29 août 2005 Numéro 30
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Une recherche suisse de pointe
Les biologistes suisses effectuent des recherches de
pointe en matière de génie génétique. Cette technolo-
gie revêt une grande importance tant dans la recher-
che fondamentale que dans la recherche appliquée. Le
mandat des scientifiques suisses spécialisés, qui
consiste à contribuer à résoudre les problèmes natio-
naux dans le domaine de l’agriculture et à améliorer
l’approvisionnement alimentaire international,
découle de cette position de pointe. Un recul de la
recherche sur le génie génétique vert en Suisse, aurait
des inconvénients pour la recherche suisse, mais aussi
pour l’agriculture, la politique et les consommateurs.
La Suisse occupe le cinquième rang des pays les
plus cités en comparaison internationale pour les
travaux scientifiques sur des plantes. Le travail le plus
souvent mentionné dans la région germanophone
pour la période 2000 - 2003 est une publication sur les
plantes génétiquement modifiées réalisée en Suisse
(Golden Rice, Ye et al., 2000, Science 287 : 303-305).
Jouissant d’une bonne réputation, la recherche suisse
sur les plantes bénéficie de financements nationaux,
mais aussi de ressources financières européennes.
C’est grâce à la position de pointe de la recherche
suisse qu’une donation de la Fondation Bill et Melissa
Gates a été faite. Lors du World Economic Forum
(WEF) de 2003 à Davos, Bill Gates avait annoncé un
projet de recherche médicale d’un genre nouveau
visant à combattre certains des problèmes les plus
graves des pays en développement grâce à des per-
cées scientifiques. Les experts ont défini 14 « grands
défis en matière de santé mondiale » et ont invité les
chercheurs à proposer des amorces de solution. Plus
de 1500 projets ont été déposés et soumis à une pro-
cédure de sélection stricte. Fin juin, 43 d’entre eux ont
été acceptés. La Fondation Bill et Melissa Gates fournit
436 millions de dollars, soit la majeure partie du finan-
cement.
Au chapitre « améliorer l'alimentation pour promou-
voir la santé », le projet vise à optimiser la valeur nutri-
tive et la teneur en minéraux et en vitamines des ali-
ments de base tropicaux tels que le millet, le riz, le
manioc et la banane . Au total, 36,8 millions de dollars
sont consacrés à ce projet dont l’ambition est d’amé-
liorer durablement l’alimentation de quelque deux
milliards de personnes. Des chercheurs de l’Institut de
biotechnologie des plantes de l’EPFZ, sous la direction
du prof. Wilhelm Gruissem, bénéficient désormais de
moyens importants. Depuis quelques années déjà, le
prof. Gruissem utilise les méthodes du génie généti-
que pour modifier les caractéristiques du manioc afin
d’optimiser son utilité en tant qu’aliment de base. Le
choix des projets montre que même un petit pays
comme la Suisse peut jouer un rôle important dans la
recherche et que le niveau de la recherche biotechno-
logique sur les plantes dans notre pays est élevé.
Avantages multiples des plantes transgéniques
Les publications qui présentent les divers avantages
des plantes transgéniques sont de plus en plus
nombreuses.
Exemple 1 : coton transgénique, résistant aux insectes.
En Inde : rendements supérieurs grâce aux semences
génétiquement modifiées
Depuis 2002, la culture du coton Bt transgénique,
résistant aux insectes, est admise en Inde ; elle néces-
site moins de produits antiparasitaires. Bien que
certains milieux adversaires du génie génétique
contestent avec véhémence les avantages des variétés
Bt pour les agriculteurs, la surface de culture des varié-
tés biotechnologiques s’est rapidement étendue ces
dernières années. Le commerce florissant de semen-
ces produites illégalement, de qualité parfois
douteuse, a contribué à cette évolution.
Une enquête menée auprès de 622 paysans de
l’Etat du Gujarat compare le rendement de la récolte
et le bénéfice net en cas d’utilisation de la semence
légale Bt, chère, de l’hybride Bt non autorisé et du
coton conventionnel. C’est avec la semence Bt « offi-
cielle » que la récolte a été la meilleure (+20% à + 37%),
les hybrides illégaux Bt offrant des avantages moindres
(0% - 14%). Mais étant donné que les hybrides Bt illé-
gaux nécessitent moins de produits antiparasitaires
coûteux, ils ont en principe rapporté aux agriculteurs
un bénéfice net supérieur à celui de la semence
conventionnelle, même s’ils n’ont pas accru le rende-
ment.
Ce sont les variétés Bt autorisées qui ont présenté
le plus grand avantage financier : au bout du compte,
elles ont rapporté un bénéfice net supérieur d’un tiers
à celui du coton traditionnel. Mais étant donné que la
semence génétiquement modifiée officielle est trois
fois plus chère que les semences de coton non Bt, les
agriculteurs, qui n’ont que peu d’économies, ont de la
peine à réunir les fonds de départ nécessaires. La
tentation est grande d’opter pour la semence Bt illé-
gale et meilleur marché, même si son utilisation