le théâtre c`est dans

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FICHE PÉDAGOGIQUE
T’AS QUOI DANS LE VENTRE ?
LE THÉÂTRE
C’EST DANS
TA CLASSE
ÉDITION 15/16
DISPOSITIF
LE THÉÂTRE C’EST (DANS TA) CLASSE
FICHE D’IDENTITÉ DU SPECTACLE
T’AS QUOI DANS LE VENTRE ?
Un monologue de Odile CORNUZ
Mise en scène George GUERREIRO
Jeu (en alternance)
Simon ROMANG et Patric REVES
Durée 30 minutes de représentation + 15 minutes d’échange
Âge conseillé élèves de 4ème et 3ème
Production Les Scènes du Jura
Le texte est une commande des Scènes du Jura
Calendrier de la tournée 2016 dans les établissements scolaires
Canton de Genève : du 12 au 15 janvier / du 1er au 12 février / du 22 au 26 février
Jura : du 18 au 29 janvier
Canton de Neuchâtel : du 15 au 19 février
Haute-Savoie : du 29 février au 4 mars
Canton de Vaud : 7 mars
Contacts
Soraya Mebarki – [email protected] – 03 84 86 03 04
Lysiane Abitbol – [email protected] – 03 84 86 08 92
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PRÉPARATION AVANT LA REPRÉSENTATION
PROPOSITION D’ACTIVITÉ (45 MN MAXIMUM)
Afin de préparer les élèves à la représentation, il est intéressant de les rendre curieux de la
pièce qu’ils vont voir en partant des 2 extraits du texte de la pièce proposés ci-dessous, de
les mettre en regard, les comparer.
La lecture des extraits suivie d’un questionnement collectif en classe permettra en effet
d’aiguiser la curiosité des élèves, par rapport à l’interprétation que fera ensuite le comédien, et plus largement par rapport au processus dramaturgique, du texte à la scène.
Il s’agit de questionner « ce qui fait théâtre », de revenir à son sens premier (texte / voix et
jeu du comédien), de permettre ainsi une appréhension plus directe et plus personnelle de
ce qu’est le théâtre (et peut-être au passage se débarrasser de certains clichés !).
Bref, il s’agit de se questionner sur le sens du dispositif Le théâtre c’est (dans ta) classe !
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EXTRAIT 1
« Good job ! Je crois qu’il est amoureux, ce dragon. Je l’ai eu jusqu’au trognon. Vous le voyez, là, qui revient ? Il a perdu son agressivité. Il avance
à petits pas pour ne pas faire trembler le sol, comme s’il s’excusait de
marcher. Je vais le laisser mariner dans son jus. Je vais l’ignorer. Je
peux m’amuser un peu. Il m’a déjà bouffé une dizaine de vies. (…) Ok,
il est bouleversé par ma présence, il me fait les yeux doux, il m’a emmené faire un tour – mais s’il en voulait plus ? S’il m’enlevait ? Si sa
découverte du vrai moi, du moi sans tutu, le rendait furieux ? Là j’aurais
plus de botte secrète, pas de refuge, brûlé toutes mes cartouches... Je
dois profiter de sa confiance, de son aveuglement, de son amour. Ça me
débecte, mais c’est le moment. Vous le garderez pour vous, hein ? Vous
n’irez pas le raconter plus loin ?
Il s’adresse au monstre. Voix de fausset.
Drago dragonneau ! Drago dragonnet ! Drago dragonnichou ! Viens près
de moi ! Là, là... Oh, mais tu m’as l’air tout maigre. Ça fait des heures que
t’as rien mangé, toi ! Je vais te faire goûter un de ces trucs ! Ferme les
yeux. Là il ferme les yeux et je me déteste. Voilà, surtout garde les yeux
fermés ! »
QUESTIONS POSSIBLES AUTOUR DE L’EXTRAIT 1
> Faire lire aux élèves les extraits dans leur tête dans un premier temps.
Un élève peut-il résumer ce qui s’y passe ?
Où pourrait se passer une scène comme celle-ci (plusieurs réponses possibles : dans une
forêt, dans un jeu vidéo, dans un conte, etc.) ?
Y a-t-il dans ce passage des indications scéniques pour le metteur en scène (définition de
la didascalie).
