La motivation du patient pour la prise en charge en ergothérapie

publicité
http://portaildoc.univ-lyon1.fr
Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale Pas de Modification 2.0 France (CC BY-NC-ND 2.0)
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Université CLAUDE BERNARD LYON1
INSTITUT DES SCIENCES et TECHNIQUES DE READAPTATION
MEMOIRE présenté pour l’obtention du
DIPLOME D’ETAT EN ERGOTHERAPIE
Présenté par
LAMOITTE Guy-Hubert
REFLECHIR ENSEMBLE : L’APPORT DE LA
DEMARCHE TRANSDISCIPLINAIRE POUR
L’INTERVENTION EN ERGOTHERAPIE
Placer ici le sous titre du mémoire
L’intérêt du Plan d’Intervention Individualisé pour la motivation du
patient en ergothérapie
Maître de Mémoire
DARROUS Sylvain
Membres du Jury
Date de Soutenance
© Université Claude Bernard Lyon1 - ISTR - Institut de Formation en Ergothérapie.
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Remerciements
Je tiens à remercier sincèrement tous ceux qui me soutiennent et m’accompagnent
tous les jours : Charlotte, ma famille, mes amis…
Je remercie aussi toute l’équipe pédagogique de l’IFE de Lyon : Sabine LionnardRety, Amanda Ryan, Bernard Devin et Jean-François Bodin, ainsi que tous les professionnels
que j’ai pu rencontrer au cours de mes stages.
Mes remerciements vont également à Sylvain Darrous, pour m’avoir epaulé pendant
la réalisation de ce travail.
Merci à vous tous !
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
SOMMAIRE
Introduction............................................................................................................... 1
APPROCHE THEORIQUE ......................................................................................... 3
1.
2.
L’accident vasculaire cérébral chez l’adulte : une problématique complexe................. 3
1.1.
Définition ............................................................................................................... 3
1.2.
Une problématique particulièrement complexe chez l’adulte ................................ 4
1.3.
Une problématique qui reste souvent sans réponse ................................................ 6
La prise en charge en ergothérapie : une possibilité de réponse à cette problématique
complexe ................................................................................................................................ 8
2.1.
L’intervention en ergothérapie ............................................................................... 8
2.2.
L’intérêt de l’intervention en ergothérapie pour la personne adulte victime
d’AVC …………………………………………………………………………………….9
2.3.
3.
Limite à l’intervention en ergothérapie : une difficulté à susciter la motivation . 10
La motivation du patient pour la prise en charge en ergothérapie ............................... 12
3.1.
Qu’est-ce que la motivation individuelle ? .......................................................... 13
3.2.
Facteurs favorisants la motivation du patient pour la prise en charge en
ergothérapie ...................................................................................................................... 15
3.3.
4.
Un lien intéressant avec les démarches de qualité des établissements de santé ... 17
Le Plan d’Intervention Interdisciplinaire Individualisé. .............................................. 18
4.1.
Qu’est-ce que le PIII ? .......................................................................................... 19
4.2.
Déroulement du PIII : entre inter et transdisciplinarité ........................................ 20
4.3.
Un moyen pertinent pour favoriser la motivation du patient pour la prise en
charge en ergothérapie? .................................................................................................... 21
METHODOLOGIE DE RECHERCHE ...................................................................... 23
1.
2.
But de la démarche de recherche.................................................................................. 23
1.1.
Problématique et hypothèse ................................................................................. 23
1.2.
Objectifs de la démarche de recherche ................................................................. 23
1.3.
Des indicateurs pour renseigner cette hypothèse ................................................. 24
Moyens méthodologiques mis en œuvre ...................................................................... 25
2.1.
Choix de la population étudiée ............................................................................. 25
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.2.
Technique de recueil de données : l’entretien individuel ..................................... 26
2.3.
Choix des terrains d’investigation ........................................................................ 27
2.4.
Considérations éthiques........................................................................................ 28
3.
Limites de la méthodologie de recherche ..................................................................... 28
4.
Méthode d’analyse des entretiens ................................................................................ 29
RESULTATS ET DISCUSSION ............................................................................... 30
1.
Présentation des résultats ............................................................................................. 30
1.1.
Concernant la compréhension par le patient de la situation ................................. 30
1.2.
La compréhension de l’intérêt de la prise en charge en ergothérapie .................. 31
1.3.
Concernant l’identification des besoins du patient .............................................. 32
1.4.
Concernant la participation active du patient dans le plan d’intervention en
ergothérapie ...................................................................................................................... 33
2.
1.5.
Concernant l’implication de l’entourage .............................................................. 35
1.6.
Concernant l’accompagnement de la personne .................................................... 36
1.7.
PIII et problématique d’ acceptation du handicap ................................................ 36
1.8.
PIII et anosognosie ............................................................................................... 36
Discussion .................................................................................................................... 37
2.1.
Analyse des données en réponse aux indicateurs ................................................. 37
2.2.
Eléments de réponse à l’hypothèse de recherche ................................................. 42
2.3.
Intérêt et limites de la démarche de recherche ..................................................... 43
Conclusion .............................................................................................................. 45
Bibliographie........................................................................................................... 46
ANNEXES
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Introduction
Au cours de mon troisième stage de la formation, j’ai été confronté à une situation
particulière, qui m’a poussé à prendre un certain recul sur l’ergothérapie, et qui a été la source
d’un questionnement important sur l‘intérêt de la discipline.
J’ai été amené à réaliser la prise en charge d’une personne de 45 ans, victime d’un
accident de la circulation quatre ans auparavant, et atteinte d’une tétraplégie incomplète. Elle
était hospitalisée en soins de suite et de réadaptation pour une durée d’un mois, pour « faire le
point sur la situation ». La prescription médicale indiquait alors de réaliser une « évaluation
en ergothérapie ».
Cette personne vivait à son domicile, avec son conjoint et ses deux enfants. Après cet
accident, elle avait déjà pu bénéficier de différentes prises en charge en ergothérapie : en
hospitalisation complète, en hôpital de jour, et même auprès d’un ergothérapeute libéral. Un
projet de construction d’une maison individuelle entièrement adaptée avait déjà abouti, de
même qu’un aménagement du véhicule personnel, ainsi qu’une expertise pour déterminer une
prestation de compensation du handicap avec tiers responsable. Toutes les aides techniques et
humaines nécessaires étaient déjà mises en place.
Finalement, après deux heures de discussions quotidiennes sur une durée d’un mois,
cette personne connaissait manifestement une difficulté d’ordre psychologique, se
rapprochant d’une difficulté d’ « acceptation du handicap » (Kübler-Ross, 1969, citée par
Lacroix, 2009). Quatre ans après l’accident, et malgré tout ce qui avait été fait en termes de
rééducation et de réadaptation, cette personne était résignée, présentait des symptômes
dépressifs, n’était pas parvenue à retrouver un sens à sa vie après l‘accident.
Sa qualité de vie, son bien-être, étaient donc particulièrement affectés par les
conséquences invalidantes de la pathologie. Cette personne qui était très sociale, active, qui
aimait le partage et les rencontres, le sport et le sentiment de liberté que les activités de plein
air peuvent procurer, restait aujourd’hui cloîtrée chez elle, depuis quatre ans. Cette prise en
charge a permis d’identifier une limitation de participation à des activités satisfaisantes et
significatives, notamment sociales et sportives. L’intervention a ensuite consisté en un
accompagnement pour promouvoir sa participation à de telles activités, et retrouver une
certaine qualité de vie.
Néanmoins, malgré mes efforts d’écoute, de propositions et de stimulation, je ne suis
jamais parvenu à susciter la motivation de la personne. Au cours d’un « rendez-vous
famille », d’inspiration transdisciplinaire, mon point de vue a pu rencontrer celui du conjoint
1
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
de la personne, qui avait très bien identifié la problématique mais n’avait pas pu s’exprimer
auparavant. Ce moment particulier a permis un véritable basculement : le patient, confronté à
ces visions concordantes, a pu reconnaître ce besoin, semblant alors pour la première fois
motivé par un projet, par une projection dans l’avenir favorable.
Je me suis donc beaucoup questionné, d’une part sur comment l’ergothérapeute peut
proposer une intervention qui offre une réponse satisfaisante et motivante à la personne ; et
d’autre part pourquoi ce « rendez-vous famille » avait été aussi décisif.
Toutes les prises en charges auprès d’adultes « actifs » qui ont succédé dans mon
parcours ont fait écho à cette situation. En effet ces personnes manifestaient visiblement une
importante difficulté psychologique avec la survenue du handicap, et consécutivement une
plus grande difficulté à se projeter dans l’avenir. Ils étaient souvent résignés, peu motivés par
rapport à l’intervention en ergothérapie, à leur avenir.
C'est pourquoi j’ai choisi de me renseigner d’avantage sur la motivation du patient
pour la prise en charge, sur comment l’ergothérapeute peut parvenir à déclencher une
motivation chez la personne, pour élaborer ensemble un projet de réadaptation significatif, et
rendre l’intervention réellement utile pour sa qualité de vie. J’ai par ailleurs gardé en tête tout
l’intérêt qu’avait représenté cette réunion transdisciplinaire à laquelle j’avais participé.
J’ai choisi de développer mes recherches au sujet d’une population adulte active,
confrontée à un handicap acquis. La prise en considération des personnes victimes d’accident
vasculaire cérébral m’a semblé être pertinente, pour réfléchir à ce sujet autour d’une
problématique incluant à la fois des troubles moteurs, cognitifs et des difficultés d’ordre
psychologique.
La problématique de cette recherche est donc la suivante : comment favoriser la
motivation du patient adulte victime d’AVC pour la prise en charge en ergothérapie ?
2
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
APPROCHE THEORIQUE
1. L’accident vasculaire cérébral chez l’adulte : une
problématique complexe
1.1. Définition
Le ministère français de la Santé a défini l’accident vasculaire cérébral constitué
(AVC), comme un déficit neurologique focal, d’installation brutale et d’une durée supérieure
à 24 heures, secondaire à une ischémie ou à une hémorragie intracrânienne.
L’AVC désigne donc l’obstruction ou la rupture d’un vaisseau artériel transportant le
sang dans le cerveau. Il en résulte un manque d’apport d’oxygène mettant en danger le
fonctionnement d’une ou plusieurs zones du cérébrales, pouvant aller jusqu’à une destruction
cellulaire irréversible (Ferry-Lemonnier, 2009).
1.1.1. Epidémiologie
En 2008, en France, il y a eu plus de 130 000 hospitalisations pour accident vasculaire
cérébral constitué, soit « 1 AVC toutes les 4 minutes ». L’âge moyen de survenue d’un AVC
est de 73 ans (Ferry-Lemonnier, 2009).
Le nombre de personnes hospitalisées pour AVC a augmenté de 10,9% entre 2002 et
2008, mais ceci est essentiellement lié à l’augmentation et au vieillissement de la population.
En fait, le taux standardisé sur l’âge a globalement diminué de 2.6% sur cette période (FerryLemonnier, 2009).
Cette tendance globale à la baisse s’accompagne pour la première fois d’une
augmentation du taux avant 65 ans (+ 10.8%). Ce phénomène épidémiologique préoccupant
est à examiner dans un contexte de diminution de l’espérance de vie sans incapacité, qui est
passée à 61,9 ans pour les hommes et à 63,5 ans pour les femmes (Ferry-Lemonnier, 2009).
1.1.2. Une priorité de Santé publique
L’incidence et la prévalence de l’AVC en font une priorité de santé publique en France
et dans le monde. Dans les pays occidentaux, ils constituent la troisième cause de décès, la
deuxième cause de démence, et la première cause de handicap acquis de l’adulte (FerryLemonnier, 2009).
Nous verrons dans le prochain paragraphe que l’AVC revêt en effet une importance
particulière de santé publique : de par ses conséquences en termes d’incapacités et de
3
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
situations de handicap, et également en termes de coûts humains et financiers.
Environ 30 % des patients victimes d’un AVC constitué sont hospitalisés en soins de
suite et de réadaptation (SSR), au décours de leur prise en charge en soins aigüs. Ce sont des
patients « lourds » : la moyenne des scores de dépendance physique des patients post AVC est
près de 50 % plus élevée que celle de l’ensemble des patients accueillis en SSR (FerryLemonier, 2009).
1.2. Une problématique particulièrement complexe chez l’adulte
1.2.1. Des conséquences importantes en termes de déficiences
L’AVC est souvent responsable de séquelles affectant de manière brutale et
conséquente la qualité de vie des patients. Etant donné que l’AVC peut atteindre toute zone
cérébrale, ses conséquences en termes de déficiences et d’incapacités peuvent potentiellement
être nombreuses. Trois quarts des survivants d’AVC garderont des séquelles invalidantes à
long terme (Ferry-Lemonnier, 2009).
L’AVC peut tout d’abord entrainer des déficiences sensori-motrices. Les troubles
moteurs peuvent consister en une parésie, ou une paralysie d’un ou plusieurs membres, en
général d’un hémicorps. Des troubles du tonus musculaire, comme la spasticité, sont
fréquemment rencontrés. Des troubles cérébelleux peuvent survenir, et l’atteinte de l’équilibre
est aussi fréquente. Les déficiences sensitives peuvent être l’anesthésie, la paresthésie ou
encore la dysesthésie au niveau de la sensibilité superficielle : tactile, algique et thermique.
Des troubles de la sensibilité profonde sont aussi des conséquences possibles.
D’autre part, cette pathologie peut entrainer des déficiences sensorielles et cognitives :
déficits
sensoriels
et
perceptifs,
de
l’orientation
temporo-spatiale,
des
fonctions
instrumentales, des troubles attentionnels, la négligence spatiale unilatérale, des atteintes
mnésiques, l’anosognosie, des troubles des fonctions exécutives, et également du
comportement et des émotions.
Des troubles affectants les capacités de compréhension, de langage avec notamment
l’aphasie, sont également fréquemment rencontrés dans le cadre de cette pathologie. Des
troubles du système nerveux végétatif peuvent être occasionnés : avec l’incontinence urinaire
et fécale, les troubles de la déglutition, de la digestion et cardio-respiratoires, ou encore les
troubles génitaux et sexuels.
De nombreuses complications peuvent également survenir à distance de l’AVC :
comme les syndromes régionaux douloureux complexes, les déformations articulaires, ou
encore les risques de chutes, d’accidents de la voie publique et domestiques.
4
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Bien entendu les conséquences de l’AVC vont considérablement varier en fonction de
l’emplacement de la lésion cérébrale, et en fonction de la gravité de l’anoxie cérébrale.
L’évolution des complications et des déficits varie aussi selon les individus.
1.2.2. D’importantes situations de handicap chez la personne adulte
Toutes ces déficiences vont avoir un retentissement sur les capacités de la personne
adulte atteinte d’AVC. Elles vont entrainer de nombreuses situations de handicap, en lien avec
ses habitudes de vie et son environnement matériel et humain.

