Les protéines non structurales des Alphavirus : rôle dans la

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revue
Virologie 2013, 17 (1) : 31-45
Les protéines non structurales des Alphavirus :
rôle dans la réplication et l’interaction du virus
avec la cellule hôte
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017.
Nadia Rabah1 , 2
Bruno Coutard1
Bruno Canard1
1 CNRS,
universités d’Aix-Marseille-I et II,
UMR 7257,
architecture et fonction des
macromolécules biologiques,
ESIL Case 925,
13288 Marseille,
France
2 Université du Sud Toulon-Var,
laboratoire matériaux polymères
interfaces environnement marin
(MAPIEM-EA 4223),
83162 La Valette-du-Var cedex,
France
<[email protected]>
Résumé. Les alphavirus (famille des Togaviridae) sont des virus émergents transmis principalement par les arthropodes. L’infection par des alphavirus conduit à
des pathologies plus au moins sévères incluant fièvres, polyarthrites et encéphalites pouvant conduire à des séquelles neurologiques permanentes. Les alphavirus
sont des virus enveloppés, dont le génome est un ARN simple brin de polarité
positive. L’ARNm code pour deux protéines non structurales (P123 et P1234)
maturées au niveau post-traductionnel en quatre protéines nsP1 à 4. Ces dernières vont assurer la transcription ainsi que la réplication du virus. Différentes
études ont soulignées l’importance des nsP dans l’accroissement de la virulence
mais également l’échappement viral. Cet article de revue retrace, d’une part, les
différentes hypothèses concernant l’évolution ainsi que la propagation mondiale
des alphavirus. D’autre part, il traite des découvertes récentes concernant le rôle
des nsP dans la réplication virale ainsi que dans les interactions hôte/pathogène.
L’élucidation et la compréhension de la fonction de chaque nsP reste un prérequis
pour l’élaboration de composés antiviraux.
Mots clés : alphavirus, évolution, replication, protéine non structurale, nsP,
méthyltransférase, guanylyltransférase, hélicase, protéase, macro domaine
Abstract. Alphaviruses (genus of the family Togaviridae) are emergent arthropod borne viruses. They can cause mild to severe diseases including fever,
arthritis, and in certain cases encephalitis leading to neurological sequels. Alphaviruses are enveloped, single-stranded and positive-sense RNA viruses. The
genomic RNA encodes for two non-structural proteins (P123 and P1234) ; which
are cleaved post-translationally to generate four proteins nsP1 to 4. These nsPs
perform viral replication and transcription. Studies on different viruses pointed
out that nsPs are associated to increased virulence and are implicated in the shut
off of host antiviral defense systems. The present paper reports the latest hypothesis regarding the evolution and the spread of alphaviruses. Moreover, it reviews
the recent discoveries concerning the role of nsPs in viral replication and virushost interactions. The elucidation and the understanding of nsPs function is a
prerequisite for the development of potent and selective antiviral drugs.
Key words: alphavirus, evolution, replication, non structural protein, nsP, methyl
transferase, guanylyltransferase, helicase, protease, macro domain
doi:10.1684/vir.2013.0477
Introduction
Les alphavirus (famille des Togaviridae) sont des arbovirus (arthropod-borne viruses) transmis principalement par
les invertébrés. Les alphavirus ont été retrouvés sur tous
Tirés à part : N. Rabah
Virologie, Vol 17, n◦ 1, janvier-février 2013
les continents excepté l’arctique et regroupent actuellement
29 espèces (tableau 1). Ce sont des virus qui infectent
différents types d’hôtes incluant les moustiques, les mammifères, les oiseaux, les rongeurs ainsi que les salmonidés
[1]. Chez les arthropodes, les alphavirus causent une infection bénigne persistante, transformant les invertébrés en
hôte d’amplification. Les virions infectieux accumulés au
niveau des glandes salivaires des arthropodes sont ensuite
31
Pour citer cet article : Rabah N, Coutard B, Canard B. Les protéines non structurales des Alphavirus : rôle dans la réplication et l’interaction du virus avec la cellule hôte. Virologie 2013; 17(1) : 31-45
doi:10.1684/vir.2013.0477
revue
Tableau 1 Taxonomie des alphavirus : Nomenclature, classification antigénique, isolation géographique, hôte et vecteur
arthropodea . Les noms des virus sont donnés en français. Voir la figure 2 et sa légende pour les noms en anglais.
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Virus de
Complexe
antigénique
Abréviation
Localisation
géographique
Hôte
Vecteur
arthropode
Référence
La maladie du
pancréas du
saumon
SPDV
Aquatique
Salmonidés
(Salmo salar)
Lepeophtheirus
salmonus ?
[19]
La maladie du
sommeil
SDV
Aquatique
Salmonidés
(Oncorhynchus
mykiss)
Lepeophtheirus
salmonus ?
[96]
L’éléphant de mer
austral
SESV
Aquatique
Éléphant de mer
austral (Mirounga
leonine)
Lepeophtheirus
macrorrhini ?
[18]
BFV
Australie
Humain
Moustique du genre
Culex/Aedes
[97]
La forêt de Barmah
BF
Middelburg
MID
MIDV
Afrique
Humain
Aedes
[98]
Ndumu
NDU
NDUV
Afrique
Humain
Aedes
[99]
Sagiyama
SF
SAGV
Japon
Humain
Culex/Aedes
[100]
Getah
SF
GETV
Asie du Sud
Est/Australie
Bovins/Équidés
Culex/Aedes
[101]
La rivière Ross
SF
RRV
Australie
Rongeurs
Culex/Aedes
[101]
Bebaru
SF
BEBV
Asie du sud est
Culex
[102]
La forêt de Semliki
SF
SFV
Afrique
Humain/Primate/
Équidés
Aedes
[103]
Mayaro
SF
MAYV
Amérique du sud
et Carraibes
Humain
Moustique du genre
Haemogagus.
[104]
Una
SF
UNAV
Amérique du sud
Moustique du genre
Psorophora/Aedes
[105]
Chikungunya
SF
CHIKV
Afrique, Océan
Indien et Asie.
Humain/Primates
Aedes
aegypti/Aedes
albopictus
[106, 107]
O’nyong nyong
SF
ONNV
Afrique
Humain
Moustique du genre
Anopheles
[108]
L’encéphalite
équine du
Venezuela
VEE
VEEV
Amérique Centrale/Amérique
du Sud
Humain/Équidés/
rongeurs
Culex/Aedes/
Psorophora
[109]
Everglades
VEE
EVEV
Amérique
Centrale
Oiseaux
Culex
[110]
Tonate
VEE
TONV
Guyane
Mucambo
VEE
MUCV
Amérique du Sud
Pixuna
VEE
PIXV
Amérique du Sud
Cabassou
VEE
CABV
Guyane
Rio Negro
VEE
RNV
L’encéphalite
équine de l’Est
EEE
EEEV
Amérique du
Sud/Amérique
du Nord
[111]
Culex
[112]
[112]
Culex portesi
Rongeurs/Oiseaux
[111]
Culex
[113]
Culex/Aedes
[114]
Aura
WEE
AURAV
Amérique du Sud
Culex
[105]
Buggy Creek
WEE
BCRV
Amérique du Nord
Oiseaux
Oeciacus vicarious
[115]
Fort Morgan
WEE
FMV
Amérique du Nord
Oiseaux
Oeciacus vicarious
[116]
32
Virologie, Vol 17, n◦ 1, janvier-février 2013
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Tableau 1 (Suite)
a
Virus de
Complexe
antigénique
Abréviation
Localisation
géographique
Hôte
Vecteur
arthropode
Référence
Highlands J
WEE
HJV
Amérique du Nord
Oiseaux
Culex
[117]
Sindbis
WEE
SINDV
Tous les
continents
Oiseaux
Culex/Aedes
[118]
Trocara
WEE
TROV
Amérique du Sud
Culex
[119]
L’encéphalite
équine de l’Ouest
WEE
WEEV
Amérique du
Sud/Amérique
du Nord
Rongeurs/Oiseaux
Culex/Aedes
[120]
Whataroa
WEE
WHAV
Nouvelle Zélande
Oiseaux
Culex/Culiseta
[121]
Modifié de [17].
transmis par piqûre à des hôtes vertébrés chez lesquels
l’infection est aiguë et conduit à des symptômes plus ou
moins sévères [2].
