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Solennité de l’Immaculée conception – 8 décembre 2010 – Cathédrale Saint-Charles
Gn 3, 9-15.20 – Ps 97
Ep 1 , 3-6.11-12 ; Lc 1, 26-38
Homélie
Dans quelques jours, notre diocèse aura 40 ans. Je salue avec respect les autorités civiles et
militaires qui ont bien voulu répondre à notre invitation en cette occasion. J’aurais le plaisir de les
rencontrer personnellement après notre célébration.
Leur présence dans notre assemblée est significative. Vous avez, chacun, vos convictions
philosophiques et religieuses que nous respectons infiniment. En acceptant d’être parmi nous,
vous comprenez notre profonde aspiration à être au service de la portion d’humanité qui habite ce
territoire défini il y a 40 ans.
Notre aspiration est fondée sur notre foi. Où es-tu donc ? (Gn 3, 9) sont les premières paroles de
Dieu à l’homme qui est entré dans la désobéissance. Où es-tu donc ? est la première question d’un
dialogue entre Dieu et l’humanité qui se poursuit encore aujourd’hui.
Dieu n’est pas tombé sur l’homme pécheur pour l’écraser. Il l’interroge et s’explique avec lui : Qui
donc t’a dit que tu étais nu ? Qu’as-tu fait là ? (Gn 3, 11.13) Le seul qui est condamné par Dieu est
le serpent : tu seras maudit parmi tous les animaux (Gn 3,14). L’homme et la femme sont
épargnés ; bien mieux une protection semble promise à la femme : Je mettrai une hostilité entre la
femme et toi, entre sa descendance et ta descendance (Gn 3,15). Dieu contre qui l’homme s’est
révolté se transforme en son avocat, son défenseur : quelle humilité, déjà !
Dialogue de vérité et d’espérance, tel pourrait être le sous-titre de ce poème de la Genèse.
Et voilà que ce dialogue, après tant d’autres, trouve un écho singulier dans le récit de l’annonce
faite à Marie. Elle partage la crainte de l’humanité mais ne se dérobe pas. Alors qu’Adam avait
rejeté la faute sur Eve et Eve sur le serpent, la Vierge Marie renverse la situation : en disant « oui »
à l’œuvre inattendue de Dieu, elle fait entrer l’humanité dans la spirale de l’obéissance : Voici la
servante du Seigneur (Lc 1, 38) !
La Vierge Marie est, par la grâce de Dieu, l’exacte antithèse de l’orgueil de nos premiers parents
que nous partageons originellement. Elle se soumet au plan de Dieu, car rien n’est impossible à
Dieu (Lc 1, 37).
Notre société souffre. Alors même que le fond du cœur de chaque homme ressemble à celui de la
Vierge Marie, il continue à se battre de bien des manières, il continue à rejeter la faute sur l’autre,
il continue à ne pas voir dans toute l’humanité les enfants du même Père. Il préfère les sirènes des
serpents aux commandements de Dieu. Alors Dieu continue de le chercher et de dialoguer :
Homme où es-tu ? Pourquoi as-tu fait cela ?
L’Eglise aimerait pouvoir dire en vérité chaque jour : Voici la servante de l’humanité comme la
Vierge Marie a dit « Voici la servante du Seigneur ». L’Eglise aime être au service du Seigneur et de
l’humanité en poursuivant leur dialogue : - Sois sans crainte, dit Dieu à l’homme – Comment cela
va-t-il se faire ?, dit l’homme à Dieu (cf Lc 1, 30.34).