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B. L'animal nuisible
Les animaux sont par essence sauvages : comment l'homme s'en est-il accommodé ? Des forêts de
la Tunisie à l'Atlas, des rivages méditerranéen et atlantique aux zones présahariennes, pullulaient
diverses catégories d'animaux sauvages et fauves, auxquels appartiennent également les ours. Entre
peur et volonté de les chasser, les populations rurales durent lutter pour se protéger de ces animaux, des
sauterelles aux sangliers, qui s'attaquent aux cultures, ou des prédateurs, renards et rapaces, guettant les
troupeaux. Mais on interrogera tout autant l'archéologie et les sources sur les animaux chtoniens, de la
tortue aux reptiles, serpents et scorpions.
C. L'animal en représentation : symboles, iconographies, croyances
Les coquillages ont été utilisés pour les plus anciennes parures préhistoriques au monde et se
rencontrent au Maroc dès -80 000 ans. L'animal desservit aussi les plaisirs des Romains, paraissant dans
les jeux au titre même de trophée : leur possession marquait l'omnipotence impériale, ou celle du
patronus qui prouvait sa puissance par des munera et des venationes où apparaissaient les animaux les
plus variés. Ménageries et chasses princières : des animaux exotiques sont exportés à la cour de Frédéric
II ou d'Alphonse le Sage. Comme animaux de prestige, le cheval et le faucon -qui a acquis le statut
d'oiseau noble par excellence dans la mesure où il est non seulement le compagnon du prince, mais aussi
capable de voler plus loin et plus haut-, font l'objet de cadeaux, notamment dans le cadre des échanges
diplomatiques tout comme les girafes et autres éléphants.
On aura garde d'oublier l'importance, mieux connue, de la représentation animale dans l'art :
gravures et peintures rupestres, sculptures, mosaïques et céramique... La richesse et la variété de
l'iconographie animale dans les mondes punique et romain nord africains seront examinées au regard de
l'apport des données archéozoologiques ou ichtyologiques, et de l'apport des textes.
L'implication des modes de vie sur la langue sera un élément prépondérant qui viendra compléter
les analyses historiques et archéologiques. De la diffusion et de l'homogénéité du berbère, de
l'exploration/exploitation des sources lexicographiques anciennes : de nombreux glossaires et
documents remontant jusqu'au 12e siècle contiennent un riche vocabulaire animalier berbère. Une
exploration systématique du vocabulaire portant sur la faune sauvage et domestique (analyse morpho-
génétique et morpho-sémantique) pourra fournir des indices importants sur les processus de
domestication, les échanges avec les civilisations historiques, les pratiques et conceptions relatives à
l'élevage et aux animaux. Dans la littérature, l'animal oscille entre réalisme et merveilleux, trainant avec
lui nombre de récits et de mythes. Il peut être fantastique, extraordinaire : sphynx, griffons, ketoi... Et
l'on regardera, eu égard aux autres régions méditerranéennes, les fondements nord-africains de ces
représentations.
Sans aller plus avant, on le voit l'animal est omniprésent aux côtés de l'Homme. Le colloque
questionnera ces relations à la fois étroites et distanciées sur le terrain de l'Afrique du Nord, dans un
paysage dont il faudra rappeler les conditions. On travaillera aussi bien sur les sources archéologiques
que textuelles en ouvrant une large part à la linguistique et à la nomenclature.