Cliniquement, ces virus peuvent être divisés en deux
grandes catégories. La première regroupant les virus de
« l’ancien monde » (tels que le virus de la Ross River,
de la forêt de Barmah, du Chikungunya ou encore Sindbis) qui provoquent des myopathies, des polyarthrites, et
ultimement des fièvres hémorragiques [3, 4]. La deuxième
catégorie regroupe les virus du « nouveau monde » (tels
que les virus de l’encéphalite équine de l’Est, de l’Ouest ou
encore Vénézuélienne) qui vont déclencher des infections
neurologiques conduisant à des encéphalites, des vomissements, des leucocytoses et des fausses couches chez les
humains et les animaux domestiques [5]. De ce fait, ces
virus représentent des risques épidémiques et épizootiques
importants. De plus, bien que ces virus soient normalement
transmis par des arthropodes, des incidents de laboratoire
ont montré que le virus causant des encéphalites équines
pouvaient être hautement infectieux par voie aérienne. Cela
a d’ailleurs conduit, dans le passé, au développement de
programmes militaires visant à les utiliser comme armes
biologiques [6].
Le virion des alphavirus est petit (diamètre de 50 à 80 nm),
sphérique et entouré d’une enveloppe lipidique (figure 1).
L’enveloppe provient de la membrane plasmique de la
cellule hôte et contient des complexes stables de deux glycoprotéines d’enveloppe E1 et E2, organisés en trimères.
Ces complexes trimériques interagissent avec les protéines
de la capside et sont ordonnés en structure icosaédrique avec
un nombre de triangulation T = 4. La capside renferme le
génome qui est un ARN simple brin de polarité positive
d’environs 11 à 12 kb [2]. Cet ARN, appelé ARN 42S, possède une coiffe en 5 ainsi qu’une queue de polyadénylation
en 3 et est utilisable en tant qu’ARNm. L’ARN génomique
des alphavirus contient deux cadres de lecture ouverts. Une
fois libéré dans le cytoplasme, la machinerie cellulaire va
traduire les deux premiers tiers du génome, à partir du preVirologie, Vol 17, n◦ 1, janvier-février 2013
mier cadre de lecture, en protéines P123 et P1234. Ces deux
protéines vont être maturées en protéines non structurales
nsP1 à nsP4 qui formeront, en association avec des facteurs
cellulaires, la machinerie de transcription et de réplication
du virus décrite plus bas [2, 7, 8].
Les protéines non structurales vont assurer la transcription de l’ARN génomique en ARN de polarité négative
ARN(-) qui servira de matrice à la production de nouveaux
ARN génomiques destinés à l’encapsidation. Cet ARN(-)
va aussi permettre la synthèse de l’ARN sous-génomique de
26S qui est traduit en précurseur polyprotéique contenant
les protéines structurales C, E3, E2, 6K et E1. Les glycoprotéines de l’enveloppe E1 et E2 vont intervenir dans la
fusion du virion à la membrane plasmique de la cellule hôte.
La glycoprotéine E3 semble faciliter la maturation posttraductionnelle du précurseur glycoprotéiques E1 et E2. Le
peptide 6K intervient dans le ciblage cellulaire et la maturation post-traductionnelle de E1. La protéine C représente
la protéine de la capside et contient des sites de fixation à
l’ARN [9] (figure 1).
La présente revue relate, d’une part, les découvertes les
plus récentes concernant l’évolution ainsi que la propagation des alphavirus. D’autre part, elle se focalise sur les
dernières découvertes visant à caractériser la machinerie de
réplication des alphavirus, dans le but de mieux comprendre
le rôle des protéines non structurales dans la réplication et
l’interaction du virus avec la cellule hôte. La compréhension
du rôle de ces protéines est cruciale pour l’identification
de cibles pouvant être exploitées lors de la conception de
molécules antivirales.
Évolution et propagation des alphavirus
La classification des alphavirus, comme pour les autres
virus, a été initialement définie sur des déterminants
antigéniques. Les deux glycoprotéines E1 et E2 étant utilisées comme cibles dans des réactions d’inter-réactivité
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revue
ARN SG (26S)
5´m7G
nsP1
nsP2
nsP3
nsP4
C
E3
E2
6K
AAA...3´
E1
ARN SG (265)
5´m7G
nsP1
nsP2
nsP3
nsP4
C
E3
E2
6K
E1
AAA...3´
3´
5´ARN -
5´m7G
C
E3
E2
ARN G (49S)
5´m7G
nsP1
6K
E1
AAA3´ ARN SG 26S
ARN SG (26S)
nsP2
nsP3
nsP4
C
E3
E2
6K
E1
AAA...3´
Figure 1. Cycle de réplication et génome des alphavirus. A. Les alphavirus sont des petits virus enveloppés présentant à leur surface les
glycoprotéines de l’enveloppe E1 et E2, permettant l’internalisation du virus par endocytose. L’enveloppe entoure une capside icosaédrique
avec un nombre de triangulation T = 4. La capside protège le génome à ARN simple brin de polarité positive. L’ARN génomique (ARN G) de
49S est libéré dans la cellule et agit en tant que ARN messager permettant la traduction des protéines P123 et P1234 maturées en protéines
non structurales (nsP) 1, n2, 3 et 4. Les nsP vont dans un premier temps répliquer l’ARN génomique en un ARN de polarité négative (ARN
(-)). L’ARN(-) sert de matrice pour la synthèse de l’ARN sous-génomique (ARN sous-génomique) de 26S, traduit en protéines structurales
C, E3, E2, 6K et E1. Cet ARN(-) permet également la synthèse de nouvelles molécules d’ARN génomique, qui seront encapsidées et
formeront les nouveaux virions après bourgeonnement à la membrane plasmique.
antigéniques telles que la neutralisation, la fixation du
complément ou encore l’inhibition de l’hémagglutination.
Ces réactions sérologiques ont permis de classer les alphavirus en sept complexes antigéniques : WEE, VEE, EEE, SF,
BF, MID et NDU [10] (tableau 1). Cependant, l’avènement
des techniques de biologie moléculaire a permis d’établir
des liens phylogénétiques entre les différents alphavirus,
basés sur la comparaison des séquences complètes ou partielles des protéines non structurales, des glycoprotéines
E1-E2 ainsi que de la protéine de la capside C. Ainsi, les premières études de comparaison de séquences partielles entre
les virus SIN, EEE, VEE et WEE ont révélé des relations
34
phylogénétiques entre les virus du nouveau monde et de
l’ancien monde en accord avec la classification antigénique,
c’est-à-dire que chaque complexe antigénique appartient à
un groupe monophylétique (figure 2). Ces études ont aussi
mis en évidence la particularité du virus « nouveau monde »
WEE. Ce dernier possède plus de 60 % de similarité de
séquence avec les virus du nouveau monde (EEV et VEE)
pour ce qui est de la séquence de nsP4 et des protéines de la
capside. De plus, WEE présente plus de 70 % de similarité
de séquence avec le virus SIN, basé sur la séquence des
protéines non structurales. Par ailleurs, le virus SIN bien
qu’étant originaire de l’ancien monde présente beaucoup
Virologie, Vol 17, n◦ 1, janvier-février 2013
revue
Poissons
10 % de divergence en a. a.
