4e rencontres
de l’innovation
sociale Bordeaux,
29 et 30 janvier 2014
Économie circulaire
et développement durable
SOMMAIRE
01
les introductions
02 LE FONDS SOUTIENT
DES PROJETS PROFITANT
AUX HABITANTS DES QUARTIERS
Michel Ceyrac, président de la Fédération
nationale des ESH
03 D'UNE ÉCONOMIE DE COUPURES
À UNE ÉCONOMIE DE LIENS
Véronique Fayet, adjointe au maire chargée
des politiques de solidarité, santé et seniors
05 NOUS SALUONS LA CRÉATION DU FONDS
D'INNOVATION SOCIALE
Clément Rossignol, vice-président en charge
de l'économie sociale et solidaire
Communauté urbaine de Bordeaux
06 L'INNOVATION SOCIALE CONCOURT
À LA LUTTE CONTRE L'EXCLUSION
Norbert Hiéramente, président
de Domofrance
les visites
du mercredi
08 La ressourcerie de Cenon Palmer
09 R3 : réseau de réemploi des deux rives
10 L’aire de compostage du Port de la lune
11 Les chantiers Tramasset
les projets
12 LAIRE DE COMPOSTAGE
DE PORT DE LA LUNE
Mésolia Habitat et la régie de quartier
Habiter Bacalan
16 R3 : LA COOPÉRATION AU COEUR
D'UN NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE
Domofrance et l’association
de préfiguration R3
20 INSERTION PAR LE BEAU
SHLMR et l’association Agidesu
24 DÉCORONS NOS MEUBLES,
ÇA CHANGE LA VIE !
Sodineuf Habitat normand,
et la Croix-Rouge de Dieppe,
28 RE CYCLE SOLIDARITÉ
Pierres et Lumières et l’association
1-Terre-Actions
la mise
en perspective
31 LÉCONOMIE CIRCULAIRE
ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
François-Michel Lambert, président de
l’institut de l’économie circulaire, député
des Bouches-du-Rhône, vice-président
de la commission Développement durable
à l’Assemblée nationale
la conclusion
35 C'EST EN CRÉANT LES RÊVES
QUE L'ON CHANGERA LA RÉALITÉ
Valérie Fournier, présidente du Fonds
d’innovation sociale
SERGE GUÉRIN,
directeur du Fonds d'innovation sociale
Fédération nationale des ESH
Le tour de France
de l’innovation sociale
et de l’économie circulaire
ÉCONOMIE CIRCULAIRE, le mot interpelle et
chacun comprend que la construction d'un
périphérique n'est pas, malgré les apparences,
de l'économie circulaire… Nous avons retenu
ce thème pour 2014 parce qu'il émerge, de fait
dans les projets soutenus par le Fonds.
Des quatre vies des draps de nos grands-
mères évoquées par Véronique Fayet à la
philosophie grecque, on peut voir le lien :
nous vivons dans un monde fini. Dans Noces,
Albert Camus écrit en 1937 que si le monde
est fini, il faut se préoccuper de l'avenir. Sans
le savoir, les projets visités le 29 janvier tout
le long de la Garonne font le lien avec nos
origines grecques. Or dans un monde fini, ce
qui fait la dynamique c'est la circularité.
Je vois aussi la relation entre économie cir-
culaire et habitat social car ce sont là, dans
les initiatives encouragées par le Fonds, des
manières de retrouver du pouvoir d'achat,
question majeure pour les locataires. En
réutilisant ou en transformant
des objets, chacun s’engage
dans une économie positive,
se réapproprie ses décisions,
redevient acteur de son ave-
nir. Dans tous les projets, les
personnes gagnent directe-
ment quelque chose au plan
économique et matériel et,
au-delà, elles parlent de la
reconnaissance et de l'es-
time de soi, retrouvées à l'occasion de leur
action. Cela n’a pas de prix mais de la valeur.
Cela peut aller plus loin, comme avec l'expé-
rience « re-cycle » à Orléans, où la récupéra-
tion des vélos favorise l'utilisation d'un
moyen de transport économique.
