementcouplés.Notamment,lexis-
tence d’une asytrie entre lesdeux monocouchespeut
générer une courburespontanée de lamembrane. Cette
asytrie peut provenir soitd’une différence dansle
nombre de moléculesamphiphilesquicomposentchaque
feuillet,soitd’une différenceauniveaude laforme des
moléculesquiconstituentchaque monocouche. Pour
mieux comprendre lorigine physique de la courbure
spontanée,envisageonsle casconcretd’une membrane
danslaquelle lesdeux feuillets contiennent un nombre
différentdamphiphiles.Celagénèreune frustration au
sein de lamembrane. Plus précisément,si lasurface est
plane,le feuilletle plus peuplé setrouvecomprimé,tandis
que le feuilletle moinspeuplé est dilaté par rapport àson
étatdéquilibrestable. Il existe doncun gradientde
pression latérale dansladirection de lanormale àlamem-
brane, ce quicrée un momentde flexion. Enerti-
quement,il est alors plus favorable de courberla
membrane pour relâcherla compression dansle feuillet
le plus peuplé etlatension dansle feuilletle moinspeu-
plé. Cettecourburespontanée de lamembrane,C 0 ,est
doncun paratre intrinsèque de la bicouche,qui
dépend essentiellementde lanaturechimique desespè-
cesamphiphileschoisies.C 0est homogène àlinverse
d’une longueur,et vaut classiquement une fraction de
nm–1 dansle casde vésiculeslipidiques.En dautres ter-
mes,la contribution énertiqueassociée,de lordre de
κ C 0 2 ,est généralementnégligeable pour desmembranes
lipidiquesclassiques.
Eclatementde polymersomes
pardesimpulsionsélectriques
Lélectroporation est un phénomène largement utilisé
en biologie moléculaire pour incorporer un plasmide (ou
morceaudADN) dans une cellule qui permettralafabri-
cation d’une nouvelle protéine,dite exogène,nexistant
pasinitialementdansla cellule. Le principe de base
consisteà appliquer unchamp électriquebref etintense
sur descellules.Cette impulsion électrique provoqueune
perabilisation transitoire de lamembrane cellulaire et
permetlentrée dansla cellule de substancesexternes.
Le phénomène délectroporation,exploité de manière
empirique parlesbiologistes, a été étudié en détail pardes
physiciensen utilisantdesmembranesmodèles,telsque
desliposomesoupolymersomes.Lesmembraneslipidi-
quesoupolyresétantessentiellementimperables
aux ions,lapplication d’unchamp électrique provoque
laccumulation deschargesde chaquecôté de la bicouche.
Lecœur hydrophobe de lamembrane,dépaisseur d hetde
constante diélectriqueε(faible par rapport à celle du
21
Lespolymersomes,des vésicules robusteset stimulablespour lalibération contrôlée desmédicaments
Sonderlesproprtéscaniquesde vésiculesavecdesmicropipettes
Encadré 2
Lesproprtéscaniquesdes vésicules sontcaracté-
riséesparplusieurs paratresassocsaux déformations
appliquéesàla bicouche. La figureE2représentecesdiffé-
rents modesde déformationsavoirle cisaillement,la cour-
bure etladilatation. Parmi dautres,une techniquecourante
qui permetde mesurercertainsde cesparatresest latech-
nique daspiration parmicropipette. Le principe consisteà
aspirer une vésicule individuelle dans une micropipette (de
rayon R p) en créant une dépression àlaide d’unréservoir
deauconnectéàlapipette quise déplaceverticalement
(selon le principe des vasescommunicants). Comme on le
voit sur lafigureE3A ,lavésicule aspirée forme une
« langue » danslapipettetandisque laportion extérieure
demeuresphérique,de rayon R v.Ainsi,latension de la
membrane τ ,qui est homogène àune énergie par unité de
surface,est directementfixée parladépression appliquée
Δ P : selon laloi de Laplace,on a.Lavantage de
cette géométrie réside dansle faitque lalongueur de lalan-
gue, L, donne directementlaugmentation relative daire
membranaire pour une tension
donnée. En faisant varierτ ,nous obtenons une relation de
