Diagnostic Métiers-formations EcoConstruction et performance

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Diagnostic Métiers-formations éco-construction et
performance énergétique
Document de travail pour la
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ème
édition des « Ateliers pour la formation et la qualification »
10 mars 2011
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L’objectif de ce diagnostic est d’identifier les besoins en compétences et en formation sur les métiers
de l’éco-construction et de la performance énergétique, du fait notamment de l’évolution de la
réglementation visant une prise en compte des enjeux environnementaux du développement
durable (réduction des émissions de CO
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et développement des énergies renouvelables). Ces derniers
sont multiples et peuvent se regrouper en deux grandes familles :
Les métiers liés au bâti, dont les métiers de l’enveloppe du bâtiment
Les métiers du génie climatique (installation, maintenance)
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Ces métiers recouvrent deux branches professionnelles : celle du BTP et celle des services
énergétiques.
NB : dans le génie climatique, les métiers d’installation de systèmes thermiques et de climatisation
sont rattachés aux métiers du BTP.
Ce diagnostic flash sur l’éco-construction et la performance énergétique a été réalisé en collaboration
avec Territoires Environnement Emplois (TEE).
Le bâtiment : vers l’éco-construction
Un secteur traditionnel en pleine mutation, de nouveaux métiers
Panorama du secteur
Le bâtiment constitue une large filière professionnelle représentant près de 4 millions de personnes.
Préparer l’ensemble de la chaîne de valeur à cette pleine mutation est essentiel. Le secteur du
bâtiment vert va de la réduction des besoins de chaleur, de froid et d’électricité jusqu’à l’installation
d’énergies renouvelables. Les acteurs se comptent par milliers, des bureaux d’études aux artisans, en
passant par les industriels et ceux des solutions de diagnostic thermique et de pilotage de l’énergie
de la maison.
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Le génie climatique se définit comme l’ensemble des techniques de chauffage, de ventilation et de climatisation, alliant
confort thermique et performance énergétique du bâti au regard de la règlementation thermique et des contraintes
économiques et écologiques.
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L’éco-construction consiste à créer un bâtiment doté des technologies lui permettant de respecter au
mieux l’environnement et l’écologie dans sa construction, en cherchant à s’intégrer le plus
respectueusement possible dans un milieu et en utilisant des ressources naturelles et locales. Ainsi,
l’éco-construction comprend l’utilisation de matériaux naturels de construction et d’isolation ainsi
que des énergies renouvelables et naturelles comme l’énergie solaire passive, les panneaux solaires,
la géothermie, les pompes à chaleur, le chauffage au bois et elle peut ingrer des systèmes de
traitement biologique et de récupération d’eau.
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Les différents acteurs de la filière bâtiment peuvent être regroupés par type de métiers :
la maîtrise d’ouvrage (commanditaires, gestionnaires, ie donneurs d’ordre) : 1,6 million
d’actifs - secteur qui nécessite une étude approfondie en termes de typologie de métiers et
d’évolution
la maîtrise d’œuvre, l’ingénierie : 115 000 personnes, dont 30 000 architectes
les entreprises réalisant les travaux : 1,2 million de salariés, 260 000 artisans et 100 000
intérimaires (en ETP)
les fournisseurs, industriels et distributeurs : 456 857 salariés (il est indispensable que la
distribution soit intégrée dans le dispositif de formation lié aux enjeux du Grenelle)
Les fournisseurs de services, exploitation et maintenance : 34 000 actifs
Technicien géomètre
topographe
Plâtrier
Gros Œuvre
Administration /
Supervision
Second œuvre
Conception / Commande
Technicien méthode Technicien QSE
Ouvrier / technicien
paysagiste
Charpentier Constructeur bois
Couvreur
Électricien
Menuisier
Carreleur
architecte Assistant gestion
Chef de chantier
Conducteur de travaux
Plombier
Façadier / Enduiseur
Monteur installations
thermiques et
climatiques
Peintre
Maître d’ouvrage
Chargé d’affaire
Chargé d’opération
constructeur
Urbaniste
Grutier Maçon
Monteur ossature bois Tailleur de pierre
N.B : Par défaut d’information et l’urgence des enjeux dans le domaine de l’énergie du fait des évolutions
réglementaires, cette étude se concentre sur la maîtrise de l’énergie (isolation, ventilation) et le développement
des énergies renouvelables appliqué au bâtiment (solaire photovoltaïque, solaire thermique, énergie bois,
énergie géothermique). Les métiers de la production et de distribution de matériaux de construction et
d’énergie ne sont pas considérés ici. L’ensemble des métiers du bâtiment est concerné par l’écoconstruction.
