98
DÉCEMBRE-JANVIER 2014
Lettre gratuite et mensuelle.
2 Entretien
Connie Hedegaard
2 Politique
François avec Hollande
Dites-le avec des posters
LOntario interdit le charbon
3-4 Économie
Le solaire se lève
Coca Cola ferme ses armoires
Lappel de Davos
Plus d’essence bitumineuse
pour l’Europe ?
4 Sciences
Qui qu’a réchaué quoi ?
Kiwis et Wallabies ne veulent pas
de géo-ingénierie
4 Initiatives
La Société Générale se taxe
5 Action locale
La transition énergétique
à la mode régionale
6-7 Dossier
Bruxelles présente son paquet
énergie climat 2030
8 Sciences & Technologies
omme prévu, la Commission européenne a publié le 22 janvier son projet de politique
climatique pour 2030. Aussi critiquable soit-il, et il lest, ce nouveau train de mesures vise à faire
retrouver à l’Europe sa place de leader dans les négociations internationales. Car, si ce paquet
énergie climat 2030 est nalement validé par les 28 et le prochain parlement européen, l’UE pourra
légitimement se prévaloir de vouloir abattre de 40 % ses émissions de GES entre 1990 et 2030.
Ne cherchez pas : aucun autre espace géopolitique comparable n’a de telles ambitions. « L’Union
européenne se dote d’objectifs contraignants et si toutes les grandes économies faisaient de même le monde
s’en porterait mieux », a lancé la commissaire à l’action climatique Connie Hedegaard. Reste à adopter
manu militari ce programme qui pour l’essentiel poursuit la politique initiée en 2009 par le paquet
énergie climat 2020.
Pour autant, l’UE pourrait mieux faire. Bruxelles nentend pas, par exemple, contraindre ses États
membres à mettre en batterie des milliers d’éoliennes, de parcs photovoltaïques ou de chaudières
à bois. Elle propose simplement que les Européens consomment 27 % d’énergies renouvelables à
l’horizon 2030. Ceux qui verdissent à grande vitesse leur bouquet énergétique (Allemagne, Danemark,
Suède) pourront ainsi vendre à leurs voisins des électrons ou des certicats verts. Dommage pour
notre balance du commerce extérieur. D’autres sujets restent encore au bord de la route.
La directive européenne sur la qualité des carburants nest toujours pas appliquée. Navrant, si l’on se
souvient que le Canada nourrit toujours de grandes ambitions commerciales pour ses très polluants
sables bitumineux. Quid aussi du stockage géologique du CO2 ? Hier, c’était une technologie d’avenir
pour abattre les émissions du secteur électrique et de l’industrie lourde. Aujourd’hui, au Royaume-Uni
mis à part, le sujet est devenu tabou. Tout comme la (ré)intégration dans l’ETS de l’aviation civile et –
pourquoi pas ? – du fret maritime.
Depuis toujours considérée comme la parente pauvre des politiques énergétiques, l’ecacité
énergétique végète. Les objectifs indigents de l’actuelle directive nont pas été revus à la hausse. Or, ils
conditionnent en partie le démarrage de gros programmes de rénovation des patrimoines bâtis. De
quoi réduire nos émissions tout en créant de la valeur et en luttant contre la précarité énergétique. Un
beau programme sociétal pourtant.
L’USINE A GES©
la lettre des professionnels du changement climatique
www.lusineages.com
Suivez Volodia Opritchnik sur Twitter :
http://twitter.com/Opritchnik
2 %
Les émissions US
de CO2 énergétique
ont progressé
de 2 % entre 2012
et 2013. Encore
un effort, Barack !
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -1- ENERGOGRAD
C
Édito
© freshidea - fotolia.com
Une nouvelle politique
pour l’Europe ?
n exclusivité pour l’UGES, la commissaire européenne
à l’action climatique revient sur la COP19 de Varsovie
(lire
L’UGES
n° 97) et regarde vers la COP21 de Paris. Connie
Hedegaard veut des objectifs en 2030 pour les émissions
de GES, les renouvelables et l’efficacité énergétique et
confirme que le système d’échange de quotas (l’ETS) restera
le vaisseau amiral de la politique climatique communautaire.