type contrainte-déformation,ouplus précisément tension-
aire de membrane. Généralement,deux régimes sontobser-
vés( figureE3B ). Aux faibles tensions,le régime est ditentro-
pique etlexcèsdairerécuré danslapipette provientdes
fluctuationsde lamembrane. Celles-cisontdirectement
reliéesaumodule de rigidité de courbureκde lamembrane,
typiquementde lordre de quelquesdizainesde foislénergie
thermique (10 –19 J). Augmenterlaire de lavésicule ( Δ A)a
uncoût énertiquesimilaireàune tension de surface,que
lon peut quantifieràlaide de larelation de Helfrich:
.Aux tensionsplus élevées,lamem-
brane est étirée élastiquementetcaractérisée par un module
détirement surfaciqueK a.Ce module caractérise la
compressibilité de la bicouche,et son ordre de grandeur est
de 100 mN/m. Une relation linéaire entretension etdéfor-
mation est alors attendue:.Enfin, aux tensions
encore plus élevées,lavésicule éclate. Cettetension maxi-
male de lyseτ c,de lordre de 20 mN/m pour lespolymerso-
mes,est intimementliée àlépaisseur de lamembrane età
son amincissement sous leffetd’une déformation dansle
plan de lamembrane. Cest un paratre qui peut êtreuti-
lisé pour caractériserlarobustesse de lavésicule.
τR·P
pΔ
Δ AA RL R
pv
/02
24ππ
FigureE2Modesde déformation d’une membrane.
ττ πκ
=
00
8
expkT
A
A
B
Δ
τ=KA
A
a
Δ
0
FigureE3(A)Polymersome géantaspiré dans une micropipette. (B)Courbe de latension de membrane en fonction de ladéformation relative obtenue
parlatechnique de micropipette. En inséré,la courbecomplète permettantde visualiserlatension de lyse.
milieuaqueux environnant)secomporte donc comme
une capacitanceC m(typiquementde lordre duµ F/cm 2 ).
Letempsde charge de lamembrane dépend de la conduc-
tivité desmilieux interne etexterne àlavésicule,maisdure
typiquementde lordre de lafraction de µsen milieu salin
(5 millimolesparlitre). Par suite,si ladurée de limpulsion
électrique est bien plus grande que le tempsde charge de
la capacitance,le potentiel transmembranaireV mainsi
Lespolymersomes,des vésicules robusteset stimulablespour lalibération contrôlée desmédicaments
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généré peut êtreconsidérécomme constantet unique-
mentdépendantduchamp électriqueE appliqué,du rayon
Rde lavésicule etde langle θentre ladirection duchamp
etlanormale àlamembrane :V mR.E·cos θ .Ce poten-
tiel crée une contrainte électro-compressive perpendicu-
laireauplan de lamembrane, couplée àune tension
latérale . Ceteffet,qui ne modifie pasla
composition desdeux feuillets,donne lieuàune tension
membranaire nette: , comme cela avaitété
introduitparLippmann il yaplus d’unscle sous une
forme différentielle. Pour une vésicule polyre initiale-
mentau repos,laugmentation duchamp électriqueappli-
quésetraduitpar une augmentation de latension nette de
lamembrane. Il existe doncaprioriun potentiel électrique
seuil,V c ,pour lequel latension de lavésicule atteint sa
valeur de lyseτ c .Le groupe de D.Discher, à lUniversité de
Pennsylvanie, a testécette prédiction exrimentalement.
Comme on le voit sur lafigure2 ,lapplication d’unchamp
électriquecrée deux poresaux pôlesde lavésicule,làoùle
potentiel transmembranaire est maximal( θ=0etπ ).
Léclaircissementdumilieuinterne de lavésicule vientdu
faitque lagentde contraste initialementencapsulé (ici,du
sucre) est expulséaucours de léclatementde lamem-
brane. Parailleurs,le mécanisme proposé daugmentation
de tension induite parle champ électriqueaétéconfir
quantitativement.Encontrôlantlatension latérale τini-
tiale (cest-à-dire en labsence de champ) par une micropi-
pette,il aen effetétévérifié que le potentiel de lyseV c
variaitbien comme ,en accordavecléquation de
Lippmann.