Comment se représentent-ils le personnage de cet extrait ?
Comment se représentent-ils le dragon ? (description orale, ou à travers un dessin)
> Si des élèves sont volontaires, peuvent-il ensuite lire eux-mêmes ce passage à voix
haute ?
Dans quel état d’esprit se trouve le personnage selon eux (en colère, fébrile, nerveux, content
de lui ?...) Quelle intention de jeu le metteur en scène pourrait-il proposer à ses comédiens
(deux comédiens jouent la même pièce en alternance dans les classes) dans ce passage ?
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EXTRAIT 2
Le doigt quasi coupé à la patinoire sous la lame de Fabio – maladroit, Fabio. T’es là, le cul par terre sur la glace et Fabio veut te montrer comme
il maîtrise les dérapages, sauf qu’il les maîtrise pas... plein de sang,
mais pas tout à fait coupé, le doigt. Tu gardes une cicatrice, bien sûr –
vous voulez voir ?
Ou alors la tête sous l’eau à la piscine, l’été de tes sept ans, par défi parce
qu’un gosse super chiant qui parle même pas ta langue te nargue en faisant la pièce droite. Alors par fierté tu plonges enfin ta tête sous l’eau. Et
comme c’est assez agréable – quand t’as compris qu’il faut souffler par
le nez pour pas t’en prendre plein la gorge et tousser comme un phoque
– tu passes l’été dans le chlore. Même que t’as les yeux tellement rouges
à la rentrée que la prof te garde après la classe pour te demander si ça
va bien, à la maison et tout, parce que t’as l’air d’un chien qu’aurait chialé tout l’été – ben non Madame, ça va bien, je suis content, je sais mettre
la tête sous l’eau...
(…)
T’as d’autres cicatrices ? Celle du vol plané mythique à la gym ? Tes genoux, tes coudes, tes paumes, tous râpés parce que c’était les épreuves
de fin d’année et que ça se passait dehors dans la cour : du bitume sous
la peau. Et ton nez, un massacre ! Encore Fabio, mais là il était jaloux et
il t’a pas loupé. Des fois l’amitié ça se transforme : on se regarde avec
des couteaux dans les yeux et on se dit des trucs du style – eh microbe
j’aurais mieux fait de te couper le pied à la patinoire.
AUTOUR DE L’EXTRAIT 2
> Faire lire aux élèves cet extrait à voix haute à plusieurs (par exemple, chacun un paragraphe) ou bien d’abord dans leur tête, dans un premier temps.
QUESTIONS POSSIBLES
> LES PERSONNAGES
Quels sont les personnages dans cette scène ? De quel personnage suit-on le point de vue ?
Comment vous le représentez-vous ?
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> LE NIVEAU DE LANGUE
Comment s’exprime Claude, dans quel style ? Comment peut-on caractériser le niveau de
langue du texte (langage parlé ?) Qu’est-ce que ce choix stylistique de l’auteur provoque
chez le spectateur quand on entend le texte à l’oral ? Pourquoi a votre avis fait-elle s’exprimer son personnage de cette manière ? (le rendre plus proche, ou plus réel ? Le situer dans
le temps, aujourd’hui ?)
Voici quelques éléments biographiques sur l’autrice qui peuvent aussi être lu par les élèves
pour faire connaissance avec son parcours :
ODILE CORNUZ
Née en 1979, a publié Pourquoi veux-tu que ça rime ? (d’autre part, 2014),
Terminus et Onze voix de plus (L’Âge d’homme, Poche suisse, 2013), Biseaux
(d’autre part, 2009, Prix Anton Jaeger 2010) et Terminus (L’Age d’homme,
2005). Côté théâtre, elle réside en 2003 au Royal Court de Londres et sa
pièce Amants / Amis / Ennemis, est traduite en anglais. La même année
Anne Bisang met en scène sa Saturnale à la Comédie de Genève. En 2005,
Robert Sandoz monte L’Espace d’une nuit au théâtre du Pommier à Neuchâtel, où elle habite. Elle écrit Cicatrice, pièce publiée chez Campiche
en 2008. Sa pièce Haut vol est traduite et jouée au Stadttheater de Berne
en 2009. En 2011 elle écrit le livret Morceau de nuit, pour une musique
de François Cattin (mise en scène Anne-Cécile Moser). En 2013 elle crée
avec le musicien Maurizio Peretti Biseaux reloaded, une aventure poétique
et sonore. Elle propose régulièrement des lecture publiques de ses textes.
