Journées d'étude "Culture, Handicap et Inclusion"
Compte-rendu détaillé
Conférences
Jeudi 24 Juin 2015
Les journées d'études « Culture, Handicap et Inclusion » ont été inaugurées le 25 juin 2015 à
10h15 par Guy Coulanjon, président de l'association Lee Voirien. Ces deux journées font suite au
projet européen « Imagine » réalisé sur la période 2012-2014 entre des institutions d’Italie,
d’Allemagne, d'Ecosse et de France. Ce projet avait pour but de faire évoluer le handicap dans le
monde culturel et posait la question suivante : Comment, grâce à la culture, pouvons-nous nous
intégrer dans la société ?
Lors de l'ouverture, l'adjointe au maire chargée de la solidarité et de l'action sociale, Nicaise
Joseph, explique que la culture est essentielle à tous. Ainsi, la mairie de Clermont-Ferrand, a la
volonté de contribuer à faire évoluer le regard vers le handicap, qu'il ne soit plus vécu comme un
obstacle, en mettant en place un environnement adapté.
Mme Joseph nous confie également que la mairie est dans une démarche de démocratisation de la
culture.
La première journée d'étude est consacrée au spectacle vivant, la matinée de conférences
propose les interventions de Pascal Parsat, Bruno Boussagol et Marlène Rougeyron.
Pascal Parsat, directeur du service des publics et membre fondateur du, Centre Recherche
Théâtre et Handicap (CRTH) à Paris, prend la parole. Il a mis en place le "Théâtre dans le noir" et
nous explique que celui-ci existe depuis 1993, avec l'apparition des premières pièces dans le noir.
Le Centre Recherche Théâtre et Handicap accueille un public libre et informé grâce à la mise
en place d'un site internet, de formations... Cependant, les personnes handicapées accueillies au CRTH
sont souvent illettrées. De plus, seules 7.000 à 8.000 personnes lisent le braille sur 90.000 personnes
non-voyantes ce qui représente environ 10%.
M. Parsat précise que les personnes handicapées constituent un public très sensible à la
discrimination, qui n'a pas l'habitude d'aller vers la culture.
Suite à ces explications, il annonce les différents outils mis en place par le CRTH :
- "La Brigade d'accessibilité" : elle diagnostique les lieux ouverts au public et accompagne les
responsables des lieux.
- "La Régie Mobile" : mise en accessibilité ponctuelle de lieux et d'événements culturels. Elle rend les
spectacles accessibles gratuitement aux personnes.
- "Les Souffleurs d'Images" : dispositif d'accompagnement personnalisé pour les déficients visuels. Ce
dispositif fonctionne en binôme : un étudiant en histoire de l’art et une personne en situation de
handicap visuel. L’étudiant décrit, explique, « souffle » ce qu’il voit à la personne ficiente visuelle.
Cette dernière règle son entrée et celle-ci est gratuite pour l’étudiant.
Pour finir, une question est posée : "Comment l’éducateur spécialisé peut-il agir en
institution ?"
Guy Coulanjon répond qu’ils peuvent faire de l’occupationnel avec leurs moyens, mais qu’il
faut surtout être formé.
Bruno Boussagol explique que cela amène la question de la thérapie et que l’éducateur est
pour faire son travail avant tout.
Pascal Parsat précise qu’il faut s’entourer des gens dont c’est le métier, des artistes ou des
personnes formées et qu’il faut fixer des objectifs.
La parole est ensuite donnée à Bruno Boussagol, metteur en scène depuis 40 ans, il monte des
spectacles et fait du théâtre avec des personnes atteintes de diverses maladies mentales. Il nous
présente, deux de ses collaboratrices de la compagnie Brut de Béton, elles ont séjourné en hôpital
psychiatrique.
Une de ces personnes explique qu'elle a une maladie qui ne lui permet pas d'avoir une activité
professionnelle.
M. Boussagol confie qu'il est à l'origine de la création de la compagnie Brut de béton, qui
produit des spectacles, des événements, des textes et des rencontres. Elle édite. Elle soutient. Elle
contribue au lien social. L’acte artistique est considéré sur le plan du droit et de la liberté d’expression,
y compris des exclus et des reclus.
La compagnie travaille avec des publics spécifiques, en particulier relevant de la structure
psychotique, en institution et hors murs.
Il explique que l’espace convivial correspond à l’espace social pour les usagers de l’hôpital
psychiatrique. Il précise aussi que pour un déplacement avec une troupe, il est nécessaire d'avoir du
personnel médical (psychologues, psychiatres...).
A la fin de son intervention, Bruno Boussagol informe qu’il a également monté un spectacle
dans le noir intitulé Phèdre noir.
Dans un troisième temps, Mme Rougeyron prend la parole. Professeur diplômée de jazz et
professeur handidanse, elle est léguée régionale de la Fédération française handidanse (FFHD) en
Rhône-Alpes Auvergne.
Marlène Rougeyron commence son intervention en rappelant que la pratique
handidanse existe depuis vingt ans et la fédération française depuis 2011.
Elle énonce ensuite les objectifs de la fédération :
- Valorisation de soi - Confiance en soi.
