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"Jérusalem, nous conjuguons ton nom", Christian Bernard, octobre 2001
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SEQUENCE EN LANGUE ARABE
1 - SAVOIRS ET COMMENTAIRES DIDACTIQUES
Pour la contribution de la langue arabe à notre travail interdisciplinaire sur Jérusalem, nous avons
effectué un choix volontairement restreint d'inscriptions portées par l'un des monuments symboles de la
sainteté de la ville pour l'islam, le Dôme du Rocher (Qoubbat Al-Sakhra).
Notre choix d'inscriptions exprime à la fois la symbolique du bâtiment pour la religion musulmane et un
certain regard de propagande de foi islamique à l'intention tant des chrétiens que du monde arabe de
l'époque.
1.1) Le Dôme du Rocher et ses inscriptions
A la mort de Mahomet (632) et lors de la prise de Jérusalem par les troupes conquérantes de l'islam en
638, le Mont du Temple n'est que ruines et immondices depuis des siècles. Pourtant, c'est bien vers lui
que le Prophète ordonne de diriger la prière dans les premiers temps de l'islam à Médine. Jérusalem
occupe alors la première place dans la nouvelle religion, "elle est un pôle de vénération de l'islam
naissant qui s'inscrit dans la tradition biblique…"
Ce choix s'inscrit dans une volonté délibérée d'identifier l'islam avec les autres traditions bibliques : les
gens des Livres Saints, Torah et Evangile, sont eux aussi des croyants, comme les musulmans qui
suivent les pas des Prophètes".1 En effet, l'islam prétend reprendre à la source la tradition monothéiste
issue d'Abraham, tradition qui aurait été falsifiée par les Juifs puis par les chrétiens. La Sourate IV, 171
déclare "Ô gens du Livre! Ne dépassez pas la mesure dans votre religion, ne dites, sur Dieu, que la
vérité".2 Or, une très ancienne tradition juive d'abord, puis proche orientale, situe sur le rocher du Mont
du Temple, le sacrifice d'Abraham.3
C'est précisément sur ce lieu que le calife Omeyyade Abd al-Malik fit édifier par des architectes et
artistes byzantins, le Dôme du Rocher en 691-92 soit l'an 72 de l'ère Hégirienne.4 C'est donc
improprement que l'édifice est parfois appelé Mosquée d'Omar, du nom du gouverneur musulman qui
conquit la ville en 638. Ce n'est pas à l'origine un lieu de culte mais de commémoration, un "martyrium".
Il s'agit de l'un des plus anciens et plus beaux monuments conservés de l'islam des débuts. Une telle
magnificence n'était pas sans raison d'être.
En effet, ce Dôme du Rocher remplit à l'époque trois fonctions essentielles :
- positionner dans la ville sainte la foi musulmane comme nouveauté certes, mais aussi comme
rétablissement d'un discours vrai sur le monothéisme.
- rivaliser avec le dôme du Saint Sépulcre chrétien tout proche, lieu important de pèlerinage évocateur
de la passion et résurrection de Jésus. Si l'architecture s'inspire directement du modèle chrétien
concurrent, le Dôme cherche à rivaliser de splendeur et également à rappeler quelle véritable place
Jésus doit tenir dans la tradition prophétique. D'où notre choix d'une inscription où cela est évoqué.
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- La dynastie des Omeyyades fondée par le cinquième successeur du Prophète, le calife Muawiya, qui
s'installe à Damas (660) capitale de la nouvelle conquête de Syrie Palestine, sait qu'il lui faut un
monument hautement symbolique pour concurrencer le sanctuaire de la Mecque, lieu de pèlerinage,
qui appartient à une faction rivale des Omeyyades. A plusieurs reprises dans l'histoire, Jérusalem a pu
être considérée comme le lieu de substitut de pèlerinage officiel, le Hajj, à la place de la Mecque. Ce
geste du calife Abd al-Malik était d'autant plus urgent qu'on reprochait aux Omeyyades leur royauté
temporelle (mulk) et non théocratique (nubuwwa).
