Moïse Reçoit La Loi
Père Alain Marchadour, bibliste assomptionniste Notre-Dame d’Espérance – Parcours biblique 15 mai 2013
« Moise était très humble, l'homme le plus humble que la terre ait porté » (Nb 12,3). Cet
hommage, associé aux nombreuses résistances de Moise à l'appel de Dieu, ne doit pas être
reçu comme la marque d'une personnalité hésitante. Il est tout à la fois un chef de guerre
charismatique et un meneur d'homme. Il est aussi un négociateur redoutable face au
pharaon tout-puissant, et surtout l'intime de Dieu « lui que le Seigneur rencontrait face à
face », (Dt 34,1O). Moise fait une expérience spirituelle unique, et, avec l'aide de Dieu, il
offre aux Hébreux et au monde entier une législation exceptionnelle.
Dans sa rencontre avec Dieu, sur 1a montagne du Sinaï, Moïse reçoit une mission : « Et
maintenant, va ! Je t'envoie chez Pharaon : tu feras sortir d'Égypte mon peuple, les fils
d'Israël » (Ex 3, 1O). Il représente ici le modèle des prophètes, dont Israël gardera la
nostalgie : « Il ne s'est plus jamais levé en Israël un prophète comme Moïse, lui que le
Seigneur rencontrait face à face » (Dt 34, 1O).
Sa première mission sera de contraindre Pharaon à écouter ce que Dieu demande pour son
peuple : « Tu lui diras : Yahvé, le Dieu des Hébreux, m'a envoyé vers toi pour te dire : "Laisse
partir mon peuple, qu'il me serve dans le désert" » (Ex 7, 16).
Le refus de Pharaon entraîne une série de plaies qui sont aussi des signes pour les Hébreux.
Cela provoque un déchaînement de violence, comme les temps fondateurs en connaissent
souvent. Moise, l'Égyptien, n'a pas perdu ses racines sémites. Au temps de l'esclavage en
Égypte, 1es anciens nomades avaient gardé le souvenir des rites sacrificiels du désert.
Chaque année, au printemps, au moment de déplacer les troupeaux, ils offraient un agneau
aux divinités en vue d'une transhumance favorable, tant pour les hommes que pour les
bêtes.
À la dixième requête, Pharaon cède. Les Hébreux sortent, et cette fois, c'est une sortie sans
retour. La dixième plaie, différente des autres, est l'acte de naissance du rite pascal, celui
qu'il faudra raconter aux enfants chaque année : « Lorsque ton fils te demandera demain :
"Que signifie ceci ?" tu lui diras : "C’est par la force de sa main que Yahvé nous a fait sortir
d'Égypte, de la maison de servitude" » (Ex 13, 14)
Moise, l’intercesseur
Le prophète a vocation à être un intercesseur. Auprès du peuple, il redit le mystère du Dieu
qu’il a rencontré. Il le peut, parce qu'il en a fait une expérience personnelle unique. Dans
une rencontre avec Dieu, il ose même cette demander : « Je t'en prie, laisse-moi contempler
ta gloire " (Ex 33, 18).
Faute de contempler le visage de Dieu, Moïse a le privilège d’entendre de lui les quatre mots
se résume son identité : « Yahvé, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la
colère, plein d'amour et de fidélité » (Ex 34, 6)
Tel est le Dieu d'Israël que Moïse prêche à temps et à contretemps, au risque de provoquer
la rébellion du peuple contre lui et surtout contre Dieu.
La Torah
Au centre du livre de l'Exode, se placent les chapitres sur lAlliance (Ex19-24) le Dieu
libérateur propose à son peuple d'entrer dans lAlliance. « Je suis le Seigneur, ton Dieu qui
t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage » (Ex 20, 2). À ce don gracieux, le
peuple répond en promettant la fidélité. Il devient alors acteur de la libération. Et cet
engagement se résume dans le Décalogue, dix paroles pour Israël et pour toute l'humanité.
Aimer Dieu qui a libéré et libère, aimer ses frères et ne pas les opprimer: voilà 1e cœur du
Décalogue, ce trésor que Rachi, le plus grand interprète de la Torah (XI" siècle), appelait « la
fontaine de toutes choses ».
Moise et Jésus
La loi apportée par Jésus s'inscrit dans le prolongement du Décalogue. Au jeune homme
riche en quête de la vie éternelle, Jésus cite les dix commandements comme un résumé
s'exprime la volonté de Dieu (Mt 19, 1B). Mais dans le sermon sur la montagne, il souligne,
par sa propre personne, le dépassement de la Torah. À la Transfiguration, Moise et Élie
parlent avec Jésus de sa mort. La voix du Père s'adresse à tous les spectateurs, aux disciples
mais aussi à Moise et Élie : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. » (Mc 9, 7).
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