ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 35-000-C-10 35-000-C-10 Physique des ultrasons MP Revel R é s u m é. – Les ondes ultrasonores sont des ondes de pression qui impriment une succession de compressions et de raréfactions des particules du milieu, qui se transmet de proche en proche, à la vitesse de 1 540 m/s dans les tissus biologiques. La résistance des particules à l’onde de pression définit l’impédance acoustique. Aux interfaces entre tissus d’impédance différente, le faisceau d’ultrasons est soit transmis (impédances proches), et poursuit alors sa propagation en profondeur, soit réfléchi en miroir (réflexion spéculaire) vers la source d’émission (forte différence d’impédance). Si l’interface est ponctuelle, le faisceau diffuse dans tout l’espace. Les contours d’organe et les parois vasculaires sont générés par réflexion spéculaire car il s’agit d’interfaces de grande taille, tandis que les parenchymes, faits de microstructures, génèrent essentiellement de la diffusion. Il n’y a pas d’effet secondaire rapporté lié aux ultrasons dans les conditions du diagnostic, mais l’augmentation constante des puissances acoustiques émises conduit à définir des indices de surveillance : index mécanique pour le seuil de cavitation et indices thermiques pour les effets thermiques. Le balayage échographique peut être réalisé soit par des sondes mécaniques, équipées de systèmes oscillants ou rotatifs, soit plus volontiers actuellement par des sondes électroniques qui possèdent une rangée d’éléments fixes activés successivement par sous-groupes, chaque sous-groupe générant une ligne de tir ultrasonore. Avec ce type de technologie, la production et la focalisation du faisceau sont gérées électroniquement (formateur de faisceau numérique). Les ultrasons sont produits par la vibration des éléments piézoélectriques de la sonde, en réponse à une stimulation électrique issue du générateur. Ils ont la capacité d’émettre soit une large bande fréquentielle, soit une gaussienne plus centrée sur leur fréquence centrale de résonance, notamment pour les explorations doppler. En réception, ils convertissent les échos en signal électrique. Après amplification, une compression du signal est nécessaire pour que les différentes valeurs d’amplitude des échos puissent être traduites en brillance sur l’écran de visualisation. Plusieurs pré- ou post-traitements précèdent la visualisation. La lecture de la mémoire numérique, qui stocke pour chaque coordonnée topographique la valeur de l’écho, s’effectue à une cadence qui correspond au balayage de l’écran de visualisation. La résolution en contraste dépend de la sensibilité des capteurs et du nombre de niveaux de gris de la mémoire numérique. La résolution spatiale est d’autant plus élevée que la longueur d’onde est courte et que le faisceau est étroit, focalisé. Les nouveaux développements concernent l’imagerie d’harmonique tissulaire qui sélectionne les échos multiples de la fréquence fondamentale émise, pour éliminer une partie du bruit sur l’image, et l’imagerie en trois dimensions (3D). © Elsevier, Paris © 1999, Elsevier, Paris. Marie-Pierre Revel : Praticien hospitalier, hôpital Laennec, service de radiologie, 42, rue de Sèvres, 75340 Paris cedex 7, France. Physique des ultrasons Définition et nature des ultrasons Toute référence à cet article doit porter la mention : Revel MP. Physique des ultrasons. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Radiodiagnostic - Principes et techniques d’imagerie, 35-000-C-10, 1999, 14 p. Les ondes ultrasonores sont des ondes de pression. Elles induisent une succession de compression et de raréfaction des particules du milieu qu’elles traversent, qui se transmet de proche en proche (fig 1). Leur 35-000-C-10 PHYSIQUE DES ULTRASONS Radiodiagnostic Tableau I. – Définition des différents types d’intensité. 1 Propagation de l’onde ultrasonore. Compression puis raréfaction des particules du milieu traversé, se transmettant de proche en proche. Variables acoustiques (densité / pression) λ A τ 2 Caractéristiques de l’onde ultrasonore. Évolution des variables Temps acoustiques en fonction du temps. τ : période ; λ : longueur d’onde ; A : amplitude. propagation nécessite donc un support matériel déformable, contrairement à celle des rayons X qui peut s’effectuer dans le vide. Elles induisent localement des modifications cycliques de la densité des particules, de la pression et de la température, nommées variables acoustiques, ainsi qu’un déplacement transitoire des particules autour de leur position d’équilibre. On qualifie encore les ondes ultrasonores de vibrations matérielles. Elles sont, comme toute onde, définies par plusieurs caractéristiques, dont certaines sont liées entre elles, telles que la fréquence, la période, la longueur d’onde, la vitesse de propagation, l’amplitude et l’intensité (fig 2). La fréquence (F) correspond au nombre de cycles (alternance de compressions et raréfactions) par seconde ; son unité est le hertz (Hz). Le terme d’ultrasons vient de ce que la fréquence des ondes ultrasonores est située au-delà de la gamme audible, c’est-à-dire au-delà de 20 000 Hz (20 kHz), ce qui les différencie des sons qui sont également des ondes acoustiques, mais que l’oreille humaine peut percevoir. La période (τ) correspond à la durée d’un cycle, elle s’exprime en unité de temps. C’est l’inverse de la fréquence. La longueur d’onde (λ) est la distance entre deux zones de statut identique par rapport à la propagation de l’onde, ou encore la distance parcourue par l’onde pendant une période. La vitesse de propagation de l’onde (c) dépend du milieu traversé. Dans les tissus biologiques, elle est de 1 540 m/s en moyenne. Longueur d’onde (λ), vitesse (c) et période (τ) ou fréquence (F = 1/τ) sont liées : λ = c.τ, λ = c/F. La longueur d’onde est d’autant plus courte que la fréquence est élevée. L’amplitude correspond au maximum de variation des variables acoustiques (densité ou pression) induites par l’onde par rapport au statut d’équilibre. L’intensité (égale au carré de l’amplitude) correspond à la puissance transportée par unité de surface et s’exprime en watts par centimètre carré (W/cm2). L’intensité n’est pas uniforme au sein du faisceau, du fait de sa géométrie caractérisée par un élargissement progressif ; l’intensité est maximale au voisinage du point focal, là où le diamètre, donc la surface du faisceau, est le plus réduit. Elle n’est pas non plus uniforme temporellement car les ondes sont émises de façon discontinue pour la réalisation de l’imagerie, sous forme de pulses de courte durée. Cela conduit donc à définir des intensités moyennes et des pics d’intensité spatiaux ou temporels (tableau I). Du point de vue spatial, on considère l’intensité au centre du faisceau (spatial peak, SP) ou moyennée (spatial average, SA) et du point de vue temporel, on considère les valeurs pendant le pulse (pulse average, PA) ou moyennées au cours du temps (temporal average, TA). De ces données résultent quatre types d’intensité : – Ispta (SP, TA) ; – Isata (SA, TA) ; – Isppa (SP, PA) ; – Isapa (SA, PA). Une dernière notion importante est la notion de phase : deux ondes sont en phase si elles induisent les mêmes modifications (compression ou page 2 Intensité Au niveau du point focal (spatial peak, SP) Sur l’ensemble du faisceau (spatial average, SA) lors du pulse (pulse average, PA) ISPPA ISAPA moyennée temporellement (temporal average, TA) ISPTA ISATA raréfaction) au même instant. De la phase dépendent les phénomènes d’interférences entre ondes élémentaires. Les effets s’additionnent pour les ondes en phase (interférences constructives) et ont tendance à s’annuler pour les ondes en opposition de phase. Dans le cas particulier des ondes ultrasonores, le déphasage programmé et calculé de différentes ondes élémentaires permet de concentrer l’énergie ultrasonore sur une zone étroite, c’est-à-dire de focaliser le faisceau ultrasonore qui tend sinon à diverger. L’amplitude et l’intensité (égale au carré de l’amplitude) des ondes diminuent progressivement au cours de la traversée des tissus. Cette réduction correspond à l’atténuation et s’exprime en décibels (dB). Ces unités permettent la comparaison de valeurs d’intensité, lorsque d’importantes variations sont possibles et lorsqu’il n’y a pas de zéro de référence. La valeur de référence est alors l’intensité initiale Io. L’atténuation en dB = 10 log10I/Io. Une atténuation de -20 dB correspond à un son 100 fois moins intense qu’initialement. Si 10 log10I/Io = -20, log10I/Io = -2, I/Io = 10–2, I = 0,01 Io. Production des ultrasons Piézoélectricité Les ultrasons sont générés par piézoélectricité, phénomène qui permet la transformation d’une énergie mécanique en énergie électrique, de façon réversible. Cette fonction est réalisée par un élément de la sonde ayant des propriétés piézoélectriques ; il s’agit de céramiques PZT, de matériaux composites ou de polymères. Le terme de transducteur qui désigne