1) LA MALADIE DE NEWCASTLE
Cette maladie est infectieuse et très contagieuse. Elle
affecte les oiseaux et particulièrement les gallinacés. Elle est
provoquée par des virus appartenant à la famille des
Paramyxoviridae, à la sous-famille des Paramyxovirinae, au
genre Rubulavirus, en général responsables d’infections res-
piratoires. Ces virus sont appelés couramment : Paramyxo-
virus aviaires de type 1 (PMV1) [1, 2, 7].
Au Viet Nam, la maladie de Newcastle est présente depuis
longtemps mais ce n’est qu’en 1949 que Jacotot et Le Louet
[16] ont prouvé l’existence du virus à Nha Trang par inocula-
tion expérimentale de poulets et d’œufs embryonnés, test
d’hémagglutination (HA) et d’inhibition de l’hémagglutina-
tion (IHA). En 1956, NGUYEN LUONG et TRAN QUANG
NHIEN [16] ont montré que cette maladie était présente
dans plusieurs régions du Viet Nam. Dans les années 1955 -
1957, de très nombreuses études ont été faites dans le nord
du Viet Nam sur plus de 189 échantillons provenant de 20
provinces et ont révélé 98 résultats positifs vis-à-vis de la
maladie de Newcastle mais aucun positif vis-à-vis de la
peste aviaire ce qui concordait avec les prévisions de l’OIE
[16]. Selon NGUYEN BA HUE et NGUYEN THU HONG
(1976) [18], une épizootie de Newcastle s’est produite à
l’entreprise de An Khanh en 1970 et de nombreuses pertes
ont été enregistrées, en 1974, dans des élevages situés à Ha
Noi, Dong Anh et Hai Phong. A l’heure actuelle, cette mala-
die cause toujours de lourdes pertes, notamment dans les
élevages industriels.
Plusieurs programmes de vaccination contre la maladie de
Newcastle sont mis en œuvre dans les fermes privées ou d’É-
tat. En général, il est effectué 2 à 3 vaccinations avec des vac-
cins à agents modifiés qui sont des souches lentogènes de
virus : par exemple les souches Lasota, HB1, F, VG/GA. Le
respect du calendrier de vaccination, le choix des vaccins et
de la voie d’administration, changent beaucoup d’un élevage
à l’autre, en fonction de la compétence des éleveurs qui est
très variable. C’est la raison pour laquelle la maladie de
Newcastle fait encore autant de ravages.
2) LA MALADIE DE GUMBORO
La maladie de Gumboro ou bursite infectieuse est due à un
virus de la famille des Birnaviridae et du genre Birnavirus,
caractérisé par un ARN bicaténaire segmenté. Ces virus pro-
voquent, sur des poulets de 3 à 5 semaines, de l’anorexie, de
la diarrhée, des tremblements et causent 20 à 30 % de morta-
lité. Le virus se réplique dans la bourse de Fabricius causant
oédème, hémorragies et nécrose. Ces lésions sont respon-
sables d’une importante immunodépression [22].
Dans les années 1970, NGUYEN TIEN DUNG [11], sus-
pecte un épisode de cette maladie mais les vétérinaires mal
informés ont, à l’époque considéré qu’il s’agissait de mala-
die de Newcastle. En septembre et octobre 1981, dans une
ferme militaire de la province de Da Nang, 6460 poulets
meurent sur un effectif de 23310, soit 27 %. Aucun diagnos-
tic n’est effectué mais l’épidémiologie, la description des
symptômes et des lésions permettent de suspecter la maladie
de Gumboro. En 1982, dans la province de Ha Son Binh,
cette maladie tue 34 % de poulettes de 21 à 30 jours [13]. La
symptomatologie et la prévalence sont les mêmes que dans
les premières descriptions faites par des auteurs étrangers
[3]. De nombreuses études réalisées en 1986 [19] et 1988
[10] montrent l’existence de cette maladie dans les élevages
autour de Ha Noi, avec une mortalité voisine de 25 %. En
1992, LE THANH HOA [8] rapporte que de 1987 à 1989,
grâce à la technique de précipitation en milieu gélifié, des
anticorps dirigés contre le virus de Gumboro ont été détectés
avec une prévalence de 30 à 40 %. D’après les statistiques
du Département National Vétérinaire du Viet Nam, la mala-
die de Gumboro a été rencontrée dans la plupart des pro-
vinces du pays au cours des années 1987 - 1996. [19]. Cette
maladie se propage encore actuellement et provoque de
grandes pertes, notamment autour de Ho Chi Minh Ville,
malgré les vaccinations avec des vaccins à agents vivants ou
inactivés.
La vaccination contre la maladie de Gumboro est générale-
ment réalisée en deux fois avec des vaccins à agents modifiés
contenant l’une des souches suivantes : Lukert, S706,
Winterfield 2512 (17). Les remarques concernant la mise en
oeuvre de la vaccination contre la maladie de Newcastle sont,
hélas, valables dans ce contexte.
3) LA BRONCHITE INFECTIEUSE
Cette maladie est due à un virus de la famille des
Coronaviridae, du genre Coronavirus. Il s’agit d’une maladie
respiratoire très contagieuse, d’allure explosive entraînant
des chutes de ponte avec des œufs mous et mal formés.
Actuellement, peu de documents sont consacrés à l’étude
de la bronchite infectieuse au Viet Nam. Selon TRAN
THANH PHONG [17] quelques cas seulement ont été sus-
pectés et d’après PHAN VAN LUC, du Centre de Recherches
sur les volailles [12], la bronchite infectieuse n’est présente
au Viet Nam que depuis ces dernières années.
La vaccination contre la bronchite infectieuse n’est réalisée
que dans un petit nombre de fermes car il s’agit d’une mala-
die relativement récente au Viet Nam et les éleveurs ne sai-
sissent pas très bien l’intérêt de la vaccination. Dans les
fermes où la vaccination est réalisée, les poussins de moins
de cinq jours sont vaccinés par voie oculaire ou par nébulisa-
tion avec la souche modifiée : Massassuchets H120.
Dans ce contexte, il est apparu tout à fait indispensable de
mettre en place un suivi de programmes de vaccination dans
une ferme, aux alentours de Ho Chi Minh Ville, afin de pou-
voir proposer une prophylaxie médicale, efficace contre ces
trois maladies virales et applicable dans les élevages vietna-
miens.
Mise en place du programme
des vaccinations
MATÉRIEL ET MÉTHODES
1) Choix de l’élevage
Le suivi a été réalisé dans une ferme privée dans la zone
périurbaine de Ho Chi Minh Ville. La ferme est typique de la
Revue Méd. Vét., 2001, 152, 3, 239-246
240 BUI TRAN ANH DAO ET COLLABORATEURS