SDV
SPDV
100
Nouveau
monde
EEEV-IV EEEV-III
EEEV-II
100
EEEV-I
91
100
PIXV VEEV
EVEV
87
100
MUCV
93
100
96
TONV
100
100
71D1252V
BFV
MIDV
SFV
100
97
100
88
CABV
78V3531V
100
SAGV
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100
100
96
97
100
100
RRV
AG80V
100
MAYV
100
WHATV
ONNV
100
CHIKV
SINV
Vieux monde
SINV (Ockelbo)
AURAV
SESV
Mammifères marins
Figure 2. Arbre phylogénétique des alphavirus. L’arbre (non
raciné, obtenu par la méthode « neighbor joining ») représente les
principaux alphavirus discutés dans la revue, rassemblés dans leur
groupe antigénique respectif, à l’aide de la séquence complète des
protéines structurales (polyprotéine). L’arbre illustre la séparation
des virus du nouveau monde et de l’ancien monde. L’inclusion
des alphavirus aquatiques permet de souligner la diversité du
genre alphavirus. Les abréviations sont : SPDV : salmon pancreatic
disease virus ; SDV : sleep disease virus ; EEE : eastern equine
encephalitis virus ; PIXV : pixuna virus ; VEEV : venezuelan equine
encephalitis virus ; EVEV : Everglades virus ; MUCV : mucambo
virus ; TONV : tonate virus ; 71D1252 V, 78V3531 V, AG80 V :
souches dérivées du VEEV ; CABV : Cabassou virus ; WHATV :
Whataroa virus ; SINV : Sindbis virus ; AURAV : Aura virus ;
SESV : southern elephant sea virus ; CHIK : Chikungunya virus ;
ONNV : O’nyong nyong virus ; MAYV : Mayaro virus ; SAGV :
Sagiyama virus ; RRV : Ross River virus ; SFV : Semliki Forest
virus ; MIDV : Middelburg virus ; BFV : Barmah Forest virus.
Figure modifiée et adaptée de [16], préparée d’après [1].
plus d’homologie de séquence avec le virus EEE que SF.
Les virus MAY et UNA ont été isolés en Amérique du Sud
et dans les Caraïbes, pourtant ils possèdent des complexes antigéniques de type SF (tableau 1) et provoquent des
polyarthrites sévères, signes cliniques caractéristiques des
virus de l’ancien monde. Dans les arbres phylogénétiques
établis à partir des séquences de E1 ou de nsP4, ces deux
virus se retrouvent toujours dans le groupe des virus de
l’ancien monde tels que SF, ONN et CHIK (figure 2). Ces
différents résultats ont suggéré une recombinaison entre les
virus du nouveau monde et de l’ancien monde au cours de
l’évolution [10-13].
La découverte de nouvelles espèces virales ainsi que
l’accumulation de données sur les séquences nucléotidiques
des différents virus ont permis de formuler trois hypothèses
quant à l’origine et l’évolution des alphavirus. La première
hypothèse propose que les alphavirus soient apparus dans
Virologie, Vol 17, n◦ 1, janvier-février 2013
le nouveau monde et dérivent d’un virus de plante adapté
aux insectes. Ce virus ancestral aurait traversé l’atlantique
au moins trois fois conduisant dans un premier temps à
l’introduction dans l’ancien monde de l’ancêtre des virus
possédant les complexes antigéniques BF, MID, NDU et
SF. Une deuxième expatriation aurait permis l’introduction
dans l’ancien monde de l’ancêtre des virus exhibant le
complexe antigénique WEE (WHA et SIN). Finalement,
des ancêtres de MAY et UNA (complexe antigénique SF)
auraient été importés dans le nouveau monde. L’hypothèse
de l’origine « nouveau monde » a été renforcée par les
études de séquences de la « structure avale » (downstream
loop [DLP]) de l’ARN 26 S qui suggère une origine « nouveau monde » des alphavirus [14].
La deuxième hypothèse prône l’apparition du virus ancestral dans l’ancien monde qui aurait subi trois flux
migratoires permettant d’introduire l’ancêtre des virus à
encéphalites en Amérique. Ce virus, après avoir divergé
en différents complexes antigéniques (WEE, EEE et VEE),
aurait été réintroduit dans l’ancien monde (SIN et WHA).
Le troisième voyage aurait permis d’introduire les ancêtres
de MAY et UNA dans le nouveau monde. Les différentes
vagues de migration auraient été assurées par les oiseaux
migrateurs ainsi que les échanges commerciaux et migratoires développés depuis la découverte du nouveau monde.
Aux travers de ces flux migratoires, les ancêtres des différents complexes antigéniques se seraient adaptés à de
nouveaux habitats et surtout à des hôtes très variés (rongeurs, mammifères et oiseaux), ce qui aurait permis la
diversification des espèces et favorisé les recombinaisons
[1, 10-13, 15, 16]. Très récemment, l’étude de Forrester
et al. [17], basée sur la comparaison des génomes entiers
(excluant le domaine hypervariable C terminal de nsP3 et
N-terminal de la capside) des 29 espèces répertoriées, couplée à l’analyse des résidus conservés de l’hétérodimère
E1-E2, a permis d’affiner le positionnement de certains
virus et notamment des virus aquatiques (SPD et SES). Ces
deux virus ont été longtemps considérés comme très éloignés génétiquement des autres du fait qu’ils n’avaient pas
besoin d’hôtes invertébrés pour se répliquer. Cependant,
la découverte de poux marins, pouvant infecter certains
salmonidés (Lepeophtheirus salmonus) ou encore de mammifères marins (Lepeophtheirus macrorrhini), porteurs de
virus, suggère la présence éventuelle d’un réservoir aquatique [18, 19]. Ces découvertes couplées aux résultats de
Forresters et al. 2012, qui replacent SPD et SES comme
étant ancestraux par rapport aux autres, mettent en avant
une troisième hypothèse sur l’origine et la propagation des
alphavirus (figure 2). Selon cette hypothèse (dite aquatique), les alphavirus terrestres seraient d’origine marine.
Les ancêtres marins auraient été transmis à des invertébrés terrestres et à des insectes. Après adaptation à
différent hôtes, divergence et éventuelle recombinaison, ces
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revue
prédécesseurs se seraient propagés à travers le globe suivant
un scénario similaire à celui décrit par les deux hypothèses
initiales.
L’étude et la compréhension de phénomènes évolutifs
inhérents aux alphavirus s’étendent au-delà d’intérêts purement fondamentaux. Toutes les analyses phylogénétiques
soulignent la remarquable adaptation des alphavirus à
de nouveaux habitats et hôtes dans la diversification des
espèces des alphavirus. Cette adaptabilité est même visible
à notre échelle de temps et permet d’établir des corrélations directes entre l’adaptation à un nouveau vecteur,
l’apparition de mutations dans les protéines virales et
la survenue de nouvelles flambées épidémiques. Ainsi,
l’émergence et la ré-émergence du virus du CHIK dans les
années 2005-2006 traduite par des flambées épidémiques
sans précédent en Afrique, en Asie et même en Europe
serait due à son adaptation aux moustiques urbains du genre
Aedes, Aedes aegypti ainsi que Aedes albopictus. Les nouvelles souches, isolées à partir de zones pandémiques, ont
révélé la présence de mutations dans les glycoprotéines
E1-A226 V et E2-L201Q favorisant l’adaptation et la dissémination dans le vecteur Aedes albopictus [3, 20, 21].
