PLAN DE COURS SOC-1101 Introduction à la sociologie du droit (H-2014) Mercredi 18h30-21h30 Local DKN-1466 Chargé de cours: David Dupont [email protected] INTRODUCTION À la fin des années 1980, Guy Rocher rapportait (dans un chapitre d’un ouvrage collectif) l’étonnement qu’il eut lorsqu’un « vieil avocat un peu sourd », à qui le sociologue racontait qu’il s'intéressait à la sociologie du droit, lui affirma spontanément sans ambages « la sociologie, c’est le droit ». Sans donner raison à ce « vieil avocat », force est néanmoins de constater que l’étude du droit par les juristes et celle à laquelle s’adonnent les sociologues partagent certaines affinités. La plus évidente de ces affinités concerne la formation de quelques pionniers de la sociologie. Alexis de Tocqueville, Karl Marx, Max Weber, pour n’en nommer que quelques-uns, ont tous, avant de développer une approche sui generis de l’étude de la société, été formés dans des écoles ou des facultés de droit. Cette caractéristique n’est d’ailleurs pas l’unique apanage des « pères fondateurs » de la discipline. Plus près de nous, des auteurs tels que Niklas Luhmann et Michel Freitag ont légué à la discipline des théories générales après que leur esprit ait reçu un enseignement en droit - ce qui n’est d’ailleurs pas sans transparaître, çà et là, dans leurs oeuvres. À l'instar de l'approche de certains de ces sociologues, le cours posera son regard sur le droit en l'appréhendant d'abord comme un révélateur de la nature de la société (des finalités qu’elle se pose et de sa dynamique), société dont les normes juridiques forment pour ainsi dire le squelette. OBJECTIFS DU COURS Le cours Introduction à la sociologie du droit aura comme triple objectif 1) d’offrir une vue d’ensemble de l’inscription du droit dans la société (ses fonctions, certains des principes qui le guident, sa genèse sociohistorique, etc.); 2) d’explorer, par l’intermédiaire d’auteurs phares, quelques courants théoriques dans le champ de la sociologie du droit et; 3) d'offrir un aperçu de phénomènes contemporains mobilisant le droit et le transformant de façon inédite. MÉTHODE PÉDAGOGIQUE Les étudiants habitués aux cours magistraux ne devraient pas se sentir dépaysés. Les exposés du professeur constitueront l’essentiel de l’enseignement. Lorsque la thématique abordée s'y portera, une période de temps pour la discussion sera allouée à la fin de certaines séances. Un autre volet de l'approche pédagogique du cours consistera en la lecture, par l’étudiant, des textes obligatoires, et ce, en prévision de chaque séance. MODE D’ÉVALUATION Un examen en classe, qui comptera pour 25% de la note finale et qui portera autant sur les exposés magistraux que sur les lectures obligatoires, aura lieu lors de la dernière séance de la session (le 23 avril 2014). À cet examen s’ajoutera un résumé d’une longueur de six pages d’un jugement à choisir dans une liste qui vous sera envoyée avant la semaine de relâche. Ce travail comptera pour 15% de la note finale et sera à remettre le 16 avril. Les étudiants devront enfin résumer trois des textes se retrouvant parmi les lectures obligatoires à lire chaque semaine. Ces résumés ne compteront que trois pages (il faudra faire preuve d'esprit de synthèse). Chacun de ces travaux devra être remis au début de la séance en prévision de laquelle le texte qui lui correspond est à lire. Ces trois résumés de lecture compteront pour un total de 60% de la note finale. ÉCHELLE DE NOTATION A+ A A- B+ B B- C+ C C- D+ D E >= 90 >= 85 >= 80 >= 76 >= 73 >= 70 >= 66 >= 63 >= 60 >= 55 >= 50 <= 49 N.B. a) La mauvaise qualité du français observée dans les travaux remis se répercutera dans les notes. b) Deux points par jour de retard seront enlevés pour les travaux remis en retard. CALENDRIER 1) 15 janvier : Introduction : objectifs, méthode pédagogique, évaluations 2) 22 janvier : Exploration de quelques notions de base : droit, norme, institution Lire : Legendre, Pierre, (1992) Leçons VI. Les Enfants du texte. Étude sur la fonction parentale des États, éd. Fayard, p. 11-48. 2 3) 29 janvier : Normes et redressement de l’ordre dans les sociétés primitives (Mauss et Malinowski). Lire : Malinowski, Bronislav, (1980), Trois essais sur la vie sociale des primitifs, p. 51-80 4) 5 février : Sociétés traditionnelles ou hiérarchiques. Lire : Dumont, Louis, (1979), Homo hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Gallimard, p. 213-234 (« Le gouvernement des castes : justice et autorité »). 5) 12 février : Le droit dans la sociologie d’Émile Durkheim Lire : Durkheim, Émile (1894), La division du travail social, Paris, PUF, (chap. III). 6) 19 février : Les fondements du droit moderne Lire : Constant, Benjamin (1949), « La liberté des modernes, la liberté des anciens » 7) 26 février : Les fondements du droit moderne (suite) Lire : Hobbes, Thomas (2000 [1651]), Le Léviathan, Gallimard (coll. « Folio »), chapitres 16 à 18. 