ABORD COELIOSCOPIQUE RÉTRO-PÉRITONÉAL : TECHNIQUE, INDICATIONS Clément-Claude ABBOU, András HOZNEK Service d'Urologie CHU Henri Mondor - Créteil Au cours de la dernière décennie, la chirurgie laparoscopique est devenu le nouveau standard incontesté parmi les voies d'abord de la surrénalectomie. Deux variantes existent : la voie laparoscopique transpéritonéale, et la voie laparoscopique rétropéritonéale. C'est probablement pour des raisons historiques, que les chirurgiens digestifs ont privilégié et développé la voie transpéritonéale, les urologues, plus familiers avec les repères anatomiques de l'espace rétropéritonéale ont souvent préféré la voie rétropéritonéale. Et si la voie transpéritonéale est sans doute plus avantageuse pour son espace de travail plus comfortable, de nombreux arguments semblent être en faveur d'une voie purement extrapéritonéale. Pour la surrénalectomie laparoscopique rétropéritonéale, le patient est installé en position de décubitus latéral. Pour créer l'espace de travail, nous réalisons d'abord une minilombotomie, juste en dessous de la douzième côte, dans la ligne axillaire postérieure. Après incision du fascia transversalis, nous accédons à l'espace pararénal postérieur, cet espace est clivé au doigt vers l'avant, et vers le bas, en refoulant le péritoine vers l'avant. Trois ou quatre trocars sont alors inserrés sous contrôle digital, puis un dernier trocar avec un anneau d'étanchéité est mis en place au niveau de la mini-lombotomie. Le premier repère anatomique est le muscle psoas, l'espace de travail est élargi par une dissection vers le haut et vers le bas au long de ce muscle. A ce stade, notre objectif est d'identifier le pédicule rénal. ● Du coté droit, après incision du fascia de Gérota, la dissection se dirige vers le milieu, la veine cave inférieure est rapidement atteinte, sa face latérale est disséquée. En suivant la veine cave vers le haut, nous exposons aisémént la veine génitale, puis l'abouchement de la veine rénale. L'artère rénale se trouve juste au dessus de la veine rénale. Il n'est pas nécessaire de disséquer complètement le pédicule rénal. C'est en suivant la veine cave inférieure dans sa portion supra-rénale que la veine surrénalienne sera découverte. ● Du coté gauche, l'incision du fascia de Gérota fait découvrir soit la veine génitale soit l'uretère, la dissection vers le haut au long de ces structures nous dirige vers le pédicule rénal, qui est aisément reconnu par les pulsations de l'artère rénale. La face postérieure du pédicule rénal est disséquée. La veine rénale possède trois branches à ce niveau : la veine génitale qui se dirige vers la bas, le tronc réno-azygo-lombaire qui se dirige en arrière et qui plonge dans le muscle psoas, et la veine surrénalienne. Cette dernière se situe en avant de l'artère rénale. L'artère rénale est en étroit contact avec le bord supérieure de la veine rénale. Pour exposer la veine surrénalienne, il faut disséquer l'espace qui se trouve entre l'artère et la veine rénale. En réclinant l'artère rénale vers le haut ou vers le bas, nous trouverons la veine surrénalienne qui se jette dans le bord supérieur de la veine rénale. A droite comme à gauche, on réalise alors la ligature et la section de la veine surrénalienne à l'aide de 3 clips métalliques de 9mm. La glande surrénalienne est ensuite libérée, pour cela, nous prenons contact avec la capsule rénale au niveau du pole supérieur du rein. Le tissu graisseux contenant la surrénale est disséqué en bloc, les limites de cette dissection sont le bord supérieur de l'artère rénale, le pôle supérieur du rein, le muscle psoas et le diaphragme vers l'arrière, à droite le foie et à gauche la veine splénique vers le haut et vers l'avant. Après avoir complété l'exérèse, la pièce est extraite à l'aide d'un endo-catch à travers la mini-lombotomie. Un drain de Redon est mis en place pour 24 heures. Les résultats de cette chirurgie sont très semblables à ceux de la technique laparoscopique transpéritonéale, aussi bien en terme de durée opératoire, qu'en terme de morbidité postopératoire. Quels sont les avantages de la technique rétropéritonéale ? La surrénale se situe dans l'espace rétro-péritonéal, son abord direct est donc un choix logique. On évite ainsi de manipuler le tube digestif, aucune dissection colique n'est nécessaire. Par voie transpéritonéale, la création de l'espace de travail et l'exposition peut être plus difficile lorsqu'ils existent des adhérences péritonéales, ce type d'antécédent ne représente aucun risque en cas de chirurgie rétro-péritonéale. Par voie extrapéritonéale, le péritoine agit comme un « sac à grêle », permettant d'offrir une excellente exposition dès que l'insufflation a été mise en route. L'abord du pédicule rénal et de la veine surrénalienne est direct, ceci constitue d'ailleurs le premier temps de l'intervention. La ligature première du pédicule nous semble être un élément important aussi bien sur le plan chirurgical que sur le plan endocrinien (en particulier en cas de phéo-chromocytome). Le maintien de l'intégrité du péritoine permet aussi d'éviter certaines complications spécifiques à la voie transpéritonéale. En effet, si les collections postopératoires représentent un évènement rare après toute chirurgie laparoscopique, quand elles surviennent, elles sont plus simples à traiter lorsqu'elles se limitent exclusivement à l'espace rétro-péritonéale. En revanche, une absorption de gaz carbonique plus abondante a souvent été reprochée à la technique extrapéritonéale mais plusieurs études ont maintenant prouvé qu'il ne s'agissait que d'un mythe. Par ailleurs, le gaz carbonique résiduel dans la cavité abdominale après un abord transpéritonéale supprime l'effet de succion du diaphragme sur le foie. Le résultat de ce phénomène est l'apparition d'une douleur posturale à l'épaule, provenant de la traction qui apparaît au niveau du ligament falciforme du foie. Ce type de douleur est totalement absent en cas d'abord extrapéritonéal. Il en est de même pour tout phénomène d'iléus à minima, parfois observé par abord transpéritonéale et inexistant par voie extrapéritonéale. Dans notre expérience et selon plusieurs études les patients opérés par voie extrapéritonéale sont moins algiques et reprennent plus rapidement une alimentation complète que ceux opérés par voie transpéritonéale. L'indication des surrénalectomies par voie laparoscopique extrapéritonéale se limite à des glandes de moins de 5 cm de diamètre, qu'elles soient secrétantes ou non secrétantes. En effet, au-delà de cette taille, l'incidence des tumeurs malignes augmente de façon significative. Les seules contre-indications qui peuvent être retenus sont en rapport avec une difficulté prévisible de la dissection dans l'espace rétropéritonéale : antécédant de lombotomie, d'abcès rénal, fibrose rétro-péritonéale, antécédant d'anévrysme ou de prothèse vasculaire. En conclusion, la surrénalectomie par voie rétro-péritonéale est une technique parfaitement standardisée, reproductible et pouvant être enseigné. Compte tenu des résultats équivalents en terme de temps opératoire et de morbidité postopératoire, elle représente une alternative viable à l'abord transpéritonéale. ● ● ● Surrenalectomies gauches coelioscopiques : les points clés, les complications spécifiques Surrenalectomie partielle reste-t-il des indications ? Indications et limites de la surrenalectomie laparoscopique AFC Siège social : 122, rue de Rennes 75006 Paris tél : +33 (0) 1 45 44 96 77