Impact sur l’indépendance et l’autonomie pour les activités de la vie quotidienne :
Ces séquelles vont dans un premier temps avoir un impact sur l’autonomie et
l’indépendance pour les actes courants de la vie quotidienne de la personne ( déplacements,
toilette et soins de l’apparence, habillage, excrétion, alimentation, gestion du temps, gestion
d’un budget ). Ces incapacités, si brutalement acquises, vont également remettre en question
tout l’environnement matériel de la personne : le véhicule personnel, le logement, et tous les
projets d’ordres matériels en cours de réalisation.

Impact sur la vie sociale et professionnelle :
Les déficiences vont aussi avoir un retentissement sur la vie sociale de la personne, en
fonction de ses habitudes de vie et de ses rôles sociaux : vie familiale et conjugale, personnes
à charge, relations amicales, l’image de soi et les interactions sociales (Teasell et al., 2000).
Par ailleurs, la vie professionnelle sera remise en question, avec l’arrivée de tout un
questionnement et d’une incertitude sur la poursuite de l’activité professionnelle, les
possibilités mêmes d’avoir un emploi malgré ces déficiences (Teasell et al., 2000).
Consécutivement, la situation financière sera aussi une source majeure d’inquiétudes, avec la
question des revenus, des dépenses et des charges incombant à la personne, le remboursement
de prêts, et l’abandon de projets ayants occasionnés une précarisation (Jérôme et al., 2009).
Les activités de loisirs, les passions, qui sont souvent des sources de satisfaction et
d’accomplissement importantes, seront également remises en cause.
1.2.3. Une problématique complexe et spécifique chez la personne adulte
La survenue brutale de ces déficiences, de toutes ces situations de handicap, va être
manifestement difficile à vivre pour la personne adulte victime d’AVC, à l’origine d’une
problématique de santé très complexe.

Une difficulté psychologique, d’acceptation du handicap :
Ces changements vont remettre en question toute la vie, toute l’existence de la
5
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
personne et de son entourage, dans toutes ses dimensions. L’individu perd alors les activités
significatives, les projets qui le guidaient dans la vie, et par la même occasion la
représentation qu’il avait de lui-même (Lacroix, 2009).
La complexité de la situation, l’incertitude concernant l’avenir, et également le
ressenti émotionnel lié à la survenue brutale du handicap, vont entrainer la mise en place de
mécanismes de défense importants. Autant de déterminants qui rendront le travail de deuil de
la situation antérieure, d’acceptation de la situation présente, et la projection dans l’avenir très
difficiles pour le patient (Lacroix, 2009).
Elizabeth Kübler-Ross (1969, citée par Lacroix, 2009) a bien défini cette difficulté, à
travers la problématique d’acceptation du handicap, passant par différents mécanismes de
défense : la stupeur, le déni, la colère, le marchandage, la dépression et peut-être finalement
l’acceptation. La personne pourrait également ne jamais accepter, s’enfermant alors dans le
déni ou la résignation (Lacroix, 2009).
La compréhension d’une telle situation permet d’imaginer toute la difficulté qu’aura le
patient à retrouver un sens à sa vie, à sa rééducation, au lendemain de la survenue d’un AVC,
et toute l’incertitude qui pèsera sur son avenir.

