LE CONCOURS➔FORMATION
Cette rupture est dite évoluée ou associée si la translation
tibiale antérieure différentielle est supérieure à 5 mm.
• L’IRM (fig. 2), non systématique et moins performante
en situation chronique, avec une sensibilité de 80 %
versus 100 % en situation aiguë (5), montre :
— un ligament croisé antérieur rompu en plein corps ou
couché en nourrice sur le ligament croisé postérieur ;
— elle permet également de détecter des lésions associées
méniscales ligamentaires et ostéo-chondrales.
Évolution
L’histoire naturelle de la rupture du ligament croisé anté-
rieur se fait inexorablement vers l’arthrose. Le ligament
croisé antérieur peut, exceptionnellement, cicatriser en
bonne place (avulsion osseuse au pied), sans laxité ni
instabilité résiduelle. Il peut cicatriser en nourrice sur le
ligament croisé postérieur si la lésion est haute, ce qui
limite la sensation d’instabilité. Il peut également se
nécroser, avec apparition d’une laxité ou d’une instabi-
lité, source d’un véritable ressaut. Il s’ensuit, par l’exis-
tence de cette laxité et surtout du fait de la toxicité du res-
saut réducteur, une dégradation progressive du ménisque
interne et du cartilage, qui va augmenter la laxité et l’in-
stabilité (cercle vicieux) à l’origine de crises articulaires
DIAGNOSTIC
Un genou instable
Il faut distinguer l’instabilité de la laxité, qui
se définit comme l’augmentation objective de la
translation antérieure du tibia secondaire à une
rupture de ligament croisé antérieur.
Le diagnostic de l’instabilité antérieure chro-
nique du genou est clinique. L’IRM a un inté-
rêt pour le bilan lésionnel et la recherche de
lésions associées.
Le traitement nécessite une grande participa-
tion du patient, en particulier pour la rééduca-
tion, qui sera longue et intensive. Seules les plas-
ties intra-articulaires corrigent l’instabilité et
la laxité et limitent les complications.
L’essentiel
Summary
●Instability of the knee must
be distinguished from laxity,
which is defined as an objective
increase in anterior tibial
translation caused by rupture of
the anterior cruciate ligament.
●Diagnosis of chronic
anterior instability of the
knee is reached during clinical
examination. MRI is useful in
assessing the lesion and
checking for associated lesions.
●Treatment requires a high
level of patient cooperation,
particularly during physical
therapy, which is both lengthy
and intensive. Only intra-
articular surgical repair can
correct instability or laxity and
reduce the risk of complications.
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ligaments : an audit clinical practice. Injury 1991 ; 22 : 291-294.
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MR imaging. Radiology 1991 ; 181 : 251-253.
RÉFÉRENCES
récidivantes, avec une évolution inéluctable vers l’ar-
throse (100 % des cas après vingt-cinq ans d’évolution).
Traitement
•Le but du traitement est de stabiliser le genou en sup-
primant le ressaut, limiter et contrôler la translation
tibiale antérieure pour éviter l’apparition de lésions
secondaires dégénératives.
•Les moyens
— médicaux : traitement symptomatique des épisodes
d’instabilité (antalgiques, AINS, héparines de bas poids
moléculaire en cas de décharge) ;
— fonctionnels : orthèse articulée sur mesure pour limi-
ter l’instabilité (fig. 3) ; rééducation, qui aura pour objec-
tif de compenser l’absence du ligament croisé antérieur
par l’amélioration du contrôle actif du genou, en insis-
tant sur la proprioception et le renforcement des ischio-
jambiers ;
— chirurgicaux : la chirurgie reste le traitement de choix
pour les personnes actives et sportives.
• Reconstruction du pivot central par ligamentoplastie
par des transplants autologues prélevés aux dépens de
l’appareil extenseur ou des tendons de la patte d’oie.
• Traitement des lésions associées méniscales en privilé-
giant les techniques conservatrices (suture), cartilagi-
neuses par, en particulier, le microfraturing, la mosaic-
plasty et les plasties des formations externes en cas de
lésion du poplité.
Résultats
L’évaluation des résultats des ligamentoplasties (selon le
score IKDC) est bon dans plus de 90 % des cas à deux ans
de recul (reprise du même sport au même niveau). Néan-
moins, à moyen terme, la réduction de l’arthrose dépend
des lésions associées initiales ménisco-chondrales et de
la laxité résiduelle. En leur absence, le taux d’arthrose est
plus faible à vingt-cinq ans de recul.
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AUTEURS
M. el Mouhaddab, L. Marthieu, S. Mvogo : Ass. Hôp. des Armées
G. Versier, Pr agr. Val-de-Grâce
Service de chirurgie orthopédique, HIA Begin, 69, avenue de Paris
94160 Saint-Mandé
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Tome 128-05 08-02-2006
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