- Permettre aux personnes handicapées de danser dans un cadre structuré et sécurisé.
- Vecteur de créativité, d'épanouissement et de développement de soi.
- Encourager la pratique Handidanse.
- Encourager les personnes à être autonome, au moins sur scène.
- Insérer les danseurs en situation de handicap
Marlène Rougeyron présente les différentes formations proposées par la fédération : formation
technique, artistique, formation animateur, formation chorégraphe.
Plusieurs spécialisations existent selon le type de handicap : déficience visuelle, déficience
auditive, handicap moteur, déficience intellectuelle, handicap mental et autisme.
Elle précise que la formation technique est destinée aux personnes souhaitant mettre en place un atelier
danse, avec des notions de danse très faible, et travaillant dans les associations, structures ou
établissements spécialisés pour les personnes en situation de handicap.
Elle indique finalement que des rencontres régionales et nationales ont lieu une fois par an
depuis 2010. La Fédération Handidanse organise dans ce cadre des spectacles, des actions de
sensibilisation et un concours. Mme Rougeyron précise qu’une rencontre régionale est prévue en
Rhône-Alpes en 2016 et en Auvergne en 2017.
Vendredi 25 Juin2015
Les conférences du vendredi matin orientées sur le thème du patrimoine et des musées,
proposent les interventions de Jean-Sébastien Judais et de Céline Françon.
M. Judais est responsable du Département des Publics au Centre National du Costume de
Scène et de la Scénographie (CNCS) qui a ouvert en 2008.
Il entame les échanges et explique qu'il est responsable de l'accueil des publics, dont l'accueil des
personnes handicapées demeure un aspect important. Ainsi, l'accueil de ces personnes a du être revu
avec la loi sur l’accessibilité datant de 2005. C'est pourquoi, un certain nombre d'aménagements ont du
être effectués au CNCS.
Pour illustrer ses propos, Jean-Sébastien Judais prend comme exemple la demande de
labellisation «Tourisme et Handicap» du CNCS de 2008. Elle a été refusée car il existait des toilettes
pour les personnes à mobilité réduite, mais ceux-ci n'étaient pas aux normes.
Il indique qu'en 2009, le service a proposé l'idée d'un tarif de gratuité pour les personnes et
leurs accompagnants. En 2011, un audit a été effectué par le Ministère de la Culture pour définir et
budgétiser les manques du Centre National du Costume de Scène et de la Scénographie.
M. Judais, signale qu'il a fallu former les équipes à l'accueil des personnes handicapées,
adapter leurs discours selon le public accueilli et vérifier l'état des lieux.
Pour conclure son intervention, il donne quelques chiffres. Le CNCS a accueilli 600 000
visiteurs en huit ans. 9 000 personnes ont été accueillies au titre de la gratuité pour les personnes
handicapées et leurs accompagnateurs, soit environ 3% des visiteurs. En 2014, seuls 10 groupes en
situation de handicap sont venus sur des propositions de visites accompagnés, ou de visites et ateliers.
A la suite de cette intervention, la parole est donnée à Céline Françon, qui informe tout d'abord
qu'elle est employée par le Conseil Départemental du Puy-de-Dôme. Ainsi, dans le cadre des ses
fonctions, elle travaille au Service des Publics du Musée départemental de la Céramique de Lezoux
(63). Elle débute son intervention en faisant un bref historique du Musée, qui à l’origine était
municipal. En 1989, l'équipe du musée a effectué une demande au Conseil Général du Puy-de-Dôme
pour qu'il prenne en charge la structure.
En 2003, le musée de la céramique est créé, il a pour but la médiation et la conservation des
œuvres. L'équipe du musée est constitué de trois personnes.
Le musée de Lezoux ouvre ses portes en 2007 et un tarif pour les personnes handicapées est
mis en place avec la gratuité pour leurs accompagnateurs. Mme Françon, explique qu'une formation
sur les droits culturels est mise en place en ce moment.
Elle termine son intervention en indiquant que le Ministère de la Culture est très sensible à
l'accessibilité des lieux culturels.
Ateliers
Dans le cadre de ce colloque, trois ateliers artistiques sont organisés et répartis sur les deux
après-midi de ces journées d'étude : un atelier écriture, un atelier danse et un atelier théâtre.
Atelier écriture
Cet atelier est proposé par Bruno Boussagol avec de la compagnie Brut de Béton. L'animation
d'un atelier d'écriture au sein de la Compagnie Brut de Béton a lieu une fois par mois, les personnes
participant à celle-ci écrivent et lisent leurs travaux lors de l'atelier écriture. Leur contenu reste
confidentiel.
Pour commencer l'atelier, il spécifie qu’il est difficile d'écrire à un moment donné, que
l'inspiration vient naturellement.
Après cette entrée en matière, M. Boussagol donne un temps de quinze minutes d'écriture
individuelle avec un thème libre. Suite à cela, chaque participant lit son texte à haute voix.
Ces écrits peuvent porter sur une expérience, une situation vécue, sur une réflexion personnelle ou sur
un sujet abordé lors de la journée.
