- 4
-
SÉANCES ORNITHOLOGIQUES
:
Le deuxième jeudi de chaque mois à 18 h 30, Centre Pierre Mendès-France, salle n° 27
,
deuxième étage
.
Jeudi
13
janvier
:
exposé du Dr J
.
POPINET
.
Compte rendu de la séance du 8 novembre 199
9
LES PLANTES ET LE FROI
D
par Paul
BERTHET
.
Les plantes sont des êtres vivants « ectothermes » (on disait autrefois « poïkilothermes »
,
comme la majorité des animaux
: tous les invertébrés, et, chez les vertébrés, les poissons
,
amphibiens et reptiles
. C'est à dire qu'elles ne produisent pas, ou très peu, de chaleur
,
étant toujours à peu près à la température ambiante
. Au contraire, les vertébrés supé-
rieurs, oiseaux et mammifères, sont « endothermes » (autrefois « homéothermes »), c'es
t
à dire que leur température interne est régulée à un niveau relativement constan
t
(animaux « à sang chaud »)
.
Les végétaux ne peuvent donc se défendre du froid en dépensant de l'énergie
. L
a
notion de froid est d'ailleurs fort imprécise et toute relative
. Elle n'est, bien sûr, pa
s
la même pour un Gabonais ou pour un Yakoute
. La notion de « basse température » l'es
t
tout autant
. En particulier, « froid » et « gel » sont des notions différentes
.
Les plantes natives des régions équatoriales subissent des températures variant entr
e
d'étroites limites, oscillant entre 18 et
32°
.
En dessous de 18°, elles ont froid
. Ce son
t
les plantes connues dans nos régions comme plantes « de serre chaude »
. Si la tempé-
rature se maintient un temps plus ou moins long (variable avec les espèces) en dessou
s
du minimum auquel elles sont habituées, leurs feuilles se flétrissent comme si la plant
e
manquait d'eau (l'arrosage agraverait les choses), jaunissent puis tombent, et la plant
e
finit par mourir
. Le gel n'est pas, bien sûr, en cause
; c'est simplement que leur méta-
bolisme enzymatique n'est pas « conçu » pour fonctionner à des températures jamai
s
réalisées dans leur milieu naturel
. Ce type de plantes ne peut survivre en plein-air dan
s
nos jardins, même en été
.
Dans nos régions, pour les plantes indigènes ou celles qui sont introduites de région
s
connaissant à peu près le même type de climat, c
'
est surtout le facteur gel qui intervient
.
Les plantes de ces régions sont évidemment insensibles aux gels courants, sinon elles n'
y
existeraient pas
. Mais il se produit des gels d'intensité inhabituelle
: -15 ou -20°, qu
i
reviennent irrégulièrement, tous les 15
ou
20
ans
. Quelques dégâts se produiront alor
s
sur certaines espèces, mais elles auront généralement le temps de se refaire une sant
é
avant un nouvel épisode très froid
.
Beaucoup de plantes introduites de régions moins froides que les nôtres surviven
t
cependantt à nos gels normaux, mais elles disparaissent en cas de gels exceptionnels
. C'es
t
l'occasion de se lamenter, mais aussi de faire des observations intéressantes sur leu
r
résistance, parfois inattendue
.
EFFETS DU GEL SUR LES PLANTES
.
Il y a d'abord un effet spectaculaire visible sur beauoucp de plantes herbacées e
t
sur les arbustes qui gardent leurs feuilles en hiver
: Aucuba, Laurier-cerise
(Prunu
s
laurocerasus),
Laurier d'Appolon
(Laurus nobilis)
:
les feuilles flétrissent, pendent
,
prennent un aspect translucide de légumes surgelés, deviennent cassantes
. Ceci se mani-
feste dès 0° ou un peu en dessous
.
Si le dégel intervient, deux cas sont possible
s
-
Tout redevient normal
,
-
La plante meurt
.
Ceci dépend des plantes et du degré atteint par le froid
. Que s'est-il passé dan
s
chacun de ces deux cas
?
Pour le comprendre, examinons la structure d'une cellule végétale
. Il y a deux partie
s
essentielles
:
-
Une paroi, dite « squelettique », car elle constitue une armature plus ou moin
s
rigide
. Sa composition est complexe, mais c'est la cellulose qui y prédomine
. Pour cett
e
raison, on l'appelle couramment la paroi cellulosique
. Cette cellulose de la paroi de
s
cellules, nous la retrouvons dans quantité d'objets de la vie courante, papier, coton, d'o
ù
elle provient précisément de la paroi des cellules végétales
. La paroi cellulosique es
t
inerte, non vivante, comme, par exemple, nos cheveux ou nos ongles
. Elle est imbibé
e
d'eau, comme le serait du papier-filtre ou du coton hydrophile
.
5
-
-
Un contenu cellulaire, dit « protoplasme », qui, lui, est vivant et extrêmement fragil
e
et complexe, constitué de cytoplasme, gelée qui renferme le noyau et un grand nombr
e
d'organites intracellulaires (mitochondries, chloroplastes, ribosomes, etc
.
