Physique des ultrasons
MP Revel
Résumé.
–
Les ondes ultrasonores sont des ondes de pression qui impriment une
succession de compressions et de raréfactions des particules du milieu, qui se
transmet de proche en proche, Ă  la vitesse de 1 540 m/s dans les tissus biologiques.
La rĂ©sistance des particules Ă  l’onde de pression dĂ©ïŹnit l’impĂ©dance acoustique. Aux
interfaces entre tissus d’impĂ©dance diffĂ©rente, le faisceau d’ultrasons est soit transmis
(impĂ©dances proches), et poursuit alors sa propagation en profondeur, soit rĂ©ïŹ‚Ă©chi en
miroir (rĂ©ïŹ‚exion spĂ©culaire) vers la source d’émission (forte diffĂ©rence d’impĂ©dance).
Si l’interface est ponctuelle, le faisceau diffuse dans tout l’espace. Les contours
d’organe et les parois vasculaires sont gĂ©nĂ©rĂ©s par rĂ©ïŹ‚exion spĂ©culaire car il s’agit
d’interfaces de grande taille, tandis que les parenchymes, faits de microstructures,
génÚrent essentiellement de la diffusion.
Il n’y a pas d’effet secondaire rapportĂ© liĂ© aux ultrasons dans les conditions du
diagnostic, mais l’augmentation constante des puissances acoustiques Ă©mises
conduit Ă  dĂ©ïŹnir des indices de surveillance : index mĂ©canique pour le seuil de
cavitation et indices thermiques pour les effets thermiques.
Le balayage Ă©chographique peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© soit par des sondes mĂ©caniques,
équipées de systÚmes oscillants ou rotatifs, soit plus volontiers actuellement par des
sondes Ă©lectroniques qui possĂšdent une rangĂ©e d’élĂ©ments ïŹxes activĂ©s
successivement par sous-groupes, chaque sous-groupe générant une ligne de tir
ultrasonore. Avec ce type de technologie, la production et la focalisation du faisceau
sont gérées électroniquement (formateur de faisceau numérique).
Les ultrasons sont produits par la vibration des éléments piézoélectriques de la
sonde, en réponse à une stimulation électrique issue du générateur. Ils ont la capacité
d’émettre soit une large bande frĂ©quentielle, soit une gaussienne plus centrĂ©e sur leur
fréquence centrale de résonance, notamment pour les explorations doppler. En
rĂ©ception, ils convertissent les Ă©chos en signal Ă©lectrique. AprĂšs ampliïŹcation, une
compression du signal est nĂ©cessaire pour que les diffĂ©rentes valeurs d’amplitude
des Ă©chos puissent ĂȘtre traduites en brillance sur l’écran de visualisation. Plusieurs
pré- ou post-traitements précÚdent la visualisation. La lecture de la mémoire
numĂ©rique, qui stocke pour chaque coordonnĂ©e topographique la valeur de l’écho,
s’effectue Ă  une cadence qui correspond au balayage de l’écran de visualisation.
La résolution en contraste dépend de la sensibilité des capteurs et du nombre de
niveaux de gris de la mĂ©moire numĂ©rique. La rĂ©solution spatiale est d’autant plus
Ă©levĂ©e que la longueur d’onde est courte et que le faisceau est Ă©troit, focalisĂ©.
Les nouveaux dĂ©veloppements concernent l’imagerie d’harmonique tissulaire qui
sélectionne les échos multiples de la fréquence fondamentale émise, pour éliminer
une partie du bruit sur l’image, et l’imagerie en trois dimensions (3D).
©
1999, Elsevier, Paris.
Marie-Pierre Revel : Praticien hospitalier, hĂŽpital Laennec, service de radiologie, 42,
rue de SĂšvres, 75340 Paris cedex 7, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Revel MP. Physique des
ultrasons. Encycl MĂ©d Chir (Elsevier, Paris), Radiodiagnostic - Principes et
techniques d’imagerie, 35-000-C-10, 1999, 14 p.
