vers quel avenir ? Rentrée culturelle,

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du 15/09/10 au 13/10/10 | un gratuit qui se lit
Rentrée culturelle,
vers quel avenir ?
Politique culturelle
Le Théâtre de Toulon
La Criée
Les galeries marseillaises, le Parvis des Arts
Formations : ISTS, ERAC, FIJAD 11
5
6à8
10
Festivals
Le Festival d’Avignon
Avignon Off
Vaison Danses, les Hivernales, Châteauvallon
Le Festival d’Aix, les Chorégies d’Orange
La Roque d’Anthéron
Festivals Durance Luberon, Chaillol
L’Opéra au Village, TrumpetArtEnsemble
Festival Côté Cour, les Nuits du Château de Trets
Arles, Hyères, Six-Fours, Istres
Jazz des 5 continents, La Roque, la Seyne
12, 13
14 à 18
20, 21
22, 23
24, 25
26
27
28
29
30, 31
Saisons
La Minoterie, les Bernardines, le Lenche, le Off
Athanor, Daki Ling, Marie-Jeanne, Archange,
Parvis des Arts, la Compagnie
Gap, Briançon, Aix, Sète
32
33
34, 35
Evénements
Sainte-Maxime, ActOral, le Merlan
36
Théâtre
Nono, Centaure, Gymnase, Théâtralia, pop philosophie
Au programme
38
40, 41
Danse
BNM, Pavillon Noir, Karwan, MOD,
Théâtre Durance, Cavaillon
Ollioules, 3bisf, Barjols
42
43
Musique
Au programme
La Meson, jazz
Musiques actuelles
Au programme
44 à 46
48
49
50
Arts de la rue
Small is beautiful, Gardanne, Port-St-Louis
Petit Art Petit, Port-St-Louis, Salon-de-Provence
52
53
Cirque
Arles, Miramas, Château-Arnoux, Istres,
Port-de-bouc, Pays d’Aix, Fos, Ollioules
54, 55
Jeunesse
Massalia, St-Rémy, Saorge, Arles
Institut Culture Italien, Badaboum théâtre
Au programme
Livres
56
57
58, 59
60
Cinéma
Les rendez-vous d’Annie
FFM, Best of Short
Lussas, Avignon, Rustrel
62
63
64
Arts visuels
Art-O-Rama, MAV PACA
Istres, Avignon
Aix-en-Provence
La Ciotat, le Lavandou
Toulon, Le Thoronet
Au programme
66
67
68
69
70
71 à 73
Livres
Arts
Musique
Littérature, essais
Rencontres, Barjols
74, 75
76, 77
78 à 82
84, 85
Histoire
Les Journées Européennes du Patrimoine
Marseille au Moyen Âge
Sciences et Techniques
Philosophie
Michel Onfray
Charlie Hebdo
Adhérents
86, 87
88
90
91
92, 93
94
Barbaries
Todorov l’écrivait dans La Peur des barbares : si «aucune culture
n’est en elle-même barbare, aucun peuple n’est définitivement
civilisé.» L’histoire récente s’attache hélas à lui donner raison.
Barbarie l’expulsion des Roms, la stigmatisation comme ils disent
pour ne pas avouer l’incitation à la violence, qui tombe sous le
coup de la loi. Barbarie aussi l’indignation face à l’expulsion de
ces Européens catholiques, quand les Africains sont éjectés
depuis toujours sans soubresauts. Barbarie la lenteur de la
solidarité internationale envers ces Pakis qui ont le mauvais goût
de crever en août, et d’être musulmans. Barbarie ce mépris de la
souffrance des hommes, ce déni absolu d’humanité, toutes ces
lapidations insidieuses.
La barbarie n’est pas à nos portes, elle est entrée dans nos cœurs.
Elle déboussole notre sens des valeurs, nous laisse accepter,
vaguement déroutés, que des têtes voilées traversent nos rues,
que les adolescents agressifs terrorisent les passagers des bus
communs, que les flics se fassent descendre, que les vieux soient
ignorés, que l’image des femmes se dégrade, que la fille Le Pen
gagne des voix. Plus grave encore, que les professeurs aient peur
de monter en classe, que l’éducation se délite, l’enseignement de
l’en-commun. Que notre peuple renonce à transmettre à ses
enfants sa civilisation, seul rempart contre leur propre barbarie.
Mais comment s’en étonner lorsque la possession est devenue la
seule jouissance possible, lorsque la globalisation se résume à
la mainmise économique, lorsque les plaies de l’histoire sont
toujours déniées ? Lorsque l’éducation, la sécurité sociale au
sens propre de ces termes, la culture, le savoir sont regardés
comme des valeurs molles et ringardes ? Comme coûteuses,
quand elles seules construisent ?
Les Journées du Patrimoine célèbrent aujourd’hui les Grands
Hommes. Les nôtres sont dans la rue : ils défendent la civilisation. Celle où le travail reçoit son salaire, où les agioteurs
rengainent leur arrogance, où le savoir se transmet dans le
plaisir, où les jeunes peuvent travailler. Où ceux qui ont trimé
longtemps n’ont pas à soumettre leur dignité aux règles
aliénantes de l’efficacité. Une civilisation qui disparaît, au profit
très immédiat des barbares qui nous gouvernent.
AGNÈS FRESCHEL
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THÉÂTRE DE TOULON
Le concile
de Toulon
La venue du Ministre de la Culture
Frédéric Mitterrand le 31 juillet se
devait d’apaiser les esprits. La visite
du chantier du futur Théâtre Liberté
-dont l’inauguration est prévue à
l’automne 2011- suivie d’une réunion
à l’Opéra voulait couper court à la
polémique née de la nomination de
Charles et Philippe Berling en avril,
et du projet de scène nationale. En
présence de Hubert Falco, maire de
Toulon et président de Toulon-Provence-Méditerranée (TPM), Hugues
Parant, Préfet, Patrick Mennucci,
vice-président du Conseil régional, de
François Brouat, directeur de la Drac
Paca, des frères Berling, codirecteurs,
de Claude-Henri Bonnet, directeur de
l’Opéra et de Christian Tamet, directeur de Châteauvallon, le Ministre de
la Culture a réaffirmé l’engagement de
l’État. Financièrement d’abord, avec
l’injection de 2,4 M€ pour la construction, puis 1,5 à 1,7 M€ par an
pour le fonctionnement dès son ouverture. Tout en précisant que «le
budget de Châteauvallon est sanctuarisé et qu’il n’est donc pas question d’y
toucher (…) Nos propos nous engagent et je le dis de manière un peu
solennelle car c’est la vérité. Il n’est pas
question de revenir sur la qualité ni
l’avenir de Châteauvallon».
Alors, comment faire cohabiter ces
deux équipements sur le même territoire, continuer à soutenir les scènes
Théâtre Liberté,
Scène nationale
La Criée,
Centre dramatique national
Le Merlan,
Scène nationale
Théâtres en Dracénie,
scène Conventionnée
conventionnées de Draguignan et de
Grasse, qui réclament à juste titre de
devenir scène nationale depuis des
années, et attribuer le cinquième label en région PACA, dans un contexte
très clair de diminution globale des
subventions culturelles ? «En inventant une scène nationale à deux têtes
et en mutualisant leurs forces, répond
Frédéric Mitterrand. On n’est pas dans
POLITIQUE CULTURELLE
une situation d’antagonisme mais de
complémentarité. On arrivera à trouver
une solution acceptable pour tout le
monde du point de vue artistique et
financier».
Un engagement qu’Hubert Falco a
souhaité éclaircir dès la visite de
chantier, se faisant très offensif : «Je
suis heureux qu’il y ait Christian Tamet.
Je n’ai pas compris la polémique car
Châteauvallon fait partie de TPM, il y a
toute sa place, comme le théâtre
Liberté qui viendra compléter l’offre de
l’Opéra».
Si tous semblent rassurés quant au
© Olivier Pastor - TPM
05
soutien financier de l’État et à leur
future labellisation, le projet artistique reste vague. Les frères Berling
parlent à l’unisson d’une programmation axée sur la Méditerranée et les
pays riverains, d’un lieu de création
pluridisciplinaire à dimension populaire. Des contacts ont été pris avec
des structures et des compagnies
varoises par «souci de faire en sorte
qu’un tiers de la programmation soit
ouverte aux compagnies émergentes»… Satisfait de l’installation «d’un
théâtre au cœur d’un territoire urbain»,
Christian Tamet s’interrogeait néanmoins «sur la question de l’accroissement
des publics…».
Aujourd’hui l’heure est à la finalisation
des travaux «d’un équipement qui
s’installe magnifiquement sur la place
de la Liberté, commente Frédéric
Mitterrand, une scène nationale qui
s’inscrira dans la stratégie de Marseille
2013 et la ville de Toulon plus particulièrement».
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Théâtre Liberté, Toulon
3 salles de 700, 200 et 146 places
31 spectacles dont 3 créations,
116 représentations pour
la 1re saison
Coût total de la construction :
12,7 M€
TPM : 7 M€, État : 2,4 M€,
Conseil régional : 1,2 M€, Conseil
Général du Var : 1,7 M€
400 000 euros manquent encore
à l’appel
Ministère
CR PACA
Départements
Villes
ou communautés
790 000
20%
790 000
20%
1 192 000
30%
1 192 000
30%
2 850 000
0
0
900 000
3 750 000
558 000
160 000
125 000
1 080 000
1 923 000
220 000
260 000
222 000
879 000
1 581 000
Total
3 950 000
(soit 75% du budget
prévisionnel)
Tableau comparatif des subventions de fonctionnement
Ce tableau est réalisé avec les subventions de fonctionnement 2009 actuelles (arrondies)
des plus subventionnés des CDN, Scènes nationale et conventionnée de PACA, et avec
le budget prévisionnel (5.3 M) et les pourcentages communiqués par Toulon Provence
Méditerranée, auxquels on a retiré 25%, admettant que le théâtre Liberté puisse générer
25% de recettes propres, ce qui n’est pas la vocation des Scènes nationales (qui génèrent
en moyenne 21% de recettes) et ne peut s’obtenir, étant donné que la taille de chaque
salle reste modeste, qu’en pratiquant des tarifs chers et en faisant venir des spectacles
accrocheurs.
Cette comparaison fait apparaître que le Théâtre Liberté deviendrait le théâtre le plus
subventionné de la région, totalisant à lui seul autant que ce que l’État attribue aux 7
Scènes conventionnées de la région réunies.
Quant à la Région, elle attribuerait au seul fonctionnement de ce théâtre presque autant
que ce qu’elle donne à tous les théâtres marseillais (815000 €), ou aux 4 Scènes
nationales (783000 €), ou aux 7 Scènes conventionnées (782000 €).
Le Département du Var quant à lui attribuerait au Théâtre Liberté 5 fois plus que ce qu’il
donne actuellement à sa Scène conventionnée de Dracénie.
A.F.
06
POLITIQUE CULTURELLE
LA CRIÉE
Demain
la Criée
Jean-Louis Benoit, en 2011, arrivera
au terme de son second mandat et sera
remplacé par un directeur, choisi
par le Ministère de la Culture, la Criée
étant un Centre dramatique national,
et approuvé par la Ville de Marseille
et les différentes collectivités.
Après le premier round d’élimination,
trois candidats seulement restent en lice,
et présentent leur projet en septembre
CATHERINE
MARNAS
© Agnès Mellon
Seule parmi les trois candidats à être implantée
dans la Région, elle est connue du public Marseillais, entre autres, pour sa mise en scène à la Criée
de Sainte Jeanne des Abattoirs (Brecht, 2007), ou
le succès récent du Banquet Fabulateur à la Friche,
ses collaborations avec l’ensemble Télémaque (La
Jeune Fille aux mains d’argent). Sa Compagnie
Parnas, formée par un noyau de comédiens auquel
elle est fidèle, est implantée à Marseille mais programmée surtout hors des théâtres de la ville, sur
les Scènes nationales de Gap et de Martigues où
elle est artiste associée depuis 1994 et 2005, et
régulièrement à Cavaillon, Arles, Grasse, Draguignan… Après avoir enseigné au Conservatoire
Supérieur de Paris, elle a choisi de donner des cours
réguliers à l’ERAC, et sa dernière création avec les
élèves était présentée lors du Festival d’Avignon.
Si elle est solidement implantée aujourd’hui dans
les Pôles Régionaux, sa carrière a pourtant débuté
dans la Capitale : assistante de Vitez puis de
Lavaudant, Grand Prix National du Ministère de la
Culture en 1999, elle continue à jouer régulièrement à Paris (Théâtre de la ville, Rond-Point) et
dans les CDNs d’Aubervilliers, Toulouse ou Strasbourg… Mais elle aime surtout à ressourcer son
inspiration en créant des auteurs français avec des
troupes étrangères : en Amérique Latine (Brésil et
Mexique) ou en Asie (Chine, Cambodge).
Spécialiste de Koltès, adepte naturelle des écritures
contemporaines (Copi, Py, Dubillard, Pasolini, Rebotier, Frish, Valletti, Huston…), son théâtre est
aussi un art de la lutte et de la joie, qui la porte
naturellement à mettre en scène les oppressions
des femmes, du peuple, de l’histoire, et à créer des
spectacles collectifs où le plaisir de la fable n’a
d’égal que celui du jeu.
A.F.
À voir :
Le Banquet fabulateur, spectacle convivial qui dit,
autour d’une table partagée, l’amour des fables et
du théâtre, sera au Sémaphore (Port-de-Bouc), puis
à Cannes, Miramas et Aubagne en octobre et novembre. L’occasion, pour ceux qui ne le connaîtrait
pas, de découvrir le talent des comédiens de la Cie
Parnas, avant de les retrouver en mars 2011 dans
Lignes de failles à Gap, Martigues et Draguignan.
Le Banquet Fabulateur
Les 8 et 9 oct
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Ce qu’ils en pensent
Daniel Hermann, Adjoint délégué à
la Culture de la Ville de Marseille
Zibeline : Quelle est la position de la Ville de
Marseille sur la prochaine nomination du directeur
de la Criée ?
Daniel Hermann : Il convient d’abord de préciser
l’importance de cette nomination pour la Ville. La
Criée n’est pas une petite affaire, et elle doit avoir
-ou retrouver après les difficultés de ces dernières
années- un rôle essentiel non seulement dans la
Ville, mais dans la région. Je souhaite d’ailleurs
qu’à ce titre le conseil général et le conseil régional
entrent dans le financement, et il en est enfin
question aujourd’hui.
Avez-vous un avis sur les candidatures qui restent
en lice ?
Elles restent en lice parce que toutes les trois sont
bonnes ! Mais pour moi une chose est essentielle.
Le Ministre dit qu’il faut un directeur qui ait une
renommée nationale. Je dis oui. Mais il faut surtout
quelqu’un qui mette les mains dans le cambouis,
qui soit là et ne passe pas sa vie en allers retours,
quelqu’un qui s’investisse à fond dans la
programmation, la création ici. On pourrait dire
qu’avec les trois candidats en lice il reste 1 locale
et 2 nationaux. Mais ce n’est pas vrai : Catherine
Marnas a une carrière nationale, plus discrète,
nettement orientée vers le théâtre plutôt que vers
le cinéma, ce qui explique qu’elle ait moins de
renommée. Mais ce n’est pas une «locale» au
mauvais sens du terme. Ou alors on a de la chance
d’avoir une locale comme cela !
Pensez-vous que l’on puisse nommer un acteur, et
non un metteur en scène, à la tête d’un Centre
Dramatique ?
Cela ne s’est jamais fait mais pourquoi pas ? Rien
ne l’interdit, et si Simon Abkarian reste en lice c’est
parce que son projet est bon, peu importe qu’il soit
ou non un metteur en scène.
Comment envisagez-vous l’avenir de la Criée ?
Essentiellement dans la continuité. Quant à notre
financement, nous poursuivrons avec le nouveau
directeur et la nouvelle équipe. La remise à neuf
du bâtiment en fera à nouveau un outil
extraordinaire : le désamiantage définitif de la
grande salle commence en septembre. Pour un coût
de 803 000 €, la société AG Développement a été
désignée au terme de l’appel d’offre, tout est en
route à présent et sera livré en février 2011.
Il faut rendre hommage à Jean-Louis Benoit qui
ces dernières années a vraiment manifesté une
volonté d’ouverture aux compagnies régionales par
exemple, et ne pas le juger sur ses deux saisons
tronquées, ce qui ne lui rendrait pas justice. C’est
pour cela que je parle de continuité, mais avec cet
outil neuf et merveilleux, ces deux salles sur le Port
en parfait état de marche, avec une façade et un
POLITIQUE CULTURELLE
07
MACHA MAKEÏEFF
Son visage est familier même si ce n’est pas à proprement parler une star. Par
pudeur, peut-être, il ne fait pas la une des médias, à moins que ce ne soit son
désir «de rester derrière les personnages [qu’il] joue»… Du coup quand on
évoque son nom pour une éventuelle nomination à la tête de La Criée, il y a
comme un flottement dans l’air. Pourtant le public de la région a déjà eu la
chance de le voir dans deux de ses plus beaux rôles au théâtre : Une bête sur
la lune d’Irina Brook au Jeu de Paume à Aix, pour lequel il a obtenu le Molière
du meilleur comédien (2001), et ce printemps au Gymnase à Marseille dans Le
menteur de Goldoni mis en scène par Laurent Pelly. Au théâtre, Simon
Abkarian donne l’impression de constituer autour de lui une «famille» depuis
qu’il a réuni un noyau d’acteurs rencontrés pour la plupart au Théâtre du Soleil
au début des années 80. Avec eux, il monta notamment Peines d’amour perdues
de Shakespeare en 98 aux Bouffes du Nord et Titus Andronicus, encore
Shakespeare, à Chaillot en 2003. Mais il s’attache également à la mise en scène,
à la traduction, à l’écriture (Pénélope Ô Pénélope en 2008 à Chaillot) et à
l’enseignement (Conservatoire national d’art dramatique de Paris en 2004 et
2005).
Quant au cinéma, sa filmographie est impressionnante et traverse tous les
styles : de Cédric Klapisch et Robert Guédiguian avec lesquels il tourna plusieurs
fois (respectivement, Ce qui me meut, Riens du tout, Chacun cherche son
chat…, Le voyage en
© Brigitte Enguerand
Arménie et L’Armée du
crime…), à Martin
Campbell (Casino Royale
lors de sa courte escale
aux États-Unis), Marjane
Satrapi
(Persépolis
auquel il prêta sa voix)
ou Jean-Michel Ribes
(Musée haut, musée
bas)… Comme si un fil
rouge invisible liait tous
ses rôles autour d’un
même engagement pour
un cinéma de qualité,
exigeant et humain.
Metteur en scène, auteur, plasticienne, Macha Makeïeff est aussi, on le sait
moins, marseillaise. C’est Antoine Vitez qui lui a mis le pied à l’étrier en lui
confiant sa première mise en scène au théâtre des quartiers d’Ivry. Après cela
elle s’installe à Paris pour des études de littérature et d’histoire de l’art à la
Sorbonne et l’Institut d’Art.
La suite est plus connue, grâce aux spectacles dont elle est l’auteur avec son
compagnon Jérôme Deschamps, parmi lesquels Lapin-Chasseur, C’est
Magnifique, Les Pieds dans l’eau, La Cour des grands, Les Étourdis ou encore Salle
des fêtes, dernière création toujours en tournée, et programmée à la Criée au
mois d’avril prochain. Grâce aussi aux Deschiens, série culte qui fera les beaux
jours de Canal +. Attirée également par l’opéra, elle met en scène, entre autres,
Moscou-Tchériomouchki à l’Opéra de Lyon, Mozart Short Cuts que l’on a pu voir
au Grand Théâtre de Provence, Les Brigands d’Offenbach qu’elle reprend à
l’opéra de Toulon en mai 2011, La Callisto de Cavalli au Théâtre des ChampsElysées… Ses prochaines mises en scène seront d’ailleurs musicales : le Bœuf
sur le toit de Darius Milhaud et Les Mamelles de Tirésias de Francis Poulenc,
prévus à l’Opéra Comique et à l’Opéra
de Lyon.
Avant de devenir directrice artistique
du Théâtre de Nîmes de 2003 à 2008,
elle fonda, en 2000, avec Sophie
Tatischeff et Jérôme Deschamps Les
Films de mon oncle, structure qui se
consacre au rayonnement international et à la restauration de l’œuvre
de Jacques Tati ; elle a d’ailleurs été
commissaire et scénographe de l’exposition Jacques Tati, 2 Temps 3
Mouvements présentée en 2009 à la
Cinémathèque Française.
Autant d’intérêts divers, d’activités
artistiques qui se rejoignent en une
œuvre cohérente que sa propre compagnie, Mademoiselle, fondée en
2010, fera perdurer.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
hall neufs…
Au niveau de la programmation souhaitez-vous des
changements ?
Cela ne dépend pas de moi, il faut savoir garder sa
place. Mais il faut travailler à l’émergence des
talents d’ici, la Criée peut faire beaucoup à cet
égard. Et quand on a deux plateaux comme ça il
faut accueillir aussi les compagnies chorégraphiques et musicales qui travaillent ici, même si c’est
un centre dramatique. Faire jouer de grands textes,
de grands auteurs, et être capables aussi de modernité. Ce que fait d’ailleurs à l’heure actuelle
Jean-Louis Benoit. Avec un nouveau directeur qui
sera présent et impliqué, un théâtre en état de
marche, un financement nouveau des collectivités
territoriales, la Criée peut redevenir un formidable
outil de développement culturel.
Macha Makeieff © Benoit Linero
SIMON ABKARIAN
DOMINIQUE MARÇON
Michel Pezet, vice-président
du conseil général en charge
de la Culture
Zibeline : Quelle est la position du conseil général
sur la prochaine nomination du directeur de la Criée ?
Michel Pezet : Pour la première fois le conseil
général est cordialement invité à donner son avis
sur cette nomination, qui dépend bien évidemment
du Ministère, puisqu’ils sont les financeurs. Mais
Annick Colombani a suivi pour nous le dossier, et
nous pensons que l’idée même qu’a eue la DRAC de
nous consulter, de demander son avis aux collectivités territoriales, tend à prouver que l’État se
préoccupe particulièrement, aujourd’hui, du sort de
cette maison.
Le conseil général a-t-il l’intention d’entrer dans le
financement de la Criée ?
Ce n’est pas notre vocation, c’est un Centre dramatique national, mais nous pourrons envisager à
l’avenir, si le projet retenu nous intéresse, d’y regarder de plus près sur certaines opérations. En ce
sens la candidature de Catherine Marnas retient
particulièrement notre attention. Parce qu’elle a du
talent bien sûr, ses réussites l’ont largement
démontré, mais aussi parce qu’il nous semble que
sa démarche inscrirait la Criée différemment dans le
paysage artistique régional. Comme un pôle de
création ouvert, avec une vraie présence ici du
directeur, une démarche pédagogique. Mais la
décision ne nous appartient pas, même si nous
n’avons pas vocation non plus à jouer les pots de
fleur : on nous a demandé notre avis, nous le
donnons clairement !
08
POLITIQUE CULTURELLE
Patrick Mennucci, viceprésident du conseil
régional en charge
de la Culture
Zibeline : Quelle est la position du
conseil régional sur la prochaine
nomination du directeur de la Criée?
Patrick Mennucci : Nous attendons
les dossiers et ne pouvons nous
prononcer à présent. Les trois
candidatures retenues sont très
sérieuses, on a éliminé toutes celles
qui n’étaient pas à la hauteur d’un
Théâtre National, ou pas en
adéquation avec ses missions. Pour la
première fois la Région a participé à la
présélection, et on peut se féliciter du
choix : les trois candidats sont en
capacité de diriger la Criée. Reste
maintenant à aller au-delà, à lire les
projets, à se demander ce que ces
artistes veulent réellement pour le
théâtre de Marseille.
Le conseil régional a-t-il l’intention
d’entrer dans le financement de la
Criée ?
Oui, nous sommes prêts à entrer au
CA de la Criée et à participer au
financement, si la Criée devient
réellement un Pôle Régional. C’est-àdire si elle joue un rôle de pivot dans
la création théâtrale ici, à Marseille
bien sûr, mais aussi dans tous les
territoires où l’accès au théâtre est
plus difficile, d’Arles à Gap ou
Draguignan. Si nous estimons que le
projet retenu répond à ces attentes,
nous subventionnerons. À condition
que l’État n’en profite pas pour baisser
son financement actuel, nous ne
souhaitons pas du tout le remplacer !
Quelles seraient les caractéristiques
du projet qui retiendraient votre
attention ?
Je vous l’ai dit, le problème du théâtre
à Marseille n’est pas celui de la
création ni de l’offre -il y a beaucoup
de théâtres à Marseille-, mais du
rayonnement. Bon, il faut aussi que le
projet soit ouvert sur le monde, la
Méditerranée.
Dans l’optique de 2013 ?
Ah non, la nomination du Directeur de
la Criée va au-delà de cela et impacte
le territoire bien autrement ! Il ne faut
pas tout mélanger, ni tout tourner
vers la Méditerranée qui n’est qu’une
part de notre culture, surtout
théâtrale. En fait, l’idéal serait d’aider
à la diffusion des spectacles créés ici,
et dans l’autre sens aussi, de faire
venir ce qu’il y a de bon ailleurs. Avec
une Criée qui ne tourne pas le dos à ce
qui se passe sur les Scènes nationales
de la Région, mais construise une
programmation qui les concerne, les
guide et les complète.
ENTRETIENS RÉALISÉS PAR AGNÈS FRESCHEL
LA CRIÉE
Trop mortel !
La Criée, privée de sa grande salle
jusqu’en mars, a commencé tôt sa
saison dans le petit théâtre, avec un
joli cadeau ! Product est un vrai
moment de théâtre hilarant, contemporain à l’anglo-saxonne, reposant sur
l’abattage d’un comédien exceptionnel et des ressorts outranciers
assumés. Spécialiste d’un théâtre
anglais bien plus cruel, d’Edward
Bond à Sarah Kane, Christian Benedetti s’est accordé ici une récréation
pas si anodine : le Product de Mark
Ravenhill est drôle, tapageur, mais il
s’attache aussi à mettre au jour les
ressorts dramatiques des fictions
amerloques dégoulinantes. Celles qui
alimentent à longueur de temps nos
petits écrans, et nos multiplexes :
rien de plus salutaire qui d’ironiser
efficacement contre ces produits dits
«culturels».
L’intrigue ? Un producteur déjanté et
minable raconte à une actrice qui
restera muette un incroyable scénario
catastrophe qui accumule tous les
clichés les plus vulgaires des sous
Rambo, version love story with a
muslim, forcément terroriste. Trash,
débile, férocement invraisemblable,
mais pas plus toutefois que bien des
scénarios catastrophes et des séries
pour ados… et transportant les mêmes
clichés racistes, sexistes, pervers qui
abreuvent la plupart de nos concitoyens, ceux du moins qui préfèrent
encore les fictions aux reality shows.
La mise en scène de Sylvain Creuzevault repose sur… la confiance qu’il
a dans son comédien, emmené au
bout d’un mauvais goût d’une expansion démesurée, une façon
d’appuyer sans complexe les effets
comiques du texte, et la décision
assumée d’en rajouter encore trois
tonnes : le numéro final, mime d’une
attaque à la mitraillette lourde,
grenade aux dents, sur la musique
d’Ennio Morricone, est irrésistible !
AGNÈS FRESCHEL
Product se joue à la Criée
jusqu’au 22 septembre
À venir
Hubert Colas, dans le cadre
d’ActOral, met en espace Zone d’Education Prioritaire de Sonia Chiambretto,
avec les élèves de l’ensemble 19 de
l’ERAC. Un texte très fort (voir Zib
28), et une écriture qu’Hubert Colas
connaît bien.
Les deux représentations seront précédées ou suivies de lectures de
textes de Sabine Macher et Thomas
Mailaender (le 25 sept) et de
Dieudonné Niangouna (le 26 sept).
Une création du 8 au 16 octobre : Joël
Jouanneau a adapté en français un
roman de l’auteur norvégien Tarjei
Vesaas : Palais de glace est l’histoire
d’un amour, celui de deux fillettes,
dont l’une s’est perdue dans un univers fantastique… raconté par deux
femmes, dessinée par deux acrobates
et un musicien…
Un atelier de critique autour de
Palais de Glace est proposé par la
Criée et Zibeline, ouvert aux spectateurs, sur inscription, le 16 octobre
(10h-13h).
La Criée
04 91 54 70 54
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© Agnès Mellon
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POLITIQUE CULTURELLE
LES GALERIES MARSEILLAISES | PARVIS DES ARTS
Marseille ville d’Art ?
Cette année encore le salon Art-O-rama (voir p 66)
est l’occasion, pour les galeries marseillaises, de
mutualiser leurs moyens, afin d’obtenir une visibilité
commune, profitable à tous. Ainsi l’an dernier, lors
d’Art-O-rama, 60000 € d’acquisitions ont été faites
par des collectionneurs venus pour l’événement, et
environ un tiers de cette somme a profité aux galeries
marseillaises. Sans compter une fréquentation en
nette hausse quand les galeries s’allient : ainsi le
Printemps de l’Art organisé par Marseille expo il y a
quelques mois a regroupé de 350 à 500 visiteurs par
soirée, chiffre tout à fait exceptionnel, d’autant plus
qu’il débouche sur des ventes, mais aussi sur des
commandes à des artistes exposés.
Cette année donc, en même temps qu’Art-O-rama et
les expositions d’Astérides à la Friche, il y aura 19
vernissages dans la ville, avec la volonté commune de
faire valoir des artistes émergeants aux côtés d’œuvres
cotées. Le FRAC aussi s’y met, pour sa dernière
exposition au Panier. Le gala de Triangle a eu lieu au
Cercle des nageurs le 11 septembre, sur le même
principe que l’an dernier : 40 artistes font un don, 40
lots de 300 € sont attribués, par tirage au sort, aux
acheteurs des 40 billets, et les bénéfices sont alloués
aux artistes résidents…
Car le but commun de ces galeries, fonds et salons
alliés est de produire des œuvres, de soutenir des
artistes en résidence. Astérides (voir p 66) accompagne 4 artistes pendant 1 à 6 mois, présente 14
œuvres et des multiples durant Art-O-rama. Des
mécènes comme Vacances Bleues ont une véritable
politique de commandes en rapport avec leur activité
hôtelière, et l’œuvre de Boris Chouvellon Petites victoires, petites morts, sera après Art-O-rama exposée
dans une chambre du Château de Montvillargenne. Le
Centre International du Verre et Arts Plastiques a
permis de produire l’œuvre de Pascal Martinez, artiste
invité d’Art-O-rama 2010 à l’issue du Show-room de
l’année précédente : ses secrets enfermés dans des
cubes de verre n’auraient pu naître sans les
techniciens de pointe du CIRVA… Autant d’initiatives
qui s’inscrivent également dans l’esprit des ateliers de
l’EuroMéditerranée de Marseille Provence 2013, et
dessinent un paysage économique nouveau, alliant
efficacement les collectivités publiques, l’art, et les
entreprises, qui ont toujours été attentives dès qu’il
s’agit d’arts visuels, par nature marchandisables, mais
plus frileuses avec les arts de son temps. La synergie
née autour d’Art-O-rama est un signe encourageant :
Marseille redeviendrait-elle une place centrale pour
un certain marché de l’Art ?
Same, same but different, Sylvain Ciavaldini
et Antonio Gagliardi
Du 10 sept au 30 oct
Galerie Porte Avion
Véronique Airieau
Du 10 sept au 9 oct
OÙ - lieu d’exposition pour l’art actuel
Simone Stoll
Du 11 sept au 30 oct
3ème Rue Galerie
Il n’y a pas de mot comme équivalent, João Vilhena
Du 11 sept au 2 oct
SAFFIR, galerie Nomade
AGNES FRESCHEL
Dumping Nature, Valère Costes
Du 10 sept au 30 oct
galerieofmarseille
À visiter…
New York USA, Dolorès Marat
Du 7 sept au 17 sept
Atelier de visu
Caro diario, Vanessa Santullo
Du 12 sept au 6 nov
La GAD - Galerie Arnaud Deschin
John Wood et Paul Harrison
Du 8 sept au 9 oct
Galerie Ho
Gilles Olry
Du 17 sept au 16 oct
Galerie Mourlot - Jeu de Paume
Après le white cube
À laisser et à prendre, Pauliina Salminen
Du 24 sept au 20 nov
Galerie Territoires Partagés
Pour sa dernière expo avant réouverture dans ses
nouveaux murs à la Joliette en 2012, le FRAC poursuit
sa réflexion sur la question de la nature et de la
fonction de l’exposition. Le commissariat en est confié
à une spécialiste de la question, Florence Ostende qui
a choisi des œuvres dans les collections du FRAC et
ailleurs. Un journal en rendra compte en fin de monstration. L’exposition comme matériau d’exposition ou
l’art de la tautologie ?
Légères anesthésies et dérivation, Iris Levasseur
Du 11 sept au 13 nov
Galerie Dukan & Hourdequin
Fin de série, Paul Pouvreau
Du 11 sept au 16 oct
La Traverse
C.L.
Prendre la porte et faire le mur
jusqu’au 11 décembre
FRAC, Marseille
04 91 91 27 55
www.fracpaca.org
Votre prix sera le nôtre - Archist
Du 9 sept au 2 oct
Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine
Dora Garcia, Instant Narrative (IN) 2006,
vue de l'installation Double agent, Baltic Centre,
Londres 2008, Courtesy ProjecteSD Barcelona © X-D.R
Marseille expos
réseau des galeries et lieux d’art contemporain
www.marseilleexpos.com
Comment vous entendons-nous ?
autour du Livre des amours, lecture
théâtralisée sur le désir et les plaisirs
par la Cie la Pierre en bois de Toulouse,
le 8 octobre ; soirée humour avec deux
spectacles : Ma Parole de la Cie IVT
(Paris), et Sourd, et alors ? présenté par
Jef’s de Toulouse, qui a connu un joli
succès au festival Off en Avignon. La
journée du dimanche se partagera en
famille, pour découvrir les Contes du
monde entier. Des ateliers de poésie, de
langage corporel et le Manifeste du
Surdisme permettront des échanges fructueux tandis que 2 étudiantes sourdes
des Beaux-Arts de Marseille témoigneront de leur intégration dans ladite
école.
CHRIS BOURGUE
Festival Sur le fil
du 8 au 10 octobre
Parvis des Arts, Marseille 3e
Association Arts-Terres 04 91 81 34 25
Programme en LSF
sur www.arts-terres.org
Sourd et alors? © X-D.R
Pour la 3e année consécutive, l’association Arts-Terre présente le festival
Sur Le Fil. Son but : rassembler sourds,
malentendants et entendants de tous
âges, artistes et spectateurs, autour de
la création en langue des signes française (LSF). Convaincus de l’urgence de
briser le mur entre des entendants qui
se pensent normaux et des sourds qui
parlent autrement, l’équipe propose des
animations et des spectacles en LSF.
Soirée « Interdit aux moins de 16 ans !»
Si un chien rencontre un chat © Pierre Grobois
ISTS | ERAC | FIJAD
Notre région,
FORMATION
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creuset pour la formation dramatique
Un pôle s’y met peu à peu en place :
avec la collaboration étroite entre l’ISTS, l’ERAC,
la Friche de la Belle de mai et les Universités d’Aix
et d’Avignon, les métiers du théâtre ne s’abordent plus
en misant sur la chance, mais sur le talent, et le travail !
En témoignent la présence cette année
au festival d’Avignon, au Cloître St Louis,
dans les locaux de l’ISTS (Institut Supérieur des Techniques du Spectacle), de
deux écoles de théâtre qui font autorité.
L’ÉRAC (École Régionale d’Acteurs de
Cannes) n’est plus à présenter dans nos
pages. Elle présentait du 8 au 12 juillet
Si un chien rencontre un chat de BernardMarie Koltès dans la mise en scène
savamment orchestrée de Catherine
Marnas (voir Zib’32). Superbe spectacle
qui a fait salle comble tous les soirs !
La Manufacture, haute école de théâtre
de Suisse romande de Lausanne, présentait Les Helvètes du 22 au 26 juillet,
une pièce conçue et mise en scène par
Christian Geffroy Schittler. Proposition
intéressante en ce qu’elle s’est construite
autour d’improvisations, mais qui manquait de maîtrise. Les acteurs campaient
une galerie de personnages, de Max Frich
à Ferdinand de Saussure ou Le Corbusier... Interrogations sur le bonheur, sur
l’avenir de l’homme... et remise en question de la fameuse neutralité suisse!
Le FIJAD à l’aide
Que deviennent les jeunes comédiens
lorsqu’ils sortent de leurs écoles supérieures ? C’est une question cruciale en
ces temps difficiles pour tous. La ferveur,
oui, mais il faut vivre aussi ! On doit à
l’ERAC d’avoir imaginé un début de solution à ce problème. En effet, sous
l’impulsion de la Région PACA suivie par
le Ministère de la Culture s’est créé en
2004 un Fonds pour favoriser l’Insertion
Professionnelle des Jeunes Artistes Dramatiques : le FIJAD. Durant les 2 années
qui suivent la fin de leur formation, une
aide particulière est accordée aux structures qui les emploient, ce qui favorise
évidemment leur embauche. Ainsi, les
jeunes comédiens peuvent bénéficier, à
l’issue d’auditions organisées par le
FIJAD, de 6 mois de salaire pour un
minimum de 2 productions sur deux ans.
Puis une convention est établie sur la
base d’un mois et demi de répétitions
pour un minimum de 15 représentations.
Les comédiens de l’ERAC sont ainsi présents, en 2010, sur scène mais aussi en
tant qu’assistant ou scénographe, au festival d’Avignon, au Théâtre de la Ville,
dans les centres dramatiques de Nice,
Montpellier, Bordeaux, Nanterre…
ERAC, Cannes
04 93 38 73 30
www.erac-cannes.fr
La technique et l’Art
Depuis les années 80 une profonde
mutation technique s’est opérée dans le
monde du spectacle vivant. Le numérique a provoqué de nouveaux besoins,
et permis la mise au point de nouvelles
pratiques. C’est en 1987 qu’Alain Crombecque, alors directeur du Festival
d’Avignon, a constaté la nécessité d’un
personnel qualifié dans le son et l’image.
Ainsi s’est mis en place un système de
formations plus ou moins empiriques
durant le festival. Le succès a été quasiment foudroyant et a permis très
rapidement l’organisation de sessions
pour aboutir en 1987 à la création de
l’ISTS. L’association a été implantée dans
le Cloître Saint-Louis avec le soutien de
la ville d’Avignon, du département 84,
de la Région et de l’État. Elle dispose
d’une salle de théâtre équipée en machinerie permettant l’accueil de spectacles,
d’un atelier de construction de décors et
d’électricité, d’un studio d’enregistrement, de salles de cours et d’un centre
de documentation. Très vite la mission
de l’ISTS s’est étendue à l’ensemble du
territoire national et à l’étranger.
David Bourbonnaud, depuis 3 ans Directeur du développement et de la
communication, est intarissable sur sa
nouvelle «maison». Il montre les machines à vent, à pluie ou à tonnerre
fabriquées par les successifs stagiaires
avec autant de plaisir qu’il parle de ses
missions à l’étranger…
Les activités de formation continue diplômante (4 à 9 mois, 35 h/semaine)
sont en pleine extension, ainsi que des
sessions de perfectionnement, assurées
par un véritable réseau de professionnels; chaque année on compte environ
800 stagiaires et une centaine de
formateurs. Les compétences de l’Institut sont aussi réclamées dans les pays
du bassin méditerranéen, au Vietnam, en
Afrique, pour du diagnostic et du conseil
en régie, en scénographie, mais aussi
pour la gestion des contingences matérielles et réglementaires en matière de
sécurité, de prévention des risques et de
responsabilité pénale. Ces interventions
payantes lui permettent ainsi de générer
une partie des ressources nécessaires à
son activité tout en participant au
rayonnement de l’Institut.
CHRIS BOURGUE
ISTS, Avignon
04 90 14 14 16
Calendrier des formations 2010/2011
consultable sur le site
www.ists-avignon.com
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THÉÂTRE
FESTIVAL D’AVIGNON
Là où
se joue
l’avenir du
théâtre ?
gnon, sorte de mythe vivant qui se décline durant
trois semaines annuelles de fièvre, a toujours suscité
des polémiques vives. Elles en font aussi le charme, et
Avignon est un lieu d’idées autant que de théâtre.
Ceci admis, on peut pointer les ratages, même
nombreux, même éclatants, sans réclamer des têtes:
programmer 40 spectacles en prenant le risque de la
création et de la jeunesse ne va pas sans échecs.
Restent des réactions agaçantes, qui consistent à faire
passer un désaccord esthétique pour une querelle des
Anciens et des Modernes. Il est de bon ton de regarder
comme «ringard» le public de plus de cinquante ans,
et ceux qui ont passé leur jeunesse sur les gradins, ou
à lire des textes, à plonger le nez, la tête et le cœur
dans les œuvres des grands penseurs et artistes des
Hortense Archambault et Vincent Baudriller, qui
codirigent le festival depuis 7 ans, parviendront au
bout de leur deuxième mandat en 2011. Si l’on en
croit les statuts du Festival ils ne sont plus
renouvelables… mais des statuts associatifs se
changent ! Louis Schweitzer, Président du Festival,
et Marie Josée Roig, Maire d’Avignon, soulignent la
bonne gestion, le fort taux de recettes propres (41%)
et le public nombreux (116 milliers de spectateurs
soit 95% de fréquentation cette année), qui de plus
se renouvelle. Des signes de satisfaction qui laissent
envisager un changement de statut possible, si le
Ministère, premier subventionneur du Festival (3.5
M€), approuve.
Mais qu’en est-il de l’artistique ? Le Festival d’Avi-
Créer pour survivre
«Le Festival des performances»,
particularité essentielle
et revendiquée de cette édition
2010, a tenu certaines
de ses promesses.
Surtout grâce aux femmes
Si la Cour d’honneur n’a malheureusement pas brillé de
feux théâtraux inoubliables, le musicien Rodolphe
Burger (troisième artiste invité ?) a réussi, en un
Concert Dessiné unique, à illuminer enfin le Palais des
Papes. Cadavre exquis entre musique et dessin, accompagné par Julien Perraudeau, Alberto Malo et Erik
Truffaz et deux dessinateurs de BD en pleine jubilation, Philippe Dupuy et Charles Berberian, ce
concert a mis le feu aux joues de la Cour et emballé
le public. Énergie communicative avec un rock gracieux et explosif, émotion avec la reprise (parfaite)
de Bashung, clin d’œil malin à Olivier Cadiot avec la
bande-son d’Un nid pour quoi faire, un rendez-vous
brillant ! Quand il y a du plaisir à faire et à montrer,
visiblement ça marche…
Plus confidentiel mais tout aussi inspiré, Stanislas
Nordey a livré à la Salle de Montfavet une séduisante
fable sur l’écriture, dans laquelle sa performance, dans
un monologue intense, a rappelé qu’il est plus que
tout, jusque dans ses mises en scène, un acteur. Dans
My Secret garden, il raconte le journal intime d’un
auteur en crise, Falk Richter, également metteur en
scène de la pièce, qui revient sur son passé pour
réapprendre à vivre. Une autofiction à tiroirs, au cœur
de l’actualité, où se mêlent intime, politique et
théâtre (!). Rejoint par Laurent Sauvage et Anne
Tismer, deux comédiens habitués à naviguer hors des
sentiers battus, le spectacle bascule dans une conférence-concert plus fantasque mais explicitement
engagée. Drôle, cérébral, multiple. Du souffle quoi !
Femmes : souffle et matière
Du souffle, la performeuse Angélica Liddell, en a
envoyé sur ce Festival, avec deux spectacles «coups
de poing». Avec La Casa de la fuerza au Cloître des
Carmes, en 5 heures et 3 tableaux, l’Espagnole a
signé une œuvre dantesque et universelle sur la
violence subie par les femmes. Interrogeant sa douleur face à celle des mères de Ciudad Juarez au Mexique,
la directrice de l’Atra Bilis de Madrid, qui se définit
comme «résistante civile» douée pour la compassion,
accompagnée de 5 femmes tout aussi étonnantes,
transforme l’horreur pour faire de l’acte théâtral un
geste de survie. Cru, violent, jusqu’au-boutiste, ce
My secret garden © Delphine Michelangeli
La Casa de la fuerza © Christophe Raynaud de Lage
théâtre sans autocensure endosse la cruauté du
monde, épuisement physique et violence des mots à
l’appui. Puis, c’est dans le corps de Richard III et à la
Chapelle des Pénitents blancs convertie en arène,
qu’Angélica Liddell s’est transformée en furie humaine,
basculant d’un état maniaco-dépressif à la folie
dictatoriale, et confirmant son goût pour parler des
monstres. Dans El año de Ricardo, la comédienne
totalement possédée par le personnage emprunté à
Shakespeare, déverse un texte monstrueusement
puissant (parfois dur à suivre, son débit étant exceptionnellement rapide et, sauf une maîtrise parfaite de
la langue, demandant un temps de lecture conséquent) entre colère et douleur physique, encore une
fois. Une cascade d’insanités pour interroger le
pouvoir, la manipulation, la tyrannie. Pourquoi pas ?
L’essence même de Shakespeare, qui manquait dans la
Cour…
L’artiste visuelle québécoise Julie Andrée T., invitée
également pour la 1re fois au Festival, aura sans doute
été plus discrète, moins médiatisée. Pour autant, les
deux pièces très conceptuelles, présentées quasi
simultanément aux Pénitents Blancs, relevaient de
surprenantes œuvres plastiques construites en direct,
créatives et burlesques. Rouge, accumulation visuelle
créant un paysage hétéroclite, poétique et insensé
d’un côté, et Not Waterproof, utilisation du corps
comme matière à sculpter se diluant dans la matière
et l’espace. Des pièces étranges et hermétiques
relevant purement du poème plastique.
DELPHINE MICHELANGELI
THÉÂTRE
siècles précédents. Qui ont pratiqué la lutte sociale
aussi, syndicale, féministe. Ceux qui ne comprennent
pas la pauvreté intellectuelle d’un certain théâtre, et
d’une certaine danse, très présents à Avignon. Ceux
qui ont fait des études de lettres, de philosophie,
d’histoire plutôt que de communication, de sciences
po ou de commerce. Ceux qui savent qu’il est
généralement plus sain de «croire» dans le travail,
l’écriture, la pensée, plutôt que dans le génie, le
ressenti et l’immanence.
Regarder ailleurs
Ce n’est pas une querelle de génération. Les
spectateurs qui quittaient les salles étaient souvent
jeunes, aussi. Et ceux qui applaudissaient à tout rom-
pre à la vacuité de spectacles ennuyeux -en criant
bravo bien fort- étaient souvent des professionnels. Le
désaccord, la frustration sont multiples, et si les
spectateurs n’en sont pas encore venus aux mains les
accrochages ont souvent dégénéré en insultes. Entre
personnes du même âge…
Avignon s’est engagé dans des chemins esthétiques
nouveaux, et y persiste en disant que l’avenir est
forcément là, malgré le désaveu très violent de 2005,
et celui, moins fracassant mais plus désabusé, de
2010. Boris Charmatz, artiste associé de 2011, est de
cette école (voir ci-dessous). Peut-être faudrait-il
regarder ailleurs… ou l’on risque de devoir céder à la
terrible réaction en cours. Celle-ci, revers de la même
pièce, fille du même rejet de la pensée critique et du
13
même amour de l’ineffable, pousse aujourd’hui des
acteurs estampillés par leur carrière au cinéma sur les
plateaux subventionnés, et parfois à leur direction.
Il ne manque pas de metteurs en scène et de
chorégraphes de grand talent, professionnels de la
scène, loin d’être dépassés. On aimerait les voir dans
les Cours d’Avignon, sinon à sa tête.
AGNÈS FRESCHEL
Écoles et réussites diverses
Comme il est bon d’entendre un grand
acteur dire un grand texte ! Quand
Denis Podalydès lit Pierre Michon l’air
entre lui et nous devient dense de
replis. On se perd dans cette confession
où les voix s’emboîtent, Hugo biblique
regardant Booz endormi, Michon s’identifiant, ironique, à ce patriarche au carré,
Podalydès s’engouffrant dans la blessure masculine narcissique, mettant au
jour la douleur que le texte affleure.
L’air de l’été matinal vibre… comme il
frissonne lorsque Laurent Poitrenaux
joue le Mage en été d’Olivier Cadiot,
aussi précis dans l’espace et la lumière
qu’un musicien soliste qui pense chacun de ses accents… Virtuosité d’acteurs
exceptionnels qui savent faire entendre
la subtilité en mouvement des phrases
dans leurs complexités. Le texte de Cadiot,
volontairement fragmenté et obscur,
trouve là, grâce aussi à la brillante mise
en images de Ludovic Lagarde, une
lisibilité qui n’allait pas de soi.
Il reste un peu de cet exploit d’acteur
dans le Richard II si controversé de la
Cour. Podalydès en roi, à un instant,
vers la fin, offre un moment de grâce.
Le reste est mauvais. Terriblement. Les
comédiens sont mal dirigés, mal choisis, l’espace n’a pas de sens, les
spectateurs n’entendent rien malgré
une inefficace sonorisation, la musique
est balancée n’importe comment mais
surtout on ne voit vraiment pas ce que
Jean Baptiste Sastre veut dire : certes
Richard II n’est pas ce que Shakespeare
a fait de mieux, mais monter une pièce
dans la Cour nécessite qu’on en ait une
vision. Ce Shakespeare concédé aux
amateurs de «classiques», mais confié
à un metteur en scène sans l’expérience
nécessaire à la Cour, risque de donner
du grain à moudre aux contempteurs du
répertoire…
Le succès de Baal devra les détromper.
Et prouve que monter un texte, un
Brecht étrange, avec une bande de
répétition/scansion de «Je veux voir un
nu d’humain vaincu par un chien». Pas
sûr que ce désir d’auto-humiliation
fasse grand bien à notre humanité.
A.F.
Richard II © Agnes Mellon
comédiens formidables n’est pas une
entreprise rétrograde. Ça pulse, ça
décoiffe, ça accroche, à coups d’attitudes qui ailleurs relèvent souvent du
formalisme –rock, violence, dénudements, diatribes face public, alcool et
sexe qui coulent à flots- mais qui là
interrogent étrangement la modernité
de ce premier Brecht : le texte fragmenté ressemble à Woyzzeck, et le mal
être n’y construit pas encore d’ordre
politique, ni esthétique. À ce titre il
sied à merveille aux jeunes comédiens
et à leur désordre, magnifiquement
incarné par l’ambiguïté sexuelle de
Baal/Clotilde Hesme…
Hors texte
Et puis il y avait le reste. Qui cherchait
hors de ces chemins-là. Les Corbeaux
sublimes de Josef Nadj, recherche plastique et sonore sur l’âme goudronnée
des oiseaux, incarnée par un artiste qui
maîtrise la temporalité de la performance, et sait ménager les surprises
qu’il vous balance dans la poire… Le
GdRA proposait une forme documentaire intéressante, qui se penche sur
trois Singularités ordinaires merveilleuses,
échantillons émouvants d’une huma-
nité qui ne trouve pas habituellement
place dans nos représentations ; la forme,
habile, qui fictionnalise légèrement les
documents, opère des rapprochements
à l’emporte pièce mais ouvre indéniablement des voies…
Ce qui ne fut pas le cas avec Big Bang
de Philippe Quesne, scénographe qui
sait fabriquer des images dont la lente
succession reste vaine, ni avec Boris
Charmatz : sa Danseuse malade, malgré
le talent de Jeanne Balibar, malgré
l’ingéniosité du dispositif scénique -un
camion guidé sur scène par un bras
mécanique- s’égarait dans des voies de
parking. Le texte de Tatsumi Hijikata,
un des deux pères du Butô, aide à
comprendre la douleur post-traumatique de cette danse de la souffrance
inhibée, mais transporte un masochisme malsain. Il expose une violence ici
magnifiée par la mise en scène -écrasements, corps blanchis, encroûtés,
heurtés brutalement dans un camion
qui roule- dans un processus éprouvant,
ce qui serait acceptable malgré les
temps morts de l’ennui (autre torture ?)
s’ils n’étaient pas profondément dégradants, et ceci en vain (ils ne dénoncent
rien). La pièce se termine par la
14
THÉÂTRE
AVIGNON OFF
Le Off d’Avignon, une
Indéniablement,
juillet transforme la ville
d’Avignon en une terre
culturelle désormais
très rentable.
Mais qui profite
des 80 millions d’euros
(estimés) de retombées
économiques générées
par le In et le Off ?
Le Festival, un sacré commerce !
À la Chambre de Commerce et d’Industrie, on reste
prudent sur la mesure des retombées du Festival en
pleine saison touristique. «Le taux de remplissage
hôtelier est exceptionnel en juillet, quasiment 100%
de réservations un mois à l’avance. Certains visiteurs
sont envoyés parfois jusqu’à Nîmes par l’Office de
Tourisme» confirme Philippe Bondurant, directeur
de la communication à la CCI. Sans compter les
bénéfices des particuliers qui (sous)louent leurs
habitations, une pratique coutumière difficilement
mesurable. «Au niveau du commerce, notamment
des restaurateurs, on observe un timide début de
reprise. Un léger mieux qui n’éponge pas la baisse
des recettes des 2 années précédentes» : les
festivaliers, comme les autres touristes, dépensent
moins avec la crise…
Ces 80 millions sont largement générés par le Off,
le nombre de spectateurs étant 10 fois plus
important que celui du «In». «En 2003, le Festival
avait généré 54 M €, même après l’annulation du
In. Les commerçants restent traumatisés par
l’événement», explique le Manager du centre ville.
«Il doit continuer à bien fonctionner, c’est l’activité
qui permet de redorer les trésoreries. 90% des
commerçants font leur chiffre d’affaires en juillet.
C’est le 1er mois de l’année.»
Bernard le Corff, directeur du Collège de la Salle
et chargé de la communication d’AF&C (Avignon
Festival et Compagnies) précise : «Si l’impact
économique est la litanie du transport, hôtellerie,
commerce, il faut y rajouter le volume financier
généré par les ventes des spectacles après le Off et
la vitrine pour la Ville, qui s’investit de plus en plus.»
Le In vend cette année 116 000 billets et affiche
une fréquentation de 95%, mais le Off à lui seul
enregistre plus d’1.2 M d’entrées, soit près de 7 M
de recettes. Un taux de remplissage en légère
diminution (55% contre 56% en 2009), dû à
l’accroissement du nombre de salles et de
propositions spectaculaires. 7000 artistes occupent
ainsi 123 lieux et l’on peut estimer qu’il y a 500
000 spectateurs qu’il faut loger, nourrir…
Le Off, un pari sur l’avenir
Pour jouer dans le Off, «un moment majeur pour
une troupe» selon Bernard le Corff, 1100 spectacles
ont donc été enregistrés par AF&C (adhésion 210 €
HT). Les compagnies investissent, en moyenne,
entre 20 et 50000 € (location, hébergement,
salaires, communication), pour des recettes comprises entre 10 et 30000 €. Soit un déficit de
10000 € souvent inéluctable. Mais «Jouer dans le
Off, c’est la meilleure manière d’avoir les programmateurs. Même s’il n’y a qu’eux dans la salle, c’est
primordial. Cette année en moyenne chaque troupe
en a reçu 40. On n’en a jamais vu autant.» Une
moyenne qui fait rêver !