Des raisons d’être optimiste pour
Paris, en 2015, en regardant les
résultats de Varsovie ?
Connie Hedegaard : Dans un sens, oui. Varso-
vie a fourni un calendrier. Mais on y a vu aussi
un phénomène inquiétant : certains grands pays
– la Chine, l’Inde et le Brésil dans une certaine
mesure – tentent de revenir en arrière. L’un des
résultats de la conférence climatique de Durban,
en 2011, était de mettre un terme à la division
du monde entre des pays développés contraints
d’agir et les autres – parmi lesquels la Chine –
dont les actions en faveur de la préservation
du climat se feraient seulement sur la base du
volontariat. Lors de la conférence de Varsovie, au
mois de décembre dernier, il y a eu des tenta-
tives de recul. Elles ont échoué, heureusement.
Mais cela montre les dicultés qui sont encore
devant nous pour aboutir à la conclusion d’un
accord ambitieux à Paris en 2015.
Le texte de Varsovie se contente
de demander aux pays qui le
souhaitent de présenter leurs
contributions au combat climatique
d’ici à mars 2015.
C. H. : Tout le monde a signé pour que les par-
ties à la négociation présentent « susamment à
l’avance », en amont de la réunion de Paris, leurs
projets d’actions pour l’après 2020. Lorsque l’on
saura ce que les Parties comptent faire chez elles,
il sera alors temps de déterminer ce qu’il faut faire
si, globalement, ces projets de politiques sont in-
susants pour stabiliser le réchauement à 2 °C.
Quelle doit être la position européenne ?
C. H. : Ce ne serait raisonnable ni politiquement
ni économiquement d’attendre que les autres
agissent. Pourquoi ? Tout simplement parce que
c’est dans l’intérêt de l’Europe de poursuivre une
politique climatique intelligente : une combi-
Politique
François avec Hollande
À aucun moment, le président de la
République n’a mentionné la lutte
contre les changements climatiques
comme l’une de ses priorités, lors de
sa conférence de presse du 14 janvier.
Enn presque. Le chef de l’État a indiqué
vouloir demander au pape de soutenir
le processus diplomatique qui pourrait
aboutir en décembre 2015 au Bourget à
la conclusion d’un accord universel sur la
réduction des émissions de GES.
Dites-le avec des posters
Bielsko-Biala (Pologne) vient de recevoir
l’un des prix annuels de l’Institut euro-
péen d’administration publique pour
sa manière originale d’inciter ses admi-
nistrés à réduire leurs émissions de GES.
Depuis 2011, la cité silésienne ache
des posters présentant les engagements
climatiques d’ambassadeurs du climat
(entrepreneurs, équipe de foot, élu, ci-
toyen). Plus de 300 aches ont déjà été
réalisées, avec des résultats à la clé. Pour
la seule année 2012, la ville a réduit de
7,6 millions de kWh sa consommation
d’électricité et baissé de 3 900 tonnes ses
émissions de CO2.
L’Ontario interdit le charbon
Tout n’est pas pourri au royaume du
Canada. Le gouvernement ontarien
a déposé un projet de loi destiné à
interdire l’utilisation du charbon dans la
production d’électricité. Prévue depuis
2007, cette mesure devrait entrer en
application à la n de l’année. La province
n’aura pas trop de mal à appliquer ce
texte : seules 4 centrales locales brûlent
encore du charbon. Pour satisfaire ses
besoins énergétiques, l’Ontario prévoit
d’accroître de 20 % la puissance de son
parc nucléaire, le nombre des centrales
à gaz et son parc renouvelable. En 2025,
l’approvisionnement électrique ontarien
dépendra à 42 % du nucléaire, à 46 % des
ENR. Le solde venant du gaz.
