© AFD - Denis Daudin
L’AFD ET LE CHANGEMENT
CLIMATIQUE
Concilier
développement et climat
UN CONSENSUS SCIENTIFIQUE ET UNE
PRISE DE CONSCIENCE MONDIALE
La réalité du changement climatique fait aujourd’hui
consensus au sein de la communauté scientifique : les
émissions de gaz à effet de serre (GES), dues principalement
à l’utilisation massive d’énergies fossiles et à la déforestation,
sont à l’origine des perturbations observées et à venir du
système climatique (4e rapport du GIEC - Groupe
Intergouvernemental d’Experts sur le Climat). Bien que de
nombreuses incertitudes demeurent sur la rapidité,
l’amplitude et la répartition géographique du changement
climatique, il est estimé que ses conséquences auront des
impacts majeurs sur nos sociétés, en bouleversant les
écosystèmes, la répartition de la population, la disponibilité
des ressources naturelles et nos modes de vie.
LA RÉACTION DE LA COMMUNAUTÉ
INTERNATIONALE
Face à l’ampleur de la menace que fait peser le
changement climatique, il est nécessaire de mettre en
place une réponse qui soit à la fois :
globale, parce que toute tonne de gaz à effet de
serre émise contribue au réchauffement global, quelle
que soit son origine géographique ;
d’ampleur, puisque les scientifiques recommandent
une stabilisation des émissions mondiales d’ici 2015 et
une division par deux de ces émissions d’ici 2050 ;
concertée, afin que les efforts soient répartis
équitablement et de manière efficiente entre les pays ;
rapide, car des actions précoces seront plus efficaces.
La réponse internationale s’est organisée sous l’égide des
Nations Unies, avec la signature en 1992 de la
Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques (CCNUCC), dont l’objectif
ultime est « de stabiliser […] les concentrations de gaz à
effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui
empêche toute perturbation anthropique dangereuse du
système climatique ». Le Protocole de Kyoto fixe quant à
lui des objectifs chiffrés de réductions d’émissions pour
les pays industrialisés et institue des mécanismes de
flexibilité afin de réaliser ces objectifs à un coût optimal.
Les grands principes de la réponse internationale face
aux changements climatiques reposent sur un partage de
l’effort entre pays « sur la base de l’équité, des
responsabilités communes mais différenciées et de leurs
capacités respectives […] en tenant pleinement compte
des besoins spécifiques et de la situation spéciale des
pays en développement […], notamment de ceux qui
sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des
changements climatiques ».
LA STRATÉGIE DE L’AFD FACE AU
CHANGEMENT CLIMATIQUE
Le changement climatique place les institutions de
développement face à une problématique inédite : il est
désormais nécessaire de concilier les besoins de
développement inscrits dans les Objectifs du Millénaire pour
le Développement avec la contrainte climat, qui représente
une des menaces majeures à la réalisation de ces objectifs.
Par conséquent, l’AFD a inscrit le changement climatique au
cœur de ses stratégies et ambitionne de démontrer qu’il est
possible de financer le développement (réduction de la
pauvreté et des inégalités et promotion de la croissance),
tout en préservant le climat futur de la planète.
LAFD a ainsi adopté une démarche visant à rechercher et
favoriser les solutions permettant un développement sobre
en carbone des pays. Elle développe, en faveur des pays
émergents, une approche ciblée sur le financement d’un
développement participant à la réduction des gaz à effet de
serre. Les interventions visent en particulier à appuyer les
politiques qui intègrent l’analyse de la vulnérabilité des
systèmes vis-à-vis des combustibles fossiles. Ces orientations
sont déclinées concrètement dans différents secteurs :
énergie, transports, collectivités locales et développement
urbain, forêts et agriculture. Les préoccupations de l’AFD
concernent également l’adaptation au changement
climatique : les populations les plus défavorisées de la
planète seront les premières victimes des conséquences de la
modification du climat. La stratégie de l’AFD consiste
notamment à intégrer une approche proactive sur la
question de la résilience au changement climatique des
investissements qu’elle finance ainsi que sur la vulnérabilité
des biens et des personnes.
En outre, les besoins d’investissements pour lutter contre le
changement climatique apparaissent d’une ampleur
considérable et nécessiteront la mobilisation de tous les
acteurs financiers, publics et privés, ainsi que d’une gamme
de ressources financières diversifiées budgétaires comme de
marché. Un bailleur de fonds comme l’AFD se doit d’être un
acteur important du financement de ces investissements
mais également :
- d’inscrire son action au travers de projets ayant une valeur
d’exemple pour la promotion d’investissements sobres en
carbone et pour l’adaptation. Cette exemplarité peut reposer
sur le caractère innovant du financement, la diffusion de
technologies adaptées, des actions liant atténuation des
émissions et adaptation et surtout la recherche de
convergence entre développement et limitation des
émissions.
- de développer des solutions innovantes permettant une
mobilisation des diverses sources de financement et un effet
d’entrainement sur l’ensemble des acteurs financiers, et en
particulier du secteur privé,
- de proposer des solutions de mise en œuvre efficaces et
efficientes des financements internationaux pour le climat.
