Variation systématique de la fonction initiale de masse (IMF) dans les galaxies elliptiques
Pour mieux connaître l'évolution des galaxies, et la masse immobilisée dans les étoiles, il est
essentiel d'évaluer la fonction initiale de masse des étoiles (IMF), i.e. quelles sont les
proportions d'étoiles massives ou d'étoiles naines lorsqu'il se produit une flambée de
formation d'étoiles par exemple. L'IMF est essentiel pour déduire le rapport Masse sur
Luminosité (M/L) d'une population d'étoiles, car les étoiles naines ont un M/L bien supérieur
à celui des étoiles massives. La variation de l'IMF d'une galaxie à l'autre a souvent été
proposée depuis près de 50 ans, mais les données étaient toujours compatibles avec un IMF
universel. Dans une récente étude menée par une équipe internationale, comprenant un
chercheur de l'Observatoire de Paris, les données photométriques et cinématiques de 260
galaxies de type elliptique ou précoce ("early-type") ont été modélisées afin d'estimer plus
précisèment le rapport M/L, et par là l'IMF intégré durant toute la vie de la galaxie. L'étude
conclut à une forte variation systématique de l'IMF, en fonction du rapport M/L, pouvant
générer des différences en masse d'un facteur trois. Ces différences proviendraient de
l'histoire de formation des galaxies elliptiques, dont on pense qu'elles se forment plus
rapidement et plus violemment que les galaxies spirales.
Figure 1 : Modélisation des champs de vitesse de 5 des galaxies de l'échantillon. Chaque colonne
correspond à une galaxie, dont le nom NGC est donné en haut. Les couleurs réprésentent les vitesses, avec
la palette indiquée en bas. Les vitesses ont été symétrisées par rapport à l'axe vertical central. La rangée du
haut sont les vitesses observées. La rangée du milieu représente les meilleurs modèles, ajustant le mieux
les données, avec un M/L indiqué à droite pour chaque galaxie. La rangée du bas reprend ce modèle mais
avec un M/L divisé par 1.5. On voit combien la variation de M/L détruit le bon ajustement avec les données.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir
La détermination de la masse stellaire d'une galaxie est toujours entachée d'incertitudes. Pourtant il y a beaucoup
d'enjeu à la connaître : d'abord, connaissant la luminosité des étoiles, qui est observée dans diverses couleurs, on
en déduit le rapport Masse sur Luminosité, ou M/L, qui dépend de la nature des étoiles, de leur âge, de leur
métallicité, de leur distribution en masse. On peut ainsi remonter à l'histoire de la formation d'étoiles dans la galaxie.
D'autre part, connaissant la masse dynamique de la galaxie, dérivée du champ de vitesses des étoiles, on peut
déterminer la masse manquante, donc la quantité de matière noire dans la galaxie en fonction du rayon, par
soustraction de la masse stellaire à la masse totale. Dans les galaxies elliptiques ou lenticulaires, possédant très
peu de gaz interstellaire, la masse dynamique est dominée par la masse stellaire, la masse noire ne représentant
que quelques pourcents. Ceci est donc favorable pour mesurer la masse stellaire. Toutefois, ces galaxies de type
Copyright © Observatoire de Paris centre de recherche et enseignement en astronomie et astrophysique relevant du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.Page 2/3