Correction bac blanc ES, L, S

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Corrigé composition 1 Baccalauréat blanc Avril 2012
Les espaces moteurs de la mondialisation
Introduction:
La mondialisation est un processus qui met en relation les lieux de la planète grâce à des réseaux et
des flux qui circulent. Dans ce « village monde » certains espaces apparaissent comme dominants
d'autres tentent de s'intégrer ou subissent ce système. Une hiérarchie des pays nous permet de
raisonner dans le concept géographique de centres et périphéries.
Quels sont les espaces moteurs du monde, pourquoi le sont-ils devenus?
Des centres d'impulsion majeurs de la Triade sont relayés par des nouveaux pays industrialisés qui
sont des périphéries actives de leurs relations tandis que de grands pays émergents aspirent à
trouver leur place dans la mondialisation.
I. Les centres d'impulsion majeurs de la planète.
A. L'archipel mégalopolitain mondial est constitué de villes mondes dont New-York est
l'archétype.
- Villes mondes ou villes globales selon la terminologie anglo-saxonne, définition.
- Liste non exhaustive: une dizaine à évoquer.
- Réseaux et flux entre elles.
B. Trois mégalopoles concentrent les fonctions de commandement essentielles.
- Définition: Poids des métropoles, des réseaux de communication, des organes de puissance.
- Mégalopolis:Boswash, Banane bleue: Londres-Milan, Japonaise:Tokyo-Fukuoka.
- D'autres en formation mais incomplètes: Californie, Main Street America, littoral chinois, sud
ouest du Brésil.
C. Les pôles de la Triade dominent toujours le système monde.
- Europe de l'ouest, Etats-Unis et Canada, Japon.
- Flux privilégiés entre eux.
- IDH le plus élevé.
- Cumul de tous les pouvoirs.
II. Les Nouveaux pays industrialisés sont des périphéries actives de la Triade.
A. La première génération de NPI a rejoint le nord depuis une décennie.
- 4 « dragons » du sud-est asiatique: Hong-Kong, Corée du sud, Taïwan, Singapour. Essor dans les
années 60.
- Economie extravertie.
- Rôle des plus grands ports du monde.
B. Une deuxième génération accélère son intégration.
- Les « bébés tigres »: Philippines, Malaisie, Indonésie, Thaïlande, Vietnam.
- Essor dans les années 80, modèle en « vol d'oies sauvages » derrière le Japon et les « dragons ».
- Délocalisations entre pays d'Asie.
C. Les rentiers des hydrocarbures capitalisent et ont une puissance d'investissement
considérable.
- Pays du Golfe Persique, Venezuela, Algérie, Libye, Gabon, Nigéria.
- Rôle de l'OPEP depuis 1960.
- Poids des Majors pétroliers occidentaux.
- Constitution de vitrines de la prospérité et tentatives de plagiat du modèle américain: CBD, WTC,
course aux gratte-ciel dans les monarchies pétrolières.
III.
De grands pays émergents aspirent à prendre leur place dans la mondialisation.
A. Deux poids lourds démographiques en développement rapide en Asie.
- Inde: révolution verte et essor technologique partiel.
- Héritages des traditions de castes en milieu rural.
- Chine: très haute croissance qui profite surtout à l'espace littoral.
- Contrastes sociaux et spatiaux importants pour les deux pays.
B. Deux puissances d'Amérique latine émergent dans le cadre d'un développement diversifié.
- Mexique dans le cadre de l'ALENA. Pétrole, délocalisations multiples.
- Brésil (MERCOSUR). Exportation de céréales, production de biocarburants, essor industriel
rapide.
- Pour les deux pays inégalités sociales et spatiales considérables.
- Genèse de fronts pionniers.
C. La Russie est un espace en recomposition.
- Ancien pays communiste en transition: communisme-capitalisme.
- Le pays fonctionne de plus en plus comme un rentier des hydrocarbures.
- Développement de fortes inégalités.
-Apparition de nouveaux milliardaires aux fortes capacités d'investissement : les oligarques.
Conclusion:
Les espaces moteurs de la mondialisation sont les pays riches, industrialisés depuis le XIXème siècle
et aujourd'hui tertiarisés. Des « moteurs auxiliaires » sont apparus dans la deuxième moitié du
XXème siècle avec les NPI de première et de deuxième génération, d'autres espaces émergent
actuellement et deviennent des centres d'impulsion des premiers, ils entrent parfois avec eux en
concurrence. Ces espaces concentrent les activités productives, l'innovation, les pouvoirs et
fonctions de commandement de toutes natures.
