PERSONNES À RISQUES54  INTRODUCTION
Les enfants peuvent-ils en être
victimes?
Les risques augmentent avec l’âge.
Pourtant, des jeunes, même spor-
tifs, meurent brutalement d’une
crise cardiaque.
L’infarctus du myocarde est raris-
sime chez les enfants et les adoles-
cents. Il peut être dû à une maladie
métabolique rare (hypercholestéro-
lémie familiale homozygote), une
pathologie immunitaire (Maladie
de Kawazaki), une malformation
de l’artère coronaire gauche, des
malformations cardiaques, une
hypertrophie cardiaque et d’autres
causes multiples et rares (lupus
etc.)
Chez le jeune sportif, une malfor-
mation des artères coronaires,
une hypertrophie cardiaque, ou
une malformation cardiaque non
connue peuvent en être la cause.
Les morts subites, chez les jeunes,
peuvent également avoir pour ori-
gine des anomalies génétiques
qui altèrent l’activité électrique du
cœur, en dehors de toutes patholo-
gies cardiaques morphologiques.
Dans ce cas, il est important d’’en
rechercher la cause : la découverte
d’une anomalie génétique permet
d’e ectuer un dépistage dans la
famille, et ainsi si des proches sont
porteurs de la même anomalie, il
sera possible de mettre en place
une stratégie de prévention, a n
d’éviter que le même drame sur-
vienne de nouveau dans la même
famille.
Plus de victimes chez les femmes
Le risque de subir un infarctus du
myocarde augmente dès 40 ans et
s’accélère à partir de 50 ans pour
les hommes et de 60 ans pour les
femmes, ces dernières étant proté-
gées jusqu’à la ménopause.
Contrairement à ce que l’on ima-
gine, la mortalité cardiovascu-
laire est plus importante chez les
femmes que chez les hommes et
représente la première cause de
mortalité féminine en Europe (52%
chez les femmes contre 42% chez
les hommes).
Les pathologies cardiovasculaires
tuent dix fois plus de femmes que
le cancer du sein. En France, le
nombre d’hospitalisation total
(Hommes + Femmes) pour infarc-
tus du myocarde a diminué de 17%
entre 2002 et 2008, mais au seul
béné ce des hommes dont le taux
d’hospitalisation avait diminué
après 25 ans, alors qu’il avait aug-
menté chez les femmes âgées des
35 ans et 54 ans. Cette augmenta-
tion est liée à l’augmentation du
tabagisme, de l’obésité, du diabète
et du stress.
Chez les femmes de moins de 50
ans, 50% des infarctus du myocarde
sont directement liés au tabac. La
mise en place d’une contraception
à base d’oestroprogestatifs ne doit
pas être prescrite chez une femme
de plus de 35 ans présentant une
obésité, un diabète, une hyperten-
sion artérielle ou un tabagisme.
Personnes à risques
P
Personnes à risques
P
Personnes à risques
Pourquoi le coeur s’arrête de
battre?
Si le coeur peut battre durant des
années sans problème, il peut
s’arrêter brutalement. Plusieurs
causes peuvent être à l’origine de
l’infarctus.
Un infarctus du myocarde corres-
pond à la mort d’une partie du
muscle cardiaque. A l’origine : l’ar-
rêt de la circulation du sang dans
cette région du cœur qui, privée
d’oxygène, ne peut survivre.
Lors d’un infarctus cardiaque, le
sang cesse de circuler dans une
des artères (appelée «coronaire»)
qui irrigue le cœur, car cette der-
nière se bouche brusquement.
L’obstacle est un caillot de sang qui
se forme en un endroit de l’artère.
Tout commence par la formation
d’une «plaque d’athérome» consti-
tuée de cholestérol et de débris de
cellules, entouré d’un tissu résis-
tant. Tant que celui-ci reste intact et
empêche le contact du sang avec la
bouillie de cholestérol et de débris
de cellules, le sang reste fluide et
continue de s’écouler, mais dès
qu’il se déchire le sang coagule et
un caillot se constitue, empêchant
la circulation sanguine.
La région du cœur qui est norma-
lement irriguée par cette artère
coronaire ne l’est plus, il s’agit de
l’«ischémie cardiaque». Privée de
sang une partie du cœur meurt.
Un court circuit électrique
Dès les premières minutes qui
suivent un infarctus du myocarde,
des anomalies du fonctionnement
du réseau conduisant l’électricité
dans le cœur peuvent apparaître
(troubles du rythme) et provoquer
une mort subite consécutive à un
trouble du rythme dénommé « bril-
lation ventriculaire ». Un cœur en
bonne santé est parcouru par une
onde électrique qui provoque la
contraction presque simultanée de
toutes les cellules cardiaques per-
mettant de développer une force
su sante pour propulser le sang
à travers tout l’organisme, avec un
débit important.
L’onde électrique doit pouvoir
passer facilement de cellules en
cellules pour envahir rapidement
l’ensemble du coeur. En cas d’in-
farctus du myocarde, les cellules
détruites par l’arrêt de la circulation
sanguine sont incapables de trans-
mettre l’onde électrique qui va être
détournée et se propager anorma-
lement à travers le cœur (revenir en
arrière, constituer des boucles qui
ré-exciteront rapidement la même
région du coeur etc).
De plus certaines cellules car-
diaques lésées peuvent déclen-
cher spontanément leur propre
activité électrique. Au total, alors
que normalement l’onde électrique
doit se propager de cellules car-
diaques à cellules cardiaques de
façon coordonnée, la coordination
disparait et la totalité des cellules
cardiaques se contracte de façon
anarchique. Les contractions du
muscle cardiaque deviennent trop
faibles pour éjecter le sang violem-
ment dans la circulation sanguine.
Par conséquent, le débit sanguin
est nul et les organes ne sont plus
irrigués, en particulier le cerveau.
Or, le cerveau est extrêmement
dépendant de l’apport de sang
pour vivre. Dès que la circulation
sanguine s’arrête, on perd connais-
sance et chaque minute qui passe
diminue l’espérance de vie du cer-
veau de 10%, donc celle de la vic-
time d’autant. Autrement dit, la
probabilité de décès est de 100%,
si la circulation sanguine n’est pas
rétablie en moins de 10 minutes. Il
s’agit de la mort subite.
Ou un problème mécanique
En dehors de causes électriques,
des causes mécaniques peuvent
conduire à l’arrêt cardiaque. Si
20% du muscle cardiaque n’est
plus perfusé par le sang, le cœur
ne se contracte plus avec su sam-
ment de force pour assurer un débit
de sang permettant aux organes
de fonctionner normalement. La
personne devient insu sant car-
diaque. Lorsque la faiblesse du
coeur devient trop importante, elle
peut provoquer un choc cardio-
Infarctus
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