Physique des ultrasons
DĂ©ïŹnition et nature des ultrasons
Les ondes ultrasonores sont des ondes de pression. Elles induisent une
succession de compression et de raréfaction des particules du milieu
qu’elles traversent, qui se transmet de proche en proche (ïŹg 1). Leur
35-000-C-10
ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 35-000-C-10
© Elsevier, Paris
propagation nécessite donc un support matériel déformable,
contrairementàcelledesrayonsXquipeuts’effectuer dans le vide. Elles
induisent localement des modiïŹcations cycliques de la densitĂ© des
particules, de la pression et de la température, nommées variables
acoustiques, ainsi qu’un dĂ©placement transitoire des particules autour
de leur position d’équilibre. On qualiïŹe encore les ondes ultrasonores
de vibrations matérielles.
Elles sont, comme toute onde, dĂ©ïŹnies par plusieurs caractĂ©ristiques,
dontcertainessont liées entreelles,tellesquela fréquence, lapériode,la
longueur d’onde, la vitesse de propagation, l’amplitude et l’intensitĂ©
(ïŹg 2).
La fréquence (F) correspond au nombre de cycles (alternance de
compressions et raréfactions) par seconde ; son unité est le hertz (Hz).
Letermed’ultrasonsvientde ce que lafrĂ©quencedesondesultrasonores
est situĂ©e au-delĂ  de la gamme audible, c’est-Ă -dire au-delĂ  de
20 000 Hz (20 kHz), ce qui les différencie des sons qui sont également
des ondes acoustiques, mais que l’oreille humaine peut percevoir.
La pĂ©riode (τ) correspond Ă  la durĂ©e d’un cycle, elle s’exprime en unitĂ©
de temps. C’est l’inverse de la frĂ©quence.
La longueur d’onde (λ) est la distance entre deux zones de statut
identique par rapport à la propagation de l’onde, ou encore la distance
parcourue par l’onde pendant une pĂ©riode.
La vitesse de propagation de l’onde (c) dĂ©pend du milieu traversĂ©. Dans
les tissus biologiques, elle est de 1 540 m/s en moyenne.
Longueur d’onde (λ), vitesse (c) et pĂ©riode (τ) ou frĂ©quence (F = 1/τ)
sont liĂ©es : λ=c.τ,λ= c/F.
La longueur d’onde est d’autant plus courte que la frĂ©quence est Ă©levĂ©e.
L’amplitude correspond au maximum de variation des variables
acoustiques (densitĂ© ou pression) induites par l’onde par rapport au
statut d’équilibre.
L’intensitĂ© (Ă©gale au carrĂ© de l’amplitude) correspond Ă  la puissance
transportĂ©e par unitĂ© de surface et s’exprime en watts par centimĂštre
carré(W/cm
2
).L’intensitĂ©n’estpasuniformeauseindufaisceau,du fait
desagĂ©omĂ©triecaractĂ©risĂ©epar un Ă©largissementprogressif ;l’intensitĂ©
est maximale au voisinage du point focal, lĂ  oĂč le diamĂštre, donc la
surface du faisceau, est le plus rĂ©duit. Elle n’est pas non plus uniforme
temporellement car les ondes sont émises de façon discontinue pour la
rĂ©alisation de l’imagerie, sous forme de pulses de courte durĂ©e. Cela
conduit donc Ă  dĂ©ïŹnir des intensitĂ©s moyennes et des pics d’intensitĂ©
spatiaux ou temporels (tableau I).
Du point de vue spatial, on considĂšre l’intensitĂ© au centre du faisceau
(spatialpeak,SP) oumoyennée(spatialaverage, SA) etdupointde vue
temporel, on considĂšre les valeurs pendant le pulse (pulse average, PA)
ou moyennées au cours du temps (temporal average, TA). De ces
donnĂ©es rĂ©sultent quatre types d’intensitĂ© :
– Ispta (SP, TA) ;
– Isata (SA, TA) ;
– Isppa (SP, PA) ;
– Isapa (SA, PA).
Une derniĂšre notion importante est la notion de phase : deux ondes sont
en phase si elles induisent les mĂȘmes modiïŹcations (compression ou
rarĂ©faction) au mĂȘme instant. De la phase dĂ©pendent les phĂ©nomĂšnes
d’interfĂ©rences entre ondes Ă©lĂ©mentaires. Les effets s’additionnent pour
les ondes en phase (interférences constructives) et ont tendance à
s’annuler pour les ondes en opposition de phase. Dans le cas particulier
des ondes ultrasonores, le déphasage programmé et calculé de
diffĂ©rentes ondes Ă©lĂ©mentaires permet de concentrer l’énergie
ultrasonore sur une zone Ă©troite, c’est-Ă -dire de focaliser le faisceau
ultrasonore qui tend sinon Ă  diverger.