l’élément piézoélectrique ou par extension la sonde elle-même vient de ce qu’ils convertissent une forme d’énergie en une autre. Ils fonctionnent autant comme émetteurs d’ultrasons que comme récepteurs. Pour produire un faisceau d’ultrasons, on leur applique une impulsion électrique qui entraîne une vibration de la céramique. À l’inverse, lors de la réception de l’écho, l’onde de pression qui vient heurter le transducteur induit l’apparition de charges électriques. Ce signal électrique est ensuite traité dans les circuits électroniques de l’appareil et sert à l’élaboration de l’image échographique. Caractéristiques de l’émission acoustique L’émission ultrasonore en imagerie est intermittente. Elle est produite par des impulsions électriques dont la durée détermine les caractéristiques de l’émission acoustique. Une impulsion brève induit une courte vibration de l’élément piézoélectrique. Les échos réfléchis sont également brefs, ce qui permet de distinguer deux cibles proches si les échos qu’elles émettent sont décalés. Plus l’écho est bref, plus la distance résolue est petite. La durée de l’impulsion électrique influence également la disparité des fréquences émises. Un transducteur a une fréquence de résonance naturelle (dite fréquence centrale ou fréquence opératoire), inversement proportionnelle à l’épaisseur de l’élément piézoélectrique. La stimulation électrique induit une émission acoustique qui n’est pas composée d’une seule fréquence mais d’une gamme de fréquences réparties de façon gaussienne de part et d’autre de la fréquence de résonance (fig 3). L’étalement de la répartition gaussienne peut être modulé par la durée de stimulation électrique. Une impulsion brève produit simultanément des ondes de fréquence dispersée, donc un étalement de la gamme des fréquences émises. Avec une impulsion plus longue, les fréquences émises sont davantage regroupées autour de la fréquence centrale, ce qui est plus adapté aux examens doppler. Si les transducteurs des appareils haut de gamme actuels ont tous la capacité de gérer une large bande passante fréquentielle, ce qui est PHYSIQUE DES ULTRASONS Radiodiagnostic 35-000-C-10 Tableau II. – Valeurs d’impédance des principaux tissus. A ∆F F Fo A Milieu Impédance acoustique Air 440 Graisse 1,4 × 106 Eau 1,5 × 106 Rein 1,75 × 106 Os cortical 7,8 × 106 l’impédance acoustique Z ; elle traduit la plus ou moins grande facilité avec laquelle les particules du milieu traversé sont déplacées. Elle dépend de la densité du milieu q et de c, la célérité des ultrasons dans le milieu. Z=ρxc A Phénomènes observés aux interfaces Une interface correspond à la limite entre deux milieux d’impédance acoustique différente. Plusieurs phénomènes sont observés aux interfaces : il s’agit de phénomènes de réflexion, de transmission et de réfraction du faisceau ultrasonore. ∆F Fo Réflexion et transmission F B 3 Largeur de bande passante. A. Un pulse bref produit des fréquences dispersées de part et d’autre de la fréquence de résonance F0. B. Un pulse plus long produit un spectre plus étroit. nécessaire pour l’imagerie d’harmonique, les caractéristiques de l’émission acoustique pour l’imagerie mode B peuvent être différentes d’un constructeur à l’autre. L’émission acoustique peut être soit une émission « large bande », soit une émission gaussienne plus étroite, l’opérateur ayant la possibilité de décaler la fréquence centrale d’émission en cours d’examen. Propagation des ultrasons Notion d’impédance acoustique L’onde de pression produite par la céramique piézoélectrique se transmet au milieu. Sa vitesse de propagation (c) dépend du milieu traversé. Elle est fonction de la déformabilité du milieu (E = module d’Young) et de sa densité q. C = (E/ρ) Dans les différents composants tissulaires (eau, graisse, muscle), ces valeurs sont très proches et la célérité des ultrasons varie peu d’un tissu à l’autre (de 1 400 à 1 600 m/s), sauf au niveau de l’os cortical où elle est beaucoup plus élevée (4 800 m/s). Pour les mesures de distance par échographie, on considère que la propagation des ultrasons se fait à la vitesse constante de 1 540 m/s. Le délai (T) qui sépare la réception des deux échos correspond à deux fois la distance qui sépare les deux interfaces (car cette distance est parcourue deux fois, à l’aller par l’onde incidente et au retour par l’onde réfléchie) divisée par c. T = 2D/c d’où D = T x c/2. Les mesures échographiques comportent en réalité une imprécision du fait des variations de célérité dans les différents tissus. Deux échos reçus à un intervalle de 10 µs correspondent à deux points distants de 8 mm si on considère une vitesse de déplacement de 1 600 m/s (1 600×10×10–6/2), et de 7 mm si la vitesse est de 1400 m/s (1 400×10×10–6/2). Au cours de sa propagation, l’onde ultrasonore traverse des milieux différents, certains lui permettent de se propager facilement, d’autres lui opposent une résistance. La résistance à l’onde de pression correspond à Lorsque le faisceau d’ultrasons parvient à une interface, il peut la franchir ou être réfléchi. La fraction du faisceau qui franchit l’interface est la fraction transmise ; elle poursuit son trajet en profondeur. La fraction non transmise est réfléchie vers la source d’émission. L’angle de réflexion est toujours égal à l’angle d’incidence du faisceau, d’où le terme de réflexion spéculaire (en miroir) qui qualifie la réflexion aux interfaces. La réflexion spéculaire est angle-dépendante : pour une détection maximale du signal réfléchi, l’orientation de la sonde doit permettre d’aborder l’interface perpendiculairement : l’écho revient alors au transducteur puisque angles d’incidence et de réflexion sont égaux. Pour améliorer une image échographique, notamment la visualisation des parois vasculaires, générée par réflexion spéculaire, l’examinateur doit ajuster l’angle d’incidence du faisceau ultrasonore, en modifiant graduellement le positionnement de la sonde. Réflexion et transmission s’observent pour des interfaces de grande taille par rapport à la longueur d’onde du faisceau. Si l’interface est de petite taille, l’onde ultrasonore diffuse dans tout le milieu de propagation, au lieu d’être réfléchie et transmise (fig 4). Pour une interface abordée perpendiculairement, les fractions réfléchie et transmise sont liées à la variation d’impédance par les relations suivantes. – Coefficient de réflexion R : R = (Z2 - Z1/Z2 + Z1)2 – Coefficient de transmission T : T = (4 Z1Z2)/(Z1+Z2)2 Remarque. Lorsque l’interface n’est pas abordée perpendiculairement, les angles d’incidence et de transmission U i et U t du faisceau interviennent également. Le fait de passer vers un milieu de plus faible ou plus forte impédance n’influence pas l’importance de la réflexion, c’est la différence en valeur absolue qui compte. Si la différence d’impédance est faible, presque toute l’énergie ultrasonore est transmise. Lorsqu’elle est importante, la fraction réfléchie est élevée (tableau II). Trois situations peuvent être individualisées. – La différence d’impédance est faible. C’est le cas des interfaces entre deux tissus mous, qui n’entraînent qu’une réflexion minime de l’ordre de 3 ‰ (R = [1,65-1,5/ 1,65 + 1,5]2 = 3 ‰). La quasi-totalité du faisceau est transmise. C’est vers ce résultat que l’on tend en utilisant des revêtements qui minimisent les différences d’impédance entre le capteur et la peau du sujet examiné. Ces « adaptateurs d’impédance » permettent à l’essentiel du faisceau de traverser l’interface sonde-peau et de se propager dans les tissus. – La différence d’impédance est élevée, comme entre os cortical et tissus mous. La réflexion est importante, de l’ordre de 50 % (R = [7,81,5/ 7,8 + 1,5]2ª 0,5), ce qui limite la propagation du faisceau ultrasonore et explique le phénomène de cône d’ombre observé en arrière des calcifications. page 3 35-000-C-10 PHYSIQUE DES ULTRASONS Z1 Radiodiagnostic Z2 I T R A I R Φ1 5 La fraction diffusée donne l’échostructure granitée du parenchyme hépatique. L’image hyperéchogène du diaphragme (flèche) est générée par réflexion spéculaire, de même que la visualisation de la paroi des veines sus-hépatiques mieux analysées sur les portions orientées à 90° par rapport à l’axe du faisceau (flèches). Φ2 T B I rapport à l’axe du faisceau incident. L’angle de réfraction Φ2 dépend de l’angle d’incidence Φ1 et de la variation de célérité entre les deux milieux : sin Φ1/sin Φ2 = c1/c2. En fait, compte tenu de la faible variation de célérité des ultrasons dans les différents tissus, la réfraction est généralement peu importante. Propagation dans le milieu T Diffusion R C I Lorsque l’onde ultrasonore rencontre une cible de petite dimension par rapport à sa longueur d’onde et non plus une interface de grande taille, on observe, au lieu d’une réflexion et d’une transmission partielles, une diffusion multidirectionnelle (fig 4). Les microstructures des parenchymes (amas cellulaires, fibres collagènes), de taille inframillimétrique, constituent de