Le Off, qui comptera l’an prochain 1300 spectacles
(d’après AF&C) essentiellement dans le centre ville,
est donc indéniablement une forte source de
revenus pour la ville et le département. Mais la
question de l’affluence se pose sérieusement.
«Avignon est un lieu de rassemblement, tout doit se
passer au plus près du centre ville. Les directeurs de
théâtre oublient parfois de dire qu’au-delà des
remparts, il n’y a pas beaucoup de salut, à part
Villeneuve en Scène ou Monclar» affirme Bernard le
Corff. «En même temps, plus on est compressé dans
les remparts, plus les prix vont augmenter. Il va
falloir qu’on en sorte, mais tranquillement.» Si le
rapprochement avec le Festival d’Edimbourg ou de
Pékin fait rêver certains, à Avignon le problème de
place va devoir se régler sous peine d’implosion.
Des risques calculés
AF&C organise en région des réunions préventives
auprès des troupes pour qu’elles mesurent le risque
financier. Même pour les compagnies permanentes
d’Avignon, pour lesquelles le problème de
l’hébergement est réduit, le déficit reste important.
Certains ne jouent qu’une dizaine de jours pour
limiter les risques. D’autres comptent sur les 3
semaines du Off pour créer une tournée, comme la
cie Onstap, avec son spectacle Parce qu’on va pas
lâcher. Mais louer une salle repérée reste d’«un coût
exorbitant». Sur les 123 lieux que répertorie AF&C,
aucun n’achète les spectacles, seuls 15% proposent
de «coréaliser» en participant à la communication,
25% partagent des recettes et 60% sont en
location. Pour exemple, le théâtre du Balcon et le
Chien qui Fume louent leur salle de 200 places,
pour un créneau horaire, 12000 € (selon AF&C).
Moins chères, les salles du Bourg Neuf ou de la
Luna (3500 €) n’ont que 50 places.
Plutôt malins (et intrépides), les Onstap ont donc
mutualisé les 120 places du chapiteau le
Mazouing, sur la Barthelasse, avec 7 autres
compagnies. 7800 € de participation financière
pour chacun. Grâce à un gros travail auprès des
diffuseurs, ils ont reçus plus de 5700 spectateurs,
© Delphine Michelangeli
dont beaucoup de pros (180 pour Onstap, une
cinquantaine de dates envisagées). La cie Hors
Série, avec La géographie du danger d’Hamid Ben
Mahi, un magnifique solo sur le parcours d’un sanspapiers et sa lente métamorphose vers la
déshumanisation, aura sans doute contribué à faire
reconnaître le lieu, pour cette première tentative
réussie.
Au Théâtre des Halles on peut prendre des risques.
La reprise de leur dernier spectacle Simples Mortels,
difficile à tourner vu l’ampleur du décor, revient à
50000 €. «Alain Timar ne crée pas en pensant à la
tournée» explique Sophie Redon. «Et au Festival,
on ne parle pas en termes de rentabilité financière,
mais plutôt artistique et de diffusion.» Les 50% de
remplissage seulement pour cette reprise n’ont
donc rien de dramatique, puisque Rhinocéros a lui
enregistré une belle fréquentation et que la
création 2008, Je veux qu’on me parle, avait très
bien tourné pendant 2 ans. Le lieu a vu passer
15509 spectateurs (malgré l’arrêt tragique du
spectacle de Philippe Avron après 12
représentations) pour 10 spectacles accueillis.
Rentable ?
Pour les professionnels du tourisme sans aucun
doute… mais pour les compagnies, jouer au Off
est un investissement sur l’avenir très coûteux.
Autant proposer des spectacles de qualité, pour
conquérir le public qui passera dans la salle… et
fera tourner l’info !
DELPHINE MICHELANGELI
CRT
THÉÂTRE
15
manne économique ?
Parcours d’une battante
Edmonde Franchi, auteure
et comédienne marseillaise,
a vécu sa 6e participation
au Off avec CarmenSeitas
qui a fait salle comble depuis
sa création en 2008 et était
accueillie par le Théâtre
du Chêne noir
Zibeline : Quel bilan pouvez-vous
tirer de votre participation ?
Edmonde Franchi : Faire un bilan à
la toute fin du festival est difficile.
Car il est presque toujours négatif, on
perd pas mal d’argent, on est fatigué
et il est tôt pour tirer des conclusions
en terme de retombées. Puis au bout
de 2 mois, on se dit qu’on a eu 3000
spectateurs, de bons échos dans la
presse, qu’on a déjà fait 5 ventes.
Notamment nous jouons à ClermondFerrand et à Septèmes en novembre.
Quelles ont été les conditions
matérielles de votre séjour ?
J’avais loué une maison et un
appartement pour les 9 personnes de
l’équipe. Gérard Gélas (Directeur du
Chêne Noir, ndlr) m’avait proposé une
co-réalisation. Très intéressant car
dans ce cas il n’y a pas de frais de
location, et ce sont eux qui
s’occupent des réservations, de la
billetterie. C’est un grand confort !
Après chaque représentation on
pouvait discuter avec le public dans
la cour. Mais même ainsi sur le plan
financier on reste très déficitaire. J’ai
pourtant obtenu une subvention de
l’AF&C pour l’Aide à la diffusion du
Off, affectée sur dossier à 10
compagnies sur 1000 chaque année !
Comment voyez-vous l’avenir du Off ?
Le nouveau directeur, Greg Germain
veut faire un festival prestigieux.
C’est une bonne idée. Ce n’est pas le
nombre qui compte, ce sont les
conditions dans lesquelles travaillent
les compagnies, il faut surtout que
les conventions collectives soient
respectées.
Prête à recommencer ?
Oui. Peut-être avec mon dernier solo,
Coeur@prendre, un spectacle sur la
solitude, avec les succès des années
60. En prenant un technicien sur
place cela n’engagerait pas trop de
frais, c’est l’avantage des solos...
Un autre spectacle en préparation ?
Oui. J’ai fait une résidence d’écriture
pour De toutes beautés ; l’écriture
Carmenseitas © Philippe Houssin
c’est comme la couture : on taille, on
assemble, on reprend... La 1re forme
sera donnée à la Busserine les 19 et
20 novembre, avec 2 musiciens.
PROPOS RECUEILLIS PAR CHRIS BOURGUE
Qui travaille en été ?
Le Comité Régional de Tourisme de PACA dresse chaque année un bilan de
la saison d’été, en enquêtant auprès des professionnels. Enquête complétée,
dans chaque département, par les Comités Départementaux du Tourisme.
Cette année encore le bilan, dans la deuxième région touristique de France
(après Paris), est bon : la crise économique l’affecte paradoxalement, et
l’année 2009 s’était avérée très surprenante, avec un net retrait de la clientèle
étrangère, mais des records pour ce qui était de la clientèle Française, venue
d’autres régions, ou simplement restée en PACA.
L’année 2010 renforce cette tendance : les touristes restés en France par
souci d’économie y ont pris goût, et la clientèle étrangère, hormis les Anglais,
revient… De quoi satisfaire les professionnels, même s’ils disent
unanimement que les touristes dépensent moins, en particulier au restaurant,
préférant les pique-niques, réduisant l’alcool, négociant les prix et diminuant
la durée des séjours. Il n’en reste pas moins que 110 millions de nuitées
(hôtels, gîtes et campings) sont vendues en juillet/août dans la Région, et
qu’il faut doubler ce chiffre si l’on veut tenir compte des touristes hébergés
par les familles et les amis, et des maisons secondaires (PACA est la 1re région
en ce domaine).
La part du tourisme culturel ? Lors de la dernière enquête à ce sujet, 5% des
touristes interrogés déclaraient venir «principalement» pour les festivals. Ce
qui représente tout de même 11 millions de nuitées, si l’on tient compte des
hébergés. Un chiffre énorme, qui confirme l’impact des festivals sur l’activité
économique. D’autant que le directeur du CDT du Var soulignait que «même
ceux qui viennent pour la plage et le soleil sont de plus en plus nombreux à
consommer des visites de villes, de monuments et de musées», ajoutant même
que «les activités périphériques, sportives et culturelles sont devenues
structurelles, même en août, même dans le Var.»
Car les autres départements, en particulier les départements Alpins,
soulignent l’attractivité culturelle de leurs territoires, avec des équipements
comme le Musée de Quinson, ou les festivals de musique classique. Les
Bouches-du-Rhône, plus vastes et complexes, constatent le succès des
investissements muséaux et festivaliers à Aix et Arles, et notent que Marseille
commence à attirer un certain tourisme culturel. Quant au Vaucluse : 116 000
spectateurs au Festival d’Avignon, plus un million de places vendues durant
le off, sans compter la forte attractivité des Chorégies et de Vaison-laRomaine, et tous les «petits festivals» qui animent le territoire. Une activité
économique essentielle, dont on peut déplorer qu’elle grève sérieusement
les budgets courants de la culture, consommant en été une grande part des
subventions des collectivités vauclusiennes…
AGNÈS FRESCHEL
Comité Régional de Tourisme
www.chiffres-tourisme-paca.fr
16
THÉÂTRE
AVIGNON OFF
Parmi les 1200 spectacles proposés, difficile de faire son choix ! Voici les nôtres, aléatoires
À la Manufacture, la Cie Adesso e
Sempre de Julien Bouffier a présenté une revisitation audacieuse et
convaincante d’Hiroshima mon amour,
sur la trace du film de Resnais. Quoi de
plus symbolique qu’Hiroshima, terre
d’inhumanité, pour questionner la
naissance d’un amour ? Comment faire
évoluer ces amants étrangers sur les
cendres d’une société anéantie par la
bombe atomique ? Construit à partir
d’images documentaires filmées à Hiroshima et des projections «live» qui
démultiplient l’éclatement du décor, et
interprété par Vanessa Liautey et Ramzi
Choukair (un acteur Syrien magnétique
qui incarne «le Japonais» de Duras), le
spectacle impose avec fougue l’évidente nécessité de la mémoire. Une
exploration passionnante de la rencontre avec «l’autre».
Bons pédagos !
Eclats de Scène a posé ses valises à
l’École du Spectateur pour résumer 25
siècles de théâtre en 1h30 dans l’Histoire racontée du théâtre. Une gageure ?
Avec un vrai talent pédagogique et surtout un grand amour du théâtre, les
deux comédiens Frédéric Richaud et
Gilbert Barba, armés de personnages
en papier et de castelets en kit, réalisent un exposé passionnant doublé d’un
bel hommage à «ce miroir plus ou moins
déformant de la société humaine». Une
compagnie qui porte bien son nom de
Centre culturel itinérant.
À la Maison du Théâtre pour Enfants,
trois pingouins ont embarqué pour
l’Arche de Noé, passager clandestin à
bord, et philosophé sur l’existence de
Dieu. Ce Dieu qui a «la mémoire d’éléphant et qui n’oublie jamais de punir».
Dans l’Arche part à 8 heures d’après le
roman d’Ulrich Hub, l’Auguste Théâtre
a choisi de traiter un thème qui touche
forcément les petites âmes mystiques,
sans jugement ni à priori. Osé et réussi,
le spectacle aborde évidemment, à travers le doute et la foi, la question de la
tolérance et de la différence.
Social
Intime
Et puis, une vraie «claque» pour laquelle on tendrait volontiers l’autre
joue. Au cœur du 23 place des Carmes,
un petit appartement «témoin» de vie,
celui de la cie Fraction, quelques spectateurs ont pu chaque soir assisté à La
peau dure, mise en scène par le trop
rare Jean-François Matignon. Sophie
Vaude interprète les 3 sœurs inspirées
par le sublime texte de Raymond Guérin, aussi divergentes dans leur être
que proches dans leur mal-être. La promiscuité avec la comédienne au talent
magistral (mais pas tape-à-l’œil), avec
les murs défraîchis, le goutte-à-goutte
du robinet, le grincement de l’escalier,
l’odeur du vécu, l’éclairage en esquisse,
nous tiennent cloués à nos petits bancs,
collés à nos compagnons de route,
bouleversés que nous sommes par les
témoignages livrés avec autant d’authenticité. Une déambulation bouleversante
dans le quotidien de femmes, pendant
la Seconde guerre, qui prennent la
parole après avoir encaissé des coups.
Au fil du off...
7e édition de Villeneuve en scène, elle
a donné en plein air un spectacle
intense et émouvant, Albatros de Fabrice Melquiot. Deux enfants peu gâtés
par la vie s’y interrogent sur la cruauté,
la mort, l’amour et s’inventent un avenir dans le rêve. La scénographie simple
et efficace dans un espace bifrontal sert
magnifiquement ce texte grave qui sait
se faire léger. Une troupe à suivre...
Le Théâtre Girasole est un nouveau
lieu accueillant qui nous a permis de
découvrir Rituels pour des signes et des
métamorphoses de l’auteur syrien
Saadallah Wannous. Texte d’une rare
intensité mis en valeur par un dispositif
dépouillé qui tient de la tour et de la
plateforme, et sépare le monde de la
chair et celui de l’esprit. Damas, à la fin
du XIXe siècle. Bafouée, la femme du
Prévôt décide de se consacrer à la
prostitution pour atteindre sa vérité.
S’enchaînent une série de catastophes
et de désirs qui met les âmes et le
pouvoir à vif. Fida Mohissen a réussi
une mise en scène forte, qui assume
des choix périlleux comme de faire tenir
le rôle de la courtisane par un
comédien (étonnant Benoît Lahos) et
de faire dire toutes les didascalies.
Simplement magnifique.
Alain Simon du Théâtre des Ateliers
(Aix) s’est proposé de dire en slam le
Discours de la méthode de Descartes
pour le mettre à la portée de tous.
Projet louable qui n’atteint pas tout à
fait son but, la rapidité de l’élocution et
la présence insistante du piano de
Christophe Paturet nuisent à l’écoute,
tout en réactivant le propos...
Un autre monologue parfaitement sensible et maîtrisé se donnait dans le
minuscule théâtre du Verbe fou. Le
spectateur est totalement immergé
dans le magnifique texte de Guilleragues,
la passion de la religieuse portugaise
séduite et abandonnée. Une table ronde,
une chaise, de l’encre et une plume qui
crisse sur le papier. Quelques accords
de Chostakovitch. Une comédienne lumineuse, Catherine Méry, dans une
stricte robe noire, dont le jeu retenu
mais ardent enchante. Un moment de
grâce.
Humani Théâtre est une jeune troupe
itinérante basée près de Béziers. Pour la
CHRIS BOURGUE
DELPHINE MICHELANGELI
Rituels © Yvan Pitteloud
Avec la Répartition des Mouches de
Jean Cagnard, la cie Mises en Scène
continue sa route entre social et
artistique à l’Entrepôt. Autour du
thème de la solitude, se croisent dans
un maelström surréaliste -mais pas
unanimement persuasif- le Père Noël et
sa fille, le Fou intérieur, l’Actrice, l’Homme avec lequel on se sent seul... Même
la «Population» sera de la partie, «interprétée» par des comédiens amateurs
issus des ateliers menés vaillamment
dans les quartiers d’Avignon par la compagnie. Michèle Addala met en scène
ce petit monde, fragile et poétique, un
peu triste parfois, accompagné par le
violoncelle de Guillaume Saurel. Endosser la souffrance de l’autre et représenter
la «grande tragédie humaine», un exercice louable mais périlleux, qui ne fait
pas toujours mouche.
La jeune cie Faim Rouge, prometteuse
par ses choix aiguisés et son intérêt au
monde, a choisi de dresser le portrait de
la vie carcérale à travers le témoignage
fataliste d’une éducatrice. Au Ring Fragmentation d’un lieu commun, écrit par
Jane Sautière, une éducatrice pénitentiaire lucide face à sa mission d’assistanat,
est mis en scène par Laure Vallès. Alternant à chaque création, mise en scène
et jeu d’acteur avec Pauline Hornez
(qui interprète donc ici la travailleuse
sociale, un rôle qui demanderait un peu
plus de maturité), elles se sont associées à la danseuse Céline Schneider.
Un duo de femmes pour exprimer la révolte et la parole, l’usure professionnelle
et la dignité humaine, l’enfermement et
l’incapacité à dire.
La peau dure © X-D.R
Petit tour de l’été
Je pense donc je suis
par Alain Simon s’est joué
au Centre européen de poésie
www.theatre-des-ateliers-aix.com
Adeus, lettres de la religieuse
portugaise Cie Art et latte (Paris),
mes Brigitte Girardet
www.artetlatte.fr
A1batros de Fabrice Melquiotmes Fabien Bergès /
www.humanitheatre.fr
Rituels...
de S. Wannous-mes F. Mohissen
06 18 65 12 91
et hasardeux… comme le off l’impose !
Entre l’ombre
et la lumière
Certaines manifestations du festival ont pâti de leur éloignement du centre et ce
malgré la qualité des spectacles… Et pourtant ! Le minuscule effort de marche
était récompensé par de somptueuses prestations, comme celle de la jeune
danseuse Choé Lanzafame qui interprétait avec une sensibilité à fleur de peau la
belle chorégraphie de Marie-Anne Granier, Les Damnés, au Studio Théâtre
Avignon Temps Danse. Jeux d’ombres et de lumières, savamment orchestrés par
Philippe Catalano, partition aux multiples registres de Pierre Charvet, Tension
vers la lumière, inaccessible. Quêtes avortées, lent cauchemar d’une conscience
qui s’enlise, se révolte, s’enferme… Pureté des mouvements, sobriété du jeu, jusque
dans la scène où le corps emmêlé à la corde qui le lie s’épuise. On est emporté dans
un monde d’interrogations poignantes… élans, tensions, tout autant de
soubresauts d’âme…
Jeux interdits
Plus loin encore, un gros kilomètre du centre, l’École de Spectateur ne fournissait
pas un public nombreux aux dynamiques acteurs de Ouasmok ? de Sylvain Levey?
Julien Asselin et Agnès Petreau réussisaient pourtant le tour de force que de
jouer l’enfance, sans ridicule, avec justesse, humour, sensibilité. Marivaudage de
cour de récré, parcours d’une vie adulte rêvée, rencontre, séduction, amour,
mariage, divorce… tout cela avec une verve jubilatoire revigorante ! Les personnages prennent en main leur univers, le modèlent, le dessinent au gré de leur
évolution sentimentale. Spectacle tout public, à partir de 10 ans, qui en traîne les
spectateurs dans une ronde pas si anodine, puisque des enfants du public sont
invités à reprendre à leur compte les premières répliques de la pièce, un nouveau
«ouasmok ?» est lancé, ça veut dire «comment tu t’appelles en Arabe». Histoire
de donner aussi à réfléchir… Vivifiant !
Le rire du génie
Tout le monde connaît le film de Milos Forman, Amadeus, et la pièce de Peter
Shaffer, présentée à Brodway en 1981, et jouée à plus de 1000 reprises. La
compagnie En Plein dans l’œil, issue de la collaboration entre la Compagnie ARS
et la Sorbonne-Nouvelle, a eu la bonne idée de reprendre cette œuvre populaire qui
interroge le concept de génie à la Petite Caserne. Théâtre mouchoir de poche
dans lequel la mise en scène sait créer des espaces, une profondeur, transcrire dans
les lieux l’épaisseur du temps. Julien Buda, malgré sa jambe dans le plâtre,
interprète un magnifique Mozart, qui évolue entre folie ingénue, trivialité et fragile
sensibilité. Lula Suassuna campe Salieri avec une grande justesse, que ce soit le
vieillard désabusé ou le souvenir du jeune homme épris de son art et de Dieu,
confronté à ce qu’il considère comme une injustice : le génie accordé à un être qui
ne le mérite pas. Constance ainsi que l’Empereur Joseph II qui trouve comme
rédhibitoire défaut à la musique de Mozart de contenir «trop de notes»… Cette
pièce toute de passion a reçu un bel hommage du public, sensible tant à la qualité
des interprètes qu’à celle du texte et de sa mise en lumière.
MARYVONNE COLOMBANI
Amadeus © X-D.R.
18
THÉÂTRE
AVIGNON OFF
Mélange de genres
Monstres © X-D.R
compagnies s’ingénient à déconstruire les codes du théâtre classique
avec un polar touffu : les belges de la
Tout Feydeau
en un seul
homme
La légende autoproclamée de l’auteur dramatique
qui renouvela le genre du vaudeville relate qu’il
aurait été le fils naturel de Napoléon III ou de son
demi-frère, le duc de Morny. En tout cas pour le
moins, l’arrière petit-fils de l’impassible Talleyrand,
Ministre des affaires étrangères inamovible qui
traversa cinq gouvernances ! La Valse de l’Empereur
de Strauss qui ouvrait le spectacle du jeune
comédien Francescu Raffaelli était un clin d’œil
Au milieu de ce trouble, arretons-nous (un instant) et jouons dans le noir © X-D.R
Sur la place des Corps Saints le
théâtre programme la dernière
création de Jeanne Béziers, du
Théâtre du Maquis. Dans la petite
salle, rendez-vous avec ses Monstres
hauts en couleurs. Issus de rêves, de
cauchemars, de fantasmes, ces délires
surréalistes lorgnent vers les contes
de fées, égrainés comme une longue
histoire qui n’aurait ni début ni fin,
juste un corps épais fait de prose et
de vers. Merveilleusement accompagnée par la contrebasse de Stéphane
Diamantakiou, et profitant pleinement de la proximité de cet espace
réduit pour nous ouvrir grand la porte
de son univers, la comédienne fait
alterner ses textes (du très sombre au
très poétique, dans une langue
toujours très fouillée) avec des
reprises de chansons de Walt Disney
(en anglais) ou des créations plus
sombres de Martin Béziers, le tout
servi avec une énergie et une
fraîcheur jubilatoires !
Seul en scène, Lucas Franceschi
tient son monologue sans faillir. Il
investit la Cour d’honneur de la
Faculté des sciences avec un bel
hommage au monde théâtral à
travers l’œuvre de Shakespeare, du
comédien au personnage sans oublier
le metteur en scène. Être ou ne pas
être est une subtile réflexion sur la
gestation d’un spectacle, et sur la
précarité de l’état de personnage au
sein d’une pièce. Avec, pour appuyer
son propos, le kidnapping par le
personnage désespéré de son
comédien… Le numéro est
époustouflant, le jeu de Lucas
Franceschi ping-pong avec maestria
entre les divers «personnages»,
offrant même une fin de prise d’otage
surprenante…
Petit passage par L’Entrepôt où deux
cie Sur le fil et les alsaciens de la cie
Ecknobul ont trituré et découpé le
texte de Régis Duqué, Dans le noir,
pour en faire Au milieu de ce trouble,
arrêtons-nous (un instant) et jouons
dans le noir. Une mise en scène
ingénieuse qui, sans décor, définit les
lieux visuellement, et le jeu talentueux
des comédiens balisent l’histoire
délirante de Tom, Jerry et Donald qui
bossent pour Mickey, le parrain
mafieux, de Betty, sa maîtresse en
titre retrouvée noyée, et de Daffy, le
flic, qui doit débrouiller tout ça. La
reconstitution de la scène du crime,
baignoire aidant, ne manque pas de
fraîcheur…
Au Chien qui fume, la cie À Cour &
À Corps raconte, sans paroles, Yakafaucon : trois personnages clownesques
déclinent leurs relations à l’autre en
prenant comme accessoire un simple
bonbon… Avec humour et dextérité
les gestuelles de chacun vont nourrir
les saynètes, jusqu’à l’envol en
trapèze des deux protagonistes
judicieux à l’ascendance supposée de celui qui sut
si bien caricaturer les us et coutumes et les
ridicules de cette bourgeoisie qui avait fait sien le
mot d’ordre de Thiers : «Enrichissez-vous !»
Dans Le Potache, l’acteur campe un collégien naïf
qui va de méprise en méprise au cours d’une
réception mondaine et fait étalage d’une indéniable
fatuité en s’imaginant sous les traits d’un
irrésistible séducteur ; le sketch suivant, J’ai mal
aux dents, évoque, avec un art consommé de la
suggestion, un mariage raté ; c’est un régal
d’entendre couler les alexandrins, ornés de passés
simples et d’imparfaits du subjonctif habilement
glissés dans une volée de borborygmes. Le billet de
mille permet à l’acteur, avec un boa pour tout
accessoire, de se métamorphoser en personnage
féminin, avant de se transformer en vieillard
féminines, un spectacle dans le
spectacle qui n’allège pas forcément
le propos…
Loin de l’effervescence des rues très
empruntées du centre, le théâtre du
Cabestan contribue à faire changer
d’air avec une incursion réussie dans
l’univers de la princesse Palatine.
L’interprétation de Marie Grudzinski
est remarquable, qui s’appuie sur la
mise en scène épurée de Jean-Claude
Seguin, revêtant progressivement des
costumes somptueux, affinant ses
coiffures, passant de son boudoir à la
Cour poudrée de Louis XIV. Elle
campe une Palatine incisive, se
reposant sur un choix de lettres
judicieux qui permet de la voir vieillir
imperceptiblement, saisissant raccourci qui laisse intactes les images
d’un Versailles dépoussiéré.
Au théâtre des Béliers, une petite
pièce toute simple remet les pendules
à l’heure quant au monde enchanté
dans lequel vivent les petites filles,
et celui qu’elles intègrent juste
après... Et pendant ce temps-là les
araignées tricotent des pulls autour de
nos bilboquets est un anti-conte de
fées drôle et cruel, une chronique qui
sent le vécu, que porte Raphaëlle
Moussafir, qui en est l’auteure, tel
un caméléon, changeant de personnages au gré des discussions hyper
réalistes, sans accessoires ni décor,
campant la petite famille au fil et à
mesure des changements qui
s’opèrent dans le corps de celle qui
voit et entend tout… Efficace !
DOMINIQUE MARÇON
ventripotent, rentier misanthrope, malheureuse
victime de locataires sans scrupules dans la
Complainte du pauvre propriétaire. L’homme qui
n’aimait pas les monologues -véritable paradoxe
pour un comédien seul en scène- car ils sonnent
«faux», permet au comédien d’adresser un vibrant
«Allez-vous en !» aux spectateurs médusés, ces
véritables «patrons» des acteurs.
JEAN-MATHIEU COLOMBANI
Feydeau dans tous ses états
a été joué à Marseille et à Aix le 30 juin.
Francescu Raffaelli a joué
à la Chapelle de l’Oratoire
Les Confessions de Saint Augustin
20
DANSE
VAISON | AVIGNON | CHÂTEAUVALLON
L’été danse ici
Chaque été les Hivernales offrent avec
une générosité renouvelée leurs
plateaux aux compagnies régionales.
Concentrée durant deux semaines de
juillet au théâtre de la rue Guillaume
Puy, la programmation a rassemblé un
peu moins de monde que les années
précédentes (7000 spectateurs «seulement» et il y avait dans le «In» cette
année une concurrence chorégraphique internationale impressionnante,
entre Platel et Keersmaeker…). Mais
si les Hivernales en février invitent
des stars de la danse contemporaine,
son été prend plus de risques, et se
met à la disposition de cies plus
confidentielles.
Au programme cet été la Cie Technologia Filosofica qui a mené un bal
succinct et coloré : 25 minutes de
portes qui claquent en concentré de
vaudeville autour de 5 danseurs ; la
Cie Deux temps trois mouvements
qui a interrogé en un magnifique duo
athlétique la politique d’immigration
de l’État Français, et l’étroitesse de
l’espace accordé aux arrivants ; un
solo de Fabrice Ramalingon met à
jour ses paradoxes, entre danse disco,
postures animales et agaçantes immobilités et répétitions ; une pièce de
Franck Micheletti inutilement étirée
(voir ci contre) ; et deux moments venus
d’ailleurs, grâce à des collaborations
internationales…
2
Flamenco
Le Festival de danse
de Vaison-la-Romaine
a l’art d’allier qualité
et spectacle populaire,
et l’a prouvé une fois
de plus…
Les films de Carlos Saura, comme
Noces de Sang, ont apporté à Antonio Gadès une notoriété mondiale
méritée. L’esprit du chorégraphe trop
tôt disparu perdure dans la compagnie qu’il avait créée, et c’est avec
bonheur que la Compañia Antonio
Gadès a repris Fuenteovejuna (1994)
inspiré de l’œuvre de Lope de Vega.
Tout a déjà été dit de cette œuvre
somptueuse, qui tient de la fresque
historique, un parfum de 1900 de
Bertolucci, par la mise en scène d’un
village entier, épisodes de la vie
paysanne, moisson, lavandières, fêtes
populaires, dans un décor et des costumes superbes, tableaux d’ocres et
de bruns safranés… nous sommes
installés au XVe siècle, dans un village
cie Malka © F. Hernandez
Meia Lua
Bouba Landrille Tchouda, interprète
et chorégraphe venu du hip-hop, a
créé la compagnie Malka en 2001. Son
travail se nourrit des cultures urbaines
et de celles du monde. Le hip hop se
mêle avec un brin de samba ironique,
un tango effréné, mais surtout à des
éléments de capoeira. Créée dans le
cadre de l’Année de la France au Brésil
cette pièce possède une énergie époustouflante. Ils sont 8 dont une seule
femme, sculpturale Aïda Boudrigua,
formée par Josette Baïz dès son
enfance, qui incendie le plateau. Objet
de désir elle est peut-être la plus
proche de cette moitié de lune qui les
éclaire par intermittence. Statues
veillées par un gardien, ils sont dans
l’endroit clos d’un musée. Mais comme
dans les contes ces «objets inanimés»
vont prendre vie et donner du fil à
retordre au gardien. La chorégraphie
est inventive, variée, pleine d’humour
et redoutable de vitesse… même si le
rêve et la lenteur ont aussi leur place
sur fond d’accordéon et de violoncelle.
cie Dorina Fauer © D. Fauer
Leks
Venus de Belgique encore (toujours?),
un bizarre tableau de famille avec nain,
sérieux glaçant ou pince-sans-rire,
fausse verdure verte, camouflages,
formica et recyclages de paquets de
chips. Des moments de danse hallucinants -danser avec un nain,
tentative inédite, provoque une
invention chorégraphique constante,
des portés déséquilibrés qui roulent,
tombent, époustouflent, et puis des
nez dans les seins, sur les fesses, une
violence de coups bas entre les deux
hommes, un rapport au corps et au
désir troublant. On ne sait pas trop ce
qui s’y dit de nous, ce que ce petit
homme des forêts évoque lorsque
brame le cerf, chante le rossignol et
s’accumulent les reliquats de piquenique à l’orée des bois de nos
légendes. Mais ça parle à l’inconscient.
Très fort.
CHRIS BOURGUE ET AGNÈS FRESCHEL
Les Hivernales
se sont tenues du 11 au 23 juillet
à Avignon
de la province de Cordoue. Un amour
partagé et heureux unit le pauvre
paysan Frontoso et la douce Laurentia, mais le commandeur, Fernan
Gomez, cruel et tyrannique, s’interpose, abuse de la jeune fille le jour
de ses noces. Les habitants du village
Fuenteovejuna se révoltent et tuent
le seigneur et ses sbires. Le spectacle
se referme sur la scène initiale, l’harmonie l’emporte. La danse, les chants,
le choix des musiques, tout contribue
à créer une progression dramatique
soutenue, le public captivé s’émeut,
s’indigne, s’enthousiasme, transporté
par la vivacité, le jeu enlevé des
danseurs. Le choix des musiques, du
baroque à Moussorgski, souligne la
multiplicité chatoyante des registres.
Le flamenco populaire trouve ici des
lettres de noblesse. Du grand art !
Le pari de Dunas était autrement plus
Dunas © David Ruano
risqué : rapprocher l’art de Maria
Pagès, sublime «transcendanse» de
son propre corps habité d’expressivité
sensuelle, et celui de Sidi Larbi
Cherkaoui, contemporain, métissé
d’orient plus dans l’idée que dans les
faits, n’allait pas de soi. Ils se sont
retrouvés dans le sable du désert,
jouant chacun de l’image de l’autre
sans renoncer à la sienne, se retrouvant autour de musiques arabe et
flamenca interprétées par des
musiciens inspirés, et d’un art
calligraphique qui écrit la danse
comme on dessine les corps. Un
homme et une femme qui s’embrasent et s’enlacent, se cherchent et se
manipulent, avec la fluidité du vent
et du sable mêlés, danse amoureuse
métaphore d’un rapprochement de
deux arts.
M.C ET A.F.
Vaison Danses
a eu lieu du 9 au 27 juillet
Mille et une danses
Daniel Larrieu, Franck Micheletti et
Alonzo King ont offert à Châteauvallon, le temps d’une soirée, trois
manières de façonner les corps, de
dialoguer avec la musique et d’occuper l’espace. Dans une chorégraphie
créée sur-mesure pour Julie Dossavi,
Daniel Larrieu a tiré le meilleur de
sa puissance physique pour atteindre
la légèreté requise. Car dans À chaque
vent le papillon se déplace sur le saule
il allie la finesse de sa musculation
tendue à une vibration intérieure permanente, mariage dans lequel elle
excelle, corps noir ancré sur le sol
blanc parsemé de plumes fuchsia.
«Une robe chorégraphique haute
couture» dessinée par Daniel Larrieu
qui se révèle être un habile couturier,
mêlant le chant éraillé et sophistiqué
de Sarah Jane Morris, la musique de
Jean-Jacques Palix, Colleen et Matthew
Herbert aux gestes amples, aux
déhanchements compulsifs et aux
longs silences de Julie Dossavi.
Tandis que les voix d’Ève Couturier et
Alica Champion chuchotent en off «Je
ne sais quand ni quoi ni où vous êtes
venu au monde»…
Esquissé lors des premières Constellations à Toulon cet hiver, repris
également durant un mois aux
Hivernales (voir ci-contre), Espaço
Contratempo s’enrichit, prend du
poids et de la matière mais ne parvient pas à soutenir son rythme.
Passant de 30 à 50 minutes, la pièce
perd sa nervosité électrique ! Le trio
Franck Micheletti, Idio Chichava
(magnifique danseur à qui rien ne
résiste), Rémi Aurine-Belloc à la
guitare joue de l’espace du plateau
pour dialoguer ou entrer en
résistance. À l’écoute les uns des
autres, ils écrivent «une cartographie
plurielle» qui laisse les spectateurs
sur le bord du chemin, lassés par le
manque de propos étiré inutilement.
La cerise sur le gâteau était la venue
du Lines Ballet d’Alonzo King,
maître de la danse contemporaine
outre-Atlantique depuis la fondation
de sa compagnie en 1982. Un double
programme offert comme une vitrine
de sa conception d’une danse entre
modernité et convention, le chorégraphe afro-américain étant un
chantre de la danse néoclassique. La
pièce Migration : The Hierarchical
migration of Birds and Mammals en
était un parfait exemple qui privilégiait la lumière des corps, les
mouvements éthérés et des entrées
plateau conventionnelles. La seconde,
Rasa, à la fois plus inventive et personnelle sur le plan formel, réussissait
à détourner le piège de l’illustration
de la musique indienne. Car Alonzo
King et Zakir Hussain ont sublimé
l’interdépendance de la danse et du
tabla : moins désincarnés, les corps
étaient là de merveilleux instruments.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Spectacles donnés le 20 juillet
au CNCDC Châteauvallon à l’occasion
du Nouveau Festival 2010
Julie Dossavi dans À chaque vent le papillon se déplace sur le saule © Agathe Poupeney
22
MUSIQUE
FESTIVAL D’AIX | CHORÉGIES D’ORANGE
Fusion des Arts
Il y a dans le travail entrepris par la chorégraphe
Trisha Brown à l’Opéra quelque chose de captivant,
de profondément novateur. En particulier parce
qu’elle fait danser les chanteurs, qu’elle tente de
mêler le mouvement plastique des corps, les
arabesques qu’elle trace, à même le sol, à la craie
noire, sur de grands panneaux figurant le décor, aux
lignes ornées du chant baroque, aux dynamiques
rebondies des rondeaux, rigaudons et autres
antiques menuets.
Son Orfeo avait dérouté il y a une douzaine
d’années, parce que le public saisissait mal les
amplifications que la scénographe voulait imprimer
au livret, le sens des pantomimes qui se superposaient au geste vocal dans les dialogues, les airs
ou les récits. Si l’on retrouve cet effet «parasite»
dans son travail effectué sur Rameau, c’est dans
une moindre mesure, car les extraits tirés d’Hippolyte et Aricie et l’Acte de Ballet Pygmalion sont
davantage conçus autour de la danse que le chefd’œuvre de Monteverdi : la fusion des arts opère
mieux.
Les danseurs glissent de l’un à l’autre par des portés
arrondis, des mouvements de balanciers, des corps
à corps qui cherchent l’apesanteur… Trisha Brown
modernise un vocabulaire puisé dans la danse préclassique, peu connue, en épousant le duvet sonore,
les somptuosités orchestrales des Arts Florissants
guidés tout en nuances par William Christie. Sur
scène, à côté de Sophie Karthaüser, mixant quelque ébauche chorégraphique aux trilles de rossignol
de la blanche Aricie, du ténor au registre un peu
inégal Ed Lyon, on découvre une tragédienne à la
voix sombre et à la présence scénique fascinante :
Karolina Blixt (Phèdre).
L’excellence
au service du
populaire
© Grand Angle-Orange
Tosca. Puccini a laisse une œuvre sublime où se
mêlent puissance, révolte et amours, dans une
grandiloquence et une exacerbation assumées. La
mise en scène de Nadine Duffaut maîtrise cet espace du drame, de la scène grandiose du Te Deum
à l’intimité d’une séduction sournoise : l’immense
tableau de Marie Madeleine, paradoxal envahissement de l’espace par un visage intime, sert d’ancrage
permanent à l’action. Catherine Naglestad, Tosca
émouvante (Vissi d’arte) est solide dans tous les
registres. Roberto Alagna (Mario Cavaradossi), est
très présent vocalement et scéniquement, dans les
moments ensoleillés Recondita armonia, comme
dans les passages dramatiques Vittoria, Vittoria,
puis torturé dans le propre tableau qu’il peint. Idée
pertinente, Tosca s’y brisera aussi. Scarpia, Falk
Struckmann, bon comédien, entre violence vocale
(Te Deum) et scène d’amour (e allor sedete e
favelliamo) fut le 18 juillet sujet à des défaillances
dans les aigus étonnantes pour un baryton rompu
aux joutes wagnériennes.
Quant à l’orchestre Philharmonique de Radio
France, il sonne magnifiquement : l’équilibre des
timbres et les multiples palettes sonores sont un
régal, des tutti imposants aux motifs solistiques.
Le chef d’orchestre, Mikko Franck, soutient le récit
et la hardiesse du langage musical dès les trois
premiers accords d’une sombre atonalité. Les chœurs
des Opéras de Région apportent une fougue jubilatoire (superbe Maîtrise des Bouches-du-Rhône)
dans les passages avec le truculent sacristain,
octogénaire bondissant Michel Trempont et une
démonstration de force dans la parade militaire des
sbires de Scarpia. Wojtek Smilek (Angelotti), baryton sombre et généreux et Christophe Mortagne
(Spoletta), ténor léger et mordant, contribuent au
beau succès d’ensemble : le plaisir d’un opéra vériste populaire comme seules les Chorégies en offrent,
simplement, aux amateurs.
YVES BERGÉ
Tosca a été donné
les 15 et 18 juillet à Orange
JACQUES FRESCHEL
Mistral gagnant
>
Pygmalion a été représenté au GTP.
lors du Festival d’Aix
du 16 au 21 juillet
© Elisabeth Carecchio
Avec Roméo et Juliette, Faust et Mireille, Raymond
Duffaut aura fait le tour, en quelques saisons au
pied du Mur, de la trilogie majeure des opéras de
Gounod. Pour l’adaptation lyrique du poème provençal de Frédéric Mistral, il fait appel à un familier
de l’œuvre dont la mise en scène de 1993 était
encore représenté à Marseille il y a peu.
Robert Fortune renouvelle son matériau scénographique à l’aide de vidéo-projections. Ici c’est sur un
large panneau blanc que les décors sont figurés.
Des images fascinantes s’affichent, fixes ou mouvantes : vues d’Arles façon B.D., une «Nuit étoilée»
rappelant Van Gogh, des berges du Rhône plus
fantastiques que nature, la Crau et son soleil noir,
des cierges géants qui pleurent la mort de l’héroïne
aux Saintes-Maries…
Sur le plateau, la production est pléthorique, avec
trois grands Chœurs réunis (Marseille, Avignon et
Nice) accompagnés des pitchouns de la Maîtrise
de Bouches-du-Rhône. Une profusion qui sied
merveilleusement à un opus riche en scène de foule,
des Magnanarelles à la Farandole arlésienne, de la
fête de la Saint-Jean à la procession finale...
Alain Altinoglu dirige l’Orchestre National de
Bordeaux avec maestria, très à l’écoute de belles
voix. Nathalie Manfrino est une Mireille jeune à la
© Philippe Gromelle - Orange
diction claire qui assume avec puissance la scène
tragique de la Crau. Florian Laconi évite l’écueil du
rôle, un ténor pas trop léger dans Vincent, au timbre et aux aigus solides, capable de nuances.
Marie-Ange Todorovitch triomphe derechef dans la
sorcière Taven, et les rôles des pères (Nicolas Cavalier, Jean-Marie Fremeau) ou de Vincenette (Karen
Vourc’h) son idéalement servis. Seul l’Ourrias de
Franck Ferrari est en dessous : son timbre homogène et couvert manque de projection et ses aigus
ne s’ouvrent pas assez.
JACQUES FRESCHEL
Mireille a été chantée
à Orange du 4 au 7 août
MUSIQUE
Diva & divo
Au début on tend un peu l’oreille, car
Juan Diego Flórez n’est pas de ces
ténors à décibels qu’on reçoit bien
calé dans un fauteuil d’orchestre : il
faut aller un peu vers lui pour apprécier la pureté d’un chant unique. Le
pari est osé, car on imagine difficilement entendre, dans l’immense
théâtre antique, autre chose qu’un
chanteur à coffre. Mais on est vite
rassurés : après quelques minutes la
nuit tombe et le miracle acoustique
d’Orange opère. Dès lors, on jouit
pleinement du récital belcantiste du
Péruvien, d’un registre d’une égalité
hors du commun, sans «passage»
perceptible, d’aigus d’une facilité
déconcertante : l’aria «Una furtiva
lagrima» est un modèle «di grazia»
quand les contre-uts en série de La
Fille du Régiment n’en paraissent
même pas…
À ses côtés, Natalie Dessay, sans
doute plus à l’aise sur un plateau de
théâtre que dans l’exercice particulier
du récital, enchaîne avec maestria
vocalises, sons filés et autres acrobaties signées Bellini et Donizetti. Tout
un répertoire, qu’au fil des ans, la
soprano s’est approprié. Si le vent,
invité familier de la vallée du Rhône,
ne facilitait pas la tache de la diva
emportant sporadiquement quelquesunes unes de ses partitions, celle-ci
fit montre d’une grande bravoure
dans la Folie de Lucia ou un «Sempre
libera», livré en bis, et dont les aigus,
agrippés à la force du gosier, nous
donnent des frissons !
J.F.
Concert lyrique Dessay/Flórez donné
le 17 juillet aux Chorégies
Concert lyrique
Natalie Dessay-Juan Diego Florez © X-D.R
23
Une jeunesse
très romantique
Toujours aux Chorégies, le 6 août,
l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, sous la direction de son jeune
chef Kwamé Ryan, a du lutter contre
un vent capricieux, et un sort apparemment défavorable ! On attendait
le virtuose turc Fazil Say dans un programme Tchaïkovski avec le célébrissime
concerto pour piano n°1 en si bémol
mineur et la 6e symphonie en si mineur
dite Pathétique : malade, il fut remplacé par le russe Andreï Korobeinikov,
24 ans, prix du Conservatoire de Moscou à 19 ans, virtuose très inspiré. Le
concerto débute par d’immenses
accords du piano suivis d’un thème
legato magnifique des cordes. Le
pianiste semble voler sur le clavier, le
posséder, époustouflant dans les
passages rythmiques et retenu dans
les moments de nostalgie et de
mélancolie. Le chef très expressif,
bondissant puis sensible, magnifia le
deuxième mouvement où le dialogue
entre violoncelles et hautbois planait
au-dessus de l’Empereur Auguste.
L’orchestre sonne et répond au mistral par un souffle et un élan, comme
en un double concerto de circonstance... Cuivres et percussions
n’écrasent jamais des cordes homogènes. Le pianiste fait sa révérence
avec une mélodie de Moussorgksy
arrangée par lui-même au clavier :
populaire, enjouée, magnifique.
Dans La Symphonie Fantastique, le
chef dessine avec son corps les
contours mélodiques du premier
thème sombre. On trouve dans l’Allegro con grazia une valse légère, élégante,
sans mièvrerie. L’Allegro molto vivace
est un scherzo assez militaire d’une
grande vitalité, où l’orchestre modèle
chaque motif dans une étonnante
énergie. Un chef et un pianiste triomphants, un orchestre très présent et
un romantisme
Y.B.
24
MUSIQUE
FESTIVAL DE LA ROQUE D’ANTHÉRON
Échos de La Roque
On se dirige un dimanche après-midi
sur les routes du Lubéron vers
Lourmarin et son petit Temple situé
à quelques pas du Château. Là,
traditionnellement, l’édifice sert
d’écrin à des récitals intimes : on n’y
entre pas nombreux, serrés sur des
bancs austères. Entre deux immenses
Tables du Décalogue, le 1er août, c’est
un formidable pianiste russe qui se
produit. Alexandre Melnikov est de
ceux à qui le lieu convient. Sur un
Bechstein de concert, il sculpte le
corps sonore de joyaux «classiques»
signés, au début des années 1950,
par Chostakovitch qui rendait alors
hommage au Clavier bien tempéré de
Bach. Son Opus 87 est joué avec un
sens halluciné du chant et de la
polyphonie, de la forme et de ses
respirations, d’un foisonnement
expressif conduisant parfois, entre un
puissant choral et quelque contrepoint tendre, aux frontières de la
tonalité. À 37 ans, Melnikov est de
ces artistes dont on suit avec intérêt
la carrière… On peut aussi retrouver
son récent cycle des Préludes et
Fugues paru chez Harmonia Mundi.
Orage et quatre mains
Lorsqu’on arrive, le soir même, au
parc du Château de Florans, le ciel
s’est chargé en nuages et l’air en
moustiques… De fait, après quelques
mesures du Concerto pathétique de
Liszt, on prend l’eau. Après la cadence finale, abrités sous la haute
conque acoustique, Brigitte Engerer
et Boris Berezovsky font une pause.
Les bénévoles distribuent des bâches
protectrices, fines carapaces qui
permettront, si le Ciel l’entend, d’aller
au bout de la soirée.
Avec Brahms et ses fameuses Danses
Hongroises les quatre mains s’emballent… et la pluie aussi. On entend
davantage le choc des gouttes sur les
ponchos plastifiés que les touches du
clavier : c’est le déluge! On songe à
annuler. Mais les encouragements du
public poussent les artistes à poursuivre… jusqu’à une miraculeuse
accalmie qui offre au duo complice la
possibilité d’exalter l’effervescence
rapsodique de Liszt ou le lyrisme
chaleureux de la Suite n°2 pour deux
pianos de Rachmaninov.
Ça tonne au loin ! Après quelque bis
à perdre haleine, la pluie reprend. On
file alors, la tête emplie de belles
harmonies…
Ce colosse Sokolov !
En point d’orgue du festival, le 10
août, on file écouter Grigory
Sokolov. Celui-ci refuse le plein air
et, depuis une paire d’années, a
quitté Lourmarin pour une salle à la
mesure de «ses ailes de géants». C’est
au Grand Théâtre de Provence que
ses aficionados le suivent désormais.
Comme des pèlerins vers leur Lieu
Saint, les amateurs de piano doivent,
au moins une fois dans leur vie,
écouter le Russe. À La Roque, on
entend de merveilleux virtuoses, des
plasticiens du son qui vous embarquent dans leur univers poétique…
Mais personne ne joue comme
Sokolov. Avec force évidence, ce
dernier interprète les partitions
Grigory Sokolov © Klaus Rudolph
comme chacun aimerait pouvoir les
jouer…
Dans Bach, ses doigts pèsent sur les
touches, sans dureté, sa main droite
dévide des notes perlées, en
sourdine, alors que la gauche
rebondit tel l’archet d’une viole. Avec
Brahms, il nous prend par l’oreille,
déroule le fil d’une épopée au chant
royal, aux accents nostalgiques,
fougueux et fins. C’est que Sokolov
joue aussi merveilleusement avec ses
pieds, de ces pédales qui sont comme
la troisième main du pianiste. D’un
Schumann de jeunesse, qui sous
d’autres doigts nous semblerait
mineur, il réalise un chef-d’œuvre !
Après six bis et un dernier salut,
l’artiste nous quitte... et nous laisse
pantois ! N’attendez plus pour
l’entendre… il n’est plus si jeune ! Et
même les colosses finissent par
tomber…
trois pianos du compositeur hongrois
Barnabas Dukay, elle n’a pas
remporté un franc succès : après de
timides applaudissements, des
réactions assez vives se sont fait
entendre lorsque le compositeur est
monté sur scène pour saluer et
remercier ses interprètes. Ces œuvres,
Les Étoiles dans une nuit sans lune, et
Les arbres de la montagne étaient
pourtant tout en simplicité, poésie et
silence. Le public de la Roque est-il
réticent
à
toute
œuvre
contemporaine, ou rétif simplement
à ce minimalisme anti virtuosité ?
JACQUES FRESCHEL
Trois temps inégaux
Ranki et Edit Klukon fut
modestement applaudi dans leurs
paraphrases de concerts de Liszt et
d’un Boléro de Ravel assez fade.
Quant à leur interprétation, avec leur
fils, de deux créations mondiales pour
CHRISTINE REY
Mari Kodama © Christian Steiner
Momo Kodama © Vincent Garnier
Pour la dernière Nuit consacrée
exclusivement au piano, la scène du
Parc du Château de Florans a reçu
le 20 août sept artistes venus
interpréter un répertoire très varié.
Les premières et dernière parties,
consacrées à des œuvres pour deux
pianos, ont reçu un accueil très
chaleureux : les japonaises Momo et
Mari Kodama ont triomphé dans leur
interprétation brillante et enlevée du
Sacre du Printemps, et les français
Michel Beroff et Jean-Philippe
Collard ont joué avec passion en
dernière partie un programme
consacré à Ravel, Rachmaninov et
Debussy.
Le second concert de la soirée fut
moins apprécié : le couple Deszö
MUSIQUE
25
30 ans, pas une ride
Si la Roque programme essentiellement du
répertoire pianistique, le festival sait jouer aussi la
carte des classiques de demain (voir aussi p31).
Ainsi, au Temple de Lourmarin, carte blanche
était donnée à Bruno Mantovani. Les œuvres de ce
brillant musicien, désormais directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris
(vous avez peut-être assisté à L’enterrement de
Mozart, par Musicatreize) étaient interprétées avec
une maestria remarquable : au piano, Claire Désert
livrait un Suonare somptueux, œuvre de tensions
où se mesurent les extrêmes, comme un essai sur
la contraction et la dilatation de l’univers. Le trio
Wanderer reprenait les Huit Moments musicaux
pour violon, violoncelle et piano, une musique de
l’attente à l’esprit schubertien : monde au ralenti,
les sons s’éternisent, les cordes s’enlisent,
respirations comme suspendues au bourdon
lancinant du piano, puis une voix s’élance,
réconciliation avec le temps avant la dissolution
dans laquelle se perdent des accélérations soudaines et comme impromptues… superbe !
Le même 13 août, au parc du Château de Florans,
le plaisir des grands classiques : le jeu pur et délié
de David Fray tenait en suspens l’assistance. Son
interprétation du Concerto pour piano et orchestre
n° 22 tout en finesse laissait aux cadences un
parfum pré romantique… extase du beau son,
effleurement subtil… le public ne s’y trompe pas et
ovationne le jeune artiste, comme d’ailleurs le
superbe orchestre Sinfonia Varsovia sous la
brillante direction de George Tchitchinadze.
Ouverture des Noces de Figaro puis une symphonie
n°5 de Beethoven (et oui, encore pom pom pom
pom !), jouées avec une maîtrise rare. Chaque
pupitre s’entend, les bois, les flûtes, les cors
Capucon et Angelich © Xavier Antoinet
surtout, avec de superbes pianissimi, se mêlent aux
cordes, tout en gardant leur timbre. Un bonheur
d’écoute !
La formule carte blanche donnait à Renaud
Capuçon l’occasion de réunir autour de lui
l’English Chamber Orchestra, et Nicholas
Angelich (1re partie concerto pour piano violon et
orchestre de Chausson) et Katia Buniatishvili (2e
partie concerto pour violon piano et cordes de
Mendelssohn). La virtuosité des pianistes, la
direction précise et dynamique du jeune violoniste,
donnaient l’impression que la musique devenait
autonome, les instruments n’étant plus que des
abstractions… L’essence de la beauté ?
MARYVONNE COLOMBANI
Bouquet
final
Pour la clôture du Festival, on a
assisté à une soirée magique,
réunissant talents confirmés et
jeunes virtuoses, de Bach à Poulenc,
et improvisations talentueuses de
Yaron Hermann. Le Concerto pour
quatre claviers de Bach imposait
clarté des touchers, précision du chef
Christian Zacharias dirigeant l’Orchestre de Chambre de Lausanne comme
une horlogerie suisse, où Anne
Queffélec et Edith Klukon jubilaient
d’être associées aux jeunes Dezsö
Ranki et David Kadouch. Mari et
Momo Kodama, toucher brillant,
donnaient vie à l’Allegro con spirito
pour deux pianos de Mozart. Lidija et
Sanja Bizjak imprimaient à la Valse
de Ravel pour deux pianos un flot
incessant d’accords puissants et de
© Yves Bergé
plages impressionnistes. Bertrand
Chamayou et David Kadouch
excellèrent dans le Concerto pour deux
pianos en ré mineur de Poulenc,
dissonances acerbes et clin d’œil
mozartien. Superbe Ménage à trois
pour six mains, respiration ludique de
Jean Castérède : Emmanuel Strosser,
Jean-Frédéric Neuburger, Brigitte
Engerer (trois pianistes pour un seul
piano) !
Quant à la transcription de Marc
Olivier Dupin de l’Ouverture des
Maîtres Chanteurs de Nuremberg de
Wagner (douze pianistes), elle garde
la puissance et la poésie de l’œuvre,
et la fugue y résonne en un
éclatement spatial étonnant. La
Danse Macabre de Saint Saëns pour
deux pianos à huit mains, n’a pas la
densité de l’orchestre, mais gagne en
lisibilité technique. Un final en
apothéose avec l’Ouverture des Noces
de Figaro de Mozart pour douze
pianos (M. O. Dupin) : la disposition
des pianistes, de dos sur une seule
ligne, nous cache les 24 mains mais
l’on perçoit aux entrées du thème
principal la géniale théâtralité de
cette musique. Une fête du dialogue,
de l’écoute de l’autre, mélange des
genres, des styles, des âges. Des
pianistes d’origines diverses pour un
concert magnifique de partage !
