
INTRODUCTION
04 05
Nous saluons
la création du Fonds
d’innovation sociale
CLÉMENT ROSSIGNOL,
vice-président en charge de l'économie sociale
et solidaire Communauté urbaine de Bordeaux
JE SALUE LES PRÉSIDENTS de la Fédération
nationale des ESH, de Domofrance, la prési-
dente du Fonds d’innovation sociale, les
responsables des ESH, des associations, les
acteurs bordelais, Véronique Fayet, mes
chers collègues. Au nom de Vincent Feltesse,
président de la CUB, que je représente, je
vous dis notre satisfaction de voir ces 4e ren-
contres de l’innovation sociale organisées à
Bordeaux. C’est une forme de reconnaissance
des initiatives, privées et publiques, prises
sur notre territoire en la matière.
L’innovation sociale est salutaire et nécessaire
dans le contexte des quatre crises que nous
vivons : économique, écologique, sociale, dé-
mocratique. Certains disent qu’en matière
d’économie et d’environnement, il ne s’agit
pas simplement de crise mais de changement
de modèle, de mutations profondes de nos
sociétés. L’économie circulaire et le dévelop-
pement durable, thème de vos journées, vont
apporter des réponses aux questions que nous
nous posons tous relativement à ces crises.
Nous devons trouver des solutions écono-
miques plus inclusives, plus soutenables, plus
coopératives. En ce sens nous saluons la créa-
tion du Fonds d’innovation sociale.
J’ai beaucoup apprécié le commentaire de
monsieur Hiéramente : les solutions ne sont
pas seulement techniques mais aussi so-
ciales. Au pays de Jacques Ellul (né à Bor-
deaux en 1912, mort à Pessac en 1994), un des
premiers critiques de la technique, le mes-
sage est fort et important. Dans nos sociétés
technophiles en effet, on peut penser que
toutes les solutions nous seront données par
les nouvelles technologies et les outils, mais
rien ne remplacera les rapports humains, la
proximité et l’inclusion.
La Communauté urbaine de Bordeaux, éta-
blissement de coopération entre les 28 com-
munes qui la compose (métropole le 1er jan-
vier 2015) a des compétences multiples : eau,
Comment traverser
le plafond de verre ?
Face à ce fourmillement d’idées, je pense à
l’analyse d’Hugues Sibille président de
l’Avise, agence de valorisation des initiatives
socio-économiques. Au niveau local, observe
t-il, il y a une ruche bourdonnante d’initia-
tives et d’imagination et des réseaux hori-
zontaux de proximité, tandis qu’au niveau
national, le top-down est toujours à l’œuvre.
Entre les deux, c’est un plafond de verre ! Les
politiques nationales ne tirent pas profit de
cette richesse locale. Hugues Sibille résume :
Il y a une fertilité locale incroyable et une stéri-
lité centrale. Comment ces expériences pour-
raient casser ce plafond de verre ? Comment
des expérimentations depuis 25 ans pour-
raient entrer dans le droit commun pour
devenir le cœur d’une nouvelle croissance
inclusive ? Ma conviction est que cela va pas-
ser par les entreprises, notamment à travers
la RSE. Une étude récente d’Axentur rapporte
que 48% des dirigeants d’entreprises considèrent
que l’empreinte sociale de leur entreprise est
prioritaire. Il existe une vraie prise de
conscience des chefs d’entreprise qu’il faut
changer de modèle parce que l’économie
actuelle est négative du fait qu’elle s’appuie
sur des coupures. Coupures entre l’entreprise
et son environnement ; entre les logiques à
court terme de rendement obligatoire et le
long terme ; entre le monde de la finance qui
spécule et l’économie réelle ; entre les très
riches et les très pauvres…
Une autre voie :
l’économie positive
Il existe une autre voie, celle de l’économie
positive dans laquelle on compte l’économie
collaborative qui crée des liens entre les per-
sonnes, l’économie circulaire qui fait des
liens entre les biens (la fin de la vie d’un bien
est le début d’une autre), l’économie sociale
et solidaire qui crée des liens sociaux et réin-
tègrent les plus pauvres dans l’économie
réelle. Il est temps de passer d’une logique
de coupure, de développement séparé à une
logique de liens. L’économie positive est
l’économie de demain, elle produira plus de
liens que de biens, elle transformera les bé-
néficiaires en acteurs responsables. Nous en
avons eu hier à l’aire de compostage de Ba-
calan, un exemple merveilleux avec les papys
composteurs ou les ateliers participatifs de
Cenon. Ces activités ont une valeur humaine
largement supérieure à la valeur marchande.
Nous savons bien que nous n’avons pas en-
core trouvé le modèle économique de l’aire
de compostage alors que sa valeur humaine
est énorme. Cette activité ne sera certes pas
comptabilisée dans le PIB mais en matière
de prévention du vieillissement, c’est supé-
rieur à tout ce que l’on peut imaginer comme
action très élaborée et plus coûteuse !
Les entreprises sur tous ces sujets, avancent
beaucoup plus vite que les politiques car
elles posent des actes. A travers la RSE, on
le voit dans les ESH, on sent l’intime convic-
tion des dirigeants et je suis sûre que l’éco-
nomie positive va contaminer l’économie
mondiale à travers les entreprises.
Le Fonds valorise et donne
des ailes à ses bénéficiaires
Je félicite donc les ESH et le Fonds pour l’in-
novation sociale qui montre la voie, ouvre
des possibles, l’équipe du Fonds de quitter
Paris pour soutenir les acteurs locaux plein
d’idées et de talents. Je me souviens avoir
planché devant le Fonds pour défendre l’aire
de compostage : nous avons été accueillis
avec beaucoup d’humanité, nous avons sen-
ti que l’équipe était là pour nous aider et faire
grandir le projet. Tous les bénéficiaires du
Fonds sentent cette valorisation qui leur
donne des ailes.
En conclusion, je veux partager un souvenir
de ma grand-mère qui faisait de l’économie
circulaire sans le savoir… Je la vois recoudre
des draps pendant des soirées entières en
même temps qu’elle nous racontait des his-
toires. D’abord pièces de lin magniques, le
drap, après quelques années était retourné et
cousu devenant un nouveau drap, avant d’en-
tamer une vie de serviettes de tables et na-
lement, une n de vie de chiffons. Aussi je vous
invite à être ringards, c’est l’avenir !
déchets, urbanisme, mobi-
lité, logement, économie.
À l’échelle de la région, l’agglomération bor-
delaise dispose de tous les atouts pour ini-
tier, aider la diffusion des initiatives et inno-
vations entrepreunariales, sociales,
solidaires au bénéfice de tous.
La CUB est labellisée territoire de commerce
équitable ; nous réfléchissons à la création
d’un label local RSE ; nous développons les
heures d’insertion, passées grâce aux tra-
vaux du tramway de 25 000 à 70 000 heures
en un an, chiffre que nous souhaitons aug-
menter. Nous avons organisé en juillet 2013,
les premières rencontres sur l’économie col-
laborative. À ce sujet, il y aura sans doute
besoin d’éclaircir le vocabulaire entre tous
ces termes d’économie positive, circulaire,
collaborative, fonctionnelle…
Concrètement en termes d’économie circu-
laire, la Communauté urbaine y travaille avec
deux entrées : dans le cadre de sa politique
d’économie sociale et solidaire, aide aux pro-
jets qui revêtent un caractère social avec, par
exemple, l’insertion socio économique des
personnes et dans le cadre du plan local de
L’économie
positive est l’économie
de demain.