Rôle des protéines non
structurales dans la réplication
du virus et l’interaction avec l’hôte
Synthèse et maturation des protéines
non structurales
Les polyprotéines P123 et P1234 sont des protéines à multiples domaines produites sous forme de précurseurs de haut
poids moléculaire. Ces précurseurs subissent deux ou trois
clivages auto-catalytiques générant les protéines non structurales nsP1 à nsP4. Chez un grand nombre d’alphavirus, la
séquence nucléotidique codant pour les protéines non structurales contient un codon stop OPAL entre nsP3 et nsP4. Ce
codon stop est permissif dans 5 à 20 % des traductions et
permet de générer les deux précurseurs P1234 et P123 [2].
L’abondance respective de ces deux précurseurs régule la
synthèse du brin d’ARN de polarité négative (ARN(-)) et
semble être impliquée dans l’établissement d’une infection
chronique chez les arthropodes. La mutation de ce codon
OPAL en codon Ambre, Ocre ou encore en Arginine a
montré qu’une diminution de la réplication virale peut être
corrélée avec une augmentation de l’infectivité et de la dissémination virale. Ce codon OPAL n’est pas présent chez
toutes les espèces virales, il peut être remplacé par d’autres
codons tels que l’Arginine ou encore la Glycine [22, 23].
Le clivage des deux précurseurs P1234 et P123 est assuré
par le domaine protéase de nsP2, décrit plus bas, et se
fait de façon séquentielle. La première protéine libérée est
36
nsP4, qui forme un complexe avec P123 pour synthétiser l’ARN(-) à partir de la matrice génomique. Le second
clivage s’opère entre nsP1 et P23 générant un complexe
nsP1-P23-nsP4 assurant la synthèse d’ARN(-) et d’ARN(+)
génomique. Le dernier clivage conduit à la formation d’un
complexe de réplication mature contenant les quatre nsP.
Ce dernier permet la synthèse exclusivement des ARN à
polarité positive (génomique et sous-génomique) [2, 24].
Diverses études de mutagenèse visant à abolir les sites de
clivages entre les nsP ont révélées que l’absence de sites
de clivage n’affectait pas la fonction de chaque domaine
des nsP. En revanche, la disparition de ces sites est directement corrélée à une diminution de la réplication et du titre
viral. La production sous forme de précurseur est nécessaire à l’établissent d’interactions entre les nsP qui seront
conservées dans le complexe de réplication mature affectant
l’affinité de la polymérase pour les différents ARN (ARN
(-), ARN génomique ou sous-génomique). Ainsi, l’absence
de clivage conduit à un changement d’abondance respective des ARN génomique, ARN (-) et sous-génomique
défavorable à l’encapsidation et donc à la multiplication
virale [22, 25-27]. Ces informations suggèrent qu’au sein
de chaque complexe formé d’entités maturées différentes,
les protéines non structurales vont avoir un rôle particulier
et bien défini.
Protéine non structurale 1 (nsP1)
La protéine nsP1 des alphavirus porte des activités méthyltransférase et guanylyltransférase (figure 3), probablement
impliquées dans l’ajout de la coiffe aux ARNm viraux.
Les premières expériences démontrant la présence d’une
nsP1
MTase- Gtase?
nsP2
Domaine Hélicase
Protéase
nsP3
Macrodomaine
Alpha-spécifique
nsP4
Non structuré
2´-O-Mtase?
Hypervariable
Polymérase
Figure 3. Structure des sous domaines des protéines non structurales. Les nsP sont des protéines à multiples domaines assurant
différentes fonctions. nsP1 comporte l’activité méthyl- et guanylyltransférases du virus. Une hélice ␣ interne ainsi que des sites
de palmitoylation assurent l’association de nsP1 aux membranes.
nsP2 contient un domaine hélicase, un domaine protéase et une
domaine à repliement 2 -O-méthyl transférase. nsP3 possède une
macrodomaine en N-terminal, un domaine alphavirus-spécifique
ainsi qu’un région C-terminale hypervariable. nsP4 présente un
domaine N-terminal non structuré suivi d’un domaine polymérase.
Figure modifiée et adaptée de [16], préparée d’après [1].
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revue
coiffe de type « cap-0 » sur l’ARN sous-génomique 26S
du virus SIN datent des années 1970. En effet, l’action
de ribonucléases sur l’ARN 26S isolé à partir de cellules
traitées par de l’actinomycine D (inhibition de la synthèse d’ARN cellulaire) a permis d’isoler de la guanosine
méthylée. L’analyse par spectrométrie de masse des bases
isolées a montré qu’il s’agit du m7 G, du m2,7 G ainsi que
du m2,2,7 G. La forte association de l’ARN m7 G aux polysomes a indiqué que cette forme était préférentiellement
traduite. Les deux formes hyperméthylées sont moins bien
traduites et pourraient représenter un moyen de régulation
post-traductionnel de cet ARN [28, 29]. La localisation
cytoplasmique de la réplication virale ainsi que l’obtention
de mutants du virus SIN ont indiqué la présence d’une
méthyltransférase propre au virus. Cette observation a été
confortée par des analyses de séquences [30, 31].
La réaction catalysée par nsP1 se décline en deux étapes.
La première consiste à méthyler du GTP en présence
d’un donneur de méthyl, S-adénosylmethionine (AdoMet) pour générer du 7-méthyl-GTP (m7 GTP) et du
S-adénosylhomocystéine (AdoHcy). La seconde consiste
à complexer le m7 GTP à nsP1 par un lien phosphoamide (m7 GMP-nsP1) pour transférer ensuite le m7 GMP
sur l’ARN par une activité guanylyltransférase et former
une structure de type cap-0 (m7 GpppNpARN). Le transfert
du groupement méthyl sur du GTP a été confirmé par de
nombreuses expériences utilisant de la nsP1 produite sous
forme recombinante. Ces expériences soulignent la spécificité de l’enzyme vis-à vis du GTP et son caractère unique
permettant de méthyler le nucléotide avant le transfert de la
coiffe sur l’ARN. Cette dernière réaction n’a pas encore été
démontrée chez les alphavirus. Elle est cependant déduite
d’expériences mettant en évidence :
– la formation d’un complexe m7 GMP-nsP1, qui peut être
aboli par la mutation de résidus conservés au niveau de
nsP1 ;
– la découverte de virus SIN mutants pour nsP1 et résistants
aux variations de concentrations de GTP [30-32].
Par ailleurs, des études sur le virus Mosaïque du Bamboo, virus de plante apparenté aux alphavirus (superfamille
« Alphavirus-like »), ont confirmé la réaction de guanylyltransfert. De plus, pour ce virus l’utilisation d’ARN
synthétiques correspondant à l’extrémité 5 du génome ont
révélé l’importance de la longueur de la séquence ainsi que
des structures secondaires en 5 pour la fixation de la coiffe
[33].