Face à ces espaces dominants du système monde des pays du sud, pauvres évoluent en marge de la
mondialisation, ils sont dans l' « angle mort » du dynamisme et de la croissance planétaire. Quels
sont les facteurs qui pourraient générer une émergence globale voire la fin de la polarité nord-sud?
Corrigé composition 2
L'organisation de la façade atlantique de l'Amérique du nord (ES)
Etats-Unis (S)
Introduction:
La façade atlantique de l'Amérique du nord s'étend de la presqu'île du Yucatán au Mexique au Golfe
du Saint Laurent au Canada. La côte très découpée notamment au nord du Cap Hatteras constitue un
linéaire de 15000 km uniquement sur la partie américaine plus de 20000 km en intégrant le
Mexique et le Canada. Ce littoral s'est développé au rythme de l'arrivée des immigrants européens
dès le XVIème siècle et constitue actuellement une des trois interfaces maritimes des Etats-Unis.
Comment est-elle structurée pour former un espace de puissance de premier plan à l'échelle
mondiale?
La façade atlantique est animée par le trafic maritime et fluvial, elle comporte des espaces urbains
qui s'inscrivent dans l'archipel mégalopolitain mondial et des lieux de pouvoir de premier plan la
jalonnent.
I. Une façade animée par le trafic maritime et fluvial.
A. Un réseau de navigation fluvial, lacustre et de canaux complet et dense.
-La vallée du Saint Laurent est une porte d'entrée de l 'Amérique du nord.
-Un réseau d'écluses entre les grands lacs et un chenal de navigation en hiver par brise-glace sur le
St Laurent permet une navigation pérenne.
-Les canaux: Intracoastal waterways, de l'Illinois et de l'Hudson sécurisent et facilitent des liaisons
méridiennes entre le réseau laurentien et le Mississippi.
B. Les ports à conteneurs, de croisière ou à hydrocarbures jalonnent le littoral.
- Des sites de ports naturels favorables (à conteneurs) sur le littoral de la Mégalopolis: rias et fjords.
- Miami premier port de croisière au monde vers l'espace caribéen.
- Les ports de Houston et nouvelle-Orléans garantissent l'approvisionnement et le raffinage des
hydrocarbures des EU.
C. Un espace maritime riche en ressources naturelles.
- Gisements de Pétrole et gaz exploités en off shore dans le Golfe du Mexique.
- Ressources halieutiques considérables sur toute la façade, variétés tropicales au sud du Cap
Hatteras, morues et homards de NY aux bancs de Terre neuve.
- Tourisme polaire avec rencontre d'iceberg au sud de Terre neuve depuis 1912 grâce aux titans des
mers.
II. Des espaces urbains qui s'inscrivent dans l'archipel mégalopolitain mondial.
A. La mégalopole américaine et des espaces mégalopolitains en formation.
- La Mégalopolis concentre des fonctions de commandement à l'échelle mondiale.
- Main Street est un corridor urbain (Québec-Windsor) qui fonctionne en synergie avec les EU.
- La Métrolina entre les Caroline du nord et du sud est une mégalopole en formation qui abrite le
deuxième technopôle du pays après la Silicon valley: « Research Triangle Park ».
B. Le Rio Grande est un espace transfrontalier original.
- Villes jumelles, doublets urbains.
- Maquiladoras.
- Flux d'immigration, de tourisme importants.
- Rôle de l'ALENA dans le renforcement des échanges.
C. Les littoraux touristiques et leurs stations balnéaires créent des espaces récréatifs.
- Un littoral sableux propice au tourisme balnéaire.
- Un phénomène d'héliotropisme lié un climat subtropical.
- L' archipel des Caraïbes constitue le deuxième espace récréatif au monde après le Bassin
méditerranéen.
- Cancun est une station balnéaire créée ex-nihilo proche des sites précolombiens mayas ce qui lui
donne un atout supplémentaire.
III.
Les lieux de pouvoir jalonnent la première façade maritime du continent.
