Clinique
LE PROTOCOLE
IMPLANTAIRE APPLIQUÉ
AUX PRINCIPAUX CAS
Un ensemble d’éléments sont à recueil-
lir lors du diagnostic pré-implantaire.
Nous nous intéresserons ensuite à
la particularité du traitement implan-
taire chez le jeune patient puis au trai-
tement implantaire des cas d’agéné-
sies les plus fréquemment rencontrés
(Muller et coll., 1970).
Le traitement de l’agénésie s’adressant
plutôt à un patient jeune, la prise de dé-
cision sera assurée de façon conjointe
avec les parents. Il faut s’assurer du pro-
fil psychologique du patient : ses sou-
haits, sa demande esthétique et sa mo-
tivation (respect des rendez-vous).
Le bilan médical général permet d’éva-
luer l’état global du patient et de préci-
ser l’existence d’une contre-indication
ou d’un risque médical. Il doit se présen-
ter sous forme d’un questionnaire rempli
par le patient, accompagné d’examens
complémentaires. On recherchera une
maladie systémique de risque locaux
(tabac, alcool, bruxisme, foyers endo-
dontiques et parodontaux). Le bénéfice
du traitement étant supérieur au risque,
la pose d’implants est indiquée chez de
jeunes patients après 6 ans pour le trai-
tement d’une hypodontie associée à une
maladie rare.
L’examen clinique comprendra un exa-
men exo-buccal, endo-buccal, un bilan
parodontal, une analyse occlusale avec
une évaluation esthétique et une étude
prothétique.
L’examen radiographique
La radiographie met en évidence le vo-
lume osseux disponible et peut apporter
des informations sur la qualité osseuse
des sites à implanter. La radiographie
panoramique (orthopantomogramme)
permet de visualiser les maxillaires, les
arcades dentaires, les ATM, les sinus
maxillaires, le nerf alvéolaire inférieur.
Elle met en évidence les diverses pa-
thologies dentaires et osseuses, la hau-
teur disponible, les rapports entre le site
édenté et les obstacles anatomiques.
Chez l’édenté partiel, le bilan long-cone
précise le diagnostic parodontal, endo-
dontique, prothétique.
L’examen tomodensitométrique (scan-
ner) permet d’obtenir des renseigne-
ments sur les rapports tridimensionnels
entretenus entre les différents éléments
d’une région donnée, de visualiser ces
rapports sous forme de coupes ou de
reconstructions tridimensionnelles et
de simuler la mise en place d’implants
grâce au couplage informatique avec
des logiciels de planification implantaire.
Le Cone Beam, tomographie volumique
à faisceau conique, permet d’obtenir une
imagerie 3D du volume à implanter. Il est
d’une qualité supérieure à celle du scan-
ner pour l’examen des tissus durs, ou en
présence d’éléments métalliques, tout en
délivrant une irradiation moindre que ce-
lui-ci. L’utilisation d’un guide radiologique
facilite l’interprétation du scanner. Il est
confectionné en résine acrylique ou en
plaque thermoformée. Ce guide va per-
mettre de localiser aisément l’emplace-
ment du forage à la lecture du scanner.
Le traitement implantaire
chez le jeune patient
L’implant se comporte comme une dent
lactéale ankylosée. Les remaniements
osseux dus à la croissance entraînent
un enfouissement progressif des im-
plants. De plus cette croissance n’étant
pas constante en tous points des maxil-
laires (l’angle mandibulaire et le sec-
teur incisif maxillaire ont une croissance
plus importante), l’axe des implants po-
sés précocement ne présentera plus la
même orientation à la fin de celle-ci, ce
qui perturbera la reconstitution finale.
Les prothèses implanto-portées initiale-
ment posées se retrouvent en infraclu-
sion. On peut observer une altération du
germe de la dent voisine de l’implant ou
une déviation de son orientation. Lors
de son éruption des défauts infra-os-
seux péri-implantaires appararaîtront.
On prendra donc garde à ne pas utili-
ser des prothèses implanto-portées re-
liant les deux hémi-maxillaires pendant
la phase de croissance, ce qui va pertur-
ber le développement transversal de l’os.
La seule indication de pose implantaire
chez le jeune patient concerne les im-
plants symphysaires mandibulaires. En
l’absence de suture mandibulaire, la
croissance de l’os n’est pas perturbée.
Il ne s’agit toutefois que d’une solution
provisoire car le remodelage osseux va
modifier la position et l’axe implantaires.
Les restaurations prothétiques devront
être modifiées au fur et à mesure de la
croissance. La pose des implants ne de-
vrait intervenir qu’une fois la croissance
terminée, pas avant 20 ans, parfois
plus tardivement. On vérifiera la fusion
de l’épiphyse et de la diaphyse sur une
radio du poignet. Plus sûrement, on at-
tendra la superposition parfaite de deux
tracés céphalométriques réalisés à par-
tir de téléradiographies de profil réali-
sées à six mois d’intervalle.
LE TRAITEMENT DES
AGÉNÉSIES MULTIPLES
Le diagnostic est souvent précoce, le
handicap lourd et généralement associé
au trouble du développement d’autres
organes. Le traitement est donc long
pendant toute la période de croissance
de l’organisme. Il vise à assurer les prin-
cipales fonctions de celui-ci afin de fa-
ciliter un développement harmonieux et
une intégration sociale. Il s’appuie fré-
quemment sur une prothèse adjointe,
de préférence stabilisée par la pose de
deux ou quatre implants, et qui sera ré-
évaluée régulièrement pour l’adapter à
la croissance des maxillaires. Il est im-
portant de corriger progressivement la
DVO afin d’obtenir une occlusion stable
servant de référence à la réhabilitation
future. Cette prothèse adjointe aura un
rôle de stimulation pour la croissance
osseuse, et de mises en condition mus-
culaire, articulaire et phonétique pro-
gressives (Lauwers, Wojcik, Delbarre,
Movaghar and Ferri 2009).
C’est à cette période que pourra être
entrepris un traitement d’orthopédie
dentofaciale préliminaire dont l’objec-
tif sera d’agencer favorablement les or-
ganes dentaires présents dans le but de
réaliser le traitement prothétique défi-
nitif dans les meilleures conditions. On
évitera de fermer les espaces afin de
conserver la longueur de l’arcade. On
imagine aisément l’importance de la col-
laboration entre les différents praticiens
(orthodontiste, chirurgien, prothésiste)
tout au long d’un traitement qui s’étend
sur de longues années ainsi que de la
coopération du jeune patient et de ses
parents (Illouz et coll., 2000).
Fig.2
Fig.2 : Cas n°1, agénésie d’une incisive latérale mandibulaire. (A) : Scanner initial.
(B) : Coupes scanner : état de la crête avant la disjonction. (C) : Scanner effectué
six mois après la disjonction. (D) : Coupes scanner, après la disjonction.
IMPLANTOLOGIE
Dr C. Salimon présenté par les
Drs D. Chappard et B. Guillaume
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- Dentoscope n°149