Une problématique différente de celle des personnes dites âgées.
Un quart des victimes d’AVC sont âgées de moins de 65 ans (Ferry-Lemonnier, 2009).
Lawrence et Kinn (2012), ont à ce propos pu démontrer que la problématique de l’adulte était
différente de celle des personnes dites « âgées ». Notamment en raison de la prépondérance de
la parentalité et de la vie professionnelle, mais aussi parce que cette population est appelée à
vivre plus longtemps avec les situations de handicap liées à la pathologie.
Jérôme & al (2009) ont également mis en avant que le retentissement psychologique
de l’AVC était différent chez la personne adulte, par opposition à la personne âgée, avec une
plus grande prévalence de l’angoisse, de la tristesse, et de troubles dépressifs par exemple.
1.3. Une problématique qui reste souvent sans réponse
1.3.1. Le parcours de soins de la personne adulte victime d’AVC
L’accident vasculaire cérébral est à la fois une pathologie aigüe, qui nécessite une
prise en charge en extrême urgence ; et aussi une pathologie chronique avec des conséquences
invalidantes à long terme (Yelnik & al., 2012).
La première étape du parcours de soins de l’adulte victime d’AVC est donc la prise en
charge en service d’urgence, afin de stabiliser l’état du patient. Il s’agit de la phase aigüe de la
prise en charge, à l’hôpital général ou en unité neuro-vasculaire, pendant une dizaine de jours
6
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
environ. Une évaluation par différents intervenants est réalisée afin de déterminer les
conséquences fonctionnelles de l’AVC. Elle permettra d’orienter le patient vers un retour au
domicile, ou vers un centre de soins de suite et de réadaptation (SSR) si nécessaire (Yelnik &
al., 2012).
Au cours du séjour en SSR, une évaluation complète de la situation du patient est
réalisée par une équipe pluri professionnelle encadrée par un médecin. Cette phase subaigüe
aura pour but de favoriser une récupération fonctionnelle, une réadaptation vers le retour au
domicile, ou une institutionnalisation vers un lieu de vie adapté. Le but est de pallier au
maximum aux conséquences de l’AVC sur l’autonomie du patient, et sur sa satisfaction
personnelle. Elle durera 1 à 4 mois environ, voire plus en fonction de l’importance des
déficiences et de l’évolution de l’état de santé du patient (Yelnik & al., 2012).
Une personne adulte victime d’AVC pourra ainsi bénéficier d’un suivi et d’une
surveillance médicale tout au long du séjour ; d’un soutien d’ordre psychologique ; de l’accès
à des possibilités de rééducations motrice, sensitive et cognitive ; de possibilités de
réadaptation concernant les activités de la vie quotidienne et l’adaptation de l’environnement ;
d’un travail sur la communication et l’alimentation. Elle pourra bénéficier de tout un volet
d’information, de conseil, d’accompagnement pour les démarches relatives à la sortie de la
structure de soins et au retour dans le contexte de vie.
A l’issue du séjour en SSR, le patient pourra être en mesure de rentrer chez lui, pourra
poursuivre la rééducation-réadaptation en hôpital de jour ou auprès de rééducateurs libéraux,
ou encore grâce à une hospitalisation à domicile avec une équipe mobile (Yelnik & al., 2012).
1.3.2. Les besoins insatisfaits des personnes adultes victimes d’AVC
Malgré les efforts pour que l’offre de soins corresponde aux besoins des patients, des
études révèlent une insatisfaction des personnes adultes victimes d’AVC : par rapport à leur
parcours de soins, et par rapport à leur problématique spécifique en réadaptation (Lawrence &
Kinn, 2012).
Une des principales insatisfactions révélées est
le manque d’information
personnalisée, d’explication par le personnel soignant, et de compréhension de la situation par
la personne. Lawrence et Kinn (2012) ont ainsi recueilli ce besoin concernant : l’AVC et ses
conséquences, les perspectives d’avenir, les effets psychologiques et cognitifs de la
pathologie, la gestion de la fatigue et des situations de handicap au quotidien. Jérôme & al.
(2009) ont également pu souligner ce besoin chez les aidants de ces personnes.
Lawrence et Kinn (2012) reportent également un manque de soutien psychologique
tout au long du parcours de soin. Avec un besoin de travail personnalisé autour de l’estime de
7
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
soi, et du renforcement du « sentiment d’auto-efficacité ».
Le besoin de participation active et d’implication dans le projet de soins est également
reporté, notamment par Röding & al. (2002), entrainant une certaine frustration des patients
par rapport à leur parcours de soins, avec un défaut de personnalisation et d’écoute des
patients pour l‘élaboration des plans d’interventions.
Lawrence et Kinn (2012) ont par ailleurs identifié un manque d’accès à des
possibilités de réadaptation et de réhabilitation sociale chez la population adulte victime
d’AVC, au décours de leur parcours de soins. Ce besoin a été ressenti tout d’abord au niveau
de l’autonomie pour les actes de la vie quotidienne (également reporté par Röding & al.,
2003 ; Jérôme & al., 2009), et également au niveau de la conduite automobile, des loisirs et
des activités significatives (également reporté par Jérôme & al., 2009).
D’autre part, un manque d’accompagnement a été révélé au niveau socioprofessionnel : au niveau de l’accès ou du retour à l’emploi (également reporté par Röding &
al., 2003), de l’accompagnement dans le domaine de la vie sociale, avec des besoins
concernant notamment la difficulté à assumer les rôles sociaux et familiaux, et toutes les
questions relatives à la vie de couple et à la sexualité.
En France, Jérôme & al. (2009) ont aussi pu révéler un manque d’accompagnement de
la personne et de son entourage, au niveau des démarches administratives.
2. La prise en charge en ergothérapie : une possibilité de
réponse à cette problématique complexe
Nous avons vu que la problématique du patient adulte victime d’AVC est
généralement complexe. De plus, un manque de convergence entre les besoins de cette
population et la réponse thérapeutique proposée est ressenti par les patients. Pourtant,
l’intervention en ergothérapie semble pouvoir apporter une réponse à cette problématique.
2.1. L’intervention en ergothérapie
Les bases conceptuelles de l’ergothérapie sont fondées sur le principe que la santé et le
bien-être sont intimement liés aux capacités d’une personne à participer de manière autonome
aux différentes activités de la vie (soins personnels, mobilité et déplacements, travail, loisirs,
vie familiale et sociale).
Selon l’arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme d’Etat d’ergothérapie (cité par
Trouve & al., 2012), l’ergothérapeute est un professionnel de santé qui fonde sa pratique sur
le lien entre l’activité humaine et la santé. Il est un expert dans l’évaluation des incapacités et
8
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
des situations de handicap de la personne, de leur interaction avec l’environnement humain et
matériel, et également dans l’analyse d’activité, et du bien-être de la personne.
« Il met en œuvre des soins et des interventions de prévention, d’éducation
thérapeutique, de rééducation, de réadaptation, de réinsertion et de réhabilitation
psychosociale, visant à réduire et compenser les altérations et les limitations
d’activité, à développer, restaurer et maintenir l’indépendance, l’autonomie et
l’implication sociale de la personne. » (Arrêté du 5 juillet 2010, cité par Trouve & al.
2012).
L’ergothérapeute est donc un expert dans l’accompagnement des personnes touchées
par une restriction d’autonomie et de participation, afin d’évaluer et de développer leurs
compétences, rendre leur environnement facilitateur, maximiser leur qualité de vie, augmenter
leur indépendance et leur autonomie par rapport aux différentes activités significatives et
satisfaisantes que peut avoir l’individu.
2.2. L’intérêt de l’intervention en ergothérapie pour la personne
adulte victime d’AVC
L’Association Nationale Française des Ergothérapeutes (ANFE) a réalisé une revue de
littérature (les « Données probantes en ergothérapie »), regroupant les recherches ayant
prouvé l’intérêt de l’intervention en ergothérapie dans différents domaines de la Santé
(Trouve & al., 2012).
Au niveau de la prise en charge des patients victimes d’AVC, l’ergothérapeute
intervient tout d’abord pour l’installation et le positionnement du patient, afin d’éviter la
survenue de complications cutanées, trophiques, douloureuses, et articulaires (Partridge, 1990,
cité par Trouve & al., 2012).
Il intervient afin de procéder à une évaluation des capacités et incapacités de la
personne : au niveau moteur, sensitif, articulaire et musculaire, cognitif, et au niveau de
l’indépendance pour les actes de la vie quotidienne. Une évaluation de l’environnement
matériel et humain de la personne est réalisée, ainsi qu’un recueil de données sur l’histoire
personnelle du patient et ses habitudes de vie, dans le but de mieux comprendre les
répercussions de la pathologie sur l’activité de la personne.
Le diagnostic ergothérapique consiste alors en la synthèse des différentes évaluations,
et à cibler les situations de handicap qui auront un retentissement sur l’existence de la
personne et sur sa qualité de vie, mettant ainsi en lien l’individu, ses capacités, son
environnement, et ses activités.
9
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
L’intervention en ergothérapie consistera ensuite, en coopération avec le patient, son
entourage et les autres intervenants, à établir des objectifs et des moyens de prise en charge
visant à améliorer l’indépendance et l’autonomie de la personne, sa participation aux activités
significatives et satisfaisantes, sa qualité de vie et son bien-être (Drummond, 1996 & 2007,
cité par Trouve & al, 2012).
Les moyens d’interventions pourront consister en une rééducation, une réadaptation et
une réhabilitation psychosociale, le choix et les adaptations d’aides techniques, un
aménagement de l’environnement, l’accompagnement pour la réinsertion professionnelle, ou
encore l’accompagnement pour l’accès aux droits de prestations de compensation du handicap
Trouve & al., 2012).
La prise en charge en ergothérapie est un aspect important du parcours de soins de la
personne adulte atteinte d’AVC, puisqu’elle va pouvoir faire le lien entre le milieu hospitalier
et le retour au domicile de la personne, et donc vers la réintégration de la personne dans son
environnement, malgré la survenue d’incapacités et de situations de handicap.
L’ergothérapeute a donc la capacité et les compétences nécessaires pour apporter une
réponse à la problématique du patient adulte victime d’AVC. Il peut notamment, en plus de la
rééducation motrice et cognitive et de l’aménagement de l’environnement, donner une
réponse au patient concernant l’accès à des possibilités de réadaptation et de réhabilitation
sociale. Il peut aider le patient à se projeter dans l’avenir à nouveau, l’accompagner en faveur
de la participation à des activités satisfaisantes et significatives.
2.3. Limite à l’intervention en ergothérapie : une difficulté à
susciter la motivation
Nous avons vu que la prise en charge en ergothérapie peut théoriquement susciter de
l’intérêt pour une personne adulte victime d’AVC en rééducation-réadaptation, puisqu’elle
peut justement permettre de donner une réponse à sa problématique complexe, à ses besoins
insatisfaits.
Ceci implique cependant que la personne soit actrice de la prise en charge, afin que
celle-ci puisse vraiment corresponde à ses besoins, et qu’elle ait un intérêt à la sortie de
l’établissement de soins.
Cependant dans la pratique, nombre de patients apparaissent sceptiques, peu motivés
quant à cette prise en charge. Comment expliquer cette contradiction, et cette difficulté
d’implication du patient pour la prise en charge en ergothérapie?
10
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.3.1. Une profession jeune et encore peu reconnue
Certains auteurs ont réfléchi à cette question récurrente. Parmi eux, Babot & Cornet
(2010) ont pointé le doigt sur la jeunesse de l’ergothérapie, profession moins établie dans la
conscience collective que ses semblables, plus connus et reconnus du grand public :
kinésithérapeutes, orthophonistes, psychologues, assistance sociale, infirmiers.
Cette jeunesse de la profession, mais également son originalité, et l’aspect « originel »
des moyens thérapeutiques proposés, rendent la profession très difficile à cerner pour les
personnes qui la rencontrent, pouvant ainsi susciter au mieux la curiosité, au pire la
déconsidération (Babot et Cornet, 2010, p.13).
2.3.2. Des difficultés pour comprendre l’intérêt de l’intervention en
ergothérapie
Le champ d’intervention de l’ergothérapeute est vaste. Le décret de compétence, et les
fondements de la discipline impliquent une difficulté pour le patient à cerner la globalité de
l’intervention (Babot & Cornet, 2010), et l’intérêt qu’elle peut susciter pour lui.
Sur ce point, le comportement du thérapeute est un déterminant important, avec toute
l’importance de l’information, de l’explication, de la clarté des propos, mais également de sa
capacité à cerner les besoins de la personne pour pouvoir proposer une intervention
significative.
Certaines limites apparaissent également du côté du patient, principalement en cas de
troubles perceptifs, intellectuels ou cognitifs limitant les capacités de compréhension, ou
encore de troubles psychologiques ou psychiatriques la perturbant.

L’anosognosie.
Un premier obstacle important est sans doute l’anosognosie : l’incapacité pour une
personne à reconnaître la maladie ou la perte de capacité fonctionnelle dont il est atteint
(Larousse, 2013). Ce trouble cognitif est une conséquence possible de l’AVC, et va
considérablement perturber la compréhension par le patient de sa situation, et donc de l’intérêt
de l’ergothérapie pour lui.