Après chaque lecture, les membres de la compagnie commentent les textes. Lors de cette
restitution, une personne ajoute «L'écriture, c'est la liberté ».
Atelier danse
L’atelier danse est encadré et animé par Marlène Rougeyron. Le groupe est mixte au niveau de
l’âge, du rapport à la danse, du métier et des personnes (valides et en situation de handicap).
On commence par se mettre en tenue : pieds nus. L’atelier débute par un échauffement du
corps. Marlène Rougeyron montre tout d’abord chaque geste et mouvement sans musique. Puis, le
groupe doit les reproduire. Enfin, les mouvements sont dansés en musique.
L’intervenante explique qu’il faut répéter chaque mouvement quatre fois afin de bien le
mémoriser. Prendre exemple, refaire et répéter permet la mémorisation. Ces techniques d’imitation et
de répétition sont utilisées pour travailler avec les personnes en situation de handicap. Lorsqu’il donne
un cours ou un atelier pour ce public, le professeur ne doit pas expliquer, il doit montrer et utiliser une
image afin de faciliter la compréhension et la mémorisation du mouvement.
Une fois les mouvements acquis, elle demande de prendre un chapeau. Une petite
chorégraphie est apprise avec cet accessoire selon ces techniques. L’utilisation d’un
accessoire, comme le chapeau dans ce cas, permet d’apporter un élément nouveau à la chorégraphie et
de monter d’un « cran » dans l’apprentissage. L’objet peut rassurer certaines personnes.
A la fin de la séance, Marlène Rougeyron propose un temps de relaxation. C’est nécessaire
pour calmer et détendre chaque participant.
A la question, « par quels moyens intégrer une personne en situation de handicap par la
danse ? », nous pouvons maintenant apporter quelques éléments de réponse. La meilleure solution
reste tout de même que la personne qui donne le cours soit formée. La Fédération française
Handidanse propose des formations adaptées selon la fonction de la personne encadrant et le type de
handicap du public visé.
Atelier théâtre
L'atelier théâtre est animé par Guy Coulanjon, président de l’Association Lee Voirien et
animateur théâtre, et Vanessa Castelneau, comédienne et diplômé de licence Arts du spectacle.
L'animation débute par un exercice d'improvisation : chaque participant doit entrer, à tour de
rôle, dans la pièce d'une manière originale et se présenter.
Suite à ce premier exercice, les animateurs proposent cinq activités différentes :
- « Le combat des chefs » :L'opposition de deux groupes de trois personnes qui désignent un
« chef de meute ». Il produit un son et un geste que les autres membres du groupe le
reproduisent à l’unisson.
- « L’interview » : l'exercice se déroule avec deux personnes, l'une avec rôle d’une journaliste et
l'autre qui répond à ses questions dans un langage totalement imaginaire.
- Exercice sensitif : les personnes du groupe se touchent les mains, puis l’une d’elles se tourne,
dos aux participants, mains derrière le dos pour essayer de deviner qui vient lui toucher ses
mains.
- Exercice d'improvisation : Deux ou trois personnes ont un rôle précis et doivent improviser
une saynète.
- « La machine infernale » : un participant vient sur le plateau et propose un geste et un son,
qu’il reproduit de manière répétitive. Chaque personne se rajoute à tour à tour avec son propre
geste et son propre son. Le rythme s’accélère, la machine s’emballe, puis ralentit jusqu’à
s’éteindre.
Bilan de journée
A la suite de ces journées, le ressenti du public est positif. Ainsi, tous ont trouvées ces deux
journées enrichissantes, notamment au niveau des rencontres et des échanges.
De plus, la volonté que ces journées d'études soient reconduites a été exprimée. Une
participante a émis le souhait que la question de la médiation culturelle soit abordée. L’idée de
proposer également des tables ronde a été abordée.
La lumière en partage
Inspiré de J’arrive où je suis étranger de Jacques Semelin
Mise en scène par Diane Pinelli
Mise en lumière par Pierre Court
Mise en images par Christophe Deat
Avec Eva Murat, Timothé Mefiant-Marrec, Eric Lambrecht, Françoise Chalafre, Elidie Goupille, Eric
Blache et Guy Coulanjon.
Le spectacle La lumière en partage a été accueilli avec chaleur par le public lors de sa
première représentation, le jeudi 25 juin 2015 à 20h30, salle Nelson Mandela à Clermont-Ferrand.
Sept comédiens éclairent cette histoire adaptée et mise en scène par Diane Pinelli. Elle nous confie que
« Le destin singulier de Jacques Semelin peut se regarder comme un plein feu sur nos zones obscures,
nos traits de lumière et l'enchevêtrement des deux, se faire l'écho de notre constante recherche de
lumière dans le noir... »
Programmé dans le carde des journées d’étude « Culture, Handicap et Inclusion », la pièce de
théâtre, portée par une équipe de professionnels et d’amateurs du spectacle vivant, traverse la vie
singulière de Jacques en aller et retour entre passé et présent. Les comédiens, valides ou en situation de
handicap, ont su transporter les personnages avec une sensibilité exacerbée qui a su conquérir les
spectateurs.
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