Économie
Le solaire se lève
Moribonde en Europe, l’industrie solaire
est pourtant promise à un brillant avenir.
Début janvier, une note de la Deutsche
Bank annonçait un boom mondial dans le
domaine du photovoltaïque. Cette année
46 GWc pourraient être mis en service et
56 GWc en 2015. Les raisons de ce succès
annoncé : la relance économique dans les
pays gros amateurs de PV (Chine, Japon,
…/…
…/…
Entretien Propos recueillis par Sonja VAN RENSSEN
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -2- ENERGOGRAD
E
© Johannes Jansson/norden.org
Connie Hedegaard
naison d’économie de la ressource, d’ecacité
énergétique et de compétitivité. Cette politique
climatique « intelligente » continuera à créer de la
richesse et des emplois dans des secteurs comme
les renouvelables, le traitement des déchets et
l’ecacité énergétique.
Quelle décisions les leaders européens
devront-ils prendre lors du conseil
européen de mars ?
C. H. : Ils vont examiner les propositions d’objec-
tifs pour 2030 que la Commission a présentées
le 22 janvier (lire le dossier pages 6-7). On verra
alors ce qu’ils garderont et ce qu’ils écarteront.
Mais de mon point de vue, il faut nous déci-
der avant la n de la mandature. Faute de quoi
notre industrie et les investisseurs ne sauront
pas avant 2016 ou 2017 de quoi sera faite notre
politique climatique après 2020. Nous devons
aussi déterminer notre politique à long terme
avant que Ban Ki-Moon ne tance les dirigeants
du monde entier à son sommet sur le climat en
septembre prochain.
Le paquet énergie climat 2030
ne comporte qu’un seul objectif
contraignant, la baisse de 40 %
des émissions de GES entre 1990
et 2030. Est-ce suffisant ?
C. H. : Ce train de mesures ne doit pas être néces-
sairement un copier-coller du précédent paquet
énergie climat. Mais il faut qu’il comporte une
forte dose d’ecacité énergétique et d’énergies
renouvelables.
Une « forte dose », ça veut dire
« des objectifs pour les renouvelables
et l’efficacité énergétique » ?
C. H. : Vous pouvez les construire de diérentes
manières en créant plus de exibilité pour les
États membres. Tout le problème, en ces temps
diciles, est d’attirer les investisseurs.
Le marché des quotas est-il toujours votre
instrument principal pour le climat ?
C. H. : Mettre un prix sur les choses est essen-
tiel. Et le marché des quotas (ETS) reste un outil
extrêmement important. On pourrait trouver
d’autres moyens pour déterminer le juste prix de
l’émission d’une tonne de GES, mais ça serait un
patchwork de 28 solutions diérentes. Il est vrai-
ment dans l’intérêt du monde économique euro-
péen d’adopter une approche communautaire
en la matière. C’est la force de l’ETS.
Comment allez-vous le rendre
plus efficace ?
C. H. : On ne parle pas de banque centrale du car-
bone. On rééchit plutôt à la manière de protéger
le marché des surallocations ou de sous-alloca-
tions de quotas au cas où l’activité économique ne
serait pas conforme aux prévisions. Tout le monde
peut comprendre qu’il vaut la peine d’essayer d’évi-
ter ça. N’oublions pas qu’un prix du carbone plus
élevé que le prix actuel peut stimuler l’innovation.
Et en Europe, on a besoin d’innovation.
Quelle est la part de la politique
climatique dans la désindustrialisation
de l’Europe ?
C. H. : C’est un mythe absolu. Il n’y a pas eu de fuite
d’entreprise à cause de l’ETS. Comment puis-je l’ar-
mer ? Tout simplement parce que les secteurs direc-
tement exposés à la concurrence des pays tiers ont
reçu tout ou partie de leurs quotas gratuitement.