L’amplitude et l’intensitĂ© (Ă©gale au carrĂ© de l’amplitude) des ondes
diminuent progressivement au cours de la traversée des tissus. Cette
rĂ©duction correspond Ă  l’attĂ©nuation et s’exprime en dĂ©cibels (dB). Ces
unitĂ©s permettent la comparaison de valeurs d’intensitĂ©, lorsque
d’importantes variations sont possibles et lorsqu’il n’y a pas de zĂ©ro de
rĂ©fĂ©rence. La valeur de rĂ©fĂ©rence est alors l’intensitĂ© initiale Io.
L’attĂ©nuation en dB=10log
10
I/Io.
Une atténuation de -20 dB correspond à un son 100 fois moins intense
qu’initialement.
Si 10 log
10
I/Io = -20, log
10
I/Io = -2, I/Io = 10
–2
, I = 0,01 Io.
Production des ultrasons
Piézoélectricité
Les ultrasons sont générés par piézoélectricité, phénomÚne qui permet
la transformation d’une Ă©nergie mĂ©canique en Ă©nergie Ă©lectrique, de
façon réversible. Cette fonction est réalisée par un élément de la sonde
ayant des propriĂ©tĂ©s piĂ©zoĂ©lectriques ; il s’agit de cĂ©ramiques PZT, de
matériaux composites ou de polymÚres. Le terme de transducteur qui
dĂ©signe l’élĂ©ment piĂ©zoĂ©lectrique ou par extension la sonde elle-mĂȘme
vient de ce qu’ils convertissent une forme d’énergie en une autre. Ils
fonctionnent autant comme Ă©metteurs d’ultrasons que comme
rĂ©cepteurs. Pour produire un faisceau d’ultrasons, on leur applique une
impulsion Ă©lectrique qui entraĂźne une vibration de la cĂ©ramique. À
l’inverse, lors de la rĂ©ception de l’écho, l’onde de pression qui vient
heurter le transducteur induit l’apparition de charges Ă©lectriques. Ce
signal électrique est ensuite traité dans les circuits électroniques de
l’appareil et sert Ă  l’élaboration de l’image Ă©chographique.
CaractĂ©ristiques de l’émission acoustique
L’émission ultrasonore en imagerie est intermittente. Elle est produite
par des impulsions électriques dont la durée détermine les
caractĂ©ristiques de l’émission acoustique.
Une impulsion brĂšve induit une courte vibration de l’élĂ©ment
piĂ©zoĂ©lectrique. Les Ă©chos rĂ©ïŹ‚Ă©chis sont Ă©galement brefs, ce qui permet
de distinguer deux cibles proches si les Ă©chos qu’elles Ă©mettent sont
dĂ©calĂ©s. Plus l’écho est bref, plus la distance rĂ©solue est petite.
La durĂ©e de l’impulsion Ă©lectrique inïŹ‚uence Ă©galement la disparitĂ© des
fréquences émises.
Un transducteur a une fréquence de résonance naturelle (dite fréquence
centrale ou fréquence opératoire), inversement proportionnelle à
l’épaisseur de l’élĂ©ment piĂ©zoĂ©lectrique.
La stimulation Ă©lectrique induit une Ă©mission acoustique qui n’est pas
composĂ©e d’une seule frĂ©quence mais d’une gamme de frĂ©quences
rĂ©parties de façon gaussienne de part et d’autre de la frĂ©quence de
rĂ©sonance (ïŹg 3). L’étalement de la rĂ©partition gaussienne peut ĂȘtre
modulé par la durée de stimulation électrique. Une impulsion brÚve
produit simultanément des ondes de fréquence dispersée, donc un
étalement de la gamme des fréquences émises.Avec une impulsion plus
longue, les fréquences émises sont davantage regroupées autour de la
fréquence centrale, ce qui est plus adapté aux examens doppler.
Si les transducteurs des appareils haut de gamme actuels ont tous la
capacité de gérer une large bande passante fréquentielle, ce qui est
1Propagation de l’onde ultrasonore.
Compression puis raréfaction des particules du milieu traversé, se transmettant de
proche en proche.