A. Deux villes mondes abritent des fonctions de commandement à l'échelle mondiale.
- NY : World Trade Center, Wall Street, sièges sociaux de nombreuses FTN, ONU.
- Washington: Capitale du pays, Pentagone, siège du FMI, de la banque mondiale.
B. Le triangle texan pilote le commerce mondial du pétrole.
- Dallas: sièges sociaux des Majors du pétrole comme Texaco ou Esso.
- San Antonio: technopôles en doublon avec Austin spécialisés dans la recherche autour des
hydrocarbures et leur transformation.
- Houston: Grand port d'importation et de raffinage, siège de la NASA.
C. Les capitales du « soft-power » diffusent des images et l’american way of life.
- Orlando: Disney world, plus grand parc d'attraction mondial, 50 millions de visiteurs par an.
- Cap Kennedy et Houston: capitales de la conquête spatiale (rôle de propagande pendant la Guerre
froide).
- Atlanta: siège de Coca Cola, le Père Noël rouge qui propose la boisson la plus bue dans le monde
après l'eau.
Conclusion:
La façade atlantique de l'Amérique du nord est une interface maritime et terrestre exceptionnelle,
elle est animée par les échanges dans le cadre de l'ALENA et de la mondialisation. Elle comporte
plusieurs espaces métropolitains dont la Mégalopolis, (Bos-Wash), qui a donné un nom générique
pour les autres mégalopoles, deux villes mondes, de nombreuses métropoles puissantes pour leur
« hard » ou leur « soft power ». Les ressources naturelles et le contexte environnemental sont
intéressants et variés, son appropriation et sa mise en valeur dans le contexte historique de la
colonisation expliquent en grande partie qu'elle soit devenue un lieu de puissance au premier plan
mondial.
La façade atlantique tournée vers l'est, l'Europe et l'Afrique, peut être considérée selon la
terminologie japonaise du dynamisme économique comme « à l'envers » des relations en plein
essor de la mondialisation. L'interface Pacifique, face à l'Asie « à l'endroit », a donc un potentiel
apparemment plus intéressant, peut-on percevoir une inversion géographique future du poids relatif
des deux façades océaniques américaines?
Correction
Les métropoles, centres d’impulsion de la mondialisation.
Première partie
Analysez l'ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes:
1. Quels critères définissent une ville mondiale (documents 1 et 5) ?
Une ville mondiale domine la hiérarchie des métropoles à l’échelle mondiale et exerce un rayonnement
planétaire. Ce concept a été établi par la sociologue américaine S. Sassen in The Global City, paru en 1991.
Ce rayonnement provient de la concentration d’activités de commandement dont les ordres partent à
destination de l’ensemble de la planète ; on parle de tertiaire supérieur. Ces activités résultent de la
concentration des sièges des FMN, de la présence de places boursières, financières et bancaires comme Wall
Street à New York dans le quartier de Manhattan. La ville mondiale se caractérise aussi par l’attrait qu’elle
exerce sur les élites venues du monde entier pour y travailler, ce qui lui confère un caractère cosmopolite qui
renforce par-là même son influence mondiale. Enfin, elle se caractérise aussi par un fonctionnement en
réseaux qui la place au sommet de l’archipel métropolitain mondial : non seulement elle entretient des
relations privilégiées avec ses consœurs (Londres et Tokyo si New York est prise comme ville mondiale de
référence) par des flux variés, mais en plus elle donne des ordres à des métropoles-relais (Mexico, Lagos,
Johannesburg).
2. Comment Dubaï est-elle parvenue à une insertion multiforme dans l’économie mondiale (documents 2 et
3) ?
Dubaï est parvenue à une insertion multiforme dans l’économie mondiale par des projets ambitieux voulus
par les autorités de la ville qui ont fait de la cité-Etat une véritable plaque tournante. Cela se traduit par :
- l’aménagement de deux ports, Port Rachid et Djebel Ali, qui constituent une interface commerciale de
premier ordre au Moyen-Orient, figurant parmi les dix premiers ports mondiaux, orientée essentiellement
vers la réexpédition de marchandises vers l’Asie orientale.
- l’aéroport de rang mondial, infrastructure en pleine expansion destinée à jouer le rôle de redistribution
des passagers entre l’Occident et le continent asiatique dans son ensemble.
