5
-
-
Un contenu cellulaire, dit « protoplasme », qui, lui, est vivant et extrêmement fragil
e
et complexe, constitué de cytoplasme, gelée qui renferme le noyau et un grand nombr
e
d'organites intracellulaires (mitochondries, chloroplastes, ribosomes, etc
.
.
.) ainsi que l
a
vacuole caractéristique de la cellule végétale, qui renferme une solution aqueuse trè
s
diluée de diverses substances
. Le cytoplasme est lui
'
-même imbibé d'eau
.
Ces deux parties de la cellule se comportent différemment en cas de gel
.
-
Gel de l'eau imprégnant la paroi cellulosique
: ceci correspond au cas décrit ci
-
dessus
: feuilles translucides, cassantes
. Des cristaux de glace sont apparus dans la paro
i
cellulosique, mais ce gel n'a pas de répercussions fatales, car la paroi n
'
est pas vivante
.
Il s'agit, en somme, d'un gel extracellulaire
. Si le gel se limite à l'eau qui imprègne l
a
paroi, le dégel permettra un retour aux conditions antérieures
.
-
Gel de l'eau imbibant le protoplasme, c
'
est à dire le contenu vivant de la cellule
:
les cristaux de glace bouleversent irrésistiblement les délicates microstructures, ce qu
i
entraîne la mort de la cellule
.
Pour survivre au gel, les plantes doivent donc s'arranger pour éviter le gel intra-
cellulaire, celui qui affecterait le protoplasme. Comment certaines d'entre elles y arrivent
-
elles ? Deux procédés sont utilisés par la cellule
.
-
Intervention d'un antigel: les substances dissoutes clans la vacuole abaissent so
n
point de congélation
; il s'agit de sucres et de sels minéraux
. Mais comme ces substance
s
sont peu concentrées, ceci ne protège les cellules que jusqu'à
-4
ou
-5°
.
Mais certaine
s
larves d'insectes ont des cellules dont la forte teneur en glycérine peut les protége
r
du gel qusqu
'
à -18°
. Notons en passant que la glycérine est fort proche chimiquemen
t
du glycol de nos radiateurs
!
- Surfusion
: on peut, avec quelques précautions, réaliser une curieuse expérience
.
Si l'on refroidit lentement de l'eau parfaitement pure, dans un récipient parfaitemen
t
propre, en l
'
absence de tout choc, on peut la maintenir liquide jusqu'à environ -38°
.
Si l'on choque le récipient, ou si l'on y laisse tomber une impureté, l'eau gèle instan-
tamment, et sa
Ir
mçérature remonte brusquement à 0°, car l'eau ne peut geler qu'à 0°
!
Ce phénoinene se manifeste en météorologie dans le cas du verglas
«vrai»
;
chute d
e
pluie surfondue qui gèle au contact du sol (à ne pas confondre avec le « faux » verglas
:
chute c'
.
: pluie « normale » sur un sol gelé, bien que le résultat soit le même dans le
s
deus cas
: une patinoire !)
.
La plupart des plantes résistantes au gel utilisent la surfusion
. Les feuilles de pomm
e
de terre la pratiquent jusqu'à
-6°,
mais meurent à -8"
. Bien d'autres plantes resten
t
en surfusion beaucoup plus bas
: -43" pour les boutons floraux d'un Rhododendron
.
Ce gain de 5° sur les fatidiques -38° est probablement dû à la présence de substance
s
dissoutes dans l
'
eau de la cellule. Quand la surfusion cesse, des cristaux de glace s
e
forment dans le contenu cellulaire et le désorganisent
. Cependant, si le refroidissemen
t
est très rapide, les cristaux restent minuscules (0,05 millième de millimètre, mesur
e
obtenue aux rayons X), et ce n'est pas grave pour la cellule
. Par exemple, les cellule
s
d'épiderme d'oignon sont tuées à -10", mais survivent si on les plonge dans l'azot
e
liquide, à -180°
. On sait que le sperme et les très jeunes embryons, de quelques cellules
,
peuvent être conservés de cette manière
.
VARIATION
DE
LA SENSIBILITÉ AU FROID
.
Pour une plante donnée, elle varie beaucoup selon les circonstances
.
L'humidité agrave la situation
: des feuilles d'eucalyptus supportent -10" si elles son
t
sèches, mais seulement
-2
à -4° si elles sont mouillées
. Beaucoup de cactées résisten
t
en hiver à de forts gels (-10 à --25°) si elles sont gardées au sec, mais ne supporten
t
pas le froid humide, même modéré
. Le polypode vulgaire supporte -20° quand il es
t
hydraté, mais -50° quand il est partiellement déshydraté (feuilles flétries)
.
L
'
état physiologique de la plante intervient aussi
: la résistance n'est pas la mêm
e
tout au long de l'année
; elle est bien plus forte en hiver qu'en été
. Expérimentalement
,
des bourgeons de pommier sont détruits à -5° en juillet, mais supportent -35° e
n
janvier
. A noter que le même phénomène se produit chez les animaux
: un carabe qu
i
supporte -35° en hiver est tué à -6° en été
.
Les divers organes n'ont pas le même comportement vis à vis du gel
: les feuille
s
de mûrier supportent 180 jours à -5°, 30 jours à -10°, 10 jours à -20°, et seulemen
t
une demi-journée à -30°
.
L'alternance gel-dégel est très nocive
. Par exemple, avec une certaine espèce, pou
r
sept alternances successives de gel et de dégel, le seuil de sensibilité des cellules remont
e
de -21 à -13°
. Conclusion pratique pour nos jardins
: ne pas planter en exposition su
d
des plantes sensibles au gel, contrairement à ce que l'on aurait tendance à faire, un
e
plante gelée doit le rester toute la journée, donc ne pas recevoir le soleil, qui,
souvent
,
brille lors des journées froides
.
Bull
. mens Soc
.
linn
.
Lyon, 2000, 69 (1)