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INTRODUCTION
Les comportements des entreprises en matière de localisation ont connu d’énormes
transformations depuis la fin du XXe siècle. Leurs choix de localisation, avec l’accélération de
la mondialisation, ont pris un caractère stratégique important. Ce qui oblige chercheurs et
théoriciens à reconsidérer les fondements de l’analyse régionale et les principes de la
localisation des entreprises industrielles.
Caractérisée par la suppression progressive des barrières commerciales et des obstacles liés à
la mobilité des facteurs, la mondialisation des économies guide, dans tous les espaces et à des
échelles différentes, les filières et les spécialisations. Aux échelles plus réduites comme les
villes, la vitalité des espaces (qu’il s’agisse de ceux qui "gagnent" ou qui "perdent" et dont les
dynamiques divergent), alimente les débats sur l’aménagement et la gestion du territoire
(Benko et Liepietz, 1992 ; Victor, 2004). Dans l’espace urbain, les activités économiques, et
surtout industrielles, se répartissent de manière très hétérogène (Aguilera-Belanger et al,
2004 ; Million, 2004 ; Essombè Edimo, 2007a, 2007b). Il s’observe ainsi la poursuite d’un
double phénomène de concentration et d’étalement urbain des activités au profit d’un nombre
réduit de sites périphériques ou centraux. Pour les pouvoirs publics, cette situation soulève
d’importants enjeux urbains. Car, les collectivités locales ayant la charge de l’aménagement et
de la gestion du territoire supportent les coûts induits par ces dynamiques. Aussi souhaitent-
elles disposer des moyens susceptibles de maitriser et d’influencer l’organisation de ces
localisations (Million, 2004, Op.cit.).
Parmi les diverses interventions en direction des entreprises à leur disposition, la mise en
place des zones d’activités industrielles est devenue l’une des actions les plus répandues et les
plus importantes par les investissements qu’elles représentent (Million, 2004, Ibidem.).
Classiquement, elles se définissent comme un « ensemble de terrains acquis et regroupés par
un maître d’ouvrage, généralement public, parfois privé, pour faciliter l’installation, le
fonctionnement et le développement d’établissements à caractère économique » (Moatti,
1968). Dans son principe, la réalisation des zones d’activités répond à un double objectif de
développement et d’aménagement du territoire.
La ville de Douala ne se détache pas de ce contexte. Premier centre industriel du Cameroun,
c’est également la principale porte d’entrée des pays de la CEMAC1. Avec une population
estimée à 3,2 millions d’habitants, elle réalise environ 65% du PIB national et 25% de celui
de la sous-région et concentre quelques 35% des entreprises du pays (dont 32,1% des activités
industrielles du Cameroun) (INS/RGE, 2010). Dans une optique d’aménagement du territoire,
cette ville s’est dotée, depuis les années 70, de deux zones industrielles : Bonabéri (Douala 4e)
et Bassa (Douala 3e). Dans ce dernier arrondissement d’ailleurs, deux autres centres de
fabrication industrielle, respectivement dénommés "Centre St Michel" et "Ndokotti", se sont
formés peu à peu. Ces dispositions industrielles sont gérées par la MAGZI2 et proposent un
certain nombre d’avantages, notamment les dessertes maritimes, ferroviaires, aéroportuaires
et routières (CUD, 2008, 2009). Pendant des décennies, l’activité industrielle était concentrée
1 CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale, qui est constituée du Cameroun,
Tchad, République Centrafricaine, Guinée Equatoriale, Gabon et Congo,
2 MAGZI : Mission d’Aménagement et de Gestion des Zones Industrielles,