> RÉFLÉCHIR À LA MISE EN SCÈNE
Claude évoque dans ce passage des souvenirs. Imaginez une scène dans le présent, où vous
vous mettriez à raconter à quelqu’un un souvenir. Qu’est-ce qui distingue les différents niveaux de lecture, celui du présent, où l’on s’adresse à quelqu’un, et celui du passé dont on
parle ? Comment faire pour signifier qu’on passe de l’un à l’autre à l’oral ? et en jouant la
scène ?
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POUR ALLER PLUS LOIN, APRÈS LA REPRÉSENTATION
PROPOSITION D’ACTIVITÉ
Afin d’exercer le regard critique des élèves, on peut demander à chaque élève de rédiger par
la suite un court compte-rendu de la représentation théâtrale :
Qu’est-ce que ça raconte ?
Quelle est selon l’élève la scène la plus marquante ? La moins marquante ? Pourquoi ?
Comment peut-on décrire le jeu du comédien ?
EXEMPLE DE RETOUR DES ÉLÈVES ET DES ENSEIGNANTS EN 2014-2015
A. « Nous avons vu le jeudi 29 janvier une représentation de la pièce Un apprentissage. Ce
qui est à la fois déstabilisant et séduisant dans ce dispositif, c’est qu’on est vraiment près de
l’acteur. Sa voix était vraiment impressionnante : elle était forte et elle portait loin. De plus,
même s’il se déplaçait comme il voulait à travers la classe, ses gestes ne semblaient pas vraiment improvisés. À un moment, il est même monté sur un bureau pour montrer la grandeur
du cheval de Troie.
À la fin, l’acteur est sorti et on a mis un petit moment à comprendre que c’était fini. On a alors
applaudi et il est revenu saluer. Il a ensuite enlevé son « costume », un manteau imperméable,
et il s’est habillé en « civil » avec un bonnet et une chemise à carreaux. On a alors bien vu qu’il
avait totalement joué un personnage et qu’il était différent.
Le moment d’échange qui a suivi était très intéressant. L’acteur a pris le temps de répondre à
nos questions. Il nous en a aussi posé sur la pièce et sur ce que nous avions compris. Certains
élèves ont dit qu’ils avaient été émus par l’histoire de ce père qui retrouve son fils, d’autres
n’avaient pas tout compris de l’histoire et cela nous a permis d’éclaircir certains points.
Nous avons apprécié cette représentation car c’est le théâtre qui vient vers nous et non le
contraire : c’est confortable mais aussi bien parce que nous n’allons pas si souvent au théâtre.
En plus, cela permet de voir de très près un acteur jouer, plus près que sur une scène de
théâtre. Et enfin, cela nous a fait voir notre salle de classe différemment pendant une heure,
ce qui est assez agréable. »
(groupe 113 (ECG Ella-Maillart). Classe de Mme TARAZI)
B. « Nous avons vu le 27 janvier une représentation de la pièce Je serai seule, insignifiante et
comblée. Cette représentation était très intéressante du fait que nous soyons dans une salle
de classe en contact direct avec l’actrice, ce qui met dès le début un cadre chaleureux et palpitant.
L’actrice joue avec le décor de la classe et le seul son qui est produit est celui de l’actrice et du
public ce qui rend l’histoire plus réaliste et met le spectateur dans l’histoire. Du fait que ce soit
un monologue il est plus simple de comprendre l’histoire car on a besoin de connaitre qu’un
seul personnage et qu’il est de la même tranche d’âge que nous ce qui ne met pas une grande
différence de langage et d’humour.
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PROPOSITION D’ACTIVITÉ > EXERCICE D’ÉCRITURE
La pièce se termine par une série d’affirmations :
« J’ai le droit d’exister.
J’ai ma place sur la planète.
J’ai des mots plein la bouche.
J’ai des histoires au bout des doigts.
J’aurai jamais la photo de mes enfants en fond d’écran.
Je deviendrai jamais un adulte qui mange à heures fixes.