5 mars : Semaine de lecture 8) 12 mars : Le positivisme juridique Conférencier invité : Hugo Hardy Lire : Kelsen, Hans, (1934), « La méthode et la notion fondamentale de la théorie pure du droit », Revue de métaphysique et de morale, vol. 41, no2, p. 183-204. 9) 19 mars: Le droit et la postmodernité Lire : Gagné, Gilles, (1992) « Les transformations du droit dans la problématique de la transition à la postmodernité », Les Cahiers de Droit, vol. 33 no 3, septembre 1992, p. 701-733. 3 10) 26 mars : Le fonctionnalisme (autour de Parsons et Luhmann) Lire :Luhmann, Niklas, (2001), « La restitution du douzième chameau : du sens d’une analyse sociologique du droit », Droit et société, no 47, 2001, p. 15-73. 11) 2 avril : Brouillage entre le judiciaire et le politique Lire : Lambert, Édouard, (1921), Le gouvernement des juges et la lutte contre la législation sociale aux États-Unis : l’expérience américaine du contrôle de la constitutionnalité des lois, Paris, Marcel Girard, p. 8-30 12) 9 avril : Rapport juridique entre le Québec et le Canada Conférencière invitée : Eugénie Brouillet Lire : Brouillet, Eugénie (2008), « La evolución de las relaciones jurídicas entre Canadá y Quebec o la difícil cohabitación de dos lógicas nacionales », (2008) ISTOR, Quebec : Una Historia de 400 anos, 2008, p. 73-107 [version française]. 13) 16 avril : Synthèse Lire : Théry, Irène, (1995), « Vie privée et monde commun; réflexion sur l’enlisement gestionnaire du droit », Le débat, Paris, Gallimard, mai-août 1995, no 85, p. 137-155. 14) 23 avril : Examen BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE Quelques ouvrages d’introduction à la sociologie du droit : Carbonnier, Jean, (2001), Flexible droit : textes pour une sociologie du droit sans rigueur, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence. Carbonnier, Jean, (2004), Sociologie juridique, Paris, PUF. Rocher, Guy, (1996), Études de sociologie du droit et de l'éthique, Montréal, Éditions Thémis. Gurvitch, Georges, (2012), Éléments de sociologie juridique, Paris, Dalloz. Weber, Max, (1986), Sociologie du droit, Paris, PUF. Gaudemet, Jean (2000), Sociologie historique du droit, Paris, PUF. Broekman, Jan M.,(1993), Droit et anthropologie, Paris, LGDJ. Lévy-Bruhl, Henri, (1981), Sociologie du droit, Paris, PUF. 4 Rude-Antoine, Edwige et Geneviève Chrétien-Vernicos (dirs), (2009), Anthropologies et droits : état des savoirs et orientations contemporaines, Paris, Dalloz. Villey, Michel, (2003), La formation de la pensée juridique moderne, Paris, PUF. Alliot, Michel, (2003), Le droit et le service public au miroir de l'anthropologie, Paris, Karthala. Strauss, Leo, (1986), Droit naturel et histoire, Paris, Flammarion. Sériaux, Alain, (1993), Le droit naturel, Paris, PUF. Serverin, Evelyne, (2000), Sociologie du droit, Paris, Éditions la Découverte. Chazel, François et Jacques Commaille (dirs), (1991), Normes juridiques et régulation sociale, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence. Colliot-Thélène, Catherine, (2001) Études wébériennes : rationalités, histoires, droits, Paris, PUF. Lectures obligatoires Legendre, Pierre, (1992) Leçons VI. Les Enfants du texte. Étude sur la fonction parentale des États, éd. Fayard, p. 11-48. Malinowski, Bronislav, (1980), Trois essais sur la vie sociale des primitifs, p. 51-80 Dumont, Louis, (1979), Homo hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Gallimard, p. 213-234 (« Le gouvernement des castes : justice et autorité »). Durkheim, Émile (1894), La division du travail social, Paris, PUF, (chapitre III). Constant, Benjamin (1949), La liberté des modernes, la liberté des anciens. Hobbes, Thomas (2000 [1651]), Le Léviathan, Gallimard (coll. « Folio »), chapitres 16 à 18. Kelsen, Hans, (1934), « La méthode et la notion fondamentale de la théorie pure du droit », Revue de métaphysique et de morale, vol. 41, no2, p. 183-204. Gagné, Gilles, (1992) « Les transformations du droit dans la problématique de la transition à la postmodernité », Les Cahiers de Droit, vol. 33 no 3, septembre 1992, p. 701-733. Luhmann, Niklas, (2001), « La restitution du douzième chameau : du sens d’une analyse sociologique du droit », Droit et société, no 47, 2001, p. 15-73. Lambert, Édouard, (1921), Le gouvernement des juges et la lutte contre la législation sociale aux États-Unis : l’expérience américaine du contrôle de la constitutionnalité des lois, Paris, Marcel Girard, p. 8-30, Brouillet, Eugénie (2008), « La evolución de las relaciones jurídicas entre Canadá y Quebec o la difícil cohabitación de dos lógicas nacionales », ISTOR, Quebec : Una Historia de 400 anos, 2008, p. 73-107 [version française]. Théry, Irène, (1995), « Vie privée et monde commun; réflexion sur l’enlisement gestionnaire du droit », Le débat, Paris, Gallimard, mai-août 1995, no 85, p. 137-155. 5