Le rôle de nsP1 dans la réplication virale ne s’arrête pas
à la mise en place de la coiffe. La protéine est fortement
liée aux membranes et se retrouve majoritairement dans
la fraction membranaire cytoplasmique [30, 31]. Cela a
été confirmé par des études d’immunofluorescence montrant que nsP1 est associée à la face membranaire interne
et fait partie de structures vacuolaires s’étendant aux endoVirologie, Vol 17, n◦ 1, janvier-février 2013
somes et lysosomes [34-36]. L’association aux membranes
est assurée par la présence d’un peptide d’ancrage aux
lipides (lipid-binding peptide) présent au centre de la protéine (résidus 245-264 de SFV). L’abolition ou la mutation
de ces résidus conduit à une absence de l’association aux
membranes mais également à une réduction de l’activité
méthyltransférase. Des analyses de résonnance magnétique
nucléaire indiquent que le peptide d’ancrage adopte une
structure secondaire en hélice ␣ concentrant les résidus
chargés positivement sur une surface de l’hélice. Cette surface permettrait l’association de nsP1 aux groupements
anioniques des phosopholipides membranaires par des
interactions polaires [34, 37]. L’interaction de nsP1 membranes assurerait via des interactions protéines/protéines
une localisation membranaire à la machinerie de réplication. Le ciblage membranaire permettrait, entre autre, au
virus de cacher les intermédiaires de réplication double brin
à l’intérieur de petites sphérules afin d’éviter le déclenchement d’une réponse cellulaire visant à contrer l’infection
virale [38]. De plus, il a été montré que nsP1 est palmytoylée sur des résidus cystéines (Cys 418-420 pour SFV).
Cette palmytoylation permettrait d’accentuer l’ancrage aux
membranes et serait indispensable à la formation de filopodia (structures filamenteuse émanant des cellules infectées)
dont le rôle est encore obscur mais qui semblent être
indispensables à la réplication et l’infectivité virale. Par
ailleurs, la palmytoylation de nsP1 serait importante pour
l’interaction avec nsP4, la polymérase virale (décrite plus
bas), puisque la mutagenèse des sites de palmytoylation
conduit à l’apparition de mutations compensatoires au
niveau de nsP4 [39, 40]. Cette interaction expliquerait le
rôle de nsP1 dans la synthèse du brin ARN(-).
Par ailleurs, la caractérisation de mutants possédants des
UTR altérées a permis de mettre en évidences des éléments
de séquence conservés (CSE) agissant en cis à l’extrémité
5 incluant un CSE de 51 nt dans la séquence codante de
nsP1 mais également à l’extrémité 3 représentant les 19 nt
avant la queue polyA. Les régions non traduites (5 UTR et
3 UTR) ont un rôle essentiel dans la réplication des alphavirus. Elles ne sont pas toujours conservées en séquence
mais vont adopter des structures secondaires similaires. Ces
CSE interagissent entre eux et représentent les promoteurs
des ARN sous-génomique, génomique, et de l’ARN(-).
De plus, le CSE de 51 nt dans nsP1 représente un signal
d’encapsidation pour l’ARN génomique. Toutes ces données suggèrent que les UTR représentent donc des sites de
fixation importants pour des protéines cellulaires et virales
[41-43].
Protéine non structurale 2 (nsP2)
La protéine nsP2 des alphavirus est également une protéine multi-fonctionnelle. Elle possède plusieurs domaines
37
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revue
enzymatiquement actifs et indispensables au bon déroulement de la réplication virale. Le domaine N-terminal
de la protéine contient un domaine hélicase qui permettrait de dérouler les intermédiaires de réplication double
brin (ARNdb) formés lors de la réplication. Le domaine
C-terminal contient deux sous-domaines :
– un repliement cystéine protéase, apparenté à la famille des
papaïnes, impliqué dans la maturation de la polyprotéine
P1234 ;
– un repliement apparenté aux méthyl transférases (MTase)
(figure 3) [2, 44-46].
Les différentes études sur le domaine N-terminal ont montré
que ce dernier possède un repliement nucléoside triphosphatase (NTPase) et hélicase à ARN. L’activité nucléoside
hydrolase peut se faire pour les groupements adénylate
et guanylate. L’analyse de la séquence de l’extrémité Nterminale révèle la présence de deux motifs de fixation de
nucléotides de type Walker A (GXXXXGK(T/S)) et Walker
B (DEAD box). Des mutations au niveau de ces sites abolissent la fixation des nucléotides et révèlent l’importance
de la lysine K192 au niveau du site actif NTP hydrolase
[45, 47]. De plus, ces études indiquent que ces deux sites
sont importants dans la fixation de la protéine à l’ARN.
L’interaction nsP2/ARN ne semble pas être séquence spécifique et permet l’hydrolyse du phosphate en ␥ de l’ARN.
L’activité ARN triphosphatase permet de retirer un groupement phosphate de l’extrémité 5 de l’ARN naissant
(pppARN → ppARN). Ce processus est requis pour le
transfert de la coiffe (m7 GMP) sur l’ARN et la formation
de la structure cap-0 (m7 GpppNpARN), décrite plus haut
[45, 48]. L’hydrolyse de l’ATP permet de générer l’énergie
nécessaire à l’activité hélicase proprement dite (déroulement de l’ARNdb) qui a été démontré pour SFV sur des
substrats d’ARN db [44].
L’extrémité C-terminale de nsP2 s’étend entre les résidus
∼450 et 801 de la protéine. La structure tridimensionnelle
de la protéase de VEEV a été élucidée [46] et a permis de
classer le domaine protéase dans le clan CN et la famille C9,
regroupant les endopeptidases virales utilisant le groupement thiol d’une cystéine pour médier l’attaque nucléophile
sur le lien peptidique. Cette étude a également permis de
mettre en évidence les particularités de ce type de protéases.
D’une part, elle possède deux sous-domaines : le premier
possède un repliement cystéine protéase et porte la signature catalytique qui se positionne à l’interface du second
sous domaine. Ce dernier possède un repliement apparenté
aux méthyltransférases (figure 3). D’autre part, contrairement aux enzymes de type papaïne, les deux résidus de la
diade (Cys et His) sont portés par le même sous-domaine, la
cystéine faisant partie de l’hélice ␣ terminale et l’histidine
se trouvant dans une micro-extension de cette hélice formant une petite structure secondaire particulière (figure 4).
Les études biochimiques visant à caractériser des mutants
38
A
B
Figure 4. Structures tridimensionnelles du domaine protéase de
nsP2 et du macrodomaine de nsP3 de VEEV. A) Représentation en
« cartoon » de nsP2 de VEEV : le domaine N-terminal (en saumon)
porte les deux acides aminés catalytiques (en vert), le domaine Cterminal (en cyan) possède un repliement méthyltransférase [46].
B) Représentation en « cartoon » du macrodomaine (acides aminés
1-160) de nsP3 de VEEV en présence d’ADP-ribose [65].
Figure modifiée et adaptée de [16], préparée d’après [1].
de nsP2 engendrant un phénotype viral thermosensible ont
permis de mettre en évidence les résidus clefs du site actif
représentant une diade catalytique formée par les résidus
Cys 481 et His 558 (virus du SIN). La comparaison des
trois sites de clivage, P123-4, P1-23 et P2-3, a permis de
définir l’affinité de la protéase vis-à-vis de ces sites. Cette
affinité est assurée par les résidus de part et d’autre du lien
scissile et corrobore avec la chronologie de coupure décrite
pour le polypeptide. Le clivage entre P1-23 permettrait de
libérer le domaine N-terminal de la protéase qui jouerait un
rôle dans l’augmentation de l’affinité de l’enzyme pour le
lien P2-3 [26, 46, 49-51].
