Le Messager Céleste, janvier 2015 page 1
LE MOT DU PRÉSIDENT
Bulletin mensuel du club d’astronomie
Les Vagabonds du ciel de Lanaudière site internet : http://www.vagabondsduciel.ca
Janvier 2015
En repensant à nos soirées d’observation
de 2014 à St-Zénon je réalise à quel
point nous avons été chanceux que les
activités prévues dans nos projets aient
été réalisées car la météo ne nous a
vraiment pas été favorable le reste du
temps. Les nuages sont nos ennemis en
visuel mais notre site a des qualités qui
nous permettent d’entrevoir un nouveau
volet à explorer, la radio astronomie.
Nous avons tous l’image en tête de
grosses antennes paraboliques mais
malheureusement cette voix est très
coûteuse, on parle de plusieurs milliers
de dollars. Il existe toutefois des projets
forts intéressants à peu de frais.
L’un deux, Radio Jove, a été mis de
l’avant par la NASA et permet avec un
système d’antennes dipôle de capter des
orages sur Jupiter. Ces orages sont
causés par la lune Io et sont assez
prévisibles. Ce même système permet
aussi de capter des éruptions solaires,
même sous un ciel nuageux. Bref, de
quoi nous occuper pendant le jour pour
ceux qui camperont sur le site. Les
antennes seront installées du côté du re-
fuge et seront moins hautes que les
arbres.
L’autre système proposé par le site
Skyscan utilise une antenne de type Yagi
et une radio numérique de véhicule
Chrysler légèrement modifiée pour
détecter l’entrée de météores dans
l’atmosphère. La radio doit être
syntonisée sur la fréquence d’une sta-
tion trop éloignée pour être normalement
captée, c’est la trainée ionisée du
météore qui fait rebondir le signal radio
vers le récepteur et apparaît comme un
pic sur le diagramme du son enregistré.
La fréquence des météores peut donc
être calculée sans les observer en visuel.
Les personnes les plus compétentes dans
le domaine des ondes radio sont
certainement les radios amateurs, on
croirait ce passe-temps disparu de la
carte mais non, il y a un club dans notre
région (crali.org). Leur équipement
permettrait une autre activité fort
intéressante soit l’écoute de la station
spatiale internationale. Même si des
activités avec les écoles sont prévues
longtemps d’avance, les astronautes
s’amusent souvent de façon impromptue
La raison pour laquelle je voulais connaître
nos patenteux en électronique, le récepteur
Radio Jove
Détection d’une éruption solaire
Comment les météores font rebondir les
signaux radios
Orages sur Jupiter
Le système de récepteur radio pour les
météores
Le système d’antenne dipôle Radio Jove
(suite en page 2)
Le Messager Céleste, janvier 2015page 2
DEUX OBJETS DE MESSIER
DANS LE LION
M95
M96
M95 (ou NGC 3351) est une galaxie spirale située dans la
constellation du Lion. Elle a été découverte par Pierre
Méchain le 20 mars 1781, et Charles Messier l'a ajoutée à
son catalogue le 24 mars.
M95 est une galaxie spirale barrée classée SBb dans la
séquence de Hubble, ses bras spiraux étant quasiment
circulaires. Située à environ 38 millions d'années-lumière
du système solaire, elle fait partie du groupe de M96, un
amas de galaxies comprenant entre autres M96 et M105.
M96 (ou NGC 3368) est une galaxie spirale située dans la
constellation du Lion. Elle a été découverte par Pierre
Méchain le 20 mars 1781, la même nuit que M95, et
Charles Messier l'inclut dans son catalogue le 24 mars de
la même année.
Selon les sources, cette galaxie est située à une distance
de 35 à 41 millions d'années-lumière du système solaire.
Compte tenu de son diamètre apparent de 6 minutes d'arc,
et en prenant une valeur médiane pour la distance, la partie
la plus brillante de la galaxie possède un diamètre réel de
66 000 années-lumière environ.
M96 est le membre le plus brillant d'un groupe de gala-
xies appelé groupe de M96 ou groupe de Leo I, qui
comprend entre autres M95 et M105.
Dominic Marier
LE MOT DU PRÉSIDENT
(SUITE DE LA PAGE 1)
à communiquer avec les radios amateurs lors de leurs temps
libres, particulièrement la fin de semaine, la fenêtre de com-
munication est d’environ 10 minutes par passage. Mais même
s’ils ne sont pas en train de transmettre en vocal, l’émetteur
de la station envoie parfois des images tv analogiques ou sert
de répétiteur aux radios amateurs. Les radios amateurs
s’amusent aussi à faire rebondir des signaux sur des satellites
destinés à ce loisir. Leur club semble très intéressé par ce
projet et une rencontre est prévue avec eux en janvier.