YVES BERGÉ
Ce concert-surprise a eu lieu le 22
août au parc du Château de Florans
26
MUSIQUE
DURANCE LUBÉRON | CHAILLOL
Délices
sur Durance
La jeune fille aux mains d'argent © Agnes Mellon
L’un des nombreux charmes du Festival Durance
Luberon réside dans la multiplicité des lieux de
concerts. Le festivalier devient voyageur, apprécie
les paysages, les lieux, architectures secrètes… On
regarde, on déguste, on hume les fragrances de
l’été, on savoure les concerts, autant de délicieuses
étapes pour le mélomane.
D’abord, au Château Paradis, la délicate Jeune Fille
aux Mains d’Argent de Raoul Lay, avec l’ensemble
Télémaque en grande forme, le génial comédienmarionnettiste Franck Manzoni, les très beaux
chœurs conjugués Le Chant du Voisin (dirigé par
Catherine Delolme) et l’Académie du Chant
Populaire de Alain Aubin, dans une mise en scène
tout en finesse de Catherine Marnas. Souvent, les
spectateurs viennent revoir cette œuvre, qui à
l’exemple des feuilles qui repoussent au printemps
comme les mains coupées de la jeune fille,
émerveille toujours. Un conte joué pour la 51e fois
ce 15 août, fait exceptionnel dans le monde de la
musique contemporaine !
Le 18 août, au Château de la Verrerie, 500 kilos
de tension sur les cordes d’une harpe (Marie-Pierre
Daboval) jouée avec passion et les trilles
champêtres d’une flûte (Bernard Marin). Concert
qui reprend avec bonheur les standards de la
Barcarolle des Contes d’Hoffmann le duo des fleurs
de Lakmé ou la Méditation de Thaïs, pour livrer
quelques passages rarissimes, comme un extrait du
Voyage à Reims de Rossini. Bémol : un rhume d’été
nuisait aux performances vocales de Dominique
Marin. Mais Le Rossignol de la géniale harpiste
Deborah Henson-Conant fut interprété avec
fougue par Marie-Pierre Daboval.
Puis le 23 août à Silvacane, l’alliance déconcertante du chœur et des harpes d’Ad Fontes
Canticorum et de la danse de la tradition de l’Inde
du Sud, Arabesques & Mudras formation de
Nirmala et Patrick Gleize. Le propos était
d’interpréter par la danse la musique composée par
Gustav Holst (que l’on connaît surtout pour la
symphonie des Planètes), et quelques-unes de ses
traductions des hymnes du Rig Veda. Beauté des
voix, fluidité des gestes qui se figent en statuaire
de temple, rapidité des mains qui racontent, parfois
même en traduction simultanée du texte dit par
Jean Pascal Mouthier. Un apprentissage de la
lenteur…
Enfin le 25 août au Château de Mirabeau, une
soirée romantique, au cours de laquelle on se sent
une âme de châtelain, avec un orchestre qui ne
joue que pour vous plaire… Buffet viennois,
promenade dans le parc, on écoute des poèmes,
Heine, Daumer, Wesendonck, Goethe… Agnès
Audiffren, toujours superbe, les rend avec juste ce
qu’il faut d’intensité passionnée. L’ensemble
Unissoni, cordes et vents, joue en septuor pour
Beethoven, (la douceur de l’air fait oublier les
petits dérapages) puis en octuor sur un Schubert
plus enlevé. L’ensemble est charmant.
Et vivement l’automne : Durance Luberon
s’épanouit en été mais court sur l’année tout
entière !
MARYVONNE COLOMBANI
Culturellement vôtre !
Du 18 juillet au 13 août, le Festival de Chaillol a désacralisé la musique avec bonheur
Au cœur des vallées du Champsaur, entre
Valgaudemar et Pays Gapençais, le village-station
de Chaillol peut être fier du chemin parcouru depuis
14 éditions. Pourtant, ce bourg perché à 1600
mètres d’altitude reste un endroit inconnu du
géocentrisme étatique français. Au cœur de cette
immense contrée communément appelée «province», appellation qui consiste à désigner les lieux
où les «autres» gens habitent, Chaillol a la chance
de pouvoir compter sur une équipe de choc dirigée
par Michaël Dian. Changer l’image sommaire de
l’implantation culturelle en milieu rural, offrir une
programmation d’une excellente qualité, proposer des rencontres d’autres
cultures (Maghreb, Japon…), de la
musique contemporaine, accompagner l’auditeur en journée (ballades
musicales, rencontres, ateliers…),
voilà un pari difficile à tenir.
Et pourtant gagné ! Du hameau de
Saint-Michel à Saint-Bonnet en passant par Tallard ou La Batie-Neuve,
la bonne humeur et la proximité des
artistes rapprochent ostensiblement
touristes et autochtones du rituel
concertant trop sacralisé : les interprètes ne sont pas là pour jouer les
tubes du classique mais pour faire
découvrir toutes les musiques au gré
des rencontres.
restan Boutin et Michaël Ertscheid) accompagnant
la danseuse japonaise Toschiko Oiwa pour un solo
époustouflant. Vêtue d’une tunique virginale, le
lotus se forme, la jeune fille est pure et fait corps
le piano, converse avec les instrumentistes, répète
ses gestes comme un thème litanique avant d’être
proie de convulsions à même le sol, devenant le
sacrifice lié au désir de l’homme.
L’intégrale de la musique de chambre de Ravel
attestait également des ambitions du festival,
mettant au jour les filiations des compositeurs : le
quatuor Bénaïm y proposa le 25 juillet
L’interrogation de Landwoski, étirant
Olivia Hughes, Ingrid Schoenlaub et Laurent Wagschal © Alexandre Chevillard
le temps de façon inquiétante, puis
le quatuor à cordes de Frédéric
Pattar, jeune compositeur présent
qui put expliquer son processus
d’écriture. La soirée du 31 juillet fut
sublime grâce à l’interprétation
d’Oliva Hughes (violon), d’Ingrid
Schoenlaub (violoncelle) et Laurent
Wagschal au piano : le Duo pour
violon et violoncelle de Ravel, œuvre
incroyablement moderne, et le
célèbre trio furent les témoins d’une
fusion instrumentale passionnelle, à
l’image du festival.
Ainsi le tunisien Jasser HajYoussef (violon et viole
d’amour) le 29 juillet, accompagné par Ahmad AlKhatib (oud) et Youssef Hbeisch (percussions)
dans un moment musical de haute volée, rapprocha
avec sensibilité l’orient et l’occident, de même que
le trio japonais Miyazaki présentant le koto (instrument roi de la famille des harpes), ou François
Rossé évoquant l‘improvisation aux jeunes
stagiaires musiciens de l’académie d’été de Chaillol,
qui fonctionne en parallèle avec le festival.
Autre pari : programmer Le sacre du printemps de
Stravinsky dans sa version pour deux pianos (Flo-
FRÉDÉRIC ISOLETTA ET AGNÈS CONDAMIN
OPÉRA AU VILLAGE | TRUMPETARTENSEMBLE
MUSIQUE
27
Aux sources du sorcier
Depuis 2006, l’Opéra au village
enchante les étés de Pourrières par
la qualité des spectacles et la
convivialité du Couvent des Minimes,
belle bâtisse du XVIe, restaurée
depuis 40 ans par Jean de Gaspary.
Un goût des raretés qui s’allie au
bonheur de faire découvrir des partitions oubliées… Cet été, le public
fidèle (guichet fermé !) a été invité à
déguster, outre le délicieux dîner
sous les marronniers, Le dernier
Sorcier de Pauline Viardot dirigé par
Luc Coadou et mis en scène par
Bernard Grimonet. Ce dernier
raconte avec passion les recherches
menées aux bibliothèques de New
York, de Harvard, les négociations par
l’intermédiaire d’avocats, de connaissances, tout un jeu diplomatique de
négociations, l’aide du professeur
Zekulin de Calgari, la collaboration
de Alexandre Zviguilsky, conservateur du musée Tourgueniev (Bougival),
pour se procurer livret et partition du
Dernier sorcier, inaccessibles en
France ! Et pourtant, l’œuvre est un
petit bijou, cela tient du Songe d’une
nuit d’été, avec un sens subtil de la
mélodie, et une distanciation ironique dans le tour convenu du conte.
Jolie mise en scène malgré l’étroitesse des lieux, décors superbes de
dentelles et de filet blanc ! Fraîcheur
du jeu, délicatesse des costumes,
rigueur de la direction (Luc Coadou).
Œuvre féministe aussi, (est-ce pour
cela qu’en France elle a été oubliée ?),
l’harmonie féminine triomphe, portée
par le charmant chœur des elfes: une
Flûte enchantée inversée dans le
propos, un Zarastro dégradé, dans le
© X-D.R
JEAN-MATHIEU COLOMBANI
Ce concert a été donné du 17 au 23 août à Sisteron,
Manosque, Courthézon, Aix et Gréoux les Bains
MARYVONNE COLOMBANI
Le dernier sorcier a été recréé
à Pourrières du 15 au 23 juillet
© X-D.R
Voici 18 ans, Horst-Dieter Bolz, professeur de
trompette au Conservatoire Supérieur de
Trossingen, a initié une étrange coutume : inviter
ses élèves chez lui, en Provence, pendant les 15
derniers jours d’août ; les faire travailler d’arrachepied pour les concours de recrutement les plus
difficiles ; et, afin de les motiver, donner des
concerts associant leurs instruments aux grandes
orgues tenues par Jean-Jacques TournebiseCerrutti, titulaire de celles de Forcalquier.
Le stratagème a permis à ces jeunes musiciens
d’occuper aujourd’hui les premières places au sein
des orchestres les plus prestigieux d’Allemagne…
mais ces musiciens émérites, solistes virtuoses sont
restés fidèles à la Provence et à leur professeur : ils
continuent à se retrouver pour le plaisir de faire de
© X-D.R
© X-D.R
Sonnez,
trompettes,
la gloire
d’un maître !
la musique ensemble, sous forme associative ;
ainsi, solistes de l’Orchestre de Stuttgart, de
Philharmoniques, d’Opéras, de radios et télévision
d’État… jouent bénévolement par fidélité à leur
professeur !
La trompette a connu son heure de gloire au XVIIe
siècle dans les Cours d’Europe pour célébrer la gloire
du Roy ou de Dieu, et elle connaît un renouveau
contemporain. Aussi le programme proposé était-il
varié : après un hommage au Grand Siècle avec le
Carrousel de Lully, la Canzon de Gabrielli
permettait à l’orgue de donner la réplique aux
trompettes dans la pure tradition vénitienne, la
suavité des cuivres répondant tantôt à la douceur,
tantôt à la puissance et l’éclat des grandes orgues.
La Suite d’Abdelazer d’Henry Purcell, succession de
musiques de scène, permettait d’apprécier le très
populaire rondo. Dans la Symphonie de Fandares du
Provençal Jean-Joseph Mouret, on retrouvait avec
bonheur la saveur et l’accent du Sud.
Dans le concerto pour 8 trompettes du compositeur
américain contemporain Thomas Wilson,
l’utilisation des sourdines permettait un son plus
jazzy, parfois proche du didgeridoo. Verdissage, de
Karl Heinz Kôper, offrait une composition
échevelée, un puzzle farfelu où les thèmes les plus
populaires de Verdi, de Bizet se croisent, se
métissent et se répondent en de subtiles ou
hilarantes variations.
Un bis de Gabrielli venait récompenser la folle
ovation du public pour ces musiciens de haute
volée !
personnage du vieux sorcier bougon,
Krakamiche, et une reine de la nuit
magnifiée dans la reine des elfes qui
permet aux jeunes gens de s’aimer…
Fable écologiste avant la lettre, la
forêt est rendue à ses habitants,
épargnée des destructions que le
pouvoir masculin lui faisait subir. Une
œuvre formidable !
28
MUSIQUE
FESTIVAL CÔTÉ COUR | LES NUITS DU CHÂTEAU DE TRETS
Brésil, fruit de la passion
© Yves Bergé
Le Cloître des Oblats a offert un
magnifique écrin à Dona Kju, un trio
étonnant et détonnant de fougue et
sensualité qui a proposé un programme original de mélodies
envoûtantes, rythmes chaloupés,
danses communicatives. Cirandas,
tournoiement perpétuel de rondes
enfantines, baião populaire, batuca-
da, rappelant la samba, côco
d’influence africaine : un Brésil aux
styles musicaux précis, tous rutilants
de liberté. La voix sensuelle de
Lanna, jamais forcée, où les sons
finissent en résonnance et se posent
sur le sable de Copacabana, comme
une offrande, s’accompagne au
cavaquinho, petite guitare complice.
Emilia Chamone, marimba de verre,
percussions, redoutable rythmicienne, se joue, avec délectation, de
toutes les formules où la syncope est
reine. Ugo Castro Alves, guitare à 7
cordes, enchante par ses harmonies
inouïes et sa technique éblouissante.
Lanna sollicite le public sur des jeux
polyphoniques à trois voix, sur lesquels elle improvise à merveille.
L’hommage à la déesse de la mer pour
une pêche abondante nous fait
découvrir le son sublime du marimba
de verre qui accompagne les vocalises aériennes de la chanteuse.
L’évocation de la vie des marins
permet une multiplication d’effets
vocaux, entre bruitages et musique
concrète, diaboliques accords de la
guitare et polyrythmie jubilatoire des
percussions (congas, cajón, cymbales). On se délecte de l’accent de
Lanna sur le papillon et la fleur de
Victor Hugo qu’elle traduit, laissant
vibrer une samba plus funk (Ciranda
da rosa vermelha). Les variations de
la Cinquième de Beethoven sont
encore une fête du rythme, Valsinha
de Chico Buarque et Trenzinho caipira
de Villa Lobos sont des moments de
grâce. Le public reçoit ce rythme
incessant sur lequel se posent des
mélodies riches, lumineuses ou
graves. Le temps d’un Carnaval
multicolore, multiethnique, où la
musique est sans cesse (en)
mouvement.
YVES BERGÉ
Dona Kju s’est produit
lors du Festival Côté Cour
le 23 juillet à Aix
Viva Pergolesi !
Benito Pelegrin, le nouveau directeur artistique
de Côté Cour préfère «célébrer la naissance des
compositeurs plutôt que leur mort !». De fait, le
dernier concert du festival aixois, le 27 juillet, a
honoré un musicien né il y a trois siècles (mort à
26 ans !), connu pour son Stabat mater et pour
avoir déclenché la fameuse Querelle des Bouffons
(1752). Mais lorsque Pergolèse compose son opéra
buffa La Serva Padrona en 1733, il ne se doute pas
qu’en France, après sa mort, l’œuvre fera l’objet
d’une joute esthétique engagée par Rousseau.
La pièce chantée est cependant, de nos jours, assez
peu jouée. On loue donc l’entreprise qui, pour une
unique représentation, mise en scène par JeanMarc Patris, a habilement réactualisé l’opus : le
grincheux Uberto est un cadre très dynamique
(Cyril Rovery) et Serpina (Raphaële Andrieu) une
© X-D.R.
Jean-Marie Puli, l’Orchestre de chambre
Mosaïque (dir. Marie Christine Thomasset) ont,
avec bonheur, créé un double concerto inouï sur
les scènes françaises. Chapeau !
hôtesse-secrétaire qui finit, à force de malice, pas
se faire épouser par son boss. Des dialogues parlés,
adaptés en français, ont permis de suivre le fil de
la comédie, les airs et duos italiens furent chantés
avec talent, et Vespone (Alain Iltis), sbire muet, a
catalysé l’attention.
En prélude, les clavecinistes Brigitte Tramier et
J.F.
Du Jazz aux Mouflons
I Muvrini © Nicolas Dobranowski
Les festivals d’été de Trets perdurent, moins fournis
que les années précédentes. Une nouvelle formule
estivale, sur trois jours (15, 16, 17 juillet) avec des
spectacles relevant d’univers totalement différents,
jazz, (Rhoda Scott), humour (Laurent Gerra),
world music (I Muvrini). Un seul concert jazz,
donc, cette année dans la belle cour du château :
après une belle première partie avec le Colibri
Quartet, se produisait, accompagnée de Lionel
Grivet à la batterie, Rhoda Scott, «the barefoot
lady», (le surnom vient de sa technique particulière, elle joue pieds nus les basses du pédalier).
Cette grande dame du jazz a enflammé l’assistance
par l’interprétation de nombreux standards, de
Duke Ellington, Ella Fitzgerald, James Brown,
Django Reinhardt, avant de se lancer dans un pot
pourri à la demande du public, mêlant Valse à
Charlotte, The Cat, Moon for love, Summertime…
Une démonstration virtuose des capacités de
l’orgue Hammond !
Malgré un cocasse défaut d’annonce (certains
s’attendaient à voir Marc Lavoine !), le concert des
Muvrini au stade de La Gardi a drainé une foule
enthousiaste, ravie d’applaudir ces artistes
généreux qui se refusent à entrer dans un moule
convenu. Ainsi, l’on pouvait entendre des chants
Baolais, ou Dans le port d’Amsterdam
(magnifiquement chanté), parallèlement aux
morceaux de leur dernier album, Gioia, dont la
première chanson est dédiée à frère Xavier Plassat,
qui se bat contre l’esclavage des enfants au Brésil.
Comme dans tout concert des Muvrini, ce n’est pas
seulement la beauté des voix ou la virtuosité des
musiciens, l’émotion sensible des textes, le recours
à l’humour aussi, qui transportent le public, mais le
message de fraternité, la volonté d’une liberté
citoyenne, l’appel à l’harmonie. De quoi devenir
fan, même pour les accros de Marc Lavoine !
MARYVONNE COLOMBANI
ARLES | ISTRES | HYÈRES | SIX-FOURS
Escale en Arles
Sous la lune à MIDI !
Au cœur du midi un 24 juillet, un festival perché et branché
sur les hauteurs de Hyères
Le lundi 26 juillet, on jetait
l’ancre sur les gradins du
théâtre antique d’Arles pour
une étape très rock du
festival des Escales du cargo
Les colonnes du théâtre antique en
vibrent encore : la performance d’une
Izia survitaminée a véritablement su
faire larguer les amarres à un public
bigarré et nombreux, de prime abord
curieux puis peu à peu totalement
conquis. En transe, quasi possédée,
Izia fait oublier son jeune âge pour
livrer un concert bluffant où la
communion est totale, dans le rock,
le vrai, celui qui prend aux tripes et
qui envoie en l’air tous les codes du
politiquement correct. Cette énergie,
rare et communicative, a transformé
en l’espace de trois morceaux un
public passif, assis, en foule
délirante, dansante et par-dessus
tout, heureuse ! On vivait ce moment
presque en apnée, parenthèse
d’énergie brute, en accord finalement
parfait avec la puissance des pierres
antiques qui servaient de décor à ce
festin de son. Difficile fut la mission
des Pony Pony Run Run qui prenaient
Izia © Pascale Franchi
la suite de cet extraordinaire
moment, le public à bout de souffle
s’étant quelque peu désengagé.
Arrivé à bon port, le cargo du rock a
fait trembler Arles ce soir-là,
transmué en bateau pirate le temps
d’une étape, d’une escale.
PASCALE FRANCHI
Entends-tu les Voix...?
Parmi les festivals incontournables de l’été, Les Voix du
Gaou s’imposent toujours comme une référence. Retour sur
les concerts du 28 juillet
Sur la superbe presqu’île des confins
du Brusc, on se presse chaque année
sans hésiter tant la programmation
est d’une constante qualité. Et cet été
encore, le festival ne déroge pas à la
règle. Quatre groupes se sont succédé
ce soir-là sur la scène dominant le
parterre des groupies, amateurs ou
autres curieux, dans un crescendo
maîtrisé d’ambiance et de rythmes
rock. Skip the use ouvrait le bal, suivi
par les étonnants et électro
Pete Doherty © Pascale Franchi
Metronomy, en guise d’introduction
aux blockbusters attendus qui
devaient suivre. Pete Doherty est
ainsi monté sur scène, à grand renfort
de cris de fans hystériques, entouré
par ses Babyshambles envoûtants.
Un soulagement pour ceux qui ne
croyaient pas à sa présence !
Quelques instants plus tard, jetant
son célèbre galurin dans la foule, il
provoquait, il n’en fallait pas moins,
les hurlements stridents des
nombreuses jeunes filles sous le
charme tout british de l’idole
controversée, petit revival de
concerts d’anthologie où 4 anglais
dans le vent provoquaient quelques
évanouissements célèbres... Cette
prestation nonchalamment rock
passée, les Versaillais de Phoenix
investissaient la scène en belle
apothéose. Du son, du bon, du
puissant, et de l’énergie à revendre :
ils participaient de la transe
collective de la fin de soirée avec brio
et maîtrise. De quoi entendre et pour
longtemps les Voix dans sa tête !
PASCALE FRANCHI
MUSIQUE 29
Il est des initiatives qui ne peuvent que susciter l’intérêt et la curiosité. La 6e
édition du festival MIDI, sur trois soirées, au cœur-même des jardins de la
villa Noailles, cadre enchanteur et privilégié, ne pouvait que faire miroiter les
plus hautes attentes… Que l’on ne s’y trompe pas, la foule présente sous les
pins de ce haut lieu de la culture hyéroise n’était pas constituée des seuls
curieux désœuvrés de la fin juillet, bien au contraire ! C’est toute la jeunesse
dorée et décalée de la région qui s’était donné rendez-vous pour danser au son
de la programmation électronico-rock de la soirée, oubliant les cigales et la
lune qui les regardaient interloqués. Pas moins de cinq concerts se succédaient,
engendrant l’enthousiasme et des déhanchés de plus en plus marqués,
notamment lorsque le chanteur charismatique des Kindness se laissait aller à
quelques pas de danse remarqués ou lorsqu’on se laissait emporter malgré soi
dans quelque transe provoquée par le groupe toulonnais des Mina May. Si on
pouvait se demander par moment qui des artistes ou des spectateurs était en
représentation, le lieu suffisait à faire oublier quelques faux-semblants et
permettait de goûter sincèrement cet instant unique. Et si d’aventure la
débauche de concerts ne suffisait pas à rassasier les oreilles et les corps, la fête
se poursuivait sur la plage de l’Almanarre jusqu’à 4h du matin. De quoi se
lever le lendemain à... MIDI !
PASCALE FRANCHI
La folie istréenne
Les Nuits d’Istres furent percutantes, entre la belle folie
d’Higelin et la frénésie d’Iggy & The Stooges
Iggy… il s’appelle Iggy… c’est un
garçon pas comme les autres… Même
si la comparaison s’arrête là avec le
Ziggy de Starmania, l’Iguane
débarqué avec ses vieux Stooges
n’est vraiment pas fait comme nous.
Et dire qu’il n’a «que» 63 ans ! La pile
longue durée du rock ne sent pas le
poids de l’âge, au grand dam du
technicien plateau qui a passé la
soirée à réparer les frasques du
marsupilami déjà torse nu et qui, au
dernier pied de micro à ramasser a
sans doute du invoquer les dieux et
les supplier que le bon vieux Iggy ne
repasse plus jamais dans le secteur !
Certains groupes actuels à la morosité
affichée auraient quelques leçons à
prendre du routard possédé : bonne
humeur, plaisir d’être là, communication accrue avec le public et
timing aux orties ! Notre Trabant
indomptable jouait les prolongations,
restant seul sur scène, hilare et pas
près d’être couché… Et même si les
cordes vocales commencent à
fatiguer, la légende est toujours là,
les Search and destroy, I wanna be
your dog et autre No fun ont
littéralement mis le feu au Pavillon
Grignan, magnifique demeure du XVIe
siècle trop sage, avec des places
numérotées sur gradins qui n’ont pas
tenu un morceau, les fans de tous
âges s’agglutinant sur les barrières et
Iggy Pop © Pascale Franchi
même… sur scène pour un morceau
en compagnie des inventeurs du
punk ! Iggy, quand tu nous tiens….
Quelques jours auparavant c’était
Higelin qui régalait un public
impatient, heureux de retrouver
l’énergie du chanteur intacte…
Higelin entamait par un Minimum de
légende avant quelques incursions
vers le dernier album, pour des
morceaux très rock. Et puis, de Mona
Lisa Klaxon jusqu’à un Champagne
rajeuni, la fête fut totale, jusqu’au
«discours» final du toujours engagé
Higelin, émouvant même dans ses
coups de gueule…
F.I. ET DO.M.
30
MUSIQUE
JAZZ DES 5 CONTINENTS | LA ROQUE | LA SEYNE
La
colline
des Jazz
Sachez-le : un bon souffle et de bonnes jambes
sont nécessaires pour gravir les marches du Palais
Longchamp. Ce fut le cas pour un public venu très
nombreux (guichet fermé !, plus de 3500 spectateurs
chaque soir !) durant les six soirées de concerts de
la Xe édition du Festival Jazz des Cinq Continents. Parvenu à la dernière marche, on s’arrête un
peu pour la vue, un peu pour reprendre son souffle
et franchir encore la plate-bande inclinée, piste de
décollage pour près de 3 heures de musique !
La programmation de cette année a permis de
satisfaire les multiples goûts musicaux des spectateurs, et ont laissé des images indélébiles. Le 1er
soir : Magic Malik, flûte aux lèvres, dans un nuage
de fumée.
Le lendemain la charmante contrebassiste-chanteuse Espéranza Spalding précédait Monsieur Al
Jarreau, qui réalisait une prestation extraordinaire
et lançait un défi au temps qui passe avec une
vigueur et un enthousiasme incomparables -on a
tremblé pour lui en apprenant deux jours plus tard
son hospitalisation à Gap, mais il est depuis
remonté sur scène. Le clou de la soirée ? La venue
sur scène de Chick Corea pour un duo d’une grande
simplicité, inoubliable d’émotion.
Mémorable soirée suivante avec le trio Omri Mor &
guests, puis Chick Corea, héros de la formation
Return to Forever avec le Freedom Band : Chris Mc
Bride à la contrebasse, sourire vissé aux lèvres, le
Chick Corea © Dan Warzy
saxophoniste très inspiré Kenny Garrett et Roy
Haynes, batteur légendaire qui a toujours su être
à l’avant-garde. Moment de grâce et public aux
anges !
4e soirée avec le trompettiste de jazz oriental
Ibrahim Maalouf, puis le Richard Bona group au
son groovy et très rythmé laissant les amateurs de
danse sur leur faim, le public étant tenu de rester
assis afin que tous puissent profiter de la vision
entière de la scène. Pour la 5e soirée, le pianiste
israélien Yaron Herman était accompagné de Simon
Tailleu à la contrebasse et de Cédric Bec à la
batterie, tous deux bien connus dans notre région
pour s’y produire régulièrement. Le batteur Manu
Katché entrait ensuite sur scène avec son quartet
et son excellent saxophoniste Tore Brunborg. Trois
invités se joignaient à eux au cours du concert : le
guitariste Sylvain Luc démontrant une grande
maîtrise de son instrument avec de longues séquences d’improvisations, Marion Rampal, chanteuse
marseillaise, ainsi qu’un flûtiste, souffleur d’un
instrument traditionnel et mystérieux qui a fait
planer une atmosphère de quiétude un peu éthérée.
Le dernier soir du festival, hommage était rendu pour
le centenaire de sa naissance au guitariste manouche Django Reinhardt, inventeur du jazz
français, par le guitariste Biréli Lagrène en trio,
avec Didier Lockwood au violon. Nos gouvernants
n’ont pas attendu bien longtemps, cet hommage
sitôt rendu, pour stigmatiser la population manouche... Le saxophoniste Macéo Parker et son
orchestre ont clôturé ces six jours de festival lors
d’un concert funky où planait l’esprit de James
Brown.
Les manifestations ont perduré durant l’été autour
du jazz. Expo photos à l’Espace Villeneuve-Bargemon, expo à Maison-Blanche ainsi que la riche
collaboration à cet événement de la Bibliothèque
Municipale de l’Alcazar, laissant pour quelue temps
encore une couleur jazz à la ville…
DAN WARZY
Le Festival Jazz des
5 Continents
a eu lieu à Marseille
du 19 au 24 juillet
Maceo Parker © Dan Warzy
Al Jarreau
et Chick Corea
© Dan Warzy
Légende et minéral
Le Festival International de piano de La Roque d’Anthéron n’est pas dédié
exclusivement à la musique classique. Le jazz y a aussi sa place et la
programmation de cette année a été des plus audacieuses : Eric Legnini, Yaron
Herman, Makoto Ozone, Chick Corea et McCoy Tyner.
C’est dans les Carrières de Rognes, décor minéral grandiose aux parois
découpées, qu’a été installé le Steinway. Le dernier survivant du glorieux
quartet de John Coltrane est assis là au piano : McCoy Tyner. Il a contribué
au cours de sa longue carrière à transcender le vocabulaire harmonique modal
et est encore une source d’inspiration pour de nombreux pianistes. Quelques
cigales tardent à faire silence, la température est idéale. Pour l’accompagner,
Gérald Cannon à la contrebasse, Eric Kamau Gravatt à la batterie et le
saxophoniste ténor Joe Lovano. Proprement bouleversant.
DAN WARZY
Ce concert a eu lieu le 26 juillet
McCoy Tyner © Dan Warzy
Le potentiel
du pachyderme
initiateurs d’une nouvelle page de
l’histoire du jazz ?
DAN WARZY
Ce concert a eu lieu le 30 juillet au
Fort Napoleon à La Seyne-sur-Mer
CD : Au revoir Porc-Epic
/ Label Naïve 2006
CD : Original Pimpant
/ Label Naïve 2009
Émile Parisien © Dan Warzy
Présentation habituelle de la soirée
par Jean-Paul Ricard de l’AJMI et
début d’improvisation ou accordage
entre musiciens ? Quelques réticences, on ne sait pas vraiment si le
concert a débuté... Et puis, on se
retrouve happé par un univers sonore
étrange. On se demande ce qui se
joue là… Le saxophone soprano
pointé en avant, Emile Parisien
balance de tout son corps, dans des
va-et-vient de bête traquée, comme
le ferait un éléphant face au danger.
Trouve-t-il ainsi la juste pulsation ? Il
réussit finalement à nous entraîner,
puis insensiblement à envoûter, puis
subjuguer. Le jazz de ce 4tet laisse
découvrir des territoires inexplorés.
Yvan Gélugne à la contrebasse, Sylvain Darrifourcq à la batterie et
Julien Touery au piano accompagnent le saxo et on perçoit leur
plaisir à jouer ensemble. Sont-ils les
32
SAISONS
MARSEILLE
Les Minotiers persistent
Le Théâtre de la Joliette reste bien
ferme dans sa ligne, et continue
d’accueillir toutes les écritures
contemporaines en ses murs. Celles
qui viennent d’ailleurs, mais celles qui
naissent ici surtout, et nombreuses
sont les cies régionales qui sans cette
Scène conventionnée ne trouveraient
pas de lieu d’accueil. Pour répéter, et
se produire.
La saison commence donc comme un
peu partout dans Marseille par actOral
les 29 et 30 sept (voir p36), et
enchaîne sur la création maison du
Théâtre provisoire : à partir d’une
catastrophe véritable –la cie avait
commencé à répéter La Putain de
l’Ohio d’Hanokh Levin mais s’est vue
au dernier moment refuser les droits-,
Haïm Menahem, Philippe Séjourné et
Christian Mazzuchini ont conçu un
spectacle qui met leur aventure en
abyme, et s’adresse directement aux
spectateurs… avec des textes de
Valletti, Visniec, Lagarce, Rebotier,
Tarkos. Ce sera du 5 au 9 octobre, et
ça s’intitule Ça serait trop long de
t’expliquer, le mieux est que tu viennes.
Dont acte !
Cette entrée en matière sera suivie de
nombreux accueils d’écritures variées,
mais toutes contemporaines : pour les
enfants il y aura le Vélo théâtre avec
son joli spectacle Et il me mangea, et la
Cie Naïve avec Mathieu trop court
François trop long, en danse
programmée par Dansem, en musique
l’Ensemble Télémaque pour son
Mois des compositeurs, des lectures,
des projections et beaucoup de
théâtre, souvent sous forme de
cabarets, dans un esprit toujours
convivial, pour des tarifs très
abordables… Surtout pour nos
adhérents (8 euros !)
Ca serait trop long de t’expliquer... © Philippe Houssin
La Minoterie
Saison 2010-2011
Théâtre de la Joliette
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
Dans le droit fil
Tous tant qu'ils sont © Fabrice Duhamel
On parlait fidélité et mise en réseau ? Les Bernardines
commencent leur saison en ouvrant grand les portes
à tous les festivals contemporains qui s’inscrivent
dans la ville : actOral tout naturellement puisqu’ils
accueillent Eva Doumbia, Xavier Marchand (texte
de Suzanne Joubert) et Spiro Scimoni et
Francesco Sframeli en septembre et octobre, mais
aussi le Préavis de désordre urbain pour la 4e
édition d’un festival de performances qui veut
vraiment troubler l’ordre public (du 18 au 25 sept) et
que les Bernardines coproduisent… Et puis bien sûr
il y aura les Questions de danse de Kéléménis, le Mois
des compositeurs de Télémaque, et Dansem, pour
lequel Alain Fourneau créera une pièce avec Carol
Vanni en décembre.
La suite de la saison ? Eva Doumbia, Marie José
Malis, Aurélie Leroux, Marie Vayssière (et oui,
des femmes d’ici) les Quatre jumelles de Copi mises
en scène par Christophe Chave, et les Informelles
en mai. Pas de grandes surprises donc… mais c’est
souvent la clé du bonheur !
A.F.
Les Bernardines,
Saison 2010/2011
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
Chanter sans déchanter
chanté de l’époque (du 1er au 17 oct).
Dès après cette ouverture des
propositions à ne pas rater : Renaud
Marie Leblanc qui interprète un texte
de Christophe Pellet, une création de
l’Egregore, la Station Champbaudet de
Labiche, de la danse venue du
Maghreb avec Dansem, Mai en
musique, Minots marmailles et
compagnie… et la présence en fin de
saison de Lionel Damei et Claudine
Galea. Pour finir en chansons !
Sigmund Freud, qui trouva matière à
réflexion et plaisir. Interprété par
Natalie Joly, qui retrouve le parlé-
A.F.
Je ne sais quoi © X-D.R
Après une saison en demi-teintes on
se réjouissait de découvrir une
programmation riche de belles
aventures… Hélas pour des problèmes
de visa que les autorités françaises en
Algérie s’obstinent à refuser au
comédiens du Théâtre National
d’Alger, les représentations du Songe
d’une nuit d’été coproduites par le
Gymnase, le Lenche et le TNA sont
annulées… Reste une très belle saison
tout de même, à soutenir et partager
d’autant plus ardemment, d’autant que
là encore les places sont très peu
chères, et réduites (7euros) pour les
adhérents de Zibeline…
La première proposition, Je ne sais
quoi, nous ramène au Paris de l’entre
deux guerres, et à l’échange épistolaire
entre Yvette Guilbert, chanteuse de
café concert au répertoire coquin, et
Théâtre de Lenche
Saison 2010/2011
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Jusque
chez eux
Le Théâtre off continue son travail
avec les détenus en installant un projet
d’envergure, avec résidences d’artistes,
ateliers d’écriture et de jeu, représentations ouvertes qui mêleront les
publics, travail avec le personnel de
l’établissement pénitentiaire… au cœur
du nouvel établissement pénitentiaire
pour mineurs, où sont détenus 60
jeunes de 13 à 18 ans. Une pratique
artistique «urgente» et courageuse, en
prise avec le plus cru des réels, qui doit
aboutir enfin de saison à un spectacle
élaboré en commun.
A.F.
Le 4e Mur
Théâtre Off,
scène des écritures urgentes
04 91 33 12 92
www.theatreoff.com
SAISONS
33
Du côté des petits
Les quartiers de Marseille fourmillent de petites salles de
spectacle, ouvertes à un public de proximité, qui proposent
des spectacles tous publics et des ateliers de formation
Pour apprendre...
L’Athanor théâtre est niché au Cours
Julien. Il favorise les textes du répertoire
et accueille très régulièrement des scolaires dans sa petite salle de 49 places.
La saison commencera dès le 23 sept
avec un divertissement dynamique Barouf
a Chioggia de Goldoni et restera dans
une note comique avec Le fil à la patte
de Feydeau ! Puis viendront des textes
plus sérieux avec Phèdre en janvier, La
Cerisaie en mars... Un mardi par mois
ont lieu des lectures mettant en lumière
des textes plus confidentiels choisis par
les comédiens et ateliers pour enfants et
adultes, le lundi.
Aux commandes, Patrick Rabier dont le
travail est essentiellement axé sur le jeu
masqué, orientation grotesque et expressioniste. Sont également proposés des
spectacles de clowns, de cabaret, des
ateliers de formations pour amateurs et
professionnels. La saison commence le
30 sept avec un spectacle mis en scène
par Patrick Rabier et Frédérique Souloumiac, La cité sans sommeil, où l’on verra
ce qu’il advient lorsqu’un monarque fou
décrête que le sommeil est une perte de
temps et d’argent... En octobre Le concert
insolite proposé par Guillaume Vallée,
magicien-comédien.
Pour rire...
Pour jouer...
Au cœur du quartier Noailles le Daki
Ling propose essentiellement des spectacles de clowns, de marionnettes, des
matches d’impro, mais aussi de la danse
et des projections sous les voûtes d’une
chapelle du XIIIe siècle. 2011 verra la 6e
édition de son festival Tendance Clown.
Un lieu associatif particulièrement convivial, où le verre qu’on boit avant et la
conversation d’après importe (presque)
autant que le spectacle.
CHRIS BOURGUE
À L’Archange c’est le rire qui règne en
maître ! Solos, duos, comédies burlesques.
Des sketchs et du gros rire mais aussi
des spectacles plus nuancés comme
Exercices de style de Queneau en décembre. Des spectacles scolaires pour
les 3 à 9 ans concentrés sur les périodes
des vacances scolaires. Et des ateliers
pour enfants et adultes, dont certains
sont devenus professionnels et se produisent dans le lieu.
Pour s’évader...
Pour trembler...
Rue Berlioz se trouve le Théâtre MarieJeanne qui fête ses 10 ans cette année.
La Cite sans sommeil © X-D.R
théâtre et le jazz, et sa petite cour intérieure, l’endroit tient sa promesse. Ateliers
de formation dès le 27 septembre :
Clowns, marionnettes, impros, théâtre
d’objets, pour débutants et avancés. En
octobre, la structure accueille le Festival
Sur le fil (voir p.10).
Le Parvis des Arts se veut le lieu d’une
certaine légèreté en ces temps moroses.
Avec ses 2 salles de spectacle pour le
Athanor Théâtre :
2 rue Vian-13006
04 91 48 02 02
www.athanor-theatre.com
Daki Ling, le jardin des Muses :
45 A rue d’Aubagne-13001
04 91 33 45 14
www.dakiling.com
Théâtre Marie-Jeanne :
56 rue Berlioz-13006
04 96 12 62 91
www.theatre-mariejeanne.com
Salut la compagnie
En lettres minuscules flanquées d’une virgule qui invite à
poursuivre la rêverie, l’atelier d’artistes du 19 rue Francis de
Pressensé se signale discrètement mais fermement en rouge
sur façade blanche, carte de visite un peu énigmatique dans
son élégance minimaliste. Coller le nez à la devanture (mais ce
n’est pas un magasin !) ou lécher la vitrine (surtout pas une
galerie !) ne servent à rien pour saisir la singularité de cet
espace-temps, lieu de créations pluridisciplinaires avec une
histoire déjà riche, un présent foisonnant ancré dans une
pratique au quotidien et un horizon clairement balisé d’une étonnante cohérence : «poétique et politique» nous dit crânement
Paul-Emmanuel Odin, directeur artistique de l’association ! C’est
du solide et le terme de «piliers» dont sont gratifiés les trois
autres membres du collectif renseigne sur l’engagement réel
et le désir d’inscrire l’art dans la vie par l’échange et la pratique.
Même si l’œuvre en cours de chacun dit plutôt le mouvement
et la fragilité (Laure Maternati, artiste du «geste simple» joue
sur la force de l’éphémère et de la mémoire, Muriel Modr
travaille ouvert sur le quartier et le monde et François Billaud
élabore dans la durée un parcours vidéographique sur trois
écrans), les projets de l’année à venir témoignent d’une solide
volonté, placée sous le signe de la «contre-pente», expression
empruntée à Florence Pazzottu, poète en résidence ; ils tendent de manière diverse à intensifier les partenariats (FID,
Instants Vidéo, Grains de Lumière ou Aflam pour l’image) et les
rencontres autour d’écritures en marche : Dorothée Volut,
Liliane Giraudon ou Arno Calleja y pratiqueront lectures et
ateliers. Au-dessus des deux vœux émis par Paul-Emmanuel
Odin («durer» / faire du lieu une «école d’art contemporain
populaire») flotte aussi un doux (?) rêve : organiser à Belsunce
un débat qui réunirait Alain Badiou, Slavoj Zizek et Eric Hazan.
Une Compagnie en majuscules !
MARIE-JO DHO
La compagnie vue d'en haut © Florence Pazzottu
L’Archange :
36 rue Negresko-13008
04 91 76 15 97
www.larchange.fr
Le Parvis des Arts :
8, rue du Pasteur Heuzé - 13003
04 91 64 06 37
www.parvisdesarts.com
34
SAISONS
GAP | BRIANÇON | AIX | SÈTE
Une passerelle transfrontalière
Sur le grand plateau de La Passerelle,
la danse, le théâtre, les grandes formes
de cirque s’épanouissent tandis que la
photographie habite la galerie du
théâtre, parfois en écho aux spectacles. Comme pour Un endroit où aller,
libre interprétation du travail photographique de Michel Graniou par Gilles
Granouillet (expo du 5 oct au 23 nov,
représentations les 9 et 10 nov). Et les
compagnonnages avec les artistes
perdurent, se renforcent ou s’inventent.
Catherine Marnas, artiste associée
au théâtre depuis 1992, créera l’intégrale de Lignes de faille de Nancy
Huston (12 et 13 mars) et Il Convivio
sur le principe du Banquet fabulateur
mais en puisant dans la mémoire du
théâtre italien (18-21 mai à Gap, juillet
au Festival Teatro A Corte à Turin).
Didier Galas, artiste associé au Théâtre national de Bretagne, sera présent
à Gap et doublement ! En qualité de
comédien d’abord dans Délire à deux
les Alpes avec quatre «créations
métissées franco-italiennes», fruits
d’une coopération avec la Fondazione
Teatro Piemonte Europa de Turin. Répétitions, créations, ateliers et stages
se dérouleront aussi bien à La Mandria
à Turin qu’à l’Usine Badin à Gap où l’on
pourra découvrir deux pièces inédites
d’Eugène Durif, Dette d’amour (9-21
oct, voir p 41) et Loin derrière les
collines (4-5 nov), les variations bilingues de Catherine Marnas et Didier
Galas. Bref, la boucle est bouclée.
M.G.-G.
La Passerelle, Gap
Saison 2010/2011
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passrelle.eu
Elisabeth Kontomanou © Agnes Mellon
d’Eugène Ionesco mis en scène par
Christophe Feutrier (18 janv), puis de
«chef d’orchestre» de Trickster dell’arlecchino, création dont il est l’auteur, le
Faisons fondre
la glace !
Le théâtre Vitez, sur le campus de l’Université des
lettres, poursuit son travail de diffusion, de création et
de recherche en se posant cette année la question de
la place des sentiments personnels et collectifs. Et
«pour briser la glace de la mer intérieure», les
compagnies régionales locales seront bien présentes,
à l’image, entre autres, de la cie Théâtre Provisoire
et de la mise en scène d’Haïm Menahem Ce serait
trop long à t’expliquer… le mieux c’est que tu viennes,
qui interroge la relation public-comédiens ; la cie Vol
metteur en scène et l’acteur (du 21
mars au 2 avril en tournée dans les
Hautes-Alpes pour les Excentrés).
En 2010/2011, La Passerelle franchit
communes du Pays d’Aix lors du 8e festival de théâtre
amateur du Pays d’Aix. Et pour débuter la saison, en
avant-première et dans le cadre du colloque Woolf
contemporaine, la cie Moving Stories du Théâtre de
l’Université de Bah monte Vanessa and Virginia,
d’après la correspondance de Virginia Woolf et sa
sœur Vanessa. Le lancement de saison aura lieu le
lendemain, le 18 octobre.
Plané et le merveilleux Peter Pan qu’Alexis Moati met
en scène, à voir dans le cadre du Festival Mômaix;
l’étape de travail proposée par la maîtresse des lieux,
Danielle Bré, d’après l’œuvre de Robert Walser,
La Recréation ; le travail de la Last cie marseillaise
et son Acte Vegas, Une autre mouette, qui précèdera
le texte de Sabine Tamisier, Nina (épilogue) d’après
La Mouette de Tchekhov ; l’opérette écrite par
Germaine Tillion au camp de Ravensbrück, Le
Verfügbar aux enfers, dont s’empare la cie Trafic
d’Arts II. Sans oublier les créations de l’atelier de
l’Université de Provence que sont Le Diable
probablement d’après le scénario de Robert
Bresson mis en scène par Frédéric Poinceau, les
spectacles des compagnies et ateliers issus des
DO.M.
Théâtre Vitez, Aix
Saison 2010/2011
04 42 59 94 37
http://theatre-vitez.com
Le Cadran hors cadre
Monêtier-les-Bains…) et les spectacles jeune public
deviennent itinérants (Le voyage de Teddy à Puy StAndré…). Sans oublier Les Excentrés qui
chevauchent monts et vallées : Dette d’amour un
impromptu à Venise d’Eugène Durif mis en scène par
Beppe Navello (9-21 oct, voir p 41), la création
Fred Pellerin © Jean Francois Gratton
D’abord il y a la présence des artistes : Jean-Marc
Montera, cofondateur et directeur du GRIM, qui
créera en novembre L’Échappée belle avec le
Méditrio ; et Jean-Christophe Keck, directeur
musical de l’Orchestre de chambre des HautesAlpes, qui créera en décembre Pomme d’api. Ensuite
l’ouverture vers l’Italie avec le projet transfrontalier
Musiche dal vivo nelle Alpi Latine qui favorise la
circulation des formations de jazz et des ensembles
musicaux (Télémaque en 2009, Uri Caine en 2010,
Méditrio en 2011…). Et surtout ce qui caractérise
cette saison 2010/2011 : la volonté de «sortir du
Cadran» avec une programmation hors les murs,
dans les villages de la Communauté de communes
du Briançonnais. Du coup la musique voyage tous
azimuts (Opium, cabaret-récital conçu par Christine
Brotons & Albert Tovi en tournée à La Grave, De
Montgenèvre et Val-des-Prés), Slonovski Bal à
Trickster dell’arlecchino écrit, mis en scène et joué
par Didier Galas (21 mars-2 avril) et Ici, spectacle
cirque et musique imaginé par Jérôme Thomas,
Markus Schmidt et Pierre Bastien (3-15 mai).
D’ici-là, la saison démarrera intra-muros le 20
octobre avec un spectacle venu du froid québécois,
L’Arracheuse de temps, de et avec Fred Pellerin (voir
p 59), suivi le 22 octobre d’un autre dépaysement en
images et en musique avec Courts voyages sur les
traces de Georges Mélies et de Charley Bowers né de
la rencontre entre Louis Sclavis et un groupe de
musiciens cambodgiens…
M.G.-G.
Le Cadran, Briançon
Saison 2010/2011
04 92 25 52 52
www.theatre-le-cadran.eu
La saison vivante
du Théâtre de Sète
La Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau accueille une saison pointue en
théâtre, danse, musique, jeune public et cirque. Une programmation qui témoigne
de l’actualité artistique régionale, nationale et internationale en maintenant sa
mission de décentralisation dans l’agglomération de Thau.
Avant que l’emblématique Théâtre de Molière ne ferme pour 2 années de travaux
à la fin de la saison et ne programme hors les murs, voici les temps forts d’une
belle saison qui se décrit comme la «plus jolie salle à l’italienne de tout le Sud de
la France». Pour ceux qui n’étaient pas à Avignon en juillet, ou qui souhaitent
vérifier en salle la magie du Concert Dessiné de Rodolphe Burger (voir p 49),
rendez-vous dès le 28 septembre. Côté théâtre, 20 spectacles sont proposés. La
compagnie chilienne Teatrocinema revient avec le second volet de leur trilogie
l’Homme qui donnait à boire aux papillons, un conte philosophique entre
théâtre et cinéma (5/6 octobre, voir p 40). Puis Goldoni avec la Serva Amorosa
et Robert Hirsch (8/9 octobre, voir p 40), Beckett avec Premier Amour et Sami
Frey (9 novembre), Valletti et son Sale Août (25/26 novembre), Molière avec
Les Femmes Savantes mises en scène par Marc Paquien (13/14 janvier),
Beaumarchais avec le Barbier de Séville par la Cie In Situ (18/22 janvier).
Philippe Genty avec ses magiques Voyageurs Immobiles (27/28 janvier).
En février (1er/2), c’est Guy Cassiers qui présentera Sous le Volcan de Malcolm
Lowry. Belgique encore et danse-théâtre avec La Maison des Cerfs de Jan
Lauwers (14/15 avril). L’événement chorégraphique de la rentrée sera la venue
du spectacle Political Mother de l’Israélien Hofesh Shechter (1er octobre).
Musique et danse du monde avec Africa Umoja par Thembi Nyandeni et Todd
Twala (16/17 novembre), puis les 14 danseurs argentins de Che… Malambô ! (13
/14 décembre). Kader Attou le 3 décembre et Maguy Marin le 21 janvier avec
l’incontournable, indémodable, irrespirable, irremplaçable May B.
Côté musique, chanson avec Claire Diterzi dans Rosa la Rouge (19 octobre).
Classique avec un récital de la violoniste Silvia Marcovici et Aimo Pagin au
piano (12 novembre). Lyrique avec Rigoletto de Verdi (28 novembre) et La
Sonnambula de Bellini (16 janvier). Cirque dès le mois de décembre (9/10) avec
Mister Monster de la cie Anomalie. En février (11/20), Le Chant du Dindon par
les Rasposo et en mars L’Orage et le cerf volant par la Cie Hors Pistes (18 mars).
DE.M.
Théâtre Molière
Scène Nationale de Sète
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
Concert dessiné © Alain Beaulet
36
ÉVÉNEMENTS
SAINTE-MAXIME | ACTORAL | MERLAN
Merlan mon lapin
Le soir des monstres © Elsa Revol
Ringard, le Merlan ? Sûrement pas ! et
suffisamment branché pour pouvoir
accueillir et défendre l’art de l’illusion
sans passer pour rétrograde, ou ballot
! L’air du temps est à une réhabilitation
de l’art de l’illusion sur les scènes, et
une pléiade d’artistes nouveaux interrogent le plaisir de ces tricheries qui
flirtent ironiquement avec le surnaturel
et l’hypnose… Ça va léviter ! Vont-ils
faire surgir des lapins de haut de forme
dépoussiérés ? Peut-être… En tous les
cas il y aura des paillettes, un grand
gala d’ouverture (le 1er oct), du close
up, des voyages spirituels avec Scorpène (les 2 et 3 oct), les jonglages et
prestidigitations d’Etienne Saglio (le
6 oct), deux soirées indiennes versions
Bollywood enchanté (les 8 et 9 oct),
des solos vibratoires, et du ciné d’animation (magique !) avec Fotokino.
Pour tous ceux qui aiment à s’évader
bizarrement du réel… Une manifestation tout public !
À noter : dorénavant le Merlan est
accessible en navette depuis le Stade
Vélodrome ou le centre ville. Aller et
retour, avec même le temps de boire
un coup après et/ou avant. Tous les
horaires et arrêts sont sur le site !
A.F.
Magic Week
Du 1er au 9 oct
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20
www.merlan.org
See, sun and gipsy
Najarro et son Jazzing flamenco, et le jazzman David
Murray accompagné par les maîtres des percussions
traditionnelles des Caraïbes, The Gwo-Ka Masters.
Musique et danse toujours, sur les traces des artistes
nomades avec le conte musical Sur la route des
tziganes, les guitaristes du Nouveau Trio gitan et son
invité le violoniste Florin Niculescu. Ou encore le
mariage de la culture yiddish et du cirque catalan dans
Circus Klezmer d’Adrián Schvarzstein.
Enfin quand le soleil a rendez-vous avec la lune, le
festival offre des Nuits singulières aux «frontières du
réel et des territoires euphorisants», entre spectacles,
installations, happenings, échappées musicales et
gourmandes…
M.G.-G.
Cie La Salamandre © X-D.R.
Conçu par Artefact, compagnie associée au Carré
Sainte-Maxime, le festival Itinérances Sous le soleil
exactement ouvre la saison avec un scénario «brûlant»
et 3 opus aux titres évocateurs : Il sentait bon le sable
chaud à l’ombre de la figure de GainsbourgGainsbarre, Tout feu, tout flamme sur un rythme
flamenco et jazz, Les fils du vent en hommage aux
traditions nomades.
Pour les inconditionnels de l’homme à la tête de chou,
rien de moins qu’une exposition-installation vidéo, un
Cabaret Gainsbourg multi-scènes et une rencontre
avec les musiciens. À quelques mesures seulement
de là, la légion, au cœur du texte Mon képi blanc de
Sonia Chiambretto mis en scène par Hubert Colas
avec Manuel Vallade. Puis le thermomètre explose
avec la Cie Salamandre qui joue avec le feu dans
Variations autour de la flamme/Rêves, le danseur et
chorégraphe du Ballet national d’Espagne Antonio
Itinérances - festival d’automne
Du 8 au 24 octobre
Nuis singulières
Les 8 et 9 octobre
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Les impromptus d’ActOral
Considéré comme un laboratoire ou une
anti-chambre, le festival international
des arts & des écritures contemporaines ActOral foisonne de rencontres
insolites autour du «livre qui n’est pas
seulement un livre, mais aussi une
arme», avec des artistes qui ont libre
cours pour inventer de nouvelles
formes. De cette «jungle» en effervescence, on retiendra quelques rendez-vous
où la prise de parole va de pair avec la
prise de risque.
Daniel Linehan © X-D.R
Avec des auteurs : Dieudonné Niangouna pour une mise en lecture de
son texte Le socle des vertiges (26 sept
La Criée), Spiro Scimone présent
aux Bernardines à double titre pour
le spectacle tiré de Nunzio (29 sept) et
la projection de Due Amici (30 sept).
Ou encore Sonia Chiambretto en
résidence du 14 au 24 septembre et
dont l’ouvrage Zone d’éducation
prioritaire est l’objet d’une mise en
espace par Hubert Colas avec
l’ensemble 19 de l’ERAC (25 et 26 sept
La Criée).