multiples sources de diffusion. Les parois vasculaires irrégulières sont également à l’origine de phénomènes de diffusion. Au lieu d’orienter l’onde réfléchie sous forme d’un faisceau monodirectionnel, les diffuseurs réémettent dans tout l’espace. La fraction diffusée qui revient vers la sonde (fraction rétrodiffusée) donne l’échostructure des parenchymes, alors que les contours d’organes sont générés par réflexion spéculaire (fig 5). Les ondes diffusées subissent d’importantes interférences entre elles, certaines constructives, d’autres destructives, ayant un caractère aléatoire. De ce fait, les échos rétrodiffusés (speckle) sont peu informatifs sur le plan anatomique, ils ne renseignent pas sur la taille ou la situation des diffuseurs. Ils sont généralement de faible intensité comparativement aux échos générés par la réflexion spéculaire. Leur traduction à l’écran est dépendante des procédés de traitement du signal, en particulier de la gestion du bruit. Les phénomènes de diffusion sont indépendants de l’angle d’incidence du faisceau ; de ce fait, l’échostructure des parenchymes n’est pas modifiée par l’orientation de la sonde. Absorption - Atténuation D 4 Devenir des ultrasons. A. Incidence normale. B. Incidence oblique. C. Interface de grande taille. D. Cible ponctuelle. A, C : réflexion ; B : réfraction ; D : diffusion. – Une des deux impédances est très faible. Le faisceau est presque totalement réfléchi. C’est le cas des interfaces air-tissus qui donnent lieu à une réflexion quasi totale (R = [1,5 x 106- 400/ 1,5 x 106 + 400]2a 1). L’air constitue une barrière à la propagation des ultrasons, d’où la nécessité d’interposer du gel entre la peau et la sonde pour assurer la transmission du faisceau ultrasonore. Une partie de l’énergie mécanique de l’onde acoustique est absorbée par transformation en chaleur. Du fait des réflexions successives, de la diffusion et de l’absorption, l’onde ultrasonore s’atténue progressivement en profondeur. L’atténuation augmente de façon linéaire avec la fréquence de la sonde ; la profondeur d’exploration est de ce fait limitée avec les sondes de haute fréquence. L’ordre de grandeur de l’atténuation est de 1dB/MHz /cm. Pour que deux interfaces également réfléchissantes mais situées à des profondeurs différentes aient la même traduction à l’écran, les appareils d’échographie sont dotés de systèmes time gain compensation (TGC) qui permettent d’augmenter l’amplitude de l’écho suivant la profondeur dont il est issu (fig 6), cette profondeur étant mesurée par le temps écoulé entre émission et réception. Réfraction Énergie délivrée et effets biologiques induits Lorsque le faisceau aborde une interface avec un angle différent de 90°, si l’angle de réflexion reste égal à l’angle d’incidence, la fraction transmise subit une réfraction (fig 4), c’est-à-dire qu’elle est déviée par Les effets biologiques d’une onde ultrasonore peuvent être de deux ordres : mécaniques d’une part, thermiques d’autre part. Il s’agit d’effets potentiels ou uniquement observés chez l’animal dans des conditions page 4 Radiodiagnostic PHYSIQUE DES ULTRASONS 35-000-C-10 Tableau III. – Normes proposées par la Food and Drug Administration (FDA). Paramètres de contrôle des effets biologiques des ultrasons Type d’examen 6 Coupe transversale de l’utérus réalisée par voie endovaginale, avec trois niveaux de focalisation successifs matérialisés par les marqueurs triangulaires à droite de l’image en dedans de la courbe TGC. Au-delà du dernier niveau de focalisation, on note une dégradation de la résolution latérale, avec des échos non punctiformes mais étalés transversalement. expérimentales, car, à ce jour, aucun effet secondaire n’a pu être mis en évidence dans les conditions de réalisation de l’imagerie diagnostique. Toutefois, les puissances acoustiques produites par les appareils sont en constante augmentation, ce qui incite à une réévaluation régulière. Effets mécaniques Le faisceau ultrasonore, en induisant des phénomènes de compression et d’expansion, peut provoquer des effets mécaniques. La cavitation est un de ces effets ; elle correspond à la production et à l’activation de bulles de gaz en milieu liquide. Le gaz peut être déjà présent dans le milieu ou exister à l’état dissous et repasser à l’état gazeux. Lorsque l’amplitude de l’onde est très importante, le réseau liquide peut se déchirer et laisser se former des bulles de gaz. – La cavitation stable correspond à une oscillation de la paroi des bulles créées lors du passage de l’onde ultrasonore. Elle peut induire des microcourants de fluide ou des phénomènes de lyse cellulaire. – La cavitation transitoire ou inertielle survient lorsque l’oscillation est telle qu’elle aboutit à un effondrement des parois de bulle, ce qui libère une très forte énergie. Elle peut entraîner une onde de choc et induire une élévation thermique locale intense ainsi que la production de radicaux libres. Il s’agit du principal mécanisme en cause dans la lithotripsie. Les caractéristiques de plusieurs appareils d’imagerie diagnostique actuels peuvent dépasser le seuil de cavitation. Un index mécanique (MI) a été défini pour évaluer le risque de cavitation et s’affiche à l’écran sur les appareils récents. Le seuil de risque est abaissé dans les tissus contenant des corps gazeux bien définis, tels que les alvéoles pulmonaires. L’index mécanique doit y être inférieur à 0,3. Intensité ultrasonore (ISPTA) Doppler pulsé fœtal 100 mW/cm2 Doppler pulsé périphérique 450 mW/cm2 Doppler continu 720 mW/cm2 Doppler transcrânien 800 mW/cm2 Doppler transorbitaire ou transfontanellaire 80 mW/cm2 Doppler abdominal pas de norme définie Mode B abdominal 50 mW/cm2 Mode B transvaginal 30 mW/cm2 * ISPTA (spatial-peak time average) : intensité ultrasonore ; il s’agit de l’énergie par unité de surface et par unité de temps, moyennée sur une période. La recommandation de la FDA est 2,1 W/cm2. biologiques des ultrasons. Les index thermiques doivent être inférieurs à 2, l’index mécanique inférieur à 0,3 dans les tissus contenant des corps gazeux bien définis (alvéoles pulmonaires). Les normes proposées pour l’intensité ISPRA sont présentées dans le tableau III, mais cette valeur n’est pas monitorée sur les appareils actuellement. Technologie Composition d’un transducteur Un transducteur comporte quatre types d’éléments constitutifs (fig 7), qui ont chacun une fonction différente. L’élément piézoélectrique produit l’impulsion ultrasonore et transforme les échos réfléchis en signal électrique. Son épaisseur détermine la fréquence de résonance de la sonde. Chacune de ses faces est métallisée, pour constituer une électrode. Les électrodes permettent d’exciter l’élément actif et réceptionnent les informations électriques après conversion, par l’élément actif, des ondes ultrasonores réfléchies. L’électrode distale est recouverte d’un revêtement dont l’impédance doit être la plus proche possible de celle des tissus biologiques pour permettre une transmission optimale du faisceau (cf supra). Cette couche adaptatrice, également appelée lame quart d’onde (car son épaisseur correspond au quart de la longueur d’onde du faisceau émis), est au contact direct de la peau. 1 Effets thermiques L’absorption de l’énergie ultrasonore et sa conversion en chaleur sont susceptibles d’élever la température locale. En fait, la circulation sanguine dissipe la majeure partie de la chaleur produite. Avec les équipements actuels, l’imagerie mode B est réalisée avec des puissances acoustiques qui ne sont pas capables de produire des élévations de température dangereuses, que ce soit par voie transcutanée, endocavitaire ou endoscopique. En revanche, les équipements doppler en ont la capacité, surtout aux interfaces tissus mous et os. Il faut donc utiliser la puissance minimale utile au diagnostic et limiter le temps d’exposition. La sonde elle-même peut être une source de chaleur par conduction. Les sondes d’échographie transœsophagiennes sont équipées d’un thermistor qui permet d’interrompre automatiquement l’émission acoustique lorsque la température du capteur atteint 41 °C. Des indices thermiques, TIS pour les tissus mous, TIB pour les structures osseuses, ont été définis et calculés sur des modèles in vitro. Il s’agit de rapports entre la puissance acoustique totale à la puissance acoustique nécessaire à élever la température de 1 °C. Ces indices sont monitorés et affichés à l’écran. Aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) a proposé des normes pour contrôler les effets 2 3 4 5 6 7 Composition d’un transducteur. 