- une politique attractive pour attirer les IDE dans les secteurs des hautes technologies ; des zones franches
ont été créées pour attirer les FMN grâce à des exonérations fiscales tout en leur proposant des
infrastructures modernes de grande qualité pour l’expédition des produits finis. L’activité est une
nouvelle fois tournée vers les marchés asiatiques, comme le montre l’exemple de Djebel Ali.
3. Par quels moyens Singapour parvient-elle à être un relais des villes mondiales pour le Sud-Est asiatique ?
Comment maintient-elle son attractivité (documents 3 et 4) ?
Singapour est une ville-relais pour le Sud-Est asiatique car elle concentre des activités qui en font un centre
de commandement régional qui répercute les ordres et informations délivrés par les FMN basées dans les
trois villes mondiales. Ainsi, le CBD de Singapour traduit la présence d’activités relevant du tertiaire
supérieur, à dominante financière et bancaires. Il abrite le siège de FMN singapouriennes mais aussi les
sièges régionaux, pour cette partie du monde, de FMN étrangères.
La vocation de ville-relais est illustrée par les infrastructures du port de commerce que l’on aperçoit à
l’arrière-plan et qui font de la ville une plaque-tournante du commerce mondial. Les grues chargent et
déchargent les conteneurs standardisés des navires. L’économie est fortement littoralisée pour s’insérer
efficacement dans les circuits mondiaux.
La ville maintient son activité en proposant des infrastructures modernes et efficaces, aussi bien pour le CBD
que pour le port. Surtout, elle a fait le choix de la rénovation urbaine et d’une orientation touristique de luxe
comme le montre l’audacieuse architecture du tout nouvel hôtel Marina Bay Sands. Sa terrasse suspendue,
dominant Marina Bay, en fait une attraction touristique mondiale (pour riches).
4. Montrez que la métropolisation permet l’émergence de centres et laisse de côté des périphéries
(documents 3 et 5).
Par la concentration des activités de commandement dans les villes-mondiales et autres métropoles, la
mondialisation renforce le poids économique de ces dernières et laisse de côté les territoires moins attractifs,
appelés « périphéries ». Ainsi, non seulement les métropoles ont un PUB supérieur au PIB de certains Etats,
Tokyo valant deux fois le Brésil en production comparée, mais en plus, les disparités se creusent au sein d’un
même Etat, entre pôle attractif et périphéries « à l’écart » au sens global du terme. Par exemple, la richesse
s’accroît dans la Chine littorale alors que l’intérieur du pays reste en marge de tout développement
économique signifiant. La mondialisation est sélective et génère des fragmentations socio territoriales qui
accroissent les disparités.
Le poids des métropoles qui se renforce et les multiples échanges qu’elles opèrent entre elles justifient
l’expression « archipel métropolitain » : comme des îlots de prospérité, elles seules émergent au milieu de
territoires qui constitueraient les océans d’une richesse moindre, voire d’une pauvreté insondable.
Deuxième partie
La mondialisation de l’économie accompagne et entretient le phénomène de métropolisation. Aussi, la
multiplication des échanges au sein d’un monde dont les distances se réduisent aurait pour effet de
concentrer les pouvoirs de commandement dans quelques villes-mères au détriment des autres villes et de
périphéries. Ces mêmes métropoles domineraient un ensemble de métropoles organisé en réseau qui
relayeraient les ordres donnés. Il conviendra de montrer que les métropoles sont bel et bien les centres
d’impulsion de la mondialisation et qu’elles tirent profit de l’économie mondialisée pour renforcer leur
pouvoir de décision.
I.
-
Les villes mondiales : des centres d’impulsion au rayonnement planétaire
Qu’est-ce qu’une ville mondiale d’après S. Sassen?
