2. EFFETS SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL DES SYSTÈMES DE PROTECTION SOCIALE DANS LES ÉCONOMIES ÉMERGENTES
PERSPECTIVES DE L’EMPLOI DE L’OCDE 2011 © OCDE 2011
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secteur formel. Cela peut permettre de libérer des ressources qui peuvent être utilisées
pour aider ceux qui ne disposent pas d’une épargne suffisante.
Ces recommandations de l’OCDE font écho à l’initiative du socle de protection sociale des
Nations Unies, qui vise à encourager l’accès universel au moins à des niveaux minimums de
protection sociale1. Ainsi qu’il est suggéré dans ce chapitre, assurer l’accès à des seuils
minimums n’est pas important uniquement du point de vue de l’équité, mais cela peut
également, si le système est bien conçu, contribuer à obtenir de meilleurs résultats sur le
front de l’emploi et, à terme, une croissance plus forte et plus juste.
Introduction2
Renforcer les systèmes de protection sociale est l’une des grandes priorités de l’action
publique dans les économies émergentes. Ces systèmes ont en effet un rôle essentiel à
jouer vis-à-vis des objectifs que sont la lutte contre la persistance de la pauvreté, la
protection des ménages contre les risques de perte de revenu et de maladie et la résorption
des inégalités économiques. La crise mondiale de 2008-09 a relancé l’intérêt pour la mise
en place de systèmes de protection sociale efficaces dans les économies émergentes. Elle a
montré qu’avoir des systèmes de protection sociale en place avant la crise renforçait
l’efficacité des réponses apportées par la politique sociale aux nouveaux besoins. Elle a
dans le même temps fait apparaître les nombreuses faiblesses structurelles des dispositifs
en place dans les économies émergentes (OCDE, 2010a)3.
La mise en place de systèmes de protection sociale adaptés dans les économies
émergentes soulève des difficultés majeures. Tout d’abord, il faut s’assurer qu’ils apportent
un soutien efficace à ceux qui en ont besoin dans un contexte où moyens financiers et
administratifs sont limités et où l’importance du travail informel laisse de nombreux
travailleurs non couverts par les principaux instruments de la politique sociale. Il faut
ensuite veiller à ce que les systèmes de protection sociale ne jouent pas à l’encontre des
incitations au travail, en particulier dans le secteur formel. Le fait est que la concentration
des ménages vulnérables dans l’économie informelle risque de donner lieu à des choix
difficiles entre les objectifs de la politique sociale et ceux de la politique de l’emploi. La
prise en compte des effets potentiels sur le marché du travail dans la conception des
systèmes de protection sociale peut nettement améliorer leur efficience.
Ce chapitre s’intéresse aux arbitrages et aux éventuelles synergies entre politique
sociale et politique de l’emploi auxquels les pouvoirs publics des pays émergents peuvent
se trouver confrontés lorsqu’ils mettent en place ou lorsqu’ils réforment leurs systèmes de
protection sociale. Une analyse complète de ces phénomènes doit tenir compte des effets
du système de protection sociale sur la pauvreté, la stabilité de la consommation et les
inégalités de revenus, et de son impact potentiel sur le marché du travail. Le chapitre se
concentre sur ce dernier aspect, en étudiant notamment les effets négatifs sur les
incitations au travail, en particulier dans le secteur formel, et les changements observés en
termes de qualité des emplois. Il couvre neuf grandes économies émergentes, dont trois
membres de l’OCDE (Chili, Mexique, Turquie), cinq partenaires au processus d’engagement
renforcé (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde, Indonésie) et un pays qui cherche à d’adhérer
à l’OCDE (Fédération de Russie)4.
La section 1 donne un rapide aperçu de la taille et de la couverture des systèmes de
protection sociale dans les économies émergentes. Les trois sections suivantes sont
consacrées chacune à un aspect particulier de la protection sociale et aux conséquences