Il ne faut pas oublier que l’astronomie ne se contente pas des
longueurs d’onde visibles et j’espère que ces petits projets
pourront amuser nos mordus de l’électronique. Cela nous
permettra de faire participer les visiteurs même si le ciel est
trop couvert pour de l’observation visuelle.
Jean-Marc Perreault
Descriptions des photos
-La raison pour laquelle je voulais connaître nos patenteux
en électronique, le récepteur Radio Jove
- Orages sur Jupiter
-Détection d’une éruption solaire
-Comment les météores font rebondir les signaux radios
-Le système d’antenne dipôle Radio Jove
-Le système de récepteur radio pour les météores
Le Messager Céleste, janvier 2015 page 3
LA COMÈTE LOVEJOY VISIBLE À L’OEIL NU
L’amateur australien Terry Lovejoy a découvert sa
cinquième comète à la fin du mois d’août dernier et cette
dernière arrive au sommet de sa gloire en janvier. C’est
une comète à très longue période et son prochain passage
devrait avoir lieu dans environ 8 000 ans. C’est fort
probablement maintenant que vous avez votre seule chance
de la voir...
Elle brille actuellement à une magnitude de 5 environ et,
autour du 15 janvier, elle atteindra une magnitude de 4.
C’est donc dire qu’elle est visible à l’oeil nu. Mais la Lune
interfère jusqu’au 7 janvier. Au cours des deux semaines
suivantes, elle sera plus facile à voir dans un ciel noir. C’est
également le 7 janvier qu’elle sera à sont point le plus
rapproché de la Terre, soit à environ 70 millions de
kilomètres. Mais elle continuera d’augmenter très
légèrement en brillance jusqu’au 30 janvier, tout
simplement parce qu’elle continuera à s’approcher du
Soleil.
Selon Alan McRobert de Sky and Telescope, elle brille
d’une belle teinte verdâtre. La carte ci-contre, tirée du site
de Sky and Telescope, illustre sa position au cours du mois
de janvier. Les traits le long du trajet indiquent sa position
à 00h00 en temps universel (19h00 à l’heure de l’est à la
date précédente). Elle se trouve présentement dans L’Éridan
et elle monte vers le nord, traversant le Taureau, le Bélier
et le Triangle à la fin du mois.
La comète Lovejoy est une magnifique comète de soirée.
On peut même commencer à l’observer à l’est peu après le
coucher du Soleil et elle atteint son point culminant dans
le ciel, directement au méridien (au sud) vers 22h00. Ce
sont là des heures idéales en hiver, n’est-ce pas ?
Allez, enveloppez-vous de multiples couches de vêtements
chauds et sortez votre attirail. Si vous ne voulez pas sortir
l’artillerie lourde, de simples jumelles feront parfaitement
l’affaire. Il serait intéressant que chacun d’entre vous qui
se sera donné la peine (ou plutôt le bonheur) de l’observer
nous donne un petit compte rendu de cette observation pour
Le Messager Céleste. Un simple petit paragraphe, c’est fa-
cile, mais ce genre de partage est l’essence même de notre
hobby.
Jean Paul Pelletier
Le Messager Céleste, janvier 2015page 4
PERSÉE, SUITE ET FIN D’UNE
GRANDE CONSTELLATION
Janvier, on révise la matière avant de
terminer la grande aventure de Persée
et de préparer celle d’Hercule pour cet
été.
Vous vous souvenez d’Acrisios, roi
d’Argos? La Pythie d’Apollon lui avait
prédit qu’il n’aurait pas de fils mais que
le fils de sa fille Danaé, notre futur
Persée, le tuerait. Pris de panique,
Acrisios enferme sa fille au haut d’une
tour. Mais Zeus, père de tous les Don
Juan, réussit à la séduire avec une pluie
d’or (basse tactique encore utilisée
aujourd’hui).
Acrisios, constatant avec
horreur la grossesse de sa
fille, dans un élan d’amour
paternel sans pareil (comme
Céphée ou Abraham prêts à
sacrifier leur enfant), la jette
à la mer dans un tonneau.
L’innocente Danaé échoue
sur l’île de Sériphos, sous la
protection du roi Polydecte.
Danaé accouche de Persée
qui grandit sous l’œil sinistre
de Polydecte. Danaé accepte
finalement de l’épouser.
Lors du banquet, celui-ci
tend un piège au naïf Persée
en lui demandant de lui offrir
la tête de Méduse.
Contre toute attente, Persée, avec l’aide
d’Athéna, tue Méduse et récupère la dite
tête. Cette mort donne naissance au
joyeux Pégase (la goutte de sang dans
l’écume de la mer).