τ
λ
A
V
ariables acoustiques
(densité / pression)
Temps
2Caractéristiques de
l’onde ultrasonore.
Évolution des variables
acoustiques en fonction
du temps.
τ: pĂ©riode ; λ: longueur
d’onde ;A : amplitude.
Tableau I. – DĂ©ïŹnition des diffĂ©rents types d’intensitĂ©.
Intensité Au niveau
du point focal
(
spatial peak,
SP)
Sur l’ensemble
du faisceau
(
spatial average,
SA)
lors du
pulse
(
pulse ave-
rage,
PA) I
SPPA
I
SAPA
moyennée temporelle-
ment (
temporal average,
TA)
I
SPTA
I
SATA
PHYSIQUE DES ULTRASONS Radiodiagnostic35-000-C-10
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nĂ©cessaire pour l’imagerie d’harmonique, les caractĂ©ristiques de
l’émission acoustique pour l’imagerie mode B peuvent ĂȘtre diffĂ©rentes
d’un constructeur Ă  l’autre. L’émission acoustique peut ĂȘtre soit une
émission « large bande », soit une émission gaussienne plus étroite,
l’opĂ©rateur ayant la possibilitĂ© de dĂ©caler la frĂ©quence centrale
d’émission en cours d’examen.
Propagation des ultrasons
Notion d’impĂ©dance acoustique
L’onde de pression produite par la cĂ©ramique piĂ©zoĂ©lectrique se
transmet au milieu. Sa vitesse de propagation (c) dépend du milieu
traversé. Elle est fonction de la déformabilité du milieu (E = module
d’Young) et de sa densitĂ© q.
C = (E/ρ)
Dans les différents composants tissulaires (eau, graisse, muscle), ces
valeurs sont trĂšs proches et la cĂ©lĂ©ritĂ© des ultrasons varie peu d’un tissu
Ă  l’autre (de 1 400 Ă  1 600 m/s), sauf au niveau de l’os cortical oĂč elle
est beaucoup plus élevée (4 800 m/s).
Pour les mesures de distance par Ă©chographie, on considĂšre que la
propagation des ultrasons se fait Ă  la vitesse constante de 1 540 m/s. Le
délai (T) qui sépare la réception des deux échos correspond à deux fois
la distance qui sépare les deux interfaces (car cette distance est
parcourue deux fois, à l’aller par l’onde incidente et au retour par l’onde
rĂ©ïŹ‚Ă©chie) divisĂ©e par c.
T = 2D/c d’oĂč D = T x c/2.
Les mesures échographiques comportent en réalité une imprécision du
fait des variations de célérité dans les différents tissus.
Deux échos reçus à un intervalle de 10 ”s correspondent à deux points
distants de 8 mm si on considÚre une vitesse de déplacement de
1 600 m/s (1 600×10×10
–6
/2), et de 7 mm si la vitesse est de 1400 m/s
(1 400×10×10
–6
/2).
Au cours de sa propagation, l’onde ultrasonore traverse des milieux
diffĂ©rents, certainslui permettentdese propager facilement,d’autreslui
opposentunerĂ©sistance. La rĂ©sistanceĂ  l’ondede pressioncorrespond Ă 
l’impĂ©dance acoustique Z ; elle traduit la plus ou moins grande facilitĂ©
avec laquelle les particules du milieu traversé sont déplacées.
Elle dépend de la densité du milieu qet de c, la célérité des ultrasons
dans le milieu. Z = ρ x c
PhénomÚnes observés aux interfaces
Une interface correspond Ă  la limite entre deux milieux d’impĂ©dance
acoustique différente.
Plusieurs phĂ©nomĂšnes sont observĂ©s aux interfaces : il s’agit de
phĂ©nomĂšnes de rĂ©ïŹ‚exion, de transmission et de rĂ©fraction du faisceau
ultrasonore.
