Certaines tentatives ont été faites pour rétablir la philosophie dans ses droits, en
particulier Bergson, Husserl ou Merleau-Ponty. Mais en réalité la philosophie semble
aujourd’hui appartenir au passé et notre siècle a été le siècle des sciences humaines :
sociologie, psychologie expérimentale, ethnologie, anthropologie, droit, économie. On
assiste au morcellement du savoir, à la spécialisation à outrance et l’homme, l’objet
privilégié de la philosophie, est étudié à travers des statistiques comme une chose,
sans âme, sans volonté.
b) Philosophie et religion
Prédominance actuelle de la religion
Aujourd’hui, la situation semble changer et on assiste à un retour en force de la
religion (cf. la prolifération des sectes ou l'apparition d'un Nouvel Age qui prédit
l'instauration d’une religion mondiale, fondée sur le passage d’une conscience
individuelle et limitée à une conscience cosmique et infinie par le développement des
potentialités du cerveau), par le biais des spiritualités orientales ou de l’ésotérisme (cf.
Da Vinci Code). La montée d'un islam légaliste et non éclairé, particulièrement dans
les pays d'immigration en est aussi un symptôme. Face aux impasses du rationalisme
et du scientisme, c’est à la religion qu’on demande de répondre aux aspirations de
l’âme à l’infini et à la totalité. Quand la philosophie doute de sa capacité à dépasser le
savoir scientifique, c’est souvent vers la religion qu’elle cherche secours et appui.
La distinction entre raison et foi
Toutefois il faut prendre soin de bien distinguer le domaine religieux du domaine
strictement intellectuel qui est celui de la philosophie. Il n’y a pas de philosophie
chrétienne comme il n’y a pas de philosophie bouddhiste ou new age. Il y a la
Philosophie, c’est-à-dire l’ensemble des vérités que la raison seule (sans l’apport
d’aucune révélation ni d’aucun mythe) est capable de démontrer. Cependant toute
religion comporte un certain nombre de présupposés philosophiques : la croyance en
la réincarnation suppose l’affirmation d’un dualisme entre le corps et l’âme (le corps
n’a pas de valeur et ne participe pas à la dignité de la personne.) Ou bien la croyance à
la résurrection de la chair suppose au contraire l’unité indissociable du corps et de
l’âme. Ces présupposés qui se donnent pour des vérités naturelles doivent être soumis
à une critique philosophique rigoureuse car ils ne peuvent être l’objet d’un acte de foi.
La philosophie est une discipline rationnelle, c’est-à-dire qui se fonde sur la capacité
de la raison à connaître le réel. Elle ne fait donc jamais appel à le foi. La raison peut
aller jusqu’à connaître Dieu comme un être nécessaire et premier dans l’ordre de
l’univers, mais jamais comme la Révélation nous le fait connaître par la foi, c’est-à-dire
Dieu-incarné, Dieu-amour, Dieu-sauveur.
La confusion entre la foi et la raison
L’une des caractéristiques du retour du religieux à l’heure actuelle, c’est qu’il tend à
faire passer ses présupposés philosophiques pour des vérités surnaturelles qui exigent
une adhésion de foi ou bien à faire passer ce qui est du domaine révélé pour des
vérités de raison, mesurables et démontrables.
Une telle confusion est proprement irrationnelle, et ne répond pas à l’exigence de
rigueur indispensable à la philosophie comme à la théologie. A terme, elle conduit