Des difficultés psychologiques, liées à « l’acceptation du handicap ».
Un autre obstacle majeur serait la présence de difficultés d’ordre psychologiques, qui
viendraient perturber la compréhension par la personne de sa situation, et nuiraient à ses
capacités de projection dans l’avenir. Parmi ces difficultés, on peut citer dans un premier
temps les troubles de l’humeur, comme les symptômes dépressifs pouvant être rencontrés
chez les personnes adultes victimes d’AVC (Jérôme & al., 2009).
11
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
On peut également citer la problématique de « l’acceptation du handicap » (KüblerRoss, 1969, citée par Lacroix, 2009). Tout un processus psychologique d’adaptation au
handicap est en effet nécessaire pour pouvoir à nouveau se projeter dans l’avenir, et même
pour pouvoir prendre conscience de sa situation et de ses perspectives.
Les étapes menant à l’acceptation seront plus ou moins propices à la compréhension
de l’intérêt de la prise en charge, nuisant à l’évaluation de la situation, et des perspectives
favorables. La personne peut également ne jamais accepter, rester à un stade défensif, ou
s’enfermer dans la résignation ou la pseudo-acceptation (Lacroix, 2009).
Moley-Massol (2004, cité par Lacroix, 2009) souligne également que le retentissement
psychologique dépend aussi de la personnalité du patient, de son histoire personnelle, du
moment de sa vie qu’il est en train de traverser, de la maladie en question comme de la
représentation qu’en a le patient, et également de la communication qui lui est faite à ce
propos.
2.3.3. Devenir acteur de l’intervention en ergothérapie : une difficulté de
motivation
Il est essentiel que la personne prise en charge en ergothérapie participe activement à
l’élaboration du plan d’intervention, pour que celui-ci corresponde à ses besoins, et puisse
offrir une réponse à sa problématique complexe de santé (Babot & Cornet, 2010).
Devenir acteur de la prise en charge implique plusieurs choses. Tout d’abord d’avoir
les moyens de le devenir, ce qui nous renvoie au rôle du thérapeute plaçant la personne en tant
qu’actrice de la prise en charge, et également aux difficultés de compréhension de
l’intervention.
D’autre part, devenir acteur implique d’en avoir la volonté. En effet, rendre le patient
acteur de son projet de soins suppose que le patient adhère à cette vision des choses. La
participation du patient au projet de soins nécessite une certaine motivation pour y prendre
part (Igunane, 2004).
Pour mieux comprendre cette difficulté de motivation du patient adulte victime
d’AVC pour la prise en charge en ergothérapie, et surtout pour trouver des pistes pour y
remédier, il serait à présent judicieux de développer la recherche au sujet de la motivation.
3. La motivation du patient pour la prise en charge en
ergothérapie
Dans le domaine de la prise en charge des patients adultes atteints d’AVC en
12
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
rééducation-réadaptation, la motivation du patient a souvent été pointée comme un facteur
fondamental de la réussite d’un projet de soins (Maclean & al., 2000), et son absence a
contrario citée comme un déterminant important d’échec (Kemp, 1988).
Afin de mieux comprendre cette difficulté de motivation des personnes adultes
victimes d’AVC pour la prise en charge en ergothérapie, nous allons donc maintenant essayer
de comprendre ce qu’est la motivation individuelle, puis comment la motivation du patient
pour la prise en charge en peut être favorisée.
3.1. Qu’est-ce que la motivation individuelle ?
Selon Vallerand & Thill (1993, cités par Fenouillet, 2012, p.19), « La motivation
désigne une hypothétique force intra-individuelle protéiforme, qui peut avoir des déterminants
internes et/ou externes multiples, et qui permet d’expliquer la direction, le déclenchement, la
persistance et l’intensité du comportement ou de l’action. ».
3.1.1. Comprendre la motivation individuelle : le besoin d’autodétermination et de libre choix
Selon Deci (1975, cité par Fenouillet, 2012), l’homme a une motivation intrinsèque
pour certains objets. On peut la définir comme une motivation complètement autodéterminée,
où l’objet est choisi librement et procure plaisir, bien-être et satisfaction au sujet, en lien avec
le besoin d’activité et de compétence de l’être humain.
Toujours selon Deci, la motivation intrinsèque est diminuée lorsque l’on y associe des
contraintes externes, telles que la récompense, la limitation du temps, l’évaluation, la
surveillance, la limitation du choix, la compétition, ou encore l’implication par l’ego, qui vont
contribuer à limiter le sentiment d’auto-détermination ou de libre choix.
Deci et Ryan (1985, cités par Fenouillet, 2012) ont proposé l’existence de différentes
formes progressives de motivations, qui se distinguent par le niveau d’auto-détermination de
l’individu pour l’activité. Ils postulent l’existence d’un continuum d’auto-détermination,
partant de l’amotivation, jusqu’à la motivation intrinsèque parfaitement autodéterminée.
Entre ces deux points se situent quatre formes de motivations extrinsèques, d’autodétermination croissante : la régulation externe (liée à la récompense, la douleur), la
régulation intro-projetée (pression internalisée liée à des sources externes, sentiment de malêtre face à l’inactivité par exemple), la régulation identifiée (importance et valeur accordée à
des activités), et la régulation intégrée (cohérence des valeurs et représentations, niveau
important d’auto-détermination).
Ainsi l’individu serait naturellement motivé pour certaines activités. Il pourrait
13
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
également le devenir pour d’autres activités, en fonction de contraintes extérieures, ayant plus
ou moins de sens pour lui, comme pour la prise en charge en ergothérapie par exemple.
3.1.2. L’influence de la réussite et de l’échec, et l’expérience subjective
La motivation pour une activité serait le résultat d’une évaluation par l’individu de ses
chances de réussite ou d’échec, et de l’importance qu’il leurs accorde (Atkinson, 1964, cité
par Fenouillet, 2012). Un individu sera alors motivé pour une activité s’il estime qu’il peut
réussir, et si la réussite est significative et satisfaisante pour lui.
D’autre part, chaque individu se construit une expérience subjective de la réussite ou
de l’échec, en fonction de son histoire personnelle (Wiener, 1989, cité par Fenouillet, 2012).
Ainsi une personne sera d’avantage motivée pour une activité donnée si elle a souvent réussi
ce qu’elle a entrepris par le passé.
De même, les individus attribueront la réussite ou l’échec à des causes internes ou
externes, sur lesquelles ils peuvent avoir une action ou non (Wiener, 1989 ; Bandura, 2003 ;
cités par Fenouillet, 2012). Ce mode d’attribution, conséquence d’une perception subjective,
va influencer la construction de l’expérience subjective. La motivation pour l’activité pourra
par exemple être diminuée si la personne attribue systématiquement ses échecs à des causes
internes (comme de faibles capacités, à une incompétence de sa part), ou ses réussites à des
causes externes (aide, facilité de l’activité, chance).
Enfin, l’auto-efficacité reconnue par Bandura (2003, cité par Fenouillet, 2012) est une
idée subjective de l’efficacité personnelle pour une activité donnée. Il s’agit de l’évaluation
que se fait l’individu de ses aptitudes personnelles, construite à partir de quatre principales
sources d’informations : l’expérience active d’activités similaires ; les expériences vicariantes
relatives à l’efficacité des semblables pour l’activité (comparaisons sociales pouvant renforcer
ou non l’estime de soi) ; la persuasion verbale par une source crédible et experte en la
matière : le feedback ; et les états physiologiques et émotionnels ressentis lors de l’expérience.
Ainsi des variations de croyances subjectives d’efficacité personnelle entre des
individus ayant les mêmes aptitudes peuvent faire varier la motivation, et ce encore plus
particulièrement devant une activité difficile et complexe, comme la rééducation au
lendemain de l’AVC.
3.1.3. Le positionnement d’objectif
Locke (1967, cité par Fenouillet, 2012) a également rappelé l’importance du
positionnement de buts et d’objectifs pour la motivation individuelle. Objectifs qui doivent
être ajustés à deux niveaux : la difficulté (relation équilibrée entre effort à fournir et
probabilité de réussite), et la spécificité (un objectif précis et mesurable, avec la possibilité
14
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
d’instaurer une stratégie claire).
Autre élément important : l’objectif doit être accepté. Bandura rejoint alors Locke,
avec l’importance du feedback pour renforcer le sentiment d’auto-efficacité (renforcement de
la satisfaction, régulation de l’effort, ajustement des stratégies).
3.2. Facteurs favorisants la motivation du patient pour la prise
en charge en ergothérapie
Certaines recherches, et notamment celles de Maclean & Pound (2000), ont permis
d’apporter des informations importantes sur comment favoriser et développer la motivation
des patients victimes d’AVC en rééducation-réadaptation. Elles ont ainsi permis d’énoncer
des facteurs pouvant favoriser le développement de la motivation pour la prise en charge.
3.2.1. Favoriser la compréhension de la situation par le patient
Le premier point important est la compréhension par la personne de sa situation.
Maclean & Pound (2000) ont pu mettre en évidence que la compréhension par la personne :
de la pathologie, de ses conséquences en termes d’incapacités et de situations de handicap,
pouvait avoir une influence favorable sur la motivation pour la ou les interventions.
La personne doit donc pouvoir comprendre ce qui lui arrive, elle doit pouvoir évaluer
ses perspectives réelles : à savoir ce qui va être mis en œuvre pour pallier à ces situations de
handicap, quel sens et quelle cohérence aura le projet de soins au sein de l’établissement, et ce
qu’elle peut espérer pour le retour dans le cadre de vie (Maclean & Pound, 2000).
Ce besoin de compréhension nous renvoie ainsi à la qualité, la fiabilité, la cohérence et
la personnalisation de l’information reçue par la personne au cours de son parcours.
3.2.2. Favoriser la compréhension de la prise en charge en ergothérapie
Un autre facteur est de permettre au patient de comprendre l’intérêt de l’intervention.
De favoriser sa reconnaissance aux yeux de la personne. Il faut que l’intervention soit
porteuse de sens, qu’elle puisse lui trouver un intérêt en rapport avec sa problématique et ses
besoins, pour lui accorder de la valeur et de l’importance (Deci & Ryan, 1985, cités par
Fenouillet, 2012 ; Maclean & Pound, 2000).
L’information du patient, mais aussi toute une démarche d’explication et
d’accompagnement vers la compréhension de l’intérêt de l’ergothérapie, l’espoir qu’elle peut
y placer, les objectifs et moyens mis en œuvre, seront autant d’éléments décisifs pour
favoriser la motivation du patient pour la prise en charge (Maclean et al., 2000).
15
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
3.2.3. L’identification des besoins de la personne
Une identification pertinente des besoins de la personne, et la perception par la
personne que ses besoins sont bien identifiés, seront également favorables pour que la
personne trouve un intérêt à l’intervention (Kemp, 1988). Pour qu’elle puisse faire un lien
concret et significatif entre l’intervention et sa problématique, et que l’intervention prenne un
sens pour la personne (Maclean & Pound, 2000).
La personne doit comprendre sur quels points l’intervention peut porter, qu’est-ce qui
peut être fait concrètement pour ses besoins, comment cela va-t-il être réalisé, et ce qu’elle
peut espérer comme résultats.
3.2.4. La participation active du patient
Un autre facteur important sera de donner la possibilité au patient de devenir
véritablement acteur de la prise en charge, d’augmenter son sentiment d’auto-détermination et
de libre choix. Ceci suppose donc la compréhension de l’intervention par la personne, mais
requiert également des dispositions chez le thérapeute (Maclean et al., 2000).
L’ergothérapeute devra ainsi donner une place à l’écoute et à l’expression de la
personne, lui permettre de participer activement à l’identification de ses besoins (Kemp,