Avec des metteurs en scène aussi :
Eva Doumbia pour sa mise en espace
de Sous-chambre d’Edward Bond (5, 6,
7 oct Studio Longchamp) ou
Alexandra Tobelaim qui s’offre un
face à face Italie-Brésil 3 à 2 d’après
Davide Enia (29 sept La Minoterie)…
Et puis tant de rencontres improbables
entre la danse et l’écrit, programmées
comme chaque année par Marseille
Objectif Danse : Batterie de David
Wampach (28 sept, 2 oct Montévidéo), Not about everything de Daniel
Linehan (29 sept), Non solo de
Vladimir Globulev, While we were
holding it together d’Ivana Müller par
I’m Company (7 oct Friche Belle de
mai)… Avec la musique et la vidéo
pour des performances, des installations… On y va les yeux fermés, mu par
l’envie de se frotter aux mots des
autres comme à ses propres maux.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Actoral
Du 25 sept au 13 oct
Montévidéo et autres lieux,
Marseille
04 91 37 30 27
www.actoral.org
38
THÉÂTRE
MARSEILLE
Autour de la piste
© Lea Torreadrado
Pendant deux semaines Les Nonos font leur cirque à
Marseille. Chez eux, à Pastré, pour 14 représentations, qui donneront à chacun l’occasion d’entrer
dans l’univers particulier de Serge Noyelle et
Marion Coutris, mis en musique par Marco
Quesada.
C’est en effet à un grand spectacle qu’ils nous
convient : 23 personnes en scène, comédiens,
musiciens, acrobates et jongleurs, pour élaborer
ensemble comme un cirque aux frontières du rêve.
Les numéros s’y succèdent en jouant sur le risque, la
chute possible, le baroque des clowns, les belles
images que les Nonos savent faire surgir, et des
textes, histoires qui racontent tout cela en
introduisant une distance subjective avec les exploits
offerts. Un cirque onirique et magique qui renvoie à
l’enfance, à ses émotions enfouies, à ses chevaux
magiques…
Citoyens
objets
Rire au Gymnase
Interroger notre société de consommation en allant
jusqu’au bout de ses rituels consuméristes quotidiens…
C’est dans cet esprit que Mathieu Bouchain (cie TPublic) a conçu son Défilé de marques, une «collection
d’hommes et de femmes» qui, comme des mannequins, viendront se présenter en objets, apportant
chacun un accessoire. 10 acteurs se mêlent à une
cinquantaine de citoyens de tous âges (18 à 81 ans)
et de tous les quartiers et milieux de Marseille,
recrutés après un casting. Une entreprise qui se
poursuivra jusqu’à 2013, pour interroger le corps en
représentation, et dresser le portrait d’une ville qui, à
terme, compte bien se donner en spectacle.
A.F.
Un défilé de Marques
Le 18 sept
La Friche, Marseille
Dans le cadre de Préavis de désordre urbain
Le 24 sept
Le Gymnase, Marseille
www.lestheatres.net
Kaïros, sisyphes et zombies
Les 8 et 8 oct
Miam Miam
Du 12 au 23 oct
Le Gymnase, Marseille
www.lestheatres.net
A.F.
Les Nonos font leur cirque
Du 7 au 23 oct
Théâtre Nono, Marseille 8e
04 91 75 64 59
www.theatre-nono.com
Apprivoiser
l’hybride
Le théâtre du Centaure met en place de nouvelles
formules pour faire connaître la spécificité de son
travail. Il faut dire qu’il n’est pas évident à appréhender : si le public est nombreux à venir et à
apprécier la beauté plastique de leurs spectacles,
certains malentendus persistent. Car le théâtre de
Camille et Manolo n’a rien à voir avec du cirque : il
s’agit d’inventer de nouveaux acteurs au corps
hybride, et de faire avec eux un théâtre visuel où
l’exploit n’est pas spectaculaire, et repose sur la
fusion/adéquation du cavalier et de l’animal, pas
forcément monture… Le premier poème centaure
sera récité par Manolo et Tao, un lourd percheron
d’une tonne avec lequel l’acteur fait corps depuis 10
ans. Une performance de 20 minutes, tout public,
sous chapiteau, pour 5 euros, chaque second samedi
du mois, à Pastré où la cie est installée.
A.F.
Poème-Centaure
Le 9 oct
Théâtre du Centaure, Marseille 8e
04 91 25 38 10
www.theatreducentaure.com
Miam Miam © Sylvain Granjon
Après Offenbach et le Défilé de marques la saison du
Gymnase se poursuivra dans un esprit tout autant
festif… avec Miam Miam, de et avec Edouard Baer,
et une demi-douzaine de comparses comédiens qui,
devant le peu de succès de leur spectacle, décident
de transformer le théâtre en restaurant cabaret..
prétexte à numéros…
Avant cela le Gymnase lui aussi accueillera actOral,
pour un autre spectacle drôle, mais dans un tout
autre esprit ! Kaïros, sisyphes et zombies est un objet
surréaliste d’Oskar Gomez Mata, qui propose de
faire des trous dans le temps, pour retrouver les
figures mythologiques grecques, quelques paradoxes
temporels, dans l’esprit philosophico burlesque de la
cie Alakran.
Un defile de marques © Vincent Lucas
Pop
philosopher
La Semaine de la pop philosophie veut fomenter
des opérations philosophiques à partir d’objets de la
culture populaire et de ses représentations médiatiques.
L’expression, née dans les années 70 sous la plume
de Deleuze, renvoie aux années rock, pense que
philosopher est un acte, un geste artistique, nourri de
pratiques théâtrales, musicales, littéraires. Et forcément non académiques, puisqu’elles doivent permettent
d’interroger le réel par leur angle d’approche, forcément de biais.
La programmation cette année regroupe une trentaine de penseurs, écrivains, artistes, historiens,
sociologues, scientifiques. Autour d’analyses de la
pensée de Deleuze, mais aussi de réflexions autour
du portable, de Plus belle la vie, de Buffy contre les
vampires, du rock des années 70.
La semaine de la Pop philosophie
Du 18 au 24 oct
04 91 90 08 55
www.lesrencontresplacepublique.fr
Le théâtre
au
Centre
La revue marseillaise de théâtre organise pour la
deuxième année dans le Centre Bourse une semaine
de théâtre : de courts extraits offerts par des
compagnies de Marseille aux acheteurs qui passent…
et peuvent ainsi imaginer aller un jour au théâtre,
dans des petits lieux qu’ils ne fréquentent pas. Le tout
est complété par des expositions, animations,
lectures, et ateliers. Le 16 octobre, cela dure toute la
nuit… et on y gagne des billets scoop, qui permettent
d’aller au théâtre pour 5 euros.
Les Théatralia
Du 11 au 16 oct à partir de 10 h
Centre Bourse, Marseille
www.larevuemarseillaisedutheatre.com
40
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Émois
Justice
Responsables
Servante fidèle et dévouée, pleine de bonté et de bon
sens, Coraline se charge, avec ruse et persuasion, de
défendre la fortune de son vieux maître Ottavio,
manipulé par sa seconde femme Béatrice et le fils de
cette dernière Lélio, et de réunir le père et son fils,
Florindo, jeté à la rue par sa belle-mère… Christophe
Lidon met en scène la comédie haute en couleur de
Goldoni avec trois grands comédiens dans les rôlestitres : Robert Hirsh, Claire Nadeau et
Clémentine Célarié.
© Cosimo Mirco Magliocca
Drôle d’endroit pour une rencontre… Au cimetière où
tous deux viennent rendre visite à leurs chers
disparus, Désirée, la veuve lettrée et raffinée, et
Benny, le paysan rustre et tardivement orphelin sont
voisins de tombes. Ces deux personnages que tout
oppose vont bien sûr finir par se rapprocher et
tomber amoureux. Adapté par Alain Ganas, le roman
de Katarina Mazetti, Le Mec de la tombe d’à côté
(éd. Actes Sud, coll. Babel) se transforme en pièce, la
mise en scène de Panchika Velez révélant de façon
tendre et sensible les sentiments des deux
personnages.
Sin Sangre © Rodrigo Gomez Rovira
La singulière compagnie chilienne Teatrocinema
(anciennement cie La Troppa) lie dans ses créations
le théâtre et le cinéma, les techniques des deux
disciplines créant un cadre visuel et narratif unique.
Les deux premiers volets, en espagnol surtitré en
français, d’une trilogie portant sur le thème de la
responsabilité des hommes dans leur histoire sont
programmés au théâtre des Salins : Sin sangre,
adapté d’un roman d’Alessandro Baricco, évoque les
années noires de la dictature de Pinochet au Chili, le
spectacle mêlant des images de fiction au jeu des
comédiens ; le lendemain, L’Homme qui donnait à
boire aux papillons fait appel au même dispositif
scénique pour raconter l’histoire de Filippo, vieil
homme qui, à la fin de sa vie, veut accomplir un rituel
ancestral particulier : donner à boire aux papillons
tout juste nés afin de les guider dans leur migration.
Un parcours initiatique riche de rencontres et de
découvertes…
<
La Serva amorosa
Les 12 et 13 oct
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
les 8 et 9 octobre
Théâtre Molière, Sète
04 67 7466 97
www.theatredesete.com
Le Mec de la tombe d’à côté
Du 5 au 9 oct
Le Jeu de Paume, Aix
0820 000 422
http://lestheatres.net
© Cosimo Mirco Magliocca
Isolement
© Philippe Delacroix
L’Oral et Hardi
Le 5 oct à 20h30
Salle Emilien Ventre, Rousset
04 42 29 82 53
www.rousset-fr.com
Ne pas oublier de (mourir) vivre
Le 9 oct à 20h30
Théâtre de La Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
Intimiste
© Benoite Fanton-WikiSpectacle
Quand le comédien Jacques Bonnaffé revêt les
mots du poète belge Jean-Pierre Verheggen, ça
donne L’Oral et Hardi, un condensé de textes choisis,
mis en scène et dits par le comédien. Des grands
textes, des harangues, des discours manifestes qui
ont tous le goût et le souffle d’une aventure des mots
et des sons. «L’handicapé de la langue, languedicapé
de naissance» comme il se définit lui-même trouve
en Bonnaffé un habile entremetteur, un révélateur de
cet univers si singulier où se mélangent signifiants et
signifiés et où se crée une langue nouvelle.
Sin sangre
Le 12 oct à 20h30
L’Homme qui donnait à boire aux papillons
Le 13 oct à 20h30
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
les 5 et 6 octobre
Théâtre Molière, Sète
04 67 7466 97
www.theatredesete.com
Dans le parloir d’une prison pour femmes va se nouer
un long dialogue, une relation étrange entre une
détenue, isolée, surnommée «le monstre» à cause du
crime odieux pour lequel elle est condamnée, et un
prêtre, convaincu de sa foi et de ses certitudes. Rejet,
hostilité puis écoute et enfin apprivoisement les
parcourront au cours de confessions et libérations
verbales. Régis Santon met en scène le texte grave
et dur de Frédéric Mancier et Bernard Larré, avec
Claire Nebout et Tom Novembre dans ce périlleux
face à face.
<
Oralité
Le jeune metteur en scène Frédéric Borie revisite le
chef-d’œuvre de Shakespeare, Hamlet, s’attachant
plus à la tragédie familiale qu’à l’aspect historique et
politique de l’histoire. Dépassant la vengeance du
héros, il oriente la tragédie vers un questionnement
très humain, toujours contemporain : «avec lui,
aujourd’hui, on continue de s’interroger sur agir ou ne
pas agir, être ou ne pas être. Qu’allons-nous faire de ce
temps qui nous est donné ?»
Hamlet
Le 12 oct à 20h30
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
THÉÂTRE 41
Success story
Nectar
Rhapsodie
<
Premières gorgées de bière et autres plaisirs minuscules
Le 8 oct
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.com
© X-D.R.
Tragi-comique
Les comédiens Dau et Catella délaissent
momentanément le chemin de la comédie pour une
incursion dramatique dans l’histoire des deux
révolutionnaires italiens Sacco et Vanzetti, emblèmes
de la lutte contre l’injustice, l’intolérance et la
discrimination. On est bluffé par la densité de leur
interprétation et la mise en scène de François
Boursier qui fait passer à la trappe le duo du rire pour
éclairer sa fibre tragique et la force de leur complicité.
Sacco et Vanzetti
Le 2 oct
Théâtre Comœdia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
Réquisitoire
Inspiré
Robert Schneider donne la parole à Sad, immigré
clandestin qui a étudié la philosophie et la littérature
allemande avant de débarquer en Allemagne où il est
vendeur de roses… Sad l’irakien, très sérieux quand
il dit «Plus je vous regarde, plus ma culpabilité
augmente»… À la dureté de la langue, Farid
Ounchiouene répond par la légèreté du hip hop (4
danseurs pour 1 monologue) et de la musique à
laquelle il réserve une place de choix, comme si mixer
théâtre-danse-musique était la manière la plus juste
de faire écho à la psyché de son héros.
Saleté
Le 24 sept
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 9422 02 02
www.chateauvallon.com
<
Confidences à Allah
Du 30 sept au 2 oct
Théâtre du Chêne Noir, Avignon
04 90 82 40 57
www.chenenoir.fr
Déjà en 2008 Patrice Chéreau dirigeait Romain
Duris dans son film Persécution. Leurs retrouvailles,
sur les planches cette fois, marquent le retour de
Chéreau à l’écriture de Koltès, accompagné à la mise
en scène par le danseur-chorégraphe Thierry Thieû
Niang. Dans La Nuit juste avant les forêts, un homme
nous parle, il sait que sa mort est au bout du chemin,
sous les apparences de «loubards sapés» qui ont fini
par lui casser la gueule… Mais une nuit lui suffira-t-elle
à accepter de s’enfoncer plus avant ?
La nuit juste avant les forêts
Les 27 et 28 sept
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 9422 02 02
www.chateauvallon.com
© Manuel Pascual
L’irradiante Alice Belaïdi, Révélation féminine aux
Molières 2010, revient au théâtre du Chêne Noir, la
scène qui l’a révélée dès 2008 au grand public dans
le rôle magnifique de Jbara. Petite bergère du
Maghreb, devenue prostituée puis femme d’imam,
Jbara se confie à Allah, son seul confident. Un
témoignage renversant, cru et drôle, écrit par Saphia
Azzeddine (éditions Léo Scheer) et mis en scène par
Gérard Gélas, sur l’oppression des femmes mais
aussi un émouvant chant de liberté, même si sa
conclusion est ambiguë. L’ultime chance de
rencontrer à Avignon ce texte porté par une très
jeune actrice, prometteuse et touchante. Une voix
d’enfant caché dans un corps de femme, ou peutêtre l’inverse, qui nous touche en plein cœur par sa
foi en la vie. Un Molière absolument mérité !
© Pascal Victor
Un best-seller qui fit couler beaucoup d’encre,
Premières gorgées de bière et autres plaisirs
minuscules de Philippe Delerm, la présence
ombrageuse et épicurienne du comédien Jean-Louis
Foulquier associés à la délicatesse de l’archet de la
violoncelliste Maëva Leberre : c’est à coup sûr un
cocktail aussi rafraîchissant que gouleyant ! Pour ses
premiers pas sur les planches, l’acteur de cinéma et
de télévision donne envie de se servir encore
quelques rasades…
© X-D.R
© Andras Fenris
Quand Eugène Durif rend hommage à Carlo
Goldoni à l’occasion des 300 ans de sa naissance,
cela donne Dette d’amour, un impromptu à Venise ou
les affres d’un auteur dramatique face à la panne
d’inspiration. Une pièce jubilatoire, au trait burlesque,
au ton enjoué, qui excelle dans l’exercice «du théâtre
dans le théâtre» sans jamais forcer le trait, servie par
une troupe d’acteurs français et italiens réunis par
Beppe Navello.
Dette d’amour, un impromptu à Venise
Tournée dans le cadre des Excentrés à L’Argentière,
Guillestre, Embrun, Tallard, Chabottes, Veynes et
Serres
Du 9 au 21 oct
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 58
www.theatre-la-passerelle.eu
Le Cadran, Briançon
04 92 25 52 52
www.theatre-le-cadran.eu
42
DANSE
AU PROGRAMME
Créations au Ballet
La saison du Ballet National de Marseille repart à toute allure !
danseurs de montrer la singularité diverse de leurs
talents, reprendra la création 2008 de Flamand, Métamorphoses, jeu de transformations magiques autour des
récits d’Ovide ; l’autre partie de la soirée sera consacrée
à une création de Thierry Malandain pour le BNM. Le
chorégraphe néo-classique, si unique aujourd’hui en son
genre, si perfectionniste, s’attachera au sublime cycle
de Berlioz sur des poèmes de Théophile Gautier, Les
Nuits d’été. Une musique d’une rare émotion romantique, qui dessine un trajet amoureux traversé de
passages lyriques et élégiaques, d’affres, de deuil, de
solitudes. Quatre couples danseront intégralement les
six mélodies, malheureusement diffusées sur bande !
Un comble (de plus !) à l’Opéra…
AGNÈS FRESCHEL
Moving Target
Du 23 au 25 sept
Grand Théâtre de Provence, Aix
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
Métamorphoses. Les Nuits d’été
Du 14 au 16 oct
Opéra de Marseille
04 91 22 55 89
www.ballet-de-marseille.com
Questions d’origines
Tandis que le Ballet Preljocaj et le Bolchoï créent
Suivront 1000 ans de calme à Moscou, puis à la
biennale de Lyon et à Chaillot, (ils seront au GTP en
novembre), le Pavillon Noir commence sa saison par
Songook Yaakaar -Germaine Acogny © Antoine Tempe
l’accueil de deux femmes : l’italienne Patrizia Lo
Sciuto danse son enfance en Sicile en regard de sa
vie de femme adulte, accompagnée au violon par le
compositeur Alessandro Librio ; Germaine Acogny,
magnifique danseuse et chorégraphe contemporaine,
danse son Sénégal, sa terre natale, sa grand-mère
prêtresse Yoruba dans un solo accompagné de textes
et de vidéos. Attention : la pièce de Patrizia Lo Sciuto,
de trente minutes, est dansée à 19h, 20h et 22h.
Songook Yaakaar, qui dure une heure, est dansé aux
mêmes dates à 20h.
Patrizia Lo Sciuto, Germaine Acogny
Du 7 au 9 oct
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Temporalité
Mod actoralise
Avant de partir sur les routes vauclusiennes lors des
Nomade(s) du Théâtre de Cavaillon (voir Zib 32), la
cie Pernette s’installe Place Saint-Victor (dans le 7e
arr.) pour danser les quatre courtes pièces que sont
les miniatures : La Rose, L’apparition, L’Insomnie et Les
Oignons se succèderont, offrant des univers très
différents qui redessinent l’espace urbain, entrecoupées de textes lus par Franck Gervais.
Comme chaque année, ne ratez pas la programmation danse d’actOral, concoctée par Marseille
Objectif Danse. En commençant par le spectacle
performance de David Wampach, les 28 sept et 2
oct, et en enchaînant avec Ivana Müller, While we
were holding, les 7 et 8 oct (voir p 36).
Les Miniatures
Le 22 septembre à 19h
Place Saint-Victor
Marseille, 7e
Karwan-Cité des arts de la rue
04 96 15 76 30
Les écrits de la danse
Montévidéo, La Friche
04 95 04 96 42
www.marseille-objectif-danse.org
Moving Target © F. de Cugnac
Il faut dire qu’avec quatre nouveaux danseurs, un
répertoire qui s’enrichit, des tournées qui s’étoffent et
s’internationalisent, un public de plus en plus fidèle et
nombreux dans la région, le BNM se porte bien. C’est
qu’il a su, grâce à ses actions pédagogiques en milieu
scolaire, approcher les populations les plus éloignées
de la culture, tout en ouvrant son répertoire à plusieurs
esthétiques, et ses portes aux autres compagnies.
Il commence la saison avec deux très beaux programmes : Moving Target est la pièce qui a fait connaître la
danse architecturale de Frédéric Flamand en Europe.
Conçu avec les architectes Elizabeth Diller et Ricardo
Scofidio (ceux qui viennent de rénover le Lincoln
Center), créé par sa compagnie de Charleroi en 1996,
le spectacle a beaucoup tourné jusqu’en 2002, accueilli
en particulier au Festival de Marseille en 1998. Le Ballet
national le reprend à la demande du Grand Théâtre de
Provence, qui l’accueille en résidence durant deux
semaines. La pièce, qui questionne la schizophrénie imposée par notre société de normalisation et de contrôle,
reprend les Cahiers de Nijinski, qu’il écrivit en partie
durant ses internements, et repose sur un dédoublement complet du spectacle, projeté sur un immense
miroir par lequel passent aussi d’autres images… et sur
la présence de deux musiciens qui répondent à des
musiques enregistrées.
Un autre programme, qui donnera l’occasion à tous les
T’as du feu
poupée ?
Denis Plassard (Cie Propos) a conçu un genre de
roman photo dansé… comme un polar noir américain,
avec intrigue, meurtre et trahison, détective bien sûr,
meublé, chapeau mou, trench coat, bigoudi, et femme fatale. Tout cela en danse bien sûr, une sorte de
film de genre qui s’égarerait dans l’acrobatie et y trouverait un autre punch… retombant d’ailleurs sur les
élans du Quatuor Tercea interprétant Beethoven !
Mais jamais Denis Plassard n’a hésité à mélanger les
genres, du populaire au classique...
Les cadavres se regardent dans le miroir
le 2 oct
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredecavaillon.com
le 19 oct
Scène nationale de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
© Christian Ganet
DANSE
Universel
Wonderful !
Cofondateur avec Martine Jaussen de la Cie Alaxandra N’Possee, Abdennour Belalit fait des mythes et
des symboles qui collent à la peau des États-Unis le
cœur de sa nouvelle chorégraphie. Dans Les
s’tazunis, place à la quête du billet vert, à l’industrie
cinématographique, la guerre du Viêt-Nam, le rock, le
11 septembre 2001… évoqués en autant de tableaux
à la gestuelle hip hop, marque de fabrique de sa compagnie. Le tout dans un décor épuré, 1 table et 6
fauteuils gris, transformable à l’envi.
Puis changement de continent, direction l’Asie ! Sur
le plateau de Châteauvallon, 29 danseurs et 9
musiciens du Ballet royal du Cambodge offrent un
programme dont le langage et l’esthétique restent
toujours compréhensibles. Car la coexistence du
terrestre et du céleste caractéristique de la danse
royale khmère parle à tous les peuples.
Lieu de résidences d’artistes, le 3Bisf à Aix accueille du
13 au 24 sept la compagnie chorégraphique Nathalie
Baesse pour sa nouvelle création Wonderful World née
d’un questionnement sur la naissance de la parole et de la
rencontre avec un espace, une ancienne base sousmarine… Travail de recherches, ateliers les 15 et 17 sept
(10h-12h) et répétition le 24 à 15h permettront au public
de suivre au plus près le travail de cette artiste installée
à Angers. Après de nombreuses résidences itinérantes,
Wonderful World sera créée le 15 mars au Lieu uniquescène nationale de Nantes et le 21 mai au CNDC le Quai
à Angers.
Les S’tazunis, Cie Alexandra N’Possee
Le 1er octobre
La légende de l’Apsara Mera, Ballet royal du Cambodge
Le 8 octobre
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
43
Place ensuite à Christian Ubl qui, du 8 au 14 octobre,
répétera en studio son prochain spectacle inspiré de La
Semeuse de Fabrice Melquiot, avant sa participation au
festival Dansem…
Une conférence de presse ouverte au public, en présence de l’équipe et des artistes, est organisée le 15
octobre à 13h30.
Wonderful World
3Bisf, Aix
04 42 16 17 75
www.3bisf.com
Intergénérationnel
Christian Ubl (Cie Cube) en maître de ballet ? Oui, le
temps d’une soirée à double détente traversée par les
thèmes du patrimoine, de la mémoire, et placée sous le
signe du plaisir. Pour découvrir son solo I’m from Austria,
like Wolfi ! et s’essayer seul ou accompagné au Bal… sur
des musiques d’hier à aujourd’hui conçu comme un
voyage dans le temps, les styles et les musiques. D’une
danse à l’autre et d’un pas de deux à plus si affinités…
Cette soirée composée marque la réouverture de La
Tannerie comme lieu de création et de recherche
chorégraphiques dans le Var, volontairement festive et
ouverte à tous grâce à ses ateliers d’initiation préliminaires. C’est aussi une façon de l’inscrire dans une
actualité culturelle beaucoup plus large : les Journées
européennes du patrimoine.
Le bal du siècle (!)
Le 18 septembre
La Tannerie, Barjols
04 94 59 74 60
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MUSIQUE
AU PROGRAMME
Terreur vériste
Flashs Bach
Quatre ans avant Puccini pour Tosca (1900), Umberto
Giordano puise dans la période post-révolutionnaire de
la fin du XVIIIe siècle. C’est que les «véristes» s’intéressent particulièrement aux situations qui engendrent des
actes de violence ! Du coup la Terreur française s’avère
propice, dans Andrea Chénier, à de cathartiques débordements expressifs, générant une œuvre lyrique dont
les exigences vocales effrayent parfois les chanteurs.
Le livret est librement inspiré de l’histoire du poète
André Chénier, guillotiné en 1794, qui paya cher ses
positions de tempérance face aux excès de Robespierre
(arrêté le surlendemain de son exécution !) et la défense
de la tête de Louis XVI.
On entendra peut-être un jour Roberto Alagna dans le
rôle titre (un des emplois les plus lourds du répertoire),
mais dans l’immédiat, le ténor a renoncé (judicieusement ?) à s’y frotter. En attendant de retrouver le Divo
dans Le Cid au mois de juin, c’est Zoran Todorovitch
qui s’y emploie. Le célèbre air La mamma morta est
chanté par la jeune soprano Irène Cerboncini (qui
remplace Sylvie Valayre dans le rôle de Madeleine de
Coigny), quand le baryton Marco di Felice incarne
Charles Gérard, révolutionnaire aux sentiments
complexes. Cette production de l’Opéra de Monte-Carlo
est mise en scène par Claire Servais et dirigée par
Fabrizio Maria Carminati.
Laurence Equilbey partenaire «historique» du Grand
Théâtre de Provence s’associe à Brigitte Engerer au
piano pour faire chanter les voix d’Accentus dans des
grandes pages chorales ou transcriptions symphoniques de Liszt, Reger, Mahler… (Derniers feux romantiques
le 2 oct). On sait les liens étroits que la pianiste Zhu
Xiao-Mei entretient avec la musique de Bach : elle fut
un réconfort salvateur au temps des sa captivité dans
les camps de la Révolution culturelle chinoise. Elle est
aujourd’hui attendue partout dans les grandes fresques pour clavier du Kantor (Variations Goldbergle 12 oct).
Le fil rouge de la «Saison Bach», imaginée par Dominique Bluzet et Françoise Jan, se déroule en
compagnie de l’incontournable figure du monde
pédago-ludique : Jean-François Zygel (Bach to the
future le 14 oct).
J.F.
Grand Théâtre de Provence, Aix
Concerts à 20h30
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
Andrea Chenier © Opera Monte Carlo
JACQUES FRESCHEL
Andrea Chénier
les 23 et 29 sept, 2 et 5 oct. à 20h et le 26 sept. à 14h30
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10
www.opera.marseille.fr
Musique libre
L’ensemble Télémaque donne
à ses performances des formes sortant
du commun des concerts
Jean-Bernard Rière © Agnès Mellon
Le programme, conçu par Raoul Lay, est bâti autour du
Quintette de Prokofiev, pièce au dispositif instrumental
singulier, destiné en 1924 au ballet Trapèze. Adapté en
musique de chambre «pure», l’opus conserve l’esprit
narratif initial. L’auteur mixe finement les timbres pour
illustrer un orgue de barbarie, une danse d’acrobates ou
les arabesques souples d’une ballerine...
Entre les mouvements de cet opus génial, chaque interprète offre un solo étonnant signé de compositeurs
«inclassables» qui, tel Prokofiev, privilégient l’expressivité
sensuelle, s’appuient sur une tradition classique ou
populaire, sans pour autant fuir les nouvelles techniques
d’expression.
Jean-Bernard Rière à la contrebasse rugissante ou
plaintive (Melancholia d’Hersant), Blandine Bacqué et
son hautbois multi-phonique, lointainement pastoral
(Sarc d’Ohana), Pascale Guérin à l’alto furioso hallucinatoire (Sonate op.25 n°1 d’Hindemith), Linda Amrani
et ses voltiges, soufflets et tremblements de clarinette
(Sonate de Denisov), Jean-Christophe Selmi aux sons de
volutes de violon acrobatique (Cadenza de Penderecki)
offrent au public un récital de haut vol, ponctué par un
duo de Tristan Murail où clarinette et violon s’éperonnent leurs notes respectives (Les ruines circulaires).
JACQUES FRESCHEL
Les Subjectifs
Le 18 sept. à 19h
Couvent des Minimes, Pourrières
Dans le cadre des Journées du Patrimoine
06 98 31 42 06
www.ensemble-telemaque.com
Sévère la
musique ?
L’épigraphe du premier concert de la saison du Chœur
contemporain s’entend comme un pied de nez fait à
ceux qui associent musique classique et ennui, raideur,
voire morgue… Sébastien Boin dirige l’ensemble vocal
dans le cadre de la Saison 13 et des pièces aux titres
qui en disent long sur les intentions de leur auteur :
Burleske de Kagel, les Mal marié(e)s de Dallapicolla,
Nonsense de Petrassi, les Poèmes élastiques de
Constant ou les cocasses Chansons françaises de
Poulenc.
Le 19 sept. à 17h
Théâtre de Tarascon
04 90 91 51 30
…Lamento
Changement d’atmosphère ! C’est le poème tragique
de Federico Garcia Lorca Llanto por Ignacio Sanchez
Mejias, à la mémoire de son ami torero mort d’un
coup de corne en 1934, mis en musique par Maurice
Ohana en 1950 que dirige Roland Hayrabedian à la
tête du chœur de femmes de Musicatreize & du
Chœur contemporain, de l’Orchestre des Jeunes
de la Méditerranée, de Jean-Marc Aymes
(clavecin) du baryton Job Tomé et du récitant Olivier
Boudrant. J.F.
Llanto por Ignacio Sanchez Mejias
Le 26 sept. à 11h Méjan, Arles
04 90 49 56 78
Le 2 oct. à 20h30
Atrium du CG83, Toulon
www.musicatreize.org
MUSIQUE
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Thaïs par Jaho Voix baroques
L’automne musical conçu par le claveciniste Jean-Marc Aymes, directeur de Concerto
Soave, est un rendez-vous privilégié des amateurs de musique baroque. Trois concerts
sont prévus cette année à Marseille avant un départ de l’ensemble en tournée
L’opéra Thaïs de Massenet baigne dans un climat
sulpicien, typique de l’époque (1894), et une volupté
sonore unique où les airs fameux, comme la célèbre
«méditation» religieuse confiée au violon seul, brillent au
firmament des constellations classiques. On ne manque
pas Ermonela Jaho dans le rôle de cette courtisane
convertie au christianisme et mourant dans la rédemption. En compagnie du baryton Franck Ferrari (le
moine Athanël), la formidable soprano est dirigée par le
maestro Giuliano Carella dans une mise en scène de
Jean-Louis Pichon.
Michel Lambert est un musicien français du XVIIe
siècle tellement négligé qu’on en oublie de célébrer
le 400e anniversaire en 2010. Une telle faute de goût
est réparée par Monique Zanetti qui chante ses Airs
de cour raffinés, accompagnés du luth, de la viole et
JACQUES FRESCHEL
Concerto Soave © Catherine Peillon
Thaïs
Les 12, 15 et 19 oct. à 20h, le 17oct.
à 14h30
Opéra de Toulon
04 94 93 03 76
www.operadetoulon.fr
Russes primitifs
L’histoire des arts attribue d’ordinaire les termes
«Ballets russes» à l’ère Diaghilev ayant engendré,
entre 1909 et 1929, des spectacles transdisciplinaires parfois fondateurs de nouveaux langages
chorégraphique, musical et plastique au XXe siècle
(Le Sacre du Printemps, Jeux, Parade, Les Biches, Le
Pas d’acier, L’enfant et les Sortilèges…).
Mais si François-Xavier Roth et l’ensemble Les
Siècles convoquent ces vocables à Nîmes et Aix
c’est pour nous remémorer les toutes premières
saisons (1909-1910) de la compagnie à Paris. Les
musiques étaient encore russes dans l’âme, empruntes de folklore slave, tournées vers le siècle
passé : un temps d’avant le «choc» Stravinsky de
1913. On entend donc des pièces symphoniques
signées Borodine (Danses Polovstiennes) ou RimskiKorsakov (Shéhérazade), comme des ouvrages
collectifs (Le Festin, Les Orientales), pièces agencées
pour les chorégraphies encore très classiques, juste
un brin folkloriques, de Fokine.
du clavecin dans l’acoustique intime du Temple
Grignan (le 30 sept. à 20h30).
L’Aixois André Campra est né, quant à lui, 50 ans
après. Autour de sa cantate Didon, Les Folies
Françoises de Patrick Cohën-Akenine (violon &
direction) escortent la soprano Anne Magouët dans
des opus de contemporains également inspirés de
l’histoire tragique de la Reine de Carthage (le 1 oct.
à 20h30 – Temple Grignan).
La soprano María Cristina Kiehr, son complice
Jean-Marc Aymes et les cordes de Concerto
Soave interprètent enfin la cantate Bella Madre dei
fiori d’Alessandro Scarlatti et le Salve Regina de
Pergolèse (le 3 oct. à 18h – Eglise Saint-Laurent).
J.F.
Automne baroque
du 30 sept. au 3 oct
Marseille
Espace culture
04 96 11 04 61
www.concerto-soave.com
Offenbach in progress
La Vie parisienne est peut-être, parmi les opérettes
régulièrement jouées d’Offenbach, celle qui est la plus
«théâtrale»… ou sans doute celle qui exige, de la part de
ses interprètes, un équilibre (rare !) entre leur jeu
d’acteur (pour les importants dialogues parlés) et leurs
facultés vocales (pour les airs chantés : «Je suis brésilien,
j’ai de l’or», «Je veux m’en fourrer jusque-là», «Je suis veuve
d’un colonel»…). L’œuvre créée en 1866 est un peu
l’ancêtre de ce que l’on nommera plus tard la Comédie
musicale.
De fait, Alain Sachs propose une mise en scène qui
pousse ses acteurs/chanteurs à danser et, de surcroît,
jouer la partition adaptée et dirigée par Patrice
Peyriéras. Il imagine de jeunes artistes passant un
casting et découvrant l’œuvre en l’interprétant autour
d’un piano. Le plateau de scène fait office de décor et
sert d’écrin à un jeu de «théâtre dans le théâtre» où
champagne, cancan et fantaisie trouvent leur place. Un
spectacle festif qui a connu un vif succès lors de sa
création à Paris en décembre 2009.
JACQUES FRESCHEL
La Vie Parisienne © X-D.R.
JACQUES FRESCHEL
Ballets russes
Le 5 oct. à 20h30 (scol. à 14h30)
Grand Théâtre de Provence, Aix
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
Le 6 oct. à 19h
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.org
La Vie parisienne
du 28 sept. au 2 oct. à 20h30
(sauf 29 sept. à 19h)
Théâtre du Gymnase, Marseille
0 820 000 422
www.lestheatres.net
Pour tout l’orgue du monde
F.-X. Roth © Celine Gaudier
Pour sa 14e édition, le Festival International
d’Orgue de Roquevaire programme un plateau des
plus éclectiques autour du gigantesque instrument et
ce jusqu’au 17 octobre. Après le récital du trompettiste virtuose David Guerrier accompagné par
Michel Robert aux claviers, le Grand Prix de
Chartres Saki Aoki sera à découvrir dans un programme à l’accent français : Couperin, Franck,
Litaize, Duruflé (18/9 à 21h). Suivra une association
des plus singulières avec le Trio Delta (percussions)
et Jean Guillou (26/9 à 16h), puis le quintette de
cuivres Magnifica dialoguant avec Michaël
Matthes (2/10 à 21h). Le concert associant Emilie
et Michel Gastaud (harpe et percussions) et
Philippe Brandeis à la console attise à juste titre
bien des curiosités (10/10 à 16h). Ce sera avant le
récital de Vincent Dubois pour un programme
essentiellement français. La clôture du festival se fera
sous les cordes du violoniste Diego Tosi pour un duo
avec Baptiste Marle-Ouvrard qui, par leur
répertoire (Sarasate, Ysaye, Paganini…), ne manquera
pas de panache (voir 76).
FREDERIC ISOLETTA
Festival de Roquevaire
04 42 04 05 33
www.orgue-roquevaire.fr
46
MUSIQUE
AU PROGRAMME
Musique ancienne Chopin et Vivaldi
Bach
aux pianos
Le festival Les Nuits pianistiques débute par une La saison avignonnaise débute avec de la musique Pour l’ouverture du festival automnal à l’abbaye
intégrale des Concertos pour 2, 3 et 4 claviers BWV
1060 à 1065 de Jean-Sébastien Bach, avec
l’Orchestre de chambre de Toulouse dirigé par
Gilles Collard, et les pianistes Evelina Pitti, Michel
Bourdoncle, Alexandra Lescure, Antonio Soria
et Artur Jaron.
Les Nuits pianistiques jusqu’au 18 déc
Le 2 oct. à 20h30 Théâtre du Jeu de Paume Aix
Le 3 oct. à 16h Salle Tino Rossi. Les PennesMirabeau
06 16 77 60 89 - www.lesnuitspianistiques.com
ancienne couvrant une vaste période historique. Les
figures héroïques ayant inspiré Cherubini (Circé,
Médée…) sont incarnées par Karine Deshayes avec
l’ensemble Les Nouveaux Caractères (1er oct. à
20h30 Palais des Papes), The king’s consort chante
un programme baroque autour des Leçons de
Ténèbres de Couperin, (le 10 oct. à 17h Chapelle de
l’oratoire), et Mathias Vidal livre des Cantates
françaises pour haute-contre signées Charpentier,
Campra… (le 12 oct. à 20h30 Eglise St Pierre).
Jusqu’au 19 oct. Avignon
04 90 82 81 40 - www.operatheatredavignon.fr
fortifiée de St-Victor, François-René Duchâble
retrouve son compère le comédien Alain Carré pour
un voyage musical et épistolaire autour de l’œuvre et
de la correspondance de Frédéric Chopin. On suit le
fil d’une vie commencée en Pologne et poursuivie à
Paris, vers Nohant avec Georges Sand ou aux
Baléares… (Le 23 sept). Alberto Martini et I
Virtuosi Italiani jouent ensuite les Concerts de la
nature et des passions humaines de Vivaldi (le 7 oct).
JACQUES FRESCHEL
Festival de Saint-Victor
Jusqu’au 2 déc, Marseille
04 91 05 84 48 - http://www.chez.com/saintvictor
Au Programme
Hommages
Patrimoine 3
Méditerranée
À Pierre Barbizet et Victor Vasarely par la pianiste
Evelina Pitti dans Bach, Dutilleux, Rachmaninov.
Les Festes d’Orphée propose un panorama musical
de compositeurs locaux baroques (Campra, Poitevin,
Gilles, Gantez), romantique (Félicien David) ou plus
récents (Milhaud, Villette, Tyack).
L’ensemble Maye et le Quatuor vocal féminin
Balkanes chantent la tradition grecque d’Asie
mineure et la Bulgarie polyphonique.
AIX. Le 16 sept. à 20h30 Fondation Vasarelyi
Concerts d’Aix - 06 09 54 06 77
Evelina Pitti © Gerard Pau
AIX. Le 19 sept. à 16h Eglise du St-Esprit
04 42 99 37 11 - www.orphee.org
AUBAGNE. Le 3 oct. à 17h Comoedia
04 42 18 19 88 - www.aubagne.com
Mexique
Flûte/piano
Concert de Mariachis dans le cadre du Festival
Mexico Magico
Clara David (flûte) et Gisèle Mouret (piano) jouent
Debussy (Syrinx), les Sonates de Poulenc et Prokofiev
(n°2)…
MARSEILLE. Le 18 sept. à 19h Théâtre Toursky
04 91 90 10 95 - www.mexicomagico.net
MARSEILLE. Le 8 oct. à 20h30 La Magalone
04 91 39 28 28 - www.citemusique-marseille.fr
Piano
Récital de la jeune pianiste aixoise Emile Capulet
dans Chopin, Schumann, Mozart, Schubert.
CASSIS. Le 19 sept. à 15h Château
06 63 70 56 52
Orgue
Concert inaugural de l’orgue restauré de St-Giniez
(Mutin- Cavaillé Coll de 1912) par l’ensemble Da
camera avec André Rossi à la console et ses
complices, pour un programme mêlant classique et
jazz, comme les fantastiques impros Bach/Coltrane
joués avec le sax de Raphaël Imbert…
MARSEILLE. Le 23 sept. à 20h30 Eglise de St-Giniez
Libre participation 04 91 23 01 10
Patrimoine 1
Baroques-Graffiti présente, dans le cadre de
l’exposition des collections italiennes du musée des
Beaux-Arts à la Vieille Charité, Viaggio musicale
«Tableaux bibliques» mis en musique par Johann
Khunau (1660-1722) avec Corine Milian (voix),
Ömer Konur (kaval-duduk) et Jean-Paul Serra
(clavecin).
MARSEILLE. Les 18 et 19 sept. à 18h Chapelle de la
Vieille Charité
09 51 16 69 59 - www.baroquesgraffiti.com
Trombones
Le Tromb’Opéra Quintet (Christian Ballaz,
Laurent Cabaret et Julien Lucchi aux trombones,
Thomas Leleu au tuba et Bernard Pereira aux
percussions) font sonner des pièces de Bernstein,
Michel Legrand, Lennon/Mc Cartney…
Goethe
Récital de Christine Kattner (mezzo-soprano) et
Eduardo de Rafael (piano) : Goethe, mis en
musique par Beethoven, Schubert, Schumann, Liszt,
Wolf, Berg, Thomas.
MARSEILLE. Le 12 oct. à 20h
Auditorium de St-Joseph
04 91 54 76 45 - www.musiqueandco.com
Espagne
L’ensemble Dulcinosa joue Alegria Alegria un
programme de pièces tirées des deux grands
Cancioneros des XVe et XVIe siècles : Musique
espagnole et théâtre d’ombre.
MARSEILLE. Le 15 oct. à 20h30
Auditorim/Cité de la musique
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
MARSEILLE. Le 25 sept. à 17h Opéra
04 91 55 11 10 - opera.marseille.fr
Concert-conférence Le 18 sept. à 13h à l’Alcazar
Explosif !
Patrimoine 2
Programmes de musique de chambre à Valréas
(Musée du cartonnage le 18 sept. à 21h), Vaison-laRomaine (Chapelle St-Quentin le 19 sept. à 18h) et
Bollène (Collégiale St-Martin le 19 sept. à 18h30).
Floraisons musicales (Causerie 1h avant-concert)
04 90 303 600 - www.floraisonsmusicales.com
Jonathan Soucasse (piano) et Cathy Heiting (diva)
livrent un opus lyrico-déjanté mis en scène par André
Lévèque. Opéra Molotov mêle Puccini aux ballades
de jazz ou à la variété décalée.
CORNILLON-CONFOUX. Le 25 sept. à 21h
(en extérieur)
Saison 13 - www.scenesetcines.fr
Ensemble Dulcinosa © X-D.R
48
MUSIQUE
JAZZ
De nombreux lieux à Marseille se fédèrent pour
accueillir la 5e édition de Jazz sur la ville du 1er au 17
octobre : la Cité de la Musique, le Cri du Port, La Mesòn, La Station Alexandre mais aussi le Roll’Studio, La
Maison du Chant, La Bergerie, Le Poste à Galène,
L’Institut Culturel Italien, La Maison Hantée, Le Planet
Mundo Kfé, L’Embobineuse, Le Point Bar/re, Le
Cabaret Aléatoire, L’Espace Julien, La Grotte des
Accoules, Le Nomad Café, L’Eolienne, La Bibliothèque BMVR de l’Alcazar et La Cinémathèque !
L’occasion pour tous les amoureux du jazz de
découvrir des lieux où la musique a d’ordinaire d’au-
tres rythmes dans les oreilles.
On y retrouvera parmi beaucoup d’autres le New
Quartet Line 4 de Christophe Leloil ou encore son
Buk Project, mais aussi Kirie Kristmanson ou encore
le Fantazio duo... Des soirées conviviales, et des expositions : Histoires de Batteries à la Cité de la
musique, Instants Jazz par Denis Dalmasso au Cri du
Port.
Jazz sur la Ville
Du 1er au 17 oct
Marseille, divers lieux
www.myspace.com/jazzsurlaville
Et après ?
Nouveau !
Marseille continue de programmer
du Jazz !
Au Théâtre de la Criée un cabaret Jazz, rendez-vous mensuel
dans une ambiance feutrée, après le spectacle en cours.
Entrée libre, consommations payantes.
17/9 à partir de 21h15 / En quartet, Ronald Baker, Paul Pioli,
Pierre Fenichel, Thierry Larosa.
Et ailleurs ?
Ça jazze aussi
Olivier Temime © Guy Vivien
15/10 à 21h00 Olivier Temime
18/10 à 21h00 Jazz en Scène (scène
ouverte jazz )
La Cave
04 91 392 828
www.citemusique-marseille.com
14/10 à 20h30 Choumissa invite Maria
Simoglou
Aix
18/9 : 22e Nuit du Jazz
Hot Games, Tess 5 tet, Piero Ianetti 6tet,
Roy Swart’s Latin Nonet, Benjamin Legrand
avec Marcel Sabiani trio. Concerts Gratuits
Parc de la Mareschale
04 42 591 971
www.jazzclubprovence.com
7/10 : Steve Coleman and Five Elements
(le saxophoniste de Chicago en attendant
Carla Bley...)
Grand Théâtre de Provence
04 42 916 970
www.grandtheatre.fr
Le Cri du Port
04 91 505 141
www.myspace.com/criduport
Jam Sessions Jazz tous les Mercredis soirs
Mundo K’fé
06 69 97 17 55
www.myspace.com/mundokfe
18/9 Rémi Abram 4tet
25/9 Duo Jazz avec Paul Pioli (g) et Christian Brazier (ctb)
15/10 à partir de 21h30 / Serge Casero, Paul Pioli, Pierre
Fenichel, Thierry Larosa.
La Criée
04 96 178 031
www.theatre-lacriee.com
Avignon
14 au 17/9 à 18h30 Cour du Théâtre des
Doms : Thierry Crommen 4tet (Harmonica)
8/10 Fabien Mary 4tet invite Frank Basile
14/10 Workshop de Lyon / Slogan
19/10 Tom Rainey Trio
AJMI / La Manutention
04 90 860 861
www.jazzalajmi.com
Château Arnoux / Saint Auban
9/10 à 21h00 David Murray & The Gwo-Ka
Masters (Jazz métissé USA-Guadeloupe)
Theâtre Durance
04 92 642 734
www.theatredurance.fr
And on the other hand! Ou tout simplement 5e édition du
Festival des Musiques Improvisées organisée par La
Méson du 16 au 18 septembre. La manifestation se déroulera
dans plusieurs lieux en plus du repaire de la rue Consolat:
le théâtre des Argonautes, l’Andiamo Comptoir Artistique
Phocéen, Akdmia del Tango, Guimik Gallery, et accueillera
Sebastien Coste © Emilie Salquebre
Station Alexandre
04 91 009 000
www.station-alexandre.org
Festival de Jazz à St Rémy
Du 16 au 18 sept
http://jazzasaintremy.free.fr
Moulin à Jazz Domaine de Fontblanche
04 42 796 360
www.charliefree.com
AOTOH ?
17/9 Jazz à Cinq
24/9 Annie Bucchini 4tet
24/9 dès 19h30 Carrese & Friends
16/9 : Hommage à Django Reinhardt ( Jazz
manouche) avec le quintet Loic Cœurdeuil
et le César Swing et en invité Florin Niculescu au violon
17/9 : Le groupe Pink Turtle
18/9 : Tania Maria et son band pour une
incartade brésilienne (Bossa-Nova, Samba,
Choro). Apéro-Swing en divers endroits
dans la ville / Glanum en Musique de 15h
à 18h00 sur le site archéologique.
Vitrolles
2/10 à 21h00 / Kami 5tet
16/10 à 21h00 / Robin Nicaise 5tet
Saint-Rémy
Trois concerts en soirée à 20h30 dans le
Jardin de Sade
Roll Studio
04 91 644 315
www.rollstudio.fr
Inga des Riaux
06 07 575 558
www.inga-des-riaux.com
Kyrie Kristmanson © X-D.R.
Marseille rentre en jazz
entre autres le solo de musique spectaculée et pleine d’air
/ ballon de baudruches de Sébastien Coste (16/9 à 19h)
poursuivi par Barre Philips muni d’une contrebasse et
Emmanuelle Pepin de son corps de danseuse avec leur
numéro Carol’s Dream (à 20h à l’Akdmia). Le lendemain,
l’Andiamo reçoit les Balles perdues de la basse électrique
de David Merlo (19h) et les Argonautes les solos fous du
clarinettiste Xavier Charles (20h30) qui cédera la place à
Emilie Lesbros, instigatrice du projet accompagnée de la
harpe de Raphaëlle Rinaudo (à 20h30 le 17/9). Les boîtes
à cantine de percussions de Claudio Bettinelli résonneront
pour la clôture à la Guimik Gallery (18/9 à 19h) avant de
filer à La Méson (20h) pour écouter Dgiz Solo (voix et
contrebasse) avant l’apothéose finale : la Jam improvisée
avec tous les musiciens du festival (21h).
F.I.
04 91 50 11 61
www.lameson.com
www.myspace.com/andontheotherhand
ACTUELLES
MUSIQUE
LIVRES
51
49
Nouveau lieu pour le Festival Zik Zac qui poursuit son itinéraire à Aix au pied du
viaduc de l’Arc de Meyran les 17 et 18 septembre. La Fonderie-Aix ne ménage
pas ses efforts de programmation pour cette 13e édition, à l’image du site
spectaculaire et imposant. Sous les chapiteaux il faudra composer avec une
centrifugeuse sonore carrément mosaïquée et tournant à plein régime (Mali,
Ouganda, Méditerranée, Venezuela, Europe de l’Est…) avec le tzigane rock des
Mango Gadzi à ne rater sous aucun prétexte, l’afro hip hop malien Smod et le
dance floor marseillais électro-swing de Stereobox (17/9 à partir de 19h30).
Reste à garder des forces vives pour le lendemain : les toujours énergiques
Watcha Clan, l’heavy funk rhodanien de Sfonx ou l’afro blues béninois de Bonga
(18/9). De quoi fêter dignement le dernier week-end de l’été !
FRÉDÉRIC ISOLETTA
www.zikzac.fr
Watcha Clan © X-D.R.
Un dernier goût d’été
De retour
L’art de Rien
Véritable boîte à idées improbables ou lieu de révolution permanente prête à accoucher à tout instant
de concepts théâtro-musicaux-performances auxquels
personne n’aurait jamais pensé ? Ou tout simplement, comme le disent les membres de ce cabinet
de curiosités artistiques, «Théâtre de Fortune &
élevage intensif d’individus, Collectifs de mauvais
goûts pluriels». Rien ne sert d’expliquer plus en détail
les méandres dadaïstes qui hantent le lieu associatif
de la Belle de Mai (avec le concept du sport spectacle prêt à se transformer en terrain de paille pour
une soirée catch complètement tordue ou en hippodrome de fortune pour des chevaux en carton…) !
«Quand se déshabituera-t-on de l’habitude de tout
expliquer ?» Picabia avait posé cette question au
public de Relâche en 1924 sur une pancarte tenue
par Satie, principe applicable à ce cabaret instan-
tanéiste marseillais qui se vit et ne s’explique pas.
Passé le festival sans fin Art et Terrorisme du 11
septembre, La colonie de vacances tour (17/9)
accueille Marvin, Pneu, Papier Tigre et Electric
Electric, que des doux noms pour un noise rock
musclé histoire de fêter la naissance de la compilation Embobinoiz Copulum. Marionnettes et poney-rodéo
(25 au 29/9), pianocktails (installation musicale
alcoolique le 28/9) sauront vous divertir au même
titre que le noise minimaliste d’Agathe Max (19/9)
qui, comme d’autres soirées, a lieu au Data, alter égo
de l’embo au 44 rue des Bons Enfants et pratique
aussi des tarifs accessibles.
FREDERIC ISOLETTA
Présent l’année dernière lors d’une carte blanche,
Rodolphe Burger revient au théâtre de Sète avec le
Concert dessiné, qui fera par ailleurs l’objet d’une
captation vidéo. Chaque représentation étant unique,
oubliez la performance avignonnaise (voir p 12) et
venez découvrir celle qui prendra forme avec les
illustrateurs Philippe Dupuy et Charles Berberian, des
musiciens Julien Perraudeau, Alberto Malo et, sous
réserve, Erik Truffaz.
Concert dessiné
Le 28 septembre à 20h30
Scène Nationale de Sète
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
04 91 50 66 09
www.lembobineuse.biz
Happy
birthday
Marsatac
se pose
à la Friche
Après les atermoiements et refus
(notamment des plages) des pouvoirs
publics locaux, on craignait le pire pour
la 12e édition du festival phare de la
rentrée. Mais à l’instar de l’effigie de
l’édition 2010, Marsatac avance
masqué derrière son bandana. Grâce à
la ténacité de l’équipe, qui a sollicité et
obtenu le soutien des médias, la
Friche Belle de Mai se transformera
le temps de trois nuits de pures folies
sonores (23, 24 et 25 septembre) en
déambulatoire underground géant
pour le bonheur des nombreux
adeptes de la manifestation. Avec
pratiquement cinquante concerts
répartis sur quatre scènes (dont la
Cartonnerie métamorphosée en salle
de 4500 places), et une
programmation toujours plus pointue
alliant électro, hip hop et rock, la
marmite urbaine va bouillir comme
Beat Assailant © Gregory Bozec
jamais pour un festival toujours plus
indépendant et désormais pilote dans
la labellisation durable et solidaire.
Pour s’imprégner du week-end à ne
pas rater, l’homme orchestre Boogers
et l’électro-punkette brésilienne
Cibelle mettront les points sur les i
dès le premier soir (23/9), avant de
faire le grand saut façon hip hop la nuit
suivante (24/9) : Beat Assailant,
Tumi & The Volume ou encore Féfé.
Le dilemme est de tout donner ou de
garder suffisamment de force pour le
climax annoncé lors de la nuit de
clôture ! Le menu est gargantuesque :
A Certain Radio (légende funk de la
Factory mancunienne), Erol Alkan,
The Japanese Popstars, Success
(de retour), le trio infernal marseillais
Nasser… Vivement l’automne !
