Nutrition News for Africa Mars 2011 1) Analyse des teneurs en phytates, en fer, en zinc, et en calcium des aliments complémentaires à base de produits d’origine végétale consommés dans les pays pauvres et leurs incidences sur la biodisponibilité des minéraux. Gibson RS, Bailey KB, M Gibbs, Ferguson EL. Food Nutr Bull 31: S134-S146, 2010. 2) Adéquation des teneurs en micronutriments des aliments complémentaires des pays pauvres. Gibbs M, Bailey KB, Lander RD, Fahmida U, L Perlas, Hess SY, Loechl CU, Winichagoon P, Gibson RS. J Food Comp Analysis 24: 418-426, 2011. Introduction Des publications antérieures ont déjà eu à montrer que les aliments complémentaires préparés à domicile dans les pays pauvres n'ont pas très souvent des teneurs suffisantes en certains nutriments essentiels. Ces derniers ont été qualifiés par l'Organisation Mondiale de la Santé comme «les nutriments à problème» (Brown, 1998; Gibson, 1998). Les minéraux à problème les plus connus sont le fer, le zinc et le calcium dont les carences peuvent entraîner des conséquences néfastes sur la santé, la croissance et le développement de l'enfant. Des apports insuffisants en ces nutriments sont fréquemment observés lorsque l’alimentation complémentaire locale est principalement ou exclusivement basée sur des produits d’origine végétale. Cela s’explique par le fait que les aliments complémentaires d’origine végétale ont généralement des teneurs en minéraux faibles par rapport aux besoins physiologiques des jeunes enfants. En plus, ces aliments ont souvent des teneurs élevées en facteurs inhibiteurs de l'absorption des minéraux dont l'acide phytique (ou phytate). En théorie, les aliments complémentaires manufacturés enrichis pourraient permettre de régler ces déficits en nutriments, mais peu de données sont disponibles concernant leur teneur nutritionnelle dans les pays pauvres. Les deux articles présentés dans cette présente édition du NNA donnent des informations sur la teneur en minéraux et la biodisponibilité des minéraux des aliments complémentaires locaux. Le premier article traite des questions techniques et de concepts, telles que les méthodes d'analyse de laboratoire et des techniques utilisées pour l’estimation de la biodisponibilité des minéraux (c'est-à-dire l'absorption et l'utilisation des minéraux apportés par ces aliments) en utilisant les rapports molaires des phytates sur chaque minéral. Les articles donnent des informations spécifiques sur le fer, le zinc, le calcium et les teneurs en inositol penta-phosphate (IP-5) et en inositol hexa-phosphate (IP-6) des aliments complémentaires, fabriqués à domicile et manufacturés, consommés dans les pays pauvres dont plusieurs africains. L’IP-5 et l’IP-6 sont les formes chimiques des phytates qui jouent un rôle inhibiteur sur l'absorption des minéraux. Les articles présentent aussi des informations sur les stratégies pouvant être utilisées au niveau des ménages pour réduire la teneur en phytates des aliments complémentaires, et ainsi améliorer l'absorption des minéraux. 1 Nutrition News for Africa Mars 2011 Méthodes Le 1er article, publié par Gibson et al., est subdivisé en plusieurs sections incluant certains éléments de fond brièvement décrits ci-dessus de même que les résultats des analyses et des estimations des teneurs en minéraux des aliments complémentaires locaux. Les teneurs en nutriments des aliments complémentaires préparés à domicile ont été calculées à partir de recettes traditionnelles, en utilisant les valeurs obtenues par l'analyse des principaux aliments de base dans chaque mélange et des valeurs indiquées dans les tables de composition des aliments. Pour les aliments manufacturés, les teneurs ont été déterminées par analyse chimique directe. Le 2ème article, écrit par Gibbs et al, se focalise spécifiquement sur les teneurs en minéraux et en phytates des aliments complémentaires manufacturés. Ces aliments complémentaires manufacturés ont été achetés dans les capitales de cinq pays africains et cinq pays asiatiques. Ce deuxième article compare les teneurs en minéraux et les rapports molaires phytates/minéral par rapport aux apports recommandés pour les nourrissons âgés de 9 à 11 mois. Pour faire ces analyses, les auteurs ont émis l’hypothèse que les nourrissons consomment une quantité moyenne de lait maternel et reçoivent l’apport énergétique recommandée à partir des aliments complémentaires. Résultats et conclusions Comme prévu, les recettes locales des aliments complémentaires préparés avec des racines et des tubercules amylacés ou du riz présentaient des teneurs très faibles en fer, zinc et calcium sauf quand ils contiennent également des aliments d'origine animale. En revanche, les recettes préparées à partir de maïs et de légumineuses ou d'autres mélanges de céréales et de légumineuses avaient des teneurs plus élevées en fer et en zinc. Cependant, celles-ci présentaient également une teneur en phytates considérablement plus élevée. Dans les deux types de recettes, la faible teneur en minéraux et/ou la biodisponibilité ne permettait pas de satisfaire les besoins théoriques en minéraux des jeunes enfants. Seules les recettes qui ont été enrichies avec du foie, des œufs, de la poudre de poisson (contenant les arêtes) ou du lait en poudre présentaient des teneurs en minéraux adéquates. Les teneurs en fer et en calcium varient fortement dans les aliments complémentaires manufacturés en Afrique, et cela, selon qu’ils étaient enrichis ou non, ou (dans