Le nombre total d’entreprises du bâtiment en Ile-de-France est d’environ 66 500 pour un effectif
total de près de 250 000 personnes, soit un effectif moyen de 3,7 salariés par entreprise (94% des
entreprises du bâtiment de l’Ile-de-France ont moins de 10 salariés - source : FFB Grand Paris). Le
secteur est composé d’artisans et de très grands groupes (Saint-Gobain, Dalkia, legrand, Eiffage,
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La Gazette de TEE, n°15, septembre 2007
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Spie,…). La Seine-Saint-Denis concentre 15% des établissements et des effectifs (source : Insee, CLAP
2007 et estimations régionales et départementales d'emplois 2008).
Cette diversité des acteurs produit une diversité des métiers (cf. annexe 1 : les métiers et les
formations du bâtiment).
Les grandes entreprises interviennent sur des marchés de construction et de rénovation relevant de
grands comptes alors que les artisans-TPE-PME répondent davantage à des commandes émanant de
particuliers. Cette dichotomie invite à différencier les réponses aux mutations organisationnelles, aux
évolutions de compétences rendues nécessaires comme aux dispositifs d’acquisition de ces nouvelles
compétences.
L’impact du Grenelle de l’environnement
Dans le contexte des travaux du Grenelle Environnement, le secteur du bâtiment est apparu comme
l’un des enjeux important sur la problématique de la consommation d’énergie et des rejets de gaz à
effet de serre. Les bâtiments sont les plus gros consommateurs d’énergie en France (43% des besoins
d’énergie finale) majoritairement pour le chauffage et sont à l’origine de 23% des émissions de CO2.
Le Grenelle de l’environnement (2009) a fixé pour objectif, sans l’imposer, de réduire de 12 % la
consommation d’énergie des bâtiments existants d’ici à 2012 et de 38 % d’ici à 2020. Il faudra surtout
cibler les 20 millions de logements construits avant 1975, deux fois plus « énergivores » que la
moyenne. Globalement, le gouvernement espère 400 000 logements rénovés par an entre 2013 et
2020, ce qui nécessitera d’ici là 208 milliards d’investissements privés et publics.
La France a adopté en juillet 2010 une réglementation plus stricte pour les bâtiments neufs. La
réglementation thermique (RT) 2012 vise ainsi à diviser par trois leur consommation d’énergie. Et
pour 2020, la France compte imposer à tous les nouveaux bâtiments d’être « à énergie positive », en
produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment, avec la RT 2020.
La prise en compte des enjeux environnementaux modifie le travail des professionnels du bâtiment,
en particulier à travers :
la nécessité d’améliorer la performance énergétique des bâtiments avec des objectifs très
élevés à atteindre dans des délais serrés (Grenelle de l’Environnement)
l’utilisation de matériaux peu consommateurs d’énergies de fabrication
l’obligation de contenir les nuisances des chantiers, les dépenses d’énergie ainsi que les
émissions de gaz à effet de serre
l’obligation de traitement des déchets et le recyclage des matériaux
Le parc immobilier est renouvelé à hauteur de 1 % par an - l’enjeu du « bâtiment vert » économe
réside donc dans la rénovation thermique des 99 % restants, soit 30 millions de logements auxquels
s’ajoute les bâtiments industriels et commerciaux.
La conversion des professionnels à l’éco-construction se heurte à deux principaux obstacles:
un marché jugé encore peu mature et émergent pour faire évoluer l’offre professionnelle
(demande faible de la part des clients),
et le manque crucial de personnel formé dans une filière qui manque constamment de main-
d’œuvre. Sur les 50 000 professionnels à former avant fin 2010, ils n’étaient encore que
25 000 concernés en juillet 2010.
Les artisans du bâtiment qui assurent 78 % des travaux de rénovation sont quant à eux sceptiques au
regard de la faible progression des travaux de rénovation thermique passant ainsi de 0,5 % à 1,5 % en
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2010. Dans 82% des cas, ces travaux concernent le remplacement d’un équipement de chauffage
telle qu’une chaudière.
L’évolution des politiques d’achat des collectivités territoriales et de l’Etat intègre progressivement
une meilleure prise en compte de solutions plus respectueuses de l’environnement. Plusieurs aides
favorisant les bâtiments verts comme les réductions fiscales « Scellier » ou le Prêt à Taux Zéro (PTZ)
constituent des leviers complémentaires.
Les grandes entreprises quant à elles, s’efforcent d’anticiper et d’accompagner ces évolutions en
proposant des solutions innovantes, en introduisant des clauses environnementales dans les contrats
et en faisant évoluer leur process.
Les besoins en compétences d’aujourd’hui et demain
La prise en compte des évolutions de pratiques induites par la glementation thermique RT 2012
nécessite des adaptations. Dans la mesure celles-ci reposent sur une acquisition de nouvelles
compétences et/ou d’une nouvelle approche organisationnelle, les enjeux de formation ne seront
pas vécus de manière similaire par une entreprise artisanale et une entreprise plus grande.