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Pass 3 nuits 60 euros et 2 nuits
45euros en prévente (50 et 40 euros
tarifs réduits) / nuit de 22 à 25 euros
(16 à 21 réduits).
www.marsatac.com
15 ans ça se fête ! Le Cargo de Nuit,
antre musicale arlésienne, démarre
cette rentrée sur les chapeaux de
roues. La soirée anniversaire du 1er
octobre va faire des envieux, avec le
vernissage de l’expo 15 ans de Cargo
ça s’expose, un concert de GiedRé…
(invitations à retirer à partir du 15/9).
À part ça ? La crème du Jamel Comedy
Club Fabrice Eboué viendra trainer
ses guêtres (21 au 23/9) avant les
concerts attendus d’Andreya Triana
(du bon folk-soul-jazz de Brighton le
2/10 à 21h30) et surtout d’Alice
Russel (15/10 à 21h30). Soirée à
réserver pour écouter le quintet teinté
de funk et de soul qui porte la voix
étonnante de cette véritable révélation,
que ce soit en reprise (Seven Nation
Army des White Stripes) ou en
composition originale (Let us be loving).
Un agenda chargé en Arles…
F.I.
04 90 49 55 99
www.cargodenuit.com
50
MUSIQUE
AU PROGRAMME
AIX
Pasino : Dany Brillant (30/9)
04 42 59 69 00
www.casinoaix.com/fr
Théâtre et Chansons : Les soirées cabaret, L’Autre
Versant de la colline (24 au 26/9), Et toi tu
marcheras dans le soleil… (1er au 3/10)
04 42 27 37 39
www.theatre-et-chansons.com
AUBAGNE
Théâtre Comœdia : Chants sacrés en Méditerranée
(3/10)
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
04 90 02 13 30
www.sonographe.fr
MARSEILLE
Cabaret Aléatoire : Dagoba (1er/10), Martin
Campbell, Blackboard jungle sound system, Kanka
(2/10), Alif & Amandine (6/10), Dj Mehdi, Riton
(16/10)
04 95 04 95 09
www.cabaret-aleatoire.com
Cité de la musique : Kavaldjistan (4/10), Saïko
Nata (8/10)
04 91 39 28 28
pages.citemusique-marseille.com
Espace Julien : Soft (1er/10), festival du plateau :
love corner krew (2/10), Tim Robbins & The Rogues
Gallery band (9/10), The swell season (14/10)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
AVIGNON
Les Passagers du Zinc : The Amplifetes+Be.Noizy
(17/9), Jack Dope & Noise+Pasteur Guy (23/9), Luke
+ Curry & Coco (1er/10), Festival la Triplette des
Passagers avec Izia (14/10), Hocus Pocus (15/10) et
Christophe (16/10)
HYÈRES
Théâtre Denis : Les Zablocks (26/9)
04 94 35 38 64
ISTRES
L’Usine : Eiffel (7/10), Tété (9/10)
04 42 56 02 21
www.scenesetcines.fr
LE THOR
Auditorium de Vaucluse : Hommage à Jimi Hendrix
par N’Guyen Lê (25/9), Emma Daumas (9/10)
04 90 33 97 32
www.auditoriumdevaucluse.com
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
MAUBEC
La Gare : Les Elles, La compagnie du î (8/10), Battle
Graphik #3, Little Ballroom, Les Martine’s Mother
(9/10), Adama Cissoko et les Blakoros, La Mauvaise
herbe (15/10)
04 90 76 84 38
www.aveclagare.org
04 90 51 17 60
www.theatre-antique.com
PERNES-LES-FONTAINES
Centre culturel les Augustins : Festival de la Chanson Vivante avec Sapho, Allain Leprest, André
Minvielle (du 20/9 au 2/10)
04 90 82 40 57
www.chenenoir.fr
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
MARTIGUES
Théâtre des Salins : concert littéraire avec Stéphane
Eicher et Philippe Djian (9/10)
ORANGE
Théâtre antique : Best of Floyd (25/9)
Théâtre du Chêne Noir : concert littéraire avec
Stéphane Eicher et Philippe Djian (15/10)
GAP
Théâtre La Passerelle : Elisabeth Kontomanou (5/10)
04 91 62 49 77
www.lenomad.com
09 54 89 64 49
www.avignonbluesfestival.com
04 90 89 45 49
www.passagersduzinc.com
04 90 22 55 54
www.akwaba.coop
Nomad Café : Beast (14/10)
MONTFAVET
Salle polyvalente : 13e Avignon Blues Festival avec
Honey Hush, Joe Louis Walker (8/10), Big Pete
Pearson, Big James and the Chicago Playboys (9/10)
04 42 18 17 17
www.mjcaubagne.fr
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE
Akwaba : Moussu T e Lei Jovents, (le18/9), ParalLel (contest graff le 24/9), Dagoba+Clone
Shop+Bredd Machine (2/10), Concert jeune public
Weepers Circus (5/10), Beast, Emilie Chick (le
15/10)
Le Paradox : Dj Airsolid (16/9), Misa (17/9), Oda la
lune (22/9), Papaya Cake, Control Alt Supp, Guma
Guma (14/10)
04 91 63 14 65
www.leparadox.fr
>
L’Escale : Soirée électro (7/10), soirée bœuf
(14/10), fête de la paix, concerts gratuits sur le Cours
Foch : Saïko Nata, Les Ch’tis frères de Zebda, Baâziz
l’insoumis, Papet J & Rit, Maxxo, Estrella Polisaria, La
Slam, Danse salsa, Pibo Marquez e La Descarga
Criola (18 et 19/9), Blackberry & Mr Boo-Hoo
(15/10)
Le Sonograf : Christophe Godin trio, hommage à
Jimi Hendrix (23/9)
06 28 43 77 21
http://chansonvivante.com
Tim Robbins et The Rogues Gallery band © Amanda Reelick
Intermédiaire: Killtronik, Hope and Drown (14/9),
Red Corner (15/9), Djs Nantis & Sossa (16/9),
Electro pump (17/9), Mariachis, Dj set (18/9), Mofak
(20/9), Lipstick, Big Fat Papa’z (21/9), The
Glandinians (22/9), Zion Flex (23/9), 2KC Systeme
Noursound (24/9), Eve & Tom (25/9), Jazz Time (5 et
12/10)
04 91 47 01 25
www.myspace.com/intermediaire
La Machine à Coudre : Sunday Mourning, David
Oppetit (16/9), Dirty Wheels, The Stu Ungar Story,
Creepy Cat’s Cadillac (17/9), The Irritones,
Lazybones, The A-Phones, The Keith Richards (18/9),
Rich Deluxe, Sach Trash (2/10), Lord Fester Combo,
The Dirty Farmers (9/10)
04 91 55 62 65
www.lamachineacoudre.com
La Mesón : Tablao flamenco Alejandra Cortes
(2/10), Samenakoa (9/10), Trio Ziad, Boukerrou,
Galeski (10/10)
04 91 50 11 61
www.lameson.com
ROUSSET
Salle Emilien Ventre : My g-g-gereration par l’Atelier
du possible (23/9)
04 42 29 82 53
www.rousset-fr.com
SALON-DE-PROVENCE
Portail Coucou : The Messengers (2/10), Technicolor Hobo, Modern folk (9/10), Tremplin
Buzzbooster (16/10)
04 90 56 27 99
www.portail-coucou.com
TOULON
Oméga Live : Hey hey my my, Appletop (9/10),
Chewy chocolate cookies, Manege 88, The
Slutgarden, Beat Wankers, Pixel Face (16/10)
04 98 070 070
www.tandem83.com
52
ARTS DE LA RUE
SMALL IS BEAUTIFUL | GARDANNE | PORT-SAINT-LOUIS
Ever bigger !!
Small is beautiful ne cesse de grandir, mais n’en perd pas pour autant son âme !
La manifestation mise en place par
Lieux publics se déploie cette année
en trois villes et quatre temps. Et
chacun des épisodes est sacrément
fourni… toujours sur le principe des
performances courtes, urbaines, qui
remettent en cause notre vision du
quotidien. Cela commencera mercredi
6 octobre à midi net par la Sirène
rituelle sur le Parvis de l’Opéra -c’est
Roger Bernat, chef de file des arts de
la rue catalans, qui s’y colle-, puis se
poursuivra à Marseille du 6 au 8 oct
par une descente des 104 marches de
Saint Charles par tous les performers,
circassiens, danseurs invités -L’ai-je
bien descendu ?-, Stephen Bain qui
offre un thé de poupée sur le Vieux
Port, les visites urbaines de Victor B…
L’épisode 2 se déroulera à Martigues
les 8 et 9 oct, avec à peu près les
mêmes ingrédients, plus quelques
contre), et du feuilleton architectural de
Pixel 13, projeté sur un dôme lumineux au cœur des trois villes.
La dernière semaine (du 11 au 16 oct),
retour à Marseille au terme des voyages, pour des performances non-stop
de 18h30 à la nuit, une kermesse, un
polar urbain, et un Mondial de Flashrue
à laquelle vous êtes conviés (le 11
oct)… Avant un épilogue (du 18 au 23
oct) qui nous emmènera à Moscou et
Berlin.
Vous avez dit small ? Vous rigolez…
AGNÈS FRESCHEL
OPUS, La Quermesse de Menetreux @ OPUS Sylvie Monier
délices dada et Fred Nevchehirlian,
mais aussi à Aubagne les 9 et 10.
Avec l’entrée en scène de l’ANPU, qui
produira successivement trois psychanalyses urbaines, à Aubagne, Martigues,
Marseille (et Port-Saint-Louis voir ci-
Small is beautiful
Du 6 au 23 oct
Marseille, Martigues, Aubagne
04 91 03 81 28
www.lieuxpublics.com
Ouverture dans la rue
À Gardanne aussi, depuis 5 ans, on ouvre la saison
dans la rue. En concentrant sur une journée, le 2 oct
de 16h à 23h, des compagnies de tout genre, du cru
et d’ailleurs. La manifestation est extrêmement
populaire et rassemble presque tous les habitants,
comme en un jour de marché. La plupart y
découvraient encore, il y a deux ou trois ans, les arts
de la rue, mais à présent la manifestation est
attendue, comme les Aubagnais ou les Martégaux
guettent en spécialistes les surgissements artistiques
inopinés… Il faut dire qu’on leur offre de l’inspiré, et
du spectaculaire : le Guid de Preljocaj, des fanfares
et des chorales, du hip hop, du théâtre et du clown,
et un spectacle acrobatique et pyrotechnique pour
finir dans l’éblouissement. De quoi convaincre bien
au-delà de Gardanne, où les rues vont trembler…
À noter : Gardanne accueille aussi, le 15 sept,
Warren Zavatta, qui n’avait pu se produire au
printemps (voir p 54).
A.F.
Tremblements de rue
Le 2 oct
Gardanne
04 42 65 79 00
www.ville-gardanne.fr
Deambuloscopie
par la cie Pipototal
© X-D.R.
À l’ouest, du nouveau
La 2e édition de Carrément à l’Ouest, toujours
coréalisée par le Citron Jaune et Ouest Provence,
quitte le centre-ville de Port-Saint-Louis pour s’installer
quartier Ambroise Croizat. Et met à l’honneur le travail
artistique des femmes en programmant des créations qui interrogent leur place dans les arts de la rue
mais aussi les rapports homme/femme de nos jours.
Au programme des petites formes, chorégraphiées,
funambulesques, musicales, théâtrales, et des
spectacles plus importants vont émailler la journée
du samedi 16 octobre, réinventant l’espace urbain
sur un parking, devant le Citron ou au-dessus d’une
palissade.
Avec, entre autres, la danse de Laure Terrier, Mademoiselle, de la cie Jeanne Simone qui est résidence
au Citron du 12 au 16 oct ; les marionnettes de Hélène Pirenne, alias Lorgnette, qui nous racontent un
Chaperon Rouge très personnel en Post Scriptum ; le
récit de l’exilée poétique Solita, qu’incarne Sophie
Talon, à la recherche d’une terre d’accueil, et d’une
identité… ; Paper-glue’n’scotch, la création in situ de
Lili Jenks, actuellement en résidence au Citron, sur
le thème de la prostitution, qui mêle collage, intervention publique et montage vidéo ; le récital lyrique
saugrenu ch’tilysant des deux sœurs Vandekaestecker, l’une soprano l’autre alto, qui célèbre les
Mademoiselle © Zidane
standards de la chanson populaire du nord de la
France ; les Contes de femmes et de bonnes femmes
de Marie Ricard accompagnée à l’accordéon par
Pascale Petit ; la comédie musicale décalée de 3
mémés de 70 ans, pas nostalgiques pour un sou sur
leur mai 68, prêtes à reprendre la lutte, et dont la
particularité est d’être interprétées par… 3 hommes…
Bref, direction plein ouest, là où la rue rejoint l’art et
inversement !
DO.M.
Carrément à l’Ouest
Du 13 au 16 oct
Quartier Ambroise Crouzat,
Port-Saint-Louis
Le Citron Jaune/Ilotopie
04 42 48 40 04
www.ilotopie.com
www.scenesetcines.fr
PETIT ART PETIT | ANPU | SALON
Une journée à part
La 12e édition du festival Petit Art Petit pose sa programmation dans le parc de
l’Oasis, dans le 15e arr. de Marseille, le 25 septembre dès midi
Il est l’un des plus anciens festivals d’art de rue de
Marseille, implanté dans les quartiers Nord, organisé
par l’association Lézarap’art qui propose de faire
découvrir un large panorama de créations contemporaines dans ce domaine. Toute la journée, et même
durant les quelques jours qui précèdent pour certains
artistes que vous pourrez découvrir arpentant les
rues, se succèderont les spectacles, installations, expositions et ateliers, à voir et pratiquer en famille : le
collectif de plasticiens Tout L’toutim, qui récupère
et détourne les objets pour recréer l’environnement
s’installe dans le quartier des Aygalades ; toujours
aux Aygalades, la cie Mungo surprendra avec 12 rue
d’la joie et sa concierge Gigi ; L’illustre famille Burattini exhibera un volatile géant, tandis que Tantôt,
robot dont la lenteur de mouvements apaise, fera
l’objet d’une vidéo-performance ; Les Cousins, un
jongleur maladroit et son chien, seront Complète-
ment à la rue, et croiseront les bizarres créatures de
Cirkatomik et leur PUF, Produit Utile aux Festivaliers…
Accueillis en résidence à Lézarap’art, les artistes
plasticiens Abdelhaq El Youssi et Pascale Mijares
présenteront leurs travaux durant le festival. Enfin, les
ateliers éphémères de création, mini chantiers ouverts à tous, permettent à tout le monde de s’associer
à une ou plusieurs créations individuelles ou collectives Gribouillage dans les branchages, Jardin des
délices, Cartographies mentales…). L’expérience est
à tenter !
DO.M.
Festival Petit Art Petit
Le 25 sept au Parc de l’Oasis
Marseille, 15e
04 91 69 11 80
www.lezarapart.com
ARTS DE LA
LIVRES
RUE
53
Saint-Louis
au divan
L’Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine est une
cie tout à fait loufoque, et profondément subversive.
Elle propose, au terme de séances pas vraiment
sérieuses, mais où des inconscients mine de rien se
dévoilent, de psychanalyser les substrats des villes.
Leur être, leur histoire, leur architetecture, pour dessiner des portraits pour rire, mais pas que. Là c’est au
tour de Port-Saint-Louis, ville industrielle en proie à
des spasmes économiques, départ des croisades
aussi, coupée en deux et tournée vers deux horizons
plats. Qu’en dira l’ANPU ?
Conférence de l’ANPU
Le 1er oct à 19h
Salle Marcel Pagnol, Port-Saint-Louis-du-Rhône
04 42 48 40 04
www.ilotopie.com
Dans les rues de Salon
Pour sa 2e édition, Salon Public, Festival des arts de la rue fait la part belle
aux différentes formes de cirque que
sont le mât chinois, le cadre coréen, le
trapèze, le clown et le mime, accueillant des compagnies régionales (Centre,
Franche-Conté, Languedoc-Roussillon,
Rhône-Alpes et Paca) et étrangères
(Pays-Bas, Japon et Portugal). Un peu
partout en ville, trois jours durant, les
spectacles s’échelonneront, à commencer par le spectacle événement
qui aura lieu dans la Cour du Château,
forme monumentale faite de bois et de
câbles de la cie Tuig, Schraapzucht,
jouée pour la 1re fois dans la région (le
1er oct). Puis, le lendemain, lors d’une
déambulation, vous apercevrez les
personnages du Conte urbain D.O.Q.
de Pudding Théâtre et la fanfare
musicale et théâtrale Musicabrass,
avant de vous diriger vers le Parc de
la légion d’honneur pour voir voler
les artistes du cirque trapèze féminin
et assister à l’absurde et jouissif Voyage en bordure du bord du bout du
On passe a table, Cie Kitschnette © A. Belkacem 2009
monde des déjantés Trois Points de
Suspension sur la Place Morgan.
Dernier jour enfin qui débute avec
Jean-Georges Tartar(e), avant de se
prolonger avec la cie japonaise Sivouplait et ses Silences amusants d’un
couple en blanc sur le Parvis de la
Tour de l’horloge, avant le piquenique sorti du sac passé en compagnie
des Kitschnette, Morosof et
Sivouplait… Pourvu qu’il fasse beau !
Salon Public
Du 1er au 3 oct
04 90 44 89 00
www.salondeprovence.fr
54
CIRQUE
AU PROGRAMME
En musique !
comme les Fratellinis ou Les Barios.
Pour la Cie Bis Repetita et leur spectacle Pao, il s’agit plutôt
d’une confrontation de deux corps et de deux types de
voltige aérienne, l’une à base de corde lisse et l’autre à partir
d’un mât chinois et le tout sur une musique en live. Quant
aux deux clowns de François Cervantès, Zig et Arletti, ils
ont envie de philosopher sur la condition humaine avec une
infinie tendresse et une sensibilité profonde et délicate : celle
de la Curiosité Des Anges. Enfin, dans un entresort
particulier, la Cie Circ’ombellico avec son spectacle
Da/Fort invite le spectateur sur une plate-forme d’un vieux
véhicule aménagé en piste. Deux artistes, débordant de
messages acrobatiques, content leur voyage immobile.
Comme chaque saison il y a plusieurs représentations par
spectacle. Alors à vos agendas !
Ouvrir
en cirque
CLARISSE GUICHARD
Cirque et Entresorts
Du 9 au 15 octobre
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Début de saison en deux parties au
Théâtre de Fos, avec deux spectacles qui
mettent la musique à l’honneur, de façon
bien différente. Dans le Concert insolite,
l’illusionniste Guillaume Vallée est un
musicien bien peu chanceux. Une fois
ses instruments installés, et alors que le
concert va débuter, les incidents
s’enchaînent ; les instruments ne veulent
rien savoir et se rebellent, se dérobent,
se transforment… dans une magie
théâtrale très visuelle. En deuxième
partie de soirée les musiciens du groupe
Cotton Candies mêlent, dans un
concert plus conventionnel celui-là, leurs
propres compositions aux reprises jazz
des années 30.
Concert insolite suivi de Cotton Candies
Le 2 oct à 19h
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Héritages…
ca va pas se faire tout seul © Vincent Muteau
Pour ouvrir la saison du théâtre, les artistes
investissent la ville d’Arles et ses alentours et
entraînent dans des univers insolites et
poétiques : ceux de Cirque et Entresorts, où
règnent virtuosité, humour et esprit de fête
C’est ainsi qu’au détour d’une déambulation lascive et urbaine, il sera possible de rencontrer plusieurs compagnies
de cirque de rue, de clown et de théâtre physique et fantastique, comme la Cie Anomalie avec leur nouvelle création
Mister Monster. À travers une interrogation commune sur le
monde moderne, circassiens, danseurs, acteurs et musiciens interrogent les personnalités doubles et troublantes, et
la gémellité.
La Cie espagnole Escarlata Circus propose avec Devoris
Causae la mise en bouche d’une grande cuisine théâtrale
où gourmands et gourmets auront l’occasion de combler
leurs cinq sens. Les Cousins présentent deux spectacles,
l’un en solo, avec Complètement à la rue où Lolo s’essayera
à la création d’un spectacle en compagnie de son chien
Bébert, pour un véritable numéro de chien savant semé de
blagues, de jonglerie et d’instants musicaux ; le deuxième
spectacle, Ça va pas se faire tout seul, est un duo entre
maladresse et illusions scéniques, où Julot et René,
inséparables, rendent un hommage aux clowns d’antan
Avec un nom pareil difficile de faire autre chose
que le clown… C’est pourtant la profession que
Warren Zavatta, petit-fils du grand Achille,
voulait éviter. Lui voulait jouer la comédie, et
d’ailleurs c’est ce qu’il fait, même si, quand on
est «romano», petit-fils, fils et neveu de...,
résident de la «grande famille du cirque», on
commence à faire ses gammes avec les
disciplines de base. De fait il sait tout faire et le
démontre avec humour et distance durant tout le
spectacle. Tout en dézinguant à tout va le milieu,
les coulisses peu reluisantes, le lourd atavisme,
l’absence du grand-père et surtout le peu de
reconnaissance qu’il lui accordait. Mais la satire
bénéficie du recul tendre et «raisonné» de cet
artiste qui veut avant tout faire rire, se moque de
lui-même avant de se moquer des autres, et finit
par s’incliner devant ce grand-père pour qui il a
«un immense respect» mais qui lui a tant manqué.
Ce soir dans votre ville
Le 15 sept
Cinéma 3 casinos, Gardanne
04 42 65 79 00
www.ville-gardanne.fr
Le 29 sept à 20h30
Théâtre de La Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
Le 14 oct à 21h
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
… sans nez rouge !
Ils sont clowns mais leur discipline s’inspire plus de la pantomine, leur grande spécialité. Après quatre
semaines de résidence au théâtre de l’Olivier, Madona Bouglione et Popy Moreni créent Pentimento
sur la musique du Lac des cygnes de Tchaïkovski, mêlant au cirque d’autres formes d’expression plus
contemporaine qui font confrontent danse, musique, vidéo, acrobaties et arts de la piste. «Un théâtre
pauvre qui invente à partir de rien», explique Madona Bouglione, mais un presque rien fastueux qui
soutient leurs thèmes de prédilection, «l’amour, la mort, la haine»… Un cirque qui se veut «sans aucune
considération de genre», mais «aristocratique et populaire, anticonformiste et audacieux», à l’image de
la directrice artistique de Cirque O Présent.
Pentimento
Du 1er au 3 oct
Théâtre de l’Olivier,
Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
© X-D.R
La plus drôle
pour aller danser
décide de mettre ses nouveaux textes en
vers et en musique, enfin à sa manière,
en s’accompagnant de musiciens talentueux certes, mais pas piqués des vers,
justement ! Les Los Pistoleros. Ensemble, ils créent Le Prozband, un groupe
hors norme, grinçant et terriblement drôle
où Proserpine slame,
Proserpine et son Prozband © X-D.R.
chante, danse, drague,…
sur des thèmes que lui a
inspiré son Tour de
France International, où
elle s’est appliquée à
«fabriquer des liens» avec
tous. Et ça tombe bien :
elle est attendue au Bal
du Début pour nous faire
virevolter dans un
tourbillon de rire !
Elle n’est pas née de la dernière pluie,
elle n’est ni jetable ni recyclable, ni
rechargeable, ni même échangeable !
C’est Proserpine, la clown publique qui
dit merde, crache, fait pipi, enfin toutes
ces choses si humaines mais si honteuses. Dans sa dernière création, elle
C.G.
Proserpine
et son Prozband
L’Apprentie Compagnie
Le 24 septembre à 19h
Le Sémaphore,
Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphoreportdebouc.com
Enfants de la balle
Pour la 5e année, la Loly Circus fait son
festival en Pays d’Aix, à Cabrières, Pertuis
et Coudoux : un festival de cirque itinérant -et gratuit !- qui se propose de «faire
voir pour faire faire». La compagnie, qui
est aussi une école de cirque mobile,
exploite ses compétences en pédagogie
et formation cirque en proposant des
ateliers, pour enfants et adultes, «pour
développer ses capacités sur terre et
dans les airs» : l’équilibre avec la boule et
le fil, les acrobaties sur piste avec les
portés, les exercices aériens avec le
trapèze fixe et le hamac et la jonglerie.
Et pour que le plaisir soit complet, un
spectacle vient s’intercaler au milieu :
Plume de chat est un voyage à la découverte de Tawa, l’esprit du soleil dans une
légende des indiens Hopi, avec force
délires acrobatiques et aériens.
De cirque en village
Le 18 sept à Cabriès
Le 25 sept à Pertuis
Le 26 sept à Coudoux
06 18 91 76 94
www.lolycircus.com
Acrobatie de la vie
Le duo Zimmermann & de Perrot
continue de semer la poésie sur sa route.
Présenté au Festival d’Avignon 2010,
Chouf Ouchouf recrée le monde en équilibre de 12 acrobates issus du groupe
acrobatique de Tanger. Apparitions/disparitions dans la ville labyrinthe
recomposée en d’ingénieuses tours
mobiles et cascade de saynètes sur la vie
marocaine composent une mosaïque de
situations tendres sur un plateau qui a la
bougeotte. Un festival de couleurs et
d’énergie sur le thème de la rencontre
avec l’inconnu qui nous fait chanceler
dans nos certitudes. Véritables châteaux
de cartes humains qui gravissent des
sommets d’équilibre pour nous tenir en
alerte et nous faire regarder et regarder
encore avec des yeux émerveillés. Une
chorégraphique circassienne pleine
d’humour.
Chouf Ouchouf
Du 16 au 18 septembre
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
CAHIER JEUNESSE
Chapeau bas !
Pour son ultime saison au Théâtre
Massalia, Philippe Foulquié signe une
programmation délibérément ouverte sur les styles,
les formes, les continents, et reste fidèle à de nombreux
compagnons de voyages
«Je quitte la direction de la Friche de la
Belle de Mai le 31 décembre 2010» a
annoncé, ému, son fondateur Philippe
Foulquié, mais je me recentre sur le
Théâtre Massalia pour œuvrer à ma
succession». Ce théâtre dont il signe la
24e saison et qui «restera à la Friche car
sa principale activité est ici, tout en étant
hors les murs». Plus d’ambiguïté donc
sur l’avenir du Théâtre Massalia qui,
malgré une santé financière délicate
(comme toute la culture aujourd’hui at-il souligné), continuera «à cultiver la
curiosité du public, les échanges et les
coproductions». Et pour clore le débat
sur la scission entre jeune public et tout
public qui lui semble être d’arrièregarde, Philippe Foulquié réaffirme la
position de Massalia «d’être au-delà de
ce type de clivage». D’ailleurs la
tarification favorise l’accès aux
spectacles à un public familial avec un
tarif unique enfant/adulte à 7 euros et
des cartes d’adhésion à 5 et 15
euros…
Quel sera donc le visage de
Massalia en 2010/2011 ?
Kaléidoscopique à l’aune des 27
spectacles programmés et des nombreux projets : ateliers avec les Cies Vol
plané, Rodisio, 2b2b, focus sur la
littérature jeunesse (Nathalie Papin,
Karin Serres et Philippe Dorin), Culture
à l’hôpital avec Katy Deville. Régional
car de nombreux artistes y seront
accueillis en résidence ou présenteront
leurs dernières créations : Arketal,
Tandaim, L’Entreprise, Théâtre de
Cuisine… International aussi car
Massalia franchit les Alpes vers l’Italie à
l’occasion de la manifestation Les
Pouilles à Marseille, plus au nord en
Allemagne pour la création S.I.C
Système Immunitaire en construction de
2b2b et Talking Legs, et traverse même
la Méditerranée jusqu’au Liban
(collectif Kahraba et Cie Extramuros
pour Arabiyetna) et Taiwan (création La
Naissance, Cies L’Est et l’Ouest et Flying
Group)… Musical parfois grâce à une
nouvelle collaboration avec Le Cri du
port qui sensibilisera le public à la
chanson actuelle (À cloche-pied hop
hop hop avec Muriel de Mars) et à son
alter ego varois le PôleJeunePublic qui
lance son premier Z festival de Zik (Le
roi des papas de Vincent Malone).
Si cette année Massalia engage des
collaborations avec le Théâtre de la
Tête noire, les Cies Zabraka et Tête de
Pioche, le Collectif Kahraba, c’est bien
Il Malato immaginario ovvero par le Teatro Kismet Opera ouvre la saison de Massalia © C. Bari
sous le signe des retrouvailles que
Philippe Foulquié tire sa révérence : le
Teatro Kismet Opera qui ouvre la
saison (13-20 oct.), Mediane, La Main
d’œuvres, Thérèse Angebault, Sylviane
Fortuny et Philippe Dorin, Cyril
Bourgois, Rodisio, Lunasol, François
Cervantès et Christian Carrignon,
Jean-Pierre Larroche, le Butchinger’s
Boot…
Une saison en forme d’au revoir qui
marque son ancrage historique dans la
vie culturelle de la cité, sa fidélité pour
ceux qui ont participé à l’aventure
comme sa curiosité pour les jeunes
artistes et les formes émergentes.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Théâtre Massalia, Marseille
Saison 2010/2011
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
Un jeu d’enfant
Le temps d’un week-end (9-10 oct), la manifestation nationale Monument jeu
d’enfant concilie activités ludiques et pédagogiques à la découverte du patrimoine.
Dans 38 monuments de France, dont 3 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, les
enfants de 5 à 12 ans sont les «cibles» privilégiées des artistes, comédiens, artisans
et guides qui ont plus d’une corde à leur arc pour les sensibiliser aux vieilles
pierres.
Deux journées inventives durant lesquelles la cité de Glanum à Saint-Rémy-deProvence (13) revit à l’heure antique et évoque la vie quotidienne à travers,
notamment, des métiers de l’époque : muni d’un livret-jeu, chaque enfant devra
le remplir au gré de ses rencontres avec les habitants de la ville… Au monastère
de Saorge (06), la Cie Arketal organise une exposition qui est aussi une initiation
à la manipulation de marionnettes (L’Atelier d’Arkétal) et une série de petits
spectacles de 10 minutes interprétés par la marionnettiste Sylvie Osman, sur un
texte de Jean Cagnard (La loi de l’oie). Enfin, pour raconter les très riches heures
de l’abbaye de Montmajour (13), la Cie Khoros a imaginé un spectacle
déambulatoire autour d’une intrigue mystérieuse : à chaque pièce du monument
correspond un chapitre de l’histoire mettant en scène, en images ou en musique,
un bout de la société médiévale : les femmes, les moines, les nobles, le peuple…
Un jeu de piste à feuilleter comme un grand livre d’images car, à chaque chapitre,
les participants devront trouver un indice qui leur permette d’imaginer la fin de
l’histoire.
M.G.-G.
Montmajour © Floriane Doury-cmn
Sité archéologique de Glanum, St-Rémy-de-Provence
04 90 92 35 07
www.glanum.monuments-nationaux.fr
Monastère de Saorge, Saorge
04 93 05 55 55
www.saorge.monuments-nationaux.fr
Abbaye de Montmajour, Arles
04 90 54 64 17
www.monuments-nationaux.fr
INSTITUT CULTUREL ITALIEN | BADABOUM THÉÂTRE
Viva l’Italia !
L’Institut Culturel Italien de Marseille
est une belle maison, claire et arrondie,
qui décline ses terrasses et se niche
depuis les années 30 à côté du
Consulat. Ouverte au public, elle
dispense de nombreux cours, en
particulier aux enfants, durant l’année
et les vacances scolaires. Émanation du
Ministère de la Culture Italien, l’Institut
fait partie d’un réseau mondial de 90
établissements destinés à promouvoir
la langue et la culture italiennes, enseignées par des locuteurs italiens et
répondant aux critères de compétences internationaux. L’inscription aux
cours donne accès aux activités culturelles, nombreuses et variées, qui ont
lieu dans ses murs ou auxquelles il
s’associe : ainsi durant les mois de
septembre et octobre, l’Institut organise des rencontres autour des
programmations d’Andrea Chénier à
l’Opéra, de la Semaine des Pouilles au
Massalia, de Films Femmes Méditerranée… Il sera présent à la Foire de
Marseille avec l’exposition Italianita.
Afin de présenter toutes ses activités,
et en particulier les cours de langue,
l’Institut ouvre ses portes le 18 sept. Et
SAISONS 57
donne rendez-vous aux enfants à
11h30 et 16h, et de 10h à 18h pour
les plus grands et les adultes. Des tests
de niveau gratuits sont proposés, ainsi
qu’une présentation des ateliers du
samedi (de la littérature et la conversation à la cuisine !), et du fonds de
livres, disques et DVD : 18 000 volumes à votre disposition !
Quoi de plus ? l’Institut offre aux
abonnés de Zibeline des adhésions
annuelles gratuites…
A.F.
Institut Culturel Italien
Marseille 5ème
04 91 48 51 94
www.iicmarsiglia.esteri.it
Atelier des enfants à L’Institut culturel italien © X-D.R
Voir et faire
Le Badaboum fête ses 20 ans cette
année avec une programmation qui
compte une trentaine de spectacles
pour enfants à partir de 3 ans : reprises
de spectacles-maison, créations et
accueil de troupes extérieures. Un
choix passionnant d’histoires puisées
au fond de l’imaginaire collectif ou inspirées des transformations de notre
société. Les spectacles ont lieu les
mercredis et samedis, et pendant les
vacances. Après chacune des représentations est proposé un atelier pour
traduire les émotions en jeu, avec
costume et maquillage, et s’exprimer
sur les thèmes qui ont été évoqués.
Peu à peu les enfants apprennent à
devenir des spectateurs actifs et
réactifs !
Par ailleurs des cours et des stages de
théâtre et d’initiation au cirque sont
régulièrement dispensés ; les enfants
abordent les notions de jeu, de scénographie et participent complètement
à la préparation d’un spectacle de fin
d’année, y compris par la pratique
d’ateliers d’écriture. En septembre,
pour la 2e année, le Bada fait son Boum
et propose un mini festival de spectacles invités qui témoignent de la
diversité et de la richesse du théâtre
Jeune public.
CHRIS BOURGUE
Le Vilain petit canard © X-D.R
Le Bada fait son Boum
jusqu’au 25 sept :
4 propositions très différentes dont
un spectacle marocain de la Cie Arta
créé et joué par des enfants
Badaboum Théâtre, Marseille
04 91 54 40 71
www.badaboum-theatre.com
58
SPECTACLES
AU PROGRAMME
Des équilibres
Rébellion !
Le Petit chaperon Uf © Cie Punchisnotdead
Dans la version très moderne de Jean-Claude
Grumberg du conte de Perrault, Le Petit Chaperon
n’est pas rouge, elle est Uf, ne doit pas porter de
capuchon rouge, ni posséder certains aliments, la loi
l’interdit ; quant au loup,Wolf, c’est en fait un caporal
nazi : la loi, il la fait appliquer. Le texte de Grumberg,
ainsi que les marionnettes de Cyril Bourgois et la
musique de Philippe Orivel revisitent avec humour
les pages terribles de l’histoire. Une relecture qui
permet aussi de lancer un avertissement aux
spectateurs : «Demain, si l’on n’y prend garde, les loups
s’attaqueront peut-être aux enfants Ifs ou Gnifs ou
Gnoufs, les loups seront toujours les loups et vous savez
comment ils savent dissimuler leur bave et leurs grandes
dents sous de belles et trompeuses paroles avant de se
mettre à hurler et à mordre.»
La Piste Là
du 15 au 31 octobre
Parc des lices,Toulon
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.com
Chorépictural
Allégorie ludique et poétique autour de la création,
Henriette et Matisse est une chorégraphie de Michel
Kelemenis qui s’élabore avec l’artiste, son modèle, le
pinceau du trait et celui de la couleur. Quatre
danseurs qui incarnent l’œuvre du peintre, son geste
précis, ses tableaux qui se dessinent dans l’espace et
laissent intacte l’imagination des enfants qui regardent.
Cette rencontre de deux arts du mouvement, la
danse et la peinture, invente une œuvre singulière,
lumineuse.
Henriette et Matisse
dès 4 ans
6 oct 15h
Théâtre des Salins, Martigues
13 oct 14h30
Théâtre du Jeu de Paume, Aix
0 820 000 422
www.lestheatres.net
>
Le Petit Chaperon Uf
dès 7 ans
6 oct 14h30 et 18h30 à l’Odéon
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Après le cirque Romanès et Les Têtes en l’air, le
PôleJeunePublic récidive en ouvrant sa saison sous
chapiteau avec le premier spectacle en circulaire du
Cirque Aïtal, La Piste là. Un titre en forme de
«manifeste» pour dire leur attachement au cirque
traditionnel tout en s’en moquant gentiment… Sur
cette piste là, il y a un grand costaud et une petite
blonde, voltigeuse et finlandaise, une incompatibilité
physique entre «deux corps en trois D» d’où naît un
comique poétique… et périlleux car les comédiensmusiciens sont aussi d’incroyables acrobates ! Dans
un décor sobre, contrebasse, trompette, tuba,
accordéon et banjo sont prétextes au jeu,
accompagnent leurs prouesses soulignées par une
lumière électrique.
Henriette et Matisse © Agnès Mellon
En boîte
C’est l’histoire d’une histoire d’amour tendre et
poétique entre Olivia qui traverse le monde dans
une boîte, et Milos qui fait tout pour éviter d’avoir
des pépins… Une histoire au cours de laquelle
s’envolent chaussettes et autres objets incongrus, où
s’enchevêtrent boîtes, échelles et valises, où l’on
jongle avec des objets lumineux. Les personnages
excentriques de Klinke font partager leurs émotions
dans un rythme soutenu qui mêle adroitement
théâtre, cirque et danse.
Klinke
dès 5 ans
24 sept 19h au Citron Jaune
Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis du Rhône
04 42 48 52 31
www.scenesetcines.fr
Tourbillonnant
Et le malade ? Imaginaire… Vue par Teresa Ludovico
et sa compagnie Il Teatro Kismet, la pièce de Molière
a pour décor l’Italie du sud, peuplée de personnages
de la commedia dell’arte. Fidèle au texte, enrichie
d’une mise en scène inventive, Il Malato immaginario
place Argan au centre de cette comédie pétillante et
burlesque : c’est le Molière du théâtre dans le théâtre,
des farces et de la dérision face au «ridicule de
l’humanité» qui a séduit la troupe, bien décidée à
partager son enthousiasme.
Spectacle présenté dans le cadre de la manifestation
Les Pouilles à Marseille
Il Malato immaginario
dès 12 ans
13 et 16 oct 20h
La Cartonnerie, Friche Belle de Mai
Théâtre Massalia
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
Désopilant
Encore un artiste qui nous vient du Québec, Fred
Pellerin, mais qui atterrit à Briançon avec un conte à
la langue inventive : L’Arracheuse de temps qui mêle
comme par enchantement le vrai et l’impensable,
l’aujourd’hui et l’hier, le forid de dehors et la tendresse
humaine de dedans. Dans ce conte qui ne tient qu’à
un fil, il « brodeurise » à souhait, tord les mots,
multiplie les digressions fantaisistes et les images avec
un semblant de légèreté que son physique d’éternel
adolescent ne saurait contredire. Bref, on est tour à
tour la Stroop, sorcière énigmatique, le décoiffeur, le
curé neuf, le forgeron surhormoné, le voisin Jacques
sans croire un instant que le rideau va bientôt
tomber.
L’arracheuse de temps
20 oct 20h30
Le Cadran, Briançon
04 92 25 52 52
www.theatre-le-cadran.eu
Révélation
Il suffit d’un grain de sable issu des étoiles, et de
marionnettes, pour que l’on entame un long périple
depuis le sud du Liban jusqu’aux rives du SaintLaurent, là-haut au Québec. Et que l’on assiste à une
rencontre merveilleuse avec un vieil homme…
Inspiré de l’histoire d’Antonio Youssef Zacharia,
immigrant libanais installé au Québec et père de
l’auteure et marionnettiste Agnès Zacharie, le
spectacle-conte est un moment de pure poésie, aussi
intime et insolite que le bus itinérant dans lequel la
Cie Ubus Théâtre nous invite à monter. On y grimpe
d’autant plus volontiers que le voyage est inoubliable.
Le Périple
dès 5 ans
13 oct 14h30 et 18h30 Callas, 14 oct 18h30 Claviers,
15 oct 18h30 La Motte, 16 oct 14h30 et 18h30
Châteaudouble
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
SPECTACLES 59
Troublant
Dans une pénombre mystérieuse, Étienne Saglio est
magique, adroit et manipulateur ! C’est que ce jeune
prodige a plus d’un tour dans son sac et qu’il sait
transformer le réel sous nos yeux ébahis. Son
spectacle de magie nouvelle Le soir des monstres
surprend, déstabilise parfois, fascine, enchante par ce
qu’il offre de poétique et d’irréel : avec lui, les objets
ont une deuxième vie, ils ensorcellent et se
transforment. Ils sortent du placard comme on
sortirait de l’enfance, doucement… Etienne Saglio
nous ouvre les portes de l’étrange et du fantastique
avec une économie de gestes et une grande force
évocatrice.
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Le soir des monstres
dès 8 ans
3 oct 18h30
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Lumineux
Drôle d’histoire que celle de Mama Luna qui, une
nuit, décide de traverser la fenêtre de sa chambre
pour redonner vie à sa vie et à celle de ses sœurs
restées trop longtemps endormies, grises et
oubliées… Au point que leur chambre était devenue
grise et oubliée ! Un seul rayon de lumière et hop !
la pièce s’illumine et les visages rayonnent. Ce
spectacle est comme une lueur d’espoir racontée au
jeune public par la Cie Cerchio di Gesso qui en a fait
ses spectateurs privilégiés depuis 20 ans.
Spectacle présenté dans le cadre de la manifestation
Les Pouilles à Marseille
Mamma Luna
dès 4 ans
20 oct 15h
La Gare franche, St Antoine
Théâtre Massalia
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
Le soir des monstres © Elsa Revol
Rêves d’ados
Nouvelle scène
S’en est fini du nomadisme pour la Cie Equivog qui,
après 25 ans, a désormais un camp de base à
Marseille, le Théâtre des Chartreux ! Il sera inauguré
le 29 septembre en lieu et place d’une boîte de nuit,
équipé d’un plateau avec gradins, d’un espace
d’accueil et d’exposition, et d’un jardin dont
l’aménagement est prévu en 2011… D’ici aux beaux
jours, Equivog présentera ses créations «maison»
(Tartuffe(s) la Répétition, spectacle de théâtre
clownesque et d’humour), poursuivra ses tournées
dans les communes de la région tout en gardant la
porte ouverte aux compagnies en mal de diffusion.
La couleur de cette première saison est plutôt
tendance clown et musique, tout public et jeune
public, avec la Cie Eponyme et son récital poétique
Voyage en Pouésie ou le cabaret-théâtre de la Cie La
Cohue Trois lunes sur un fil…
Théâtre des Chartreux,
Marseille 4ème
Le 25 septembre, présentation de saison en présence
des compagnies invitées et extraits de spectacles
04 91 50 18 90
http://theatredeschartreux.free.fr
La Cité a pour particularité de s’adresser aux ados de
tous les milieux et tous les quartiers. Depuis octobre
2008, en partenariat avec Karine Fourcy et la Cie
Traversée(s) nomade(s), elle a convié des
adolescents pour des temps de recherches et de
travail de plateau. 25 jeunes, entre 15 et 20 ans, ont
travaillé à la création d’un spectacle dont ils sont les
co-auteurs et les acteurs. Ils ont construit à partir de
leurs mots, de leurs questions, de leur jeu, dans divers
lieux, les soirs, les samedis et pendant les vacances
scolaires. Partir de soi, de son univers, familial, culturel,
social, observer, mettre en jeu. Regarder l’autre.
Autre travail avec des centres sociaux : deux cinéastes
Anne Alix et Aurélia Barbet, l’artiste multiforme Till
Roeskens ont, dans trois quartiers, réalisé Ça part de
là... entre documentaire et fiction vie réelle et vie
rêvée.
Le(s) pas comme un(s)
30 sept et 1er oct 20h30, 2 oct 18h
Ça part de là...
2 oct 20h30
Réouverture le 24 sept à 19h
La Cité, Maison de théâtre
www.maisondetheatre.com
Fils d’Ulysse
Rendez-vous au Gyptis si vous n’avez pas encore vu
le délicieux spectacle que Josette Baïz a ranimé en
2007 avec les enfants de son groupe Grenade !
Créée en 1981 par Jean-Claude Gallotta cette pièce,
qu’elle a interprétée, a été adaptée par les deux
chorégraphes pour 15 jeunes enfants. Une belle
énergie, un plaisir évident de danser dans un décor
blanc et des costumes immaculés. Josette Baïz estelle fée ou un peu sorcière pour parvenir à tant
d’excellence avec de si jeunes enfants !
Ulysse
7 oct 19h15, 8 oct 20h30
Le Gyptis
04 91 11 00 91
www.theatregyptis.com
Virtuose
C’est un spectacle qui nous vient du bout du monde,
d’Australie précisément, par la Cie Circa qui flirte
avec le théâtre, la danse et le mime. Sur les accords
d’une bande son éclectique (de Jacques Brel à Radiohead !), leur création C!irca marie voltiges, acrobaties, portés et ballet au sol et au trapèze pour
dessiner «un fantastique voyage autour de nos sentiments gardés secrètement». Envol immédiat pour le
ciel austral à bord d’un ovni séduisant…
C!irca
25 sept 20h30
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
La rentrée
du Petit cinéma
Dans le cartable de Fotokino, plein de nouvelles
résolutions - perpétuer son rendez-vous mensuel
au cinéma Les Variétés à Marseille - et de
nouveautés : emprunter les routes du
département à la rencontre du public.
Dès le 6 octobre donc, et tous les 1ers mercredis
des mois pairs (octobre, décembre, février, avril
et juin), Fotokino organisera son Petit cinéma avec
une projection à 10h et un atelier au pied de
l’écran à 9h. Avant sa sortie nationale en salles le
27 octobre, le jeune spectateur pourra découvrir
en avant-première Capelito, le champignon
magique (42 mn, à partir de 3 ans). Mais qui est
Capelito ? Un bolet bai reconnaissable à son
chapeau brun et à son pied jaune, entouré d’une
grande famille et de nombreux amis (6 très
exactement !), qui parfois perd son chapeau à
force de jouer avec son nez magique…
Quant aux mois impairs, le Petit cinéma sera en
itinérance dans plusieurs salles des Bouches-duRhône (horaire à définir), dont l’Institut de l’Image
à Aix et le Renoir à Martigues.
M.G.-G.
Capelito, le champignon magique
mercredi 6 octobre
atelier à 9h, projection à 10h
Les Variétés, Marseille
09 50 38 41 68
www.fotokino.org
© X-D.R
60
LIVRES
Des mots pour le dire
En 10 ans, près de 40 histoires se sont
constituées de classe en classe au gré de l’imaginaire
de jeunes lecteurs et de jeunes illustrateurs, qui
composent désormais la collection Histoire de
mots. Derniers-nés de cette œuvre collective
coordonnée par l’ICEM-pédagogie Freinet :
Cannelle, une petite fille qui trouve une jolie
coccinelle et l’adopte avant qu’elle ne s’envole ; Dans
mon école qui regorge de livres habités par une
flopée de gentils monstres ; Je suis, je suis… qui opte
pour la devinette afin de dire toutes les facettes du
clown ; Les gros mots, qui parvient à n’en dire aucun
tout en évoquant les situations les plus propices
(quand papa se tape sur les doigts avec un marteau
ou quand maman casse un verre…). Les clefs de
cette longévité ? Un petit format carré bien
adapté aux mains des tout-petits, le choix
d’un vocabulaire simple, des thèmes
familiers, des mots répétés comme une
ritournelle et trois niveaux de difficulté
selon que l’on est apprenti lecteur ou
débutant désireux d’enrichir son
vocabulaire. D’ailleurs un logo figure sur
chaque livre pour guider les parents dans l’achat
du volume le mieux adapté. Seul petit bémol :
l’iconographie, parfois un peu gnangnan,
mériterait plus de peps !
M.G.-G.
Collection Histoire de mots
Éd. Pemf, 7,95 euros chacun
Un p’tit coup d’vitamines !
Après les sorcières qu’on ratatine sans état d’âme
(voir Zib’32) voici que les Dinosaures envahissent les
pages de la collection Vitamine (Éd. P’tit Glénat). Pas
de texte, mais des dessins aux détails multiples permettent aux enfants d’inventer une histoire à partir
du choc du noir et des couleurs. Insectes légers,
animaux aquatiques, petits êtres humains témoignent
de l’univers fertile de Christophe Bataillon. Il imagine
une rencontre entre les hommes et les dinosaures
qui bouscule l’harmonie d’un monde vierge.
Les petits cœurs aussi vont chez le docteur
dédramatise les visites chez le médecin
et permet d’apprivoiser toise et stéthoscope. On rencontre aussi de drôles de
personnages dans la salle d’attente : le
capitaine Haddock et Titeuf vont aussi
chez le docteur !
Retour à l’imaginaire avec un petit
Prince qui a un défaut de langue.Tandis
que le texte d’Alice Brière-Haquet
joue sur le rythme et les rimes, les dessins de
Camille Jourdy sont délicieusement surannés et
offrent une charmante galerie de portraits. Une
histoire qui fait l’apologie de la différence.
CHRIS BOURGUE
Nos cousins les dinosaures
Christophe Bataillon
11 euros
Les Petits cœurs aussi vont
chez le docteur
Géraldine Collet &
Roland Garrigue
10 euros
Le Petit Prinche
Texte Alice Brière-Haquet, dessin
Camille Jourdy
11 euros
L’apprentissage de la finesse
Océan jeunesse édite de délicieux albums, dans
lesquels textes et illustrations se complètent,
entraînant les jeunes lecteurs dans leur univers avec
un rare bonheur. Les sujets abordés s’attachent à
des problèmes simples, empruntent au quotidien
ou au conte, appréhendent le monde avec
sensibilité. C’est la petite Amélia qui veut un
chien. Réussira-t-elle à convaincre son père en
usant de faux caprices pour arriver à ses fins ?
Chaque illustration couvre une double page,
immersion garantie ! mer de fantaisie pour la
baleine, trompe à rayures démesurée de
l’éléphant, cheval au galop, référence discrète à
Lascaux… Sans compter l’inénarrable petit
guide pour bien s’occuper de son chien en fin
de volume !
Bonne idée aussi que d’éditer La montagne fleurie,
conte japonais paru en 1969. L’illustrateur y ose le noir,
qui emplit parfois des pages entières avec juste ce qu’il
faut pour qu’une larme soit la rosée d’une fleur. Un
conte du don de soi, pour dépasser l’égoïsme de
l’enfance, et entraîner les enfants loin du consu-
mérisme ambiant… Réussir sa vie, posséder une
Rolex ou faire pousser une fleur ? Les livres apprennent la liberté… Une collection
superbe sur papier glacé !
MARYVONNE COLOMBANI
La montagne fleurie
Ryunosuke Saito et Jiro
Takidaira
Océan jeunesse,
15 euros
Amélia veut
un chien
Tim Bowley et
André Neves
Océan jeunesse,
15 euros
Le ciné
pour grandir
Un récit d’enfance de plus ? Celui de
Guillaume Guéraud est aussi un hommage au
cinéma, et cela ajoute à son charme : chacun des
courts chapitres est suivi d’un extrait de scénario.
Dans une langue parlée proche de la confidence,
l’auteur livre sa rage de ne pas avoir la télé et ses
éblouissements devant certaines images
cinématographiques qui le poursuivent. Pendant
que ses copains s’extasient sur Dallas, nouvelle
série à la mode, sa mère l’emmène voir La dame
aux camélias ou Mon oncle d’Amérique. Et à la
récré il raconte ce qu’il a vu, transforme, brode à
l’envie et se taille un grand succès. Cette
découverte du cinéma accompagne celle de la
vie, avec l’arrivée de la drogue dans les cités, les
premiers émois sensuels… et le cinéma encore
qui l’amène à l’écriture.
CHRIS BOURGUE
Sans la télé
Guillaume Guéraud
Éd. du Rouergue, coll. DoAdo, 9,50 euros
62
CINÉMA
RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Le 21 septembre, à 20h, au cinéma Le Mazarin,
à Aix, projection du film de Mariana Otero, Entre
nos mains : une entreprise de lingerie en faillite,
des salariés, surtout des femmes qui prennent
leur destin professionnel en mains… Mariana
Otero, qui les a filmés durant plusieurs mois,
sera présente et rencontrera le public après la
projection.
Le Mazarin, Aix
04 42 49 25 42
Du 15 au 28 septembre, l’Institut de l’Image, à
Aix propose Hitchcock- la suite, une demidouzaine de films du maître du suspense : Les
39 marches ; Jeune et innocent avec son célèbre
plan-séquence qui dévoile le coupable à la fin du
film ; Une Femme disparaît ; L’Ombre d’un doute ;
Lifeboat, un «huis clos» en pleine mer ;
L’Inconnu du Nord-Express, adapté d’un roman
de Patricia Highsmith et Le Crime était presque
parfait, avec la belle Grace Kelly.
The Lodger - A Story of the London Fog, film
muet réalisé en 1926 qu’Hitchcock considère
comme son premier vrai film dans ses entretiens avec François Truffaut, sera accompagné,
jeudi 16 septembre à 21h, par le musicien multiinstrumentiste Christian Paboeuf.
Du 6 au 19 octobre, l’Institut de l’Image profite
de la sortie du dernier film de Jean-Luc Godard,
Film Socialisme, et de la réédition en copies
neuves d’À Bout de souffle, pour revenir sur
l’œuvre du cinéaste, auquel Hollywood rend
hommage : l’occasion de (re)voir sur grand
écran, Bande à part et Pierrot le fou avec Anna
Karina ; Week-end ; Passion, etc.
Le 8 octobre à 20h30, Film Socialisme sera
présenté par le critique Nicolas Feodoroff, et la
séance sera suivie d’un débat.
Les 1er et 2 octobre, à l’Alhambra Cinémarseille,
États du doc en région PACA : comment filmer
un territoire ? Le 1er à 20h30, Terre d’usage de
Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau en
présence de Sophie Bruneau. Le 2 à 14h 30,
Plan de situation Joliette en présence de son
réalisateur, Till Roeskens. La projection sera
suivie à17h 30 d’une table ronde avec Till
Roeskens, Natacha Cyrulnik et d’autres invités.
Durant les deux jours, projection en continu de
14 films récents dont un portrait de Lucien
Clergue, des films de la série Voyages sur des
villes…
Puis le 6 octobre, l’Alhambra accueille FFM :
projection de deux films. À 14h30, Le Défi, une
comédie musicale hip hop de Blanca Li, et à 20h
30 Parures pour dames en présence de la
réalisatrice, Nathalie Joyeux.
Cinépage, Marseille
04 91 85 07 17
www.cinepage.com
Le 2 octobre, au cinéma Variétés, de 21 heures à
minuit, dans le cadre des Rencontres FilmsFemmes et Méditerranée, une soirée
consacrée au court métrage, 13 en Courts :
treize films réalisés par des femmes venues du
Liban, de Grèce, d’Italie, de France…
Un prix du public sera décerné et de nombreux
lots offerts aux spectateurs.