Trois villes globales/trois villes mondiales : New York, Londres, Tokyo
Autres métropoles incomplètes de rang mondial (Paris, Chicago…)
II. Des métropoles qui relaient les ordres des villes mondiales
- L’archipel mégalopolitain mondial
- Des villes relais présentes dans les pays du Nord (exemple de Houston au Texas, Singapour ou autre en
fonction des chapitres vus)
- Mais une forte croissance des métropoles des pays émergents (étude de cas sur Dubaï)
III. La métropolisation accroît les disparités de développement
La mondialisation est sélective et privilégie des territoires au détriment d’autres : les logiques à l’œuvre
Les métropoles se livrent à une concurrence acharnée pour rester attractives
Les territoires laissés en marge de la mondialisation (périphéries, PMA, développement des « zones grises »
comme au Sahel…)
Si les trois villes mondiales appartiennent toutes aux pôles de la Triade et donc au Nord économique, les
centres d’impulsion sont désormais aussi situés dans le Sud et se manifestent par le dynamisme des
métropoles des puissances émergentes. La croissance économique y est souvent exceptionnelle. Les autorités
chinoises ont le projet de faire de Shanghai la première ville mondiale d’ici vingt ans. Cette dernière, portée
par la croissance de la Chine littorale, détrônerait New York et montrerait l’importance du phénomène de
métropolisation à l’œuvre dans les pays du Sud, qui dépasse le simple phénomène de rattrapage urbain.
Le regard d'Aimé Césaire sur la conférence de Bandung le 27 janvier 1956.
Correction
1. A la date du texte, quelles anciennes colonies ont acquis leur indépendance ?
L’ancienne colonie des Indes britanniques a acquis son indépendance en 1947, sans éviter la partition avec le
Pakistan voulue par la Ligue musulmane d’Ali Jinnah alors que le Parti du Congrès de Nehru souhaitait un
unique Etat. Les Indes néerlandaises sont devenues l’Indonésie indépendante en 1949, sous la houlette de
Soekarno, malgré une tentative de reconquête hollandaise ; L’Indochine française a laissé la place à trois
Etats indépendants en 1954, après la défaite française de Dien Bien Phu et les accords de Genève : le
Vietnam divisé (provisoirement) en deux, le Laos et le Cambodge. 1956 est aussi l’année de l’accession à
l’indépendance pour le Maroc et la Tunisie.
2. Relevez les arguments utilisés par les « puissances colonisatrices » depuis le XIXe siècle pour justifier la
colonisation.
Pour justifier la colonisation, les métropoles ont employé plusieurs arguments.
Le premier est ce qu’Aimé Césaire appelle la « hiérarchisation des races », i. e. l’idée de supériorité de la
race blanche, donc des métropoles européennes sur les peuples indigènes. Le glissement s’est opéré
rapidement d’une supériorité technique européenne à une supériorité de la race blanche dans l’esprit des
colonisateurs. Ainsi, la domination ou l’oppression des peuples d’Afrique et d’Asie ont été justifiées.
Le second est le discours d’égalité, de liberté et d’humanité prôné par la métropole à l’adresse des peuples
colonisés, promettant le règne universel de la justice et des droits de l’homme pour tous. Et cela était
d’autant plus crédible que ces valeurs puisent leurs racines dans l’Europe des Lumières. Les puissances
colonisatrices ont donc bercé de belles paroles les peuples colonisés pour asseoir et affermir leur domination.
3. Quelle est la position d'Aimé Césaire face à ces arguments ? Justifiez votre réponse.
Aimé Césaire dénonce ces arguments en affirmant que désormais les peuples colonisés ne se laissent plus
« mener en bateau » par les arguments fallacieux des puissances colonisatrices. A la ligne 1, il laisse entendre
que le temps des peuples « passifs et résignés » est désormais révolu.
De plus, dans le second paragraphe, il montre que la civilisation européenne a été détournée de ses valeurs
universelles, bien réelles, par « certains hommes », à savoir, les partisans de la colonisation regroupés dans le
parti colonial, pour imposer la domination coloniale. Et il cite, à titre d’exemple, la conférence de Berlin en
1885 qui marque l’entente entre les puissances européennes pour se partager l’Afrique.
Il conclue en affirmant que la disparition des empires coloniaux européens est, pour la civilisation
européenne, une façon de se réconcilier avec ses valeurs propres, fermant ainsi une parenthèse en quelque
sorte contre-nature.
4. Quelles furent les principales conclusions de la conférence de Bandung ?
Les principales conclusions de la conférence de Bandung furent les suivantes :
les pays participant à cette conférence (Inde, Indonésie, Chine…) lancent un ultimatum aux puissances
colonisatrices en affirmant que la décolonisation ne fait que commencer et qu’elle doit s’étendre à l’Afrique.
cet ultimatum se base sur le droit international (Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948 et
Charte des nations unies), sur le principe des peuples à disposer d’eux-mêmes, donc à choisir
l’indépendance.