Sur le chemin du retour, en passant,
Persée délivre Andromède, fille de
Céphée, roi d’Éthiopie, et de Cassiopée.
Il épouse la belle africaine et retourne
auprès de sa mère Danaé chez Polydecte
et se venge de son beau-père en lui
montrant la tête de Méduse, funeste
trophée, dont la vue, comme chacun le
sait, entraîne la mort.
Vous constatez, comme moi, que la
prophétie de la Pythie d’Apollon ne s’est
toujours pas réalisée. Se serait-elle
trompée? Ne vous inquiétez pas, les
dieux sont malins, patients et
persévérants; de plus ils détestent
divinement avoir tort... Persée,
soudainement à la recherche de ses
origines, demande à sa mère de le
conduire, lui et sa fidèle épouse
Andromède, auprès de son infâme
grand-père Acrisios en Argos.
Arrivés à destination, nos trois
voyageurs constatent qu’Acrisios, averti
de l’arrivée de son petit-fils (par on ne
sait quel medium*, un twit** peut-être)
s’enfuit sur l’île des Palagians. Persée,
décidé à rencontrer son ancêtre, le
poursuit avec l’aide d’une technologie
apparentée au GPS mais en plus simple.
Débarqué sur
l’île, il croise une
fête où on l’invite
à participer à un
tournoi de lancer
du disque
(sûrement
l’ancêtre de la
pétanque).
Persée, héros
toujours prêt à
relever des défis,
saisit le disque,
s’élance et
propulse l'objet
funeste loin dans
l’azur. À ce mo-
ment précis, Éole,
dieu des vents et
complice
d’Apollon, souffle un grand coup. Le
disque dévie de sa trajectoire et frappe
accidentellement un spectateur dans les
premières rangées (les rouges je crois).
La victime meurt sur le coup. Confus et
sous le choc, Persée s’approche; on lui
apprend qu’il s’agit de son grand-père
Acrisios. Il voit noir; la prophétie est
réalisée.
Accablé, il renonce au royaume
d’Argos, qui lui revenait de droit, et
négocie avec son cousin (le fils de
Proétos, frère d’Acrisios) le royaume de
Tirynthe où il vécut heureux avec
Andromède pendant de longues années.
Ils eurent de nombreux enfants (en fait
je n’en sais rien, mais la formule est
consacrée) dont Alcmène, la future mère
d’Hercule dont je vous entretiendrai cet
été.
À sa mort, Persée, fils de Zeus et Danaé,
vénéré comme un demi-dieu, fut installé
confortablement dans la voute céleste en
compagnie de tous les personnages de
ses aventures et de son futur petit-fils.
En terminant je vous invite à répondre
au petit quiz dans l’encart, question de
bien relier toutes les constellations
d’automne ensemble (et de voir si j’écris
pour rien…).
Jean-Claude Berlinguet
*dans le sens de voyant et non de media
sociaux, évidemment
**dans le sens d’irresponsable et non de
gazouillis, évidemment
Persée est un personnage central de la
mythologie astronomique.
1. Céphée
2. Cassiopée
3. Andromède
4. Cétus (mal nommée La Baleine)
5. Pégase
6. Méduse
7. Hercule
QUIZ
Persée est-il vraiment au cœur des con-
stellations d’automne?
1. Qui est le beau-père de Persée?
2. Qui est la belle-mère de Persée?
3. Qui est l’épouse de Persée?
4. Quel monstre Persée a-t-il combattu?
5. Qui est le fidèle compagnon de
Persée?
6. Quel est le lien entre Algol et Persée?
7. Qui est le petit-fils de Persée?
Un indice: toutes les réponses sont des
noms de constellations...
RÉPONSES
Le Messager Céleste, janvier 2015 page 5
DE L’ACTION
SUR
JUPITER
Chaque mois, Le Messager Céleste
contient une page consacrée aux
éphémérides du mois. C’est Daniel
Fafard qui les produit et il est
toujours le premier à me faire
parvenir cette précieuse contribution.
Je l’en remercie grandement. Je me
demande parfois si les éphémérides
reçoivent toute l’attention qu’elles
méritent. Personnellement, c’est
toujours la section du Messager
Céleste que je scrute en premier et
ce pour une raison bien simple : c’est
là que que je vois s’il y a une date,
une soirée que je dois réserver sur
mon agenda parce qu’il s’y produit
un événement à ne pas manquer
durant le mois. Ce mois-ci, avez-vous
remarqué le nombre important
d’événements à se produire sur Ju-
piter? Le 6, le 9, le 16, le 23 et le 24,
il y aura des transits multiples de sa-
tellites et de leurs ombres à la sur-
face de la géante gazeuse. Des
éclipses et des occultations mutuelles
entre les satellites auront également
lieu les 15, 19, 23, 26, 28 et 29. Cette
activité débordante continuera tout
l’hiver et le printemps, jusqu’à ce que
Jupiter disparaisse dans les lueurs du
coucher de soleil cet été.