RĂ©ïŹ‚exion et transmission
Lorsque le faisceau d’ultrasons parvient à une interface, il peut la
franchir ou ĂȘtre rĂ©ïŹ‚Ă©chi. La fraction du faisceau qui franchit l’interface
est la fraction transmise ; elle poursuit son trajet en profondeur. La
fraction non transmise est rĂ©ïŹ‚Ă©chie vers la source d’émission. L’angle
de rĂ©ïŹ‚exion est toujours Ă©gal Ă  l’angle d’incidence du faisceau, d’oĂč le
terme de rĂ©ïŹ‚exion spĂ©culaire (en miroir) qui qualiïŹe la rĂ©ïŹ‚exion aux
interfaces. La rĂ©ïŹ‚exion spĂ©culaire est angle-dĂ©pendante : pour une
dĂ©tection maximale du signal rĂ©ïŹ‚Ă©chi, l’orientation de la sonde doit
permettre d’aborder l’interface perpendiculairement : l’écho revient
alors au transducteur puisque angles d’incidence et de rĂ©ïŹ‚exion sont
égaux. Pour améliorer une image échographique, notamment la
visualisation des parois vasculaires, gĂ©nĂ©rĂ©e par rĂ©ïŹ‚exion spĂ©culaire,
l’examinateur doit ajuster l’angle d’incidence du faisceau ultrasonore,
en modiïŹant graduellement le positionnement de la sonde.
RĂ©ïŹ‚exion et transmission s’observent pour des interfaces de grande
taille par rapport à la longueur d’onde du faisceau. Si l’interface est de
petite taille, l’onde ultrasonore diffuse dans tout le milieu de
propagation, au lieu d’ĂȘtre rĂ©ïŹ‚Ă©chie et transmise (ïŹg 4).
Pour une interface abordĂ©e perpendiculairement, les fractions rĂ©ïŹ‚Ă©chie
et transmise sont liĂ©es Ă  la variation d’impĂ©dance par les relations
suivantes.
– Coefficient de rĂ©ïŹ‚exion R : R = (Z2 - Z1/Z2 + Z1)2
– Coefficient de transmission T : T = (4 Z1Z2)/(Z1+Z2)2
Remarque. Lorsque l’interface n’est pas abordĂ©e perpendiculairement,
les angles d’incidence et de transmission U
i
et U
t
du faisceau
interviennent Ă©galement.
Le fait de passer vers un milieu de plus faible ou plus forte impédance
n’inïŹ‚uencepasl’importancede la rĂ©ïŹ‚exion,c’est ladiffĂ©renceen valeur
absolue qui compte. Si la diffĂ©rence d’impĂ©dance est faible, presque
toute l’énergie ultrasonore est transmise. Lorsqu’elle est importante, la
fraction rĂ©ïŹ‚Ă©chie est Ă©levĂ©e (tableau II).
Trois situations peuvent ĂȘtre individualisĂ©es.
–La diffĂ©rence d’impĂ©dance est faible. C’est le cas des interfaces entre
deux tissus mous, qui n’entraĂźnent qu’une rĂ©ïŹ‚exion minime de l’ordre
de3‰(R=[1,65-1,5/1,65+ 1,5]2 =3 ‰).Laquasi-totalitĂ©du faisceau
est transmise. C’est vers ce rĂ©sultat que l’on tend en utilisant des
revĂȘtementsquiminimisentlesdiffĂ©rences d’impĂ©dance entrelecapteur
etlapeaudusujetexaminĂ©.Ces«adaptateursd’impĂ©dance » permettent
à l’essentiel du faisceau de traverser l’interface sonde-peau et de se
propager dans les tissus.
–La diffĂ©rence d’impĂ©dance est Ă©levĂ©e, comme entre os cortical et
tissus mous. La rĂ©ïŹ‚exion est importante, de l’ordre de 50 % (R = [7,8-
1,5/7,8+1,5]
2
ÂȘ0,5),cequilimitelapropagation du faisceau ultrasonore
et explique le phĂ©nomĂšne de cĂŽne d’ombre observĂ© en arriĂšre des
calciïŹcations.
A
∆
Fo F
F
A
Fo F
F
∆
3Largeur de bande passante.
A. Un
pulse
bref produit des frĂ©quences dispersĂ©es de part et d’autre de la
fréquence de résonance F
0
.
B. Un
pulse
plus long produit un spectre plus Ă©troit.
A
B
Tableau II. – Valeurs d’impĂ©dance des principaux tissus.