.
.) ainsi que l
a
vacuole caractéristique de la cellule végétale, qui renferme une solution aqueuse trè
s
diluée de diverses substances
. Le cytoplasme est lui
'
-même imbibé d'eau
.
Ces deux parties de la cellule se comportent différemment en cas de gel
.
-
Gel de l'eau imprégnant la paroi cellulosique
: ceci correspond au cas décrit ci
-
dessus
: feuilles translucides, cassantes
. Des cristaux de glace sont apparus dans la paro
i
cellulosique, mais ce gel n'a pas de répercussions fatales, car la paroi n
'
est pas vivante
.
Il s'agit, en somme, d'un gel extracellulaire
. Si le gel se limite à l'eau qui imprègne l
a
paroi, le dégel permettra un retour aux conditions antérieures
.
-
Gel de l'eau imbibant le protoplasme, c
'
est à dire le contenu vivant de la cellule
:
les cristaux de glace bouleversent irrésistiblement les délicates microstructures, ce qu
i
entraîne la mort de la cellule
.
Pour survivre au gel, les plantes doivent donc s'arranger pour éviter le gel intra-
cellulaire, celui qui affecterait le protoplasme. Comment certaines d'entre elles y arrivent
-
elles ? Deux procédés sont utilisés par la cellule
.
-
Intervention d'un antigel: les substances dissoutes clans la vacuole abaissent so
n
point de congélation
; il s'agit de sucres et de sels minéraux
. Mais comme ces substance
s
sont peu concentrées, ceci ne protège les cellules que jusqu'à
-4
ou
-5°
.
Mais certaine
s
larves d'insectes ont des cellules dont la forte teneur en glycérine peut les protége
r
du gel qusqu
'
à -18°
. Notons en passant que la glycérine est fort proche chimiquemen
t
du glycol de nos radiateurs
!
- Surfusion
: on peut, avec quelques précautions, réaliser une curieuse expérience
.
Si l'on refroidit lentement de l'eau parfaitement pure, dans un récipient parfaitemen
t
propre, en l
'
absence de tout choc, on peut la maintenir liquide jusqu'à environ -38°
.
Si l'on choque le récipient, ou si l'on y laisse tomber une impureté, l'eau gèle instan-
tamment, et sa
Ir
mçérature remonte brusquement à 0°, car l'eau ne peut geler qu'à 0°
!
Ce phénoinene se manifeste en météorologie dans le cas du verglas
«vrai»
;
chute d
e
pluie surfondue qui gèle au contact du sol (à ne pas confondre avec le « faux » verglas
:
chute c'
.
: pluie « normale » sur un sol gelé, bien que le résultat soit le même dans le
s
deus cas
: une patinoire !)
.
La plupart des plantes résistantes au gel utilisent la surfusion
. Les feuilles de pomm
e
de terre la pratiquent jusqu'à
-6°,
mais meurent à -8"
. Bien d'autres plantes resten
t
en surfusion beaucoup plus bas
: -43" pour les boutons floraux d'un Rhododendron
.
Ce gain de 5° sur les fatidiques -38° est probablement dû à la présence de substance
s
dissoutes dans l
'
eau de la cellule. Quand la surfusion cesse, des cristaux de glace s
e
forment dans le contenu cellulaire et le désorganisent
. Cependant, si le refroidissemen
t
est très rapide, les cristaux restent minuscules (0,05 millième de millimètre, mesur
e
obtenue aux rayons X), et ce n'est pas grave pour la cellule
. Par exemple, les cellule
s
d'épiderme d'oignon sont tuées à -10", mais survivent si on les plonge dans l'azot
e
liquide, à -180°
. On sait que le sperme et les très jeunes embryons, de quelques cellules
,
peuvent être conservés de cette manière
.
VARIATION
DE
LA SENSIBILITÉ AU FROID
.
Pour une plante donnée, elle varie beaucoup selon les circonstances
.
L'humidité agrave la situation
: des feuilles d'eucalyptus supportent -10" si elles son
t
sèches, mais seulement
-2
à -4° si elles sont mouillées
. Beaucoup de cactées résisten
t
en hiver à de forts gels (-10 à --25°) si elles sont gardées au sec, mais ne supporten
t
pas le froid humide, même modéré
. Le polypode vulgaire supporte -20° quand il es
t
hydraté, mais -50° quand il est partiellement déshydraté (feuilles flétries)
.
L
'
état physiologique de la plante intervient aussi
: la résistance n'est pas la mêm
e
tout au long de l'année
; elle est bien plus forte en hiver qu'en été
. Expérimentalement
,
des bourgeons de pommier sont détruits à -5° en juillet, mais supportent -35° e
n
janvier
. A noter que le même phénomène se produit chez les animaux
: un carabe qu
i
supporte -35° en hiver est tué à -6° en été
.
Les divers organes n'ont pas le même comportement vis à vis du gel
: les feuille
s
de mûrier supportent 180 jours à -5°, 30 jours à -10°, 10 jours à -20°, et seulemen
t
une demi-journée à -30°
.