le cas du calcium) contenaient du lait en poudre. D'autre part, les teneurs en zinc sont moins variables et restaient généralement faibles, sauf pour les trois préparations qui ont été enrichies avec du zinc. La plupart des préparations avaient des rapports molaires phytate/minéraux inadéquats. Parmi les 25 aliments complémentaires manufacturés en Afrique qui ont été analysés, seuls deux satisfont aux besoins théoriques pour le fer, un pour le zinc, et deux pour le calcium. Les aliments se rapprochant le plus des recommandations ont été déclarés comme étant fortifiés. Mais même certains aliments complémentaires prétendus enrichis avaient des teneurs en minéraux et/ou une biodisponibilité estimée inadéquate. Implications politique et programmatique Les analyses des recettes locales d’aliments complémentaires préparés à domicile sont compatibles avec les préoccupations soulevées précédemment et relatives au fait que ces préparations étaient inadéquates par rapport à leur teneur en minéraux et/ou leur biodisponibilité. Les stratégies possibles pour améliorer la qualité nutritionnelle de ces recettes comprennent l'ajout d’une certaine quantité d'aliments d'origine animale, et la réduction de la teneur des phytates (dans les quelques cas où les teneurs en minéraux 2 Nutrition News for Africa Mars 2011 sont adéquates, mais le rapport molaire phytate/minéraux suggère une faible biodisponibilité des minéraux). Ces stratégies incluent aussi la consommation de poudres de micronutriments et de suppléments nutritifs à base de lipides ainsi que la supplémentation en minéraux. Il est plutôt alarmant de constater que la plupart des aliments complémentaires manufacturés et commercialisés indiquent des teneurs en minéraux inadéquates, même si ils sont souvent commercialisés spécialement pour les jeunes enfants et que beaucoup sont déclarés comme étant fortifiés. Quelquesunes des préparations qui ont été déclarées fortifiées avaient des teneurs adéquates en certains minéraux, par contre la plupart ne l’étaient pas. Par ailleurs, la forme chimique des fortifiants n'était généralement pas indiquée, de sorte que leur biodisponibilité reste méconnue. Commentaires des éditeurs du NNA* Ces deux articles soulèvent un problème important pour la nutrition des jeunes enfants pendant la période d'alimentation complémentaire. Bien que des inquiétudes aient été soulevées durant plusieurs années concernant les "nutriments à problème" en général, et l'adéquation alimentaire des principaux minéraux en particulier, peu d'informations ont été publiées sur les teneurs en certains minéraux spécifiques et en phytates des aliments actuellement disponibles et consommés dans les pays pauvres. Ainsi, ces articles permettent de répondre à un certain nombre de questions en mettant l’accent sur la nécessité de mener des interventions pour prendre en charge les problèmes d’apports en nutriments des nourrissons et des jeunes enfants. Les nutritionnistes, dans ces contextes, devraient trouver des opportunités pour, d’une part, améliorer les composants alimentaires et/ou le procédé de préparation des aliments complémentaires à domicile et, d’autre part, collaborer avec l'industrie alimentaire locale pour une meilleure qualité nutritionnelle de leurs produits. Les structures nationales de santé publique devraient définir des spécifications pour la fabrication des aliments manufacturés destinés aux jeunes enfants. Elles devront aussi exiger un étiquetage des produits permettant d’informer sur la composition réelle et l’adéquation nutritionnelle du produit pour la population cible. Références Brown KH, Dewey KG, Allen LH. Complementary feeding of young children in developing countries: A review of current scientific knowledge. World Health Organization (WHO/NUT/98.1), Geneva, Switzerland, 1998. Gibson RS, Ferguson EL, Lehrfeld J. Complementary foods for infant feeding in developing countries: their nutrient adequacy and improvement. Eur J Clin Nutr 52:764-70, 1998. * Notez que les commentaires ont été ajoutés par l'équipe éditoriale et ne font pas partie de la publication citée. 3 Nutrition News for Africa Mars 2011 Nutrition News for Africa est un bulletin d'information électronique mensuel dont le but est de diffuser l'état de la recherche de pointe et les grandes orientations programmatiques aux chercheurs, aux planificateurs teurs de programmes, aux décideurs et aux leaders d'opinion qui travaillent dans le domaine de la santé publique et de la nutrition en Afrique. Le bulletin est conçu par Helen Keller International (HKI) en collaboration avec le "Program in International and an Community Nutrition" (PICN) de l'Université de Californie, Davis. L’équipe du Bureau Régional de HKI, les étudiants et les professeurs membres de PICN se chargent d’identifier et de résumer les articles pertinents, les grandes orientations de la littérat littérature ure scientifique internationale et les publications des agences internationales. Nous encourageons également les membres de ce réseau à proposer des documents jugés intéressants ainsi que de nous faire parvenir des commentaires sur les articles sélectionné sélectionnés. Pour inclure vos collègues dans la liste de distribution de "Nutrition News for Africa", ou pour arrêter votre abonnement, envoyez un e e-mail mail avec le(s) nom(s) ainsi que l(es) adresse(s) électronique(s) à : Christian Fares Managing Editor, Nutrition News for Africa Helen Keller International (HKI) [email protected] 4