Milieu Impédance acoustique
Air 440
Graisse 1,4 ×10
6
Eau 1,5 ×10
6
Rein 1,75 ×10
6
Os cortical 7,8 ×10
6
PHYSIQUE DES ULTRASONSRadiodiagnostic 35-000-C-10
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–Une des deux impĂ©dances est trĂšs faible. Le faisceau est presque
totalementrĂ©ïŹ‚Ă©chi.C’est lecas desinterfacesair-tissusqui donnentlieu
Ă  une rĂ©ïŹ‚exion quasi totale (R = [1,5 x 10
6
- 400/ 1,5 x 10
6
+ 400]
2a
1).
L’air constitue une barriĂšre Ă  la propagation des ultrasons, d’oĂč la
nĂ©cessitĂ© d’interposer du gel entre la peau et la sonde pour assurer la
transmission du faisceau ultrasonore.
RĂ©fraction
Lorsque le faisceau aborde une interface avec un angle différent de 90°,
si l’angle de rĂ©ïŹ‚exion reste Ă©gal Ă  l’angle d’incidence, la fraction
transmise subit une rĂ©fraction (ïŹg 4), c’est-Ă -dire qu’elle est dĂ©viĂ©e par
rapportĂ  l’axe dufaisceauincident. L’anglederĂ©fraction Ί2 dĂ©pendde
l’angle d’incidence Ί1 et de la variation de cĂ©lĂ©ritĂ© entre les deux
milieux : sin Ί1/sin Ί2 = c1/c2.
En fait, compte tenu de la faible variation de célérité des ultrasons dans
les différents tissus, la réfraction est généralement peu importante.
Propagation dans le milieu
Diffusion
Lorsque l’onde ultrasonore rencontre une cible de petite dimension par
rapport à sa longueur d’onde et non plus une interface de grande taille,
on observe, au lieu d’une rĂ©ïŹ‚exion et d’une transmission partielles, une
diffusion multidirectionnelle (ïŹg 4). Les microstructures des
parenchymes (amas cellulaires, ïŹbres collagĂšnes), de taille
inframillimétrique, constituent de multiples sources de diffusion. Les
paroisvasculairesirrĂ©guliĂšressontĂ©galementĂ l’originedephĂ©nomĂšnes
dediffusion.Aulieu d’orienter l’onde rĂ©ïŹ‚Ă©chie sous forme d’un faisceau
monodirectionnel, les diffuseurs rĂ©Ă©mettent dans tout l’espace. La
fraction diffusée qui revient vers la sonde (fraction rétrodiffusée) donne
l’échostructure des parenchymes, alors que les contours d’organes sont
gĂ©nĂ©rĂ©s par rĂ©ïŹ‚exion spĂ©culaire (ïŹg 5). Les ondes diffusĂ©es subissent
d’importantesinterfĂ©rencesentreelles, certaines constructives, d’autres
destructives, ayant un caractÚre aléatoire. De ce fait, les échos
rétrodiffusés (speckle) sont peu informatifs sur le plan anatomique, ils
ne renseignent pas sur la taille ou la situation des diffuseurs. Ils sont
généralementdefaibleintensitécomparativementauxéchosgénéréspar
la rĂ©ïŹ‚exion spĂ©culaire. Leur traduction Ă  l’écran est dĂ©pendante des
procédés de traitement du signal, en particulier de la gestion du bruit.
Les phĂ©nomĂšnes de diffusion sont indĂ©pendants de l’angle d’incidence
du faisceau ; de ce fait, l’échostructure des parenchymes n’est pas
modiïŹĂ©e par l’orientation de la sonde.
Absorption - Atténuation
Unepartiedel’énergiemĂ©canique de l’ondeacoustique est absorbĂ©e par
transformation en chaleur. Du fait des rĂ©ïŹ‚exions successives, de la
diffusion et de l’absorption, l’onde ultrasonore s’attĂ©nue
progressivement en profondeur. L’attĂ©nuation augmente de façon
linĂ©aire avec la frĂ©quence de la sonde ; la profondeur d’exploration est
de ce fait limitĂ©e avec les sondes de haute frĂ©quence. L’ordre de
grandeur de l’attĂ©nuation est de 1dB/MHz /cm.
Pour que deux interfaces Ă©galement rĂ©ïŹ‚Ă©chissantes mais situĂ©es Ă  des
profondeurs diffĂ©rentes aient la mĂȘme traduction Ă  l’écran, les appareils
d’échographie sont dotĂ©s de systĂšmes time gain compensation (TGC)
quipermettent d’augmenter l’amplitudedel’écho suivant laprofondeur
dontilestissu(ïŹg 6),cetteprofondeurĂ©tantmesurĂ©eparletempsĂ©coulĂ©
entre émission et réception.
