LA REVUE DU FINANCIER
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La normalisation du rapport de contrôle interne pourrait ainsi se faire rapidement (Colatrella,
2003 ; Tort, 2006). En effet, la loi de Sécurité Financière a désigné l’Autorité des Marchés
Financiers (AMF) comme seule responsable pour fixer le contenu des rapports. Un groupe de
travail appelé « le Groupe de Place », incluant l’AMF, le MEDEF et l’IFACI a été constitué pour
définir les modalités d’application de la loi de Sécurité Financière dans les sociétés cotées. Les
conclusions de ce groupe de travail publiées en mai 2006 proposent un cadre de référence fondé
sur des principes généraux et non sur des règles contraignantes. Cependant ce cadre s’inspire des
cinq éléments du modèle COSO déjà largement diffusé. On peut donc penser que ce cadre sera
utilisé peu à peu par les sociétés faisant appel public à l’épargne pour superviser ou développer
leur dispositif de contrôle interne, même s’il ne constitue pas formellement une directive sur la
façon de concevoir leur organisation : « Chaque société est responsable de son organisation propre
et donc de son contrôle interne, lequel devrait s’inscrire dans le cadre d’une bonne gouvernance,
telle que développée dans les rapports Viénot et Bouton » (IFACI, 2006).
3 - Les enjeux organisationnels et managériaux des lois SOX et de
Sécurité Financière
Ce mouvement de normalisation du contrôle interne qui accompagne l’application des IAS-IFRS,
pose moins une problématique informationnelle, puisque les modèles de contrôle interne existent
et sont disponibles, que managériale et organisationnelle. En effet, la comptabilité reste une
pratique sociale et le contrôle interne est un système à organiser. La comptabilité est influencée
par une politique et une stratégie comptable, et elle résulte d’un jeu social (Colasse, 2007). Aussi,
le lien entre le contrôle interne et l’information comptable n’est pas régi par un phénomène
automatique et passif de régulation, mais par un phénomène actif d’équilibration, dans le sens de
Piaget (1975). Cela signifie que le contrôle interne offre une sécurité concernant la qualité du
reporting financier à condition qu’il soit organisé et managé avec efficacité et efficience. Sa
description dans les rapports d’activité ne peut suffire à attester de sa qualité et valider sa
contribution à la transparence de l’information financière préconisée par le cadre conceptuel IAS-
IFRS. Les parties prenantes et les investisseurs ont pu le constater dans l’affaire EADS, dont le
document de référence 2005 attestait de la qualité du contrôle interne alors qu’il était sujet à de
graves défaillances qui sont apparues au grand jour en 2006 (Cappelletti, 2007).
Dans son acception générale, le contrôle interne d’une entreprise est un système de contrôle établi
par les dirigeants pour conduire l’activité de l’entreprise d’une manière ordonnée, pour assurer le
maintien de l’activité et l’intégrité des actifs, et fiabiliser les flux d’information. Le contrôle
interne est à la fois un état et un processus qui inclut les matières financières et comptables, mais
également les contrôles destinés à améliorer l’efficience opérationnelle et à renforcer l’adhésion à
la politique stratégique de l’entreprise. Le contrôle interne est avant tout un système
d’organisation, qui concerne les managers dans son application (Pigé, 2001 ; 2007 ; COSO, 2007).
La dimension organisationnelle du contrôle interne apparaît nettement au travers des définitions
du contrôle interne données par la profession comptable. En 1977, l’ouvrage de l’Ordre des
experts-comptables et des comptables agréés intitulé “ Le contrôle interne ” indique que le
contrôle interne est l’ensemble des sécurités contribuant à la maîtrise de l’entreprise. Il a pour but
d’un côté d’assurer la protection, la sauvegarde du patrimoine et la qualité de l’information, de
l’autre, l’application des instructions de la direction et de favoriser l’amélioration des
performances. Il se manifeste par l’organisation des méthodes et procédures de chacune des
activités de l’entreprise pour maintenir la pérennité de celle-ci. En 1978, l’Institute of Internal
Auditors (IIA) définissait quatre objectifs permanents du contrôle interne, très proches de la