Films-Femmes et Méditerranée
www.films-femmes-med.org
Fotokino
09 50 38 41 68
www.fotokino.org
Nanouk de Flaherty
Alhambra, Marseille 16e
04 91 46 02 83
www.alhambracine.com
Le 7 octobre, à 20h, les Rencontres Films
Femmes Méditerranée font escale à Martigues
au cinéma Renoir et proposent un documentaire
de Nathalie Joyeux, Parures pour dames :
douze femmes participent à «l’atelier de la
désobéissance» proposé par la créatrice de
mode Sakina M’sa. Malika, Sara, Adriana, et
leurs camarades se racontent à travers leurs
vêtements…
Cinéma Jean Renoir
04 42 49 25 42
Parures pour dames de Nathalie Joyeux
Le 15 Octobre à 18h 30, la Médiathèque Louis
Aragon et le Cinéma Jean Renoir à Martigues
proposent Irlande : Autopsie d’un conflit : une
rencontre avec le reporter Sorj Chalandon suivi
de la projection à 21h de Hunger de Steve
McQueen, Caméra d’Or à Cannes en 2008. Le
débat après le film sera animé par Sorj
Chalandon et Antoine Thirion, critique de
cinéma.
Institut de l’Image
04 42 26 81 82
www.institut-image.org
Le 30 septembre à 20h, en partenariat avec le
cinéma Prado, l’association Cinépage reprend
son cycle de «ciné-club» : projection de Bright
Star de Jane Campion. À Londres, en 1818, le
jeune poète John Keats, qui doit faire face aux
derniers jours de son frère, est soutenu par sa
voisine, Fanny Brawne. Petit à petit, un amour
naît entre eux. Mais des obstacles se dressent…
Le 13 octobre, au CRDP, à Marseille, aura lieu
un Ciné-concert, proposé par La Meson en
partenariat avec La Cinémathèque de Marseille
et Fotokino, Nanouk de Flaherty, avec le
musicien Uli Wolters. Créé pour Laterna magica
en 2007, il sera repris pour la première fois à
Marseille à l’occasion du Festival Jazz sur la ville.
Médiathèque et Cinéma Renoir
04 42 44 32 21
`
Le 9 octobre, de 14 h à minuit, à la salle Emilien
Ventre de Rousset, Courts-Bouillons projection
de 25 courts métrages internationaux, dont une
séance en partenariat avec La Maison du Film
Court, en présence de Richard Sidi, réalisateur
et scénariste, responsable du département
Scénario.
Les Films du delta
04 42 53 36 39
www.filmsdelta.com
En ces temps troubles, heureuse initiative
que la réédition (soutenue par le CG 13), du DVD
réalisé par le collectif 360° et même plus, RESF,
un réseau de résistances, autour des luttes
menées par le Réseau Éducation Sans
Frontières des Bouches-du-Rhône. Agathe
Dreyfus, Christine Gabory et Ivora Cusack ont
Le 16 octobre à la MJC de Cavaillon, deuxième
Festival du film émergeant qui permet à de
jeunes réalisateurs de présenter leurs films.
Trois séances de courts métrages : à 15h, une
«spécial ados», à 18h et 21h30. Entrée gratuite
sur réservation.
MJC, Cavaillon
04 90 71 65 33
www.mjccavaillon.fr
suivi des actions menées entre novembre
2006 et mars 2007, mobilisations antiexpulsions, parrainages… pour résister à une
politique d’exclusion des sans papiers. Cinq
films entre documentaire et reportage.
www.360etmemeplus.org
FFM | BEST OF SHORTS
CINÉMA 63
Promesses de femmes
Du 28 sept au 6 oct à Marseille, puis
du 7 au 15 à Hyères, La Ciotat,
Miramas et Martigues, l’association
Films Femmes Méditerranée
propose, pour la 5e édition de ses
Rencontres, une semaine de rendez-vous avec actrices, réalisatrices,
techniciennes méditerranéennes.
Treize longs métrages pour la plupart inédits, une compétition de courts
métrages, organisée aux Variétés
dans la soirée du 2 oct et dotée d’un
prix de 500 euros décerné par le
public.
Ouverture légère le 28 sept au
cinéma Le Prado avec une comédie
de Francesca Archibugi, Questione
di cuore, ou «quand un jeune carrossier romain et un scénariste en vogue
se rencontrent en salle de réanimation». Le lendemain, présenté par la
réalisatrice tunisienne Raja Amari, un huis clos
troublant et cruel, Les secrets où on retrouve avec
plaisir Hafsia Herzi. Le 30, en partenariat avec
AFLAM, Niloofa, film libano-irako-français de
Sabine El Gemayel qui rappelle la condition de
jeunes filles privées d’éducation, vendues par leur
père, dans des pays où «l’honneur» de la famille
passe par l’oppression des femmes. Suivra la
séance de «rattrapage» pour La Révélation dont
l’auteur H-C Schmid, homme et allemand
(comme quoi FFM n’est pas sectaire !), rend
La Ciotat
I love you
C’est sur le film collectif, commandé par Emmanuel Benbihy, New York, I Love You, que s’est
ouvert le 9e International Best of short films festival. Les spectateurs qui «cherchent l’amour» ont
d’ailleurs été invités à occuper les deux premiers
rangs. Le ton est donné : loin de tout protocole,
Yvan Le Moine, «Président des généralités», a
présenté ses collaborateurs aux amateurs de
courts métrages qui ont commencé, dès le matin
du 10 sept, à voir les 82 films sélectionnés, répartis en 8 programmes. 18 heures de projection, en
trois jours et un seul lieu, le cinéma Lumière.
Une séance de courts c’est, en une heure et demie,
l’excitante succession d’univers et d’émotions.
Mais le cinéma reflétant l’état du monde on ne rit
pas souvent, comme devant The New Tenants de
Joachim Back, l’histoire de deux hommes qui emménagent dans un appartement dont ils découvrent
sur un rythme endiablé, le passé terrible. Ou le
film de Frédérick Vin, où Paul Rondin est atteint
d’une déformation professionnelle qui l’empêche
de trouver l’’âme sœur ! Notons pourtant la réjouissante interprétation de Nanou Garcia dans Annie
Pieds nus sur les limaces © Marcel Hartmann-Le Bureau
hommage au courage féminin contre les bourreaux serbes et les compromis internationaux.
Du 1er au 4 oct, au cinéma Variétés, on pourra voir
Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaut
(Zib 31), Le regard de Sepideh Farsi, Edouart
d’Angeliki Antoniou (un «crime et châtiment»
avec rédemption) et deux films traitant de la
transmission familiale : Racines d’Eileen Hofer et
Le temps des femmes de Firuz Turkuaz. En
avant-première, le documentaire social de Mariana Otero Entre nos mains et, temps forts de la
de Francia, un road movie, alerte de Christophe
Le Masne.
On sort souvent la gorge serrée devant la souffrance, mise en scène dans certaines fictions.
Sinner de Meni Philip soulève le voile sur la
pédophilie dans les yeshiva (écoles juives ultraorthodoxes) et la souffrance de Yotam, au visage
fragile et pâle, superbement interprété par Lior
Shabtai, suscite une réelle émotion. De même
que Darek, jeune garçon, au visage ingrat qui décide de rentre visite à son père, dans sa nouvelle
famille, le soir du réveillon, dans le film du polonais Jonas M Gulbrandsen, qui met en scène les
difficiles relations familiales. Tout comme Anna,
de Rúnar Rúnarsson qui semble avoir été fasciné
par le visage superbe, qu’il filme en gros plans, de
Marie Hammer Boda, qui interprète une
adolescente au tournant de sa vie. Quant à Kavi
de Gregg Helvey, il nous conte l’histoire d’un jeune
garçon en Inde, forcé de travailler dans un four à
briques alors qu’il voudrait aller à l’école et jouer
au cricket. Enfances volées comme celle d’Ella,
violée par des soldats, devenue pute, dans le film
de la Norvégienne Hanne Larsen. Vieille alcoolique, elle se régale à rendre folles ses auxiliaires
de vie jusqu’à ce qu’arrive une jeune Russe.
Impossible de rendre compte de tous ces films,
aux qualités reconnues par les jurys des plus
grands festivals ! En animation, signalons Madagascar, carnet de voyage de Bastien Dubois qui
programmation, deux premières
nationales : Le choix de Luna de
Jasmila Zbanic, Women whitout
men de Shirin Neshat, lion
d’argent 2009.
À ne pas rater le 5, à la Maison de
la Région, la projection d’extraits
du web-feuilleton d’Arte : deux
minutes de la vie ordinaire de gens
ordinaires à Gaza et à Sdérot,
filmées en parallèle pendant trois
mois. Le même jour Susanna Nicchiarelli présentera Cosmonauta,
aventures d’une jeune communiste
rêvant d’étoiles et de justice dans
l’Italie des années 60.
À l’Alhambra le 6 seront proposés
Le Défi, une tonique comédie musicale de la chorégraphe Blanca Li et
le délicieux documentaire de
Nathalie Joyeux, Parures pour
dames.
Une sélection exigeante, variée, des débats, des
buffets, de la tarentelle napolitaine et du hip hop.
Promesses d’une semaine stimulante !
ÉLISE PADOVANI
Films Femmes Méditerranée
Du 28 sept au 15 oct
04 91 47 37 14
www.films-femmes-med.org
Palmarès
du 9e International
Best of Short Films
Soleil d’Or
Vacsora de Karchi Perlmann
Sable d’argent
Annie de Francia de Christophe Le Masnec
Mer de Bronze et prix du public
Donde Esta Kim Basinger de Edouard Deluc
Cochonnet d’Or
La Carte de Stefan Le Lay
Prix des internautes
Meilleure vidéo mobile
Connected de Steve Remen
utilise de très nombreuses techniques dont une
superbe broderie animée ; Chienne de vie de
Serge Avédikian, inspiré d’un fait historique: la
déportation massive de milliers de chiens errants
sur une île déserte à Constantinople en 1910 et
Mei Ling de Stéphanie Lansaque et François Leroy,
l’histoire étrange d’une jeune chinoise qui, attendant son amant, décide d’adopter un petit poulpe
qui se met à grandir…
ANNIE GAVA
64
HISTOIRE
LUSSAS | AVIGNON | RUSTREL
Lussas,
le village documentaire
Comme chaque année, pour la 22e
fois, ce petit village d’Ardèche a
réuni cinéastes, producteurs, tous
ceux qui apprécient les documentaires et permettent qu’ils soient
vus. Projections, rencontres, échanges se succèdent dans une ambiance
estivale et très conviviale. Pas de
palmarès aux États Généraux du
Documentaire : des films et deux
séminaires, l’un sur les écritures
numériques, l’autre sur des expériences radicales autour de films
d’Avi Mograbi et Wang Bing.
En prenant La Route du Doc, on
arrive en Russie et Histoire de doc
est consacrée au Danemark, avec
pour prolonger un focus sur Jørgen
Leth. Une journée SACEM, une journée SCAM avec quatre documentaires
dont Nostalgia de la luz de Patricio
Guzman (cf Zib 32). Un hommage à
Lévi-Strauss et, bien sûr, des films
venus d’Afrique, choisis par JeanMarie Barbe, le «créateur» de Lussas.
La région à Lussas
C’est dans la sélection Incertains
Regards que le public a pu voir deux
films venus de Marseille : le premier, produit par Shellac est le
travail de Jean-François Neplaz et
Mario Rigoni Stern dans Alpini de Jean-Francois Neplaz
Elisa Zurlo ; le second, produit par
l’équipe d’Alexandre Cornu des Films
du tambour de soie (Zib 31), est
réalisé par Ginette Lavigne. Ces
deux films, sur et avec des écrivains
sont passionnants parce qu’ils
plongent dans leur monde, pas
seulement intellectuel, mais sensible et sensuel.
C’est ainsi qu’on découvre avec J. F.
Néplaz de Film Flamme, l’espace et
le temps de Mario Rigoni Stern, un
écrivain italien disparu en 2008, à
Asiago. Le film, construit en chapitres, résonne avec l’œuvre de
l’«homme de guerre et de paix» rarement filmé, amoureux de la nature,
qui, incorporé dans un régiment de
chasseurs alpins, prisonnier en
Russie dans les années 1940, évoque ses souvenirs, les sentiers sous
la neige, ses lectures. On croise
aussi Ermano Olmi, Primo Lévi, un
berger et ses chiens, un chasseur.
Avec Alpini, J. F. Neplaz nous convie
à une belle promenade à travers le
territoire de cet écrivain, peu connu
en France dont le nom a été a été
donné à l’astéroïde (12811) Rigonistern, découvert en 1996.
Ginette Lavigne connait Christian
Prigent depuis son adolescence et
nous propose sa lecture de quatre
ouvrages, les plus autobiographiques (Commencement, Une phrase
pour ma mère, Grand-mère Quéquette, Demain je meurs). La belle
journée, dont le titre renvoie aussi
bien à son premier livre qu’à la
structure de son écriture, nous montre l’écrivain dans son quotidien,
lisant et scandant ses textes, classant ses fragments, en vélo sur son
territoire, autour de St Brieuc. Il évoque un drame passionnel, son père,
militant communiste, et confie : «Qui
on est? J’écris pour savoir ça». La
caméra est à la bonne distance, les
images en résonnance avec les mots.
Un documentaire sensible, qui
donne envie d’approcher l’écrivain.
ANNIE GAVA
États généraux du film
documentaire
www.lussasdoc.com
Gens d’ici et d’ailleurs
Histoire du vent est une installation de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige
que les festivaliers d’Avignon ont pu découvrir à L’École d’Art. Présents déjà
en 2009 avec Tels des oasis dans le désert, ils se sont intéressés cette année
aux traces du spectacle vivant et c’est à partir du vent qui transforme les
scènes qu’ils nous font revivre les grands spectacles de la Cour d’honneur
du Palais de Papes.
Alternent durant près d’une heure et demie, projetés sur une photographie
de 3 m sur 2, extraits de captations et interviews de metteurs en scène, de
critiques, de comédiens : vent, métaphore de la passion amoureuse, de
l’éphémère, du temps qui passe, de l’esprit des dieux, de la rencontre avec
le divin, mistral qui rend fou.
Témoignent ainsi de leur rapport au vent Jean-François Sivadier, Frédéric
Fisbach, Romain Castellucci, Thomas Osterer, Jacques Lassalle, Wajdi
Mouawad ou Antoine de Baecque, et revivent les comédiens de Macbeth, du
Prince de Hombourg ou
d’Inferno confrontés aux
bourrasques et nous
renvoyant à notre expérience de spectateurs
échevelés… Une belle
œuvre qui fixe paradoxalement, par l’image
mouvante, la mémoire
du vent qui passe...
L’association
Pays
d’Apt en vidéo, née il y
a six ans, a organisé la
première édition de
Les gens d’ici font
leur
cinéma,
à
Rustrel, petit village
niché au pied du
Colorado provençal :
trois journées pour
voir des films, penser
ensemble et dehors.
«Nous sommes des
passeurs», ont précisé
les organisateurs, et
c’est en tant que
passeur que JeanPierre Jeunet, dont on
a projeté le film Foutaises, a claqué le clap d’ouverture. Se sont succédé films
d’amateurs et de professionnels, en particulier, une série de courts
métrages, joliment choisis par l’association Cinambule, partenaire de la
manifestation.
Table ronde autour de l’acte créatif, instants musicaux, apéritifs, sans oublier
Les 4 saisons d’Espigoule, en présence de Christian Philibert, qui a clôturé
ces rencontres. Une première édition fort conviviale. Les gens d’ici et
d’ailleurs ne s’y sont pas trompés; plus une seule place libre sur les gradins
devant la salle du château-mairie de Rustrel !
A.G.
Histoire du vent
© Christophe Raynaud de Lage
Jean-Pierre Jeunet © A.G
Vent à Avignon
A.G.
66
ARTS VISUELS
ART-O-RAMA | MAV PACA
Notre Salon expérimental
Pour sa 4e édition, Art-O-Rama monte en puissance
dans l’espace agrandi et rénové de la Cartonnerie à la
Friche de la Belle de Mai. Pour le bénéfice des œuvres et
du public
Depuis sa création en 2007, Gaïd Beaulieu et Jérôme Pantalacci ont su faire
mûrir à chaque édition leur petit format
de salon d’art contemporain international. Art-0-Rama 2010 démontre que
ces jeunes collaborateurs de la regrettée galerie Roger Pailhas étaient en
mesure de créer leur propre projet : un
évènement maîtrisé d’ambition internationale. Preuve s’il en faut : autour
de l’évènement se fédèrent chaque
année d’autres structures marseillaises liées à la création contemporaine,
et les partenaires publics et privés
impliqués depuis les origines (voir p 10).
Et suscitent l’intérêt des collectionneurs.
Par la commande de la fondation
d’entreprise Vacances Bleues, Boris
Chouvellon propose avec Small Illusions et un certain humour acidulé
d’allier performance et lit à baldaquin
(les montants en bois sont remplacés
par des empilements de trophées en
forme de coupes). Artiste invité, Pascal
Martinez a bénéficié des compétences
du Cirva (Centre international de recherche sur le verre, installé à
Marseille). Une centaine de blocs de
verre translucides renferment entre
deux plaques de mica les secrets
inscrits sur un bout de papier par des
amis. Sa Bibliothèque des secrets
souffre un peu du dispositif didactique
(exposition des objets qui ont servi à
l’écriture) et de n’avoir pas assez exploité les possibilités plastiques du
verre pour asseoir chacun de ces
secrets.
Une des œuvres marquantes du salon
est sans conteste Floating Garden de
Motoi Yamamoto présenté par la
galerie parisienne L MD. Vaste installation éphémère constituée uniquement
de linéaments de sel blanc déposés au
sol. Une forme d’expression peu rencontrée jusqu’à maintenant dans le
salon. Par contre, certaines propositions passent un peu inaperçues ou
manquent de présence malgré les
questionnements retenus : M. Rosler
/J.Meckseper/B.Owens (les violences
aux Etats-Unis), Lincoln Tobier, Fabrice
Samyn (critique sociale), l’exposition de
groupe proposée par Triple V très formaliste. Mais on n’échappe pas à
Selkirk’s Black Box structure hétéroclite et poétique du collectif belge Projet
Diligence !
Cette 4e édition gagne en maturité pour
se rapprocher du format des foires d’art
contemporain, tout en perdant en retour un peu de ce qui faisait l’identité
d’origine d’Art-O-Rama : un grain plus
brut et expérimental, qu’elle conserve
néanmoins, et qui ne lui interdira pas
de grandir encore.
Sculpture installation de Sandro Della Noce
pour le show room, 2010
© C. Lorin/Zibeline
CLAUDE LORIN
Artorama
Salon international d’art contemporain
jusqu’au 19 septembre
À voir également à la Friche
L’exposition Exposée
Astérides a réuni des œuvres qui
interrogent la présentation et la
transmission de l’art contemporain
jusqu’au 16 octobre
nocturnes durant les Journées du
patrimoine
La Cartonnerie,
Friche de la Belle de Mai
04 95 04 95 36
www.art-o-rama.fr
Motoi Yamamoto, Floating garden, sel, installation pour Art-0-rama, 2010, galerie L MD, Paris © C. Lorin/Zibeline
De l’inconsistance
éléments de l’image se présentent
frontalement sans hiérarchie, sans
effet de pathos, couleurs contenues,
contrastes réduits, lumière étale. Les
choses sont là, comme ça, sans motif
évident : un littoral que nous ne voyons
plus, livré sans qualités (à la différence
de sa précédente série, Variations
modernes, sur la Villa Noailles et la
côte varoise). «Ca ne m’intéresse pas
de sublimer. Je suis dans un engagement politique, pour revaloriser les
codes : je me bats contre le manque de
culture de ces espaces». Avec Olivier
Ansellem, même l’inconsistance est
photographiable.
La poétique du bord s’inscrit dans un
programme de création photographique et patrimoine avec le soutien du
Conseil général des Bouches-duRhône, coordonné par Le Factotum.
L’ouvrage éponyme est édité chez
Funny Bones.
CLAUDE LORIN
Sans titre, 2010 © Olivier Ansellem
Olivier Ansellem a exploré pendant
deux années le littoral de La Ciotat aux
Saintes Maries-de-la-Mer pour en extraire sa poétique du bord désenchantée.
D’apparence décevantes, déceptives
selon la récente terminologie, ces photographies de Lieux sans sublime
rappellent les froides procédures
iconiques de l’école de Düsseldorf et
évitent scrupuleusement le pittoresque
de carte postale lié au genre du paysage. Les Calanques et la Camargue
n’ont donc pas été retenues. Quant aux
autres sites, il s’agit plutôt d’une forme
de portraits. De portraits d’espaces où
toute présence humaine est physiquement absente mais trahie par ses
aménagements hasardeux et imparfaits (bordure orpheline, terrain presque
vague, restaurant absurde, palissade
idiote entre deux vides, installations
industrielles immobiles, cabanons improvisés…). Cadrés systématiquement
dans de grands formats horizontaux
(seule concession académique), les
La poétique du bord
Olivier Ansellem
jusqu’au 9 octobre
Maison de l’Architecture et de la Ville
Paca, Marseille
04 96 12 24 10
www.ma-lereseau.org/paca
http://lefactotum.blogspot.com
ISTRES | AVIGNON
ARTS VISUELS 67
Simulacres
Les sculptures équivoques de Laurent Perbos ont envahi le
Centre d’art contemporain d’Istres. Les œuvres récentes
ouvrent sur de nouvelles formes de court-circuitage
Comme nombre d’artistes contemporains Laurent Perbos retravaille les
mythologies populaires, leurs artefacts,
tout en instillant des références plus
nobles comme les mythes anciens. Il
nous avait habitués à ses détournements de matières (les parpaings en
caoutchouc ou en inoxydable, les souches en tuyau d’arrosage…). On retrouve
ici ces objets disséminés un peu partout - ce qui dilue malheureusement le
propos - et des œuvres nouvelles utilisant toujours des matériaux/objets
banals (sandows, crayons…) mais d’une
autre facture, marquant peut-être un
virage vers d’incertaines figurations.
Son Calydon (sanglier mythique) rejoint
aussi bien le fantastique des dragons
asiatiques que la Tarasque ou le Cheval
de la Saint Eloi (Muséon Arlaten) ; dans
une posture humaine rampante il pourrait bien s’agir par ailleurs d’une
tournure de Saint Sébastien. Mais de
quels maux nouveaux nous protègerait
cette forme prophylactique percée de
javelots ?
D’une certaine forme d’imbécillité matérialisée par une autre de ses
dernières créations : un Weebles gigantesque, clinquant, crémeux et
dégoulinant, habillé d’astrakan et oscillant pâteusement en culbuto idiot.
Dans l’art du réemploi et de l’assemblage Perbos cultive tout autant
l’énigme de la représentation confuse :
tube métallique, potence de vélo, grip,
crayons de couleur rechignent à construire un objet au sens cohérent. Le
cartel apposé à côté désigne cependant
une chose connue, mais d’une autre
Laurent Perbos, Calydon, 2010, structure metallique, sandows, javelots © X-D.R
nature : «Sans titre (Yucca) 2010».
Cela va sans dire.
CLAUDE LORIN
Tout l’univers
Laurent Perbos
jusqu’au 13 novembre
Petite maison dans la prairie
D’après nature… les œuvres de 27 artistes et designers se confrontent au
domaine du Château d’Avignon. Des propositions singulières, parfois très
discrètes
Questionnement porteur et d’actualité (l’environnement, l’écologie) la nature passe à la question de l’art
contemporain avec une sélection intéressante et variée,
même si l’ensemble laisse un sentiment mitigé, par
manque d’œuvres décisives. Comment prendre le
dessus face à un domaine très présent tant par son site
qu’à travers son histoire ? Ici la nature est naturellement partout, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Le château est à lui seul une ode à la nature (boiseries,
décorations, tentures, ferronneries…) à laquelle répondent avec plus ou moins de bonheur les pièces de
design (M. Lehanneur, E. Fouin) et plusieurs œuvres
Didier Petit, Les époux, installation pour l'antichambre, 2010 © C.Lorin/Zibeline
peu accessibles (Garouste et Bonetti, L. Aegeter) ou trop
discrètes (L. Pelen, P. Navarro). C’est dans leur relation
à l’intime qu’elles imposent leur prégnance poétique certaines conçues en correspondance des lieux - (A.L.
Sacriste, D. Petit, B. Bauer, M. Ducaté). Dans les bâtiments techniques, les propositions de P.J. Chaussonnet
et L. Suchy en restent au jeu alors que Le Chardon,
drame filmique de S. Ristelhueber impose sa rugosité
sur les pierres lustrées du lavoir.
Les vastes espaces du parc ont été peu exploités
hormis les installations de Nicolas Boulard, Gilles Desplanques et Richard Nonas (voir p. 75). Quand ce
dernier poursuit une esthétique minimaliste datée
(deux longs alignements de pierres taillées blanches
du Lubéron jalonnant le sous-bois soulignent l’idée de
passage), Gilles Desplanques propose un ovni surprenant entre émergence et disparition dans la grande
prairie. Marée Haute est conçue en rapport avec
l’omniprésence de l’eau (l’herbe comme inondation ?)
et interroge plusieurs relations esthétiques et sociales
en regard de la demeure du XVIIIe et de son parc
paysager : végétal/bâti, château/maison de lotissement,
matériaux nobles/pauvres, bourgeois/populaire, luxe/bon
marché, parc/jardinet, beau/laid… et achevé/inachevé :
les quatre murs de parpaing brut sans toiture à mihauteur d’élévation surgissent-ils du pré, menaçant de
défiguration la beauté des lieux par l’esthétique pavillonnaire, ou à l’inverse, son enfoncement dans le sol
désigne-t-il une ruine récente promise à l’abandon ?
Marée haute serait une vanité moderne…
CLAUDE LORIN
D’après nature
jusqu’au 31 octobre
Domaine départemental du château d’Avignon
04 90 97 58 60
www.cg13.fr
Centre d’art contemporain
Intercommunal, Istres
04 42 55 17 10
www.ouestprovence.fr
Laurent Perbos expose également à
Marseille,
VIP Art galerie jusqu’au 13 octobre
68
ARTS VISUELS
AIX-EN-PROVENCE
Dialogue
mystique
Du vivant de Cézanne, l’atelier du maître aixois
accueillait déjà Charles Camoin, Émile Bernard,
Maurice Denis ou Georges Rouault ; depuis 2006
souffle encore puissant de Cézanne. On découvre,
si on est perspicace, le Spot vert orange accroché
au mur face à l’entrée, puis on distingue Èdre
assis nonchalamment sur le rebord du meuble à
dessins avant d’entrapercevoir par-delà la
verrière Amour surgissant du feuillage : trois
sculptures irradiant de couleur (œuvres
rémanentes du prisme cézannien) et de densité
(l’épaisseur des matières superposées entretient
l’énigme). Trois œuvres spectrales qui trouvent
leur prolongement dans le cabanon du jardinier
transformé en «chapelle» par un artiste qui a
longtemps entretenu une relation fine avec le
mouvement théosophique. Là, un autre Spot
jaune bordeaux illumine les murs enduits de gris
d’où émergent trois Astral et une Sainte-Victoire
d’une épure particulièrement bouleversante.
Impossible de ne pas ressentir les ondes
mystiques qui vibrent entre les œuvres.
Formé au métier de ciseleur à l’école Boulle puis
designer, Vincent Beaurin développe un langage
formel où peinture et sculpture ne font qu’un. Les
promeneurs du Jardin des Tuileries ou les
visiteurs de la Fondation Cartier pour l’art
contemporain à Paris en ont eu récemment un
aperçu magistral, déambulant entre des masses
monumentales… quand ceux de l’Atelier Cézanne
ont eu une version intimiste et minimaliste.
la tradition se perpétue avec Vincent Bioulès, Yves
Klein, Ben, Jean Amado, François Mezzapelle qui
ont investi le jardin et la cabane du jardinier Vallier.
Aujourd’hui c’est Vincent Beaurin qui,
sacrilège(?!), installe deux de ses œuvres à
l’intérieur même du «lieu saint». Pas sûr
cependant que les visiteurs amassés sous la
verrière s’interrogent sur cette présence aussi
inattendue que discrète ! Par respect pour la vie
silencieuse qui s’épanouit ici Vincent Beaurin se
met «en retrait», pour mieux faire entendre le
Le Spectre dans l’Atelier de Cézanne, vue générale. Èdre 2010, Amour 2010. courtesy Vincent Beaurin © Gregory Copitet
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
À cette occasion, les éditions Skira Flammarion
publient la première monographie de l’artiste
(voir page 74)
L’exposition a été présentée du 4 juillet au 29 août
à l’Atelier Cézanne, Aix-en-Provence
La chevauchée de Cane
frêle équipage composé d’un ange en plâtre
libello-tracté par un essaim d’insectes, tirant un
chariot rempli de 526 pastels. Le tout en route
pour le paradis, n’en doutons pas ! Louis Cane
s’amuse avec le sacré, l’enfance, l’histoire, la
mémoire à l’ombre des figures du passé, Picasso,
Les Ménines, Cézanne. Ou Monet dont il a peint
sur tissu chinois brodé un remarquable Nymphéas sur le motif.
Avec la série des Chasubles, il tisse un fil invisible
avec les collections, détournant l’art sacré au
profit d’un geste profane qui célèbre la peinture.
Sans outrager pour autant les vêtements cérémoniels dont on peut lire encore l’évocation
biblique sous l’aplat de peinture. Mais Cane c’est
aussi des peintures abstraites sur grillage inox, et
une Tresse d’une délicatesse inouïe, précieuse
chevelure féminine en résine et fil de pêche : une
vague de larmes.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Nympheas, 1995 © X-D.R
Après que l’on a traversé le musée des
Tapisseries, la présence de Louis Cane devient
une évidence. Parce qu’il rassemble un ensemble
de Chasubles en résonance avec l’ancien
Archevêché ; parce que ses œuvres récentes ont
à voir avec la trame, le tissu, le textile, les toiles
imprimées ou brodées. Des tapisseries anciennes
à la bâche ou au grillage… peu importe le support,
il y a l’exaltation de la couleur et le travail
d’orfèvre.
Depuis les années 70 et le groupe Supports/Surfaces, Louis Cane n’a cessé de développer son
langage en abordant la résine, le bois, la pâte de
verre, le plastique ou le fer. Un ensemble d’œuvres se découvre ici dans une mise en espace
astucieuse qui privilégie l’effet de surprise,
particulièrement pour les sculptures. Dès l’entrée
un vent de fraîcheur ironique fouette le regard et
invite à jouer. D’abord avec la Poussette aux
jumeaux sculptée en bois de chêne peint dont le
visage maternel aurait pu être dessiné par
Picasso, puis à La balançoire plastique composée
comme un jeu d’enfant dans une cour d’école.
Avant d’être saisi par l’envol gracieux de L’ange
Gabriel apporte les couleurs au groupe Supports/Surfaces mais surtout à Louis Cane : un
Louis Cane
jusqu’au 20 septembre
Musée des Tapisseries, Aix-en-Provence
04 42 23 09 91
www.aixenprovencetourism.com/aix-tapisserietipi.htm
Ouvrage édité par l’Abbaye Saint André, la Ville
d’Aix et la galerie Bernard Ceysson, 28 euros
LA CIOTAT | LE LAVANDOU
ARTS VISUELS
69
Une vitrine vivante
20 photographes, plasticiens et peintres s’étaient
donné rendez-vous durant un mois à la chapelle
des Pénitents bleus à La Ciotat pour le festival
Les Arts en chantier qui, en trois éditions, a
gagné son pari : permettre à tous les publics d’accéder à l’art d’aujourd’hui. Exposition gratuite,
marché de l’art en plein air ouvert aux professionnels et aux amateurs, 5 spectacles en nocturne à
5 euros l’entrée, programmation éclectique (musique, danse, performance, théâtre…) : tout avait
été mis en œuvre par l’association Artistic
promotion et la Ville de La Ciotat pour que cette
«manifestation populaire soit un moment de
partage en famille».
Dans la chapelle d’où émergeait en son centre la
sculpture-totem de Robert Moro, les grands
formats de Jacqueline Bilheran-Gaillard aux
formes enchevêtrées ont tiré leur épingle de
l’accrochage, tout comme les volutes de métal
sculpté d’Éric Jaine. En contrepoint aux plasticiens, un nouvel espace dédié à la photographie
était imaginé par Philippe Oddoart -lui-même
photographe- autour du thème du paysage. C’est
le road-movie urbain d’Éric Principaud qui a retenu notre attention avec sa série D’une ville…à
l’autre, lentes pérégrinations à cette heure trouble
du jour, entre chien et loup…
Dedans-dehors, les micro-événements ont rythmé
le festival. On pense notamment au spectacle de
Caravane pirate qui offrit le soir de l’inauguration
un interlude musico-théâtral en noir et blanc du
plus burlesque effet, d’agréables saynètes qui
revisitaient les fameuses Histoires sans paroles
de notre enfance servies par un talent généreux.
Ou encore la pièce de théâtre Le grain et l’ivraie
jouée par Arnaud Zemichod qui, sur les improvisations du musicien Benoit Bottex, fit résonner
d’entre les œuvres une belle complainte poéticoécologique. Dans un décor astucieux de bric et de
broc, le comédien interpréta tour à tour, et avec
justesse, l’oracle, le rouspéteur, le jardinier, la
mer qu’on voit danser le long des golfes clairs et
mille autres encore… Enfin, dans «Le festival fait
salon», les dessins de Jocelyne Bouvard ont vite
attiré notre regard, référencés par ailleurs dans
l’édition 2010 de l’Art du nu publié chez Patou.
Des œuvres réalisées «dans l’urgence» par une
artiste vauclusienne qui a su saisir l’opportunité
du festival pour tenter une première approche de
la ville. En attendant de figurer bientôt dans le
«In», à la chapelle…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Le 3e festival Les Arts en chantier
s’est déroulé du 27 juillet au 15 août
à La Ciotat
Caravane Pirate en ouverture
du festival Les Arts en chantier
© Dan Warzy/Zibeline
À venir
À voir jusqu’au 26 septembre, toujours à la
chapelle des Pénitents bleus, la rétrospective
et les peintures récentes de Gilbert
Ganteaume dont l’œuvre s’inscrit dans
l’histoire de La Ciotat (fresque dans la salle
des fêtes, monument pour la Paix, mémorial
dédié aux victimes de l’amiante…).
Un souffle flamboyant
C’est la rencontre de deux astres :
Marcel Van Thienen, «Marcel le
Flamboyant», sculpteur et musicien,
et Lalan, peintre, chorégraphe, musicienne. Un couple mythique qui
partagea son temps entre Paris et le
Var jusqu’à l’accident mortel de
Lalan en 1995, et la volonté de Van
Thienen de léguer à la ville du
Lavandou l’intégralité de ses sculptures et une partie des peintures de
son épouse. Ainsi naquit le Réseau
Lalan animé par le photographe
Raphaël Dupouy, chargé par Van
Thienen - disparu en 1998 - d’entretenir la flamme et de faire vivre leurs
œuvres… Aujourd’hui les voici à
nouveau réunis pas la magie d’une
exposition pensée comme un dialogue silencieux, une correspondance
sensuelle entre les mobiles sonores
de l’un et les toiles abstraites de
l’autre. Des œuvres inédites choisies
dans «la collection du Lavandou»
par Raphaël Dupouy qui réalisa un
court-métrage émouvant où l’on voit
Lalan danser dans son atelier quatre jours avant sa disparition…
Ce n’est pas tant la qualité des
œuvres, irréfutable, que la combinaison des deux univers qui
enchante. Celui des sculptures
animées de Van Thienen, fascinantes par leur aspect ludique : «d’un
mouvement simple comme la
rotation, souligne Raphaël Dupouy,
il créait un aléatoire voulu, souvent
programmé», attachantes par leur
musicalité réelle ou évocatrice ;
celui éthéré des paysages évanescents de Lalan, muse de Zao Wou-ki
et amie d’Henri Michaux. Comme la
complémentarité entre un autodidacte passionné de technologie qui
composa notamment «une mise en
scène sonore» d’un texte d’Henri
Michaux et une artiste au confluent
de deux cultures qui participa à de
nombreux spectacles pluridisciplinaires. En regard les unes des
autres, les œuvres trouvent ici une
juste résonance.
Face à cet événement éphémère,
Expo Lalan VanThienen au Lavandou © R.D.
une question se pose : pourquoi ne
pas offrir une visibilité permanente
à la collection du Lavandou, riche de
quelque 200 pièces confondues ?
Quand on a un tel «trésor», il est bon
de le partager.
M.G.-G.
L’exposition Lalan, Van Thienen,
la collection du Lavandou
a été organisée du 6 juillet
au 12 septembre
à l’Espace culturel
du Lavandou
À venir
Le Réseau Lalan propose
au Musée arts et histoire
de Bormes-les-Mimosas
l’exposition Baigneuses consacrée
aux œuvres picturales réalisées
sur ce thème dans la cité balnéaire,
des grands noms classiques
aux artistes contemporains.
Un catalogue est édité dans
la collection «Le Regard de
la mémoire» (63 pages, 25 euros).
jusqu’au 17 octobre
04 94 71 56 60
70
ARTS VISUELS
TOULON | LE THORONET
Morandi en camaïeux
Et si Giorgio Morandi était aussi metteur en
scène ? Si l’irréalité de ses natures mortes tenait
à ce théâtre d’objets dont il est le grand ordonnateur ? Dans ses compositions géométriques très
élaborées -dont la gamme chromatique tranche
avec la réalité- les objets deviennent ses «personnages». Comme s’il écrivait une pièce à une
voix, coupée de longs silences (camaïeux de blancs
aux tonalités sourdes) et sensuelle (harmonie des
courbes et des formes).
Troublantes questions qui viennent à l’esprit à
l’issue de l’exposition proposée à l’Hôtel des arts.
À force de chercher «à exprimer ce qui est dans la
nature, c’est-à-dire dans le monde visible»,
Giorgio Morandi est paradoxalement parvenu à
l’abs-traction du réel qu’il a sublimé. Et le visiteur
attentif à la fausse banalité des objets, les découvrira immortalisés par la peinture : bouteilles,
cruches, outils, livres, chevalet… Des objets aimés
qu’il ne reproduit pas mais qu’il réinterprète ! Du
théâtre, là encore, dans l’ordonnancement
architectural des formes sur la toile, le mariage
subtil des tons, des matières et de la lumière
malgré la pauvreté du thème (notamment les
bouquets de fleurs), les recherches minimalistes… Un vocabulaire élaboré à l’ombre de
Maîtres dont on découvre l’influence à travers une
sélection d’ouvrages personnels : Rembrandt, sa
grande référence pour la gravure, plus inattendu
le douanier Rousseau qui l’influença pour les
bouquets, Cézanne qui marqua sa jeunesse.
D’autres encore, révélés dans des livres que la
commissaire d’exposition a ouvert aux pages si
souvent feuilletées…
Introduite par 10 photographies de Luigi Ghirri
réalisées dans les ateliers de l’artiste -dans une
intimité confondante et une précision telle que
l’on peut lire les références des crayons à papier
qu’il utilisait- la conversation avec le Maître de
Bologne s’achève sur 4 des 10 toiles peintes à
l’identique en 1952. Même cadrage central,
même fond découpé en bandes horizontales,
mêmes objets neutres, sauf que tout y est différent : «la vérité, écrit Morandi, ne peut pas être
appréhendée d’un seul coup d’œil».
Giorgio Morandi, Nature morte avec noix, 1963, Huile, Collection privee Milan (Italie) ⓒ ADAGP, Paris 2010
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
L’abstraction du réel
Giorgio Morandi
jusqu’au 26 septembre
Hôtel des arts, Toulon
04 94 91 69 18
www.hdatoulon.fr
Quelle leçon !
Lux Sonus, installation de Patrick Berger au Thoronet © Guy Antonietty-MAV
Initiées en 2007 par la Maison de l’architecture et
de la Ville Paca, le Centre des monuments
nationaux et la Drac, Les Leçons du Thoronet
2010 nous plonge dans un grand désarroi.
Pourtant l’idée «de proposer à un grand nom de
l’architecture de mener une réflexion sur le bâtiment cistercien et de réaliser une intervention
réversible» est judicieuse, et le trait d’union entre
patrimoine et art contemporain pédagogique.
Mais de l’intention à la réalité, le fossé est immense : in situ le public est livré à lui-même dans
un labyrinthe qu’aucune signalétique ne vient
guider (sauf à suivre les visites commentées), et
passe sans s’en apercevoir devant les bancs de
John Pawson, la flèche d’Alvaro Siza et le mur
oublié de Luigi Snozzi au-dessus duquel figure un
panneau fléché «W.C.» ! Quant à la toute nouvelle
réalisation de Patrick Berger, Grand prix national
d’architecture 2004, elle a été reléguée sans autre
forme de préavis dans l’armarium ! Inaugurée
officiellement en juin dernier dans le transept sa destination originelle - avec tapis rouge et vraie
mise en scène, Lux Sonus la bien nommée a été
remisée dans un espace contigu entre l’église et
la salle capitulaire. C’est dire si cette œuvre
pensée par Patrick Berger en écho à «l’architecture de l’église [qui] n’a pas été dessinée pour le
regard mais pour créer le dispositif d’une
dynamique d’effets transformant la lumière en
son» tombe à l’eau. Qu’en pense l’artiste ? On
n’en saura rien : il n’est pas au courant… Et
l’hostie figurée à l’intérieur ? Et le savant réfléchissement avec les vitraux de l’église ? Rien de
tout cela puisque Lux Sonus, plongée dans
l’obscurité (un comble !), ne laisse aucun regard
l’embrasser dans sa totalité. Bref, d’une intervention majeure il ne reste que les effets contraires
à ceux escomptés : ignorance de l’œuvre, détournement du public vis à vis de l’art contemporain et
mécontentement de tous ceux qui souhaitaient la
voir. Seul l’ouvrage publié à cette occasion permet
de saisir, entre notes et croquis, la rencontre entre
Patrick Berger et un site religieux, sa marche
dans et autour du Thoronet, l’émergence de
l’œuvre «Lux et Sonus, la lumière se transforme
en son». Ici invisible et inaudible.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Lux Sonus
Patrick Berger
jusqu’au 31 octobre
Abbaye du Thoronet, Le Thoronet
04 94 60 43 90
www.monuments-nationaux.fr
© Agnes Mellon
>
En coulisse
Face à la richesse de la vie, à la beauté d’un corps ou d’un sentiment,
Agnès Mellon a «décidé à l’aide d’un appareil photo de remplacer la parole
par l’image» : aujourd’hui photographe indépendante, notre collaboratrice
livre une part d’elle-même en dévoilant 12 portraits réalisés lors
de séances de maquillage d’artistes. Une exposition joliment nommée
Intime coulisse à découvrir dans le hall d’un théâtre qu’elle connaît bien,
Les Salins.
M.G.-G.
Intime coulisse
Agnès Mellon
du 13 septembre au 15 octobre
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Intemporel
Entre natures mortes et paysages, le travail de Michel Graniou
est marqué par le temps, la mémoire, comme s’il s’agissait de laisser
à tout prix une trace… Rien d’étonnant s’il est actuellement en charge
de l’iconographie photographique du patrimoine des Alpes-Maritimes
pour les services départementaux de l’inventaire, et s’il use de procédés
techniques traditionnels. Sauf qu’il invente un vocabulaire neuf
et pose un regard
résolument
contemporain
sur les choses.
M.G.-G.
Les âges de la mémoire
Michel Graniou
du 5 octobre au 23
novembre
Galerie du théâtre La
Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-lapasserelle.eu
>
© Michel Graniou
72
ARTS VISUELS
AU PROGRAMME
Hommage
Pour sa première édition, Aix Itinéraires de l’art, organisé par quelques galeries appartenant
au GUDGI, met au jour l’œuvre de l’artiste aixois Jean-Marie Sorgue disparu cette année.
Un parcours-expositions conçu comme un témoignage de l’homme et de l’artiste par la galerie
Alain Paire avec la complicité de la galerie Ardital qui fut la dernière à promouvoir son travail…
Au total, quelque 18 lieux intra et extra-muros composent cette partition ponctuée de moments
de rencontres à la Cité du livre, et en point d’orgue, d’une «Conversation entre amis»
à la galerie du Lézard (13 octobre).
M.G.-G
Hommage à Jean-Marie Sorgue (1924/2010)
du 14 septembre au 16 octobre
Parcours-expositions, Aix-en-Provence
04 42 24 03 03
© Jean-Marie Sorgue
Naturellement ?
Il ne faut pas s’y tromper : les dispositifs de Valère Costes
à la Galerieofmarseille ne sont pas de même nature… Les uns sont des
constructions hybrides entre faune, flore et robotique ; les autres, sous
forme d’un bricolage expérimental, font sienne la théorie de Clément
Rosset selon laquelle «l’idée de nature ne serait qu’une erreur
et un fantasme idéologique». Dans les deux cas ils sont nés d’une
immersion prolongée de l’artiste en forêt tropicale.
M.G.-G.
Dumping Nature
Valère Costes
du 11 septembre au 30 octobre
Galerieofmarseille, Marseille
09 53 10 15 26
www.galerieofmarseille.com
Valere Costes, Clouding Process, 2008 © X-D.R
En marge
Influencé par le Surréalisme, auteur de collages (un jeu de l’oie surprenant sur Paris pendant
l’occupation), photomontages et travaux publicitaires, co-auteur d’éditions avec Cocteau
de La Mort et les statues ou Plain-Chant, Pierre Jahan (1909-2003) est resté dans l’ombre
de l’histoire photographique du XXe siècle. L’exposition du musée Réattu et un catalogue
avec un texte inédit de Michel Frizot chez Actes Sud viennent combler ce quasi oubli.
C. L.
Pierre Jahan, Libre cours
jusqu’au 31 octobre
Musée Réattu, Arles
04 90 49 37 58
www.museereattu.arles.fr
Etude 125 pour Plain-Chant Jean Cocteau, 1947.
courtesy galerie Michele Chomette, Paris
© Pierre Jahan Roger-Viollet
Stock Exchange de Sylvie Reno, l’une des lauréats 2009 © X-D.R
Les lauréats 2010
Au Palais de la Bourse, seuls quelques heureux élus parmi 78 prétendants
auront la chance d’exposer leurs œuvres sélectionnées pour le 3e
Concours artistique de la CCI Marseille Provence. Mais le secret est bien
gardé : leur nom sera connu le soir même de l’inauguration le 24
septembre… Pour les plus chanceux, la CCI pourrait acquérir quelquesunes des œuvres qui constitueront au fil des éditions sa collection
permanente.
M.G.-G.
3e Concours artistique de la CCI Marseille Provence
du 24 septembre au 17 décembre
Galerie Temporaire du Musée, Palais de la Bourse, Marseille
www.ccimp.com
ARTS VISUELS 73
Inspirations taurines
Manet s¹était-il déjà inspiré du Soldat Mort attribué à Velasquez ?
Chambas, Koshlyakov, Di Rosa, Fanti, Lacroix, Le Gac et Louisgrand
proposent ici leur interprétation personnelle du Toréador mort du même
Manet. L¹emprunt facteur de renouvellement artistique ? Jean-Paul
Curnier pointe ces enjeux dans le livre édité chez Actes Sud. L¹exposition
est complétée des photographies de Léa Crespi. Ces projets s¹inscrivent
dans la préfiguration du futur Centre d¹Art Contemporain consacré au
territoire arlésien.
C.L.
Le toréro mort
jusqu¹au 31 octobre
Saint-Laurent-Le-Capitole, Arles
04 90 96 95 25
www.lemejan.com
Herve Di Rosa, Un autre torero mort, 2010 © X-D.R
Jumelles
Le 50e anniversaire du jumelage Aix avec la ville de Tübingen favorisant aussi les rapprochements esthétiques,
photographes outre-rhin et du territoire provençal confronteront leurs regards sous les cimaises du musée des
Tapisseries et à la galerie de la Fontaine Obscure. Le Off à découvrir en divers lieux de la ville aux plus curieux des
passants. Vernissages commentés par Jean Arrouye, itinérants avec Alain Marsaud.
Phot¹Aix 2010
Regards Croisés Tübingen-Aix
du 4 octobre au 7 novembre
divers lieux, Aix
04 42 27 82 41
www.fontaine-obscure.com
Bargoni Pensieri e colore, 2010, Huile sur toile, Collection particuliere © X-D.R
Expressions
© Alice Angeletti
C.L.
Ses premières œuvres abstraites furent exposées en 1958, nourries de l¹expressionnisme
abstrait américain et de l¹art informel. Pour l¹heure, ce seront près de quarante toiles
de grand format que présentera Giancarlo Bargoni pour la première fois depuis
leur conception dans son atelier de Castell¹Aquarto, en Emilie,
où la lumière est dit-on si particulière.
Catalogue, vernissage le 18 septembre, conférences sur l¹art contemporain
avec Elisa Farran.
C.L.
Sur les pavés
En containers et à l¹air libre, Place aux Huiles et alentours : peintures, sculptures, photo, installations
et performances, street art et musique baroque, danse, peintures urbaines participatives, contes
lyriques, vente aux enchères informelle et œuvre collective des lycéens de La Cabucelle.
Et les POC (Portes Ouvertes Consolat) s¹associent à l¹évènement.
C.L.
Mouvart 2010/ Rêver la ville
du 6 au 10 octobre
Cours d¹Estienne d¹Orves, Marseille
06 20 97 63 01
www.mouv¹art.fr
Portes Ouvertes Consolat
du 8 au 10 octobre
Quartier Consolat, Marseille
www.assopoc.org
Perception, volume éphémère, ébauche du projet pour Mouv’art 2010 © Richard Aiguier
Giancarlo Bargoni
du 18 septembre au 28 novembre
Musée Estrine, Saint Rémy
04 90 92 34 72
www.ateliermuseal.net
74
LIVRES/ARTS
Dans l’atelier de Cézanne
La première monographie de Vincent Beaurin,
publiée à l’occasion de son exposition à L’Atelier
Cézanne (voir page 68), permet une immersion
originale dans son univers. On y appréhende ses
motivations profondes comme on chemine dans les
méandres de sa pensée grâce à un entretien à plusieurs
bandes, à la manière d’une partie de billard ! Après la
préface de Michel Fraisset rappelant «le rôle du muséeatelier » qu’il dirige, place à un dialogue croisé avec
Samuel Dubosson, Sonia Beaurin, Delphine Coindet
et le peintre Jean-Michel Alberola. Le sculpteur se
révèle un conteur talentueux : sur la couleur et les liens
qu’il tisse avec elle, sur son activité favorite qui consiste
à «faire des statues», sur le trompe-l’œil qui sied
particulièrement à son intrusion cézanienne… À ces
interviews réunies sous le vocable Brassage, Vincent
Beaurin répond par une évocation poétique et tendre
de son enfance, de ses années de formation dans un
atelier de ciselure de l’école Boulle, sa découverte de la
peinture, Malévitch et le Suprématisme. De ses années
design et de son immersion dans une certaine
intelligentsia parisienne… Tantôt imagées ou réalistes,
souvent piquantes, ses paroles passent de la sphère
intime aux événements collectifs qui dépeignent la vie
d’une époque. Avant que Jean-Michel Alberola ne le
rappelle à Cézanne en l’interrogeant d’un «L’Atelier
d’Aix est-il à l’intérieur ou à l’extérieur ?»…
Trois courts textes de 2007 et 2009 signés de l’artiste
ponctuent ce recueil d’œuvres : Basilic dans lequel il
évoque ses sculptures organiques, Creuset en regard de
sa pièce réalisée à partir de ramures de renne rapportées
de Sibérie, et Spectre qui dit sa découverte de l’Atelier.
Là où il s’est assis naturellement et est resté «tranquille
comme une nature morte». À l’ombre de Cézanne
qu’il compare à «un astre».
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Le Spectre dans l’atelier de Cézanne
Éd. Skira Flammarion, 40 euros
Ouvrage publié avec le soutien
de Mécènes du Sud
Le dur repos
Saluons la belle initiative des Éditions Parenthèses de
publier l’émouvante analyse de l’œuvre du peinte
abstrait Nicolas de Staël par son ami et homme de
lettres Guy Dumur. Remarquablement écrit il y a 35
ans, cet essai qui a vu le jour grâce au concours de la
sœur de l’auteur a été agrémenté de documents
iconographiques de grande qualité et de
correspondances idoines au sentiment de dualité
envers la peinture qui torturait intérieurement l’artiste,
au point de se donner la mort tragiquement à 41 ans.
Reconnu comme un artiste majeur de son temps, le
peintre serait-il le dernier chainon manquant d’une
histoire débutant avec les mosaïques de Ravenne pour
s’achever avec les abstraits des années 50 ? Son œuvre
située «au confluent du passé et du présent» est mise
en lumière à travers un regard saisissant ou Le combat
avec l’ange se substituerait à l’œuvre de sa vie.
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Nicolas de Staël, Le combat avec l’ange
Guy Dumur
Éd. Parenthèses, 13 euros
Porte-folio : vingtième !
Avec vingt années et quelques broutilles d’existence,
l’Artothèque du lycée Antonin Artaud poursuit
résolument la promotion et diffusion de l’art
contemporain auprès de son jeune public et bien audelà de ses murs. Pour cette rentrée ? Expositions,
rencontres, édition des Cahiers de l’Artothèque et de
son troisième porte-folio. Selon la formule des
précédents publiés pour les anniversaires des 10 puis
15 ans d’activité ininterrompue «Chers artistes,
donnez-nous de vos nouvelles» - volume III réunit
les estampes originales créées pour l’évènement par 45
des artistes qui ont fréquenté cette structure unique
dans un établissement scolaire. L‘impression a été
confiée de nouveau à l’atelier de sérigraphie de JeanPaul Portes sis à Marseille. La souscription de 200
euros court jusqu’au vernissage… et sera de 300 euros
ensuite. Vernissage le 5 oct à 18 heures, exposition des
œuvres jusqu’au 22 oct.
Voici une belle opportunité de soutenir ce travail
précieux de service public.
C.L.
Chers artistes, donnez-nous de vos nouvelles, volume III
Porte-folio et exposition jusqu’au 22 octobre
Artothèque Antonin Artaud, Marseille
04 91 06 38 05
www.lyc-artaud.ac-aix-marseille.fr/artothèque
Didier Tisseyre, l’un des 45 artistes du Porte-folio © X-D.R
LIVRES/ARTS75
Clarté et confusion
Ce livre est publié dans le cadre d’un projet de
créations sur trois ans du sculpteur américain Richard
Nonas en région Provence-Alpes-Côte d’Azur avec
l’Atelier Archipel en Arles et le Musée Gassendi de
Digne. Il a débuté cette année avec une installation
dans le cadre de la manifestation D’après nature au
Domaine du Château d’Avignon (voir p 67).
Cependant Fieldwork ne vous livrera aucun détail sur
ces projets puisqu’il est entièrement consacré à l’atelier
new-yorkais de l’artiste. 150 photographies en noir et
blanc réalisées par l’artiste lui-même comme les
quelques lignes sur ses propres intentions en anglais et
en français. Un ouvrage émouvant où l’univers de
l’atelier se partage et se parcourt à la manière d’un
paysage selon différents focus, le regard à multiples
hauteurs et distances des objets qui constituent cet
espace intime et subjectif de la création.