Je veux pas ressembler à ceux qui obéissent à leur réveil chaque matin, la foule qui suit au
nom du devoir le sens des événements.
Je veux m’ancrer dans un trou de roche et m’en extraire comme un oiseau, inespéré.
Je veux me faufiler sur le vent, sous la pluie, partout et nulle part, habitant de l’air et libre
comme le souffle.
Je veux être dedans et au-dessus de la nature.
Je veux être celui qui surprend et celui qui touche. »
> À ton tour, écris un texte sur ce modèle, qui commence par :
J’ai le droit d’exister.
J’ai ma place sur la planète.
J’ai…
J’ai…
J’aurai jamais…
Je deviendrai jamais…
Je veux pas ressembler à…
Je veux…
Je veux…
PROPOSITION D’ACTIVITÉ > AVATAR ET MÉTAPHORE
Définition d’un avatar : En informatique, un avatar est un personnage virtuel que l’utilisateur
d’un ordinateur choisit pour le représenter graphiquement, dans un jeu électronique ou
dans un lieu virtuel de rencontre. Originellement, dans l’hindouisme, un avatar est une incarnation (sous forme d’animaux, d’humains, etc.) d’un dieu, généralement Vishnou. Depuis
la fin du XIXe siècle, avatar s’emploie plus généralement au sens figuré de métamorphose,
transformation d’un objet ou d’un individu.
« Ok. Ok ! Il est dans mon ventre, ce dragon, j’avoue. Ça veut pas dire qu’il existe pas. »
Dans la pièce, que représente selon vous le dragon, pour Claude ? Est-ce un simple personnage de son jeu vidéo ? Que veut-il dire quant il avoue que le dragon est « dans son ventre » ?
Quel est ou quelles sont les émotions qui se traduisent physiquement par le ventre (la peur ?
la colère ?). Est-ce que le dragon peut être une métaphore d’un élément de lui-même ?
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IMAGINONS LA CLASSE EN TABLEAU THÉÂTRAL !
On écarte tables et chaises pour former un gradin improvisé. On peut réunir
deux classes dans une même salle. Le comédien ou la comédienne apparaît,
sans décor ni artifices lumineux ou sonores, dans un rapport direct entre aire
de jeu et auditoire.
Parole adressée, en saillie, parole d’aujourd’hui pouvant évoquer des problématiques, des paysages, des obsessions adolescents. Théâtre a cru. C’est la
proximité de l’interprète et la force de la parole qui fond l’assemblée théâtrale.
Nous cherchons, à travers ce concept, à faire sortir le théâtre de ses gonds,
faire en sorte qu’il pénètre les établissements scolaires et que fiction et
conversation, art et parole partagée, soient le cœur de notre dispositif.
Après le jeu, la conversation : l’interprète échange avec le public ; propos à
chaud, dans la résonance des mots.
Nous souhaitons au fil du temps constituer un répertoire susceptible de rencontrer des jeunes gens non engagés dans une démarche volontaire de spectateur de théâtre. Non pas pour les convaincre de la nécessité de s’y rendre, mais
parce que nous pensons primordial que la littérature soit encore un lieu habité
et vivant.
En bref, il nous semble essentiel d’adresser une parole poétique à la jeunesse,
à ses visages multiples, à son présent et son avenir, non pas dans une attitude
paternaliste et condescendante, mais dans une démarche de curiosité, dans un
désir d’échanges, parce que la poésie est une promesse et l’origine de l’action
vraie, et parce qu’au cœur de nos missions de service public, dans nos théâtres
parfois boudés par les adolescents, dans une société qui ne sait pas toujours
comment les saisir, leur place est déterminante.
Nous voulons porter haut le verbe et la poésie, nous tourner vers des espaces
qui sont le cœur même de notre être-au-monde. Nous souhaitons donner de
l’air au présent, l’aérer par la parole vivante du poème et le partage d’expériences singulières – au cœur de nos désirs et de nos missions.
Virginie Boccard Directrice des Scènes du Jura
Fabrice Melquiot Directeur du Théâtre Am Stram Gram
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Les Scènes du Jura - Scène nationale
Direction Virginie Boccard
4 rue Jean Jaurès
39000 Lons-le-Saunier
03 84 86 03 03
www.scenesdujura.com
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