Le domaine apparenté aux MTases présente une
structure tertiaire similaire aux méthyltransférases Sadénosylméthionine (SAM) dépendantes telles que la
NS5 du virus de la Dengue ou encore la FtsJ d’Escherichia
coli. Ces dernières sont apparentées à la famille des 2 O-MTases assurant l’ajout d’un méthyl sur le OH en 2
du ribose du premier nucléotide de l’ARN et formant
une structure coiffe de type 1. Cependant, les résidus
correspondant au site de fixation du SAM ne sont pas
conservés chez les alphavirus et aucune activité MTase
n’a été en évidence à ce jour pour ce domaine [46]. Par
ailleurs, l’introduction de mutations a révélé l’importance
de ce domaine dans la maturation du précurseur P123 et
par conséquence l’équilibre réplication/transcription du
virus (synthèse du brin(-), ARN génomique et ARN sousgénomique), mais également dans le détournement de la
machinerie de synthèse protéique cellulaire au profit du
virus. En effet, la substitution R615A, par exemple, n’inhibe
pas la synthèse des protéines cellulaires qui doit être parachevée pour initier la production des protéines structurales
[49, 52, 53].
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revue
L’inhibition de la transcription et de la traduction des
protéines de la cellule hôte marque le début du développement de l’effet cytopathogène du virus. L’implication de
nsP2 dans ces deux processus a été révélée par de nombreuses études dans lesquelles des mutations au niveau du
domaine MTase a conduit à la génération de virus moins
infectieux, à l’induction d’infections persistantes dans les
cellules de mammifères ou encore à l’incapacité d’inhiber
la transcription et/ou la traduction de l’hôte [25, 26, 49, 5456]. Ces résultats ont été renforcés par les données sur la
distribution intracellulaire de nsP2. En effet, la protéine
existe sous deux formes dans la cellule : une forme associée
au complexe de réplication et une forme libre qui circule
entre le cytoplasme et le noyau où elle va promouvoir l’arrêt
des fonctions cellulaires mais également l’inhibition de la
production d’interférons de type I, déclenchée par la cellule
hôte pour protéger les cellules non infectées [25, 26, 49, 5456].
La translocation dans le noyau a été largement étudiée chez
SFV. La séquence de nsP2 contient deux sites de localisation nucléaire, NLS1 et NLS2, situés dans le domaine
hélicase et MTase, respectivement. La mutation de ces sites
abolit la translocation de nsP2 dans le noyau et réduit son
effet cytotoxique [57, 58]. Il est intéressant de noter que les
deux NLS ne sont pas bien présents dans les séquences
de toutes les espèces. De plus, la mutation de ces sites
chez SIN et VEE n’abroge pas le transport de nsP2 dans
le noyau indiquant que la localisation nucléaire n’est probablement pas dépendante uniquement d’importines. Des
mutations en dehors des NLS peuvent interférer avec la
translocation dans le noyau, et la fusion de ces sites à des
protéines cytoplasmiques n’est pas suffisante pour induire
leur translocation dans le noyau [55, 58, 59]. La caractérisation de la translocation dans le noyau de nsP2 de VEE
a montré que la karyophérine-␣1 serait l’importine participant à l’import nucléaire de la protéine et que celle-ci
possède, par ailleurs, un signal d’export nucléaire (NES),
dépendant de l’exportine 1, au niveau des résidus 525 à 530.
L’altération des résidus hydrophobes au niveau de ce site
abolit l’infection virale [59]. Ces résultats soulignent pour
les virus du nouveau monde l’importance de la localisation
nucléaire de nsP2 dont le rôle exact au niveau du noyau
reste à définir. De plus, contrairement au virus de l’ancien
monde, nsP2 des virus du nouveau monde ne semble pas
être impliquée dans l’inhibition des polymérases cellulaires
ni engendrer un effet cytotoxique qui serait plutôt assuré par
la protéine de la capside [60].
Protéine non structurale 3 (nsP3)
La fonction et le rôle de nsP3 restent mal connus car c’est
la nsP la moins caractérisée. L’analyse de la réplication
Virologie, Vol 17, n◦ 1, janvier-février 2013
des virus mutants pour nsP3 indique que la protéine est
impliquée dans la synthèse du brin (-) et de l’ARN sousgénomique. Le site de clivage entre nsP2 et nsP3 est le
dernier à être clivé, suggérant que P23 ainsi que nsP3 ont
un rôle de commutateur dans la spécificité de la polymérase
pour les promoteurs (ARN(-), ARN génomique et ARN
sous-génomique). Même si une récente étude a montré le
rôle crucial de nsP3 dans la régulation de l’activité protéase
de nsP2 sur le site P23 [26], le mécanisme exact de cette
permutation reste à définir [24, 61]. La protéine contient
trois domaines distincts (figure 3) :
– un macrodomaine en N-terminal ;
– un domaine spécifique des alphavirus dans la région centrale riche en cystéine ;
– un domaine hypervariable situé en C-terminal.
Le domaine « Macro », appelé initialement domaine X,
est très ubiquitaire puisqu’il existe aussi chez eucaryotes
supérieurs, les bactéries et même les archéobactéries.
Le macrodomaine est aussi présent chez d’autres virus à
ARN de polarité positive tels que le virus de l’hépatite E,
le virus de la rubéole et chez les coronavirus [62, 63]. Il
possède un repliement typique des domaines Macro des
histones, tel que macro-H2A, impliqués dans la régulation
de l’expression génique et l’inactivation du chromosome
X ainsi que d’autres régions de l’hétérochromatine [64].
La structure tridimensionnelle du macrodomaine des virus
VEE et CHIK a été élucidée. Le macrodomaine est constitué de quatre hélices ␣ entourant un feuillet composé de
six brins ␤ délimitant une poche contenant le site actif
de l’ADP-ribose 1 -phosphate phosphatase (figure 4) [65].
Les macrodomaines possèdent un site de fixation pour
différents dérivés de l’ADP-ribose tels que le mono-ADPribose, ou le poly-ADP-ribose (PAR). La caractérisation
biochimique des nsP3 de SFV, CHIK et VEE couplée à
l’analyse structurale des deux dernières protéines a révélé
que la protéine possède une affinité variable pour l’ADPribose selon les virus. Par contre, elle fixe efficacement le
PAR ainsi que l’ARN par des modules contenant plusieurs
patchs électrostatiques positifs [62, 65, 66]. La différence
entre les virus étudiés réside dans l’activité ADP-ribose 1 phosphate phosphatase qui est présente chez CHIK et VEE
mais serait à peine détectable chez SFV, indiquant que le
macrodomaine pourrait jouer plutôt un rôle de module de
fixation aux dérivés de l’ADP-ribose que de phosphatase
proprement dite.