Énergie dĂ©livrĂ©e et effets biologiques induits
Les effets biologiques d’une onde ultrasonore peuvent ĂȘtre de deux
ordres :mĂ©caniquesd’unepart,thermiquesd’autrepart.Ils’agitd’effets
potentiels ou uniquement observĂ©s chez l’animal dans des conditions
Z1 Z2
IT
R
I
T
R
Ί1
Ί2
IT
R
I
4Devenir des ultrasons.
A. Incidence normale.
B. Incidence oblique.
C. Interface de grande taille.
D. Cible ponctuelle.
A, C : rĂ©ïŹ‚exion ; B : rĂ©fraction ; D : diffusion.
A
B
C
D
5La fraction diffusĂ©e donne l’échostructure granitĂ©e du parenchyme hĂ©patique.
L’imagehyperĂ©chogĂšnedudiaphragme(ïŹ‚Ăšche)estgĂ©nĂ©rĂ©eparrĂ©ïŹ‚exionspĂ©culaire,
demĂȘmequelavisualisationdelaparoidesveinessus-hĂ©patiquesmieuxanalysĂ©es
sur les portions orientĂ©es Ă  90° par rapport Ă  l’axe du faisceau (ïŹ‚Ăšches).
PHYSIQUE DES ULTRASONS Radiodiagnostic35-000-C-10
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expĂ©rimentales, car, Ă  ce jour, aucun effet secondaire n’a pu ĂȘtre mis en
Ă©vidence dans les conditions de rĂ©alisation de l’imagerie diagnostique.
Toutefois, les puissances acoustiques produites par les appareils sont en
constante augmentation, ce qui incite à une réévaluation réguliÚre.
Effets mécaniques
Le faisceau ultrasonore, en induisant des phénomÚnes de compression
et d’expansion, peut provoquer des effets mĂ©caniques. La cavitation est
un de ces effets ; elle correspond à la production et à l’activation de
bulles de gaz en milieu liquide. Le gaz peut ĂȘtre dĂ©jĂ  prĂ©sent dans le
milieu ou exister Ă  l’état dissous et repasser Ă  l’état gazeux. Lorsque
l’amplitude de l’onde est trĂšs importante, le rĂ©seau liquide peut se
déchirer et laisser se former des bulles de gaz.
– Lacavitationstablecorrespondà une oscillation dela paroi desbulles
crĂ©Ă©eslorsdupassagedel’ondeultrasonore.Ellepeutinduiredesmicro-
courants de ïŹ‚uide ou des phĂ©nomĂšnes de lyse cellulaire.
– Lacavitation transitoireou inertiellesurvient lorsque l’oscillationest
telle qu’elle aboutit à un effondrement des parois de bulle, ce qui libùre
une trĂšs forte Ă©nergie. Elle peut entraĂźner une onde de choc et induire
une élévation thermique locale intense ainsi que la production de
radicaux libres. Il s’agit du principal mĂ©canisme en cause dans la
lithotripsie.
Les caractĂ©ristiques de plusieurs appareils d’imagerie diagnostique
actuels peuvent dépasser le seuil de cavitation. Un index mécanique
(MI)aĂ©tĂ©dĂ©ïŹnipour Ă©valuer le risquede cavitation ets’afficheĂ  l’écran
sur les appareils récents. Le seuil de risque est abaissé dans les tissus
contenant des corps gazeux bien dĂ©ïŹnis, tels que les alvĂ©oles
pulmonaires. L’index mĂ©canique doit y ĂȘtre infĂ©rieur Ă  0,3.
Effets thermiques
L’absorption de l’énergie ultrasonore et sa conversion en chaleur sont
susceptibles d’élever la tempĂ©rature locale. En fait, la circulation
sanguine dissipe la majeure partie de la chaleur produite. Avec les
Ă©quipements actuels, l’imagerie mode B est rĂ©alisĂ©e avec des
puissances acoustiques qui ne sont pas capables de produire des
élévations de température dangereuses, que ce soit par voie
transcutanée, endocavitaire ou endoscopique. En revanche, les
équipements doppler en ont la capacité, surtout aux interfaces tissus
mous et os. Il faut donc utiliser la puissance minimale utile au
diagnostic et limiter le temps d’exposition. La sonde elle-mĂȘme peut
ĂȘtre une source de chaleur par conduction. Les sondes d’échographie
transƓsophagiennes sont Ă©quipĂ©es d’un thermistor qui permet
d’interrompre automatiquement l’émission acoustique lorsque la
température du capteur atteint 41 °C.