- Les inscriptions de l'édifice, composées pour la plupart de mosaïques de verre, ressemblent plus aux
vieux corans enluminés qu'à de la sculpture sur pierre. Elles garnissent les bandeaux intérieur et
extérieur des deux coupoles emboîtées qui constituent le dôme. Un premier relevé scientifique a été
effectué par le comte de Vogüe au XVIIIème siècle, puis début XXème siècle par M. Van Berchem.5 Le
texte de ces inscriptions est directement issu du Coran, soit sous forme de paraphrase de tel ou tel
verset plus ou moins facile à identifier, soit sous forme de citations partielles ou totales de passages
coraniques louant Dieu et son Prophète. Inscrite en caractères coufiques simples 6 cette foi
musulmane qui prétend délivrer le seul véritable message de Dieu dans sa cité sainte, était un
véritable défi lancé aux chrétiens. Van Berchem constate qu'il y a peu de différences entre ces
inscriptions et le texte officiel du Coran, d'où la déduction logique que ce dernier était donc déjà fixé, et
cela, moins d'un siècle après la naissance de la nouvelle religion. Seules quelques graphies
archaïques peuvent être constatées. Parmi les arts musulmans, la calligraphie est essentielle
puisqu'elle reproduit le texte coranique divin. Ce n'est donc pas un art mineur comme souvent en
occident chrétien. Pour le Dôme du Rocher, c'est le seul nom d'artiste qui nous soit parvenu : Khalid
ibn Abou al-Sayyaj qui calligraphiait les corans pour le calife al-Walid.
1.2) Ce que ces inscriptions disent d'essentiel sur la foi musulmane
L'inscription photographiée au-dessus des portes d'accès au Dôme,
reprend une célèbre formule coranique que l'on appelle la basmala,
c'est-à-dire l'invocation:" Bismillahi rahmani Rahim", formule qui
introduit presque toutes les sourates du Coran et que l'on rend en
français par " Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux". Cette
formule est en islam couramment prononcée avant tout acte important
de la vie quotidienne.
Comment comprendre ces termes de Clément et de Miséricordieux ?
Le Dieu de l'islam n'est pas lointain, froid et redoutable, il se présente
ainsi seulement à ceux qui le rejettent. Dieu est considéré comme tout
puissant, et en raison de cela, il est celui qui pardonne, il est le
Miséricordieux pour ceux qui le suivent.
Al-rahman : le Miséricordieux, Rahim; le Clément. Rahman et Rahim sont deux mots issus de la même
racine rhm "entrailles", "miséricorde". Il est possible que al-Rahman soit le nom du Dieu unique adoré
avant l'islam au sud de la péninsule arabique, ce qui expliquerait pourquoi, au départ les Mekkois étaient
hostiles à la basmala. Al-rahman est employé par les musulmans pour dire Dieu dans son mystère
d'indulgence aux hommes qui suivent ses prescriptions, alors que le mot Allah est une notion plus
métaphysique qui déplace le centre d'intérêt sur l'unicité ineffable du divin.
A maintes reprises, les inscriptions du bandeau reprennent tout ou partiellement une autre formule non
moins célèbre, la Chaada ou profession de foi de l'islam : "J'atteste qu'il n'y a pas de divinité hormis
Dieu et que Mahomet est l'envoyé de Dieu" Toute traduction française est difficile et ne peut pas
rendre l'harmonie sonore du balancement de la formule arabe : "achhadou anna lâ ilâha illâ Allah wa
Muhammad rasûl Allah".7
Plus que l'un des cinq piliers de l'islam,8 la formule de la Chaada est "la clef de voûte" affirmait le grand
islamologue français Louis Gardet. En effet, la formule est un double témoignage. Arrêtons nous d'abord
sur la première partie dite première Chaada qui concerne Dieu. Elle atteste que Dieu est unique : "pas
de divinité si ce n'est Dieu" : "la ilah illa Allah". Nous sommes là au cœur de la foi monothéiste
musulmane et l'on comprend qu'elle veuille s'afficher à Jérusalem.
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Le nom de Chaada ou Shahadah, vient du verbe Shahida qui possède une double signification en
arabe : le fait de voir ou de percevoir et de proclamer ce que l'on voit ou perçoit. C'est la proclamation
d'une perception (de la vérité), c'est le lien intime entre une compréhension (perception) et son
énonciation. La Chaada exprime la vérité perçue. C'est la formule de convertion en islam : prononcée
avec sincérité devant deux témoins musulmans suffit pour le devenir. En fait, il faut la prononcer à
longueur de journée pour que son sens pénètre au plus profond de l'être, d'où la fréquence de la
Chaada dans les inscriptions du Dôme du Rocher.