1988). Il devra l’impliquer dans la définition des buts et des objectifs de la prise en charge,
pour que ceux-ci soient à la fois réalistes, concertés, acceptés et significatifs (Locke, 1967,
cité par Fenouillet, 2012 ; Maclean & al., 2000).
3.2.5. L’implication de l’entourage
L’implication de l’entourage comme acteur facilitateur de l’intervention et de
l’accompagnement, sera également favorable pour la motivation de la personne. L’entourage
peut effectivement représenter un soutien social important pour la personne, mais peut a
contrario devenir un obstacle s’il est trop protecteur (Maclean & Pound, 2000).
L’information et la compréhension de la situation et des interventions par
l’entourage sera donc importante pour le rendre facilitateur. De plus, sa participation pour
l’identification des besoins (Kemp, 1988), ou pour le projet de réadaptation, pourraient
également faciliter le développement de la motivation du patient (Maclean & Pound, 2000).
3.2.6. L’attitude des thérapeutes : le feedback
Comme nous l’avons décrit précédemment, des difficultés pourront être rencontrées
par le patient pour comprendre et devenir acteur de la prise en charge, principalement en cas
de difficultés psychologiques liées à l’acceptation du handicap.
L’accompagnement par l’ergothérapeute prendra alors tout son sens, pour aider la
16
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
personne à prendre conscience de ces troubles, renforcer son sentiment d’auto-efficacité au
travers du feedback, l’aider à se construire une représentation favorable de la situation
(Bandura, 2003, cité par Fenouillet, 2012). L’ergothérapeute pourra aussi aider le patient à
mesurer ses chances de réussite et d’échec par rapport aux objectifs, l’aider à voir plus clair
dans son évolution, l’aider à se projeter de manière concrète et optimiste dans l’avenir.
Ce soutien et cet accompagnement psychologiques sont souvent pointés comme des
facteurs importants de motivation, d’implication du patient dans la prise en charge, et de
satisfaction par rapport à l’intervention, en lien avec la notion de relation thérapeutique
(Kemp, 1988 ; Maclean & al., 2000).
3.3. Un lien intéressant avec les démarches de qualité des
établissements de santé
Des similitudes peuvent être retrouvées entre ces facteurs favorisants la motivation du
patient pour la prise en charge en ergothérapie, et la démarche d’amélioration de la qualité des
soins des établissements de Santé. Ceci peut permettre de trouver des pistes intéressantes pour
notre problématique, notamment aux niveaux de l’information du patient, de sa participation
au projet individualisé, et de la coordination des soins.
3.3.1. Vers un patient informé et acteur de sa santé
Depuis la loi du 4 mars 2002, relative à l’information et aux droits des patients, un
effort d’information des usagers des établissements de santé a été entrepris. Il vise à permettre
au patient de mieux comprendre, d’être acteur et responsable de sa santé. L’individu est alors
reconnu comme seul expert de sa propre vie, le rôle des soignants étant de l’accompagner, de
l’éclairer dans ses décisions (HAS, 2009).
Ce principe s’inscrit à la fois dans un but de personnalisation du soin, d’amélioration
de la convergence entre les besoins de la personne et la réponse thérapeutique
proposée, d’amélioration de la qualité de vie avec les conséquences de pathologies
invalidantes à long terme, et enfin dans le but de limiter les coûts humains et financiers
(Lacroix, 2007).
On peut ainsi remarquer que cette exigence pour la qualité des soins, rejoint certains
facteurs permettant de favoriser la motivation du patient pour la prise en charge en
ergothérapie. Notamment aux niveaux de la compréhension par le patient, et de l’implication
active du patient et de l’entourage.
17
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
3.3.2. La coordination des soins pour mieux répondre à la problématique du
patient : une piste pertinente pour la motivation?
Le principe de la coordination des soins vise à rompre avec la pluridisciplinarité : la
juxtaposition des intervenants de manière parallèle, sans lien ou interaction entre eux. Cette
organisation aboutissant à un morcellement du patient entre les intervenants, à un égarement
de la personne, une confusion de l’information, et surtout une difficulté à répondre
efficacement à sa problématique (Boulanger, 2004).
Une meilleure coordination des soins est possible avec l’interdisciplinarité. Elle
permet un enrichissement mutuel par le partage d’informations et d’expertises, et la
convergence de l’intervention de chacun vers un but commun : celui de pouvoir envisager la
personne d’une manière plus globale, de cerner sa problématique avec une meilleure acuité, et
de pouvoir y répondre de manière pertinente (Boulanger, 2004).
Une coordination encore plus aboutie serait la transdisciplinarité : consistant cette à
fois à placer tous les acteurs sur un pied d’égalité, afin que chacun vienne enrichir les efforts
de l’autre. Ainsi le patient et son entourage feraient partie intégrante de l’équipe, le savoir
accessible et partagé par tous. La personne a un rôle actif, elle donne son avis, elle influence
les décisions, et coproduit le plan d’intervention qui la concerne (Goullet de Rugy, 2002).
Ainsi, tendre vers plus de transdisciplinarité pourrait permettre non seulement une
meilleure information, une meilleure compréhension par le patient, mais permettrait peut-être
de mieux cerner les besoins de la personne, de l’impliquer d’avantage dans l’élaboration du
projet individualisé, et pourquoi pas de mieux l’accompagner pour développer une motivation
pour la prise en charge en ergothérapie.
La transdisciplinarité pourrait donc constituer un moyen intéressant de favoriser la
motivation du patient pour la prise en charge en ergothérapie, et pour le projet de soins en
général. Cependant, viser l’interdisciplinarité, voire la transdisciplinarité, suppose de mettre
en place des moyens de communication adaptés entre les différents acteurs, et requiert
également des dispositions personnelles de la part de chacun (Boulanger, 2004).
4. Le Plan d’Intervention Interdisciplinaire Individualisé.
Le Plan d’Intervention Interdisciplinaire Individualisé (PIII) apparait comme une
hypothèse intéressante pour favoriser la motivation du patient adulte victime d’AVC pour la
prise en charge en ergothérapie, et lui permettre ainsi de trouver une réponse à sa
problématique complexe.
18
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
4.1. Qu’est-ce que le PIII ?
A la fin des années 1970, les équipes pluridisciplinaires de soins de suite et de
réadaptation canadiennes ont cherché à améliorer leur travail d’équipe, pour justement mieux
répondre aux besoins rencontrés par les patients.
En parallèle, les premières classifications du handicap et du fonctionnement ont vu le
jour, dans le but de mieux envisager la problématique des patients et du handicap, et de
faciliter le partage d’information par l’adoption d’un langage commun.
En 1984, à l’Institut de réadaptation de Montréal, l’équipe du Pr Y-L Boulanger s’est
donc penchée sur l’élaboration d’un outil de coordination et de mise en commun du travail,
dans le but d’aboutir à une prise en charge plus efficiente.
Après de nombreuses expérimentations, le Plan d’Intervention Interdisciplinaire
Individualisé a pu voir le jour, en 1985. Il est alors défini par ses auteurs comme un outil de
synthèse, qui réunit les observations de l’équipe multidisciplinaire, les attentes du patient, les
objectifs spécifiques, ainsi que les actions à mener (Jamet & Herniotte, 2005).
Le PIII est basé sur des réunions formalisées, qui réunissent tous les acteurs du projet
de soins en rééducation-réadaptation : l’ensemble des intervenants de l’équipe soignante, le
patient et son entourage (ou des personnes impliquées, comme le médecin traitant ou un
auxiliaire de vie par exemple).
Le PIII est interdisciplinaire, mais tend vers le principe de transdisciplinarité, avec la
participation du patient en tant qu’acteur de son projet. Il est organisé selon le modèle de la
Classification Internationale des Déficiences, Incapacités et Handicaps (OMS, 1980, cité par
Jamet & Herniotte, 2005), et du Processus de Production du Handicap (Fougeyrollas, 1998,
cité par Jamet & al., 2005) qui visent à mieux comprendre la pathologie et ses conséquences
sur l’existence de la personne.
Le PIII est aujourd’hui un outil utilisé par de nombreux centres de soins au Canada et
en France. Une formation d’équipe est cependant nécessaire pour pouvoir le mettre en place,
et l’utiliser au mieux.
Jamet et Herniotte (2005) ont bien su résumer tout l’intérêt que peut représenter cette
démarche :
« Utilisé par les soignants, avec la participation du patient et de ses proches, cet outil
permet, à l’occasion d’une réunion protocolaire, de structurer et de synthétiser la
pensée, d’élaborer un projet thérapeutique et de le rédiger sous la forme d’un contrat
(…). Le PIII est en quelque sorte un temps de pause, un arrêt sur image. Un moment
19
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
où chacun, après un constat objectif de la situation présente, va participer à la
construction de l’image positive, mais non utopique, vers laquelle tend le patient. ».
4.2. Déroulement du PIII : entre inter et transdisciplinarité
Le PIII est donc un instrument qui se situe entre interdisciplinarité et
transdisciplinarité. Il est mis en place à la demande d’un des intervenants, ou suite à une
demande du patient et de son entourage, c’est-à-dire quand la situation nécessite de réfléchir
ensemble autour de la problématique complexe du patient.
Chaque réunion dure une heure, et tous les participants sont réunis autour d’une table.
Un animateur va diriger la réunion, en s’assurant du respect du temps de parole de chacun, de
la durée de la séance, et de son bon déroulement.
Un rédacteur va remplir un document de synthèse sous forme de contrat signé,
transmis à tous les intervenants et contenant le résumé : des déficiences, des incapacités et
situations de handicap liés à la pathologie, à l’identité de la personne, et à son environnement
matériel et humain ; puis les objectifs de soins, concertés et acceptés par tous.
La présence du patient et de son entourage implique que le vocabulaire employé par
les soignants soit adapté : pour la compréhension de tous, les termes utilisés se doivent d’être
clairs et précis, et prononcés en toute franchise. Le PIII se doit d’être un temps et un lieu
privilégiés d’échange, d’expression libre, de vérité et de réflexion autour de la problématique
de la personne, chacun apportant son expertise et ses compétences.
La réunion du PIII consistera dans un premier temps en un rappel de la situation : un
point est fait sur la pathologie, son contexte, ses conséquences en termes de déficiences et
d’incapacités. Les différents intervenants expliquent leur évaluation de la situation, tandis que
l’animateur s’assure que l’information est bien comprise par tous. Ce moment est également
l’occasion pour le patient et l’entourage de poser toute question relative à la pathologie.
La seconde étape est le recueil des habitudes de vies, donc un point sur la personne,
son histoire, ses activités et son environnement humain et matériel. La parole est alors donnée
au patient et son entourage, ponctuée par l’intervention et les questions des intervenants.
Une synthèse est ensuite réalisée, afin de clarifier la problématique de la personne, en
lien avec les situations de handicap qu’elle pourra rencontrer. Consécutivement, les
intervenants pourront proposer un projet d’intervention, avec des buts et objectifs clairs, et
une discussion sera menée pour adapter au mieux les différentes interventions aux besoins de
la personne (Jamet & Herniotte, 2005).
20
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
4.3. Un moyen pertinent pour favoriser la motivation du patient
pour la prise en charge en ergothérapie?
Ce principe de réunion transdisciplinaire apparaît comme un moyen intéressant, à la
fois pour l’amélioration de la qualité des soins (Sengler & al., 2010), et pour favoriser la
motivation du patient pour les différentes interventions, dont celle en ergothérapie.
4.3.1. Un moyen pertinent pour favoriser la motivation du patient?