Alors que lélectroporation est couramment utilisée
pour formerdespores transitoiresdansdescellules sans
quecelane remette en cause leur viabilité,il peut êtresur-
prenantdobserver, comme sur lesphotographiesde la
figure2 ,que lapplication d’unchamp électriquesur une
vésicule polyreconduitàsasintégration complète.
Cette différence de comportementpeut s’expliquer semi-
quantitativementen regardantde plus prèsle mécanisme
physiqueassocàlanucation d’un pore etàsadynami-
que de croissance. Enadaptantàdeux dimensionslathéo-
rie classique de lanucation de cristaux quireposesur
lexistence de germesen solution,lavariation dénergie
d’un porederayon rest donnée parlasomme de deux
contributionsénertiquesantagonistes:d’une part,un
gain en énergie ~r 2 τ net , assocàlaréduction de surface
membranaire, ce quitend doncàagrandirle pore;dautre
part uncoût énertique~+rλ ,oùλest latension de
ligne de lamembrane (voirencadré2 ),quicorrespond à
lénergie nécessaire pour créerlinterface qui définitle
rimètre du trou, ce quitend àrétrécirle pore. Lénergie
globale dupore présente doncun maximum pour un
rayon critique,typiquementde lordre de quel-
quesnanomètresdanslesmembraneslipidiquesoupoly-
res.Ainsi,lathéorie de lanucation prévoitquetous
lesporesde taille surieureà cerayon critiquesont sus-
ceptiblesde crtre. Maislasuite duprocessus douver-
ture est un peuplus complexe. Aucours de lexpansion du
pore,latension de membrane relaxe etdufluide interne
est expulsé, carlapression interne,donnée parlaloi de
Laplace,est surieureàlapression externe àlavésicule.
Deux caspeuventensuitese présenter:i) si le tempsde
fuite duliquide,qui dépend de laviscosité dufluide
interne,est plus petitque le tempscaractéristique
douverture dupore (limité parlaviscosité de lamem-
brane), alors latension de membrane pourraêtrerelaxée
avantdestruction complète;celapermettraune ferme-
ture dupore;ii) àlinverse,si le fluide interne est vis-
queux,lexpulsion duliquide seraralentie,etle rayon du
pore ne cesseradaugmenter,jusqu’àsintégration
totale de lavésicule. Dece fait,lélectroporation est une
technique quiconduitàdes résultats trèsdifférents dans
le casdescellulesetdespolymersomes:desporesauto-
cicatrisants sontobservésdanslescellules,sansdoute
parce que lesmembranes sont sous-tenduespar une
«armature » visqueuse (le cytosquelette),etlélectropora-
tion est jugée relativementdoucechezlesbiologistes.Au
contraire dansle casde polymersomesen milieuaqueux,
lapplication dimpulsionsélectriquestruitlavésicule
de fon irréversible etpermet une soudaine libération à
distance desdroguesencapsulées.Il faut toutefois réaliser
que lordre de grandeur duchamp électriqueà appliquer
pour atteindre lalyse est le kV/cm. Appliquerde tels
champsau travers ducorpshumain serait vraisemblable-
mentaccompagné de sévèreseffets secondaires
Eclatementde polymersomes
parlalumière
Récemment,nous avonsveloppé une approche radi-
calementdifférente qui permetdinduire,par unstimulus
physique plus doux,léclatementde polymersomes.Pour
ce faire,nous avonsconçudespolymersomes sur mesure,
Figure2Séquence dimagesparmicroscopie à contraste de phase de lécla-
tementd’un polymersome sous leffetd’unchamp électriqueappliqué dans
ladirection verticale. Lesflèches sur la2 ephotographie montrentlaforma-
tion de deux poresaux deux pôlesde lavésicule. Lesautresdoublesflèches
mettenten évidence la croissance de cespores.Barre déchelle = 10µ m
(extraitde H.Bermudezetal., Europhys.Lett.64,550(2003)).
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