Pour ceux qui ont pu voir ses sculptures, le contraste
est saisissant entre le capharnaüm du lieu d’invention
et l’esthétique dépouillée de ses œuvres qui en
proviennent, trop facilement rangées par certains dans
la catégorie du minimalisme. «C’est la tension que je
veux ; le malaise que même des lieux familiers peuvent
susciter - les significations complexes qui s’échappent,
mais pas trop loin». Pour rencontrer ces prochaines
créations il faudra donc se rendre en 2011 au hameau
des Viaires dans la Réserve Géologique de Haute
Provence, et au théâtre antique d’Arles en 2012.
C.L.
Fieldwork
Richard Nonas
Éd. Analogues, 29 euros
Sauvageons de l’art
Édité à l’occasion de l’exposition de Mathieu
Clainchard (Triangle France, Friche de la Belle de Mai,
Marseille 2010), Outskirting constitue le premier
catalogue raisonné des Bad Beuys Entertainment
pour lesquels l’art était aussi un mode de vie.
Survêt’/basket/casquette à l’envers, abribus, hip-hop
et banlieue pour les stéréotypes mais aussi l’école d’art
de Cergy Pontoise et Joseph Beuys, Art&Language,
l’Esthétique Relationnelle entre autres modes
référentiels, afin de détricoter les mythologies de leur
époque, du conditionnement par le divertissement en
particulier, c’est-à-dire de notre société du spectacle
version banlieues. Non sans humour et dérision.
Une première partie de l’ouvrage situe le travail de ce
collectif/entreprise artistique à géométrie variable dont il ne subsiste que très peu d’œuvres - avec les
textes de Dorothée Dupuis (Triangle), Hanne Mugaas
qui collabora avec le groupe, Keren Detton. La
seconde constitue le catalogue raisonné appuyé sur de
nombreux documents, textes critiques et
photographies. Enfin, il faut parcourir le lexique pour
appréhender cette posture critique et facétieuse des
BBE. Exemples : «2ème% : réplique grossière. Voir 1%
artistique» ou les définitions suivantes de Disney,
Survêtement, Ville Nouvelle…
En français et en anglais.
CLAUDE LORIN
Outskirting
Bad Beuys Entertainment 1999-2007
Monogragik éditions/Triangle France, 25 euros
L’art à la machine
Espace public, théâtralité, mouvement, prouesses,
émotion. Les arts de la rue ont leurs prophètes. Ancien
compagnon de rue des Royal de Luxe, actuellement
directeur artistique de la compagnie La Machine à
Nantes, auteur des présents textes et dessins, François
Delarozière nous fait entrer de plain pied dans la
fabrication de son univers phantasmatique et fabuleux
à partir de ses projets récents : du croquis d’après
nature aux esquisses préparatoires et dessins techniques
annotés, en alternance avec de nombreuses
photographies de plusieurs auteurs… On se prend
ainsi aux extravagances ingénieuses de cet art un peu
forain de la machine, toujours conçue à l’échelle
monumentale de la ville. «Elles [les machines] ont
pour unique mission de provoquer des émotions et
du rêve». On ajoutera volontiers la fête ! Qui pourrait
oublier le Grand Eléphant à Nantes, le Manège Carré
Sénart ou l’Araignée géante qui fit sensation à
Liverpool, capitale de la culture en 2008 ? À relire du
même auteur chez le même éditeur Le Grand
Répertoire des machines de spectacle (2003).
En français et en anglais.
C.L.
Carnets de croquis & réalisations
François Delarozière
Éd. Actes Sud/La Machine, 29 euros
76
DISQUES/LIVRES
MUSIQUE
Variations classiques
C’est l’une des raisons d’exister de la maison Lyrinx, conçue
comme une vraie mission, que de promouvoir des pianistes.
La collection «Talents» qu’édite la famille Gambini en révèle
régulièrement, comme c’est le cas pour Chara Iacovidou.
Après un CD Schubert-Ravel en 2002, elle propose un
programme consacré au principe des «Variations», modifiant,
en plusieurs étapes, un thème par différents procédés
d’ornementation mélodique, de changements rythmique,
Réédition
Brigitte Engerer, cheville ouvrière du festival de La Roque
d’Anthéron, que les mélomanes ont pu apprécier à nouveau
cet été (voir p 24), est sans conteste l’une des pianistes
françaises les plus impressionnantes. Sa technique sûre, son
jeu puissant et généreux en fait l’une des virtuoses les plus
présentes sur les scènes mondiales. On rappelle que, surdouée,
il y a une trentaine d’années, elle fut lauréate des trois
concours parmi les plus prestigieux : Long, Tchaïkovski et
«Chosta» révélé
Il est fascinant de constater comment Chostakovitch, qui
autour de 1950 subit une pression extrême du régime
soviétique, parvient à livrer un tel monument de l’histoire du
clavier. Ses 24 Préludes et Fugues prennent modèle chez Bach
bien sûr, mais sont conçus comme un cycle d’une richesse
sonore, polyphonique, tonale et esthétique fabuleuse. Les
Préludes se souviennent de passacailles anciennes ou flirtent
avec l’École de Vienne, les Fugues, aux thèmes parfois
harmonique, dynamique… jusqu’à le rendre parfois
méconnaissable. La Grecque focalise son beau travail sur des
opus du trio classique viennois (Mozart, Haydn et
Beethoven) composés à la fin du 18ème siècle pour clavecin ou
pianoforte, ici joués avec beaucoup de finesse et de goût sur
un Steinway moderne.
J.F.
CD Lyrinx LYR 260
Reine Elisabeth. Dans la foulée, en 1983/84, elle livrait les 3
Klavierstücke D.949, la Mélodie hongroise en si mineur, les 4
Impromptus de l’op.90, D.899 et des Lieder transcrits par Liszt
une dizaine d’années après la mort du Viennois. Des 33 tours
réédités et des inédits en CD.
J.F.
CD Decca 4803475
improbables, sous leur aspect volontairement spartiate,
développent des univers d’une variété ahurissante. Sous les
doigts d’Alexander Melnikov (voir p 24), ce chef d’œuvre,
méconnu ou sous estimé, crève le rideau de l’histoire et éclate
au grand-jour.
J.F.
2CD + DVD bonus interview,
Harmonia Mundi HMC 902019.20
Les bons tuyaux
Voici un livre passionnant sur une histoire de Marseille, vue par le prisme de
ses orgues actuels, disparus, aménagés,
déplacés ou rénovés durant plusieurs
siècles…
Jean-Robert Cain et Robert Martin,
tous deux organistes grandement impliqués dans l’inventaire et la restauration
des instruments régionaux, en collaboration avec les Editions Parenthèses,
livraient en 2004 le fruit d’un labeur
impressionnant, de recherche scrupuleuses dans un ouvrage grand format,
richement illustré de commentaires instructifs, de photographies et documents
d’archives.
Ce travail ne s’adresse pas seulement aux
organistes et amateurs de tuyaux, claviers
et autres pédaliers (des détails techniques
sont fournis pour chaque instrument
répertorié), mais offre un véritable guide
touristique aux flâneurs qui, de quartiers
en arrondissement, aimeraient découvrir
des trésors souvent ignorés. C’est un
précieux témoignage du développement
social, culturel, religieux, architectural de
la cité phocéenne et un hommage aux
grands facteurs d’orgues, à leurs interprètes. On y trouve même un «éphéméride»
qui relate tous les évènements recensés,
liés aux orgues régionaux depuis… 1274 !
Depuis 2004, quelques orgues marseillais
chantent de nouveaux, ont heureusement
retrouvé éclat et couleurs comme à St
Julien, Montolivet, Notre-Dame du Mont,
les Réformés, St Michel grâce à l’effort
conjugué de passionnés et les finances
municipales.
Reste au curieux à découvrir les magnifiques instruments de St Théodore (1er
arr. - XVIIIe siècle), le Cavaillé-Coll de St
Joseph I.M. (6e arr. - XIXe siècle), celui de
St Victor (reconstruit entièrement en
1974 sur des tuyaux des XVIIe et XVIIIe
siècles) et tant d’autres… Outre leur
attrait sonore (lors de concerts programmés dans ces lieux) ce sont également de
magnifiques constructions, finement
travaillées et sculptées qui ravissent l’œil
(voir festival de Rocquevaire p45).
JACQUES FRESCHEL
L’orgue dans la ville
Éd. Parenthèses, 49 euros
Êtes-vous Funky ?
Composé sur un livret d’Alberto Manguel, Un retour d’Oscar Strasnoy invoque un univers sonore moderne faisant la
part belle aux percussions, au piano, à un duo de cuivres qui,
en compagnie de solistes et d’un chœur minimaliste, illustre
le retour d’un homme en Argentine après trente ans d’absence. Dans la mise en scène de Thierry Thieû Niang, cet
opéra a été l’une des réussites du festival d’Aix au Grand Saint
Jean cet été (voir Zib 32). Comme à son habitude, Musi-
catreize (dir. Roland Hayrabedian) publie un livre-disque
qui permet de suivre texte et musique au fil de planches
illustrées (signées Antonio Segui). Un monde étrange sur la
mémoire et l’oubli, la permanence, les fantômes, l’exil et
l’errance à l’antique, l’éternel et irréaliste renouveau !
J.F.
Livre-CD aux éditions Actes Sud, 25 euros
DISQUES 77
Complètement Dada
S’il était judicieux d’établir un lien entre l’histoire de
l’art et les si peu orthodoxes Sexy Sushi, un seul mot
ferait tilt : Dada. Bien loin de considérations
phraséologiques cérébrales, le duo nantais le plus fou
du monde, exilé dans la capitale, n’en a pas fini de
faire parler de lui. La découverte du nouvel opus
intitulé tout simplement Cyril ne pourra que
confirmer ces paroles sensées. Electro-déjanté et
provocateur à souhait dans le texte, la bête sauvage et
indécente aux quatorze titres se dompte après
quelques écoutes et une concentration accrue. Et bien
que l’accoutrement inqualifiable du binôme séditieux
nous invite à nous cacher les yeux (des perruques aux
lunettes, il faut choisir…), la désacralisation réinventée
et poussée à l’extrême fait un bien fou aux oreilles. Et
pour les chanceux (ou les curieux), leur performance
scénique se vit, elle ne se raconte pas !
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Cyril
Sexy Sushi
Scandale Records
Fraîcheur de vivre
Entre le sérieux des sujets abordés et la légèreté des
quatorze chansons qui composent le nouvel album des
Tit’Nassels, ils ont trouvé un juste équilibre avec une
platine qui n’aime pas les extrêmes. Très à l’aise avec
des airs entrainants et festifs, le duo atypique sonne
plus que bien et donne un coup de fraicheur au
paysage chansonnier français avec ses instruments qui
revigorent : mélodica, accordéon, xylo, kazou... Même
pas mal n’affiche pas des grands airs affectés mais nous
parle de nos existences, de ce qu’on vit, tout en
respirant une belle gaité musicale. Prévu pour octobre
Rock & folk
Originaire de la ville éponyme de Caroline du Nord,
le leader et compositeur de Chapel Hill a bien roulé
sa bosse de son Amérique natale à la conquête outreAtlantique, et cela s’entend. Un timbre de crooner qui
transpire les onze titres du nouvel album If these Wings
Should Fail Me, un fond bien folk limite country mais
relativement sombre, sans l’être autant que l’album
précédent Songs to Die. D’ailleurs, les corbeaux
évoqués dans le titre par leurs ailes ne sont pas des
oiseaux de malheur pour les Chapel Hill mais des
protecteurs, à l’image des messagers des dieux dans
certaines civilisations. Authentique et sans artifice,
enregistré dans les conditions du live, la nature brute
des sonorités donne un côté presque expressionniste,
limite cabaret (Tu es mon Faust chanté en français par
la sensuelle Yasmine Carlet) mêlé avec bonheur aux
2010, tout juste un an après le best-of des dix ans de
carrière, le nouveau né reçoit l’appui de deux Ogres
de Barback (Mathilde et Fred) et s’avère être une belle
réussite. Elle aura pour garant une tournée dans toute
la France en automne.
F.I.
Même pas mal
Les TIT’Nassels
At(h)ome
accords dépouillés qui selon les titres se rapproche du
bon vieux rock’n roll. À découvrir.
F.I.
If these Wings Should Fail Me
Chapel Hill
Cosmopolite records
Infernal retour
Si les rues étaient équipées de baffles suspendues afin
de mettre un peu de «groove» au cœur d’une vie
urbaine répétitive et monotone, les dix titres qui composent le premier album Like a monkey des lyonnais de
Sfonx feraient à coup sûr danser les passants de tous
âges et de toute sensibilité musicale ! Sans aller jusqu’à
tenter cette expérience comportementale, se procurer
le premier opus de ces neuf agitateurs qui investissent
l’espace «groove’n roll» (groll pour les intimes) est déjà
un pas en avant dans la «funkattitude» qui vous
envahit dès les premiers riffs. Bercés aux Funkadelic
de Georges Clinton, Kool & the Gang ou FFF, Sfonx
n’a besoin de personne pour tracer sa route (qui ondule de préférence…) et vous invite sur un dancefloor
psychédélique carrefour de l’afrobeat, de la soul, du
rock et de la funk. Rien que ça ! F.I.
Like A Monkey
Sfonx
Grolektif - Anticraft
78
LIVRES
ESSAIS
Têtes nues des deux rives
Le Chèvre-feuille étoilée porte depuis 10 ans un projet
éditorial original. Ancrée solidement à Montpellier et à Alger,
la double maison repose sur quatre femmes : Behja Traversac,
Edith Hadri, Maïssa Bey et Marie-Noël Arras veulent défendre, dans un espace qui habituellement les opprime, l’égalité
et la liberté des femmes.
Elles ont donc confié à Wassyla Tamzali l’Algérienne, et à
Claude Ber la Française, le soin d’écrire un double essai qui
interroge le surgissement du voile intégral dans les rues et
l’actualité françaises, mais aussi, par extension, le sens de ces
Burqas ici et ailleurs, et plus généralement le voile.
Wassyla Tamzali est passionnante en conférence, affirmant
haut et clair sa détestation de ces signes de soumission, elle qui
petite a vu comment ses parentes s’en sont débarrassé ; Claude
Ber sait quant à elle dire la douleur d’un sexe amputé, d’un
corps malade de soi, perçu comme impur, infernal, dangereux. Au fil des deux essais successifs quelques paroles
essentielles sont dites, que l’on pourrait résumer à cela : voiler
une femme, ne serait ce que sa tête est, dans toutes les religions, un signe de soumission à l’homme - le Coran mais
aussi l’Épître de Paul le prescrivent clairement comme tel.
Toute société qui défend l’égalité des sexes - et toute société
le doit - ne peut accepter cela.
C’est la leçon de base, incontournable. Wassyla Tamzali rappelle que le voile, et plus encore le Nikab, est imposé
À table !
Il y a comme une analogie tenace, un rapport évident,
mystérieux pourtant, entre la scène, l’écriture et la table. Tous
les soirs à 20 h précises la cuisine de Coco à Villeneuve-lezAvignon a réuni visiteurs et pensionnaires accablés de mistral,
d’inspiration ou de canicule, dans l’ancienne cellule d’un
moine chartreux. Pendant 20 ans l’hôtesse-cuisinière a nourri
une armée de poètes, dramaturges, créateurs d’images et de
rêves en résidence. Fondée au XIVème siècle la Chartreuse
est devenue Centre national des écritures du spectacle
(CNES) à la fin des années 80, laboratoire pour toutes les
écritures. En 1988 on a proposé à Colette Seren de gérer une
table d’hôtes ; ses séjours en Tunisie, Corse, Crête ou à
Madagascar, lui ont inspiré des recettes originales. Autour
d’une table chaleureuse les palais s’enchantaient et les cœurs
s’ouvraient : la table de Coco devenait un lieu de délices où
violemment à la plupart des femmes dans les pays musulmans ; que porter la Burqa en France rattache à une
histoire, à un mouvement sectaire islamiste qui, ailleurs,
lapide les femmes, les vitriole, leur interdit le statut d’humain.
Ainsi elle refuse que les femmes françaises se voilent au nom
de leur libre arbitre. Claude Ber aborde cette affirmation d’un
désir d’être voilée, cette identité qui prend le voile pour mieux
se révéler et dévoiler la singularité de l’oppression des musulmanes, dans une société qui reste raciste. Et elle démonte ce
triomphe du «c’est mon choix» comme ultime définition de
la liberté individuelle néolibérale, et du relativisme culturel :
«il y a des choses que non», dit-elle.
Cependant les deux écrivaines, malgré la pertinence de ces
paroles, en restent à des impressions vagues, philosophiques
ou ressenties, qui n’étudient le phénomène ni dans sa réalité
sociologique, ni dans sa représentation médiatique et politique. Face aux surgissements noirs qui promènent leurs
spectres inhumains dans nos rues, comment agir ? que leur
dire ? La question reste entièrement posée.
AGNES FRESCHEL
Burqa ?
Éd. Chèvre-feuille étoilée, 15 euros
Wassyla Tamzali et Claude Ber seront présentes à Mouans
Sartoux (voir p 84) puis aux Littorales à Marseille
la parole se partageait autant que les nourritures. Ainsi rassasié
de gigot mariné ou de pâté créole, de moussaka ou de
lasagnes, enchanté de marquise ou d’îles flottantes, chacun
repartait rasseréné à sa table d’écriture ! Ce petit livre des
Scènes de cuisine se présente donc autant comme un recueil de
recettes que comme un hommage attendri et reconnaissant à
leur auteure, avec des textes et des photos des résidents. On
croise dans ces pages Jean-Yves Picq, Claudine Galea, Sylvie
Chenus, Rémi Chechetto ou Jacques Rebotier... Quelque
chose qui les a nourris est-il passé dans leurs mots ?
CHRIS BOURGUE
Scènes de cuisine
Recettes de Coco et mélanges d’artistes
Éd. Espaces 34, 16 euros
Histoire vraie d’un suicide en cours
Et si nous vivions nos derniers jours en tant qu’espèce?
L’auteur n’est pas définitivement pessimiste mais il lance une
mise en garde qui ressemble à un chant du cygne. Reprenant
les travaux de nombreux scienti-fiques, il dresse le constat
d’un «éocide» en train de se produire : en détruisant notre
environnement, c’est notre propre existence que nous
mettons en cause. Cet effrayant constat n’est pourtant pas
une élucubration. C’est le résultat de l’histoire de l’homme.
Après les grandes disparitions d’espèces du secondaire,
l’homme a fait son apparition. Fragile, menacé par les autres
prédateurs, il a su mettre en place des stratégies pour survivre.
Son intelligence lui a rapidement per-mis de maîtriser son
environnement. Il s’est mis à conquérir et à détruire. Les
grands fauves ont disparu, incapables de lui résister. Ainsi en
Australie, grâce aux feux, les aborigènes ont exterminé toute la
méga-faune, des lézards géants aux crocodiles de terre. Partout
dans le monde il a répété la même leçon. Avec la maîtrise de
l’agriculture et l’élevage, il a modifié son milieu pour satisfaire
ses besoins. Il a alors contribué à sa pro-pre ruine. Des
civilisations, telle celle des Anazasis du Chaco qui vivaient
dans les pueblos, ou les Mayas ont disparu par tarissement
de leurs ressources. Aujour-d’hui, le triomphe du capitalisme
et du profit ont accéléré et multiplié les menaces : les forêts
sont détrui-tes, la biodiversité menacée...
Au delà de la forme parfois un peu fruste de l’écriture, cet
ouvrage nous aide à saisir les dangers qui pèsent sur notre
avenir par une analyse du passé et du présent.
RENÉ DIAZ
Une brève histoire de l’extinction en masse des espèces
Franz Broswimmer
Éd. Agone, 12 euros
LITTÉRATURE
Reprendre souffle
«C’est une nuit sans lune et c’est à peine si l’on distingue
l’eau du ciel, les arbres des falaises, le sable des roches. Seules
scintillent quelques lumières, de rares fenêtres allumées, une
dizaine de lampadaires le long de la plage […].» Dès les
premières lignes, tout ce que distille Olivier Adam de roman
en roman est là : la difficulté d’être, le deuil, la solitude mais
aussi l’espoir, loupiote persistant dans le noir ; l’omniprésence
de la nature et des éléments (l’eau en particulier), comme
autant de points d’ancrage pour les humains perdus, et de
métaphores de leurs états d’âme ; la primauté accordée à la
sensation avec des mots simples qui touchent juste et fort.
Sarah, la narratrice, a échoué dans une petite station balnéaire
japonaise au bord du Pacifique, sur les traces de Nathan, son
frère mort depuis peu, qui y avait trouvé refuge avant elle.
Dans ce village du bout du monde, plus qu’avec son frère
tant aimé, c’est avec elle-même qu’elle a rendez-vous.
Vulnérable et forte à la fois, elle a osé s’ «extraire» de sa propre
vie pour mieux la voir, en changer avant que l’inanité de son
quotidien bourgeois ne l’étouffe, en assumer les failles aussi.
Ainsi, de souvenirs en rencontres, parviendra-t-elle à retrouver
le battement d’un «cœur régulier». Car cette histoire, comme
souvent chez Adam, est celle d’un retour à la vie, d’une
traversée de la nuit jusqu’à l’aube où «le soleil rose éclairait
un monde refait […]».
Olivier Adam signe ici l’un de ses plus beaux textes,
émouvant, sensuel, tellement humain.
FRED ROBERT
L’auteur sera présent aux Correspondances
de Manosque (voir p 84)
Le cœur régulier
Olivier Adam
Éd. de l’Olivier, 18 euros
Ouvrage d’art
Naissance d’un pont confirme magistralement le talent que
Maylis de Kerangal avait révélé avec Corniche Kennedy. Les
rochers de Marseille et les plongeons adolescents disaient déjà
l’audace nécessaire et l’énergie vitale et la sensualité brute et
la rencontre d’univers incompatibles. Dans un style aux
rythmes étonnants, riche d’une poésie concrète, à fleur d’eau
et de lumière, à fleur de peau. Tout cela se retrouve dans son
nouveau roman. À la puissance dix.
L’intrigue en deux mots : le maire mégalomane de Coca, une
ville imaginaire située sans doute sur la côte ouest des ÉtatsUnis, veut désenclaver la cité en faisant bâtir un énorme pont
autoroutier qui reliera les rives du fleuve. C’est l’histoire de ce
pont, du projet à l’inauguration, que Kerangal retrace. Elle
l’ancre dans un décor contemporain, qu’elle peuple d’une
foule de précisions techniques et de personnages
d’aujourd’hui, politiciens, chef de projet, contremaîtres et
ouvriers, militants écologistes et Indiens expropriés. Pourtant,
malgré les aspects documentaires, on est loin, bien loin, du
rapport de chantier. La fiction, nourrie des précédentes
illustres, de la Bible aux grands romans américains, prend des
allures de fable épique pas vraiment à la gloire du libéralisme
triomphant ni de la mondialisation. Des personnages aux
noms étranges, Summer Diamantis, ou évocateurs, Georges
Diderot, Katherine Thoreau ; des passés simples parfois,
comme des scansions, qui confèrent au récit des allures de
légende ; une construction complexe, qui suit l’avancée du
chantier mais s’octroie de nombreux arrêts sur personnages et
retours en arrière… l’ouvrage est mené de main de maître et
dès les premiers mots, on est pris. Charrié, ravi par une langue
composite, comme le béton du pont, comme les gens venus
de partout pour y trimer ; une langue qui extrait les mots
rares, malaxe la syntaxe, abonde en juxtapositions
incandescentes. La langue, comme un fleuve à draguer, un
sous-sol à sonder, un pont à ériger.
FRED ROBERT
L’auteure sera présente aux Correspondances
de Manosque (voir p 84)
Naissance d’un pont
Maylis de Kerangal
Éd. Verticales, 18,90 euros
Humanités et humanité
Il n’y a pas de médiation réussie. Mais chacune,
par son échec même, ouvre la voie à une autre,
plus large, qui va échouer à son tour. C’est par
leur enchaînement inlassable que s’écrit l’histoire
courageuse de notre espèce.
Dans son essai autobiographique, Danse avec le siècle,
Stéphane Hessel renoue avec le genre des mémoires, en
retraçant une vie humaine mesurée aux dimensions d’un
siècle historique. C’est le parcours d’un humaniste éclairé, fils
d’un écrivain un peu lunaire pétri d’antiquité et d’une mère
fantasque et solaire gravitant dans les milieux de l’avant-garde
intellectuelle et artistique européenne ; d’un jeune normalien
qui grandit avec la poésie et les arts, et qui, devenu haut
fonctionnaire, aura mis ses «humanités» au service des droits
de l’homme. Né à Berlin en 1917, il immigre en France à 8
ans, est naturalisé à 20, s’engage dans la Résistance, est
déporté à Buchenwald puis à Dora avant de s’échapper. Après
guerre, il entre dans la diplomatie, est nommé en Asie, en
Afrique, à New York, Alger, Genève, et consacre l’essentiel de
sa carrière à œuvrer à l’essor de l’ONU, aux relations nordsud, à l’aide au développement, à la défense des immigrés.
Hessel n’aura jamais cessé de traverser les frontières. Et c’est
avec le même détachement élégant et courtois qu’il parle des
honneurs politiques et de ses exigences éthiques, des
tribulations du monde et du deuil des proches, et de sa
vocation infatigable d’intercesseur et de médiateur.
AUDE FANLO
Stéphane Hessel sera l’invité principal de la fête du livre des
Écritures Croisées, Aix (voir p 84)
Danse avec le siècle
Stéphane Hessel
Éd. du Seuil, 22 euros
LIVRES 79
80
LIVRES
LITTÉRATURE
Écrivains
au cœur
des fictions
L’expansion de l’écriture autobiographique a habitué
les lecteurs à découvrir au centre des récits le
personnage de l’écrivain, ses affres et son monde,
forcément intellectuel, souvent parisien, ou alors de
type Rêveries du promeneur solitaire et autres menus
plaisirs. C’est souvent un peu agaçant, parce qu’on y
retrouve le même apprentissage de l’écriture, le même
rapport à l’école, la même révérence au livre, et la
même ignorance des autres réels, que ce soit les autres
mondes du travail, l’ailleurs géographique,
l’écrasement politique, ou la douloureuse sensation de
l’échec intellectuel.
Si cette année l’abondante rentrée littéraire propose
bien des dépaysements, on y retrouve également de
ces livres d’hommes qui se décrivent écrivant, ou
plantent au centre de leurs fictions des écrivains qui
leur ressemblent. Charles Juliet, qui avec Lambeaux
a écrit une autobiographie déchirante à la portée de
tous, livre le 6e volume de son Journal, peuplé de pages
inoubliables, mais de fort oubliables aussi, dont on
aimerait qu’il nous épargne le tri (voir ci-contre).
D’autres font bien pire : le médiatique Didier van
Cauwelaert livre un roman écrit à la va-vite,
accumulant les clichés autour d’un écrivain gourou
forcément don juan, et d’une chinoise faussaire qui
vient semer la zizanie dans le cœur d’une bande de
vieux copains décatis. Dont une copine, lesbienne. On
y regarde LCI, y habite à l’hôtel, y roule en Rolls, s’y
habille Chanel. Avec des fins de chapitres à suspense
grossier -comme dans les séries avant les coupes
publicitaires- , des changements de points de vue
attendus, des images infantiles, un style à couper au
coutelas (elle balance son string d’un coup d’orteil, presse
ma queue comme une courgette à l’épicerie…).
Visiblement van Cauwelaert ne sait pas inventer plus
loin que le bout de son nez, qu’il a court, quoique fort
joli (un portrait en noir et blanc, regard et cheveux
flous, s’affiche sur sa quatrième de couverture, à
l’endroit où trône habituellement le pitch
commercial).
Le nez d’Arnaud Cathrine est nettement plus long.
Lui aussi conçoit une fiction centrée autour d’un
écrivain qui lui ressemble, et meurt. Lui aussi écrit un
livre qui tourne autour d’un mystère indévoilé, avec
quatre narrateurs qui se succèdent et disent le charme
d’un homme, Benjamin Lorca. Même si la
construction à rebours et les changements de
narrateurs sont un peu systématiques, ils proposent
une réalité diffractée intéressante. Et les questions
littéraires posées sont vraiment celles de la biographie
: le problème de l’intimité, du posthume, des traces
laissées par un écrivain, de la construction a posteriori
d’une fiction qui ne circonscrit pas le réel d’un
homme. Le personnage du frère mal aimé, ancré dans
un quotidien loin du monde de l’écriture, est
particulièrement attachant.
Et puis il y a Écrivains. De Volodine. Une chose qu’il
intitule roman et vous happe immédiatement dans la
force de son écriture. Et qui n’a rien à voir avec cela.
Ou tout plutôt, puisqu’il les retourne. Se présentant
comme une série de textes courts, Écrivains brosse ce
qui pourrait ressembler à une galerie de portraits en
actes, images d’écrivains parvenus au moment précis
où l’écriture surgit. Sauf qu’ils n’écrivent pas. L’une
meurt et discourt nue, dans le noir, devant une
assemblée de fantômes ; l’autre passe la nuit à compter
à rebours, un pistolet à la main, retardant le terme de
sa souffrance, qui ne viendra pas ; un enfant déverse
un flot de mots incontrôlés, une détenue explique tout
ce qu’écrire n’est pas, un désespéré «récrit» la réalité
de sa naissance devant un monceau de débris mis en
scène… Tous ces «écrivains post-exotiques» sont
paradoxalement parvenus, sans jamais l’accomplir, au
bout de l’acte d’écrire, là où il ne sert plus parce que
le monde est un amas de ruines, parce que le moi a
vacillé et s’est éteint, parce que créer du lien n’a plus
de sens quand l’humanité a disparu, et que la fiction
elle-même, l’exotisme, n’a plus de raison de surgir.
Parfois le monde post-nucléaire, post-stalinien, postexotique de Volodine a sonné un peu vain, d’un
désespoir peuplé de douleurs et de ruelles trop
fantastiques. Ici, dans ces textes courts qui
commencent par un revolver sur une tempe, et
s’achèvent par un «Et il se pend», tout sonne vrai, et
tout fait mal. Sauf le récit central, suite de
Un Lion humaniste !
Curieux personnage que ce Jean-Baptiste Capeletti,
né en Algérie, établi comme meunier dans l’Aurès, pas
comme colon mais de manière «indigène», époux
amoureux et chéri d’une jeune fille de bonne famille
du cru, qui lui donna un fils. Autodidacte ingénieux, il
découvrit un site archéologique de premier plan dont
il garda le secret pendant 30 ans avant de le confier, par
sympathie, à un jeune chercheur, Robert Laffite. Il
n’hésitait pas à affirmer son amitié avec un bandit
d’honneur réputé dans toute l’Algérie et, fut lui-même
surnommé Chawiya, le «Lion de l’Aurès».
Loin de se borner à tracer une galerie de portraits baroques de ses personnages, Fanny Colonna, sociologue,
s’attache à rendre «la puissance des liens entre ceux qui
ont vécu ensemble du fait de la dureté de ce pays», à
restituer leurs échanges avec humour et à léguer leurs
expériences comme patrimoine commun.
L’enquête de terrain rigoureuse, les archives consultées, les témoignages recueillis, les superbes photos et
les croquis précis permettent de démêler l’écheveau
des récits «légendaires», de mieux cerner ce «héros
qui haïssait la guerre», comme l’attestent ses poèmes
émouvants et savait respecter les cultures d’autrui et
offrir une belle image de fraternité!
JEAN-MATHIEU COLOMBANI
Le meunier, les moines et le bandit
Des vies quotidiennes dans l’Aurès du XXe siècle
Fanny Colonna
Éd. Actes Sud, collection Sindbad, 25 euros
remerciements drolatiques d’une belle efficacité
comique. Même là Volodine est magistral.
AGNÈS FRESCHEL
Antoine Volodine sera présent à Manosque
et à Mouans Sartoux, Didier Van Cauwelart
à Mouans Sartoux, Arnaud Cathrine à Manosque
Les témoins de la Mariée
Didier van Cauwelaert
Éd. Albin Michel, 19 euros
Le Journal intime
de Benjamin
Lorca
Arnaud
Cathrine
Éd. Verticales,
16 euros
Écrivains
Antoine
Volodine
Éd. du Seuil,
17,50 euros
LIVRES 81
L’aventure intérieure
Exercice périlleux que de publier un journal, par
définition intime, ce qui faisait écrire à Michel
Tournier son Journal extime ! Charles Juliet publie
cette année le sixième tome de ses journaux, Lumières
d’automne qui couvre la période 1993-1996.
L’ouvrage par moments relève d’un journal vraiment
intime : notations brèves, relation de rencontres
anodines, impressions fugitives, le tout en un style
apparemment relâché, mais qui laisse sourdre parfois
une délicate poésie - ainsi, la description de Lyon, le 2
mars 95. Et puis par instants la conscience de la
destination réelle du journal, la publication, surgit :
passages de justification, comme à la réaction de
l’éreintage sur France Culture, ou, loin de toute
polémique, la réflexion sur le pourquoi de l’écriture.
On navigue ainsi entre légèreté et profondeur, avec un
ancrage souvent bouleversé dans le siècle, évocation
des guerres, des drames qui secouent l’humanité. Mais
tout ceci posé ensemble, au fil des jours, constitue le
terreau même du poète. Qu’il expose abondamment
ou taise ses goûts, la matière première de l’écriture
réside là. Juliet évoque les livres qui l’ont marqué, les
lieux, les personnes, il glisse quelques poèmes
impromptus, d’incertaines pages, une nouvelle
demandée par la revue Autrement… Quête de soi à
travers l’écrit, lutte d’encre et de papier contre le
temps ? L’automne, saison des récoltes… De
nombreux fruits à cueillir dans ce livre qui se lit «à
gambades», et dans le flot duquel on se plait à trouver
quelques pépites de la poésie de Juliet.
MARYVONNE COLOMBANI
L’auteur sera présent aux Correspondances
de Manosque (voir p 84)
Lumières d’automne (Journal VI 1993-1996)
Charles Juliet
Éd. P.O.L., 14,90 euros
Récits partagés
Bulbul Sharma nous avait déjà régalés de récits
gastronomiques avec La colère des aubergines qui
donnait vraiment des recettes indiennes ; elle réitère
avec Mangue amère. Cette fois 9 récits s’enchaînent au
cours de la préparation du repas d’anniversaire de la
mort du patriarche. Seules les femmes de la famille ont
le droit de préparer ces repas de deuil, et selon un ordre
précis, sous la direction de la chef cuisinière. Toute la
journée elles découpent potiron, aubergines, taillent
le basilic et le gingembre. Selon un rituel immuable le
repas se prépare et les langues se délient. À travers les
récits que parfois elles connaissent déjà se dessinent en
filigrane les histoires d’amour, de jalousie, de trahison.
Il y a l’histoire de Maya qui a trop de personnalité et
que sa belle-mère fait amadouer par un charlatan qui
la drogue au pavot ; celle de Bibiji dont le mari
découvre le jardin secret, un vrai jardin de légumes et
de jasmin dont elle n’avait jamais osé parler... Des
histoires d’exil aussi car nombreux sont les indiens
partis aux États-Unis ou en Angleterre qui, revenus en
visite, jettent un regard critique sur les traditions, et
ne supportent plus les currys trop épicés ! Au fil des
pages les civilisations et les dialogues des vivants et des
morts se mélangent, entre traditions et modernité.
CHRIS BOURGUE
Mangue amère
Bulbul Scharma
Éd. Picquier, collection Contes et Légendes d’Asie,
16,50 euros
L’apesanteur et la garce
Un roman français de 345 pages porté par une
intrigue fort ténue (les affres répertoriées d’un trio
amoureux) mais un présent de l’indicatif si ample qu’il
donne le vertige et ôte immédiatement l’envie de
ricaner… Expansion et profondeur aussi d’une source
inépuisable de moments singuliers, un temps qui est
avant tout l’espace d’une narration-circulation… Un
roman simple comme la métaphysique et beau
comme un haïku (voir le titre !), si ce n’est l’inverse. De
l’indolence à la douleur ou comment s’assurer
tranquillement de la catastrophe : l’amante anglaise,
c’est Nora qui vole épisodiquement du trader
londonien au traducteur parisien, se rêve en Nina,
mouette tchékhovienne, reste jusqu’au bout aussi
énigmatiquement désirable que Manon Lescaut ; les
amoureux alternativement plaqués, forcément, ne sont
pas à la hauteur : Louis Blériot (oui , elle est pleine de
malice cultivée et de signifiants errants l’écriture de
Patrick Lapeyre !) adultère et falot, manque d’énergie
autre que sexuelle pour comprendre, et le pessimiste
Murphy aux lunettes bleues (cherchez Beckett, vous le
trouverez ) souffre trop pour sortir de lui-même. Les
deux ne cessent de payer comptant ce qui ne s’achète
pas!
Les rayons obliques, les nuages qui filent, les ombres
ou les miroirs qui ne réfléchissent guère dessinent tout
un monde flottant de personnages campés pourtant
vigoureusement avec un humour fou et une virtuosité
soufflante ! La légèreté apparente suspend et fixe le
malaise tout à la fois : indulgence attristée, sympathie
navrée pour les personnages et tendresse cruelle,
l’auteur pratique une écriture «de profil»: «fraîchement
rasé, froidement désespéré » semblant d’équilibre
désinvolte entre le haut et le bas qui ne protégera pas
de l’écrasement. Et pour le même bonheur de lecture
à l’infini il permet de comprendre Leibniz !
MARIE-JO DHO
L’auteur sera présent aux Correspondances
de Manosque (voir p 84)
La vie est brève et le désir sans fin
Patrick Lapeyre
Éd. P.O.L, 19,50 euros
82
LIVRES
LITTÉRATURE
La ballade de Bill et Jim
Comme son titre l’indique, le premier roman de
Lionel Salaün raconte l’histoire d’un retour. Celui de
Jim Lamar dans sa ville natale Stanford, Missouri, un
bled perdu du Midwest. Comme beaucoup d’autres
jeunes Américains, il a «fait» le Vietnam. Sauf que lui,
après sa démobilisation, a mis 13 ans à rentrer au
bercail. Alors, forcément, lorsqu’il réapparaît enfin,
quand plus personne ne l’attend et que la ferme
familiale est en déshérence, cela intrigue, cela choque
même. Brassens le chantait justement : «Non, les
braves gens n’aiment pas que / l’on suive une autre
route qu’eux» ; particulièrement à Stanford, Missouri,
sur les bords du Mississipi. Seul Bill, le narrateur, est
curieux de connaître ce revenant. Entre l’adolescent
un peu sauvage et le vétéran hanté, le courant passe ;
doucement, Jim se confie. Le récit, rétrospectif, relate
un double apprentissage, celui de Jim au contact de
ses camarades d’infortune sur les rives du Mékong,
celui de Bill dont la vie sera changée par cette
rencontre sur les berges du Mississipi. Entre gouaille
Tout sur sa mère
«Et l’histoire de ma vie quand est-ce que tu vas
l’écrire ?»… «Tu n’es pas curieuse de connaître mon
enfance ni de savoir pourquoi je vous ai quittées ?».
Hanan el Cheikh a mis longtemps avant de céder à
l’insistance de sa mère. Peur de rouvrir de vieilles
blessures, rancune souterraine… Cela a vraiment été
toute une histoire, que le prologue et l’épilogue
présents dans les éditions anglaise et française
expliquent. Mais elle l’a fait malgré ses réticences, et
grâce à elle Kamleh reprend vie. Et quelle vie ! Tous les
ingrédients du roman pathétique y sont : abandon du
père, indigence extrême, mariage forcé à 11 ans,
analphabétisme, violences en tous genres… Sauf que
Kamleh est une sorte de picaro à la libanaise et qu’elle
affronte l’existence avec une vitalité et une rouerie
exceptionnelles, et un sens de la dérision tout aussi
remarquable. Dès le plus jeune âge, elle passe maîtresse
en «fables et larmes». Quel autre choix dans le Liban
des années 40-50 où les femmes, interdites de tout,
n’ont que la ressource du mensonge pour vivre et
respirer un peu ? Dans une société corsetée dans ses
rugueuse et lyrisme nostalgique, ce roman touchant
est surtout un hymne à «ce bout d’Amérique propre à
chacun, ingrat ou généreux, ensoleillé ou glacé qui
constituait tout notre héritage, le terreau de notre vie,
notre seul refuge». Dans une langue vive, rythmée,
Lionel Salaün rend hommage à son Amérique
mythique et adorée, berceau du blues et du grand
fleuve ; à ce territoire immense où tout reste possible,
les cataclysmes les plus violents, les aubes les plus
magiques.
FRED ROBERT
Le retour de Jim Lamar
Lionel Salaün
Éd. Liana Levi, 17 euros
L’auteur sera présent à Manosque (voir p 84)
le 24 sept à 18h00 pour une rencontre croisée
avec Thomas Reverdy
traditions, la jeune femme fera de sa vie un film
sentimental, à l’image de ceux qu’elle voit en cachette.
Le récit de Kamleh est enlevé, son énergie
communicative et son humour ravageur même quand
elle relate des horreurs. Et puis, il y a cet amour de
l’imaginaire, ce sens de la métaphore inattendue,
triviale ou poétique. Bref, on ne peut qu’être séduit
par cette mère insoumise et drôle et admirer le talent
de sa fille à lui rendre parole, justice et hommage.
FRED ROBERT
Toute une histoire
Hanan el Cheikh
Traduit de l’arabe (Liban) par Stéphanie Dujols
Éd. Actes Sud, 22,80 euros
Hanan el Cheikh est reçue en librairie
les 14 et 15 septembre dans le cadre
des Itinérances littéraires.
Elle sera présente au festival du livre
de Mouans-Sartoux.
Juste pour jouer
Perpignan au plein cœur de l’été. La ville est brûlante,
la clim’ du commissariat plus souvent en panne qu’à
son tour et les affaires en cours pas vraiment
passionnantes. Un assassinat, une disparition et un
enlèvement vont heureusement mettre un terme à
cette torpeur poisseuse. Et l’inspecteur Gilles Sebag
oublier un temps l’ennui de la routine et le vide d’une
maison désertée par les siens partis pour les vacances.
Malgré ses doutes existentiels et sa vision désabusée
des choses, ou peut-être à cause d’eux, Sebag aime
jouer. Alors il joue. Au bluff parfois, à l’inspiration
souvent, il avance ses pions dans une partie pas
évidente, un jeu gratuit et cruel imaginé par un esprit
malade. « Qui fait quoi, qui attrape qui ? Qui est le chat,
qui est la souris ?» Vous le saurez si vous lisez ce premier
opus de Philippe Georget, qui semble s’être bien
amusé à l’écrire en jouant avec les contraintes et les
poncifs du thriller tant au plan de la trame narrative
que des personnages (celui du psychopathe est un
summum). En baladant son enquêteur aussi. Dans
une sorte de dérision du genre en général et de cette
histoire en particulier qui, si elle correspond bien au
caractère décalé de Sebag, enlève hélas au lecteur le
délice du vrai frisson.
FRED ROBERT
L’été tous les chats s’ennuient
Philippe Georget
Éd. Jigal, 18 euros
L’auteur était invité au 9e festival Blues et Polar
qui s’est déroulé à Manosque du 23 au 28 août
84
RENCONTRES
LIVRES
Rentrez en toutes lettres
Vous avez festivalé tout l’été ?
Vous n’êtes pas rassasiés ?
Tant mieux,
ça va continuer…
Parmi les nombreux
événements littéraires
qui jalonnent la rentrée,
il en est 3 dans notre région
que nous vous recommandons
particulièrement. Afin que
votre automne aussi soit
saison d’enthousiasme,
et que la chaleur de l’été
y flamboie continûment…
Mouans-Sartoux,
festival militant
«Les signaux d’alerte se multiplient. […] Allons-nous
continuer à foncer dans le mur à grande vitesse ?» MarieLouise Gourdon, commissaire du Festival du Livre
de Mouans-Sartoux s’inquiète. En intitulant la 23e
édition États d’urgences, elle entend bien mettre cette
interrogation au centre des nombreux débats qui
animeront comme de coutume ce festival dédié à tous
ceux qui résistent à la pensée unique, aux idées reçues,
au creusement des inégalités… Au programme donc,
une cinquantaine de débats et conférences au Forum,
centre névralgique de la manifestation. Mais le festival
est aussi un vrai rendez-vous littéraire et cinématographique, avec des entretiens, des projections et
quelque 200 exposants invités (éditeurs et libraires).
Et parce que la prise de conscience n’attend pas le
nombre des années, l’événement s’adresse largement
aux jeunes. 8500 élèves, de la maternelle au lycée,
seront accueillis dès le 1er octobre sur ce qui est devenu
le plus important espace de littérature jeunesse de la
région PACA. 25 ateliers leur seront proposés sous la
houlette de 34 écrivains, conteurs et illustrateurs. Le
Prix des Pitchouns, qui récompense un ouvrage
imaginé, écrit et illustré par des enfants pour des
enfants, sera également décerné ce jour-là. Quant au
rituel concert littéraire, offert par les 40 musiciens de
l’Orchestre Régional de Cannes PACA sous la
direction de Philippe Bender, il accompagnera cette
année la déclamation du célèbre Matin brun de Franck
Pavloff. Une exhortation supplémentaire à la vigilance.
FR
23ème Festival du Livre
du 1 au 3 octobre
Mouans-Sartoux (06)
www.lefestivaldulivre.fr
Manosque à mots ouverts
Pour leur 12e édition, Les
Correspondances
conservent leur ambition
de donner une dimension
nouvelle à la lecture publique en faisant, comme
l’écrit leur directeur Olivier
Chaudenson, «découvrir
des auteurs et des œuvres à
travers un moment collectif.» Dans une ambiance
festive et sous des formes
sans cesse renouvelées.
Du 22 au 26 septembre
prochains, tandis que la
ville sera investie par les
désormais traditionnels
Écritoire © F-X. Emery
Écritoires, que les vitrines
se couvriront de calligraphies, que les ateliers d’écriture fleuriront sur les places et dans les jardins, les mots dits
seront rois ! Grands entretiens, rencontres croisées, apéros littéraires, lectures rencontres, lectures en scène, mais
aussi lectures musicales, vidéo, dessinées, opéra parlé, balades littéraires… Le programme, alléchant et chargé,
propose comme toujours des rencontres avec des «stars» de la plume et de la scène, mais laisse, cette année tout
particulièrement, une large place aux nouveaux venus (voir chroniques p80 et 82). Autre nouveauté très attendue:
la présentation d’un objet textuel inédit, le bookflyer, format court apparenté à la bande annonce de film ou au
clip musical, sorte de lecture apéritive d’un texte semble-t-il. Grande première à voir et à entendre le 25 à 11h30
sur les textes d’O.Adam, N. Kuperman et O. Rosenthal. Car Manosque, c’est aussi cela, la littérature hors de
ses sentiers battus : une tension féconde entre l’écrit et son oralité, tradition et modernité.
FRED ROBERT
Les Correspondances Manosque La Poste
du 22 au 26 sept
Manosque (04)
www.correspondances-manosque.org
Acteur du siècle
À l’heure où les Journées du Patrimoine célèbrent les
Grands Hommes, les Écritures croisées invitent
Stéphane Hessel à venir partager sa Danse avec le
Siècle. L’homme est en effet un témoin formidable des
idées qui ont construit notre monde d’aujourd’hui :
Truffaut fit un film autour de la liberté d’aimer de ses
parents -l’enfant de Jim et Catherine, une fille dans le
film, c’est lui. Il est né à Berlin en 1917, a été élevé à
Paris, et déporté à Buchenwald durant la Seconde
Stéphane Hessel © X-D.R
Guerre. Diplomate, il a participé en 1948 à la
rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme aux côtés de René Cassin, a été Membre du
cabinet de Mendès France… Son œuvre littéraire (voir
p 79) renoue avec le genre des Mémoires : loin du
narcissisme analytique de l’autobiographie, c’est
l’inscription des Idées et de l’Histoire dans un parcours
personnel qui y est en jeu, et le rapport au réel de
l’écriture.
Autour de lui il ya aura d’autres témoins du siècle, et
des artistes, des débats d’idées, qui interrogeront ces
rapports entre histoire, littérature, parcours personnel
et narration. À l’heure où nous imprimons la liste des
invités n’est pas arrêtée… mais les rencontres des
Écritures croisées sont toujours passionnantes !
AGNÈS FRESCHEL
Danse avec le Siècle
Fête du livre
Du 1er au 3 oct
Cité du livre, Aix
04 42 26 16 85
www.citedulivre-aix.com
BARJOLS | AU PROGRAMME
RENCONTRES 85
Quel chantier !
Il n’est pas innocent que ce soit avec
Cologne, célèbre pour l’eau du même
nom que Barjols et ses tanneries aient
établi des liens privilégiés. Les industries
parfumées viennent souvent contrebalancer des effluves difficilement supportables:
ainsi Grasse fut une ville de tanneries
avant de devenir le temple des parfums !
Le 7 août dernier, les artistes des Tanneries
recevaient donc ceux de Cologne qui les
avaient accueillis le 25 avril. Cette manifestation conviviale permettait de
découvrir les œuvres croisées des peintres
et des poètes. Sur les murs bruts des anciennes tanneries étaient mis en écho des
univers des deux collectifs, le Lichthof de
Cologne et la ZIP de Barjols. JeanCharles Monleau au piano animait avec
un jazz tout de légèreté les déambulations
des visiteurs. Une performance poétique
unissait les deux langues, allemand et traduction française, avec la lecture du
poème avant-gardiste Anna Blum de
Kurt Schwitters dans une mise en scène
drôle et spirituelle. Les œuvres exposées
jouaient avec le thème du Chantier Mo-
bile: travail de la matière, empâtements,
inclusions géométriques de Anne Wöstmann, alors que Hölger Schnapp livre un
travail sur de larges coulées, un chantier
qui se forme en se délitant ; puzzles de
photos du monde urbain, dont une remarquable vision fragmentée de la nuit,
de Dieter Korte ou distanciation de la
ville par le biais de photos prises par un
portable (Patrick Aubert), jeu entre
matière brute des murs et toile lisse (une
belle réussite rouge) de Cathy Posson ;
Günter Vossiek traite le thème de la
mobilité en jouant sur les effets de transparence de plaques de plexiglas suspendues,
multipliant les points de vue, dans une
évocation graphique du voyage d’Ulysse ;
Claudie Lenzi met en scène un chantier
du langage avec des briques de mots,
tandis qu’Eric Blanco retrace avec humour le chemin de l’eau entre Cologne
et Barjols… Un petit ouvrage rassemble
les étapes du projet et les œuvres principales exposées.
MARYVONNE COLOMBANI
Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42
Rencontres avec Susan Sellers, auteur, traductrice, éditrice, le 16
sept à 17h30 à la librairie Book in Bar (Aix) ; Mickael Attal pour
La légende des épées (éd. La Bruyère), le 17 sept de 14h à 17h, Des
livres et vous (Marseille) ; Paule Brahic, professeur d’histoire de
l’art à Aix, pour une découverte de Miguel Barcelo à qui
Avignon consacre trois expositions jusqu’au mois de novembre,
le 24 sept à 19h, librairie de l’Horloge (Carpentras) ; Alan Mets,
le 25 sept à 15h à Maupetit (Marseille) ; Jean Contrucci pour
Les nouveaux mystères de Marseille T.9 (éd. Lattès), le 25 sept à
15h, Des livres et vous (Marseille) ; Jérôme Charyn autour de
The Secret Life of Emily Dickinson, le 28 sept à 17h30 à la librairie
Book in Bar (Aix) ; Jacqueline Assaël pour Petit traité du fol
espoir, l’espoir dans le Nouveau Testament (éd. Olivétan), le 29
sept à 18h30 à la librairie Saint-Paul (Marseille) ; Guy Dana
pour Quelle politique pour la folie ? (éd. Stock), le 29 sept à
18h45, Les Genêts d’or (Avignon) ; Huguette Senia-Badeau, le
5 octà 18h30 à la librairie Saint Paul (Marseille).
Itinérances littéraires : rencontre avec Craig Johnson pour Le
Camp des morts et Little bird (éd. Gallmeister), le 15 sept à
18h30, Le Grenier d’abondance (Salon) ; Andreï Dmitriev et
Valeri Popov à l’occasion de l’année de la Russie en France, le 21
sept à 17h30, Prado Paradis (Marseille), le 22 sept à 19h, Aux
vents des mots (Gardanne) ; Hanan El-Cheikh pour Toute une
histoire (voir p 82), le 15 sept à 18h30 à L’Alinéa (Martigues) ;
Bernado Carvalho pour Ta Mère (éd. Métailié), le 24 sept à 19h
à L’Attrape Mots (Marseille) ; Gary Victor pour Le Sang et la
mer (éd. Vents d’ailleurs), le 6 octà 19h, Aux Vents des mots
(Gardanne) et le 8 octà 17h30 à L’Alinéa (Martigues).
AIX
Association Art eco vert – 06 08 51 00 64
Ecofestival Lez’arts verts sur le thème de la forêt : chasse au trésor,
concerts, accrobranche, performances… Du 2 au 9 oct, à Aix et
Venelles.
APT
Vélo Théâtre – 04 90 04 85 25
12e édition des Cris poétiques durant laquelle des auteurs lisent
leurs textes sur scène : Marina Cedro (auteur franco-argentine),
Guillaume Boppe, Mathias de Breyne et Denis Frajerman. Le
8 oct à 20h30.
À venir
Le dynamisme, la volonté créatrice, la
capacité de renouvellement de la ZIP font
de Barjols un pôle artistique tout à fait
singulier.
Un nouveau rendez-vous est à prendre le
18 septembre lors des Journées du
patrimoine. Le nouvel ouvrage des
éditions Plaine Page ENTRE PEAUX
Des tanneurs aux artistes, sera présenté.
On pourra y trouver un écho du très beau
film consacré à l’histoire des tanneries, de
son passé ouvrier et de son exploitation
artistique contemporaine, lieu de vie et de
création. Plusieurs performances et
interventions auront lieu à partir de 15h,
dont une conférence sur Les Nouveaux
Territoires de l’Art Friches industrielles et
lieux culturels par Fazette Bordage
chargée de mission interministérielle
auprès de l’Institut des Villes.
Présentation du livre,
Lectures et Conférence
ZIP 185, Barjols
18 sept à 15h
ARLES
Muséon Arlaten – 04 90 93 58 11
Ethno’ balade à Tarascon autour de la légende de la Tarasque. Le
2 oct à 15h.
FORCALQUIER
Editer en Haute Provence – 04 92 79 40 00
Pour fêter l’ouverture de la maison des métiers du livre à
Forcalquier, Éditer en haute Provence organise, du 16 au 19
sept, quatre jours de rencontres autour de deux axes : l’utopie
communautaire et la passion artistique, avec l’écrivaine Simone
Debout, la chanteuse Angélique Ionatos, la peintre Marie Morel
et la comédienne Annie Rhode.
