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Je suppose que les gynécologues découvrent la plupart
des cas de cancer lors de l’examen préventif annuel? Lors
de l’examen préventif, je demande s’il y a des cas de cancer du
sein dans la famille, s’il y a des facteurs de risque, j’examine la
poitrine et je conseille aux femmes de plus de 45 ans d’effec-
tuer une mammographie. La plupart des cancers sont décou-
verts ainsi. Toutefois, chaque année, j’ai un ou deux cas où il
n’y avait aucun indice et où un dépistage précoce aurait aidé.
Quant à savoir si nous pratiquons trop de prévention, je ne peux
pas répondre par oui ou par non. Le cancer du sein est une des
formes de cancer les plus répandues chez les femmes. Nous
pouvons aujourd’hui diagnostiquer et traiter le cancer très tôt
et nous souhaitons profiter de ces avantages. C’est un phéno-
mène social: la prévention, c’est de notre temps. Nous ne vi-
vons plus à une époque où on considère les maladies comme
des coups du destin qu’il faut accepter. Je ne pense donc pas
que nous faisions trop de prévention. Et tant que nous y sommes,
je conseille à toutes les femmes et à tous les hommes de plus
de 50 ans de se soumettre à une endoscopie.
Le vaccin contre le cancer du col de l’utérus chez les jeunes
filles est-il vraiment sensé et utile? L’Office fédéral de la santé
publique conseille le vaccin pour les filles âgées de 11 à 14 ans
(voir encadré ci-dessus). Nous savons qu’environ 70% des femmes
sont contaminées au cours de leur vie par le papillomavirus hu-
main (VPH) lors de rapports sexuels. La plupart d’entre elles,
toutefois, redeviennent immunisées. Toutes les femmes qui
développent un cancer du col de l’utérus souffrent d’une infec-
tion chronique. Cette forme du cancer va donc de pair avec ce
virus, qui peut également engendrer des verrues dans la zone
génitale, très désagréables et pénibles à soigner.
Les gens sont-ils informés sur ce thème en Suisse? Ce thème
est encore relativement nouveau et des explications sont né -
cessaires. J’ai déjà fait l’expérience avec des mères qui avaient
l’impression qu’en vaccinant leur fille, je voulais la préparer à
avoir des relations sexuelles. Ce n’est bien sûr pas le but. Il s’agit
simplement de réduire de manière considérable et simple un
risque de cancer futur.
Le rapport avec la sexualité a-t-il changé chez les jeunes
patientes? Oui, je remarque aujourd’hui que la découverte de
la sexualité chez les jeunes n’a plus lieu avec la même innocence
qu’avant. Autrefois, nous nous bécotions dans un coin et pou-
vions aborder le sujet avec calme. Aujourd’hui, les élèves de
cinquième année apprennent à enfiler un préservatif sur une
banane et ceux de sixième année, comment on attrape le sida
ou l’herpès. A cela s’ajoute l’accès facile aux images pornogra-
phiques sur internet, la peur des drogues de viol dans les dis-
cothèques, etc. Ce n’est certainement pas plus facile de nos
jours d’atteindre la maturité sexuelle.
Les jeunes femmes semblent nettement plus menacées
par une crise cardiaque ou un accident cérébrovasculaire
qu’on ne le pensait. Il est bien connu que la pilule contracep-
tive peut épaissir le sang. Si une de mes patientes souffre de
migraines et qu’il existe des cas d’accidents cérébrovasculaires
dans la famille, j’ordonne l’arrêt de la prise de la pilule. Grâce
à cette relation entre les migraines et la pilule, j’ai découvert
l’année dernière entre 5 et 10 cas à risques.
Le traitement de la ménopause a-t-il changé au cours des
dernières années? En effet, en raison des articles publiés ces
dernières années critiquant la thérapie de substitution hormo-
nale et du risque plus élevé de cancer du sein qu’elle pourrait
entraîner, le traitement des troubles de la ménopause avec des
hormones a diminué de 30% à 40%. Les médecins, et surtout
les patientes, sont plus prudents et cherchent en général une
alternative naturelle pour commencer, les patientes font du yoga
ou changent leur alimentation. Mais pour une partie d’entre
elles, cela ne suffit pas. Si on considère de plus près les études
concernant le risque de cancer du sein, on constate que les
hormones ne sont pas seules responsables. S’ajoutent d’autres
facteurs comme l’obésité, le tabagisme, etc.
Les femmes de 50 ans sont-elles différentes aujourd’hui
qu’il y a 20 ou 30 ans? Je rencontre beaucoup de «femmes
fonceuses» dans mon cabinet. Ce sont des femmes qui conci-
lient vie privée et vie professionnelle. Des femmes qui à 50 ans
ont l’air d’en avoir 40 et, lorsque la ménopause les surprend,
se soucient de rester jeunes, belles et en forme. De plus, bon
nombre de ces femmes ont des enfants en pleine adolescence,
ce qui ne facilite généralement pas les choses. Pour la plupart
d’entre elles, la ménopause arrive un peu comme un cheveu sur
la soupe. Autrefois, la ménopause symbolisait plutôt le début
du vieillissement. Aujourd’hui, la plupart des femmes ont en-
core plusieurs décennies devant elles. Cela explique leurs nou-
veaux souhaits et leurs nouvelles exigences.
Le docteur Bettina von Seefried est gynécologue dans le cabinet de
groupe GGS dans le quartier Seefeld à Zurich. Avant cela, elle était
médecin-chef à l’hôpital d’arrondissement de Männedorf et a travaillé
au service d’obstétrique de l’Hôpital universitaire de Zurich. Elle-même
sait très bien ce que concilier vie privée et vie professionnelle veut dire.
Bettina von Seefried est mère de trois filles âgées de 1 an, 4 ans et demi
et 8 ans.
LE VACCIN CONTRE LE CANCER DU COL DE L’UTÉRUS
En Suisse, environ 340 femmes sont touchées chaque
année par le cancer du col de l’utérus; 90 d’entre elles en
meurent. Ce cancer est, juste après le cancer du sein, la
forme de cancer la plus répandue chez les jeunes femmes
âgées de 15 à 44 ans. Chez les femmes de plus de 45 ans,
il se situe à la quatrième place des cancers plus répandus.
Le papillomavirus humain (VPH), transmissible par le contact
sexuel ou autre contact intime, est le principal responsa-
ble de l’apparition du cancer. Depuis le début de l’année
2007, il existe un vaccin dont les effets secondaires sont
rares et anodins. L’Office fédéral de la santé publique le
conseille donc à toutes les jeunes filles entre 11 et 14 ans
(durant la transition, également de 15 à 19 ans).
Le vaccin est pris en charge par l’assurance de base à condi-
tion qu’il soit effectué dans le cadre d’un programme can-
tonal de vaccination (médecins scolaires ou cantonaux,
médecins de famille spécialement désignés, etc.). Pour de
plus amples informations sur les règlements cantonaux:
www.bag.admin.ch (Thèmes > Maladies et médecine > Papilloma -
virus humain > Liens vers tous les cantons.)