III du cours ()

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III.DEPUIS1991:DEL’HYPERPUISSANCEAUDÉCLINRELATIF
Apartirde1991,lesEUdisposentd’unepuissancesanséquivalent.L’«hégémonie»del’«Empire»
américain, d’apparence indiscutable, s’exprime dans un monde nouveau, en redéfinition rapide, et dans
lequel les EU font face aux contradictions des héritages de leur puissance, tout aussi recherchée pour
assurerlapaixetlaprospéritémondiales,quecombattuepoursesingérencesmilitairesetladomination
culturellequ’ellesembleimposer.
1.Letempsdel’hégémonie?
• La seule «hyperpuissance»: Durant les années 1990, les EU sont la seule puissance complète de
rayonnement mondial. Son poids relatif a reculé depuis 1945, mais elle n’est pas concurrencée et
représenteencore25%duPIBmondialet50%desdépensesmilitairesmondiales.S’ouvre,enoutre,une
période de forte croissance éco aux EU (moyenne d’env. 3,7 % par an entre 1992-2000), favorisée par
l’élargissementetl’accélérationdelamondialisation.LesE-Uencouragenteneffetl’intégrationlibérale
del’écomondiale:ALENA(1994);OMC(1995)etintégrationdelaChine(2001).
Parallèlement,lesoftpoweraméricainserenforce,notammentenAsieetdansl’ex-blocsoviétique.
• Les États-Unis «gendarmes du monde»?: G. Bush (républicain) puis B. Clinton (démocrate)
maintiennent les org°s héritées de la Guerre Froide et poursuivent la pol interventionniste, concevant
l’actionaméricaineàl’avant-gardedelaformationd’unordremondialmultilatéral,sousl’égidedes
NationsUnies,désormaislibéréesdesentravesposéesparleslogiquesbipolaires:
- G.Bush,1991,mèneunecoalitionpourlibérerleKoweïtdel’invasionirakiennecondamnéepar
l’ONU(1990)⇒succèsrapide(cf.doc1p75);
- B. Clinton mène une politique d’«enlargement», prônant la diffusion de la démocratie par la
résolutionmultilatéraledesconflits:
o Accordsd’OsloentrePalestiniensetIsraéliens(1993);
o InterventionenSomaliesousmandatdel’ONU(1993);
o Engagementdel’OTANenex-Yougoslavie(Bosnieen94,Kosovoen99).
•Instabilitésetéchecs:L’aprèsguerrefroideouvresurunmondeplusinstable:conflitsterritoriauxet
identitaires (Afrique centrale, Europe balkanique, Asie centrale); mouvements islamistes, parfois
djihadistes, anti-américains; montée en puissance d’acteurs régionaux plus indépendants (Chine, Inde,
UnionEuropéenne,Brésil…).⇒L’hyperpuissanceaméricaineconnaîtdesfaillesetdescontradictions:
- échecdel’interventionenSomalie(1993);
- échecduprocessusdepaixisraélo-palestinienaveclasecondeIntifada(2000);
- résistanceslatino-américainesàl’influencedesE-U;
- refusderatifierleprotocoledeKyoto(97)etd’adhéreràlaCourpénaleinternationale(98).
2.L’après11septembre:unetentationunilatéraliste
•Lechocdesattentatsdu11/09/2001:Menésparl’organisationdjihadisteAl-Qaïda,cesattentatsamorcent
un revirement brutal, stimulé par la résurgence profonde d’une anxiété collective face aux menaces
extérieures.Avecl’arrivéedesnéo-conservateurs(présidenceG.W.Bush),lapolitiqueextérieureretrouve
desaccentsreaganiens,faitpasserlasécuriténationaleaupremierplanetledroitinternationalausecond:
l’«Axe du Mal» succède à l’«Empire du Mal» et justifie la «guerre contre le terrorisme» («War on
terror»)(cf.doc2p75).
• Le retour de l’unilatéralisme : Dès 2001, les EU s’engagent en Afghanistan contre le régime
fondamentalistedesTalibans,avecl’avaldel’ONUetl’appuid’unecoalition.
Mais,dès2003,l’invasiondel’Iraks’engagesansl’avaldel’ONUetcontrelespositionsdecertains
alliés (Fce et All not., ainsi que la majorité des opinions européennes). Suit une occupation du pays et le
recoursàdescampsdedétentionillégauxenIraketenAmérique(GuantanamoàCuba).
•Uneimpassegéopolitique?:Cetunilatéralisme,horsdudroitinternational(mensongesurlesarmesde
destruction massive irakiennes, torture), alimente critiques et hostilités à l’égard des EU,
particulièrement en Am lat et au Proche-Orient. Et, depuis 2010, les publications clandestines de
documents classifiés («leaks») dénoncent publiquement les méthodes du renseignement américain,
notammentauprèsdesesalliés(Allemagne,France).