Aujourd’hui, le marché de la rénovation (enjeu principal en Ile-de-France) peine à émerger ce qui ne
pousse pas à une révolution culturelle ou organisationnelle. Cette réalité encourage peu les
professionnels de ce secteur à s’impliquer dans un processus de formation dont ils ne ressentent pas
la nécessité économique. Les grandes entreprises commencent, elles, à faire face à de nouvelles
demandes des donneurs d’ordre.
Les avis convergent pour affirmer que dans la plupart des métiers existants, les « compétences de
base » ne changeront pas fondamentalement. En revanche, l’évolution va porter sur une adaptation
des pratiques professionnelles, notamment par l’acquisition de compétences complémentaires,
d’une réorganisation du travail sans changer fondamentalement le métier de chacun.
Cette mutation doit aussi être accompagnée d’une sensibilisation, voire formation des
commanditaires pour qu’ils puissent exiger une prestation correspondant à leurs attentes.
Un bouleversement des pratiques
Les impacts organisationnels et techniques sur l’évolution des compétences et des métiers sont les
suivants :
Acquérir une culture intégrant les enjeux environnementaux
Les changements se traduisent dans la plupart des métiers de production par la nécessité de
mettre en œuvre de bonnes pratiques environnementales sur les chantiers, définies par le
bureau d’études et coordonnées par l’encadrement
Intégrer dans les formations une approche globale du bâtiment conduisant à un
décloisonnement des métiers
Au niveau de l’entreprise, la question de la performance énergétique des bâtiments suppose de
combiner les nouvelles techniques de plusieurs métiers, relevant des équipements et de
l’enveloppe du bâtiment afin de proposer une offre unique pour:
- les équipements énergétiques : chauffagistes, climaticiens, électriciens
- les techniques de l’enveloppe du bâtiment : menuisiers bois, pvc ou aluminium, serruriers,
fermetures protection solaires, bardeurs, façadiers aluminium, maçons.
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Cette combinaison peut être réalisée par association avec des entreprises complémentaires ou
encore par diversification des métiers de l’entreprise.
Acquérir de nouvelles techniques et technologies liées à l’environnement propres à chaque
métier
La réalisation d’économies d’énergies pour les bâtiments neufs et anciens novés repose aussi
sur l’acquisition de nouvelles techniques et technologies : équipements énergétiques, enveloppe
du bâtiment, nouveaux matériaux de construction… qui sont propres à chaque métier.
Des métiers nouveaux
Les métiers évoluent en termes d’organisation et de compétences, et l’on assiste à l’émergence de
métiers nouveaux en lien avec les nouvelles technologies ou exigences réglementaires :
les métiers liés à la performance énergétique : les métiers de diagnostic, du contrôle, de la
mesure (performance énergétique, qualité de l’air, mesure acoustique, etc.).
les métiers liés aux énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie).
les nouveaux métiers liés à la nouvelle approche de l’organisation des entreprises ou des
projets. Les ensembliers de la construction, les rénovateurs « clé en mains » offrent des
nouveaux services intégrés d’études et de marches administratives associés à l’acte de
construire. Il faut aussi compter les métiers liés à la coordination et au pilotage de travaux
jusqu’au commissionnement, cette étape qui se met en place pour accompagner les
utilisateurs sur les installations techniques pendant les premières années de mise en service
d’un bien immobilier.
émergent également des métiers liés aux nouveaux modes de consommation, de distribution
et de gestion. Le « Responsable de la Maîtrise de l’Energie » est chargé de concilier les
politiques énergétiques et les politiques hygiène et sécurité, confort de travail ou d’habitat.
En lien avec la stratégie « amont » (aller au devant du client) et résultant aussi des exigences fortes
de ces mêmes clients (sur les délais), les entreprises de la construction renforcent deux types de
fonctions :
- la fonction de bureau d’études (plutôt dans les entités de plus de 10 salariés)
- et la fonction de bureau des méthodes (plutôt dans les entités de plus de 100 salariés)
Elles permettent de travailler sur une organisation optimale du chantier de la conception de l’offre
jusqu’à sa réalisation, tout en s’inscrivant dans les contraintes de plus en plus serrées du client, c’est
donc une palette de compétences qui est recherchée. Le renforcement de ces fonctions entraîne le
recrutement de techniciens d’étude sur le chiffrage, la conception et la réalisation, de techniciens
préparateurs, d’ingénieurs étude de prix et d’ingénieurs méthodes.
Le développement de nouvelles formes de marchés (PPP, contrats de partenariats) et la volonté de
mieux maîtriser la variabilité des marchés de la construction, devraient faire évoluer la fonction
commerciale qualitativement, avec l’essor des activités d’entretien, de maintenance et des travaux
de réparation.
De nouvelles fonctions liées à la qualité, à la sécurité et à l’environnement sont aussi en
développement dans toutes les entreprises de la construction. Ces fonctions portent souvent le titre
de responsable QSE (Qualité-Sécurité-Environnement). Elles se développent avec la mise en place
des démarches qualité et des normes réglementaires. Sur ces fonctions, les entreprises recrutent des
profils qualifiés (bac+2 et plus).
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