Beaucoup plus que ceux des quotas d’émissions, il
faut étudier les impacts économiques des coûts de
l’énergie. Si les coûts énergétiques sont élevés en
Europe, c’est parce que certains États membres ont
choisi de taxer l’énergie plutôt que le travail. Nous
pouvons aussi aussi améliorer la qualité de nos infra-
structures. Enn, noublions pas que les prix du gaz
sont encore liés à ceux du pétrole. Pour toutes ces
raisons nous présenterons dans quelques semaines
une analyse des prix de toutes les énergies en Europe.
USA) et surtout l’atteinte de la parité
réseau dans des régions dynamiques :
Australie, Afrique du Sud, Mexique,
Moyen-Orient, Amérique du Sud et Asie
du Sud-Est.
Coca Cola ferme ses armoires
Au début du siècle, la compagnie
productrice du fameux soda noir s’est
engagée à réduire considérablement d’ici
à 2015 le nombre d’armoires réfrigérées
siglées de rouge et de blanc utilisant
des gaz HFC. Dans un communiqué,
Coca Cola Company annonce avoir
déjà remplacé 1 million d’armoires aux
HFC par un matériel moins énergivore
et ne contenant pas de gaz nocif pour
le climat. Parallèlement, la compagnie
d’Atlanta impose à ses distributeurs de
faire de même. Au total, estime le géant
des boissons sucrées, l’aboutissement de
ce programme devrait éviter l’émission
de 50 millions de tonnes équivalent CO2.
Les uides réfrigérants de substitution
peuvent être de l’eau, de l’air, de
l’isobutane, du propane, de l’ammoniac
ou… du CO2 !
L’appel de Davos
On ne parle pas que d’optimisation scale
au sommet de Davos. Le 23 janvier, les
organisateurs du Forum économique
mondial (WEF) ont publié leur rapport
annuel sur les principaux risques que
doivent désormais appréhender les
entrepreneurs. Sans surprise, cest la dette
qui caracole en tête des préoccupations
des businessmen. Toutefois, Global
Risks 2014 consacre une large place
aux changements climatiques et à ses
conséquences : accès à l’eau, sécurisation
de l’approvisionnement en ressources
alimentaires. Tout en critiquant l’inaction
des politiques, le rapport du WEF rappelle
qu’il ne faut plus seulement se focaliser
sur la réduction des émissions de gaz
à eet de serre mais aussi « s’adapter
aux conséquences des changements
climatiques ».
Plus d’essence bitumineuse
pour l’Europe ?
Selon une étude publiée le 23 janvier par
Natural Resources Defense Council (NRDC,
une ONG américaine), 6 % du carburant
consommés par les voitures européennes
en 2020 pourraient provenir des sables
bitumineux canadiens : 30 fois plus
qu’à l’heure actuelle. S’appuyant sur
l’évolution des capacités de production
canadiennes, cette annonce est
problématique. Le bilan carbone des
carburants issus des sables de l’Athabasca
est bien supérieur (de 22 % à 50 %, selon
les études) à celui de l’essence et du
…/…
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -3- ENERGOGRAD
Entretien Propos recueillis par Sonja VAN RENSSEN
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -4- ENERGOGRAD
our financer l’allègement de son empreinte carbone,
le groupe bancaire français frappe d’une taxe carbone ses
directions opérationnelles. Originale, l’initiative donne déjà
des résultats.
Il y a tout juste quatorze ans, Shell expérimentait
un système d’échanges de quotas d’émissions
de gaz à eet de serre entre ses installations.
Conçu par un grand cabinet de consultants, Steps
permettait en principe de réduire les émissions à
moindre coût. Le dispositif a été jugé tellement
ecace que la commission européenne sen est
inspirée pour construire son marché du carbone,
le désormais fameux ETS. Essuyer les plâtres nest
donc pas inutile.