1. Câble ; 2. boîtier ; 3. bloc amortisseur ; 4. électrodes ; 5. éléments piézoélectriques ; 6. lame quart d’onde. page 5 35-000-C-10 PHYSIQUE DES ULTRASONS Radiodiagnostic 3456 2345 12 3 4 P ligne de tir A 8 Sonde mécanique. Balayage par oscillation. Un bloc amortisseur est situé à l’arrière de l’élément actif, il absorbe les ondes émises par sa face arrière et limite la résonance propre de l’élément piézoélectrique, pour réduire la longueur du train d’onde. La durée de vibration de l’élément piézoélectrique est l’un des deux facteurs qui fixent la résolution axiale, l’autre facteur étant la longueur d’onde (fig 7). L’ensemble de ces éléments est contenu dans un boîtier qui est relié au corps de l’appareil par un câble et un connecteur. Technologie des sondes Il existe deux catégories de sondes : – les sondes mécaniques contenant un ou deux éléments mobiles, montés sur un système oscillant ou rotatif (fig 8) pour réaliser le balayage du champ ; – les sondes électroniques faites d’un alignement d’éléments fixes, activés successivement par commutation électronique. Ces sondes sont encore appelées à barrette de transducteur. Leur surface peut être linéaire, convexe ou microconvexe pour les explorations endocavitaires (fig 9). Le nombre d’éléments est variable, en général égal à 128. Chaque élément produit une « ondelette » ultrasonore qui se propage avec une divergence importante car la surface d’émission est de petite taille. Pour réduire cette divergence, les impulsions électriques sont appliquées à un groupe de plusieurs éléments dont les ondelettes élémentaires produisent une onde résultante focalisée. Le nombre d’éléments recrutés, que l’on nomme ouverture de la sonde, est fonction de la profondeur d’étude souhaitée (fig 10). Ces données seront revues lorsque seront abordés les principes de focalisation électronique. Chaque ouverture génère une ligne de tir. Un déplacement par pas successifs, avec à chaque fois décalage d’un élément (fig 9), permet de décrire toute la largeur de la barrette. Si les 128 transducteurs sont alimentés par groupe de quatre, on obtient 125 lignes parallèles de balayage. Pour améliorer la qualité de l’image, on peut augmenter le nombre de lignes en programmant par exemple une alimentation d’abord par groupe de trois, puis par groupe de quatre transducteurs, créant ainsi une image sur 250 lignes. Ces données sont gérées électroniquement par le formateur de faisceau (beam former), ce qui permet une grande souplesse de programmation. Le nombre de voies de traitement (canaux) va jusqu’à 512 sur les appareils de haut de gamme récents. L’image qui apparaît à l’écran est rectangulaire dans le cas d’une sonde à barrette linéaire (linear array), car les lignes de tir sont parallèles entre elles (fig 11). Dans le cas d’une sonde convexe ou microconvexe page 6 B 9 Sondes électroniques à barrette rectangulaire et convexe. Un déplacement par pas successifs sur la ligne azimutale permet d’activer successivement chaque groupe de transducteurs, ce qui permet d’obtenir un balayage linéaire (A) ou sectoriel (B). A. Barrette rectangulaire, balayage linéaire. B. Barrette convexe, balayage sectoriel. (curved array), la divergence des lignes de tir vers la profondeur construit une image qui a la forme d’un secteur de cercle et on parle alors de balayage sectoriel ou de sonde sectorielle (fig 12). Avec les sondes mécaniques, où le transducteur est fixé sur un système oscillant ou rotatif, on obtient également un balayage sectoriel. Les sondes à réseau phasé (phased array) permettent de réaliser un balayage sectoriel alors qu’elles ont une forme plane car leurs éléments sont excités avec un déphasage programmé qui induit un léger décalage de l’émission ultrasonore d’un transducteur à son voisin. Cela permet d’obliquer le faisceau émis d’abord dans un sens, puis dans l’autre lorsqu’on inverse le déphasage (fig 13). L’intérêt est de pouvoir balayer un champ assez large avec une sonde rectangulaire de petite dimension, que l’on peut par exemple positionner en intercostal. Cette technique est largement utilisée en cardiologie pour visualiser le cœur à travers la cage thoracique mais peut également permettre une exploration du foie par voie intercostale chez les patients difficiles. L’inconvénient de ces sondes est que la résolution latérale diminue en profondeur du fait de l’écartement progressif des lignes de balayage ultrasonore (fig 14). Géométrie du faisceau Le faisceau d’ultrasons émis est fait d’un faisceau principal qui regroupe 90 % de l’énergie ultrasonore et de deux faisceaux secondaires appelés Radiodiagnostic PHYSIQUE DES ULTRASONS 10 Ouverture variable. Plus la profondeur de focalisation est importante, plus le nombre d’éléments recrutés est élevé. 35-000-C-10 – une deuxième zone plus distale appelée zone de Fraunhofer (far field) où la divergence est plus importante. La zone de Fresnel est d’autant plus étendue que la fréquence de la sonde est élevée (k petit) et que la surface d’émission est importante. La relation est L = D2F/4c = D2/4k (car F = c/k), = r2/k, F = fréquence de la sonde, D et r = diamètre et rayon du transducteur, c = célérité des ultrasons, k = longueur d’onde. La largeur du faisceau a une grande importance car elle conditionne la résolution latérale de la sonde, c’est-à-dire le pouvoir séparateur dans la direction perpendiculaire à la propagation du faisceau. Pour améliorer la résolution latérale, on diminue la largeur du faisceau en le focalisant (fig 15B). La zone focale créée, qui correspond à la zone où se concentre l’énergie ultrasonore, est d’autant plus courte que son diamètre est fin, c’est-à-dire que le degré de focalisation est important. Au-delà de la zone focale, le faisceau diverge de façon importante, ce qui dégrade la résolution latérale. Lorsque le niveau de focalisation peut être choisi (sondes électroniques), il faut positionner la zone focale soit au niveau de la région d’intérêt, soit en limite du champ d’exploration si on ne souhaite pas privilégier une zone particulière et si on veut maintenir une bonne résolution latérale sur la totalité de la profondeur explorée. La longueur de la zone focale conditionne la profondeur de champ. L’idéal serait d’avoir une zone focale la plus étroite possible sur une profondeur de champ la plus importante possible. En fait, ces paramètres évoluent de façon opposée, pour une fréquence donnée. L/d2 = constante Plus le diamètre (d) de la zone focale est fin, plus sa longueur (L) diminue, et plus le point focal est proche du transducteur (fig 15B). Par ailleurs, pour un diamètre donné (d), plus la fréquence (F) est élevée, plus la zone focale est longue (L est élevé), mais compte tenu des phénomènes d’absorption, les sondes de haute fréquence ont une pénétration en profondeur insuffisante, ce qui limite leur utilisation à l’étude des structures superficielles. Focalisation du faisceau 11 Image rectangulaire, obtenue à l’aide d’une barrette linéaire. Coupe transversale de la thyroïde. Focaliser le faisceau consiste à le rendre plus fin (dans l’épaisseur du plan de coupe) et/ou plus étroit (dans le sens transversal), de façon à améliorer la résolution latérale (cf fig 21). Le mode de focalisation, géométrique ou électronique, dépend du type de sonde. Focalisation des sondes mécaniques 12 Balayage sectoriel à l’aide d’une sonde électronique à barrette courbe, démontrant la présence d’un angiome hépatique. lobes latéraux qui présentent une angulation par rapport à la direction du faisceau principal. Leur intensité est faible, mais ils peuvent être dans certains cas à l’origine d’artefacts de localisation spatiale. Pour supprimer les échos liés aux lobes latéraux, des pondérations sont mises en œuvre au cours du traitement du signal (fonctions d’apodisation). Le diamètre initial du faiceau correspond à celui de la source d’émission, puis le faisceau diverge. On considère deux zones dans l’axe de propagation du faisceau à partir d’un transducteur non focalisé (fig 15A) : – une première zone proximale appelée zone de Fresnel (near field) où la divergence est faible ; On peut donner une forme concave à la surface radiante de la céramique piézoélectrique de façon à entraîner une convergence du faisceau émis ou bien interposer une lentille acoustique concave. Un comblement de la concavité par les éléments de la couche adaptatrice permet de conserver à l’extrémité de la sonde une forme plane. Ces procédés modifient la géométrie du transducteur. Ils induisent une focalisation fixe, non ajustable pour une sonde donnée. La distance focale, qui correspond aux zones d’exploration privilégiées, dépend du rayon de courbure de la pastille ou de la céramique choisi (fig 15, 16B) et est adaptée aux profondeurs utiles d’examen. Pour une étude abdominale, on établit la distance focale à 6 cm environ. L’avantage est que la focalisation est symétrique et concerne également l’épaisseur du plan de coupe. Focalisation des sondes électroniques La focalisation électronique suppose une structure « multiéléments ». Elle peut être réalisée à l’émission et à la réception. – À l’émission, l’excitation non synchrone des différents transducteurs recrutés pour l’acquisition d’une ligne de tir induit un déphasage des ondes élémentaires émises. Ce déphasage peut être calculé de façon à ce que les ondes élémentaires interfèrent négativement entre elles sauf sur une zone centrale étroite qui concentre toute l’énergie ultrasonore. Ce dispositif de pondération de phase (fig 13) permet d’adapter la focalisation en fonction de la profondeur que l’on veut atteindre. Le nombre d’éléments recrutés sur la barrette (l’ouverture de la sonde) page 7 35-000-C-10 PHYSIQUE DES ULTRASONS Radiodiagnostic 13 B A déphasage pas de déphasage positif déphasage négatif C Techniques de déphasage. A. Focalisation à l’émission. B. Focalisation à la réception. C. Principe des sondes phased-array. 