Journal Identification = VIR Article Identification = 0477 Date: February 20, 2013 Time: 3:55 pm
revue
Poissons
Vieux monde
Mammifères marins
Nouveau
monde
SPDV
BFV
MIDV
SFV
RRV
SAGV
MAYV
ONNV
CHIKV
SESV
AURAV
SINV
WHATV
AG80V
CABV
78V3531V
71D1252V
TONV
MUCV
EVEV
VEEV
PIXV
EEEV-I
EEEV-II
EEEV-III
EEEV-IV
10 % de divergence en a. a.
SINV (Ockelbo)
SDV
100
100
100 100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100 100
100
91
87
93
96
96
88
97
97
100
Figure 2. Arbre phylogénétique des alphavirus. L’arbre (non
raciné, obtenu par la méthode «neighbor joining ») représente les
principaux alphavirus discutés dans la revue, rassemblés dans leur
groupe antigénique respectif, à l’aide de la séquence complète des
protéines structurales (polyprotéine). L’arbre illustre la séparation
des virus du nouveau monde et de l’ancien monde. L’inclusion
des alphavirus aquatiques permet de souligner la diversité du
genre alphavirus. Les abréviations sont : SPDV : salmon pancreatic
disease virus ;SDV:sleep disease virus ; EEE : eastern equine
encephalitis virus ; PIXV : pixuna virus ; VEEV : venezuelan equine
encephalitis virus ; EVEV : Everglades virus ; MUCV : mucambo
virus ; TONV : tonate virus ; 71D1252 V, 78V3531 V, AG80 V :
souches dérivées du VEEV ; CABV : Cabassou virus ; WHATV :
Whataroa virus ; SINV : Sindbis virus ;AURAV:Aura virus ;
SESV : southern elephant sea virus ; CHIK : Chikungunya virus ;
ONNV : O’nyong nyong virus ;MAYV:Mayaro virus ;SAGV:
Sagiyama virus ;RRV:Ross River virus ; SFV : Semliki Forest
virus ; MIDV : Middelburg virus ;BFV:Barmah Forest virus.
Figure modifiée et adaptée de [16], préparée d’après [1].
plus d’homologie de séquence avec le virus EEE que SF.
Les virus MAY et UNA ont été isolés en Amérique du Sud
et dans les Caraïbes, pourtant ils possèdent des comple-
xes antigéniques de type SF (tableau 1) et provoquent des
polyarthrites sévères, signes cliniques caractéristiques des
virus de l’ancien monde. Dans les arbres phylogénétiques
établis à partir des séquences de E1 ou de nsP4, ces deux
virus se retrouvent toujours dans le groupe des virus de
l’ancien monde tels que SF, ONN et CHIK (figure 2). Ces
différents résultats ont suggéré une recombinaison entre les
virus du nouveau monde et de l’ancien monde au cours de
l’évolution [10-13].
La découverte de nouvelles espèces virales ainsi que
l’accumulation de données sur les séquences nucléotidiques
des différents virus ont permis de formuler trois hypothèses
quant à l’origine et l’évolution des alphavirus. La première
hypothèse propose que les alphavirus soient apparus dans
le nouveau monde et dérivent d’un virus de plante adapté
aux insectes. Ce virus ancestral aurait traversé l’atlantique
au moins trois fois conduisant dans un premier temps à
l’introduction dans l’ancien monde de l’ancêtre des virus
possédant les complexes antigéniques BF, MID, NDU et
SF. Une deuxième expatriation aurait permis l’introduction
dans l’ancien monde de l’ancêtre des virus exhibant le
complexe antigénique WEE (WHA et SIN). Finalement,
des ancêtres de MAY et UNA (complexe antigénique SF)
auraient été importés dans le nouveau monde. L’hypothèse
de l’origine « nouveau monde » a été renforcée par les
études de séquences de la « structure avale » (downstream
loop [DLP]) de l’ARN 26 S qui suggère une origine « nou-
veau monde » des alphavirus [14].
La deuxième hypothèse prône l’apparition du virus ances-
tral dans l’ancien monde qui aurait subi trois flux
migratoires permettant d’introduire l’ancêtre des virus à
encéphalites en Amérique. Ce virus, après avoir divergé
en différents complexes antigéniques (WEE, EEE et VEE),
aurait été réintroduit dans l’ancien monde (SIN et WHA).
Le troisième voyage aurait permis d’introduire les ancêtres
de MAY et UNA dans le nouveau monde. Les différentes
vagues de migration auraient été assurées par les oiseaux
migrateurs ainsi que les échanges commerciaux et migra-
toires développés depuis la découverte du nouveau monde.
Aux travers de ces flux migratoires, les ancêtres des dif-
férents complexes antigéniques se seraient adaptés à de
nouveaux habitats et surtout à des hôtes très variés (ron-
geurs, mammifères et oiseaux), ce qui aurait permis la
diversification des espèces et favorisé les recombinaisons
[1, 10-13, 15, 16]. Très récemment, l’étude de Forrester
et al. [17], basée sur la comparaison des génomes entiers
(excluant le domaine hypervariable C terminal de nsP3 et
N-terminal de la capside) des 29 espèces répertoriées, cou-
plée à l’analyse des résidus conservés de l’hétérodimère
E1-E2, a permis d’affiner le positionnement de certains
virus et notamment des virus aquatiques (SPD et SES). Ces
deux virus ont été longtemps considérés comme très éloi-
gnés génétiquement des autres du fait qu’ils n’avaient pas
besoin d’hôtes invertébrés pour se répliquer. Cependant,
la découverte de poux marins, pouvant infecter certains
salmonidés (Lepeophtheirus salmonus) ou encore de mam-
mifères marins (Lepeophtheirus macrorrhini), porteurs de
virus, suggère la présence éventuelle d’un réservoir aqua-
tique [18, 19]. Ces découvertes couplées aux résultats de
Forresters et al. 2012, qui replacent SPD et SES comme
étant ancestraux par rapport aux autres, mettent en avant
une troisième hypothèse sur l’origine et la propagation des
alphavirus (figure 2). Selon cette hypothèse (dite aqua-
tique), les alphavirus terrestres seraient d’origine marine.
Les ancêtres marins auraient été transmis à des inver-
tébrés terrestres et à des insectes. Après adaptation à
différent hôtes, divergence et éventuelle recombinaison, ces
Virologie, Vol 17, n◦1, janvier-février 2013 35
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