L'alternance gel-dégel est très nocive
. Par exemple, avec une certaine espèce, pou
r
sept alternances successives de gel et de dégel, le seuil de sensibilité des cellules remont
e
de -21 à -13°
. Conclusion pratique pour nos jardins
: ne pas planter en exposition su
d
des plantes sensibles au gel, contrairement à ce que l'on aurait tendance à faire, un
e
plante gelée doit le rester toute la journée, donc ne pas recevoir le soleil, qui,
souvent
,
brille lors des journées froides
.
Bull
. mens Soc
.
linn
.
Lyon, 2000, 69 (1)
- 6
-
La rapidité du dégel intervient aussi; un dégel rapide cause des dommages, un dége
l
lent
est plus favorable à la survie. Des feuilles gelées à -15°, plongées dans de l'eau
à
20° sont tuées
; elles survivent si on les place quelques minutes à -5°, puis à -2°, pui
s
dans l'eau à 20°
.
QUELQUES RECORDS DE RÉSISTANCE
AU GEL
.
Les spores de champignons et les bactéries résistent à -250° (température de l'héliu
m
liquide), même hydratées
. Ce n'est pas surprenant
: leur très petite taille permet u
n
refroidissement instantané, les cristaux de glace restent minuscules et respectent les fine
s
structures protoplasmiques
. Mais ce qui est plus gros, graines, cellules de levures, mycé-
lium de champignons) ne supporte ces températures qu'à l'état déshydraté
.
Chez les plantes supérieures
: les conifères arctiques (pins, sapins, épicéas, mélèzes
)
supportent -70° au niveau de leurs bourgeons
.
Rosa rugosa,
de Sibérie, également
.
Ros
a
canina,
notre églantier commun, supporte là-bas -600
. Ces performances ne corresponden
t
pas forcément à des espèces, mais à des écotypes de ces espèces
. Il est probable qu
e
notre
Rosa canina
français, transplanté en Sibérie du nord, ne pourrait résister auss
i
bien que son frère indigène
. Ces écotypes sont, de toute évidence, le résultat de l
a
sélection naturelle
: les individus génétiquement trop sensibles au froid ont été éliminés
.
Un problème se pose cependant
: nous avons vu plus haut que la surfusion, phéno-
mène essentiellement utilisé par la cellule pour se protéger du gel, ne s'exerçait qu
e
jusqu'à -38° pour de l'eau pure
. Comment se fait-il alors que certaines cellules arriven
t
à supporter -70° sans que leur contenu gèle ? On pense qu'une partie de l
'
eau de c
e
contenu passe peu à peu dans la paroi cellulaire en « nourrissant » les cristaux de glac
e
qui s'y trouvent, ce qui entrainerait une concentration accrue du suc cellulaire, donc
,
par effet « antigel », un abaissement significatif du point de congélation
. Mais serait-c
e
suffisant pour préserver la cellule jusqu'à -70°
?
En réalité, le mécanisme est assez énigmatique, et l'on ne sait pas pourquoi certaine
s
plantes sont détruites par quelques degrés en dessous de zéro, tandis que des espèce
s
très voisines du point de vue de la systématique sont capables de supporter -25°
.
C'est un problème non résolu à l'heure actuelle
. Aucune observation microscopique d
u
contenu cellulaire, aucun procédé ultra-moderne d'analyse fine, n'a permis de mettre e
n
évidence la moindre différence entre deux espèces voisines, l'une sensible au gel et l'autr
e
résistante
.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUE
S
LEWIrr' J
., 1980
. - Responses of plants to environmental stress
. 2° ed
., vol
. 1, 497 p
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. ISBN 0-12-44-5501-8
.
SAKAIA
A
. et
LARCHER W
.,
1987
. - Frost survival plants
. Springer Verlag, Berlin
. ISB
N
3-450-17332-3
.
INFORMATIONS ENTOMOLOGIQUE
S
Tous les entomologistes amateurs de coléoptères connaissent l'ouvrage qu'a publi
é
Gaëtan
DU CHATENET
en 1986
. Bonne nouvelle
: la publication du tome 2 est annoncée pou
r
avril 2000
. Un prix spécial de souscription est consenti avant cette date et des bulletin
s
de souscription sont déposés au siège de la Société
.
L'Union de l'entomologie français (U
.E
.F
.) et la Société entomologique de Franc
e
organisent à Paris, les 24 et 25 févrir 2000 un colloque sur le thème
: « Les formation
s
et la transmission du savoir en Entomologie »
.
L'Office pour l'information éco-entomologique (OPIE), la Société entomologique d
e
France et la Société française d'odonatologie organisent en 2000 cinq formations entomo-
logiques professionnelles
:
1.
Insectes aquatiques
.
2.
Les Ephémères
.
3.
Les Odonates
.
4.
Insectes des forêts
.
5.
Méthodes et techniques
.
Renseignements
: OPIE,
B
.P
.
30, F -78041 Guyancourt Cedex
.
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