14 A B A. Coupe longitudinale de la rate, réalisée avec une barrette courbe, à la recherche d’un hématome sous-capsulaire associé à un volet costal. La visualisation du parenchyme splénique sous-diaphragmatique est partielle, car la sonde s’applique imparfaitement en intercostal. B.Avec une sonde phased array, en dépit d’une résolution spatiale inférieure, l’étude est plus complète. On ne visualise pas d’hématome mais un petit kyste splénique, sans rapport avec le contexte posttraumatique, et un épanchement pleural. Φ 2 1 D 15 Φ D 2/ 4 λ A D d = λ.f / D distance focale (f) L = longueur focale L/d 2 = Cste intervient également : lorsqu’il augmente, la surface d’émission s’élargit, ce qui allonge la zone de Fresnel et éloigne le point focal du transducteur. Sur les appareils récents, les déphasages sont gérés électroniquement et non plus de façon analogique en faisant passer le page 8 B A. Capteur non focalisé. La longueur de la zone de Fresnel (1) dépend du diamètre du transducteur (D) et est inversement proportionnelle à la longueur d’onde. Elle s’étend d’autant plus loin que la fréquence de la sonde et le diamètre du transducteur sont élevés. L’angle de divergence Φ est donné par la relation sin Φ = 1,22 λ/D B. Capteur focalisé. La longueur focale (L) conditionne la profondeur de champ. Plus le diamètre (d) de la zone focale est fin, moins la longueur focale (L) est étendue. Le diamètre de la zone focale (d) conditionne la résolution latérale. Il est égal au produit de la longueur d’onde λ et du rapport f/D, où f est la distance focale (entre transducteur et point focal) et D le diamètre de la sonde. Ce rapport f/D est appelé f number. signal électrique par des fils de cuivre. La technologie électronique permet de réaliser plusieurs niveaux de focalisation successifs, le moniteur affiche alors un montage fait de la juxtaposition du résultat de chacun des niveaux de focalisation. La qualité d’image est améliorée au PHYSIQUE DES ULTRASONS Radiodiagnostic 35-000-C-10 2 1 1 n=2 n=1 1 cibles non résolues 2 cibles résolues n B 16 3 n=2 1 cibles non résolues 2, 3 cibles résolues λ n = nombre de cycles λ = longueur d'onde A prix d’une diminution de la cadence image car il y a autant d’acquisitions successives d’une ligne de tir qu’il y a de niveaux de focalisations différents choisis par l’examinateur. – Lors de la réception de l’écho, un retard de phase inverse à celui de l’émission peut être appliqué, de façon à synchroniser la réception des échos provenant d’un même point. Les retards les plus importants concernent les éléments piézoélectriques les plus proches de la médiatrice de chaque ouverture, qui sont heurtés les premiers lors de la réception, puisque la distance que parcourt l’écho pour les atteindre est plus courte que celle qui est nécessaire pour atteindre les éléments les plus latéraux. Ces délais d’écoute peuvent même être réglés en continu, au fur et à mesure que le temps s’écoule, pour que le point focal corresponde à tout moment au front d’onde qui parvient en réception. Il s’agit de «focalisation poursuite ». En résumé, la focalisation des sondes mécaniques est fixe, non réglable par l’opérateur (sauf pour les sondes mécaniques annulaires de dernière génération), mais elle intéresse à la fois la largeur et l’épaisseur du faisceau. Pour les sondes électroniques, il est possible de choisir la position et le nombre des zones focales, mais la focalisation ne concerne que le plan transversal. Les évolutions récentes devraient permettre de réaliser une focalisation en épaisseur. A. Résolution axiale. Elle dépend de la brièveté de l’écho. En 1, les deux cibles ne sont pas résolues. Elles sont résolues en 2 grâce à la diminution du nombre de cycles (amélioration de l’amortissement), et également résolues en 3, où la fréquence est plus élevée. B. Résolution latérale. Elle dépend de la largeur du faisceau et donc du degré de focalisation. Si la largeur du faisceau est supérieure à l’écart latéral entre les deux cibles, celles-ci ne sont pas résolues. Le degré de focalisation est plus important en 2 qu’en 1, ce qui permet de distinguer les deux points. Brillance % 2 10 20 30 1 40 50 60 70 dB 2 17 Adaptation de la gamme dynamique. 1. Gamme dynamique de 60 dB. Les échos de faible intensité (moins de 10 dB par rapport au niveau maximal) ne sont pas traduits. Tous les autres niveaux d’intensité sont représentés. 2. Gamme dynamique de 30 dB. Seuls les échos dont l’intensité ne descend pas au-delà de 30 dB par rapport au seuil maximal sont traduits (représentation entre 40 et 70 dB). À partir de 40 dB au-dessous de l’intensité maximale, les échos ne sont pas traduits. + Traitement du signal et appareillage Traitement du signal - A Prétraitements Les échos générés sur le trajet du faisceau parviennent au transducteur où ils sont convertis en un signal électrique appelé radiofréquence. Ce signal analogique de faible intensité est amplifié puis soumis à plusieurs traitements qui précèdent la mise en mémoire, regroupés sous le terme de prétraitements (preprocessing). L’importance de l’amplification peut être ajustée par l’opérateur en réglant le gain global. Lorsqu’il est trop bas, les faibles échos n’apparaissent pas à l’écran. S’il est trop important, une saturation apparaît. Une compensation de l’atténuation liée à la profondeur (TGC) est réalisée automatiquement, pour corriger la perte d’amplitude liée à la distance parcourue par l’écho, évaluée par le temps écoulé depuis l’émission. L’examinateur peut également intervenir sur ce réglage. Sur les appareils actuels, la correction automatique est le plus souvent suffisante, l’ajustement manuel n’est nécessaire qu’en cas d’atténuation pathologique (stéatose par exemple). La sensibilité actuelle des capteurs permet la détection d’échos de très faible intensité. La dynamique du signal recueilli est de ce fait très étendue, supérieure à 100 dB, soit un rapport de 1010 entre les échos les plus forts et les plus faibles. La restitution à l’écran nécessite une réduction de cette échelle car la dynamique en brillance de l’écran n’est que de 20 dB. Pour cette raison, une compression du signal est effectuée ; elle utilise une échelle logarithmique, qui « tasse » les échos les plus forts et permet de traduire sur l’échelle de gris les échos plus faibles. L’opérateur peut intervenir sur ce paramètre. Une gamme dynamique faible, de l’ordre de 40 dB, supprime les échos de faible intensité tels que les échos endoluminaux lors des examens vasculaires, et donne un aspect de fort contraste à l’image. Cela réalise l’équivalent d’un seuillage (fig 17). + B 18 Enveloppe t C Détection d’enveloppe. A. L’écho brut présente des oscillations positives et négatives. B. Après redressement, les valeurs négatives sont rendues positives. C. t correspond au temps de montée qui correspond au temps mis pour que le signal atteigne sa valeur maximale. La démodulation est une opération qui associe un redressement du signal radiofréquence (les valeurs négatives sont rendues positives) et un filtrage (fig 18), pour ultérieurement lui attribuer une valeur numérique. Amplification, compensation, compression et démodulation ont une chronologie variable d’un appareil à l’autre. D’autres opérations de prétraitements peuvent être réalisées (zoom d’acquisition, interpolation, rehaussement de contours...) (tableau IV). Conversion analogique numérique Cette étape est obligatoirement réalisée avant la mise en mémoire mais peut s’effectuer plus ou moins précocement, dès le recueil du signal analogique ou à l’issue des prétraitements. Elle traduit en langage binaire l’amplitude du signal. La mémoire est organisée sous la forme page 9 35-000-C-10 PHYSIQUE DES ULTRASONS Radiodiagnostic Tableau IV. – Différentes opérations de pré- et post-traitement. Prétraitement 1 0 Post-traitement 1 0 Amplification sélective lissage Compression logarithmique modification des échelles de gris Interpolation inversion noir/blanc Rehaussement de bord gel, ciné-loop Zoom d’écriture mesure de distance et de ROI ..... zoom de lecture 1 0 x (512) 1 persistance ...... d’une matrice pour laquelle chaque pixel a une adresse représentée par ses coordonnées X et Y (fig 19). Le délai de réception de l’écho donne la coordonnée Y correspondant à la profondeur et la situation de la ligne de tir indique la coordonnée X. La valeur numérique de l’écho est notée dans la case mémoire correspondante. La résolution spatiale de la mémoire dépend