[les participants dénoncent, en plus du colonialisme, l’attitude d’Israël vis-à-vis des Palestiniens (dès 1948,
des villages arabes sont rayés de la carte) ainsi que le refus de la France d’accorder l’indépendance aux
colonies d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie). La guerre d’Algérie est commencée depuis presque un
an.]
5. Quelle est la portée de la conférence de Bandung d'après l'auteur ? Les événements ont-ils confirmé son
jugement ?
Pour Aimé Césaire, la conférence de Bandung marque un tournant décisif car les tout nouveaux Etats
indépendants ont affirmé solennellement que le temps des empires coloniaux européens était révolu. Le
processus de décolonisation est relancé, et, après avoir touché le continent asiatique dans la décennie 19451954, il est enclenché sur le continent africain. Et effectivement, le Maghreb puis l’Afrique noire accèderont
à l’indépendance au cours de la période 1956-1962, dans le sillage de Bandung.
Par ailleurs, quand il dit « qu’un milliard cinq cents millions d’hommes se sont réunis dans une ville
d’Asie », il montre que pour la première fois dans l’histoire les peuples du tiers-monde se sont exprimés sur
la scène internationale, ouvrant une brèche dans la logique des blocs et du monde bipolaire. Se dessine alors
les bases du mouvement des non-alignés.
Lettre du Capitaine Khaled au président des Etats-Unis Wilson (23 mai 1919)
Correction
1. Quel est le statut de l’Algérie au moment où est écrite cette lettre ?
L’Algérie est une colonie française découpée en trois départements rattachés à la métropole. Ce statut
particulier par rapport aux autres colonies s’explique par le fait que l’Algérie est une colonie de peuplement
français.
2. Quels bouleversements ont été provoqués par la présence française ?
Le premier bouleversement est le développement du paupérisme chez les populations musulmanes qui sont
tenues à l’écart de la prospérité agricole que connaît l’Algérie. Le deuxième est la confiscation des terres
fertiles au profit des colonisateurs français. Le troisième est la coupure inégalitaire entre une Algérie
française en voie de modernisation et une Algérie musulmane laissée volontairement dans l’isolement et
l’archaïsme. Le capitaine Khaled développe l’exemple de la construction des infrastructures de desserte. Le
quatrième est l’introduction par les autorités de la conscription obligatoire pour tous, i. e. le service militaire.
Et le cinquième est l’introduction par les Français d’usages contraires aux règles de vie de l’islam, à travers
la consommation d’alcool et la viticulture que le capitaine Khaled semble honnir.
3. Relevez et expliquez les allusions aux inégalités entre colons et musulmans.
- inégalités de niveau de vie : pauvreté des musulmans / prospérité de l’Algérie coloniale.
- inégalité de statut civique et politique : citoyenneté française pour les colons / statut de l’indigénat pour les
indigènes.
- inégalités face aux équipements : nombreuses infrastructures dans les zones habitées par les colons / rien
dans les zones où les indigènes ont été refoulés.
4. Sur quel principe est fondé l’espoir de l’auteur ?
L’auteur fonde son espoir sur le principe wilsonien « des peuples à disposer d’eux-mêmes » afin d’obtenir
pour les Algériens ce que la conférence de Versailles est en train d’accorder aux nationalités d’Europe.
5. Pourquoi cette lettre est-elle annonciatrice de la remise en cause de la domination coloniale ?
Le capitaine Khaled appartient à une élite éduquée puisqu’il est un gradé de l’armée française ; il n’est donc
pas maintenu à l’écart de l’ascension sociale républicaine. Et pourtant, malgré cette situation relativement
confortable en comparaison à ses homologues musulmans, il dénonce les travers d’un système colonial qu’il
analyse de façon lucide. Il développe son argumentation grâce à sa connaissance des valeurs républicaines et
grâce à sa culture : il reprend à son compte les valeurs de la république française pour dénoncer les
contradictions de la France coloniale. Ainsi, fait-il allusion à la domination romaine en Algérie (l.4), au
régime républicain (l. 9), à la récente déclaration du président Wilson (l. 17).
De plus, la situation est devenue tellement inégalitaire au détriment des musulmans que l’on sent poindre une
colère sourde devant l’injustice, susceptible de virer à l’insurrection contre la domination française.
