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Toutes les espèces animales sont confrontées de façon quo-
tidienne à un grand nombre de micro-organismes et d’aller-
gènes  qui  peuvent  affecter  leur santé  et  même  leur  survie. 
Apparu  très  tôt  dans  l’échelle  de  l’évolution,  le  système  im-
munitaire a évolué pour discriminer le « soi » du « non-soi ». 
Deux systèmes de défense s’opposent aux micro-organismes : 
un système appelé l’immunité innée, qui est commun à tous 
les animaux, y compris l’homme, et un système immunitaire 
dit  adaptatif  (ou  spécifique)  qui  est  présent  exclusivement 
chez les vertébrés. Ces deux systèmes complémentaires sont 
capables de coopérer et la capacité du système immunitaire 
inné  à  pressentir le  danger  est  essentiel  pour  une  réponse 
adaptative efficace.
Quelles  sont  les  différentes  stratégies  développées  par  les 
mammifères  pour  se  défendre de  manière efficace vis-à-vis 
des pathogènes et notamment des virus ? Quel est l’impact 
des infections virales et bactériennes sur la population ? Quels 
moyens complémentaires avons-nous pour nous prémunir de 
ces pathologies récidivantes de l’hiver ?  
I   Les  mécanismes  de  défenses  vis-à-vis  des  infections  
hivernales
  1. Les cellules épithéliales, première barrière contre les 
infections
La  réponse  immunitaire  vis-à-vis  d’agressions  infectieuses 
met successivement en œuvre un système de défense immé-
diat mais non spécifique (immunité innée), suivi d’un système 
de défense spécifique très ciblé après quelques jours (immu-
nité adaptative). 
La réponse immunitaire innée implique l’activation de macro-
phages,  de  polynucléaires  neutrophiles,  de  cellules  dendri-
tiques, de lymphocytes NK ainsi que des cellules épithéliales 
ayant un contact avec le milieu extérieur, maintenant consi-
dérées comme de véritables cellules de l’immunité innée. Les 
couches épithéliales de la peau et des tractus gastro-intesti-
nal, urogénital et respiratoire forment en effet  une barrière 
physique contre l’infection.L’épithélium de surface des voies 
aériennes proximales assure notamment la protection de la 
muqueuse  respiratoire  vis-à-vis  de  particules  nocives  inha-
lées et des virus et bactéries grâce à différents mécanismes, 
comme la clairance muco-ciliaire, la régulation des flux d’ions 
et d’eau et la sécrétion de molécules de défense (Figure 1) 18. 
La protection des voies aériennes est assurée également par 
des complexes jonctionnels intracellulaires  responsables de 
l’étanchéité de l’épithélium (jonctions serrées, jonctions inter-
médiaires et desmosomes).
 
Figure  1  :  Systèmes  de  défense  de  l’épithélium  respiratoire  des  voies 
aériennes (Coraux et al., Med. Sci., 2005 18).
Au niveau  de  la  muqueuse  gastro-intestinale,  le  microbiote 
résident peut interférer avec l’adhérence et les effets toxiques 
des  pathogènes.  Les  100  000  milliards  de  bactéries  qui  le 
constituent jouent notamment un rôle très important dans 
la  maturation  du  système  immunitaire  des  muqueuses,  et 
plus particulièrement le développement des structures lym-
phoïdes  organisées,  le  recrutement  des  lymphocytes  B  et 
T dans la lamina propria et la sécrétion d’IgA et de peptides 
antimicrobiens dans la lumière intestinale. Les cellules épithé-
liales jouent quant à elles non seulement un rôle de barrière 
physique, représenté par le mucus ou encore les jonctions ser-
rées, mais  également de  barrière chimique liée notamment 
à  la  production  de  peptides  antimicrobiens  (Figure  2).  Une 
troisième fonction des cellules épithéliales, qui complète ce 
rôle  de  défense  immédiate,  est  la  sécrétion  de  chimiokines 
capables de recruter les cellules plus classiques de l’immunité 
innée, polynucléaires et/ou macrophages. L’expression de ces 
chimiokines est  inductible  à  travers  une  cascade  de  signali-
sation déclenchée  par la liaison de motifs microbiens à des 
récepteurs.
Enfin,  la  défense  immunitaire  humorale  spécifique  des  sur-
faces  muqueuses  est  contrôlée  principalement  par  les  im-
munoglobulines sécrétoires de type IgA (S-IgA), anticorps pré-
dominants  des  sécrétions  humaines.  La  production  des  IgA 
spécifiques dirigée contre des pathogènes muqueux ou des 
antigènes protéiques solubles est T-dépendante.