Avec toutes ces dates où il y aura de
l’action sur Jupiter, les chances sont
bonnes de tomber sur une ou
plusieurs dates où le ciel sera dégagé
et stable.
Jean Paul Pelletier
UN CLASSIQUE DE L’HIVER
L’AMAS DE L’ARBRE DE NOËL
Je regarde mon arbre de Noël en me
disant que je vais bientôt le démonter.
Toute belle chose a une fin. Mais il y
a moyen de prolonger l’esprit des fêtes
pendant tout l’hiver. On n’a qu’à
pointer un télescope sur le magnifique
amas de l’arbre de Noël dans la
Licorne, NGC 2264. C’est un
classique que la plupart des amateurs
expérimentés connaissent bien. Mais
dans notre club, il y a des débutants
qui ont soif de faire la connaissance
des classiques dont les autres parlent
avec tant de familiarité.
Cet amas est très vaste. Il fait 20’ de
diamètre, soit les deux tiers de la pleine
Lune. Il est aussi très brillant (magni-
tude 3.9). Situé à une distance de 2 500
années-lumière, il comprend plus de
200 étoiles dont une bonne vingtaine
sont visibles aux jumelles, mais ce sont
les dix étoiles les plus brillantes
formant le profil du célèbre sapin qui
attirent l’attention. Le tronc est
représenté au bout nord (eh oui, le
sapin est à l’envers dans le ciel!) par
une étoile brillante qui est à l’avant-
plan de l’amas. C’est S (15)
Monocerotis (magnitude 4.6). C’est
une des étoiles les plus bleues dans
tout le ciel, mais elle est tellement
brillante qu’elle paraît blanche. Plus
on grossit, plus le bleu finit par
apparaître.
La vue d’ensemble est assez semblable
dans n’importe quel instrument, sauf
qu’avec un plus grand diamètre, on
voit plus d’étoiles et un peu plus de
nébulosité. Pour une belle vue
d’ensemble, utilisez des
grossissements de 50X à 100X. Le
profil de l’arbre est évident dès le pre-
mier coup d’oeil. Il vous arrachera un
sourire, c’est certain. Dans un 8
pouces, on peut discerner un peu de la
nébulosité dans laquelle beigne
l’amas, mais il faut sans doute utiliser
la bonne vieille technique de vision
indirecte pour y parvenir.
Attardez-vous un peu sur S (15)
Monocerotis, le tronc de l’arbre. C’est
une étoile double plutôt serrée. La
séparation n’est que de 2.8”. La grande
différence de magnitude entre la
primaire et la secondaire (4.7 et 7.5
respectivement), rend la séparation
encore plus difficile. Un grossissement
de 300X vous permettra de voir un bel
espace noir entre les deux étoiles.
Comme tout arbre de Noël qui se
respecte, NGC 2264 a une étoile au
bout de la pointe. Et de plus, cette
étoile est double et les deux sont
alignées sur l’axe de l’arbre! C’est
Strouvé 954 (Σ 954) dont la primaire
est de magnitude 7.1 et la secondaire
de magnitude 9.6, avec une séparation
de 13”. Elles se séparent bien et c’est
vraiment très joli. Cette étoile est le
point de départ de la fameuse
Nébuleuse du Cône, une nébuleuse
noire très impressionnante que l’on
voit très bien sur la photo mais qui est
plus difficile à voir en visuel. C’est
Alexandre avec son 22 pouces qui a le
plus de chances de la voir...
Pour trouver NGC 2264, tracez une
ligne imaginaire entre Bételgeuse dans
Orion et Bêta dans le Petit Chien (ma-
gnitude 2.8). L’amas est à 2° au nord
du centre de cette ligne. Vous pouvez
aussi partir de Xi (ξ) dans les Gémeaux
et vous déplacer de 3° vers le sud-sud-
ouest.
Je m’en voudrais de ne pas mentionner
que, tant qu’à être dans le coin, il faut
absolument aller visiter la petite
Nébuleuse variable de Hubble (NGC
2261) Toute petite, mais bien brillante,
on la trouve à un peu plus de 1° au
sud-sud-ouest de l’Arbre de Noël. Au
coeur de cette nébuleuse, il y a une
étoile variable (S Monocerotis) autour
de laquelle des nuages de poussière
opaques sont en orbite et projettent
leur ombre sans cesse en mouvement
sur la nébuleuse, d’où le surnom de
Nébuleuse variable de Hubble.
Jean Paul Pelletier
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