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Bilan de conjoncture de la région grenobloise
La parole aux professionnels
« Le taux de marge de nos entreprises est
au plus bas depuis 1985 »
Emmanuel BREZIAT,
délégué général du Medef Isère
Bilan 1er semestre 2012 : Dans notre département, le
1er trimestre a connu un bon niveau d’activité dans la
plupart des secteurs. A partir du mois de mai, nous avons observé un net
fléchissement qui s’est poursuivi au cours de l’été. Plusieurs éléments
d’explication peuvent être avancés.
D’un point de vue micro-économique, nos entreprises, et en particulier nos
PME, ont fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation depuis 2008.
Cependant, beaucoup de PME ressortent de cette période avec des
trésoreries fragilisées. Cela freine leurs possibilités de développement, met la
question des délais de paiement au cœur de la gestion quotidienne et
nécessite une grande vigilance sur les risques d’impayés.
De façon plus structurelle, les coûts qui pèsent sur nos entreprises depuis de
nombreuses années ont altéré leur compétitivité.
Les prélèvements obligatoires qui pèsent sur elles représentent 25 % de la
valeur ajoutée, contre 15 % en Allemagne.
En outre, depuis plus de 10 ans les coûts unitaires salariaux ont augmenté de
23 % en France contre 1 % en Allemagne. Par conséquent, le taux de marge
moyen de nos entreprises est désormais au plus bas depuis 1985 et,
sans rentabilité, il est beaucoup plus difficile d’innover, d’investir et d’exporter.
Sur un plan plus macro-économique, les échéances électorales françaises
ont favorisé l’attentisme et l’incertitude des différents acteurs. La crise de
l’euro a également fortement pesé dans les esprits et dans le contexte
économique global. Enfin, la conjonction des plans de rigueur en Europe
impacte mécaniquement notre croissance.
En Isère, on observe d’ailleurs des situations très contrastées entre les
entreprises qui sont positionnées sur les marchés mondiaux, et en particulier
asiatiques, et les entreprises qui sont cantonnées au marché français et/ou
européen.
Perspectives fin 2012 : Selon nous, il est acquis que le dernier trimestre
2012 sera au mieux médiocre. Cependant, les récentes décisions de la
Banque centrale européenne viennent éclaircir notre horizon et laissent
entrevoir une année 2013 qui pourrait être un peu meilleure que prévue.
Si les bonnes décisions sont prises pour alléger les fardeaux qui pèsent sur
nos entreprises et rétablir notre compétitivité, nous pourrons rester optimistes.
Nos entreprises iséroises font preuve d’une capacité d’innovation, d’une
créativité et d’un esprit de conquête remarquables. Ce potentiel est prêt à
conquérir de nouveaux marchés dès que la visibilité sera meilleure.
François ALBRIEUX,
président de la CGPME Isère
Bilan 1er semestre 2012 : Une rentrée « molle »… et
inquiétante ? C’est en effet l’adjectif que l’on entend le
plus, actuellement, dans la bouche de nos chefs d’entreprise de PME et de
TPE isérois !
Certes, les tendances observées, tant au niveau de l’industrie, que du
commerce ou des prestataires de services, ne nous poussent pas à
l’affolement, mais l’activité n’est pas complètement au rendez-vous.
Dans l’industrie, justement, et plus particulièrement dans les activités
sous-traitantes, le redémarrage est lent, très lent…
Traditionnellement, les grands donneurs d’ordre industriels, forts des chiffres
d’activité du 1er semestre, dont ils viennent en principe d’avoir connaissance,
prennent des décisions d’investissements à la rentrée. Cette année, il
apparaît nettement un recul dans ces décisions d’investissements lesquelles
peuvent constituer une source d’inquiétude réelle pour nos PME et nos TPE.
S’agissant du commerce, il s’avère que l’activité a été très calme pendant
tout l’été sur l’agglomération grenobloise, conséquence notamment de la
mauvaise météo du mois de juillet.
En cette rentrée, les professionnels du commerce (supermarchés et
commerces de proximité) ont constaté une consommation stable, voire en
légère progression, y compris dans l’alimentaire.
En revanche, une certaine inquiétude émerge quant au pouvoir d’achat des
consommateurs dans les mois à venir.
Enfin, l’activité automobile sur août et septembre, déjà bien entamé, s’avère
difficile avec une baisse de l’ordre de - 10 % à - 20 % tant sur le plan de la
vente que sur celui de la réparation.
D’une façon générale, l’activité de prestations de services reste globalement
difficile.
Perspectives fin 2012 : Pour autant, nos chefs d’entreprise de PME et de
TPE ont depuis longtemps démontré leur capacité à naviguer même par
« gros temps »…
Reconnaissons que nous bénéficions en Isère et, plus généralement, en
Rhône-Alpes, d’un environnement privilégié avec la proximité des grands
centres de recherche et des pôles de compétitivité dynamiques qui tirent vers
le haut l’ensemble de notre activité économique.
Reste à ce que nos partenaires bancaires continuent à nous faire confiance
et à nous accompagner et nos entreprises devraient être en capacité de
« franchir le cap » de cette rentrée !