Au vu de la localisation purement cytoplasmique de nsP3,
il est difficilement envisageable qu’elle soit directement
impliquée dans la régulation de l’expression des gènes de
l’hôte de la même manière que les protéines à macrodomaines cellulaires. Toutefois, il a été montré que l’infection
par les alphavirus conduit à l’activation de l’ADPribose polymérase (PARP-1) cellulaire. Celle-ci ajoute
39
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revue
des groupements ADP-ribose à différentes protéines de
la machinerie réplicative et transcriptionnelle de la cellule
(ADN polymérases, ARN polymérases, topoisomérases. . .)
conduisant à leur inactivation et finalement au déclenchement du processus apoptotique. L’infection de cellules
PARP-1 -/- ainsi que l’utilisation d’inhibiteurs de PARP1 indiquent que l’apparition des signes apoptotiques au
niveau des cellules infectées est retardée et que la PARP1 n’est pas absolument requises pour la réplication des
alphavirus ou encore seraient déclenchés par d’autres PARP
[67]. Le recrutement de la PARP-1 est indépendant du
macrodomaine puisqu’il semble se faire via le domaine
C-terminal de nsP3 [68]. Chez les coronavirus, il a été
montré dernièrement que le macrodomaine est impliqué
dans l’échappement viral et permet au virus d’entraver la
réponse innée de l’hôte en contrant l’effet des interférons
de type I [69]. Un tel scénario pourrait être conservé chez
les alphavirus puisque les mutations dans le macrodomaine
diminuent de façon drastique la virulence du virus in vivo
[68].
La protéine nsP3 fait partie de complexes protéiques regroupant des protéines du cytosquelette (myosine, tubuline,
vimentine, actine), des chaperonnes (Hsc70) ainsi que de
nombreuses protéines impliqués dans la liaison à l’ARN
(hnRNPs, G3 bp, Rps. . .). Ces complexes s’organisent en
deux fractions distinctes :
– une fraction associée aux membranes formant le
complexe de réplication contenant une forte proportion de
nsP1, 2 et 4 ;
– une fraction cytosolique associée aux endosomes [25, 70].
Le domaine C-terminal de nsP3 est très variable en
séquence et en longueur. Il contient des éléments de virulence car les mutations ou les délétions au niveau de ce
domaine affectent la neurovirulence chez la souris [71, 72].
La suppression des derniers 30 résidus de nsP3 affecte la
localisation cellulaire de la protéine, qui n’arrive plus à
s’associer aux protéines du cytosquelette et ne peut plus former le complexe de réplication affectant ainsi la synthèse
des ARN(-) et sous-génomique suggérant que le domaine
C-terminal de nsP3 joue un rôle clef dans l’interaction avec
le complexe de réplication mais également avec des acteurs
cellulaires recrutés durant le cycle de l’infection [73]. Ce
domaine est riche en résidus Ser et Thr phosphorylables
mais également en résidus acides et en prolines qui pourraient éventuellement avoir un rôle dans l’activation de la
transcription [74, 75]. Les motifs riches en prolines présents
à l’extrémité C-terminale du domaine pourraient recruter
des protéines à domaine SH3 (domaine d’homologie 3 Src).
La mutation de ces motifs indique que l’amphiphysine I,
protéine impliquée dans l’endocytose et le trafic vésiculaire, peut être recrutée, via son domaine SH3, par nsP3 aux
sphérules, siège du complexe de réplication. Cela permettrait au virus de déclencher les remodelages membranaires
40
nécessaires à la formation des structures vésiculaires et à
la protection des intermédiaires de réplication double brins
[38, 76].
Protéine non structurale 4 (nsP4)
Des analyses de séquences indiquent que nsP4 possède un
motif GDD conservé qui est caractéristique d’une polymérase virale. Le rôle de polymérase attribué à nsP4 s’appuie
initialement sur l’identification de mutations au niveau du
domaine polymérase (figure 3) qui pouvaient soit abolir totalement la synthèse de l’ARN viral, soit bloquer
la production d’ARN(+) conduisant à une accumulation
d’ARN(-). Des études de marquage métabolique indiquent
que la protéine est très instable et rapidement dégradée dans
les cellules infectées. Ce phénomène est dû à la présence
d’une tyrosine en N-terminal de la protéine qui conduit à
la dégradation de celle-ci par une voie, dite du N-terminal,
dépendante de l’ubiquitination. L’instabilité de nsP4 expliquerait la viabilité des virus dont le site de clivage entre
P123 et nsP4 a été aboli. La présence d’un résidu aromatique
en N-terminal semble crucial non seulement pour la stabilité mais également pour le positionnement de l’enzyme
au sein du complexe de réplication. La substitution de la
tyrosine N-terminale ou encore de résidus clefs de la polymérase conduit à l’apparition de révertants ayant acquis une
mutation compensatoire dans nsP1, suggérant un lien étroit
entre ces deux protéines [77, 78].
La caractérisation de la protéine a principalement été limitée par l’absence d’un système robuste de production
de la protéine recombinante. L’expression de la protéine tronquée pour les 97 acides aminés en N-terminal
(97), correspondant à la région non structurée, a permis d’améliorer la stabilité de la protéine recombinante
et observer l’activité terminal-adénylyltransférase de nsP4
[79]. L’expression de la protéine avec une étiquette SUMO
a confirmé cette activité, qui est 30 fois plus importante
pour la protéine totale comparée à la forme 97. La protéine complète, produite de cette manière, n’arrive pas
à synthétiser d’ARN(+) (génomique et sous-génomique)
et ne synthétise le brin (-) qu’en présence de fractions
membranaires contenant le polypeptide P123 [80]. Ces
résultats contrastent avec les données publiées par Thal
et al. [81] qui montrent clairement que nsP4, isolée par
ultracentrifugation de cellules infectées, peut synthétiser le brin(-) et l’ARN génomique indépendamment des
nsP et que ces dernières sont requises pour la synthèse
de l’ARN sous-génomique. Les études confirment, néanmoins, que la reconnaissance par nsP4 du promoteur de
l’ARN sous-génomique nécessite la présence d’autres nsPs.
La reconnaissance par nsP4 des promoteurs pour l’ARN
génomique et sous-génomique impliquent des interactions
alternatives puisque différents résidus arginine, au sein de
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revue
nsP4, sont sollicités pour la synthèse de ces deux types
d’ARN [82].
Des analyses de comparaison de séquences couplées à
des expériences de mutagenèse ont mis en évidence
l’importance d’éléments régulateurs agissant en cis pour
la réplication du virus. La région située en 5 du génome est
hautement structurée et contient un agencement de quatre
structures en « tige boucle » bien conservées malgré la faible
similarité de séquence entre les espèces. Ces structures ne
sont pas toujours interchangeables entre espèces, tel que
cela a été démontré dans des expériences de substitution
entre SIN et SFV. De plus, il a été montré que la première
structure en tige boucle en 5 était cruciale pour l’interaction
de la matrice avec la tyrosine conservée en N-terminal de
nP4. Les autres tiges boucles agissent en tant qu’éléments
activateurs (enhancer). Ces structures sont retrouvées au
niveau du brin(-) (côté 3 ) mais requièrent la présence de
la queue poly-A ainsi que d’une séquence conservée de
19 nucléotides pour la transcription du brin(-), suggérant
une différence dans la reconnaissance des promoteurs en
5 et en 3 [42, 78, 81, 83]. Le domaine N-terminal de
nsP4 n’adopte pas de structure définie mais joue un rôle
décisif dans la régulation de l’activité de nsP4 et du choix
des promoteurs. La substitution dans ce domaine de résidus chargés ou flexibles indique que les acides aminés
sollicités lors de la synthèse du brin(-) et de l’ARN sousgénomique sont distincts. Le caractère désordonné de ce
domaine lui assurerait une flexibilité lui permettant d’agir
en tant qu’adaptateur entre le domaine polymérase, les différentes séquences régulatrices ainsi que le complexe de
réplication constitué d’autres nsP (et changeant au cours
de l’infection) [42, 79, 84]. Par ailleurs, ces mutations
ont révélé l’apparition de révertants présentant des substitutions dans nsP2 et nsP3. Bien que les expériences de
co-immunoprécipitations n’ont pu révéler une interaction
directe entre ces deux protéines avec nsP4, il existe un
partenariat entre ces trois protéines (via nsP1 ou des facteurs cellulaires) permettant d’activer la synthèse de l’ARN
sous-génomique et de réguler la machinerie de traduction
de l’hôte [78, 84].
