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Mis à jour Lundi, 24 Mars 2014 15:40
Le baclofène (ou Liorésal®) est commercialisé en France depuis les années 70. Il est indiqué
dans le traitement symptomatique de la spasticité (contractures musculaires) sévère d'origine
médullaire (moelle épinière) ou d'origine cérébrale.
Les doses usuelles dans cette indication sont de l'ordre de 30 à 80 mg par jour, pouvant être
portées à 100 voire 120 mg par jour lors d’un traitement hospitalier.
Son utilisation récente dans le sevrage alcoolique n’est pas validée et repose sur la
médiatisation d’un livre "Le Dernier Verre" relatant l’expérience individuelle du Dr Ameisen et
sur des études cliniques à la méthodologie discutable. Les posologies proposées par voie orale
sont alors nettement plus élevées : au-delà de 100-120 mg par jour voire jusqu'à 270 mg par
jour.
A ce jour, les données sur la sécurité d’emploi du baclofène à des doses aussi élevées, en
association avec l’alcool ou en association avec d’autres médicaments chez les patients
alcoolo-dépendants, sont encore limitées.
Ce médicament n’est pas anodin ni dépourvu de toxicité. Le seuil et l’expression de cette
toxicité sont très probablement fonction du caractère naïf (c'est-à-dire n’ayant jamais pris de
baclofène) ou non des patients. Chez l’adulte non traité, des doses élevées (200 à 300 mg)
peuvent entraîner une phase d’agitation suivie d’un coma parfois émaillé de convulsions,
pouvant s’accompagner de troubles des fonctions vitales (ralentissement de la fréquence
cardiaque et respiratoire, hypotension artérielle...), imposant une prise en charge médicale
rapide et adaptée. Chez le patient traité, les signes d’intoxication aiguë peuvent être plus
limités. En revanche, en cas de traitement prolongé, un syndrome de sevrage peut survenir à
l’arrêt brutal avec apparition d'une agitation, d'un état confus, d'hallucinations voire de
convulsions.
Selon les données de pharmacovigilance, les effets indésirables les plus fréquemment
rapportés aux doses recommandées dans le traitement de la spasticité sont la somnolence,
l’état confusionnel et les nausées. Ils surviennent le plus souvent en début de traitement et
disparaissent après diminution de la posologie ou peuvent être prévenus par une augmentation
très progressive des doses. Signalons ici qu’un suivi national renforcé de pharmacovigilance est
en place depuis mars 2011, incitant les professionnels de santé et les patients à déclarer, au
centre régional de pharmacovigilance dont ils dépendent, les effets indésirables constatés,
particulièrement dans le cadre d’une alcoolodépendance.
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