Favoriser la compréhension de la situation par le patient et son entourage
Le PIII est tout d’abord un moyen de mise en commun d’information. Il vise à
permettre au patient et à l’entourage de comprendre la pathologie, ses conséquences, à donner
des réponses à leurs interrogations, à clarifier leurs représentations sur la situation présente et
à venir (Jamet et Herniotte, 2005).

Favoriser la compréhension de l’intérêt de l’intervention en ergothérapie
Cette délivrance d’information constituerait un moment privilégié pour que le patient
et l’entourage puissent comprendre l’intérêt spécifique de chaque discipline de rééducation et
de réadaptation. Pour clarifier le rôle de chacun, dans l’objectif de donner du sens et de la
cohérence aux interventions, en regard de la problématique du patient. Ce moment pourrait
ainsi mettre en lumière l’intérêt de la prise en charge en ergothérapie, et favoriser sa
reconnaissance par le patient.

Mieux cerner les besoins et la problématique de la personne
Enfin, ce partage d’informations permettrait de mieux cerner les besoins et la
problématique spécifique du patient, de l’envisager de manière globale, en lien direct avec
l’environnement et l’histoire personnelle de la personne. Il pourrait permettre d’identifier
ensemble les priorités, de poser les vraies questions, d’y répondre de manière claire et franche
pour trouver des solutions satisfaisantes (Jamet & Herniotte, 2005).

Permettre une participation active du patient
Au cours du PIII, le patient et l’entourage doivent s’exprimer librement, être écoutés
avec empathie, avec la reconnaissance de leur subjectivité, et en tant que seuls experts de leur
vie (Jamet & Herniotte, 2005).
La réunion doit offrir la possibilité de participer à l’identification des besoins, à la
définition des objectifs et des moyens mis en œuvre. L’explication des objectifs et des
moyens, leur concertation et leur contractualisation peuvent être gage de compréhension et de
convergence entre la problématique et la réponse thérapeutique proposée.
21
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)

Permettre de rendre l’entourage facilitateur
Le PIII permettrait donc d’inclure l’entourage de la personne dans la réflexion. Il
pourrait permettre une meilleure information, une meilleure compréhension par les proches,
dans le but de les rendre facilitateurs pour la motivation du patient.
Ainsi le PIII pourrait permettre un soutien social favorable pour la motivation de la
personne. Il permettrait aussi de recueillir un avis supplémentaire concernant les besoins de la
personne, et de mieux envisager la problématique de réadaptation.

Favoriser l’accompagnement, le soutien psychologique du patient
La présence de tous les acteurs, l’effort de réflexion, de synthèse et de projection dans
l’avenir, pourraient permettre de mieux envisager l’accès personnalisé aux possibilités de
rééducation et de réadaptation. La situation passée et présente étant connue, le projet de vie,
ou du moins le projet de soins et de sortie pourraient être abordés avec plus de sérénité, dans
un cadre facilitateur (Jamet et Herniotte, 2005).
Selon Jamet et Herniotte, la participation du patient et de l’entourage est difficile à
gérer au niveau humain, mais cette confrontation à la réalité permet aux participants de
déposer leur souffrance, leurs inquiétudes, leurs angoisses. Le langage se veut clair, mais sain
et honnête. La réunion permettrait un travail de prise de conscience, de confrontation à la
réalité, et de projection favorable dans l’avenir.
Cette réunion constituerait donc un lieu privilégié de soutien et d’accompagnement
psychologiques du patient et de l’entourage. Elle pourrait peut-être permettre un renforcement
du sentiment d’auto-efficacité, un accompagnement dans l’évaluation de la situation, des
chances de réussites et d’échecs, dans la projection vers des perspectives réelles et favorables
d’avenir.
4.3.2. Les limites du PIII
L’instauration du PIII suppose des dispositions personnelles de la part de l’équipe
soignante : une envie de travailler ensemble et d’œuvrer dans un même but, ainsi que la mise
en place de moyens d’interactions entre eux (Boulanger, 2004). Pour faciliter ce travail
d’équipe, une formation est nécessaire, dispensée par des personnes ayant été personnellement
formées par les créateurs du PIII, et bénéficiant d’une expérience en la matière.
D’autre part, le PIII est assez coûteux en termes de moyens temporels et humains,
puisqu’il suppose le regroupement de tous les intervenants en un même lieu pendant une
durée d’une heure. La présence de l’entourage implique également une difficulté de
coordination pour trouver un temps satisfaisant pour tous.
22
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
1. But de la démarche de recherche
La question de départ qui m’a guidé tout au long de ce travail, était de savoir comment
l’ergothérapeute, au cours de l’accompagnement de personnes adultes confrontées à des
situations de handicaps acquis, comme au lendemain de la survenue d’un AVC, pouvait
arriver à motiver la personne pour la prise en charge.
1.1. Problématique et hypothèse
Suite au travail de recherches théoriques, concernant la problématique de la personne
adulte victime d’AVC, la réponse que peut lui proposer la prise en charge en ergothérapie,
mais aussi sur la question de la motivation du patient, la problématique suivante a pu être
formulée :
Comment peut-on favoriser le développement de la motivation du patient adulte
victime d’AVC pour la prise en charge en ergothérapie, dans le but de l’accompagner
dans la recherche de réponses véritablement adaptées à sa problématique de
réadaptation ?
Après les recherches concernant la démarche de qualité, et le Plan d’Intervention
Interdisciplinaire Individualisé, l’hypothèse que je propose pour tenter d’apporter des
réponses à la problématique est la suivante :
Le PIII permet de favoriser le développement de la motivation du patient pour la prise
en charge en ergothérapie.
L’article de Jamet et Herniotte (2005) va dans le sens d’une confirmation de la
pertinence de cette hypothèse. Le but de cette méthodologie de recherche sera donc de réaliser
une première évaluation de l’intérêt du PIII, pour mettre en place les facteurs favorisants la
motivation du patient. Cette recherche consistera donc en une première confrontation de
l’hypothèse à la réalité du terrain.
1.2. Objectifs de la démarche de recherche
Le premier objectif de cette démarche de recherche est donc de mieux savoir si le PIII,
au travers de la démarche transdisciplinaire qu’il propose, peut avoir une influence positive
sur les six facteurs pouvant favoriser la motivation du patient pour la prise en charge en
ergothérapie.
23
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Un second objectif sera d’évaluer de manière qualitative l’effet que peut avoir le PIII
sur les facteurs obstacles au développement de la motivation pour la prise en charge : les
troubles cognitifs et notamment l’anosognosie, et la problématique d’acceptation du handicap.
Cette initiation à la démarche de recherche vise à renseigner l’hypothèse d’un lien
entre la démarche transdisciplinaire, et la motivation du patient pour la prise en charge en
ergothérapie. Elle vise à éprouver cette hypothèse, à vérifier sa pertinence, par une première
confrontation de la théorie à la réalité. D’autres recherches devront donc être entreprises par la
suite, pour véritablement mesurer si un effet réel sur la motivation du patient est possible ou
non.
1.3. Des indicateurs pour renseigner cette hypothèse
Six facteurs ont pu être identifiés comme favorisants la motivation du patient pour
l’intervention en ergothérapie. Ceux-ci vont nous permettre de déterminer des indicateurs,
permettant d’évaluer si le PIII peut avoir un intérêt pour favoriser, ou non, cette motivation.

Indicateurs concernant la compréhension par la personne de sa situation actuelle et
à venir
Ceci implique : la compréhension de la pathologie, de ses conséquences, et des
perspectives réelles. La compréhension nécessitant une information du patient : accessible,
fiable, et cohérente.
Un autre indicateur sera la possibilité pour le patient de poser des questions, et
d’obtenir des réponses claires.

la compréhension de l’intérêt que peut représenter l’intervention en ergothérapie
Les indicateurs seront : la compréhension de l’intérêt de l’intervention, des objectifs et
moyens mis en œuvre, leur lien avec la pathologie et ses conséquences, la qualité et la
personnalisation de l’information reçue.

L’identification des besoins de la personne, et l’impression qu’en a le patient

La participation active de la personne dans la définition et la personnalisation de
l’intervention :
La participation de la personne à la détermination de ses besoins, sa participation
active dans la définition des objectifs et des moyens de l’intervention. L’expression libre et
l’écoute du patient par le thérapeute.

L’implication de l’entourage comme acteur facilitateur de l’intervention et de
l’accompagnement :
24
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
L’information et la compréhension par l’entourage, leur implication dans
l’identification des besoins et dans l’élaboration du plan d’intervention, leur participation au
projet de réadaptation, et le soutien psychologique qu’ils peuvent représenter pour le patient.

Le soutien psychologique et l’accompagnement du patient :
L’accompagnement dans la construction d’une représentation de la situation. La
relation thérapeutique et le feedback. L’accompagnement vers une projection dans l’avenir.