Toute génération, toute situation sociale et
économique confondues, la question centrale
est bien, en effet, celle de l'estime de soi : est-
ce-que je vaux quelque chose, alors que j'en-
tends que je suis à la charge de la société
puisque je n’ai pas d’emploi ? Quand je fais
moi-même des choses, quand je montre à mes
enfants que j’agis alors que je suis au chô-
mage, je retrouve ma dignité. La raison pre-
mière de l'habitat social est aussi de rendre
aux habitants leur dignité. Les cinq expé-
riences présentées durant ces 4e rencontres de
l'innovation sociale ont toute cette dimension
mais chacune, avec un regard particulier.
Chaque année, les rencontres contribuent à
faire connaître ce qui se passe dans différents
endroits du territoire. Soutenir les projets va
de pair, pour nous, avec la diffusion des ex-
périences afin que d’autres acteurs se les
approprient à leur façon. A Bordeaux, les 29
et 30 janvier 2014, avec l'appui des équipes
de Domofrance et de Mésolia Habitat, nous
avons fait un « tour de France » de l'innova-
tion sociale et de l'économie circulaire. Nous
vous invitons dans la présente publication à
le revivre en texte et en images.
Elinor Ostrom (1933-2012)
Prix Nobel d'économie 2009,
elle a mené des travaux
sur « les arrangements éco-
nomiques hors-marché »,
sur la polycentricité qui
prend en compte l'ensemble
des gains d'une activité.
Le vélo par exemple, induit
des gains en matière
de qualité de l'air, de liberté
de déplacement pour
les personnes modestes,
de retour à l'emploi,
de santé, etc.
INTRODUCTION
02 03
Il est possible
de conjuguer utilité
sociale, efficacité
et innovation.
Le fonds
soutient des projets
profitant aux habitants
des quartiers
D’une économie
de coupures
à une économie
de liens
VÉRONIQUE FAYET,
adjointe au maire chargée
des politiques de solidarité, santé et seniors
NOTRE FÉDÉRATION fait preuve de beaucoup
de dynamisme, représentant avec près de
270 sociétés, 60 % de la construction de loge-
ment social, peut-être plus dans les Dom.
Mais la responsabilité de notre secteur ne se
borne pas à la construction ni à la gestion des
immeubles. Elle évolue en prenant en compte
les mutations de la société tant sur un plan
tant démographique (vieillissement de la po-
pulation, ux migratoires, familles mono pa-
rentales), qu’économique et sociétal. Nous
devons aussi construire au moindre coût tout
en étant contraints par les normes environne-
mentales, les règles liées à l’accessibilité et le
coût du foncier. Nous relevons ces dés ainsi
que celui de mener une politique volontariste
de construction tout en poursuivant l’accom-
pagnement social des publics fragilisés dont
nous constatons l’augmentation depuis
quelques années.
La création par notre Fédération du Fonds pour
l’innovation sociale en 2007, s’inscrit dans une
perspective de soutien des actions innovantes
portées par les bailleurs et les associations
pour favoriser l’accueil, l’intégration, la qualité
de vie des habitants dans leur logement et dans
le quartier ; renforcer l’inclusion par l’économie
des populations, notamment des jeunes et
soutenir le développement local.
Les projets soutenus par les Fonds, le sont
au profit des locataires, plus largement des
habitants de nos quartiers. Ils contribuent,
en zone urbaine et rurale, à redynamiser les
territoires dans les quartiers d’habitat social
classé ou non en « zone urbaine sensible ».
Le Fonds est alimenté par un apport volon-
taire des ESH à raison dun euro par loge-
ment chaque année. Plus de 55 % de nos ESH
dotent le Fonds et concourent ainsi à créer
du lien social dans les quartiers.
Chaque projet est soutenu par une ESH et
portée par une association qui ainsi, réflé-
chissent et travaillent ensemble autour d’un
objectif commun : accompagner la requalifi-
cation d’un patrimoine, impliquer les habi-
tants pour lutter contre la précarité énergé-
tique, améliorer les conditions de vie des
locataires, participer au changement d’image
d’un quartier pour briser les ghettos…. Plus
de 150 actions ont été soutenues. Toutes dé-
montrent qu’il est possible de conjuguer
utilité sociale efficacité et innovation. Ainsi
les ESH sont de véritables acteurs locaux aux
côtés des associations.