Des indices thermiques, TIS pour les tissus mous, TIB pour les
structuresosseuses,ont Ă©tĂ©dĂ©ïŹnis etcalculĂ©ssurdes modĂšles invitro.Il
s’agit de rapports entre la puissance acoustique totale à la puissance
acoustique nécessaire à élever la température de 1 °C. Ces indices sont
monitorĂ©s et affichĂ©s Ă  l’écran.Aux États-Unis, la FDA(Food and Drug
Administration) a proposé des normes pour contrÎler les effets
biologiques des ultrasons. Les index thermiques doivent ĂȘtre infĂ©rieurs
Ă 2,l’index mĂ©caniqueinfĂ©rieur Ă 0,3dansles tissus contenantdescorps
gazeux bien dĂ©ïŹnis (alvĂ©oles pulmonaires). Les normes proposĂ©es pour
l’intensitĂ© ISPRA sont prĂ©sentĂ©es dans le tableau III, mais cette valeur
n’est pas monitorĂ©e sur les appareils actuellement.
Technologie
Composition d’un transducteur
Un transducteur comporte quatre types d’élĂ©ments constitutifs (ïŹg 7),
qui ont chacun une fonction diffĂ©rente. L’élĂ©ment piĂ©zoĂ©lectrique
produit l’impulsion ultrasonore et transforme les Ă©chos rĂ©ïŹ‚Ă©chis en
signal électrique. Son épaisseur détermine la fréquence de résonance de
la sonde. Chacune de ses faces est métallisée, pour constituer une
Ă©lectrode. Les Ă©lectrodes permettent d’exciter l’élĂ©ment actif et
réceptionnent les informations électriques aprÚs conversion, par
l’élĂ©mentactif,desondes ultrasonores rĂ©ïŹ‚Ă©chies. L’électrodedistale est
recouverte d’un revĂȘtement dont l’impĂ©dance doit ĂȘtre la plus proche
possiblede celledes tissus biologiquespour permettreunetransmission
optimale du faisceau (cf supra). Cette couche adaptatrice, Ă©galement
appelĂ©e lame quart d’onde (car son Ă©paisseur correspond au quart de la
longueur d’onde du faisceau Ă©mis), est au contact direct de la peau.
6Coupe transversale de l’utĂ©rus rĂ©alisĂ©e par voie endovaginale, avec trois ni-
veauxdefocalisationsuccessifsmatérialisésparlesmarqueurstriangulairesàdroite
del’imageendedansdelacourbeTGC.Au-delàdudernierniveaudefocalisation,on
noteunedégradationdelarésolutionlatérale,avecdeséchosnonpunctiformesmais
étalés transversalement.
Tableau III. – NormesproposĂ©esparlaFoodandDrugAdministration(FDA).
ParamĂštres de contrĂŽle des effets biologiques des ultrasons
Type d’examen IntensitĂ© ultrasonore (I
SPTA
)
Doppler pulsĂ© fƓtal 100 mW/cm
2
Doppler pulsé périphérique 450 mW/cm
2
Doppler continu 720 mW/cm
2
Doppler transcrĂąnien 800 mW/cm
2
Doppler transorbitaire ou transfontanellaire 80 mW/cm
2
Doppler abdominal pas de norme dĂ©ïŹnie
Mode B abdominal 50 mW/cm
2
Mode B transvaginal 30 mW/cm
2
*I
SPTA (
spatial-peak time average
) : intensitĂ© ultrasonore ; il s’agit de l’énergie par unitĂ© de surface et par unitĂ©
de temps, moyennée sur une période. La recommandation de la FDA est 2,1 W/cm2.
1
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3
4
5
6
7Composition d’un transducteur.
1. Cùble ; 2. boßtier ; 3. bloc amortisseur ; 4. électrodes ; 5. éléments piézoélectri-
ques ; 6. lame quart d’onde.
PHYSIQUE DES ULTRASONSRadiodiagnostic 35-000-C-10
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