LA CIOTAT
Librairie Au Poivre d’Âne – 04 42 71 96 93
Rencontres : avec Joëlle Gardes, auteur, Martine Rastello,
graveur, et Patrick Gardes, photographe à l’occasion de la
parution de Par-delà les murs (éd. de l’Amandier, 2010). Le 30
sept à 18h30 ; avec Sara Vidal et Pierre Guéry pour la
présentation de la collection …de vos nouvelles (éd. L’Une et
l’Autre). Le 12 oct à 18h30.
MARSEILLE
Regards de Provence – 04 91 42 51 50
Exposition Les trésors cachés du Sacro Monte Di Orta, du 2 oct au
16 janv.
Syndicat des Architectes 13 – 04 91 53 35 86
Exposition, organisée avec l’Alcazar et la librairie Imbernon,
Voyage à la rencontre de Claude Ponti, du 15 sept au 15 nov.
Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94
Dans le cadre de la représentation à l’Opéra de Andrea
Chénier, projection du film opéra Andrea Chénier avec
Placido Domingo, le 30 sept à 18h.
Dans le cadre de la manifestation Les Pouilles à Marseille,
rencontre avec l’auteur Gianrico Carofiglio, après la projection
du film Il passato é una terra straniera, le 6 oct à 18h.
ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00
3e Rencontres départementale de l’édition indépendante avec une
trentaine de maisons d’édition qui sont accueillies selon le
principe «un éditeur de la région invite un éditeur d’ailleurs». Au
programme lectures, remise du prix de la 4e édition du concours
Chantier Mobile © Claudie Lenzi
Les Entre Peaux,
Barjols des tanneurs aux artistes
37 auteurs, 132 pages, 300 photos
Ed Plaine Page, 15 euros
Jeune illustration en région Paca, atelier d’écriture et
rencontres avec des auteurs et éditeurs. Les 17 et 18 sept
de 10h à 19h dans l’auditorium.
Exposition photographique de Patrice Terraz, Les cent visages du
vaste monde, du 15 sept au 11 déc.
BMVR Alcazar – 04 91 55 56 34
Expo Itinéraires persans, Pascal Coste 1839-1840, du 18 sept au
30 oct ; conférence de Rémy Labrusse, professeur d’histoire de
l’art à Nanterre, Une renaissance orientale ? L’Europe du XIXe s en
quête des arts de l’Islam, le 18 sept à 17h.
Dans le cadre d’ActOral, rencontre-lecture avec François
Beaune, le 29 sept à 17h.
Les mardis du Mucem : Barbarie et Civilisation, rencontre et
débat avec Tzvetan Todorov, autour de son livre La Peur des
barbares, paru en 2008 chez Laffont (2010 Livre de Poche,
Biblio Essais). Une magistrale réflexion sur la notion de
barbarie à travers l’analyse de l’histoire européenne. Le
12 oct à 18h30.
L’écrit du sud – 06 09 18 00 11
Semaine Noire, du 1er au 10 oct, avec un auteur en résidence,
Gianrico Carofiglio : création d’un conte polar à La Baleine
qui dit «Vagues», élection du 7e Prix marseillais du Polar,
conférences, Les Terrasses du Polar à Marseille (crs Julien le 2
oct) et à Septèmes-les-Vallons (le 3 toute la journée)…
Musée d’histoire – 04 91 90 42 22
Colloque Est-Ouest l’art de toutes les Russies, avec L. Védrine, J.N. Bret, J.-C. Marcadé, M. Rutschkowsky, O. Kachler, P. Sers,
J.-P. Arrignon, N. Smirnova, R. Gayraud et O. Makhroff, le 8
oct de 9h30 à 18h.
Librairie Maupetit – 04 91 36 50 50
Rencontre avec Alan Mets, parrain du square de l’Ecole des
Loisirs nouvellement installé dans le secteur jeunesse, le 25 sept
à 15h.
PORT-DE-BOUC
Médiathèque Boris Vian – 04 42 06 65 54
Café-lecture autour du livre de Robert McLiam Wilson (éd.
Bourgeois), Eureka Street, le 17 sept à 14h ; conversation autour
du livre de Saïd Bouamama et Claudine Legardinier (éd. Presses
de la Renaissance, 2006), Les clients de la prostitution : enquête,
le 30 sept à 14h.
86
PATRIMOINE
JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE
Chaque année le mois de septembre célèbre les Journées du patrimoine en Europe.
On le sait, cette initiative française a trouvé un écho si vif que l’UE en a fait une de ses manifestations
traditionnelles, un reflet de civilisation commune. L’Europe possède donc un patrimoine propre,
et c’est fort bien ! De la colonnade du Bernin à Rome à la porte de Brandebourg ou l’abbaye
de Westminster, l’Europe est traversée de grands courants intellectuels et artistiques communs.
Qui se rêve Grand ?
Cette année, alors que jusqu’ici l’aspect matériel du
patrimoine l’emportait, le thème retenu est : Les grands
hommes : quand femmes et hommes construisent
l’histoire. L’idée est de célébrer les hommes à travers
les lieux qu’ils habitèrent. Pourtant, les manifestations
ordinairement organisées en France reposent sur une
litanie de héros locaux ! Au nationalisme de clocher, il
faudra donc ajouter la volonté de l’Europe d’accentuer
la cohésion de ses populations autour de personnalités
exceptionnelles et emblématiques. Et par les temps qui
courent, les groupes de populations mal intégrées
n’auront pas de place dans ce concert !
Et puis, qui sont ces «grands hommes» ? Doit-on imaginer que la patrie reconnaissante illustre son propos
par les figures honorées au Panthéon ? L’affaire est
AIX
Centre aixois des Archives
départementales des Bouches-duRhône – 04 42 52 81 90
Visite libre sam et dim de 10h00 à 18h00.
Découverte du bâtiment, des réserves et des
collections qui y sont conservées, exposition Aix ville ouvrière du jusqu’au 29 janv,
concert, le dim à 11h30 de l’Harmonie
municipale d’Aix sur le parvis des Archives.
Théâtre du Jeu de Paume –
04 42 99 12 00
Visites guidées et théâtralisées, sam et dim
à 11h et 14h ; visite du théâtre de 10h à
12h30 et de 14h à 18h.
Fondation Vasarely – 04 42 20 01 09
Visites guidées (sam et dim à 10h30,
11h30 et 14h), ouverture de l’atelier (sam
de 10h30 à 13h et de 14h à 16h), récital
de piano de Maria Stembolskaya (sam à
16h), parcours chorégraphique par le
GUID (dim de 15h à 18h).
ARLES
Museon Arlaten – 04 90 93 58 11
Soirée exceptionnelle dédiée au Brésil avec
la formation brésilienne Paulo Da Luz, sam
à 19h45 ; projection en plein air de Orfeu
Negro de Marcel Camus (1959) à l’Espace
Van Gogh, sam à 21h ; conférence gourmande de Patricia Payn-Echalier, Docteur
en Histoire, et Bernard Marécaux, marinier
de père en fils sur Vivre avec le Rhône, histoires de mariniers, dim à 11h sur le Boatel.
Musée Départemental Arles Antique –
04 90 18 88 88
Ouverture du jardin d’inspiration romaine,
Hortus, sam et dim à partir de 10h ;
Autour de l’exposition César, le Rhône pour
mémoire, lecture en musique avec Marie-
intéressante car on constaterait combien les femmes
ne sont que fort peu de grands hommes ! La pauvre
Marie Curie, résidante depuis 1995, y est bien seule Sophie Berthelot ne doit sa résidence qu’à la volonté
de son mari de l’avoir à ses côtés ! Passons encore sur
ces «héros ordinaires du patrimoine [...] maires,
autorités religieuses, châtelains, collectionneurs, propriétaires» qui conservent, parfois avec les deniers de
l’État, une mémoire socialement marquée. Arrêtonsnous, un instant, sur la relation du grand homme à
son monument. À Marseille le lycée Thiers doit son
nom à cet ancien élève, chef de gouvernement et premier président de la République Française. En 1968,
les lycéens débaptisèrent pourtant l’établissement pour
rappeler la mémoire des victimes, les Communards,
Christine Frezal sur une création sonore et
basson de Didier Malbec, sam à 18h30.
AVIGNON
Hôtel de Ville –04 90 80 80 80
Point d’accueil des Journées du Patrimoine,
de 9h30 à 18h.
Pont Saint-Bénezet
Visite du pont construit en 1177 et la
Chapelle St-Bénezet. De 9h à 19h.
Palais des Papes – 04 90 27 50 00
La résidence des souverains pontifes et le
siège de la Chrétienté au XIVe s. Exposition
Terra Mare, Miquel Barcelo. De 9h à 19h.
Musée du Petit Palais – 04 90 86 44 58
Peintures et sculptures du Moyen Age et de
la Renaissance. Exposition Terra-Mare,
œuvres gothiques des XIV et XVe s, provenant de la cathédrale et du musée de Palma.
Projections de films autour de l’œuvre de
Miquel Barcelo, présentation de son travail
sur la Divine Comédie de Dante.
Conférence imagée de l’exposition par le
conservateur à 11h. De 10h/13h et
14h/18h.
Archives départementales –
04 90 86 16 18
Situées dans le «palais vieux», elles occupent
l’aile des Familiers, la tour de la Campane,
deux ailes du cloître Benoît XII, la tour de
Trouillas et la chapelle Benoît XII transformée en magasin d’archives. Visite
découverte et expo Soignés, soins, soignants
- la prise en charge de l’homme malade du
Moyen Âge au XXe siècle. De 14h à 18h.
Archives municipales – 04 90 86 53 12
Exposition historique de l’institution du
Mont-de-Piété qui fête cette année son
400e anniversaire. De 14h à 17h.
Basilique Métropolitaine Notre-Dame-
que notre héros fit massacrer. Héros ou démon, la
limite est ténue… Peut-on créer du consensus sur des
étiquettes aussi fluctuantes ? Et les grands hommes ne
sont-ils pas le produit de l’histoire d’une société autant
qu’une exception individuelle ?
Le patrimoine est un enjeu de la mémoire et de
l’histoire. Faire comme si la désignation de sujets extraordinaires allait de soi relève d’une volonté éducatrice
peu pertinente. Il est vrai que lorsque la réussite sociale
se mesure à l’ampleur du compte en banque, on peut
s’attendrir sur des «héros ordinaires»... que l’on n’oubliera pas de remercier.
RENÉ DIAZ
des-Doms – 04 90 82 12 21
Visite : Peintures murales du XIVe s, chaire
épiscopale en marbre, tableaux de N.
Mignard, tombeau du pape Jean XXII. De
12h à 19h.
Office de Tourisme d’Avignon –
04 32 74 32 74
Visites découvertes et visites à thème.
«Histoire, histoires», «Artistes célèbres, héros
ordinaires» et «Avignon côté fenêtres».
APT
Lieu-dit du Forum –04 90 16 11 87
Visites des vestiges du forum par Patrick de
Michèle, archéologue départemental. sam
de 15h à 17h.
BONNIEUX
Musée de la Boulangerie –
04 90 75 88 34
Le grand rôle des petits mitrons : histoire
du pain racontée par Pascale Masera le
samedi à 16h30 et dimanche à 10h30.
CASSIS
Office de tourisme – 0892 259 892
Visite guidée de la Villa Estaïado construite
par Fernand Pouillon (sam à 10h) ; visite
guidée des expositions du Musée Sur les
traces du Cassis Antique et Centenaire du
Musée (sam à 10h30 et dim à 15h) ; visite
guidée de la Fondation Camargo - Patrimoine d’hommes célèbres (sam à 15h30) ;
Visite guidée du Château de Cassis (dim à
10h).
CAVAILLON
Hôtel d’Agar – 04 90 76 29 69
Exposition Le cabinet de Sylvain Gagnière,
visite guidée par groupe de 20 personnes.
Visites de 10h à 12h et 14h à 18h.
Archives municipales – 04 90 71 94 38
Fonds du XIIIe au XXIe s à découvrir à
travers une présentation tactile et sonore,
Des Archives plein les mains, des archives
plein la tête. Visite libre samedi et dimanche
de 9h30 à 12h30 et 14h30 à 18h30 ;
Lecture d’archives, Du côté de l’en-tête au
théâtre de verdure Georges Brassens,
déclamation d’en-têtes de lettres ou de
factures par la cie Atipicc qui plonge l’auditoire dans l’atmosphère vivante, pittoresque
et cocasse, du monde du petit ou du gros
commerce vauclusien entre XIXe et XXe s.
FONTAINE-DE-VAUCLUSE
Musée d’histoire Jean Garcin 04 90 20 24 00
Samedi à 14h30 : Exposition Que nuages…
Histoire et propos d’artistes : fragments
littéraires et témoignages de Beckett, Deleuze, Boltanski… Visite commentée par
Frédérique Mérie ; dimanche à 17h :
lecture publique de textes extraits des livres
de Jean Garcin et Willy Holt, deux grands
résistants réunis dans une œuvre commune, la création du Musée d’histoire 39-45
de Fontaine-de-Vaucluse : Nous étions des
terroristes et Femmes en deuil sur un camion
par Frédérique Mérie, accompagnement en
musique.
LA BARBEN
Château – 04 90 55 25 41
Conférences : de Françoise de Forbin,
conservateur honoraire à la bibliothèque
municipale d’Avignon, fille d’Henri, dernier marquis de Forbin (1908-2000) sur
Une famille : les Forbin( XVe-XXe s.) chaque
après-midi ; de Yannick Frizet, historien de
PATRIMOINE
l’art sur l’annexion de La Provence par le Roi
Louis XI avec la collaboration de Palamède
Forbin, dim ap m; de Michel Fraisset,
conservateur de l’atelier Cézanne sur l’histoire de la Révolte des Cascavéoux en Provence
en 1630 et les liens entre Gaspard de Forbin
et le Roi Louis XIII relatés sur le plafond à la
française de la Galerie des tableaux, sam ap m.
MARSEILLE
ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00
Visites du bâtiment et de ses réserves habituellement fermées au public, sam et dim
de 10h30 à 18h30 ; ateliers thématiques
pour adultes ; spectacle de la cie La Naïve
Comment ils écrivent l’histoire? à travers des
sources intimes (lettres échangées entre les
soldats et leur famille, des carnets de tranchées), des slogans et articles de journaux,
des courriers administratifs, sam à 12h.
Hôtel du département – 04 91 21 36 91
Visites guidées du bâtiment de 10h à 12h
et de 14h à 18h.
BMVR Alcazar - 04 91 55 56 34
Expo Itinéraires persans, Pascal Coste 18391840 (18 sept au 30 oct), visites guidées à
11h, 14h30 et 16h sam ; initiation à la
calligraphie ornementale à 15h sam ; conférence Une renaissance orientale ? L’Europe
du XIXe siècle en quête des arts de l’Islam à
17h sam.
Sur le Ferry Boat – 06 07 36 91 98
A l’occasion de la parution de son livre
Nouvelle adresse, le port (La Petite Edition),
Christian Gorelli dira un poème de son
livre à chaque traversée, sam entre 15h et
16h.
La Friche – 04 95 04 95 08
Tours & Détours : spectacle Le défilé de
marques parla cie T. Public, ven et sam à
20h30 ; D’ici la – Le toit vu d’en haut,
installations lumineuses en via cordata par
le goupedunes, ven et sam de 21h30 à
0h30 ; ateliers de découverte urbaine, sam
de 14h à 17h.
GMEM - 04 96 20 60 10
Visite libre sam et dim de 14h à 19h,
parcours découverte, pédagogique et ludique dans les studios du GMEM, séances
d’écoute et d’enregistrement, salle de projection, bornes interactives son et vidéo,
archives documentaires et exposition, salle
d’expérimentation ; concert : présentation
de la création musicale Itinérances d’Olivier
Stalla avec les collégiens du collège Monticelli à Marseille (sam à partir de 16h) ;
concert/projection autour de la vie et de
l’œuvre de Pierre Schaeffer (dim à partir de
16h).
MARTIGUES
Fort de Bouc – 04 42 42 31 10
Visites guidées sam et dim à 10h, 13h30,
15h30 et 17h30 des différents espaces du
fort : demi-lune, pont-levis, place d’armes,
pavillon des officiers, cantine, tour fanal,
casemates, etc. Présentation de scènes historiées à l’intérieur de l’édifice invitant le
visiteur à un voyage à travers l’histoire de la
ville et du fort.
Musée Ziem – 04 42 41 39 50
Visite guidée sam à 11h, 15h, 16h,
17h et dim à 11h, 16h, 18h de l’exposition
tem-poraire Zhu Hong, pièce de collection,
et des œuvres de Félix Ziem de la collection
permanente ; dim de 15h à 17h Aline Raynaud, restauratrice d’œuvres d’art, agréée
par les monuments historiques et par les
musées de France, interviendra pour parler
de son métier et du travail de la restauration
d’une peinture, Portrait de la veille femme
en coiffe (1855) par Jules de Vignon (1815
-1885)
ORANGE
Théâtre antique – 04 90 51 17 60
Sam : découverte de la vie quotidienne des
femmes du 1er s et de leurs enfants à travers
la reproduction d’objets du musée (10h30
à 11h30 et 15h à 16h), fabrication de
lampe à huile (13h30 à 14h30 et 16h30 à
17h30) ; dim : apprentissage des écritures
antiques (10h30 à 11h30 et 15h à 16h),
atelier art du textile (13h30 à 14h30 et
16h30 à 17h30) ; conférence de Didier
Repellin, architecte en chef des monuments historiques sur le thème Restauration
des théâtres antiques (dim à 15h30).
RÉGION PACA
Voyons Voir – 06 14 69 65 94
L’association propose deux itinéraires
en présence des artistes : Sam : visite de
l’expo L’aplomb d’un tueur de Francis de
Hita au jardin des cinq sens à St Marc
Jaumegarde (rendez-vous au parking des
Trois Bons Dieux à 10h) ; Visite de l’exposition Paysa-ges chavirés. 2 et inauguration
de la 2e partie du diptyque de Didier Petit
L’avers au domaine de Saint Ser à Puyloubier (12h) ; Exposition automobile
Liquidations de Vincent Bonnet (14h30) ;
Rencontre avec l’artiste sur le parking des
écoles à Rousset (D56 - face à la boulangerie leFournil à 15h) ; Visite de
l’exposition Entre [Elle(s)] à Arteum,
Châteauneuf le Rouge (16h) ; concert de
l’ensemble Télémaque au cou-vent des
Minimes à Pourrières (19h). Dim: Rendez
vous à Arteum à Châteauneuf le Rouge,
pour la visite de l’exposition Entre [Elle(s)]
(10h) ; Visite de l’exposition Paysages chavirés. 2 au domaine de Saint Ser à Puyloubier
(11h30) ; Découverte de l’ins-tallation
d’Isa Barbier au couvent des Minimes à
Pourrières (12h30) ; Exposition automobile
Liquidations de Vincent Bonnet (14h30) ;
Rencontre avec l’artiste sur le parking de
Carrefour Market à Trets (zone commerciale – D12 à 15h) ; Visite de l’exposition «
Paysages chavirés. 1 » au domaine de Château
Grand Boise à Trets et inauguration de
l’installation Silence exposi-tions, Total de
Noël Ravaud. Participation à la figuration
d’un film performance de Noël Ravaud qui
sera présenté le 16 octobre (16h).
ROGNES
Office de tourisme – 04 42 50 13 36
Visites libres du village sur le thème Rognes
insolite : samedi à 15h visite de la Chapelle
St Marcellin et dimanche à 10h visite de
l’Eglise Notre Dame de l’Assomption et
bénédiction des vendanges.
87
VERS-PONT-DU-GARD
Site du Pont du Gard – 0 820 903 330
ArchéoBalade : Au fil des siècles… l’empreinte des Hommes sur le site du Pont du
Gard, marche de 2h30 le samedi à 14h30;
conférence La Grotte ornée Baume Latrone:
la 3D remonte le temps illustrée de photos,
vidéos et 3D par Marc Azéma, chercheur,
Bernard Gély, service régional de l’Archéologie de la DRAC Rhône-Alpes et David
Lhomme, société ATMD, le dimanche à
16h30 ; atelier enfants Bâtisseurs en herbe, si
nous reconstruisions le Pont du Gard ! qui
inaugure sa nouvelle salle pédagogique, le
dimanche à 14h30 ; entrée libre au Musée
et Ludo et à l’exposition d’art contemporain Casanova forever, samedi et dimanche
de 10h à 11h30 et de 14h à 17h ;
inauguration du nouveau Centre de
ressources, dimanche à 17h30.
VITROLLES
Hôtel de ville – 04 42 77 90 00
Visites du village et de l’église Saint-Gérard
commentée par Elisabeth Baudin,
archiviste municipale (sam 18 et 25 à 15h);
visite de la Maison de maître de Fontblache
commentée par E. Baudin (mar 21, ven 17
et 24, à 14h) ; spectacle Paroles d’écrits par
la cie Teatropera (ven 24 à 20h30 à la
Maison de maître de Fontblanche) ,
conférences : de Laure Verdon, maître de
conf à l’Université de Provence sur Les
droits seigneuriaux à Vitrolles durant le
Moyen Age (mar 21 à 18h) et de Gérard
Boudet, ancien responsable des Salins de
Camargue (jeu 23 à 18h).
SAINTES-MARIE
Château d’Avignon – 04 90 97 58 60
Visites libres du château de 10h à 12h30 et
14h à 17h30 ; expo D’Après nature (jusqu’au 31 oct.) ; ateliers artistiques pour les
petits de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30 ;
Nos patrimoines : contre-visite par les
Chanteurs de sornettes à 11h, 15h et 16h30,
découverte décalée du domaine, agrémentée de chansons, d’expériences participatives,
d’humour et de poésie.
VAISON-LA-ROMAINE
Théâtre antique –04 90 36 50 49
Dimanche à 15h : Le Monument et sa restauration, visite du théâtre antique par Jean Marc
Mignon.
Résister pour vivre
Des grands hommes oubliés ? La beauté des paysages
ruraux, les produits authentiques que vous avez
ramenés de vacances doivent leur existence au travail
permanent des paysans, des bergers, qui ne sont pas là
pour la couleur locale, mais vivent, résistent, et qui par
leurs choix de production, conditionnent nos existences. Métiers en voie de disparition : la définition
du sous développement tient dans le pourcentage de
paysans, et nous sommes si avancés ! Pourtant, seule la
présence de paysans maintient le tissu rural…
Comment aujourd’hui être berger en Corse ou dans
le Larzac ? Pourquoi le choix d’un métier de la terre ?
Les films de Marianne Thibout-Calandrini constituent une base de réflexion passionnante. Certes la
photographie est superbe, plans larges sur de splendides panoramas, ou rapprochés sur le murmure
d’une source, cadrages, couleurs, organisés avec une
grande sensibilité, remarquable illustration musicale ;
mais les interviews (dont celles de José Bové) apportent des analyses remarquables. Sans misérabilisme :
un constat, une vision progressiste et responsable
quant à l’avenir de notre planète. Un paysan qui fait
son fromage résiste à la mondialisation, au rouleau
compresseur… Transmission de savoirs, mise en perspective des fins de nos choix. Hymne aussi à la liberté.
Le berger, en serait-il le dernier symbole ? On attend
avec impatience le troisième volet Produire pour vivre.
MARYVONNE COLOMBANI
Les deux premiers DVD Les bergers ne prendront
pas le maquis et Résister c’est créer, de U Paghjolu,
éd Liberta production, 25 euros, disponibles
sur demande à [email protected]
88
HISTOIRE
MARSEILLE AU MOYEN ÂGE
Marseille invisible
Installées dans les vastes bâtiments de l’ancienne usine de la SEITA, les archives municipales ont organisé
une exposition sur la Marseille médiévale, période peu visible architecturalement, mais d’un très grand intérêt historique
Deux oriflammes marquent le début du parcours. Une large
banquette affiche les événements de période : 1040, pour la
première extension médiévale des remparts ; 1481, pour le
rattachement au royaume de France. À noter, dans la vaste
entrée, une maquette de la ville d’avant la destruction des
faubourgs, en 1357, excellente représentation du site et de
son occupation. Déployée en deçà de l’actuel Cours Belsunce, elle est cernée de remparts (extension de 1190) percés
de portes et entourés de fossés. Une chaîne ferme le port, la
butte du Panier porte ses moulins et, partout, se pressent les
édifices religieux. Un aqueduc, encore visible porte d’Aix,
ravitaille la ville. Hors les murs, l’abbaye de Saint-Victor,
isolée sur son promontoire, est un havre de paix pour la
communauté monacale.
de l’intervention du Comte de Savoie auprès de Frédéric II.
De même, il faut se concilier le prince. Les actes montrent
le rôle de Raymond Béranger, ou de la famille d’Anjou à
partir de 1257. Les droits perçus sont un enjeu stratégique :
pour le prince, il s’agit de garnir ses finances; pour la commune, de faire prospérer ses marchands !
Les richesses viennent, bien sûr, du commerce. Un cartulaire
de Jacques Messier, la «table de la mer», relève pour 13801387 les taxes perçues sur les marchandises. Charles d’Anjou,
nouveau souverain après la transition des comtes de Barcelone, récupère la totalité des droits en 1257. Mais, lorsqu’il
est incapable de s’acquitter de ses charges (la cure du port ou
la solde des gardes), il concède des prélèvements à la
Commune. On notera aussi la présence d’un atelier monétaire qui fonctionne jusqu’en 1243 : il frappe des coranats et
des menuts que l’on peut voir exposés en vitrine, ainsi qu’un
Mais, ici, les archives ne sont pas les détentrices des documents les plus fameux, qui appartiennent à l’église. De même,
si l’on trouve une évocation de l’approvisionnement ou de
l’alimentation, la corbeille de fruits exposée en vitrine n’apparaît pas vraiment exceptionnelle ! On notera pourtant un
livre de recettes journalières du collecteur de l’imposition
sur le poisson frais et salé : rédigé par Hugues Bonecroix,
notaire, en 1402. De même un contrat de location du jardin
de l’abbaye de Saint-Victor, rappelle l’importance des légumes (pois, fèves, pois chiche, lentilles) ou de l’ortolage (potager)
avec le chou, les poireaux, les épinards, courges, oignons,
blettes, laitue, concombre, brocolis ou encore bourrache.
Troubles et fin
Une maquette de nef médiévale trône au centre de la pièce,
reconstitution incertaine mais très explicite, qui ramène à la
La première salle de l’exposition débute par
vie troublée de la fin du Moyen Âge. Les
un rappel : la ville est un enchevêtrement de
tensions commerciales sont restées âpres
plusieurs pouvoirs. Le comte de Provence
et elles se doublent désormais de troubles
réside à Aix, il est représenté à Marseille par
politiques. Charles Duras conteste la
un vicomte. Au Xe siècle, celui-ci partage ses
légitimité de la reine Jeanne. La guerre de
fils entre vicomté et l’épiscopat. Mais la réforcent ans provoque l’errance de troupes
me de l’Église en occident met un terme à
qui pillent le plat pays où elles séjourcette cohabitation familiale. L’indépendance
nent. Marseille, unifiée en 1348, apprend
épiscopale est sanctionnée par une fausse doalors à se défendre.
nation de privilège faite par Benoit IX à
Mais elle est saccagée en novembre 1423.
l’abbaye de Saint-Victor. Le document exposé
Une querelle de succession s’ouvre à la
est remarquable, illustré de figures et nanti de
mort de Jeanne II : Louis III d’Anjou chassceaux. L’empereur Frédéric Ier, autorité souse les troupes de l’autre prétendant,
veraine en Provence, confirme, en 1164, les
Alphonse V D’Aragon. La flotte, partie
biens et possessions de l’Église de Marseille.
de Naples, pille Marseille pendant 3
Au XIIe siècle, l’émiettement du pouvoir
jours, pour se venger. La ville mettra un
continue lorsque le chapitre épiscopal -les
quart de siècle à s’en remettre. La mère
chanoines qui assistent l’évêque- devient indéde Louis III, Yolande, intervient pour
pendant. La ville, et c’est ce que montre fort
concéder des facilités financières. Les
bien une carte plaquée sur le mur, est coupée
bouleversements économiques et politien trois.
ques produisent un changement social
Plan de Marseille en 1575, gravure extraite de l'Atlas de Braum et Hogenberg, Civitates Orbis Terrarum
En 1178, le comte de Barcelone, souverain de la ville depuis projet de l’imposition sur les maisons appuyées au rempart d’importance : une nouvelle élite urbaine, issue du négoce,
son mariage avec l’héritière vicomtale, exempte la cité de (1252). La population est alors estimée entre 10 et 20000 triomphe. Mais l’heure n’est plus au triomphe. Le roi René
certains droits. On entre dans une autre période pour la cité: habitants.
ne s’intéresse pas à la ville, et la néglige ! Sa mort en 1480 et
l’essor du commerce, en liaison avec le renouveau de la La cité s’est organisée. Elle possède des statuts que l’on peut celle de son successeur, l’année suivante, scellent un autre
circulation, avec les grands pèlerinages et les Croisades, consulter dans le cartulaire dit «livre rouge» (seulement pour destin pour la cité : elle entre dans le royaume de France.
permet l’enrichissement de la ville, son développement la couleur de la couverture !) de 1257. Le comte désigne un Elle devient un appendice de la couronne, qui la traitera
urbain et l’épanouissement d’un certain nombre de viguier, chef du conseil de la ville et gouverneur de la cité. comme une province lointaine.
catégories sociales.
Celui-ci nomme à son tour 6 prud’hommes chargés de désiDès lors, la lutte pour le pouvoir politique se développe entre gner le conseil : même si les Libertés sont garanties, le contrôle Les limites des archives
Les archives ont mis à contribution leurs fonds pour préancienne et nouvelle élite. L’émancipation de la Commune politique reste bien présent.
senter la ville à l’époque médiévale : la teneur des actes
prend la forme d’alliances entre villes voisines, notamment
Religion et alimentation
explique le centrage sur l’histoire politique. Même si certains
entre Arles, Avignon et Marseille.
La ville chrétienne est évoquée avec un fac-similé de manus- aspects de la vie matérielle sont présents, on a peine à imaL’autonomie
crit d’Arnaud de Villeneuve, un commentaire de l’Apocalypse. giner le quotidien des Marseillais de l’époque. D’autant que
Des consuls sont mentionnés pour la 1re fois en 1193, et en De même sont représentés l’abbaye de Saint-Victor (des- la principale lacune provient de l’exposition de documents
1218 la Confrérie du Saint-Esprit permet aux métiers d’être sins), les ordres mendiants ou les confréries, l’activité des qui ne sont pas traduits. Résumer un document ne lui donintégrés dans le gouvernement urbain. Cette autonomie se religieux avec les hôpitaux que les ordres militaires (templiers ne pas de vie : au lieu de dire que le répertoire de Giraud
rencontre encore avec le traité signé avec Gaète, autre cité ou hospitaliers de Saint-Jean) organisent. Ces ordres bénéf- Amalric s’exprime dans la langue du port, une spécificité, il
Méditerranéenne. Il faut dire que Marseille a désormais de icient du privilège de faire partir deux navires par an pour la aurait fallu en donner l’exemple.
vrais concurrents sur mer, surtout les Italiens -dont Gènes- Syrie, chargés de pèlerins. À noter encore que Louis d’Anjou RENÉ DIAZ
qui dominent le commerce. Le deuxième grand thème de renonce à ses titres pour l’habit franciscain. Il meut à 23 ans,
l’exposition est le port, centre de l’activité et le fondement de inhumé à Marseille dans le couvent de l’ordre, il est canonisé
La ville oubliée : Marseille au Moyen-âge
la ville. On sait qu’il a gardé son importance depuis l’anti- en 1317, 20 ans après sa mort. Parmi les documents de la
Jusqu’au 27 nov
quité grecque et romaine.
pratique on peut voir un graduel (partition des chants reliArchives Municipales, Marseille
L’appui de l’Empereur pour obtenir des privilèges commer- gieux), un bréviaire (livre de poche) pour la liturgie ou encore
www.marseille.fr
ciaux aux Marseillais est nécessaire : un acte de 1226 atteste des missels.
Le pouvoir
90
SCIENCES ET TECHNIQUES
Est-ce la main de Dieu, est-ce la main du Diable… La bibliographie récente montre
un questionnement grandissant de l’épistémologie et de l’histoire des sciences
sur les rapports qui lient le développement des pratiques techniques,
ou artisanales, et celui du savoir scientifique
Un avis motorisé
Déjà Robert Halleux, dans son
ouvrage Le Savoir de la main, savants
et artisans dans l’Europe pré-industrielle
(voir Zib’ 30) s’appliquait à montrer
que la révolution scientifique des siècles
derniers est consubstantielle à la diversification, la multiplication et la
complexification des pratiques artisanales. Le livre de Matthew B. Crawford
dans son Essai sur le sens et la valeur
du travail, Éloge du carburateur dont la traduction française est sortie
aux Éditions de la Découverte en
mars 2010- apporte un complément
incontournable à cette approche du
rapport dialectique entre pratique
manuelle et développement de la
logique scientifique.
Quelle «vespa» a pu piquer ce brillant
philosophe pourtant pourvu du très
confortable emploi de directeur d’un
«think tank» (réservoir de pensée)
washingtonien pour virer sa cuti et en
réaction ouvrir un atelier de mécanique
moto ? Cet ouvrage beaucoup plus
concret que le Savoir de la main, et
cependant très rigoureusement référencé, n’en apporte pas moins, sur un ton
agréable, anecdotique, souvent humoristique, une analyse très fine de
l’appropriation du monde, de l’acquisition du savoir par la pratique
immédiate. Son étude fait une grande
part à la compréhension de l’évolution
des stratégies de transmission des
savoirs technologiques, en relation avec
les volontés politiques des «penseurs» de
l’économie libérale. Il démontre que la
société capitaliste tend à priver le savoir
technique de sa dimension critique pour
transformer les producteurs intelligents
et autonomes en consommateurs abrutis et serviles.
l’interprète. Il n’y a pas de hiérarchie
culturelle entre intelligence pratique
technique et pratique théorique de
l’intelligence, la première précède
seulement la seconde. Qui perd le
savoir-faire, perd le «savoir imaginer».
Une société qui méprise son savoir
artisanal tue son Art et sa Culture.
YVES BERCHADSKY
Du toucher initial
à la touche finale
M. B. Crawford insiste sur le paradoxe
du libéralisme qui ne reconnaît comme
culturelles que les activités de management, de gestion et les arts «nobles»,
alors que sa survie dépend directement
du développement de la culture des
savoir-faire. La production artisanale est
globalement considérée avec mépris
dans nos sociétés comme si elle était
privée d’intelligence. Il n’est que de voir
l’évolution des contenus de formations
dans nos écoles d’ingénieurs généralistes
où les travaux pratiques d’atelier des
années 70 ont été substitués par des
heures de marketing, de gestion ou de
management. Ce «mépris» de l’intelligence manuelle confine à ce que la
majorité de nos jeunes ingénieurs négligent les carrières de production.
Comment alors s’étonner que tout ce
qui nous permet d’exprimer notre
«génie artistique» soit désormais fabriqué… en Chine ? Pianos, violons,
synthétiseurs, appareils photos…
chinois. Comment s’étonner alors que
les «nouveaux prodiges artistiques»
soient aussi… Chinois ?
Depuis l’aube des temps la culture se
développe sur le «faire», le «tour de
main» théorisés ensuite en «savoir faire»,
en «état de l’art». Il n’est de virtuose du
violon sans luthier virtuose. Il n’est pas
d’art sans artistes, mais il n’est pas
d’artistes sans artisans. Il n’est pas de
«toucher de pianiste» sans «touches de
piano». L’intelligence du facteur de
piano est consubstantielle à celle de
Au Programme
Biodiversifiez
La 19e édition de la Fête de la Science se déroulera
cette année du jeudi 21 au dimanche 24 octobre
2010. Elle sera centrée sur la thématique «BiodiversitéBioéthique, quels défis pour l’avenir». Elle trouve sa
place dans l’Année internationale de la biodiversité
proclamée par l’Organisation des Nations Unies.
Nous reviendrons sur le programme dans Zib 34.
http://www.drrt-paca.com
Nourrissez
Faites mouche
Avis de naissance du site Culture science en Provence
- Alpes - Côte d’Azur. Ça y est, le site du réseau est né.
Toutes les structures membres du réseau régional de
culture scientifique, technique et industrielle en
Provence-Alpes-Côte d’Azur ont reçu leurs identificateurs afin d’administrer leur espace sur le site
www.culture-science-paca.org. Il appartient maintenant à chacun de l’alimenter afin qu’il devienne l’outil
majeur de communication du réseau.
L’Écomusée de Gardanne lance un concours de
création d’insectes en volumes, les créations qui
devront être envoyées ou apportées avant le 30
septembre au musée, seront exposées pendant la Fête
de la Science au CMP Charpak. Envoyez vos créations! Regardez les créations sur le site, ça vous
donnera des idées et en plus c’est vraiment… chouette? Heu… non, mais pas mo(u)che du tout !
http://www.drrt-paca.com/images/stories/
CSTinformations/concoursinsectes.pdf
Y.BC.
MICHEL ONFRAY
PHILOSOPHIE 91
Arrêtez l’Onfray ?
Michel Onfray a raison de rappeler (p. 450) que Freud
en 1919 continue à appeler sa propre pratique la
«psycho-analyse», alors que ses précurseurs reconnus
disent depuis longtemps psychanalyse. Mais la machine
de guerre et l’hagiographie freudienne feront de lui le
grand inventeur-découvreur, le Père. Interdisant par làmême toute objection, toute remise en cause. Or bien
des points de son œuvre sont contestables.
Petits arrangements avec le réel
Commençons par le moins grave, les arguments ad
hominem : Freud trafiquait ses sources. La correspondance ne cesse de contredire les analyses qui sont
publiées dans ses œuvres ; il n’avait pas de déontologie :
contre l’éthique praticienne qu’il déclarait, il analysait
ses proches -femmes ou maîtresses de ses amis et, bafouant le secret du divan, il allait même jusqu’à révéler
leur intimité, s’en servant parfois pour manipuler les
maris ou amants ; il analysa sa propre fille durant 8 ans,
qui ne se débarrassa jamais de l’amour du père et mourut sans avoir eu le moindre rapport sexuel ; il affirme
dans une conférence s’appuyer sur dix-huit cas, et dans
une correspondance il reconnaît n’avoir abouti aucune
de ces analyses présentées.
Autre objection d’Onfray, toujours circonstancielle.
Freud écrit qu’«une fois le travail psychanalytique accompli, il nous faut retrouver le rattachement à la biologie.»
S’appuyant sur une patiente argumentation documentée sur les préoccupations biologistes de Freud, Onfray
a raison de préciser : «on aurait aimé que cette thèse si juste
soit mise en pratique ; Freud n’a eu de cesse de la nier pour
s’engouffrer pleinement dans une thérapie purement verbale et défendre une étiologie exclusivement marquée du
sceau du symbolique et du fantasme» ; ainsi Freud serait,
du fait de cette négligence, responsable de la mort de
trois patients (lire le cas Emma Eckstein p. 342).
Psychanalyse et politique
Restons encore dans les objections secondaires, par
rapport à une remise en cause des fondements de la
psychanalyse : Freud était un conservateur proche du
racisme et de la bêtise de classe : «Les pauvres sont, moins
encore que les riches, disposés à renoncer à leur névrose
parce que la dure existence qui les attend ne les attire guère
et que la maladie leur confère un droit de plus à une aide
sociale» ; il qualifie le pacifisme d’Einstein de sottise,
parle de races moins cultivées qui se reproduisent plus
vite... Il y a dans sa pensée une ontologie du mal radical
écrit Onfray, à l’opposé de ce qu’on attend d’un héritier
des lumières. Là, Onfray dépasse l’attaque de l’homme,
et remet en cause sa pensée.
On pourrait ainsi passer sur la dédicace à Mussolini,
son silence sur le fascisme en regard de ses attaques
contre le marxisme, s’ils n’étaient signifiants d’une
pensée politique : pour Freud, à l’opposé des Lumières,
l’homme est naturellement violent, et l’égalité et la
justice sont donc des utopies.
Certes la bêtise politique d’un individu ne saurait porter
atteinte au prestige de ses écrits, lorsque justement ils se
tiennent hors du champ du politique. Le problème est
que cette bêtise, c’est-à-dire cet aveuglement sur le
fascisme qui s’installe, est d’après Onfray la conséquence de sa pensée : pulsion de mort, horde primitive,
À quoi bon un brûlot sur la vie
de Freud ? Est-il judicieux de s’en
prendre au père de la psychanalyse à
l’heure où la caractériologie a gagné
du terrain et réduit les individus
à des déterminismes dangereux qui
veulent repérer des traits déviants
chez le petit enfant ? Et puis en quoi
l’acharnement sur un homme va-t-il
faire avancer en quoi que ce soit
les idées ? Les interventions
intempestives et simplificatrices
d’Onfray dans le champ médiatique
sont insupportables. D’autant qu’il
en vient à nier l’inconscient même,
jette aux orties la pratique
de la psychanalyse en réduisant
ses effets à ceux d’un placebo…
Mais bon : pour parler correctement
d’Onfray l’agacement ne suffit pas,
il faut lire son livre. Surprise :
cet objet de 600 pages est
passionnant, documenté et sans
véritable outrance ! Le dossier Freud
est à certains égards accablant,
et on s’interroge sur la persistance
de la psychanalyse à se référer sans
distance critique à son initiateur…
Le plus étonnant quand on lit Onfray, au regard de ce
qui apparaît dans les médias, est que ses questions
n’attaquent en rien la psychanalyse en tant que philosophie révolutionnaire. Freud, dit Onfray, a fait rentrer
la sexualité dans la clarté de l’analyse philosophique, ce
qui est une révolution. Mais cette philosophie du XXe
siècle voulait être une science, et est devenue une
métaphysique de substitution dans un monde sans
métaphysique. Superbe atelier de psychologie littéraire,
elle permet l’écriture par le sujet pensant de sa propre
fiction symbolique. Elle accompagne le désinvestissement politique : à défaut de changer le monde, elle
enroule théoriquement le repli sur soi.
En tant que métaphysique de substitution, il est interdit
de la remettre sérieusement en cause. Les attaques
contre Onfray, de la part d’Elisabeth Roudinesco entre
autres, tendraient par leur violence même -il y est taxé
d’antisémite, de pervers, et rapproché de l’extrême droite française- à lui donner raison : s’il n’est pas permis de
«déboulonner Freud», c’est bien qu’il est une idole.
RÉGIS VLACHOS
Le crépuscule d’une idole,
L’affabulation freudienne
Michel Onfray
Grasset, 22 euros
meurtre du père, races inférieures, besoin d’un chef. Le
philosophe médiatique remarque ainsi, sans la haine
qu’on le voit afficher sur les écrans, que Freud dénie
l’histoire de son temps, et refuse d’inscrire sa pensée
dans la trame contemporaine des influences: «Tout ceci
installe Freud dans un théâtre d’idées pures dans lequel il
anime les marionnettes de ses personnages sans autre souci
que celui d’offrir un beau spectacle intellectuel.» On ne
saurait mieux dire la polarisation excessive de la psychanalyse sur l’histoire égotique et narcissique.
Foin de la guérison ?
Le plus grave serait là : Freud a écrit à plusieurs reprises
que dans la psychanalyse la guérison du malade importe moins que l’apport théorique que fournit le cas
clinique. Comment continuer à considérer les Cinq
psychanalyses comme une œuvre de référence puisque,
d’après les patients eux-mêmes, Freud semble écrire
n’importe quoi ? Le petit Hans, l’homme aux loups, le cas
Dora sont par exemple des affabulations théoriques qui
ne correspondent pas à la réalité. Pourquoi la psychanalyse s’appuie-t-elle depuis cent ans sur des bases
aussi douteuses ? Pourquoi cette permanente référence
dans le discours à Freud ? N’y avait-il pas d’autres
choses à forger pour nourrir le concept d’inconscient
que de lisser indéfiniment l’Œdipe et la castration ?
Et quoi ? Pas de mauvaise foi d’Onfray dans cet
ouvrage ? Si, au moins deux fois. En dix pages
(209-219) il résume superbement la déconstruction par Freud de l’hypothèque religieuse et on
sent bien qu’il y adhère… mais il ne manque pas
de le railler puisqu’il s’agit d’un travail psychanalytique, donc faux ! Par ailleurs Onfray moque la
bêtise de Freud critiquant le judaïsme (L’homme
Moïse…) au pire des moments. Or Freud s’inscrit
dans un mouvement plus vaste de cette critique
juive du judaïsme, qui va de Marx à Trotski en
passant par Einstein… ce qu’Onfray passe sous
silence. R.V.
92
PHILOSOPHIE
CHARLIE HEBDO
Rencontre avec Charlie Hebdo
Festival d’Avignon, juillet 2010, près de la place
Carnot. Un attroupement de festivaliers, de passants à
l’écoute assidue : des banderoles, une envolée lyrique
mais argumentée contre l’aristocratie d’État en France,
contre les réformés du système de santé, contre la
gratuité. C’est bien eux, ils sont là : l’équipe de Charlie
Hebdo. Vingt ans que je les lis mais je ne les ai jamais
vus. Ah si. Sage comme une image, antinomique de ses
dessins, je reconnais la coupe inimitable de Cabu. Et
l’agité qui parle ; c’est Pelloux me dit-on. Quel talent,
même en orateur, lui à la prose si fine chaque semaine
sur la détresse des petites gens. Et le moustachu ? Charb!
en personne ; ses dessins me font mourir de rire depuis
des lustres, ses chroniques aussi, si justes contre la bêtise.
Disons le tout net ; il faut que je leur parle, Zibeline ou
pas : maintenant que Val est parti, ils sont redevenus
mes amis de kiosque. Charlie Hebdo c’est le seul journal
indépendant en France avec le Canard Enchaîné. Rare
presse écrite populaire qui fait voir le monde autrement ;
comme avec les Guignols, la satire légère est une forme
de combat pour montrer d’autres vérités que celles qui
nous dressent les uns contre les autres, nous aveuglent
sur le délabrement social et écologique du monde.
Charlie Hebdo, ou penser autrement sans se prendre au
sérieux. Je sors de mes réflexions, le débat est fini ; je
On est reconnu comme un journal satirique et de
dessins. Moi ce qui m’intéresse dans Charlie, depuis
que je suis môme, c’est les dessins et le ton, ce ton
indépendant qu’on ne trouve pas ailleurs ; on est sûr
en lisant Charlie qu’on ne trouve pas un gros industriel
derrière, qu’on ne renvoie pas les ascenseurs… Je
connais le fonctionnement de la presse, et il y a
beaucoup de ça : on renvoie l’ascenseur à un tel parce
qu’il nous a donné telle info, qu’il a rendu tel service…
Certes, mais s’il n’y a pas d’info qu’apportez-vous au
lecteur ?
Il y a de plus en plus d’info, mais ce qu’on fait c’est
chercher à étonner le lecteur. Si tu fais un journal pour
enfoncer des portes ouvertes, si on écrit exactement ce
que pense le lecteur, si on ne le surprend pas ça ne sert
à rien.
Mais comment vous le surprenez ?
En nous surprenant nous-mêmes ! Quand tu te lances
dans un texte ou un dessin sur un sujet donné, tu as
une idée évidente de ce que tu vas écrire, dessiner. Et
puis au fil de la réflexion tu trouves des ramifications,
tu vois que le problème est un peu plus complexe que
ça ; ou ce que tu trouvais être un enfonçage de portes
ouvertes tu peux le transformer. Tu vois un thème qui
n’a pas été abordé, que les autres journalistes n’ont pas
saute sur Charb comme Maurice sur Patapon :
Zibeline : Qu’est-ce que vous faites à Avignon ?
Charb : Un peu comme ce qu’on avait fait au début de
Charlie avec Val, d’aller dans les facs, les théâtres, les
cinémas… rencontrer les lecteurs pour échanger
longuement ; depuis on ne le fait plus que dans les
salons du livre mais l’échange est trop rapide… Là les
gens ont le temps de s’arrêter, de discuter, d’écouter, de
partir quand ils veulent, on n’est pas là pour leur vendre
un album. En fait, pendant des années il y a eu une
fainéantise de notre part pour la rencontre avec les
lecteurs ; ça fait 15 ans qu’on ne l’a pas fait…
Pelloux : Ouais, c’est Val qui vous enfermait…
Charb : … alors Pelloux a proposé qu’on parte à la
rencontre des lecteurs.
Et tu en retiens quoi de ces rencontres pour le
moment ?
Charb : Les gens nous voient plutôt d’un bon œil.
C’est marrant, quand Pelloux parle du système de santé
ça les passionne, parce que ça les touche. On ne parle
pas de politique politicienne ici, parce que ce genre de
réflexions les gens peuvent les faire eux-mêmes ; on ne
leur apporte aucune info.
Mais quel est le rôle de Charlie justement ? L’info ou la
satire ?
Satire pour un
monde plus juste
Charb, Cabu et P. Pelloux © Philippe Hanula
vu. C’est ça l’info finalement, dans la satire.
Parlons de choses qui fâchent. Ou pas. Où en est
Charlie depuis le départ de Val ?
Depuis son départ la perception d’un certain nombre
de lecteurs a changé ; il a monté contre lui tout un tas
de gens et continue à le faire en prenant les décisions
qu’il prend à France Inter ; et les lecteurs commencent
à comprendre qu’on est autonome et qu’on n’a plus
grand chose à voir avec lui. On a retrouvé des lecteurs:
en un an, depuis son départ, on a gagné 4000 lecteurs.
Mais ce qui a permis à Charlie de survivre c’est, comme
dans toute entreprise en période de crise, de faire des
économies, de changer de papier, de négocier avec les
banques… Et puis il faut dire aussi qu’aujourd’hui il y
a de plus en plus de gens qui sont à 2,50 euros près
pour acheter Charlie.
Pelloux : Charb, il faut y aller sinon on est en retard
pour déjeuner…
Ok, on continue en marchant. Explique-moi un peu
comment ça s’est passé ces divergences avec Val
Charb : Le premier désaccord avec Val c’était le
désaccord sur le Kosovo où il soutenait les bombardements de l’OTAN ; pour moi son changement a
PHILOSOPHIE 93
commencé là, il a pris des
positions qui n’étaient pas celles de Charlie. Moi je
suis rentré à Charlie pour l’humour, la satire : Cavanna,
Cabu, etc… mais aussi sur des positions politiques
d’antimilitarisme primaires. En plus j’ai connu l’équipe
au moment de la Grosse Berta, un journal qui s’était
monté contre la guerre d’Irak. Et puis Cabu a eu un
procès avec l’armée : sa prise de conscience contre
l’armée est venue de la guerre d’Algérie qu’il a vécue de
l’intérieur. J’étais nourri de tout ça, pour moi Charlie
hebdo était un journal pacifiste quoiqu’il arrive, tu ne
défends pas des bombardements sur des populations
civiles. Or, en soutenant l’intervention de l’OTAN tu
soutenais des bombardements sur des populations
civiles serbes : c’était pas le meilleur moyen de mettre
un terme à la guerre en massacrant des gens qui
n’avaient rien à voir là-dedans. Et du coup, là, on a
commencé à se friter un peu beaucoup. Comme ses
amis gauchistes de l’époque lui ont fait remarquer qu’il
déraillait un peu il s’est vexé et s’est de plus en plus
isolé…
Pelloux : Bon Charb tu viens manger ? En plus tu
parles à un gratuit…
Justement, qu’est-ce que tu penses de la presse gratuite ?
Charb : Je pense tout simplement que la presse gratuite
n’est pas gratuite ; avec 20 minutes ou Métro la pub paye
le journal, mais les marques qui font cette pub se
remboursent en vendant plus cher leur produit dans le
supermarché ; c’est pas la qualité du produit que tu
payes en plus mais le budget publicitaire de Danone
qui prend des pubs dans 20 minutes. Tu payes pas le
journal directement mais en achetant des yaourts ; c’est
une espèce de TVA… privée. Et quand c’est la pub qui
fait la une du journal, c’est pas du journal quoi ! Au
fait, dans… comment ça s’appelle ton truc… oui
Zib… quoi… Zibeline… oui, dans Zibeline, là, je vois
une pleine page de pub de tel théâtre : et vous allez
pouvoir en dire du mal ?
Ben oui, on se gène pas. Heureusement les théâtres
n’ont pas les mêmes mœurs que Danone, ils
comprennent -en gros- la nécessité de la critique. De
toute façon ça ne te regarde pas,
et c’est moi qui pose les
questions. Pourtant Oncle
Bernard (Bernard Maris)
défend la gratuité ?
Mais lui il défend la gratuité
sur Internet, de logiciels, des
produits culturels. Mais il
faut quand même se
demander pourquoi on
vivrait dans une société à
moitié gratuite, où il n’y
aurait que des produits
culturels gratuits ; en gros il
n’y aurait que les artistes qui
n’auraient pas le droit de vivre
de leur métier ? et les industriels
continueraient à vendre leur yaourt ?
Moi je suis pour que tout soit gratuit,
qu’on trouve un système dans lequel
chacun pourrait se procurer les biens
essentiels de manière gratuite.
Ce système tu en as une idée ?
Oui c’est l’union soviétique, grosso
modo.
…. !!!!???
Pour moi c’est un modèle, un modèle qui a foiré parce
que les gens n’étaient pas volontaires pour le faire.
Personne n’a joué le jeu, et certains ont profité pour
détourner le système ; c’est comme l’anarchie, tel que
certains le décrivent comme Normand Baillargeon
(voir Zib 27, L’ordre moins le pouvoir, Agone 2008,
ndlr) : la société qu’ils proposent est parfaitement
viable, sauf que ça repose sur la confiance qu’on a dans
les gens ; il faut que chacun soit partie prenante de ce
système, soit volontaire. Si tu as une opposition c’est
foutu d’avance. Il faudrait qu’il y ait un consensus
général pour aller dans cette direction là, ça pourrait
être une Union Soviétique idyllique ou l’anarchie. À
partir du moment où toute la classe ouvrière n’est pas
d’accord pour aller dans la même direction, c’est foutu.
Faut pas exagérer ! Ce système hyper-centralisé de
l’URSS dégénère forcément en bureaucratie…
Les traces qu’on a c’est les papiers de la bureaucratie.
Mais la vie des gens, c’est-à-dire la volonté des gens de
vivre en Union Soviétique ou dans un autre système, on
n’en a pas beaucoup d’écho : quelle était la proportion
de Russes qui étaient volontaires pour vivre dans une
Union Soviétique dans les années 20 ? Il n’y a qu’à voir
à Cuba : les gens en ont marre de Castro depuis
longtemps mais ils ne veulent pas du système
américain; ils sont anti-américains et veulent une
société juste où tout ne soit pas confisqué par une
minorité.
Bon on fait la prochaine interview sur «gratuité et
société juste des USA à Cuba en passant par l’URSS» ?
Quoi qu’il en soit, bon appétit et vive Charlie !
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR RÉGIS VLACHOS
ON REMERCIE CHARB POUR SES DESSINS «GRATUITS».
CHARLIE HEBDO TOUS LES MERCREDIS EN KIOSQUE.
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