Cette première Chaada juxtapose un élément négatif (le nafy) "la ilaha : il n'y a pas de divinité", et un
élément affirmatif (l'ithbat) : Allah, Dieu comme seul existant. Entre les deux se trouve la passerelle "illa",
mot formé d'un conditionnel "in" (si) et d'une négation "la" (ne pas). " La juxtaposition de "si" et de deux
négations constitue une sorte de passerelle miraculeuse ou magique hors du monde en direction de ce
qui ne peut jamais être nié, Allah".9
Précisons que le mot Allah n'est pas, comme beaucoup le croient, et comme on peut encore souvent
hélas le lire, le nom propre de Dieu. Allah, soit al-Llah, désigne la nature divine, c'est-à-dire Dieu tout
simplement. Un Arabe chrétien dit lui aussi Allah. Le nom propre de Dieu ne peut être connu par
l'homme, car, selon une vieille croyance antique proche orientale, connaître le nom d'une personne ou
d'un dieu, c'est le connaître intimement. Or Dieu dans l'islam est le Tout Autre, le transcendant.
L'homme accède aux 99 plus beaux noms de Dieu,10 le 100ème, ineffable, ne sera connu seulement
qu'au paradis dit la tradition islamique.
La Chaada, c'est l'affirmation d'un "Dieu Unique et Un" : "Allah wahid wa ahad". Il y a pour l'islam, Unité
et Unicité de Dieu. Dieu n'a pas d'associé et il ne se subdivise pas. Le "tawhid", l'unicité de Dieu, est un
dogme essentiel de l'islam.
Ces affirmations intransigeantes s'opposent à la fois au polythéisme arabe d'avant la révélation et à la
fois au christianisme. La trinité chrétienne telle qu'elle est définie progressivement lors des grands
conciles œcuméniques des IV et Ve siècles11 est perçue par l'islam comme du tri théisme : "Ne dites pas
trois" déclare le Coran en IV, 171, texte repris ici par l'inscription du Dôme du Rocher.
La deuxième partie de la Chaada, ou deuxième Chaaada : "Mohammed est l'envoyé de Dieu" :
Muhammadun rasulu-Llah". Elle signifie que de la transcendance, de la seule Réalité, vient un
message adressé aux hommes par le biais d'un homme, Mahomet (Muhammad) qui a reçu la mission
de rasoul - la Risala. De la Bible judéo-chrétienne, le Coran reprend l'idée d'une lignée de prophètes,
c'est-à-dire d'hommes qui parlent pour Dieu. Le texte coranique en distingue, entre autres, cinq majeurs
12: Noé, Abraham, Moïse, Jésus et Mohammed, le dernier et définitif.
La langue arabe distingue deux mots : nabi, le prophète13, celui qui annonce un message aux hommes
de la part de Dieu, et rasul, l'apôtre, celui qui est envoyé pour transmettre aux hommes un Livre, une loi
religieuse. Pour le rasul, son acceptation de cette loi en fait un exemple pour les hommes. Les autres
grands prophètes sont également rasul : Abraham apporte la Torah, Jésus l'Evangile. Il y a dans l'islam
l'idée que l'Evangile a abrogé la Torah et qu'à son tour le Coran abroge l'Evangile. L'abrogation en
question doit être comprise comme une élucidation de l'essentiel, une élimination des déviations
introduites par les hommes dans la Loi divine. Ainsi, Mahomet par sa fonction de rasul, reprend et
récapitule t-il dans le Coran que lui dicte Dieu, tous les autres messages. Il n'est que l'intermédiaire par
qui Dieu délivre son message. Face au Saint sépulcre, le Dôme du Rocher proclame cela.
1.3) Jésus et Mahomet
Que Jésus n'appartienne pas aux seuls chrétiens mais aussi aux musulmans, que le nom même de
Jésus soit fréquent dans le Coran, voilà qui étonne souvent en occident et qu'ignore une grande majorité
de nos élèves. Les inscriptions du Dôme du Rocher se font un devoir de propagande de dire le point de
vue de l'islam sur Jésus, face au Saint Sépulcre où Dieu le ressuscita selon le christianisme. Si c'est
bien le même Jésus que l'on retrouve dans le Coran - et sur ces inscriptions arabes à Jérusalem-,
et dans l'évangile, au-delà de certaines convergences nous devons souligner une divergence
fondamentale. Or d'une divergence aussi forte sur Jésus découle inévitablement une divergence
fondamentale sur la conception de Dieu.
