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Canada failing on palliative care
traduction
ANDREW STAWICKI / TORONTO STAR
Harvey Max Chochinov, février 18 2015
Quelques jours après que la Cour suprême du Canada eût invalidé l’interdiction du suicide
médicalement assisté, une formidable collègue à moi m’a annoncé que le fils de sa meilleure
amie venait de mourir d’un cancer de la moelle épinière, à l’âge de 53 ans. Deux semaines
avant sa mort, il avait consulté son médecin à propos de « douleurs terribles ». Malgré son
agonie, son médecin a refusé de lui donner de la morphine parce qu’il était fumeur et que
cela le rendait « plus susceptible de développer une dépendance ».
Cela paraît difficile à comprendre, même grotesque, mais l’ignorance et l’incompétence à
savoir répondre aux besoins d’un patient mourant demeurent tragiquement répandues au
Canada.
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De formidables avancées ont été réalisées dans le domaine des soins palliatifs, par exemple
en ce qui concerne la prise en charge de la douleur et des symptômes et la sensibilité à l’égard
des questions psychosociales, existentielles et spirituelles auxquelles sont confrontés les
patients mourants et leurs proches. Malgré tout, les médecins qui entrent dans la profession
ont été moins formés à la prise en charge de la douleur que les nouveaux diplômés en
médecine vétérinaire. Ce manque de connaissances qu’accusent la plupart des médecins en
exercice limite considérablement leur capacité de prendre en charge les douleurs
cancéreuses.
Les médecins ne sont généralement pas bien formés pour discuter de fin de vie; par
conséquent, les objectifs de la prise en charge demeurent souvent flous, et les patients n’ont
pas toujours les soins qu’ils veulent ou la possibilité de vivre leurs derniers jours à l’endroit
où ils aimeraient mourir.
À la lumière de l’arrêt de la Cour suprême, ces questions sont plus cruciales que jamais, et la
nécessité de les régler est d’autant plus urgente. Le tribunal donne un an au Parlement pour
réfléchir à la suite des choses et aux modifications à apporter au Code criminel. Dans le cadre
de ces délibérations, il faut souligner que le pouvoir de précipiter la mort sera conféré aux
médecins, dont beaucoup n’ont pas les compétences de base nécessaires pour s’occuper de
patients à l'article de la mort.
En clair, ce n’est pas faute d’accès à une surdose ou à une injection mortelle que l’on va mal
mourir au Canada; ce sera presque invariablement dû à des soins de fin de vie inadéquats ou
médiocres. Le compte à rebours est commencé, et il est temps que les médecins apprennent
comment s’occuper de leurs patients jusqu’à leur dernier souffle.
La Cour suprême juge que les patients ont besoin d’avoir plus d’options. Avec l’ajout du
suicide dicalement assisté, quelles options s’offriront réellement aux patients mourants au
Canada?
Quand 70 à 80 pour cent des Canadiens n’ont pas accès aux soins palliatifs, cette option n’en
est pas vraiment une. Une bonne amie à moi est décédée récemment d’un cancer du cerveau.
Elle a passé les derniers mois de sa vie dans une maison de soins palliatifs, où elle a reçu des
soins de fin de vie exceptionnels. Elle est décédée confortablement et avec autant de sérénité
que l’on peut en trouver lorsque l’on doit quitter ce monde beaucoup trop tôt.
Dans le Canada de demain, comment un tel scénario pourrait-il se dérouler dans les
nombreux endroits où l’accès aux soins palliatifs est insuffisant? À ces endroits, les patients
auront essentiellement le choix entre se contenter de soins de second ordre, s’éloigner de
leurs proches et amis pour bénéficier de meilleurs soins ailleurs ou, pour ceux que ça
intéressera, envisager une mort médicalement précipitée.
Le Canada s’apprête à devenir un pays qui accorde aux patients le droit à une mort
précipitée, sans toutefois leur offrir aucune garantie ou assurance légale que l’on s’occupera
bien d’eux jusqu’à leur mort.
Alors même que le Canada se penche sur la suite à donner à l’arrêt de la Cour, le fédéral et les
provinces devront débloquer des sommes importantes pour les soins palliatifs afin d’offrir
aux patients et aux familles de vraies options qui feront preuve d’équité et de compassion.
L’autonomie fait peut-être avancer la cause du « droit de mourir », mais c’est la peur qui
alimente le tout. Il revient à présent aux décisionnaires de débattre de la manière d’encadrer
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l’autonomie, et cela implique de déterminer pour qui et dans quelles circonstances la mort
médicalement précipitée sera permise. Les limites que l’on établira auront des conséquences
pour ceux qui auront plus ou moins peur, ceux qui se sentiront plus ou moins valorisés et
ceux qui anticiperont la mort avec plus ou moins de sérénité.
Dans tout cela, une chose est sûre : la largeur du cadre et sa rigidité influenceront
profondément la façon dont on prendra soin des mourants et des plus vulnérables d’entre
nous dans ce pays, et ce, pour des générations à venir.
Harvey Max Chochinov est conseiller expert auprès du réseau EvidenceNetwork.ca et
professeur éminent de psychiatrie à l’Université du Manitoba. Il est titulaire de l’unique
Chaire de recherche du Canada en soins palliatifs, directeur de l'Unité de recherche en soins
palliatifs du Manitoba et président du Portail canadien en soins palliatifs
(portailpalliatif.ca).
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