du nombre de lignes et de colonnes et de la profondeur de champ exploré. Ainsi, une matrice 512 x 512 avec une profondeur de champ de 10 cm offre une résolution spatiale de 0,2 mm. Le nombre de lignes acquises lors du balayage échographique étant inférieur au nombre de colonnes de la mémoire numérique, les cases vides sont comblées par des valeurs interpolées à partir des échos les plus proches. La traduction en binaire de l’amplitude de l’écho nécessite un nombre de cases pour chaque pixel qui corresponde au nombre de niveaux de gris que l’on souhaite obtenir. Si l’on souhaite avoir 64 niveaux, il est nécessaire d’avoir une mémoire de six bits, faite de six cases élémentaires pour chaque pixel (fig 19). Dans chaque case, on attribue une valeur 1 ou 0, ce qui avec six cases donne 64 combinaisons possibles. Le nombre n de bits par pixel permet une traduction sur 2n niveaux de gris de l’amplitude de l’écho. Plus le nombre de bits par pixel est élevé, plus la résolution en contraste est élevée car plus la différence d’intensité entre deux échos auxquels on attribue une teinte de gris différente est faible. Post-traitements Une fois la mise en mémoire effectuée, d’autres traitements sont possibles, tels que des opérations de lissage spatial où l’on moyenne les valeurs de plusieurs échos voisins pour rendre moins brutales les variations d’amplitude ou encore un lissage temporel qui moyenne les données sur plusieurs images successives. Les opérations effectuées après la mise en mémoire correspondent aux post-traitements (postprocessing) et peuvent être réalisées après le gel de l’image, ce qui les distingue des prétraitements (tableau IV). Outre le lissage, d’autres opérations peuvent être réalisées telles qu’un zoom de lecture, une redistribution des valeurs d’échelles de gris pour modifier le contraste de l’image, une mesure de distance. Visualisation La lecture de la mémoire permet d’aboutir à la visualisation. La brillance d’un point sur l’écran est déterminée par l’amplitude de l’écho dont la valeur a été stockée dans la mémoire numérique. Les mémoires numériques des échographes sont appelées « convertisseur numérique de balayage » (digital scan converter) car elles permettent la conversion du balayage échographique en un balayage vidéo standard. La lecture Générateur d'impulsions P y(512) 19 Mémoire numérique (512x512x6 bits). Le pixel (P) situé à l’adresse X=2, Y=1 a une amplitude de 1010101 en binaire. de la mémoire s’effectue ligne par ligne à une cadence qui correspond au balayage de l’écran. Elle est indépendante de la cadence image qui correspond au rythme de renouvellement des données à l’écran et qui dépend du temps d’acquisition. Celui-ci est fonction de la profondeur de champ, du nombre de lignes par image et du nombre de niveaux de focalisation. Pour le temps réel, il faut disposer d’une cadence d’au moins 16 images par seconde ; lorsqu’elle est trop lente, l’image apparaît saccadée. La touche « gel » permet de figer les données notamment pour effectuer des mesures de distance. L’impression de fixité à l’écran vient de ce que les mêmes données (qui correspondent à la dernière image acquise) sont relues tant que la touche gel est activée. Certaines mémoires permettent de stocker les images acquises sur plusieurs secondes. Cela permet ensuite une relecture en boucle des dernières images acquises (ciné-loop). Les mémoires usuelles sont de type RAM (Random Access Memory) : elles ne stockent l’information que transitoirement. Sur les appareils récents, il est possible d’effectuer une sauvegarde plus durable sur support optomagnétique ou sur disque dur. Synoptique d’un appareil Les appareils d’échographie fonctionnent pour l’imagerie sur un mode pulsé. Un système d’horloge interne est nécessaire pour calculer en fonction du temps écoulé la profondeur dont est issue l’écho réceptionné et pour compenser l’atténuation liée à la profondeur. Même s’il existe des spécificités liées à la marque des appareils, l’organisation générale et les opérations effectuées par chaque partie sont similaires (fig 20). Le générateur est à l’origine des impulsions électriques qui commandent la production des ultrasons par le transducteur. L’information parvient au transducteur via le formateur de faisceau (beam former) qui permet la focalisation à l’émission. Il gère le nombre d’éléments mis en jeu et règle électroniquement les retards appliqués à Position x, y Horloge T FF Buffer Prétraitement Récepteur Amplification Détection page 10 Compensation Compression ... Post-traitement CAN Mémoire RAM Échelles de gris Mesures Lissage... CNA Moniteur Visualisation 20 Synoptique d’un échographe. T : transducteur ; FF : formateur de faisceau ; CAN : convertisseur analogique numérique ; CNA : convertisseur numérique analogique. Radiodiagnostic PHYSIQUE DES ULTRASONS chaque élément de façon à focaliser le faisceau. Le formateur de faisceau réalise également l’apodisation, qui supprime les échos liés aux lobes latéraux. Les signaux électriques produits au niveau du transducteur par les échos réfléchis parviennent au récepteur via le formateur de faisceau, qui réalise une focalisation à la réception en utilisant les mêmes retards que lors de l’émission. Les différentes opérations de prétraitement sont réalisées au niveau du récepteur. Le convertisseur analogique numérique (CAN) digitalise le signal plus ou moins précocement et les prétraitements sont effectués selon les cas sur le signal analogique ou numérisé. Le convertisseur numérique analogique (CNA) traduit les données de la mémoire numérique en signal vidéo. Des mémoires tampons (buffers) servent de relais à la mémoire RAM avant présentation des données à l’écran ou pour l’identification des coordonnées X et Y. 35-000-C-10 l ersa nsv tra plan axe de propagation A Facteurs de qualité plan versal s tran Résolution e La qualité d’un échographe dépend de ses capacités en termes de résolution spatiale et de contraste, ainsi que de la résolution temporelle, c’est-à-dire de la rapidité d’acquisition et de construction des images. 21 Résolution en contraste Il s’agit de la capacité à distinguer des structures d’impédance voisine. Elle dépend de plusieurs facteurs dont la sensibilité du transducteur, c’est-à-dire de sa capacité à convertir en signal analysable les échos de faible intensité. L’amélioration des transducteurs aboutit à des dynamiques actuelles de 150 dB, ce qui permet la détection des échos de faible intensité. Parallèlement, la réduction du bruit électronique et l’amélioration du filtrage permettent de mieux les exploiter. Outre la sensibilité du transducteur, le nombre de niveaux de gris de la mémoire numérique intervient également. Plusieurs post-traitements permettent d’intervenir sur le contraste de l’image et, par exemple, d’accentuer les différences de contraste. B 22 Sonde matricielle. Plusieurs rangées de transducteurs sont alignées, ce qui permet de focaliser en épaisseur, grâce à des retard gérés électroniquement, comme pour la focalisation transversale. Résolution spatiale Elle permet la distinction de cibles de topographie différente dans l’axe de propagation du faisceau (résolution axiale) ou dans les deux autres plans (résolution latérale et en épaisseur) (fig 21). – La résolution axiale dépend de la longueur d’onde, elle est donc fonction de la fréquence de la sonde. Elle dépend également de la brièveté de la réponse impulsionnelle, c’est-à-dire du nombre n d’oscillations au terme desquelles l’élément piézoélectrique a fini de vibrer, ce qui est fonction de la qualité d’amortisseur du capteur. Pour distinguer deux cibles situées à des profondeurs différentes, il faut que l’écho que génère la première cible ait fini de faire vibrer la sonde avant que l’écho de la seconde lui parvienne. Le délai t de réception des échos issus de deux cibles est égal à deux fois la distance D qui les sépare, divisée par c, la célérité des ultrasons (t = 2D/c). Ce délai ne doit pas être inférieur à la durée de l’écho, elle-même égale à la durée d’un cycle (période s ou k/c), multipliée par le nombre de cycles n. Cela s’écrit t=2D/c=nk/c. Donc D, la distance minimale résolue, est égale à λ/2, dans le cas d’un amortissement complet au bout d’une oscillation unique (n=1). La résolution axiale de la sonde ne peut donc pas descendre audessous d’une demi-longueur d’onde (fig 16A). – La résolution latérale, dans le plan transversal, dépend du diamètre du faisceau ainsi que du nombre et de l’écartement des lignes de tir. Si deux cibles sont situées au sein d’une même ligne de tir, elles sont confondues. Focaliser permet d’augmenter la résolution latérale en diminuant la largeur du faisceau. Deux cibles à une même profondeur situées sur deux lignes de tir différentes peuvent être distinguées. Plus les lignes de tir sont fines et nombreuses, plus l’écart entre deux points distincts sur un même axe transversal, perpendiculaire aux lignes de tir, peut être réduit (fig 16B). – La résolution