Pour la quatrième année, le Fonds organise
ces rencontres de l’innovation sociale, mo-
ment privilégié pour les débats ainsi que pour
la mise en perspectives des actions menées
dans les territoires. Pour la deuxième fois,
elles se déroulent en région après Rennes en
2012. Cette année à Bordeaux, elles sont dé-
diées au thème Économie circulaire et dévelop-
pement durable. Le député François-Michel
Lambert nous expliquera ce qu’est précisé-
ment l’économie circulaire. Elle a à voir avec
la sobriété, la récupération d’objets jetés, la
JE SALUE TOUS LES PRÉSIDENTS et prési-
dentes, les honorables membres de cette
assemblée. Je suis très heureuse que l’une de
mes dernières apparitions politiques se fasse
auprès des ESH et de ce Fonds pour l’inno-
vation sociale car cela est symbolique de mon
action menée tout au long des 25 ans de man-
dat d’élue que j’ai accompli. Merci d’avoir
Choisi Bordeaux car il y a des ESH formi-
dables en Gironde. Je salue leur engagement,
la qualité de leur travail et leur rôle de loco-
motive dans le logement social girondin.
Bordeaux aussi, a le goût et le talent de l’in-
réduction de la pollution de l’environnement,
la régulation de la production. L’économie
circulaire cherche les meilleures conditions
d’usage et la longévité des objets du quoti-
dien. Depuis plusieurs années les ESH sont
investies sur ce thème et le Fonds soutient des
projets développés autour de cette probléma-
tique qui concerne autant la qualité de vie des
habitants que le développement économique.
Hier une centaine de participants a visité des
projets initiés par Mésolia et Domofrance et
soutenus par le Fonds. Aujourd’hui nous
continuons à rencontrer les acteurs du déve-
loppement social à travers les échanges
d’expériences et le débat avec la salle.
Je me félicite que tant de personnalités du
monde HLM, associatif, d’élus, de représen-
tants d’institution soient présents : Jean-
Louis Dumont, président de l’USH ; Norbert
Hiéramente, président de Domofrance, Em-
manuel Picard, directeur général de Mésolia,
François Cornuz, directeur général de Do-
mofrance ; François-Michel Lambert ;
Clément Rossignol, Véronique Fayet.
Je remercie l’ensemble des participants aux
tables-rondes, les représentants des
ESH -Pierres et Lumières à Orléans, Sodineuf
Habitat Normand à Dieppe et SHLMR à Saint
Denis de la Réunion, les dirigeants des col-
lectivités locales et des associations ainsi
que les salariés des ESH et des associations
pour leur engagement constant.
MICHEL CEYRAC,
président de la Fédération nationale des ESH
novation. Alain Juppé nous invite à aller
toujours plus loin. Nous avons créé en 2010
un projet social destiné à promouvoir l’inno-
vation sociale, nous organisons un Forum
social avec pour thème les deux dernières
années : « l’économie du partage ». Des ac-
tions concrètes vont aussi dans ce sens : la
pépinière Darwin dans une ancienne caserne,
une pépinière éco-créative, l’aire de compos-
tage de Bacalan, l’atelier d’Eco solidaire, R3,
Récupère, et un peu partout, des micro-ini-
tiatives d’associations qui font de l’économie
circulaire sans le savoir.
INTRODUCTION
04 05
Nous saluons
la création du Fonds
d’innovation sociale
CLÉMENT ROSSIGNOL,
vice-président en charge de l'économie sociale
et solidaire Communauté urbaine de Bordeaux
JE SALUE LES PRÉSIDENTS de la Fédération
nationale des ESH, de Domofrance, la prési-
dente du Fonds d’innovation sociale, les
responsables des ESH, des associations, les
acteurs bordelais, Véronique Fayet, mes
chers collègues. Au nom de Vincent Feltesse,
président de la CUB, que je représente, je
vous dis notre satisfaction de voir ces 4e ren-
contres de l’innovation sociale organisées à
Bordeaux. C’est une forme de reconnaissance
des initiatives, privées et publiques, prises
sur notre territoire en la matière.
L’innovation sociale est salutaire et nécessaire
dans le contexte des quatre crises que nous
vivons : économique, écologique, sociale, dé-
mocratique. Certains disent qu’en matière
d’économie et d’environnement, il ne s’agit
pas simplement de crise mais de changement
de modèle, de mutations profondes de nos
sociétés. L’économie circulaire et le dévelop-
pement durable, thème de vos journées, vont
apporter des réponses aux questions que nous
nous posons tous relativement à ces crises.