Ociellement, les dirigeants de Société Générale
ne s’inscrivent pas dans cette démarche. Tout
débute par le lancement de la politique de
réduction de l’empreinte carbone. En 2007, le
groupe bancaire français décide d’accéder à
la neutralité carbone en achetant des crédits
internationaux d’émissions (Urce) et en menant
des programmes d’économie d’énergie. En
complément, sa liale Orbeo monte un projet
MDP de valorisation du biogaz d’une décharge
argentine. De quoi « compenser » l’émission de
28840 tonnes de gaz carbonique. La neutralité est
nalement atteinte en 2011. Durant cette période,
le groupe assure avoir réalisé plus de 20 millions
d’euros d’économies par an.
10 euros la tonne
La direction décide toutefois d’aller plus loin. Le
comité exécutif exige une réduction des émissions
de 25 % entre 2007 et 2015. Dans le même temps,
le groupe devra améliorer de 15 % son ecacité
énergétique. Discrètement lancée en 2011, sa taxe
carbone interne est revalorisée. Désormais, les
directions opérationnelles devront verser 10 euros
par tonne de CO2 émise (le double du précédent
montant et du coût du quota européen).
L’an passé 2,6 millions d’euros ont été ainsi
collectés par la direction nancière. Les revenus
de cette taxe sont utilisés pour nancer les
projets d’économies dénergie ou d’équipement
en énergies renouvelables. « En fait, nous avons
organisé un concours d’idées », explique Jean-
Michel Mepuis, directeur développement durable
et RSE. « Sur les 53 dossiers que nous avons reçus, 28
ont été sélectionnés et recevront une aide plafonnée
à 200 000 euros. »
Additionnalité et rentabilité
« Pour être choisi, chaque projet doit démontrer son
additionnalité écologique et sa rentabilité écono-
mique », précise Emmanuel Martinez, directeur de
l’Environnement. Sans surprise dans une entre-
prise tertiaire, l’essentiel des opérations sélection-
nées concerne l’amélioration des performances
énergétiques des bâtiments, l’achat de matériels
informatiques sobres et la réduction des consom-
mations de papier.
En Polynésie, une succursale a pu installer une
centrale photovoltaïque sur sa toiture, réduisant
des trois quarts le montant de sa facture électrique.
Plusieurs dizaines d’agences hexagonales ont été
reliées à un système de télégestion de la demande
d’énergie et d’eau. Le dispositif déclenche
automatiquement l’intervention d’un technicien
en cas de dérive prolongée des consommations.
Le Crédit du Nord a pu optimiser les tournées
de ses convoyeurs de fonds, réduisant le
kilométrage parcouru et la consommation de
carburant.
« Grâce à ces initiatives nous avons abaissé nos
émissions de 2 574 tonnes de CO2, soit près de 1 %
des émissions de GES du groupe », comptabilise
Emmanuel Martinez. Le cru 2014 devrait être
encore meilleur. De par l’élargissement de son
assiette, Société Générale devrait récupérer
3,2 millions d’euros de taxe carbone. Amis
banquiers, préparez vos projets !
Initiatives Sophie D’ANHALT
P
© Julien eichinger - fotolia.com
Emmanuel Martinez, emmanuel.mar[email protected]
gazole fabriqués à partir du brut. Seule
solution pour l’Europe : appliquer enn
sa directive sur la qualité des carburants.
Adopté en 2009, ce texte prévoit
d’abaisser de 6 % l’intensité carbone des
carburants. Dans son principe, il pénalise
les carburants dont la production est très
carbonée comme celle utilisant les sables
bitumineux.
Sciences
Qui qu’a réchauffé quoi ?
Des statisticiens canadiens se sont
amusés à évaluer la part nationale du
réchauement global. Publiés dans
Environmental Research Letters, le résultat
de leurs travaux a de quoi atter notre
orgueil tricolore. Avec une contribution
de 0,016 °C à la hausse de la température
mondiale, la France n’arrive qu’en
8e position, loin derrière les États-Unis
(0,151 °C), la Chine (0,063 °C), la Russie
(0,059 °C) et le Brésil (0,049 °C).
Kiwis et Wallabies ne veulent pas
de géo-ingénierie
L’Usine à GES nest pas la seule à s’intéres-
ser à la géo-ingénierie (lire L’UGES n° 85).