LE CLIMAT : UN BIEN PUBLIC MONDIAL
DES RÉSULTATS CONCRETS
DES ENGAGEMENTS
CROISSANTS
LAFD a commencé à mesurer les montants
qu’elle engage pour limiter les émissions de
gaz à effet de serre en 2005, et ses
engagements en faveur de l’adaptation en
2007. Depuis ces dates, les montants financés
par l’AFD dans la lutte contre les changements
climatiques ont été en croissance constante,
aussi bien en nombre de projets qu’en
montants.
En 2009, 71 projets concourant à la lutte
contre le changement climatique ont été
octroyés, pour un montant total de
2,4 milliards d’euros (2 milliards d’euros
participant à la limitation des émissions,
400 millions d’euros à l’adaptation). Les
engagements cumulés sur la période 2005-
2009 atteignent 5,4 milliards d’euros, ce qui
positionne l’AFD parmi les principaux bailleurs
de fonds sur la thématique du climat. Ce
résultat est confirmé dans une récente étude
d’un groupe d’experts suédois qui montre que
l’AFD a contribué en 2008 à plus de 10 % des
financements climat dans le cadre de l’aide
publique au développement 1.
Par montants engagés (M€) Par nombre de projets
Energie propre
Transports
Lignes de crédit bancaires
Appuis budgétaires
Agriculture/forêts
ressources naturelles
Ressources en eau
Infrastructures et
développement urbain
Nombre de projets
Montans engagés dans l’atténuation
Montans engagés dans l’adaptation
Nombre de projets climat
Répartition par secteurs des projets climat financés par l’AFD en 2009
Que ce soit par des financements directs ou à travers des lignes de crédit, les
financements de l’AFD couvrent un large éventail de secteurs. Pour l’atténuation, ils
concernent les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique et représentent la
majorité des montants engagés ; on compte aussi de nombreux projets dans les
domaines des transports sobres, de la forêt et de l’agriculture. La majorité des montants
engagés pour l’adaptation visent à préserver la ressource en eau, pour assurer une
préservation à long terme de cette ressource et diminuer la vulnérabilité de populations
vis-à-vis de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.
1Bilateral Finance Institutions and Climate Change: A Mapping of Climate Portfolios, SEI Working Paper, Dec 2009.
Millions d’euros
Evolution des engagements climat de l’AFD
1 Bilateral Finance Institutions and Climate Change: A Mapping of Climate Portfolios, SEI Working Paper, Dec 2009
L'Ile Maurice, confrontée à un contexte énergétique
tendu et à de nombreux défis de développement durable,
s’est engagée depuis 2008 dans une politique de
développement durable. Le programme "Maurice,
Ile Durable" (MID) permet de doter le pays des
infrastructures, des programmes adéquats dans les
domaines de la maîtrise de l’énergie, des transports, des
déchets/biomasse, du tourisme et de la biodiversité lui
permettant d’asseoir son développement harmonieux.
Un instrument dédié, le « MID Fund », doté de 35 millions
d’euros, a été créé en juillet 2008 pour faciliter la mise en
oeuvre de cette politique.
Prévu sur une durée de trois ans, le projet est soutenu par
le FFEM à hauteur de 1 million d’euros. Il vise en priorité
MAURICE, ILE DURABLE
En moyenne sur la période 2005-2009, les pays
bénéficiant d’un effort renforcé du dispositif français
de coopération et l’Afrique sub-saharienne ont
représenté respectivement 36 % et 21 % du volume
des engagements « climat » de l’AFD. Le caractère
innovant des projets est un élément essentiel des
interventions de l’AFD, comme le financement d’un
parc éolien en Ethiopie ou encore un prêt au secteur
privé pour un barrage en Ouganda.
Afrique subsaharienne
Méditerranée/Moyen-Orient
Asie Pacifique
Amérique Latine et Caraïbes
Outre mer
Par montants engagés (M€) Par nombre de projets
Répartition par zones géographiques des projets climat financés par l’AFD en 2009
DES IMPACTS MESURABLES
Au-delà des montants engagés dans la lutte contre le
changement climatique, l’AFD s’attache à mesurer
l’impact des projets qu’elle finance. Pour cela, elle a
développé une méthode permettant, dès le début du
processus d’instruction du projet, d’évaluer les
émissions de gaz à effet de serre des projets, ainsi
que les réductions d’émissions potentielles. Elle utilise
pour ce faire le Bilan Carbone®, élaboré par l’ADEME
et Jean-Marc Jancovici. Cet outil constitue une aide à
la décision quant à la pertinence d’investir dans un
projet donné et devient progressivement un outil de
pilotage influençant la stratégie de l’AFD, afin de
mieux concilier développement et lutte contre le
changement climatique.
L’application de cet outil aux projets octroyés en
2009 et ayant un impact positif dans la lutte contre
le changement climatique a permis de chiffrer à
4,8 millions de tonnes d’équivalent CO2les
réductions d’émissions annuelles de ces projets.