Dans le même temps, les limites de la puissance américaine apparaissent au grand jour: déjà
écornéeparleretentissementdu11sept.,l’invulnérabilités’avèreaussifragileàl’extérieur(difficultésdes
pacificationsdel’Afghanistanetdel’Irak,expansioninternationaledudjihadisme,réticencesdesgrandes
puissancesrégionalesàappuyerlesEU…).
Enfin,en2007et2008,unegravecrisefinancièrefrappelesEU,accélérantlereculrelatifdeleur
puissance économique, tandis que s’amplifient les critiques environnementales du mode de
développementaméricain,auxEUcommeàl’extérieur.
3.Depuis2008:laredéfinitionduleadershipsousl’administrationObama
•Laperspectived’unmondemultipolaire?:Mondialisationetcroissancedespaysdu«Sud»bouleversent
leséquilibresécosmondiaux,opérantun«basculement»dumonde,dontlecentredegravitén’estplus
aussiévident:laPacifiquedevancel’Atlantiquedansleséchanges;lePIBchinoisrattrapeceluidesEU;les
émergentss’affirmentetlagéopolitiquesecomplexifie.
SilesEUconserventunleadershipéconomique(capacitéd’innovation,puissancefinancière,rôledu
dollar, déploiement des FTN), leur balance commerciale est très déficitaire et l’endettement est massif
(détenunot.parChineetJapon),aggravéparlacrisefinancière.Leredressementéconomiques’estproduit
assezrapidement,maisenaggravantlesinégalitéssocialesinternes.
•LeretourdumultilatéralismeavecB.Obama:Difficultés+critiques⇒défaitedesnéo-conservateursen
2008.B.Obamaamorceuntournant,danslacontinuitédeceluidesannées1990(multilatéralisme),mais
adaptéauxenjeuxrenouvelésdumondecontemporainetàlamesuredescapacitésréellesdesEU:
- désengagementd’Afghanistanetd’Irak;
- ouvertureplusgrandeaumondearabe(discoursduCaireen2009);
- resserrementdesliensavecl’Inde.
Le géopoliticien Joseph Nye envisage ainsi un smart power, qui inféoderait le hard au soft power. La
«destinéemanifeste»,la«frontier»etl’idéaldémocratiqueetlibéralrestentcependantlesmoteursdecet
interventionnismeenredéfinition.Cf.doc1p76etdoc1p77.
•Lesreconfigurationsdelapuissance:Cesorientationsnouvellesetlecontextemondialconduisentàune
reconfiguration de l’expression de la puissance, aux modalités plus variées et moins hégémoniques (cf.
cartep80):
- avecl’Europe:perspectived’unmarchécommun(projetTAFTA),maisimportantesrésistances.
Parallèlement, la Russie de V. Poutine redevient une puissance d’opposition (invasion d’une
partiedel’Ukraine,divergencesauMoyen-Orient…);
- enAmlat:projetdetraitédelibre-échange(ZLEA),defaitsuspendudepuislesannées2000et,
bienqu’économiquementprésentsetinfluents,lesEUsouffrentd’undéficitdepopularité;
- en Asie: stratégie du «pivot vers l’Asie», formulée en 2012, cœur de l’action diplomatique
américaine, conduit à tourner résolument les EU vers le Pacifique et l’océan Indien. Mais les
rapportsdeforcesrestentparfoistendusaveclaChine;
- en Afrique: engagement plus limité, tandis que progressent les investissements provenant de
ChineetduGolfepersique;
- auMoyen-Orient:lesEUconcentrentleurseffortssurlaluttecontrel’ÉtatIslamiqueetsemblent
s’engagerdansunenormalisationdesrelationsavecl’Iran,sanspourautantrenierleursalliances
avec les pays du Golfe et Israël; le réalisme américain y apparaît ambigu, mais se montre
nettementmoinsinterventionnistequedansladécennieprécédente.
⇒ Depuis 1991, l’interventionnisme américain a oscillé entre unilatéralisme et
multilatéralisme.Lemiragedel’hyperpuissancesembles’effacersousl’effetconjointdesattaques
de 2001, du déclin économique relatif et de la multipolarisation du monde en ce début de XXIe
siècle.Aussi,tandisquelesstigmatesdelaguerrefroides’estompent,lapuissanceaméricaine,sans
disparaître, doit aujourd’hui davantage composer avec la complexité du monde et une opinion
nationalefragiliséeparlesmutationsrécentes.
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