Johannesburg ; à l’origine de deux cas secondaires : sa com-
pagne et une infirmière. Des cas apparaîtront ensuite au Kenya,
en 1980, et au Zimbabwe, en 1982, sans contamination secon-
daire, et enfin une contamination de laboratoire en Russie, en
1990. Ces manifestations, relativement rares, font que l’on sait
moins de choses encore sur ce virus. Si l’origine des premiers
cas est obscure, la possibilité de contamination nosocomiale ou
de laboratoire est évidente.
● Ebola (10, 11). Si toutes les observations faites en clinique
humaine sont africaines, il est possible que ce virus soit plus
largement répandu, comme le suggère l’importation aux États-
Unis (1989) de la souche Reston, à partir de singes importés
des Philippines.
La maladie humaine s’est manifestée pour la première fois en
1976 au Soudan. Deux cent quatre-vingt-quatre personnes ont
été atteintes et 151 en sont mortes (55 %). Un deuxième épi-
sode aura lieu la même année, 600 km plus loin, au Zaïre, dans
la région de Yambuku, arrosée par la rivière Ebola. La morta-
lité atteint cette fois 88 %, et les équipes soignantes locales sont
décimées. Le virus fera de nouveau parler de lui au Zaïre, en
1994, cette fois dans la région de Kikwit, puis en 1995, au
Gabon, dans la région de Makokou, atteignant des orpailleurs.
L’agent pathogène est un filovirus, nom venant de la structure
filamenteuse du virion, qui peut approcher un micron de long.
Ce virus à ARN monocaténaire enveloppé est très sensible aux
détergents, antiseptiques ou désinfectants.
Après une incubation très variable (de 3 jours à 3 semaines), la
phase fébrile s’accompagne fréquemment d’une pharyngite
nécrotique, entraînant une dysphagie, ayant rapidement pour
conséquence un amaigrissement et une asthénie importants.
L’association à une conjonctivite est évocatrice en situation épi-
démique. Les hémorragies, le plus souvent digestives, accom-
pagnent des douleurs abdominales et une diarrhée, réalisant le
tableau de diarrhée sanglante, signalé surtout lors de l’épidé-
mie de Kikwit.
L’épidémiologie n’en est encore que partiellement connue.
Cependant, les facteurs qui sont à l’origine des nombreux cas
secondaires ont été bien identifiés. Il s’agit de contaminations
nosocomiales liées à des conditions d’hygiène déficientes où à
l’absence de respect des règles élémentaires : réutilisation de
matériels d’injection mal nettoyés et mal stérilisés notamment.
Dans d’autres cas, la contamination était familiale, liée aux pra-
tiques coutumières de soins aux malades et aux rites funéraires.
Lors de chaque épidémie, il a été remarqué que le virus avait
tendance à perdre de sa virulence au cours des transmissions
successives (12). L’hypothèse de la cocirculation de plusieurs
souches de virulence différente a également été évoquée, en
particulier lors de l’épidémie du Gabon.
Chaque fois, la réintroduction de techniques élémentaires d’hy-
giène, contemporaine de l’intervention des équipes internatio-
nales, a permis d’obtenir l’arrêt de la transmission. Aucun cas
de transmission aérienne n’a pu être prouvé. Le mode de conta-
mination des cas initiaux est beaucoup plus énigmatique.
Chaque fois, la transmission a lieu en milieu rural, souvent
forestier, à partir d’un réservoir sauvage semble-t-il. Malgré le
prélèvement de nombreuses espèces animales, mammifères ter-
restres et arboricoles, chauves-souris, oiseaux et insectes, il n’a
pas encore été possible d’identifier ce réservoir. L’hypothèse
d’un virus d’origine végétale a même été évoquée. Quant aux
singes, ils sont victimes au même titre que l’homme : un cas
humain avait fait suite au dépeçage d’un chimpanzé trouvé mort
en Côte-d’Ivoire en 1994, et l’épidémie de 1995 au Gabon était
contemporaine d’une mortalité importante dans les populations
de gorilles.
PHYSIOPATHOLOGIE
Les causes des phénomènes hémorragiques qui se produisent
au cours de l'évolution des fièvres hémorragiques virales sont
encore mal connues. Elles apparaissent complexes et non uni-
voques, les divers virus mettant en jeu des mécanismes diffé-
rents. Dans un groupe qui comprend la fièvre jaune, la fièvre
de Crimée-Congo, celle de la vallée du Rift et la fièvre Ebola,
où les phénomènes hémorragiques sont particulièrement mar-
qués et l'évolution fréquemment mortelle, la nécrose hépatique
massive, directement liée à la réplication virale, paraît être le
facteur principal. Elle s'accompagne d'anomalies du nombre et
des fonctions plaquettaires (fièvre jaune, Ebola), ainsi que de
phénomènes de CIVD (fièvre jaune), qui semblent jouer un rôle
moins constant mais peut-être déterminant dans les formes les
plus graves. Dans les fièvres dues aux arenavirus,les phéno-
mènes nécrotiques sont mineurs, et les fonctions viscérales ne
paraissent pas altérées au point d'expliquer les hémorragies ou
le syndrome de choc. Il n'y a pas non plus d'évidence d'un méca-
nisme de CIVD. En revanche, les fonctions des endothéliums,
où le virus se réplique activement, et celles des plaquettes sont
considérablement perturbées. Un puissant inhibiteur des fonc-
tions plaquettaires, probablement produit par l'hôte, a été décou-
vert dans le sérum des malades, alors qu'il n'y a pas de throm-
bopénie (13).
Dans la dengue hémorragique, plusieurs mécanismes appa-
raissent intriqués. L'atteinte hépatique existe, plus modérée que
dans la fièvre jaune, ainsi que des signes de CIVD. La throm-
bopénie est souvent marquée, associée à une altération des fonc-
tions plaquettaires. Elle pourrait être la conséquence d'une inhi-
bition de l'hématopoïèse par un facteur viro-induit et de
phénomènes auto-immuns. Certaines protéines virales pour-
raient jouer un rôle dans ces mécanismes en mimant des fac-
teurs de la coagulation (14) ou certaines protéines de surface
des plaquettes et des endothéliums. Le choc est en relation avec
des lésions ou des perturbations de ces endothéliums. Selon une
théorie initialement proposée par Halstead, l'infection massive
des cellules mononucléées du sang, facilitée par des anticorps
antiviraux non neutralisants, traces d'une première infection,
contribuerait de façon décisive à ces perturbations par l'inter-
médiaire d'une libération excessive de cytokines (15).
PRÉCAUTIONS NÉCESSAIRES LORS DE LA PRISE EN CHARGE
D’UN CAS SUSPECT DE FIÈVRE HÉMORRAGIQUE VIRALE
En raison du risque de contamination du personnel soignant et
de celui de laboratoire, des précautions sont recommandées
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIII - n° 9 - novembre 1998
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