A titre d’illustration, 4,8 millions de tonnes d’éqCO2
représentent les émissions annuelles d’un million sept
cent mille voitures françaises.
En revanche, il est plus difficile d’évaluer l’impact des
projets d’adaptation car il n’existe pas d’indicateur
commun, mais des indicateurs de développement
spécifiques à chaque type de projet. L’objectif de
l’AFD est ainsi de développer des méthodes
d’évaluation de ces impacts plus intégrées.
à renforcer les capacités des autorités membres
et du « MID Fund » et à appuyer le lancement
d'opérations dans le domaine de l'énergie. Il
participe également à la définition de stratégies
d'intervention du « MID Fund » sur d'autres
thématiques. Avec un plan de formation élaboré
pour répondre aux défis du MID, le « MID Fund » se
trouvera doté d'une organisation adaptée pour
évaluer des projets, décider des financements et
suivre la réalisation des opérations. La coopération
régionale et internationale sera renforcée.
Les outils financiers dont dispose l’AFD lui permettent
de soutenir des projets innovants et de répondre à la
diversité des situations rencontrées dans la lutte contre
les changements climatiques. Elle utilise ainsi une
gamme de produits diversifiés, qui vont de l’aide bud-
gétaire sectorielle aux outils financiers de marc
(fonds propres, mezzanine, prêts, garanties), en passant
par un éventail d’instruments de prêts concessionnels.
Quelques capacités d’intervention en dons peuvent
également permettre d’assurer l’accompagnement et le
renforcement des capacités des pays. Dans le cas où un
projet revêt un caractère pilote, il peut aussi bénéficier
d’un appui du Fonds Français pour l’Environnement
Mondial (FFEM). Depuis 1994, vingt-quatre projets de
l’AFD de lutte contre le changement climatique ont
reçu un soutien du FFEM, pour un montant cumulé de
27 millions d’euros.
L’expérience de l’AFD dans le financement des projets
climat lui a permis d’identifier les thèmes transversaux
suivants :
CONCILIER DÉVELOPPEMENT ET LIMITATION
DES ÉMISSIONS
Un projet de construction d’une unité de séchage des
boues d’épuration d’une municipalité turque utilisant la
chaleur du four d’une cimenterie démontre que déve-
loppement et lutte contre le changement climatique
sont conciliables : les boues ainsi séchées sont utilisées
comme combustible par la cimenterie, permettant de
réduire sa consommation de charbon. L’objectif est
double : réduire les émissions de gaz à effet de serre
d’environ 50 000 tonnes d’éqCO2par an et résoudre le
problème du devenir des boues d’épuration.
FINANCER LA LUTTE CONTRE LE CHANGE-
MENT CLIMATIQUE AUX CONDITIONS DU
MARCHÉ
Le financement de la lutte contre le changement clima-
tique ne nécessite pas forcément des financements à
des taux d’intérêts plus faibles que ceux du marché. En
partenariat avec la SFI, Proparco (filiale de l’AFD dédiée
au secteur privé) accompagne Trakya Cam, leader turc
de la production de verre plat. Le prêt senior Proparco
de 20 millions d’euros permettra à la société de se
diversifier en construisant une nouvelle ligne de fabrica-
tion de verre destiné au marché des panneaux photo-
voltaïques et d’améliorer son efficacité énergétique, en
particulier grâce à la mise en place d’un système de
récupération de chaleur sur les fournaises pour produi-
re de l’électricité. Ce projet s’inscrit dans la stratégie
« climat » du Groupe AFD pour la Turquie. La produc-
tion de verre est par nature une activité fortement
émettrice de gaz à effet de serre. En finançant un pro-
gramme d’amélioration de l’efficacité énergétique dans
ce secteur, Proparco apporte une solution efficace : le
programme financé permettra d’éviter l’émission de
21 000 tonnes d’éqCO2/an. Les émissions indirecte-
ment évitées par la production de verre pour les
panneaux solaires photovoltaïques sont estimées à
86 000 tonnes téqCO2/an.
DÉVELOPPER DES PROJETS ÉNERGÉTIQUE-
MENT SOBRES DANS DES CONTEXTES PEU
FAVORABLES
Le subventionnement de certaines sources d’énergies
fossiles obère le développement des énergies renouve-
lables. En Afrique du Sud, dans un contexte peu favo-
rable (le charbon est fortement subventionné et repré-
sente 80 % de la production électrique), l’AFD a
octroyé un financement pour la réalisation d’un parc
éolien d’une puissance de 100MW. Le bilan carbone
du projet montre que les émissions évitées sont de
250 000 tonnes d’éqCO2par an.
COOPÉRER AVEC LES COLLECTIVITÉS
LOCALES
Le poids des villes, leur croissance, leurs investissements
structurant ayant une influence sur le très long terme,
nécessitent une réflexion en amont afin qu’elles gèrent
DES MOYENS ADAPTÉS
© AFD - N.Fornage
© AFD - N.Devernois
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