Nous devons trouver des solutions écono-
miques plus inclusives, plus soutenables, plus
coopératives. En ce sens nous saluons la créa-
tion du Fonds d’innovation sociale.
J’ai beaucoup apprécié le commentaire de
monsieur Hiéramente : les solutions ne sont
pas seulement techniques mais aussi so-
ciales. Au pays de Jacques Ellul (né à Bor-
deaux en 1912, mort à Pessac en 1994), un des
premiers critiques de la technique, le mes-
sage est fort et important. Dans nos sociétés
technophiles en effet, on peut penser que
toutes les solutions nous seront données par
les nouvelles technologies et les outils, mais
rien ne remplacera les rapports humains, la
proximité et l’inclusion.
La Communauté urbaine de Bordeaux, éta-
blissement de coopération entre les 28 com-
munes qui la compose (métropole le 1er jan-
vier 2015) a des compétences multiples : eau,
Comment traverser
le plafond de verre ?
Face à ce fourmillement d’idées, je pense à
l’analyse d’Hugues Sibille président de
l’Avise, agence de valorisation des initiatives
socio-économiques. Au niveau local, observe
t-il, il y a une ruche bourdonnante d’initia-
tives et d’imagination et des réseaux hori-
zontaux de proximité, tandis qu’au niveau
national, le top-down est toujours à l’œuvre.
Entre les deux, c’est un plafond de verre ! Les
politiques nationales ne tirent pas profit de
cette richesse locale. Hugues Sibille résume :
Il y a une fertilité locale incroyable et une stéri-
lité centrale. Comment ces expériences pour-
raient casser ce plafond de verre ? Comment
des expérimentations depuis 25 ans pour-
raient entrer dans le droit commun pour
devenir le cœur d’une nouvelle croissance
inclusive ? Ma conviction est que cela va pas-
ser par les entreprises, notamment à travers
la RSE. Une étude récente d’Axentur rapporte
que 48% des dirigeants d’entreprises considèrent
que l’empreinte sociale de leur entreprise est
prioritaire. Il existe une vraie prise de
conscience des chefs d’entreprise qu’il faut
changer de modèle parce que léconomie
actuelle est négative du fait qu’elle s’appuie
sur des coupures. Coupures entre l’entreprise
et son environnement ; entre les logiques à
court terme de rendement obligatoire et le
long terme ; entre le monde de la finance qui
spécule et l’économie réelle ; entre les très
riches et les très pauvres…
Une autre voie :
l’économie positive
Il existe une autre voie, celle de l’économie
positive dans laquelle on compte l’économie
collaborative qui crée des liens entre les per-
sonnes, l’économie circulaire qui fait des
liens entre les biens (la fin de la vie d’un bien
est le début d’une autre), l’économie sociale
et solidaire qui crée des liens sociaux et réin-
tègrent les plus pauvres dans l’économie
réelle. Il est temps de passer d’une logique
de coupure, de développement séparé à une
logique de liens. Léconomie positive est
l’économie de demain, elle produira plus de
liens que de biens, elle transformera les bé-
néficiaires en acteurs responsables. Nous en
avons eu hier à l’aire de compostage de Ba-
calan, un exemple merveilleux avec les papys
composteurs ou les ateliers participatifs de
Cenon. Ces activités ont une valeur humaine
largement supérieure à la valeur marchande.
Nous savons bien que nous n’avons pas en-
core trouvé le modèle économique de l’aire
de compostage alors que sa valeur humaine
est énorme. Cette activité ne sera certes pas
comptabilisée dans le PIB mais en matière
de prévention du vieillissement, c’est supé-
rieur à tout ce que l’on peut imaginer comme
action très élaborée et plus coûteuse !
Les entreprises sur tous ces sujets, avancent
beaucoup plus vite que les politiques car
elles posent des actes. A travers la RSE, on
le voit dans les ESH, on sent l’intime convic-
tion des dirigeants et je suis sûre que l’éco-
nomie positive va contaminer l’économie
mondiale à travers les entreprises.