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Jésus n'appartient pas aux seuls chrétiens, il y a aussi un Jésus de l'islam. Jésus, Isa en arabe, est
mentionné dans 15 sourates du Coran, 93 versets lui sont consacrés. Il ne faut pas s'en étonner, le
Coran se veut rappel de la révélation faite par Dieu aux Juifs et aux chrétiens. Il est donc intéressant
d'étudier, même sommairement, la figure de Jésus telle qu'elle apparaît dans le Nouveau Testament et
dans le Coran.
Nous allons souligner ici les principales convergences et divergences à son sujet.14
a) des convergences.
Une naissance mystérieuse. L'évangile et le Coran ont le même discours : Jésus est né de la Vierge
Marie - Myriam en arabe -, par l'action de l'Esprit Saint, c'est-à-dire de Dieu. Il est intéressant de
comparer les récits d'annonciation et de nativité. Dans les deux cas, un ange annonce à Marie qu'elle
aura un fils sous l'effet "du souffle de Dieu", de son esprit. Comparer le récit de l'évangile selon Luc I,
26-38 et les passages suivants du Coran Sourate XIX, 17-33, ainsi que III, 42 - le Coran n'a pas de récit
aussi suivi que l'évangile, les données sur Jésus sont assez disparates.
La question qui se pose bien évidemment, est celle du lien entre les textes. Pour un musulman, la
réponse est claire, ce qui est dit de Jésus est issu de la révélation faite à Mahomet, c'est-à-dire de la
vérité rétablie, il ne saurait être question d'un quelconque emprunt aux évangiles. Pour les chrétiens, il y
a peut être inspiration divine mais surtout une forte dépendance à l'égard des évangiles de l'enfance et
entre autres d'évangiles apocryphes qui circulaient à l'époque de Mahomet et dont il aurait eu
connaissance. Des Juifs et des chrétiens étaient établis dans la péninsule arabique, Mahomet les
fréquentait.
Jésus est ainsi par sa naissance mis à part, il est un être exceptionnel qui accomplit des miracles, guérit
l'aveugle né, le lépreux, ressuscite des morts. Jésus annonce la Bonne Nouvelle, l'Evangile, il confirme
la Torah, il a des disciples que l'on appelle aussi apôtres dans le Coran, il constate l'incrédulité des Juifs.
Jésus est dans les deux textes, le Messie, mais, ce vocabulaire n'a pas toujours le même sens dans
l'évangile et dans le Coran
b) des divergences fondamentales
Alors que dans l'évangile, Jésus annonce à plusieurs reprises sa mort prochaine et sa résurrection,
dans le Coran, il échappe à la mort. Ainsi si Jésus ne meurt pas, il ne peut être ressuscité. Selon la
tradition musulmane, un sosie fut mis à sa place par Dieu. Dieu ne pouvait laisser mourir cet être
d'exception.
Il n'y a pas dans le Coran ce problème du scandale de la croix auquel se sont heurtés les premiers
chrétiens.
Il est simplement enlevé au ciel - comme dans la tradition biblique pour des personnages comme Elie-,
et il reviendra à la fin des temps, alors il pourra mourir et ressusciter lors de la résurrection finale de tous
les êtres au dernier jour.
Jésus dans le Coran est le Fils de Marie, le Messie, le prophète, l'Envoyé, le plus saint de tous, mais en
aucun cas il n'est divin, Marie n'est pas mère de Dieu. Sourate V, 17 "Ceux qui disent :" Dieu est, en
vérité, le Messie, fils de Marie" sont impies". Jésus n'est pas rédempteur, il n'y a pas d'incarnation,
Jésus n'est pas fils de Dieu. Dans le Coran, Jésus est prophète. Jésus est un exemple à suivre pour son
obéissance à la volonté divine, il est chargé de rappeler le pur monothéisme, d'annoncer Mahomet
comme dernier des prophètes. Jésus est le plus saint des prophètes, Mahomet est le sceau des
prophètes, c'est-à-dire le dernier. Il n'est pas Dieu, s'il accomplit des miracles, c'est que Dieu agit en lui,
ce n'est pas un signe de sa divinité. La trinité chrétienne est niée: Sourate IV, 171 : " Croyez donc en
Dieu et en ses prophètes. Ne dites pas "Trois".