en épaisseur est égale à la résolution latérale pour les sondes mécaniques où la focalisation géométrique est symétrique et intéresse à la fois la largeur et l’épaisseur du faisceau ultrasonore. Avec les sondes électroniques, il n’y a pas de focalisation dans l’épaisseur du plan de coupe lorsqu’il n’existe qu’une seule rangée de transducteurs, A. Sonde électronique. Focalisation uniquement transversale. Pas de focalisation en épaisseur. B. Sonde monoélément focalisée géométriquement (surface émissive concave). Le faisceau est focalisé transversalement et en épaisseur. ce qui est le cas des sondes actuelles. L’épaisseur de tissu insonée reste donc large. Elle correspond à la longueur des lamelles piézoélectriques qui constituent la barrette, soit 1cm environ, ce qui génère des artefacts de volume partiel. Les sondes électroniques à plusieurs rangées de transducteurs (sondes matricielles), en cours de développement, permettent une focalisation en épaisseur selon des techniques de déphasage comparables à celles que l’on utilise pour focaliser transversalement. Les phénomènes d’interférences entre transducteurs et leurs conséquences sur la géométrie du faisceau compliquent la mise au point de ces sondes et limitent le nombre de rangées (cinq au maximum actuellement) (fig 22). Une autre approche est choisie par certains constructeurs pour focaliser en épaisseur les sondes électroniques. Il s’agit comme pour les sondes mécaniques de modifier la géométrie des éléments piézoélectriques en les taillant pour obtenir une surface radiante concave. Cette technologie, complexe du fait de la petite taille des éléments, induit une focalisation fixe, mais permet d’avoir une épaisseur de coupe plus fine qu’avec les sondes électroniques conventionnelles. Résolution temporelle Le temps d’acquisition de l’image dépend du nombre de lignes qui la constituent et du temps nécessaire à l’acquisition de chaque ligne. La rapidité de calcul des microprocesseurs actuels permet d’améliorer la résolution temporelle, et indirectement la résolution spatiale, car le nombre de tirs par ligne et de niveaux de focalisation peuvent être augmentés tout en conservant des cadences d’images satisfaisantes. Certaines astuces peuvent être utilisées pour améliorer encore la résolution temporelle. Une même émission peut servir à la réception de plusieurs lignes de tirs distinctes. L’émission étant large, défocalisée, il page 11 35-000-C-10 PHYSIQUE DES ULTRASONS 23 Même cas que sur la figure 14. L’inversion haut/bas met bien en évidence la dégradation de la résolution latérale en profondeur avec le balayage sectoriel, et tout particulièrement avec les sondes phased array. 24 Radiodiagnostic Échos de répétition en arrière de la paroi antérieure de la vésicule (flèche). faut lors de la réception du signal analyser la phase des échos pour reconstruire une image non artefactée. C’est dans cette mesure que l’analyse de phase intervient chez certains constructeurs dans l’élaboration de l’image échographique. Artefacts Il s’agit de toutes les causes d’altération de l’image en termes de résolution spatiale et de contraste. On peut classer ces différents artefacts en artefacts de résolution, de propagation ou d’atténuation du faisceau ultrasonore. Artefacts de résolution Ils concernent surtout la résolution latérale qui s’altère en profondeur en raison de la divergence naturelle du faisceau d’ultrasons et de l’écartement progressif des lignes de tir vers la profondeur pour les sondes à balayage sectoriel. Les lignes de tir plus espacées en profondeur nécessitent davantage d’interpolation pour la construction de l’image. Cette altération est visible à l’écran : les points de brillance apparaissent davantage sous la forme de traits que d’éléments punctiformes plus on gagne en profondeur. Cela devient très apparent lorsqu’on inverse l’image de bas en haut (fig 23). L’artefact de volume partiel est commun à toutes les techniques d’imagerie en coupe : il est lié à la focalisation insuffisante du faisceau dans le sens de l’épaisseur et peut faire apparaître comme une structure pleine une formation kystique de petite taille. Cela pose problème pour le diagnostic des kystes de petite taille au niveau du sein. L’effet de masque est une insuffisance de résolution en contraste, qui empêche de distinguer deux zones ayant des niveaux d’impédance acoustique très proches, et peut faire méconnaître par exemple une zone d’hyperplasie nodulaire focale même très volumineuse, au sein du parenchyme hépatique. L’amélioration de la qualité des transducteurs limite ce type d’effet. Artefacts de propagation Les échos retardataires correspondent à des échos qui parviennent à la sonde après un trajet complexe, qui modifie l’appréciation de leur topographie réelle. Cela concerne les échos de répétition que l’on peut observer en arrière de la paroi antérieure de la vésicule (fig 24), interface superficielle très réfléchissante, ce qui induit plusieurs aller et retour des échos avant leur atténuation, et les échos de réverbération dont le mécanisme est très proche. Les échos peuvent être piégés dans des structures limitées par des interfaces à forte différence d’impédance acoustique, comme par exemple les alvéoles pulmonaires en arrière du diaphragme. Les multiples réflexions sur les petites cloisons alvéolaires génèrent d’intenses échos retardataires, donnant lieu à des images dites en « queue de comète ». Les images en miroir sont également dues à des échos retardataires et s’observent en arrière d’interfaces concaves très réfléchissantes. Les petits angiomes hépatiques proches du diaphragme peuvent ainsi, soit apparaître dupliqués, soit présenter un renforcement page 12 25 Cône d’ombre en arrière d’une lithiase au sein d’une vésicule rétractée sur l’élément lithiasique, d’où une absence de délimitation claire de ses parois. postérieur des échos, si le faisceau d’ultrasons n’a pas une incidence strictement orthogonale au diaphragme. De même, il est fréquent d’observer sous la ligne de réflexion hyperéchogène de la clavicule une image en miroir de l’artère sous-clavière, aussi bien en mode B qu’en doppler couleur. Les artefacts liés aux lobes latéraux s’observent lorsqu’un faisceau latéral aborde de façon perpendiculaire une interface linéaire oblique, telle qu’une aiguille à ponction. La réflexion induite peut être prise en compte sur la ligne de tir principal, en amont de l’interface réelle. Cela crée une fausse image de dédoublement ou de trajets multiples de l’aiguille de ponction. Artefacts par atténuation du faisceau Il s’agit des images de cône d’ombre que l’on peut observer en arrière d’interfaces telles que les lithiases (fig 25) ou des structures osseuses corticales qui induisent une réflexion totale du faisceau et constituent donc un obstacle à sa propagation. Par ailleurs, la traversée de certaines structures fibreuses ou graisseuses peut s’accompagner d’une atténuation du faisceau par absorption. L’exemple type en est la stéatose hépatique, où l’absorption progressive du faisceau gêne l’analyse des segments postérieurs. Elle peut être compensée jusqu’à un certain point par l’augmentation du gain en profondeur. Une atténuation postérieure est également observée en arrière des carcinomes mammaires ; elle constitue alors un argument séméiologique en faveur de la nature maligne d’une masse solide du sein. Autres artefacts Artefacts de focalisation La juxtaposition de plusieurs niveaux de focalisation peut générer des artefacts en bandes qui correspondent aux différents segments d’acquisition de l’image présentée sur le montage final. Ces artefacts sont peu visibles avec les appareils actuels. Radiodiagnostic PHYSIQUE DES ULTRASONS 35-000-C-10 Artefacts dus à des vitesses de propagation ultrasonore différentes Post-traitements La vitesse de propagation des ultrasons n’est pas uniforme, même si les valeurs dans les tissus biologiques sont très voisines (cf supra). Une vitesse plus élevée comme par exemple au sein des lithiases induit une déformation, faisant apparaître aplatis les calculs sphériques. Ils peuvent être réalisés une fois l’acquisition terminée, à partir de la mémoire numérique. Les différentes courbes de niveaux de gris permettent de renforcer ou d’atténuer le contraste à l’écran. Un zoom de lecture permet d’agrandir l’image, une fois l’écran gelé. Bruit de rétrodiffusion ou speckle Il s’agit des échos générés par les phénomènes de diffusion et par les interférences entre diffuseurs. Leur caractère aléatoire et leur faible intensité font que leur restitution est très dépendante des procédés de traitement du signal et de la gestion du bruit électronique. Réglages en mode B L’optimisation de l’image passe par l’adaptation d’un certain nombre de paramètres. Ces différents éléments sont : le choix du type de sonde, l’ajustement du gain et de la profondeur de champ, le nombre et la position des zones focales, l’adaptation de la gamme dynamique. Les éléments de post-traitement