Le Fonds valorise et donne
des ailes à ses bénéficiaires
Je félicite donc les ESH et le Fonds pour l’in-
novation sociale qui montre la voie, ouvre
des possibles, l’équipe du Fonds de quitter
Paris pour soutenir les acteurs locaux plein
d’idées et de talents. Je me souviens avoir
planché devant le Fonds pour défendre l’aire
de compostage : nous avons été accueillis
avec beaucoup d’humanité, nous avons sen-
ti que l’équipe était là pour nous aider et faire
grandir le projet. Tous les bénéficiaires du
Fonds sentent cette valorisation qui leur
donne des ailes.
En conclusion, je veux partager un souvenir
de ma grand-mère qui faisait de l’économie
circulaire sans le savoirJe la vois recoudre
des draps pendant des soirées entières en
même temps qu’elle nous racontait des his-
toires. D’abord pièces de lin magniques, le
drap, après quelques années était retourné et
cousu devenant un nouveau drap, avant d’en-
tamer une vie de serviettes de tables et na-
lement, une n de vie de chiffons. Aussi je vous
invite à être ringards, c’est l’avenir !
déchets, urbanisme, mobi-
lité, logement, économie.
À l’échelle de la région, l’agglomération bor-
delaise dispose de tous les atouts pour ini-
tier, aider la diffusion des initiatives et inno-
vations entrepreunariales, sociales,
solidaires au bénéfice de tous.
La CUB est labellisée territoire de commerce
équitable ; nous réfléchissons à la création
d’un label local RSE ; nous développons les
heures d’insertion, passées grâce aux tra-
vaux du tramway de 25 000 à 70 000 heures
en un an, chiffre que nous souhaitons aug-
menter. Nous avons organisé en juillet 2013,
les premières rencontres sur l’économie col-
laborative. À ce sujet, il y aura sans doute
besoin d’éclaircir le vocabulaire entre tous
ces termes d’économie positive, circulaire,
collaborative, fonctionnelle…
Concrètement en termes d’économie circu-
laire, la Communauté urbaine y travaille avec
deux entrées : dans le cadre de sa politique
d’économie sociale et solidaire, aide aux pro-
jets qui revêtent un caractère social avec, par
exemple, l’insertion socio économique des
personnes et dans le cadre du plan local de
L’économie
positive est l’économie
de demain.
INTRODUCTION
06 07
L’innovation sociale
concourt à la lutte
contre l’exclusion
MONSIEUR LE PRÉSIDENT Michel Ceyrac,
monsieur le représentant de la Communauté
urbaine de Bordeaux Clément Rossignol,
chère Véronique Fayet maire-adjointe de
Bordeaux, madame la présidente du Fonds,
Valérie Fournier, mesdames et messieurs,
L’innovation doit être au cœur de la dé-
marche des bailleurs sociaux ; elle peut re-
vêtir différentes formes. Depuis plusieurs
années, c’est devenu une évidence : il ne
suffit pas de construire des logements so-
ciaux, nous nous sommes penchés sur tous
les problèmes liés à l’habitat.
Ainsi, naturellement, la Fédération a eu une
idée très riche avec la création du Fonds pour
l’innovation sociale. Linnovation n’est pas
seulement technologique car la technologie
seule n’aidera pas nos locataires à payer leur
loyer et à vivre mieux dans nos résidences.
L’innovation peut être sociologique : repen-
ser les modes d’habiter, les usages du loge-
ment est intéressant mais ne suffit pas non
plus. L’innovation peut être sociale en ima-
ginant de nouvelles façons de répondre aux
besoins pour une inclusion sociale réussie.
La réintégration dans la sphère sociale est
fondamentale parce qu’elle est une manière
de lutter contre l’exclusion.
Domofrance est engagée depuis longtemps
dans les différents dispositifs d’insertion et
dans le montage de projets innovants. Notre
volonté est de proposer aux personnes les
plus éloignées de l’emploi et qui occupent
nos résidences et celles des autres bailleurs
sociaux des projets d’insertion par l’écono-
mique et par la formation. Je veux dire ici,
combien je suis fier de présider Domofrance
dont les équipes, que je remercie à cette oc-
casion, sont extrêmement motivées. Elles
ont largement anticipé cet engagement de
Domofrance dans des réalisations comme La
Ressourcerie ou R3 que certains d’entre vous
ont visité hier.