L’inégalité des droits et le poids des charges et impositions sont ressentis comme d’intolérables vexations qui
s’ajoutent à la confiscation (initiale) des terres.
Le général de Gaulle s’exprime sur la CED
Correction
1. Qu’est-ce que la Communauté européenne de défense ? Dans quel contexte est-elle mise sur pieds ?
Le projet de la CED prévoit la création d’une armée européenne, sous le commandement d’un ministre
européen de la Défense, dans le cadre de l’Alliance atlantique, donc sous le patronage et la tutelle des EtatsUnis. Les six pays membres de la CECA y participent.
Il est élaboré dans le contexte de la guerre de Corée, ou, plus généralement, dans le contexte de la Guerre
froide, face à une éventuelle menace soviétique : Truman souhaite envoyer des troupes US en Europe à
condition que les Européens fassent des efforts militaires et acceptent le réarmement allemand.
2. Comment de Gaulle perçoit-il les positions américaine et britannique ?
Pour De Gaulle, les EU font pression pour que la France ratifie le traité de la CED alors qu’ils ne feront pas
partie du projet. En cela, De Gaulle doute de la réelle implication militaire des EU en cas de conflit en
Europe face à l’URSS. En voulant l’intégration de l’armée française dans une armée européenne, aux côtés
de l’armée allemande, les EU soutiennent une ligne qu’ils n’appliquent pas à leur armée, la gardant bien sous
leur propre commandement.
De même, De Gaulle s’étonne que les Britanniques soutiennent pareillement un projet dont ils ne feront pas
partie. Mais en plus, il y voit la volonté du RU de gagner en puissance face à une France qui perdrait le
contrôle de son armée, perdant ainsi de sa souveraineté. Le terme « dominions » renvoie au contrôle de
l’empire français secoué par les luttes d’indépendance : sans le contrôle de son armée nationale, la France se
condamnerait à une perte d’influence mondiale par la perte de l’empire. En quelque sorte, EU et RU
recommandent à la France d’accepter de participer à un projet et à une stratégie qu’ils se refusent eux-mêmes
à accepter.
Tout comme il l’a laissé entendre à propos des EU, De Gaulle souligne que le RU n’a aucun intérêt à se
retrouver impliqué dans un éventuel conflit sur le continent européen.
3. Quelles sont ses craintes vis-à-vis de l’Allemagne ?
Vis-à-vis de l’Allemagne, De Gaulle redoute le réarmement de l’ennemi d’hier et une possible politique
d’expansion territoriale, une sorte de revanche d’outre-Rhin sur la défaite de 1945. Et cela lui paraît d’autant
plus dangereux qu’il entrevoit une alliance entre l’Allemagne et les EU, et le contrôle total de la CED par
l’Allemagne. Tout semble porter De Gaulle à dénoncer le retour du militarisme allemand à travers les
revendications de l’Allemagne : « divisions », « escadrilles », « bombes atomiques ». Certes, il nuance ses
craintes en évoquant les ambitions « résolument pacifiques » de l’Allemagne mais cela relève sans doute de
l’ironie puisqu’il utilise juste après l’expression « marche en avant » qui peut renvoyer au concept du
« Drang nach Osten », l’expansion historique du territoire allemand vers l’Est.
4. Expliquez la phrase soulignée dans le texte.
Pour De Gaulle, la CED ou armée européenne ne serait rien d’autre qu’une organisation militaire aux mains
des EU, échappant au contrôle des pays européens, ses fondateurs, à l’image de Frankenstein. Aussi, ce
projet, s’il était ratifié, se retournerait contre la construction de l’Europe car servant avant tout les ambitions
américaines. Il est évident que De Gaulle, depuis la Seconde Guerre mondiale, reste sur une ligne de
défiance vis-à-vis des anglo-saxons en général, et des Américains en particulier. Si l’Europe doit se faire, elle
ne doit pas entraîner une perte de souveraineté de la France.
5. La CED aboutit-elle ? Pour quelles raisons ?
Le projet de CED échoue car le parlement français rejette la ratification du traité lors d’un vote.
Les gaullistes ont voté contre, redoutant le réarmement allemand et la perte de souveraineté de la France. Les
communistes les rejoignent dans ce refus car ils ne veulent pas d’une armée européenne résolument tournée
contre Moscou et sous tutelle américaine.
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