Pour preuve, une équipe de chercheurs
australiens a publié, mi-janvier, une
étude sur la « perception par le grand pu-
blic de ces techniques visant à refroidir arti-
ciellement le réchauement ». Pas moins
de 2 000 Australiens et Néo-Zélandais
ont été interviewés par les scientiques.
Bilan du sondage : un désastre pour les
adorateurs de l’injection de sulfates ou
du blanchiment des nuages. Nombre de
sondés considèrent ces technologies in-
contrôlables et ils estiment quelles n’ont
pas fait leurs preuves. Moins de 10 % des
interviewés considèrent les solutions des
apprentis sorciers du climat comme sans
risque environnemental, rentables, et
durables.
La Société Générale
se taxe
Action locale
La transition énergétique
à la mode régionale
u moment où le président de la République annonce la réduction à une quinzaine
du nombre des régions métropolitaines, celles-ci font preuve d’un grand dynamisme
pour entrer dans la transition énergétique. Exemples choisis en Picardie et en Rhône-Alpes.
Avec plus de 1 000 MW installés (12 % du total
français), la Picardie est l’une des premières
régions éoliennes françaises. Et le dynamisme
des promoteurs de l’énergie d’Éole n’y faiblit pas:
le schéma régional prévoit le doublement des
capacités d’ici à 2020. Le dossier « renouvelables»
étant bien engagé, le conseil régional a ouvert
un chantier autrement plus problématique : la
rénovation thermique des logements. Fin 2013,
la Région a créé une régie en charge du service
public de l’ecacité énergétique.
Rénover 2 000 logements picards
Doté de 53 millions d’euros (5 millions versés par
la Région, le solde emprunté à la BEI), l’établisse-
ment dirigé par Vincent Pibouleu, ancien techni-
cien de l’Ademe locale, a pour mission d’aider les
propriétaires non éligibles à l’écoPTZ à réaliser des
travaux d’isolation. Pour cela, il assure une presta-
tion d’assistance à maîtrise d’ouvrage complète,
du diagnostic initial à la réception des travaux.
Pour les plus modestes, il peut directement avan-
cer l’argent des travaux. À charge pour les béné-
ciaires de rembourser l’emprunt en une vingtaine
d’années, moyennant le versement d’une contri-
bution mensuelle dont le montant correspond
aux économies d’énergie réalisées. D’ici à 2017, la
régie devra avoir rénové 2 000 logements pour
remplir son contrat. Dans ce cas, la Région pour-
rait porter lobjectif à 10 000 logements par an et
le budget annuel de son établissement à 300 mil-
lions d’euros.
Méthanisation, hydro et éolien
En Rhône-Alpes, la Région a ouvert deux fronts
énergétiques. Sous l’impulsion de son vice-pré-
sident EELV, Bruno Leclair, elle a créé, n 2013, un
fonds d’investissement focalisé sur les énergies
renouvelables. Autour du conseil régional, une
dizaine de partenaires ont apporté une dizaine
de millions d’euros. De quoi monter au capital de
projets « renouvelables » portant sur la métha-
nisation, la petite hydroélectricité et l’éolien.
Objectif : jusqu’à 200 MW de nouvelles capacités
installées.
En 2012, la deuxième région de France avait déjà
innové en créant une société publique locale
d’ecacité énergétique. Réunissant une dizaine
de collectivités locales, ce partenariat public-
public se voue exclusivement au nancement de
la rénovation des bâtiments de ses actionnaires.
Avec un budget de 5,3 millions d’euros (chaque
partenaire a versé une participation corres-
pondant à 1 euro par administré) elle prévoit déjà
une vingtaine d’opérations de rénovation éner-
gétique d’ici à la n de l’année.
Sophie D’ANHALT
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -5- ENERGOGRAD
A
Vincent Pibouleu (Picardie), vinc[email protected]
Bruno Leclair (Rhône-Alpes), bruno[email protected]
1 / 8 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !