5
Niché à 850 mètres d’altitude, en plein cœur du Vercors, le centre de Montchardon rassemble en son sein deux principes
fondateurs : bénévolat et spiritualité
Les « maçons du coeur »
Le chantier de la nouvelle citerne d’eau illustre au plus haut point les va-
leurs du centre : générosité et engagement déintéressé
Les murs de pierre dis-
posés dans le centre
? Intégralement faits
à la main », afrme
avec conviction Jean-Marc
Falcombello, président de
l’association de Montchar-
don. Au centre, en effet,
on a donné de sa personne
pour ériger ce lieu dédié
à l’étude et à la pratique
du bouddhisme. Et on en
donne encore aujourd’hui
pour continuer à le déve-
lopper. Preuve en est avec
le chantier de la nouvelle
citerne d’eau. Ces travaux
sont destinés à faire face
à la consommation d’eau
croissante sur le site, sur-
tout en été. Le mot d’ordre
sur le chantier : générosité
et engagement désintéres-
sé. Des valeurs qui guident
et inspirent l’engagement
des bénévoles aussi bien
en cuisine, à l’accueil ou
sur le chantier. Actuelle-
ment, deux mois après le
début des travaux, trois
bénévoles sont au four et
au moulin. Le plus ancien,
Sébastien, dirige les opéra-
tions. « Je séjourne à Mont-
chardon depuis sept ans.
J’ai appris les rudiments
du bâtiment (sic) sur le tas
», observe-t-il avec erté.
S’il n’est pas nécessaire
d’avoir des compétences
élargies de la construc-
tion, une bonne condition
physique se révèle indis-
pensable. Romain, ancien
étudiant aux beaux-arts,
manie désormais aussi bien
la truelle que le pinceau.
Son aide, il l’apporte sans
contrepartie. Ce don de
soi anime également le
troisième larron, Stefan.
Un homme costaud, la
quarantaine, originaire de
Düsseldorf, de l’autre côté
du Rhin. « A l’origine, je
suis venu à Montchardon
comme résident, raconte-
t-il avec un accent non dis-
simulé. Ma quête ? Surtout
le calme et la spiritualité
même si la vie en Alle-
magne me convenait. Je
souhaitais tout de même
m’échapper du tumulte de
la ville et je me retrouve
aujourd’hui comme béné-
vole sur ce chantier. »
Les travaux ont débuté n
mars et avancent dans les
temps. Le terrassement
achevé, les trois « maçons
du cœur » parachèvent le
petit local technique, situé
en contrebas de la future
citerne. Au mois d’oc-
tobre, la citerne d’eau de-
vrait voir le jour. L’énergie
déployée par les bénévoles
aura ainsi contribué à faci-
liter l’activité du boudd-
hisme. Une cause noble qui
incombe aux résidents de
Montchardon.
SébaStien (au Second plan) donne leS inStructionS aux autreS bénévoleS du chantier. ici romain (de doS)
valises à Montchardon,
il y a déjà quinze ans. «
J’ai toujours fonctionné
en communauté, que ce
soit sur le bateau ou ici.
Je développe ma vie en
aidant les autres. Mais,
surtout, en me mettant
au service du bouddhisme
et à son développement.
J’ai ainsi mûri mon côté
altruiste ». Son dessein
est simple : « Je veux être
vieux avec une richesse
dans le regard ». Pour
trouver cette « richesse
», elle suit l’enseignement
du bouddhisme avec les
autres résidents. Mais
chacun selon le rythme
qui lui convient. Des trois
prières quotidiennes,
chacun est libre d’y assister
ou non. En revanche, les
résidents se rassemblent
obligatoirement deux
fois par semaine pour les
groupes de parole. Il s’agit
de moments d’échanges.
« Le lundi, on partage
ensemble nos sentiments.
On peut dire ce qu’on a
sur le cœur, s’exprimer
sur des sujets profonds et
parfois sur nos inquiétudes
», souligne Grete. Le
mercredi, l’objectif de ce
deuxième groupe de parole
de la semaine consiste ni
plus ni moins à évoquer
le quotidien. C’est ici que
se règlent les tensions qui
peuvent de temps en temps
apparaître au jour le jour
au centre. Car l’esprit zen
prôné par la philosophie
bouddhiste n’empêche
pas toujours d’éviter les
conits. Surtout quand on
vit 24h sur 24 et 7 jours sur
7 en communauté...
REPORTAGE
LE GRAND
spiritualité