Dans l'évangile, comment est présenté Jésus ? La réponse n'est pas simple mais est embrouillée par
le fait que la formulation que nous avons est généralement celle des grands conciles du Ve siècle et non
celle des textes bibliques. Dans les textes, on s'interroge sur Jésus, il n'est pas dit clairement qu'il est
Dieu. Jésus lui-même pose cette question à ses apôtres " Et pour vous, qui suis-je ?". Prenons garde ici
de ne pas opposer deux théologies différentes, celle du christianisme et celle de l'islam, dans leur
globalité, mais d'en rester aux deux textes, Bible et Coran. La conception chrétienne d'un Jésus vrai
Dieu et vrai homme est tardive, elle s'est élaborée lors de discussions très dures, certaines
communautés chrétiennes n'ont pas accepté ce dogme de l'Eglise et ont été qualifiées d'hérétiques. Des
échos de ces querelles étaient connus en Arabie.
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Ainsi, au-delà d'un semblable monothéisme de principe, commun à la Bible et au Coran, où Juifs,
chrétiens et musulmans se retrouvent, une divergence forte s'installe entre le Nouveau testament et le
Coran. La conception de Dieu est finalement différente. Le Coran rejette l'incarnation, Dieu n'a pas de
Fils Sourate IV,171 "A Dieu ne plaise d'avoir un enfant", S.CXII-3:" Il n'engendre pas et n'est pas
engendré". Un homme même créé miraculeusement par Dieu ne peut être Dieu. Le Coran s'oppose
donc à toute la théologie chrétienne de la rédemption : Dieu qui par amour livre son fils afin de racheter
les hommes du péché. Attention, la Trinité n'est pas, comme telle, présente dans le texte biblique du
Nouveau Testament, elle n'y est qu'en germe, c'est la théologie chrétienne qui progressivement la
mettra au point dans les premiers siècles lors des grands concile .
Ainsi, dans le Coran Jésus et sa mère Marie sont vénérés, mais ils ne font pas l'objet d'un culte.
Pour l'islam, la vocation mariale de Jérusalem ne se borne pas au seul Dôme du Rocher. La mosquée
Al-Aqsâ, à l'autre extrémité de l'esplanade, rappelle elle aussi le rôle clef de Marie et Jésus dans la
révélation biblique reprise par le Coran.15
Le commentaire de ces quelques lignes d'inscriptions arabes sur le prestigieux Dôme du Rocher, nous a
fait pénétrer au cœur des conceptions divines de l'islam et du christianisme dans une perspective
comparatiste. Rappelons encore une fois, que dans le cadre d'une approche laïque des faits religieux, il
est hors de question de favoriser une religion, un point de vue religieux. Le travail ne consiste pas à
recevoir comme vrai une vérité révélée, mais à comprendre d'un point de vue d'homme, comment des
hommes et des femmes, jadis comme actuellement, répondent aux grandes questions existentielles.
Pour les disciplines, la conception de Dieu est culturelle. Dire qui est Dieu est une manière d'être homme
chrétien ou musulman. Nous voudrions pour terminer souligner quelque chose qui nous tient à cœur et
qui est fort bien exprimé par Bernard Descouleurs16: "La prise en compte de la dimension
anthropologique de l'enseignement des disciplines est une condition indispensable du réinvestissement
culturel : le sens ou le non-sens de l'existence dépend, pour une large part, de la vision du monde que
dévoile l'univers culturel façonné jour après jour à travers l'enseignement des différentes disciplines. En
effet, toutes les disciplines concourent à construire chez les élèves leur humanité".
Cela est vrai pour l'étude de l'arabe, comme des autres langues, à condition toutefois, que
l'enseignement proposé ne s'enferme pas dans la seule technicité linguistique, que l'étude d'une langue
soit l'occasion d'ouvrir à une pensée autre que la sienne. Combien de voyageurs occidentaux à
Jérusalem passent à côté de ce que nous venons d'évoquer à propos des inscriptions arabes du Dôme
du Rocher ? C'est tout là l'intérêt de l'enseignement distancié du fait religieux.
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