Chapitre 2.3.3. — Laryngotrachéite infectieuse aviaire
Manuel terrestre de l’OIE 2008 499
e) Méthode immuno-enzymatique
La méthode ELISA utilisant les anticorps monoclonaux (AcM) peut être employée pour mettre en évidence
les antigènes viraux (16). L’exsudat trachéal est mélangé avec un même volume de PBS contenant
1 % (v/v) de détergent comme le Nonidet P40 (BDH Chemicals, Poole, Royaume-Uni), puis mixé pendant
30 s et centrifugé à 10 g pendant 1 min. Le liquide surnageant est distribué sous un volume de 50 µl dans
les cupules des microplaques préalablement recouvertes d’IgG de lapin anti-ILTV diluées au 1/200 dans
0,05 M de tampon carbonate/bicarbonate, de pH 9,0 ; et mis en incubation pendant 1 h. Puis 50 µl d’AcM
dirigés contre les principales glycoprotéines du ILTV, dilués au 1/50 dans du PBS, sont ajoutés dans chaque
cupule, suivis par 50 µl d’une dilution au 1/1 000 d’IgG anti-souris purifiée d’origine caprine conjuguée à de
la peroxydase de raifort. Le substrat, l’acide 5-aminosalicylique (6,5 mM), est ajouté dans les cupules au
volume de 100 µl. Après 30 min, les plaques sont lues à l’aide d’un spectrophotomètre à 450 nm et la
lecture de l’absorbance pour chaque cupule est corrigée par la soustraction de la lecture obtenue avec les
cupules témoins contenant du tampon dilué au lieu de l’exsudat trachéal. La limite positif/négatif est
déterminée par la valeur moyenne de l’absorbance obtenue avec plusieurs prélèvements négatifs (matériel
trachéal sans virus LTI) plus 3 écart-types.
f) Histopathologie
Les trachées destinées à un examen histologique doivent être placées dès leur prélèvement sur les oiseaux
dans une solution de formol et incluses dans des blocs de paraffine. Les paupières et les poumons sont
parfois examinés. Des inclusions Intranucléaires peuvent être observées dans les cellules de l’épithélium
trachéal sur des coupes longitudinales colorées par l’hématoxyline et l’éosine. Il s’agit des inclusions
classiques de type A de Cowdry des herpesviroses, mais elles peuvent n’être présentes que pendant les 3 à
5 jours suivant l’infection. Dans les cas sévères où la plupart des cellules infectées se sont détachées de la
trachée, les inclusions seront visibles sur les cellules intactes dans les débris cellulaires présents dans la
lumière trachéale. Des coupes longitudinales de la trachée sont préférables à des coupes transversales car
elles permettent d’examiner toute la longueur de l’organe.
g) Méthodes moléculaires
Différentes méthodes moléculaires pour identifier l’ADN du ILTV dans les prélèvements ont été rapportées,
mais la PCR s’est révélée la plus utile. Un test d’hybridation Dot Blot avec des fragments ADN de virus
cloné s’est révélé très sensible pour la détection du virus alors que l’ELISA était négatif (16, 17). Humberd et
al. (13), ont montré que l’ADN du ILTV pouvait être détecté grâce à une PCR nichée dans des tissus inclus
dans de la paraffine, en présence ou non de cellules syncytiales, d’inclusions intra-nucléaires ou des deux.
La PCR s’est révélée plus sensible que l’isolement viral dans les prélèvements, en particulier lorsque
d’autres contaminants viraux comme les adénovirus sont présents (29). Alexander et Nagy (2) ont montré
que la PCR et l’isolement viral présentent la même sensibilité du milieu de la phase d’infection jusqu’à la fin
de celle-ci, alors que la PCR se révèle supérieure pendant la phase de guérison.
Jusqu’à présent, le problème avec la PCR était qu’elle ne pouvait pas différencier les souches du terrain des
souches vaccinales. Cependant la combinaison de la PCR et de l’analyse du polymorphisme de longueur
des fragments de restriction (RFLP) d’un ou de plusieurs gènes ou régions du génome viral a permis la
caractérisation de souches différentes dans un pays ou une région (5). Plusieurs études ont montré que si
certaines souches de terrain sont étroitement apparentées aux souches vaccinales et qu’il est probable
qu’elles dérivent de ces dernières, d’autres sont « d’authentiques types sauvages » (21). Les gènes
habituellement analysés par différents auteurs comprennent ICP4, TK (thymidine kinase), gG (glycoprotéine
G), gE (glycoprotéine E) et UL47. Oldoni & Garcia (22) ont utilisé 36 enzymes de restriction tandis que
d’autres auteurs en ont utilisé que 4.
i) Protocole de la PCR
Dans un protocole classique de PCR pour l’ILTV, l’ADN viral est extrait d’échantillons cliniques (écouvillons,
fragments de tissu), de lésions de la membrane chorio-allantoïque, de surnageants de culture ou de vaccins
à l’aide de kit d’extraction d’ADN. Les amorces qui peuvent être utilisées ont été indiquées dans des travaux
précédemment publiés ou peuvent être construites sur la base des séquences de ITLV inscrites dans la
base de données internationale Genbank. Les amplifications sont faites en utilisant la Taq ADN polymérase.
Les réactions d’amplification classiques commencent par une étape initiale de dénaturation à 94 °C pendant
1 min suivie par 35 cycles d’amplification à 94 °C pendant 1 min avec des températures d’hybridation
comprises entre 54 °C et 60 °C pendant 30 s. L’étape d’élongation peut être réalisée à 68 °C pendant des
durées variant selon la taille de la région cible qui est amplifiée, et une phase finale d’élongation à 68 °C
pendant 7 min. Le produit de la PCR est visualisé après une électrophorèse sur un gel d’agarose à 1 %,
coloration au bromure d’éthidium et exposition aux rayons ultraviolets.