germinaux ou fondamentaux, qui à la suite d'épaississements de certaines parties,
d'amincissement d'autres parties, de repliements, etc., se transforment en embryon.
L'embryon n'était donc pas préformé dans l'oeuf. L'oeuf contient le matériel de fabrication,
matériel qui ne représente pas plus l'embryon que des briques ne représentent la maison
qu'elles servent à édifier. Mais dans le cas du développement de l'embryon, comme dans celui
de la construction d'une maison, un architecte doit intervenir pour diriger l'opération.
L'architecte du développement embryonnaire est une force vitale. Elle agit sur le
développement embryonnaire comme la gravité ou le magnétisme agissent sur les objets. Les
théories du préformationisme et de l'épigenèse furent en quelque sorte réconciliées par
Immanuel Kant (1724-1804) et Johann Frederich Blumenbach (1752-1840); ils stipulèrent
que la force vitale est une propriété de l'organisme même, est transmissible par les cellules
germinales et dirige le développement embryonnaire qui, lui, est épigénétique.
En 1883 August Weismann proposa une théorie qui tentait d'intégrer diverses notions
biologiques qui faisaient surface à l'époque: hérédité, ontogenèse, regénération, reproduction
sexuée, évolution par sélection naturelle. Sa théorie du germe-plasme offrait un modèle
mécanique de la différenciation cellulaire. Le spermatozoïde et l'oeuf contribuent un nombre
égal de chromosomes au zygote et les chromosomes portent les potentiels transmis; ils sont la
base de la continuité entre les générations. Toutefois, tous les "déterminants" d'un
chromosome donné ne sont pas distribués dans toutes les cellules de l'embryon, expliquant la
spécialisation des cellules sur des lignées différentes. Seuls les noyaux des cellules germinales
reçoivent tous les déterminants.
- Embryologie expérimentale: développement mosaïque versus régulateur
Il devint de plus en plus clair que des observations seules ne suffisaient à expliquer
l'embryogenèse. Les premières manipulations expérimentales en embryologie furent celles de
Wilhelm Roux (1850-1924). En 1888, Roux brûla un des blastomères de grenouille au stade 2
cellules. Le blastomère restant se développa en ce qui semblait être un demi-embryon. Roux
conclut au préformationisme et à la théorie du germe-plasme. Il formula sa pensée en offrant
la théorie du développement en mosaïque. Roux fut le premier à utiliser l'embryologie
expérimentale pour essayer d'expliquer le développement ontogénique et les forces qui le
gouvernent.
En 1891 Hans Driesch répéta l'expérience de Roux mais en dissociant deux blastomères
d'oursin, plutôt que de grenouille, et par séparation mécanique, plutôt que thermique. Chacun
des blastomères isolés se développa en larve complète, bien que petite, contredisant la théorie
du développement en mosaïque et supportant l'épigenèse. Driesch proposa la théorie du
développement régulateur, car il constatait que chaque blastomère d'oursin pouvait réguler
son développement. La potentialité d'un blastomère isolé, les types de cellules auxquels il
peut donner naissance, surpasse sa destinée, les types de cellules auxquels il donne naissance
au cours du développement normal. En 1894 Driesch suggéra l'existence d'interactions
nucléoplasmiques. La destinée d'un noyau dépend du cytoplasme dans lequel il se trouve. Il
invoqua l'existence d'une force vitale qui gouverne le développement et alors le vitalisme prit
vraiment de l'essor.
En 1928-35 Sven Hörstadius étudia expérimentalement les potentialités et les gradients de
l'ovocyte. En séparant méridionalement l'embryon d'oursin de stade 8 cellules, donc en
passant par l'axe animal-végétatif, chaque demi-embryon de 4 cellules se développe en une