naison d’économie de la ressource, d’ecacité
énergétique et de compétitivité. Cette politique
climatique « intelligente » continuera à créer de la
richesse et des emplois dans des secteurs comme
les renouvelables, le traitement des déchets et
l’ecacité énergétique.
Quelle décisions les leaders européens
devront-ils prendre lors du conseil
européen de mars ?
C. H. : Ils vont examiner les propositions d’objec-
tifs pour 2030 que la Commission a présentées
le 22 janvier (lire le dossier pages 6-7). On verra
alors ce qu’ils garderont et ce qu’ils écarteront.
Mais de mon point de vue, il faut nous déci-
der avant la n de la mandature. Faute de quoi
notre industrie et les investisseurs ne sauront
pas avant 2016 ou 2017 de quoi sera faite notre
politique climatique après 2020. Nous devons
aussi déterminer notre politique à long terme
avant que Ban Ki-Moon ne tance les dirigeants
du monde entier à son sommet sur le climat en
septembre prochain.
Le paquet énergie climat 2030
ne comporte qu’un seul objectif
contraignant, la baisse de 40 %
des émissions de GES entre 1990
et 2030. Est-ce suffisant ?
C. H. : Ce train de mesures ne doit pas être néces-
sairement un copier-coller du précédent paquet
énergie climat. Mais il faut qu’il comporte une
forte dose d’ecacité énergétique et d’énergies
renouvelables.
Une « forte dose », ça veut dire
« des objectifs pour les renouvelables
et l’efficacité énergétique » ?
C. H. : Vous pouvez les construire de diérentes
manières en créant plus de exibilité pour les
États membres. Tout le problème, en ces temps
diciles, est d’attirer les investisseurs.
Le marché des quotas est-il toujours votre
instrument principal pour le climat ?
C. H. : Mettre un prix sur les choses est essen-
tiel. Et le marché des quotas (ETS) reste un outil
extrêmement important. On pourrait trouver
d’autres moyens pour déterminer le juste prix de
l’émission d’une tonne de GES, mais ça serait un
patchwork de 28 solutions diérentes. Il est vrai-
ment dans l’intérêt du monde économique euro-
péen d’adopter une approche communautaire
en la matière. C’est la force de l’ETS.
Comment allez-vous le rendre
plus efficace ?
C. H. : On ne parle pas de banque centrale du car-
bone. On rééchit plutôt à la manière de protéger
le marché des surallocations ou de sous-alloca-
tions de quotas au cas où l’activité économique ne
serait pas conforme aux prévisions. Tout le monde
peut comprendre qu’il vaut la peine d’essayer d’évi-
ter ça. N’oublions pas qu’un prix du carbone plus
élevé que le prix actuel peut stimuler l’innovation.
Et en Europe, on a besoin d’innovation.
Quelle est la part de la politique
climatique dans la désindustrialisation
de l’Europe ?
C. H. : C’est un mythe absolu. Il n’y a pas eu de fuite
d’entreprise à cause de l’ETS. Comment puis-je l’ar-
mer ? Tout simplement parce que les secteurs direc-
tement exposés à la concurrence des pays tiers ont
reçu tout ou partie de leurs quotas gratuitement.
Beaucoup plus que ceux des quotas d’émissions, il
faut étudier les impacts économiques des coûts de
l’énergie. Si les coûts énergétiques sont élevés en
Europe, c’est parce que certains États membres ont
choisi de taxer l’énergie plutôt que le travail. Nous
pouvons aussi aussi améliorer la qualité de nos infra-
structures. Enn, n’oublions pas que les prix du gaz
sont encore liés à ceux du pétrole. Pour toutes ces
raisons nous présenterons dans quelques semaines
une analyse des prix de toutes les énergies en Europe.
USA) et surtout l’atteinte de la parité
réseau dans des régions dynamiques :
Australie, Afrique du Sud, Mexique,
Moyen-Orient, Amérique du Sud et Asie
du Sud-Est.
Coca Cola ferme ses armoires
Au début du siècle, la compagnie
productrice du fameux soda noir s’est
engagée à réduire considérablement d’ici
à 2015 le nombre d’armoires réfrigérées
siglées de rouge et de blanc utilisant
des gaz HFC. Dans un communiqué,
Coca Cola Company annonce avoir
déjà remplacé 1 million d’armoires aux
HFC par un matériel moins énergivore
et ne contenant pas de gaz nocif pour
le climat. Parallèlement, la compagnie
d’Atlanta impose à ses distributeurs de
faire de même. Au total, estime le géant
des boissons sucrées, l’aboutissement de
ce programme devrait éviter l’émission
de 50 millions de tonnes équivalent CO2.
Les uides réfrigérants de substitution
peuvent être de l’eau, de l’air, de
l’isobutane, du propane, de l’ammoniac
ou… du CO2 !
L’appel de Davos
On ne parle pas que d’optimisation scale
au sommet de Davos. Le 23 janvier, les
organisateurs du Forum économique
mondial (WEF) ont publié leur rapport
annuel sur les principaux risques que
doivent désormais appréhender les
entrepreneurs. Sans surprise, c’est la dette
qui caracole en tête des préoccupations
des businessmen. Toutefois, Global
Risks 2014 consacre une large place
aux changements climatiques et à ses
conséquences : accès à l’eau, sécurisation
de l’approvisionnement en ressources
alimentaires. Tout en critiquant l’inaction
des politiques, le rapport du WEF rappelle
qu’il ne faut plus seulement se focaliser
sur la réduction des émissions de gaz
à eet de serre mais aussi « s’adapter
aux conséquences des changements
climatiques ».
Plus d’essence bitumineuse
pour l’Europe ?
Selon une étude publiée le 23 janvier par
Natural Resources Defense Council (NRDC,
une ONG américaine), 6 % du carburant
consommés par les voitures européennes
en 2020 pourraient provenir des sables
bitumineux canadiens : 30 fois plus
qu’à l’heure actuelle. S’appuyant sur
l’évolution des capacités de production
canadiennes, cette annonce est
problématique. Le bilan carbone des
carburants issus des sables de l’Athabasca
est bien supérieur (de 22 % à 50 %, selon
les études) à celui de l’essence et du
…/…
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -3- ENERGOGRAD
Entretien Propos recueillis par Sonja VAN RENSSEN