Lénine et la France - La question de l'indépendance nationale et du colonialisme
polémique contre le socialiste français Hervé et l'hervéisme anarchisant, qui prêchaient l'antipatriotisme : « la patrie,
c'est-à-dire le milieu politique, culturel et social donné, est le facteur le plus puissant dans la lutte de classe du
prolétariat... Le prolétariat ne peut pas se comporter d'une façon indifférente et insensible envers les conditions
politiques, sociales et culturelles de sa lutte ; par conséquent, les destinées de son pays ne peuvent pas lui être
indifférentes ».
Nous nous inspirions de cette pensée lorsqu'en juin 1926, au Congrès de Lille du Parti, nous montrions que les
communistes étaient les meilleurs défenseurs du patrimoine national, eux qui refusaient de laisser « livrer aux
banquiers américains le produit du travail de plusieurs générations » sous prétexte de dettes de guerre à acquitter.
Nous nous en inspirions en 1933 quand nous déclarions à la tribune de la Chambre : « Nous, prolétaires, nous
aimons notre pays ». La délégation française s'en inspirait deux ans plus tard, au VIIème congrès de l'Internationale
communiste quand elle présentait à juste raison le mouvement communiste français comme l'héritier des grandes
traditions nationales, celle des Encyclopédistes, des révolutionnaires de 93, des Communards, de tous ceux qui ont
lutté pour la liberté et le progrès.
Depuis, le Parti communiste français n'a jamais cessé d'oeuvrer à l'indépendance et à la grandeur du pays, que ce
fût au temps de la lutte contre Hitler et de la Résistance, ou pendant la bataille de la renaissance française au
lendemain de la guerre, ou maintenant dans le combat contre les abandons de la souveraineté en politique
extérieure, et à l'intérieur pour la rénovation profonde de la vie économique, politique et culturelle de la France, pour
l'épanouissement de toutes les virtualités nationales.
Comme Lénine l'a dit lui-même, la fidélité au but final de la classe ouvrière s'accompagne forcément, dans le coeur
du communiste, de l'amour de sa langue et de sa patrie, du sentiment de fierté nationale, du désir de voir son peuple
libre et florissant, marchant résolument sur la route du progrès.
La question coloniale à la lumière du léninisme
Un peuple, disaient Marx et Engels, ne peut pas être libre s'il en opprime d'autres. Lénine, étudiant l'époque de
l'histoire où le globe entier était partagé entre les principaux pays impérialistes et où le colonialisme atteignait son
apogée, a insisté sur cette formule de ses grands prédécesseurs, qu'il qualifiait de "principe fondamental de
l'internationalisme". Il a souligné que les socialistes doivent revendiquer l'émancipation immédiate des colonies,
exiger qu'on leur reconnaisse le droit à l'autodétermination (tome 22, page 140). A ses yeux, les ouvriers des
métropoles sont les alliés naturels des peuples coloniaux, dans la mesure même où le mouvement de libération
nationale affaiblit les positions de l'impérialisme oppresseur dans son propre pays.
Le mouvement socialiste français d'avant 1914, qui, par la voix de Guesde et de Jaurès, avait si courageusement
dénoncé les guerres de rapine coloniale, avait admis cependant à l'occasion, sous la pression de l'opportunisme,
une certaine "pénétration pacifique" de la France dans les pays faibles ; quant aux révisionnistes à la Millerand, ils se
prononçaient ouvertement pour le système colonial. Le jeune Parti communiste fut rapidement confronté avec les
problèmes que posaient l'existence d'un grand empire colonial français et la lutte des peuples coloniaux pour
l'indépendance. Il fut amené à pratiquer dans l'esprit de Lénine une politique conforme à l'internationalisme
prolétarien et par conséquent aux intérêts bien compris du peuple français.
L'année 1925 fut marquée par la guerre du Maroc. Notre Parti organisa l'action contre la guerre, suscita à travers
toute la France des congrès ouvriers pour lutter contre elle, impulsa la grève de protestation du 12 octobre 1925.
Une lourde répression n'arrêta pas son effort.
Depuis 1925 jusqu'aujourd'hui, le Parti communiste français a continué à suivre la voie tracée par Lénine. En Asie et
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