Je salue également l’aire de compostage, le
projet de Mésolia au Port de la lune, qui
contribue à apporter du lien aux personnes
qui en ont tant besoin. Domofrance et Méso-
lia ainsi que les associations ont travaillé en
parfaite collaboration pour organiser ces
visites. Je fais le vœu que ces projets essai-
ment autant que possible.
Je suis aussi très attaché aux « suites de par-
cours ». Notre mobilisation à tous, associa-
tions, collectivités locales, financeurs, doit
ouvrir des perspectives d’embauche ou des
qualifications avec, à terme, un emploi du-
rable. Pour cela, nous associons toujours les
entreprises à nos projets. Grâce à elles,
chaque année, 100 000 heures de clause d’in-
sertion sont réalisées et les personnes ins-
crites dans nos chantiers d’insertion béné-
ficient de passerelles vers la sphère
économique et la réalité du travail. Nom-
breux sont ceux qui ont continué leur par-
cours au-delà de nos projets : il suffit parfois
de faire la courte échelle et les personnes
poursuivent leur chemin.
Nous avons également un le à jouer comme
acteurs d’un développement économique
responsable qui conjugue insertion par l’éco-
nomique et développement d’une économie
circulaire. Remettre dans le circuit des
échanges, des objets qui ne vivent plus : nous
l’avons fait chez Domofrance avec La Res-
sourcerie, quelques dizaines d’emploi ont été
créés. Aujourd’hui, ce projet ne nous appar-
tient plus et ceux qui l’ont en charge le déve-
loppent de façon très pertinente. Nous
créons de véritables leviers qui placent nos
actions au cœur du développement écono-
mique local, c’est bien là, désormais notre
tâche. Nous sommes des bailleurs sociaux,
mais du fait du lien étroit qu’il y a entre em-
ploi et logement, nous avons été amenés à
explorer d’autres champs. Nous devons, au
niveau national, développer cette tendance.
Je suis convaincu que les présentations faites
au cours de la journée seront enrichissantes
et vous guideront pour mettre en œuvre les
conditions d’une inclusion sociale réussie.
Je tiens aussi à saluer Véronique Fayet qui a
tellement donné au logement social : ton
implication a beaucoup apporté à l’agglomé-
ration bordelaise. Merci encore !
prévention des déchets, soutien aux ac-
tions en faveur de la réduction des déchets.
La Communauté urbaine, très volontaire
pour que se développe sur son territoire, un
maillage de recycleries et ressourceries, ac-
compagnent les nombreux projets de réem-
ploi des déchets : R3, la ressourcerie de Ce-
non, de Lormont, l’atelier d’Eco-solidaire…
En 2014, nous poursuivons cette politique,
notamment en permettant au projet R3 de
monter en puissance par la coopération et
la mutualisation avec d’autres acteurs du
territoire ; à terme en encourageant les ac-
teurs de l’économie sociale et solidaire à des
regroupements, des mutualisations, des
formes diverses de coopération avec, par
exemple, la création de sociétés coopéra-
tives d’intérêt collectif dans le capital des-
quelles les collectivités locales peuvent
entrer. Inventer de nouvelles gouvernances
représente aussi « innovation » et nous
croyons aux formes coopératives qui per-
mettent une meilleure gouvernance, une
participation des collaborateurs aux prises
de décisions, une meilleure répartition des
richesses et une pérennisation.
Mais l’économie circulaire ne se réduit pas
aux déchets, elle représente plus largement
un moyen d’optimiser les ressources, dans
un monde fini où celles-ci sont limitées et
l’on ne peut pas être dans une société d’abon-
dance. Ainsi, nous devons « désinventer » ce
que nous avons inventé. En matière de dé-
chets, le XXe siècle les a inventé, le XXIe siècle
doit inventer leur disparition.
L’innovation sociale a également à voir avec
le logement, politique importante de la com-
munauté urbaine. Deux opérations à titre
d’exemple : 50 000 logements autour des axes
de transports en commun (2 milliards d’euros
investis avec le tramway) pour répondre à
l’augmentation de la population et proposer
aux Bordelais des logements à un prix abor-
dable ainsi que de nouvelles formes d’habiter.
Le logement participatif ou coopératif est un
autre axe innovant développé par la CUB.
Nous créons
de véritables leviers
qui placent nos actions
au cœur du développement
économique local.
NORBERT HIÉRAMENTE,
président de Domofrance
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