Interactions hôte virus
Les interactions entre les alphavirus et l’hôte vont avoir
deux conséquences principales :
– le virus interfère avec la machinerie de transcription et de
réplication de la cellule pour détourner la synthèse d’ARN
et de protéines à son profit ;
– le virus bloque la réponse immunitaire innée afin de
finaliser sa réplication et d’assurer l’infection d’un nombre
maximal de cellules.
Virologie, Vol 17, n◦ 1, janvier-février 2013
La répression de la transcription de l’hôte est assurée
principalement par nsP2, puisque son altération empêche
l’inhibition transcriptionnelle de la cellule infectée. Chez
les virus du nouveau monde, ce processus implique également la protéine de la capside suggérant une différence
importante dans l’interaction avec l’hôte entre les virus
de l’ancien monde et du nouveau monde. La protéine de
la capside forme des complexes multimériques avec les
récepteurs d’import (importines ␣/␤) et d’export (CRM)
nucléaire obstruant ainsi le trafic à travers les pores
nucléaires [55, 56, 60, 85]. Plusieurs études utilisant des
techniques d’immunoprécipitation ou de double hybride
couplées à la spectrométrie de masse ont permis d’identifier
un certain nombre d’acteurs cellulaires interagissant avec
nsP2, 3 et 4. Certains de ces acteurs cellulaires sont des
protéines ayant une affinité pour l’ARN, telles que les
ribonucléoprotéines nucléaires héterogènes (hnRNPs), la
protéine ribosomale S6 (RpS6), les G3BPs (Ras-GTPase
– activating protein SH3-domaine-binding protein). Ces
protéines sont impliquées dans la traduction, la maturation
et le transport des ARN [8, 25, 86, 87].
L’interaction de la forme libre de nsP2 avec RpS6 permettrait d’accroître la liaison aux ribosomes de l’ARN
sous-génomique ou d’un ARNm cellulaire critique pour la
réplication virale. Cette interaction est aussi présente dans
les cellules d’insectes suggérant un mécanisme commun de
détournement de la traduction. Il est de même pour les protéines de types G3BP, qui interagiraient avec nsP3/nsP4 et
seraient impliquées dans la dégradation de l’ARNm et la
formation de granules d’expression d’ARN. Au niveau
transcriptionnel, il a été montré récemment que nsP2 pouvait induire la dégradation de Rpb1 (sous-unité catalytique
de l’ARN polymérase I et II) de façon dépendante de
l’ubiquitine dans les cellules de vertébrés, permettant au
virus de bloquer rapidement la transcription de façon non
sélective. De plus, nsP2 et nsP3 vont recruter différentes
hnRNPs (hnRNP K et hnRNP A1) qui seront relocalisées
dans le cytoplasme suite à l’infection virale. Ces dernières
pourraient être impliquées dans la phosphorylation de nsP3,
l’activation de la transcription de l’ARN SG ou encore la
stimulation de la traduction par fixation aux régions non
traduites (5 UTR) [7, 8, 87-90].
Cependant, il est important de noter que les descriptions
ci-dessus concernant le rôle des protéines de l’hôte restent à confirmer, puisqu’elles sont basées essentiellement
sur les rôles décrits dans la littérature pour ces différentes
protéines. De plus, la spécificité des interactions identifiées
par les méthodes citées ci-dessus restent à confirmer in vivo.
Bien que certaines d’entre elles semblent réellement interagir avec le complexe de réplication viral, il est difficile
de dire dans de nombreux cas, et sans ambiguïté, quelle
est la nsP impliquée. De ce fait, le mécanisme exact par
lequel les nsP modifieraient les ribosomes, les constituants
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ribosomiques ou encore le complexe de réplication cellulaire restent à élucider.
La seconde barrière importante pour le virus est celle de la
réponse antivirale de l’hôte. L’infection par les alphavirus
conduit à l’induction de sécrétion de cytokines, notamment des interférons de type I (IFN␣ et ␤) et II (IFN␥).
La stimulation de la production d’IFN est dépendante du
type cellulaire et du virus mis en jeu. Ainsi, le VEEV va
induire une réponse beaucoup plus robuste que le SINV.
L’importance de la production d’IFN dans la réponse antivirale aux alphavirus a été soulignée par les expériences
utilisant des souris dont les récepteurs aux IFN, la RNase L,
la protéine kinase R (PKR) ou d’autres acteurs de la signalisation des IFN (␣/␤) ont été mutées (expériences revues
dans [91]). Le déclenchement de la réponse antivirale passe
par la reconnaissance de motifs moléculaires pathogèneassociés (pathogen-associated molecular pattern [PAMP])
et par des récepteurs de reconnaissance de motifs (pattern recognition receptor [PRR]). Les PAMP présentés par
les alphavirus ainsi que les PRR les reconnaissant restent à identifier. Cependant, il a été montré que la PKR
ainsi que Melanoma Differentiation-Associated protein 5
(MDA5), protéine apparentée à RIG-I, sont impliquées
dans l’induction d’IFN de type I. Ces deux protéines fixent
l’ARNdb, suggérant que les intermédiaires de la réplication, sous forme double brin, présents dans les sphérules
constituent un PAMP important [3, 92, 93]. L’IFN va agir
de façon paracrine et autocrine pour activer les gènes stimulés par l’IFN (ISG) afin de prévenir les cellules non infectées
de la présence du pathogène mais également de provoquer
l’arrêt des processus cellulaires nécessaires à la poursuite
de l’infection, en attendant la réponse immunitaire adaptée. La progression de l’infection repose sur la capacité
du virus à contrer l’effet de l’IFN. Les nsP vont jouer un
rôle crucial dans cette interférence qui est indépendante de
l’inhibition de la machinerie de synthèse macromoléculaire
de la cellule. L’expression des nsP, notamment de nsP2 de
SFV et VEEV, conduit à la déphosphorylation de STAT1,
qui agit en tant qu’activateur en association avec le facteur
de régulation de l’IFN9 pour stimuler les ISG [54, 93, 94].
Finalement, des études sur RRV indiquent que ce dernier
abroge l’activation d’IFN en empêchant la phosphorylation d’IFN3, facteur de transcription activé par les PRR et
impliqué dans la transcription des IFN de type I. Toutes ces
informations suggèrent que la suppression de la réponse
antivirale est également dépendante de l’espèce [95].
Conclusion
Malgré l’accumulation de données sur le complexe de réplication des alphavirus ces dernières années, de nombreuses
42
questions concernant la fonction des différents domaines
des nsP restent à élucider. La résolution de la structure
tridimensionnelle ainsi que la caractérisation biochimique
des nsP sont des étapes clés pour comprendre les multiples
mécanismes et interactions mis en jeu, ainsi que pour concevoir des inhibiteurs ciblant spécifiquement ces protéines. La
compréhension des phénomènes moléculaires à la base des
interactions entre les alphavirus et les cellules hôtes est un
domaine actuellement en pleine effervescence, qui permettra bientôt de fusionner les approches de lutte antivirale
directes, par l’inhibition d’enzymes virales, et indirectes,
par la modulation/stimulation appropriée de l’immunité
innée de la cellule infectée.
Conflits d’intérêts : aucun.
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