
L’ÉCONOMIE RÉSIDENTIELLE : UN MOTEUR DU
DÉVELOPPEMENT LOCAL ?
REFLEXIONS A PARTIR DE L’EXEMPLE DU FINISTÈRE
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Patrick TANGUY
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Les moteurs du développement local
Pour favoriser la croissance économique et le bien-être des populations (par la qualité
de vie et la cohésion sociale), le développement local est souvent défini comme une
démarche partant du bas et privilégiant les ressources endogènes. Mais, cette stratégie
nécessite à long terme pour la réalisation des objectifs évoqués un apport de richesses de
l'extérieur. Il reste à en choisir les leviers de captation…
L'adaptation du tissu des entreprises à la mondialisation constitue peu ou prou la
préoccupation fondamentale des politiques de développement local. Sans remettre en cause
l'importance de «l'économie productive» soumise à la concurrence extérieure, l'un des
objectifs de notre propos est de mettre l'accent sur l'existence d'autres leviers de
développement local. L'économie d'un bassin repose également sur une économie
résidentielle (ou «présentielle»)
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, non directement soumise aux contraintes de la
mondialisation. Cette dernière est devenue un autre pilier du développement à l’échelle
locale grâce aux deux paramètres essentiels que sont aujourd’hui l’importance de l’économie
mixte et de la redistribution dans la composition des revenus des personnes d’une part, la
mobilité géographique des individus durant les périodes (croissantes) de temps libre d’autre
part.
Cette économie résidentielle met en œuvre d'autres atouts du territoire que ceux
vantés traditionnellement dans les approches économiques. L'analyse suggère alors le
caractère crucial, pour le développement socio-économique, du cadre de vie et de la qualité
de vie, entités complexes dont les contours restent à cerner précisément … Néanmoins, il
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Cet article découle directement de l’étude réalisée avec Laurent DAVEZIES (Université Paris XII) pour le compte
du Conseil Général du Finistère et de Brest métropole océane. Elle a été publiée en 2005 aux Presses
universitaires de Rennes dans les actes d’un colloque qui eut lieu en 2003 sous l‘égide de l’Université de Bretagne
Occidentale et consacré aux «nouveaux facteurs d’attractivité dans le jeu de la mondialisation».
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Directeur d’études à l’ADEUPa (Agence de Développement et d’Urbanisme du Pays de Brest). L’auteur tient à
remercier Hervé THOUEMENT (Directeur du Master «Ingénierie du Développement des Territoires en mutation»,
Université de Bretagne occidentale) pour sa contribution.
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Le terme «d’économie résidentielle» est souvent employé pour évoquer la sphère de l’économie locale tournée
vers les ménages. Cependant, dans la littérature économique seules les activités tournées vers les particuliers et
pourvoyeuses de revenus extérieurs au bénéfice du territoire en font partie. Font par exemple vivre ce pan de
l’activité économique, les touristes, les retraités, les étudiants boursiers ou néo-résidants, …
L’économie résidentielle (ou «présentielle», terme emprunté à Ch. Terrier, Ministère du tourisme) comprend peu
d’activités spécifiques (hôtels, campings, … ?) destinées aux titulaires de revenus exogènes. En revanche, ces
derniers utilisent l’éventail des services offerts localement, que ce soient les activités répondant aux besoins
courants des populations résidantes (boulangeries, cabinets de médecine, …) ou les services «métropolitains» à
la population (centre hospitalier universitaire, grande école ou université, scène culturelle nationale, grande
surface spécialisée,…). L’ensemble de ces activités constituent l’une des «bases» du développement territorial (en
référence à l’analyse de la «base économique»).
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