Obstacles à la motivation pour la prise en charge en ergothérapie
Il s’agira d’une part des troubles qui vont limiter les capacités de compréhension de la
personne : à savoir les troubles de la perception, et certains troubles cognitifs comme
l’anosognosie.
L’autre obstacle analysé sera la problématique de l’acceptation du handicap, limitant
la capacité de la personne à évaluer sa situation et ses perspectives d’une manière favorable à
la motivation.
2. Moyens méthodologiques mis en œuvre
2.1. Choix de la population étudiée
La problématique de ce travail de recherche concerne des patients adultes, victimes
d’AVC caractérisé, et pris en charge en soins de suite et de réadaptation. Le terme adulte
désigne ici une personne dont l’âge implique une problématique socio-professionnelle et
psychologique spécifique et complexe.
La population dite âgée, a été écartée, leur problématique n’étant pas tout à fait la
même, comme nous avons pu le détailler dans la partie théorique.
J’ai choisi cette population suite à mes expériences de stage, et suite à mes recherches
dans la littérature scientifique concernant les difficultés de la prise en charge comme le
manque de motivation et d’implication du patient pour son projet de soins, ou l’insatisfaction
de ces patients par rapport à leur parcours de soins.
J’ai également choisi de me concentrer sur une population et une pathologie donnée,
dans un souci de clarté et de cohérence des recherches et des investigations. Enfin, la
problématique d’acceptation du handicap peut différer selon l’étiologie des déficiences et
incapacités, c’est pourquoi j’ai choisi de cibler une population suffisamment uniforme
(Moley-Massol, 2004, cité par Lacroix, 2007).
Compte-tenu d’un manque de moyens temporels, et d’une plus grande complexité
25
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
méthodologique, aucun patient n’a pu être sollicité directement.
J’ai donc choisi de réaliser cette investigation auprès d’ergothérapeutes, participants à
des PIII pour des personnes adultes victimes d’AVC, en SSR. Le recueil de données est donc
indirect, et sera basé sur l’expérience des professionnels interrogés concernant les réunions de
PIII, et sur son impact sur les prises en charges en séances avec cette population.
2.2. Technique de recueil de données : l’entretien individuel
La technique de l’entretien individuel est apparue comme la plus appropriée à cette
méthodologie, compte-tenu du but et de la nature de la recherche, et des contraintes
rencontrées, notamment temporelles.
L’entretien individuel constitue en effet une technique intéressante pour réaliser une
première confrontation de l’hypothèse à la réalité du terrain. Il permet de donner une première
approche de l’hypothèse, et d’ouvrir la recherche sur des éléments qui n’auraient pas été
prévus pendant les recherches théoriques.
L’intérêt de l’entretien était de pouvoir poser des questions ouvertes, sur les différents
facteurs favorisant la motivation du patient pour l’intervention en ergothérapie. Afin de
recueillir des données riches et développées, de rebondir sur des réponses intéressantes, et
d’insister sur des éléments particuliers en cas de nécessité.
L’entretien permet d’instaurer une discussion, un échange, de pousser plus loin la
réflexion. Il permet également de favoriser une liberté, une spontanéité d’expression. Il peut
également permettre de favoriser une expression franche de la part de l’interlocuteur, ou bien
de recueillir des éléments non-verbaux de communication, venant renforcer ou non les idées.
Enfin, l’entretien est moins contraignant pour la personne interrogée. Les questions
peuvent être reformulées, les réponses sont totalement libres. Il est plus simple que le
questionnaire car ne nécessite pas d’écriture, et requiert moins de temps pour la personne.
Les entretiens seront donc semi-directifs, avec des questions ouvertes concernant les
différents facteurs favorisants la motivation pour la prise en charge en ergothérapie.
D’éventuelles relances seront réalisées si les réponses divergent des thèmes engagés, mais en
laissant une certaine liberté et une spontanéité d’expression aux personnes interrogées.
L’éventualité d’un questionnaire a rapidement été écartée. En effet, les questions
auraient été vagues et complexes, les réponses amoindries, et sans la possibilité de reformuler,
ou de rebondir sur des réponses intéressantes ou insuffisantes. Le débat n’aurait pas pu être
suffisamment approfondi.
La réalisation d’observations qualitatives sur le terrain aurait été très pertinente. Mais
26
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
cette technique n’a malheureusement pas pu être sérieusement envisagée, compte-tenu du
manque de moyens temporels, et des difficultés relatives à la présence d’un observateur
extérieur lors des réunions de PIII.
2.3. Choix des terrains d’investigation
La première étape du recrutement a été de trouver une liste des établissements de SSR
ayant été effectivement formés à la pratique du PIII, par un organisme certifié (Alister). Ces
établissements ont ensuite été sollicités, afin de proposer des entretiens aux ergothérapeutes
participants effectivement à des PIII pour des patients adultes victimes d’AVC.
J’ai choisi de rencontrer des professionnels exerçant leur activité en SSR, car ma
recherche porte sur les personnes au stade post-aigüe du parcours de soins, avant le retour sur
un lieu de vie, au moment où le projet de réadaptation débute.
J’ai cherché à réaliser plusieurs entretiens, pour recueillir l’expression de différentes
sensibilités, une diversité de points de vue permettant d’envisager les différents aspects de la
problématique, et prétendre à présenter des résultats significatifs. Finalement, trois
ergothérapeutes ont répondu favorablement à la demande, sur une quinzaine d’établissements
utilisant effectivement le PIII en neurologie adulte.
Ces entretiens ont été réalisés par téléphone pour des raisons de simplicité. Les
ergothérapeutes ont répondu à des questions ouvertes concernant les six facteurs formulés à
partir de la partie théorique, dans le but de recueillir leurs points de vue spontanés sur ces
thèmes, et de repérer ou non les indicateurs précédemment cités.
Les trois ergothérapeutes interrogés exercent leur activité en services de SSR, en
hospitalisations complète. Le troisième ergothérapeute sollicité a également une expérience
du PIII en hôpital de jour, et une grande expérience de l’ergothérapie et du PIII en général, ce
qui lui permet d’avoir un recul et une expérience intéressants pour le recueil de données. On
peut également noter que l’établissement du second ergothérapeute comprend un hôpital de
jour et une équipe mobile AVC intervenant après le retour au domicile des patients.
J’ai choisi d’interroger des professionnels personnellement formés à la pratique du
PIII, afin de s’assurer de la conformité de l’utilisation de la réunion aux recommandations de
ses créateurs.
Par ailleurs, un pré-test a été réalisé auprès d’un ergothérapeute rencontré en stage. Il
n’a cependant pas été utilisé pour la démarche de recherche, le but étant simplement de
perfectionner les questions et le recueil de données.
27
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.4. Considérations éthiques
Le sujet de recherche a été explicité aux ergothérapeutes sollicités pour les entretiens.
Les professionnels ont été informés sur le fait que cette démarche de recherche visait à
« évaluer l’intérêt du PIII pour favoriser la motivation du patient pour la prise en charge en
ergothérapie ». Cette information a été nécessaire pour leur adhésion à la démarche.
Un courrier électronique a été envoyé aux services d’ergothérapie concernés, afin de
présenter la démarche de recherche, ses modalités, et de solliciter un entretien. Un
consentement explicite a été demandé auprès des ergothérapeutes pour leur participation.
D’autre part, un rappel de la liberté du professionnel interrogé concernant sa participation à la
recherche a été effectué.
L’anonymat, que ce soit pour les personnes interrogées ou pour les centres de
rééducation-réadaptation
sollicités,
a
été
rappelé
et
effectivement
préservé.
Les
enregistrements ont été conservés, et aucun ne mentionne de nom de personne ou de lieu.
Enfin, il a été rappelé que le but de la recherche était une évaluation objective de
l’intérêt du PIII, qu’il n’était en aucun cas question de « juger » la pratique des professionnels,
ni de chercher absolument à démontrer son intérêt. Les professionnels ont ainsi été appelés à
s’exprimer en toute liberté, dans la recherche de la plus grande objectivité possible.
3. Limites de la méthodologie de recherche
Cette méthodologie de recherche n’a pas pour objectif de démontrer l’hypothèse, les
moyens méthodologiques mis en œuvre ne le permettront pas. Elle vise simplement à vérifier
sa pertinence, à la confronter une première fois à la réalité de terrain.
En effet, le recueil de données est indirect, il ne permet pas de savoir véritablement si
la motivation du patient pour la prise en charge est améliorée ou non. Aucun patient n’a
malheureusement pu être sollicité, et aucune observation directe n’a pu être menée sur le
terrain. Seul le sentiment, le ressenti du professionnel pourra être évalué. Les indicateurs
pourront seulement permettre de se prononcer sur la possibilité d’un intérêt du PIII pour la
motivation du patient.
Le nombre de professionnel interrogé constitue également une limite, et ne permettra
pas de rendre un avis significatif et représentatif. L’idéal aurait été de recueillir des réponses
auprès d’un échantillon plus significatif. Néanmoins, ces trois professionnels, d’expériences et
de sensibilités bien différentes, pourront commencer à renseigner la pertinence de l’hypothèse
sur les principaux facteurs de motivation, suffisamment à ce stade initial de la recherche. Le
temps imparti à la réalisation des entretiens a été un frein important (40 minutes).
28
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
De plus, le fait que les professionnels aient été formés au PIII constitue un biais. On
peut penser que leur discours sera conditionné pour justement répondre favorablement aux
indicateurs identifiés, qui sont étroitement en lien avec les recommandations de pratique.
Néanmoins les indicateurs constituent des données plutôt objectives, de même que les
questions qui s’y rapportent.
D’autre part, les professionnels mentionneront certainement
« une volonté
d’information du patient » par exemple, sans forcément remettre en cause leurs compétences
et leurs pratiques, chose qui sera donc difficile à vérifier. Cependant les professionnels ont été
appelés à s’exprimer en toute franchise, et les thèmes des questions ne portent pas sur leur
pratique, mais bien sur le PIII, qu’ils n’ont pas de raison de défendre.
4. Méthode d’analyse des entretiens
Les entretiens ont été enregistrés, puis retranscrits intégralement par écrit. Les mots,
groupes de mots et phrases pertinents, recueillis de manière spontanée lors des entretiens en
réponse aux questions concernant les six facteurs de la motivation, ont été isolés, regroupés et
classés en fonction de leur sens et de leurs fréquences d’apparition.
Ces données ont ensuite été classées en regard des indicateurs identifiés et
précédemment énoncés. Une analyse qualitative des éléments de réponse obtenus a ensuite été
réalisée concernant chaque indicateur, en fonction du sens et de la récurrence d’apparition.
29
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
RESULTATS ET DISCUSSION
Il convient donc à présent de présenter les données recueillies, de les mettre en lien
avec les indicateurs repérés, pouvant révéler ou non une influence favorable sur la motivation
pour la prise en charge en ergothérapie.
1. Présentation des résultats
1.1. Concernant la compréhension par le patient de la situation

Compréhension de la pathologie et de ses conséquences :
Tous les professionnels interrogés mentionnent spontanément le fait que la pathologie
et les déficiences sont décrites et expliquées au patient et à l’entourage. Les trois
ergothérapeutes ajoutent qu’un effort d’information, de clarté, de synthèse est réalisé, dans le
but favoriser la compréhension : « comprendre c’est d’abord informer, informer c’est
expliquer de manière claire » (E2, ligne 43).

La possibilité de poser des questions, et avoir des réponses claires :
Deux ergothérapeutes relèvent également le fait que patient et l’entourage peuvent
librement poser des questions : relatives à la pathologie, à ses conséquences, et aux
perspectives d’évolution. Selon ces professionnels, les réponses obtenues sont également
claires et comprises (E2, E3). Le PIII constitue en cela « un moment privilégié » (E3, 1721),
« LE moment de partage, d’écoute, et d’explication » (E2, 132).

Cohérence du projet, des interventions, des perspectives :
Les ergothérapeutes soulignent aussi le fait que les différentes interventions sont
expliquées durant la réunion. Leurs liens avec la pathologie, les incapacités, est établi. Selon
ces professionnels, la cohérence du parcours de soins est visible. Un effort est réalisé pour
l’explication avec clarté et synthèse des situations de handicap, et de leurs liens avec les
objectifs des différentes interventions, et des perspectives.

