236
Martin
ROY,
Charles-Philippe DAVID
et
Jean-Philippe RACICOT
changements institutionnels substantiels3. Aux yeux de son administration,
I'ONU demeure un forum de concertation pour les grandes puissances et un
lieu privilégié où ces dernières peuvent lancer des actions concertées à l'instar
de celles de la guerre du Golfe. Le renforcement institutionnel extensif de
l'Organisation ne se pose donc pas à ce moment4.
La position de l'administration Bush évolua néanmoins lorsque parut
VAgenda pour la paix du Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali en 1992.
Accueillant favorablement le programme d'action esquissé par le Secrétaire
général, Bush se prononça en faveur du renforcement des opérations de
maintien de la paix, même s'il rejeta la création de troupes de réaction rapide
mobilisables pour des opérations de cette sorte. Toutefois, la vision de Bush,
peu précise, n'entra pas en vigueur avant qu'il ne quitte la Maison-Blanche5.
L'avènement de Bill Clinton à la présidence marqua une rupture avec la
prudence de son prédécesseur. Tout d'abord, les États-Unis se prononcèrent
clairement en faveur de la promotion du Japon et de l'Allemagne au rang de
membre permanent du Conseil de sécurité, sans toutefois spécifier si celle-ci
allait aussi les munir d'un droit de veto. L'administration Clinton estimait que
la reconnaissance d'un tel statut avait pour «... corollaire l'obligation déjouer
un rôle actif dans les opérations relatives à la paix et à la sécurité mondiales6 ».
Pour les États-Unis, tout élargissement du Conseil devait également respecter
les réalités politiques et économiques. La position américaine stipulait que le
statut des membres permanents actuels ne devait pas être modifié, mais que
les États-Unis étaient disposés à étudier la possibilité
«
d'élargir davantage le
Conseil en y ajoutant un petit nombre de sièges supplémentaires7». Pour les
États-Unis, la réforme du Conseil de sécurité n'avait pas pour enjeu l'accrois-
sement de sa transparence ou de sa légitimité mais plutôt la sauvegarde de son
efficacité, que l'administration estimait menacée par une expansion mal con-
trôlée8.
Malgré sa position plutôt conservatrice sur l'expansion du Conseil de
sécurité, l'administration Clinton voulut donner au Conseil un rôle actif pour
le maintien de la sécurité internationale. La Représentante permanente des
3.
« Germany Tells the
U.N.
It Wants a Permanent Seat on the Council», New York Times
(dorénavant
NYT),
24 septembre 1992
;
Geoff
SIMONS,
UN
Malaise ;
Power,
Problem,
and RealPolitik,
New York, St. Martin's Press, 1995, pp. 178-186.
4.
George
BUSH, «
The United Nations in a New Era », Discours devant l'Assemblée générale des
Nations Unies, New York, 23 septembre 1991, us Department of State Dispatch [dorénavant
Dispatch], 30 septembre 1991, pp.
718-721.
5. «
The
UN
Assembly
:
Bush in Address to
UN
Urges More Vigor in Keeping the Peace »,
NYT,
22 septembre 1992
;
Ivo
DAADLER, «
Knowing When to Say No
:
The Development of us Policy
for Peacekeeping », dans
UN
Peacekeeping,
American
Politics
and the
UN
Civil Wars of the 1990s,
WJ.
DURCH
(dir.), New York, St.Martin's Press, 1996, pp. 35-65.
6.
ONU.
Assemblée générale. Question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de
l'augmentation du nombre de
ses
membres, Rapport du Secrétaire général, soumission des États-
Unis d'Amérique, A/48/264, p. 40.
7.
Ibid.,p.41.
8. A/48/264, p. 40
; «
u.s. to Push Germany and Japan for
U.N.
Council »,
NYT,
13 juin 1993.