sont modifiables à partir des données mises en mémoire, même après gel de l’image. Choix de la sonde Le choix du type de sonde peut dépendre de sa géométrie : une sonde convexe n’est pas appropriée pour l’étude d’organes superficiels tels que la thyroïde ou le sein pour lesquels on préfère des sondes linéaires, qui ont un meilleur contact cutané. Les sondes phased array qui ont une faible empreinte cutanée et permettent un balayage sectoriel large sont adaptées aux explorations intercostales. Le choix dépend également de la fréquence de la sonde, les basses fréquences sont nécessaires pour l’exploration abdominale, optimale entre 2 et 5 MHz. Les fréquences élevées, autour de 10 MHz, sont requises pour les explorations superficielles. Gain (global et courbe TGC) Le gain général est réglé subjectivement de telle sorte que les liquides apparaissent anéchogènes et les structures hyperéchogènes comme la graisse sous-cutanée ne soient pas trop brillantes (flash). Les appareils actuels compensent bien l’atténuation en fonction de la profondeur ; il n’est nécessaire de modifier manuellement la courbe TGC qu’en cas d’atténuation pathologique ou chez le sujet pléthorique. Nouveaux développements Imagerie d’harmonique tissulaire L’imagerie d’harmonique tissulaire est une application récente en échographie. Elle a pour intérêt d’améliorer l’imagerie notamment dans les conditions d’examen difficile (patient obèse) en permettant une meilleure élimination du bruit qui est presque exclusivement constitué de fréquences fondamentales, c’est-à-dire de fréquences égales à la fréquence d’émission. Les échos harmoniques sont des échos dont la fréquence est un multiple de la fréquence fondamentale émise. Leur intensité est faible par rapport au signal fondamental. L’utilisation des produits de contraste, qui augmentent de façon importante le potentiel réflexogène, a permis de détecter la présence de ces échos harmoniques, coexistant avec le signal fondamental. Le signal harmonique est généré par une déformation de l’onde ultrasonore qui survient au fur et à mesure de la traversée des tissus. Les zones de haute pression se propagent plus vite que les zones de dépression, car la célérité des ultrasons est plus élevée dans les portions comprimées des tissus, ce qui finit par déformer la sinusoïde émise. Les premiers centimètres traversés ne génèrent pas ou peu d’harmoniques, car l’onde ultrasonore n’y subit pas de déformation significative, mais ils sont en revanche à l’origine d’une part importante du bruit sur l’image. En filtrant le signal ou en utilisant des techniques d’inversion de pulse, on peut extraire le signal harmonique et supprimer ainsi une partie du bruit, essentiellement composé de fréquences fondamentales. L’imagerie d’harmonique consiste à émettre à une fréquence donnée et à réceptionner les échos dont la fréquence est un multiple de la fréquence émise. Le plus souvent, on sélectionne les échos dont la fréquence est le double de la fréquence d’émission d’où le terme d’imagerie de deuxième harmonique. Profondeur de champ Imagerie tridimensionnelle La profondeur de champ est un paramètre important, qui affecte la cadence image et la taille à l’écran des structures balayées. Elle doit être limitée à la profondeur utile, incluant sans les dépasser les éléments que l’on souhaite analyser. Pour étudier la vésicule biliaire, souvent superficielle, la profondeur de champ peut se limiter à sa paroi postérieure. Une profondeur de champ supérieure fait apparaître plus petite à l’écran la structure d’intérêt et diminue la cadence image inutilement. L’image en 3D nécessite la réalisation de coupes dans les trois plans. Pour réaliser ce type d’acquisition, plusieurs types de techniques peuvent être mis en œuvre : on peut utiliser une sonde conventionnelle équipée d’un système de repérage dans l’espace (acquisition libre) ou utiliser des sondes spécifiques volumiques qui réalisent une acquisition mécanisée. La dernière méthode consiste à utiliser des sondes électroniques matricielles, possédant plusieurs rangées d’éléments piézoélectriques. Zones focales (nombre, position) Acquisition libre Le nombre et la position des zones focales peuvent être choisis avec les sondes électroniques. La ou les zone(s) focale(s) doivent être positionnée(s) au niveau de la zone d’intérêt, pour améliorer localement la résolution latérale. Leur nombre affecte la cadence d’images puisque l’image finale correspondant à la juxtaposition de chacune des images élémentaires nécessite de répéter l’acquisition autant de fois qu’il y a de niveaux de focalisation différents souhaités par l’opérateur. Gamme dynamique Le choix de l’étendue de la gamme dynamique réalise l’équivalent d’un seuillage et doit être adapté au type d’exploration réalisée. Pour les examens vasculaires, choisir une gamme dynamique « basse », de l’ordre de 40 dB, permet de supprimer les échos de faible intensité présents dans les lumières vasculaires. Puissance à l’émission La puissance à l’émission doit être diminuée pour les examens transorbitaires de façon à minimiser les risques pour les tissus oculaires fragiles. À l’inverse, pour les examens transcrâniens, il faut utiliser une puissance élevée pour avoir une pénétration transosseuse suffisante. Avec cette technique, l’opérateur conduit l’examen librement et un système de capteur renseigne à tout instant sur les coordonnées et l’orientation de la sonde. Le type de capteur utilisé est variable ; il peut s’agir de capteur à ultrasons, à infrarouges ou à champ électromagnétique. Il est également possible de procéder sans sytème de capteur, si l’appareil est doté d’un système logiciel de reconnaissance de la continuité des images. Le balayage du champ s’effectue librement et les images sont recalées les unes par rapport aux autres, ce qui permet de reconstituer la totalité du volume balayé. Il est alors possible de réaliser des reconstructions multiplanaires ou d’additionner des images dans un même plan pour obtenir une vue panoramique, semblable à celles que l’on obtenait avec les anciens équipements à balayage manuel du champ (fig 26, 27). Acquisition mécanisée L’acquisition est faite à l’aide de sondes équipées d’un système motorisé qui réalise un balayage régulier de l’espace, qui peut être linéaire, angulaire ou rotatoire. Ces sondes sont souvent volumineuses. page 13 35-000-C-10 PHYSIQUE DES ULTRASONS 26 Acquisition volumique d’une bifurcation carotidienne, avec reformatage sagittal dans l’axe de division entre carotide interne et carotide externe (cadran inférieur droit) et rendu volumique (cadran supérieur droit). Il s’agit d’une technique de recalage d’images, après balayage transversal. Radiodiagnostic 27 La technique de recalage d’images permet d’obtenir une vue panoramique transversale des deux lobes et de l’isthme de la thyroïde. Sondes matricielles • Ces sondes, toujours en cours de développement, comportent plusieurs alignements de transducteurs. Ceci permet l’acquisition de plusieurs tranches simultanées, donc d’un volume. Outre la réalisation d’images 3D, ces sondes permettent une focalisation dans l’épaisseur du plan de coupe. Une fois l’acquisition terminée, une reconstruction peut être réalisée, après redistribution des pixels des images 2D dans des éléments de volume ou voxels. Une opération de segmentation (délimitation des zones anatomiquement distinctes à reconstruire) précède l’étape de reconstruction. On peut ensuite, à partir du volume acquis, réaliser une visualisation multiplanaire, bidimensionnelle selon n’importe quel plan de coupe ou opter pour des rendus volumiques, surfaciques, par transparence ou couleur. • • L’imagerie échographique a connu ces dernières années d’importantes évolutions parmi lesquelles le développement des sondes électroniques et l’avènement de la technologie numérique. Les progrès de l’informatique ont tout particulièrement profité à cette technique d’imagerie. L’augmentation des capacités de calculs permet non seulement d’améliorer la résolution temporelle, déjà élevée puisque l’imagerie est acquise en « temps réel », mais également de gagner en résolution spatiale en multipliant les échantillonnages sans pénalisation notable de la cadence image. Références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] Arbeille PH, Herault S. Généralités sur les mécanismes physiques des effets biologiques des ultrasons. JEMU 1997 ; 18 : 306-314 Berger G, Laugier P. Caractérisation tissulaire : échographie quantitative. J Med Nucl Biophys 1991 ; 15 : 161-172 Berson M, Grégoire JM, Rateau J, Jame F, Félix N, Pourcelot L. Imagerie ultrasonore haute fréquence. JEMU 1997 ; 18 : 289-298 Cohen Y, Auclair PH, Nguyen-Dinh A, Dufait R, Flesh A. Transducteurs ultrasonores nouvelle génération. JEMU 1997 ; 18 : 282-288 EFSUMB. Thermal and mechanical indices. Eur J Ultrasound 1996 ; 4 : 145-150 Fenster A, Downey DB. 3D Ultrasound imaging: a review. 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