Clarifier la situation et les représentations de chacun :
Deux ergothérapeutes notent également que cette réunion est un moment privilégié
pour faire le point, clarifier la situation et les représentations de chacun (E2, E3). Il permet
de redire les choses de manière claire, d’officialiser et de s’assurer de la bonne information de
tous les acteurs (E2, E3). Le premier ergothérapeute interrogé ne s’est pas prononcé sur ce
1
Dans un souci de clarté, ( E3, 172 ) = Entretien n°3, ligne 172.
30
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
thème, en précisant que le médecin du service « était polonais » (E1, 16), dirigeait les
réunions mais « n’était pas toujours compris par les patients » (E1, 23).

Fiabilité, qualité et accessibilité de l’information :
Deux ergothérapeutes insistent sur la force que peut prendre l’information et
l’explication : non seulement elle est synthétique et claire pour tous, mais « surtout tout le
monde tient le même discours » (E2, 52), tout est « expliqué avec des exemples concrets, des
exemples au quotidien, des bilans » (E3, 97). De l’autre côté, « tout le monde entend la même
chose, avec les mêmes mots » (E3, 79, 97, 104). Les choses sont entendues, comprises, fiables
et officielles. Cette réunion est également l’occasion de « mettre l’accent sur les problèmes »,
« d’insister » (E2, 39, 52 ; E3, 113).
Enfin, un professionnel mentionne le fait que le document de synthèse du PIII, établi
et signé par tous les participants, constitue un atout majeur pour l’information et la
compréhension. En effet, « ce document est finalement le seul document officiel, clair et
synthétique (…), transmis directement et accessibles à tous, (…) contenant toutes les
informations importantes » (E3, 120). Il constitue « une référence de là où en est le patient à
un moment t (…), de la pathologie, ce qui va poser problème, ce qu’il peut espérer, ce qui va
être entrepris et pourquoi », de comment cela va être mis en œuvre (E3, 120), et « avec
des échéances » (E3, 179).
1.2. La compréhension de l’intérêt de la prise en charge en
ergothérapie

Connaissance de l’ergothérapie :
Tous les ergothérapeutes interrogés rappellent le fait que l’information, l’explication
concernant la prise en charge en ergothérapie, sa nature, sa place, et sa dimension, est réalisée
en amont du PIII, au cours de l’évaluation initiale.
Les trois ergothérapeutes relèvent que le PIII n’apporte pas plus que ce qui est fait en
amont. Le patient « n’est pas surpris » (E3, 111), « il ne tombe pas des nues lors de la
réunion » (E2, 139). De plus, le PIII « arriverait quand même très tard pour comprendre
l’intervention, il y aurait alors un problème » et un gâchis de temps à ce niveau-là (E3, 51).
Tous les ergothérapeutes soulignent la nécessité d’un effort : d’explication, de clarté,
d’un lien avec des exemples concrets de vie quotidienne, pour favoriser la compréhension.
Cependant, tous les ergothérapeutes rappellent qu’une information et une explication
de l’intervention, de ses buts, objectifs et moyens et réalisée pendant la réunion. Pour redire,
clarifier, faire le point et officialiser les choses. Deux ergothérapeutes soulignent que l’apport
31
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
du PIII à ce niveau dépend de comment a été fait le travail en amont, et à quel moment le PIII
se déroule (E2, E3).

La reconnaissance de l’intérêt de la discipline :
Un point important soulevé par un des ergothérapeutes est la reconnaissance de
l’intervention, des propos de l’ergothérapeute au cours de la réunion. Le PIII va permettre
d’officialiser la prise en charge en ergothérapie, de mieux positionner l’ergothérapie dans le
projet du patient, et de lui donner une force et « une visibilité, une reconnaissance avec la
présence et le soutient des autres professionnels dont le médecin » (E3, 151).
1.3. Concernant l’identification des besoins du patient

Les habitudes de vie, l’histoire personnelle, l’environnement de la personne :
Pour tous les ergothérapeutes, le PIII a un intérêt pour renseigner les soignants sur les
habitudes de vie antérieures de la personne.
Deux ergothérapeutes interrogés rappellent ici aussi l’intérêt du travail réalisé en
amont du PIII, au cours des séances (E2, E3). Tout dépend de ce qui est fait avant, de
comment ce travail est réalisé (E3). Si l’ergothérapeute utilise un moyen adapté pour le
recueil des besoins, l’apport du PIII sera limité, mais sinon la réunion peut avoir un véritable
intérêt (E2, E3).
Deux ergothérapeutes soulignent aussi l’intérêt de réaliser la visite à domicile avant la
réunion, de rencontrer la famille une première fois avant, pour pouvoir mieux préparer la
réunion (E1, E2). Il faut que la réunion serve à faire un point, à mettre en place des actions,
plutôt qu’à découvrir l’entourage et le contexte de vie de la personne (E2, E3).

Clarifier la problématique de la personne :
Tous les ergothérapeutes interrogés soulignent néanmoins un apport du PIII pour faire
un point sur les besoins. Il va permettre de préciser, prioriser les besoins, de « mieux les
comprendre et d’imaginer ce qu’il va se passer à la sortie » (E2, 57), de cibler ce qui est
important, de « mettre l’accent sur les problèmes » (E2, 43), d’identifier et comprendre les
principaux obstacles pour le projet de la personne. Cet atout est d’autant plus important
« dans les cas où la prise en charge part dans tous les sens [ il oblige à faire le point dans les
situations difficiles ], quand quelqu’un en ressent le besoin » (E3, 130).
Le moment auquel intervient le PIII dans le parcours de soins du patient est également
déterminant. Si le PIII intervient dans le cadre d’une hospitalisation complète, la priorité est
au
retour
au
domicile,
aux préconisation
32
d’aides
techniques
et
humaines,
aux
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
premières démarches administratives, et aux projets d’aménagements architecturaux (E1,
E2). S’il intervient plus tard, en hôpital de jour notamment, alors les questions de
réadaptation socio-professionnelles, l’orientation du patient vers des services spécialisés
pourra être posée et facilitée. En hospitalisation complète, « la continuité des soins est
discutée, sa mise en œuvre peut être organisée (…), mais cela reste rare à ce stade » (E2, 72).

Proposer des réponses directes à ces besoins :
Deux ergothérapeutes rapportent également un apport pour une meilleure
coordination entre les soignants et la famille pour la mise en œuvre d’actions, notamment
pour les démarches administratives et de financement, avec l’ergothérapeute et l’assistante
sociale (E1, E2). Le PIII permet alors de favoriser, de simplifier, améliorer l’efficacité de la
détermination et de la réponse au besoin, pour une réponse plus directe (E2). Un autre
professionnel rappelle cependant que le travail réalisé en dehors du PIII reste l’essentiel,
qu’ « il ne faut pas attendre le PIII pour réaliser ce travail », et que le PIII n’est qu’ « un point
d’étape » (E3, 35).
L’intérêt de la présence de membres du personnel soignant est relevé par deux
ergothérapeutes (E1, E2). Cette présence permettant de donner un avis précis sur ce que fait la
personne au quotidien, d’améliorer l’évaluation des besoins d’aides techniques et humaines
pour le retour au domicile (E1, E2). Le dernier ergothérapeute ajoutant cependant que ce
travail était d’avantage réalisé au quotidien, et qu’une nouvelle fois le PIII était plus un point
sur la situation et les besoins (E3).
Enfin, les trois ergothérapeutes interrogés remarquent un grand intérêt de la présence
de l’entourage dans ce point réalisé sur les besoins de la personne, notamment pour prévoir le
retour au domicile, et débuter les démarches concernant les aides techniques et humaines. Un
professionnel soulignant même spontanément que cette présence pouvait peut-être favoriser
la motivation du patient, mais n’était pas le levier le plus important (E2).
1.4. Concernant la participation active du patient dans le plan
d’intervention en ergothérapie

Participation à l’identification des besoins, aux objectifs et moyens de
l’intervention :
Une fois encore, les trois professionnels interrogés avancent que la réunion est
préparée en amont avec le patient. Ainsi les objectifs sont proposés, expliqués, discutés,
décidés avant la réunion. Un ergothérapeute soulignant une nouvelle fois que « le PIII
arriverait tard dans la prise en charge pour commencer à réaliser ce travail », et que le PIII
33
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
servait d’avantage à établir des objectifs communs transdisciplinaires (E3, 75).
Néanmoins, un souci de partager l’élaboration du plan d’intervention avec le patient,
de laisser la place à son expression, de lui offrir une place d’acteur, est relevé chez les trois
ergothérapeutes interrogés. Le patient est « censé être acteur de la prise en charge, avec ou
sans PIII » (E2, 152). Il faut « discuter avec le patient pour pouvoir axer la prise en charge sur
ses véritables besoins, et proposer une intervention qui ait du sens et de l’intérêt pour lui »
(E2, 154). C’est « le projet de vie du patient, il faut que l’on soit en accord sur ce que l‘on va
proposer, on ne va pas aller à l’encontre (…) Sinon ça n’a pas de sens » (E1, 105).

Parole, écoute du patient lors de la réunion :
Les trois ergothérapeutes rapportent que le patient bénéficie d’un temps de parole pour
l’élaboration des objectifs en ergothérapie durant la réunion, qu’il peut s’exprimer librement,
être écouté. Le patient « a la parole, il s’exprime sur ses attentes, ses besoins, ses projets à la
sortie » (E2, 112), « l’ambiance est vraiment propice à l’expression, c’est LE moment où il
peut s’exprimer et être entendu, il n’est pas mal à l’aise loin de là » (E2, 132). « On essaye de
l’inclure au maximum » (E2, 33).
Le PIII permet alors de donner du sens et de la cohérence au projet de soins, et à
l’intervention en ergothérapie (E1, E2, E3) : « Un point est fait sur les objectifs, les moyens,
les buts, on en rediscute, on recadre quand c’est nécessaire, c’est un bon moment pour y
réfléchir à nouveau » (E3, 73). Un point clair est réalisé concernant les attentes, « le patient
demande, le médecin explique si c’est possible avec la pathologie, nous on propose ce qui
peut être réalisé » (E2, 116).
Tous s’accordent donc à dire que le PIII est un atout pour permettre la participation
active du patient dans l’élaboration de son projet, et de la prise en charge en ergothérapie,
mais rappellent la nécessité de ce partage au quotidien.

Des limites à la participation active de la personne :
Deux ergothérapeutes vont cependant spontanément mentionner une limite à la
participation active du patient, à savoir la présence de troubles cognitifs importants : « si la
personne a vraiment un tableau massif au niveau cognitif, qu’elle ne comprend pas, qu’elle est
aphasique, on va essayer…(…) Mais on ne la rendra pas plus actrice » (E1, 167), « on va
essayer mais ça ne va pas changer grand-chose (…), l’anosognosie restera » (E2, 53). Ces
deux ergothérapeutes vont même spontanément mentionner deux obstacles principaux : les
troubles cognitifs avec notamment l’anosognosie, et l’aphasie (E1, E2).
34
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.5. Concernant l’implication de l’entourage
Tous les professionnels interrogés relèvent un grand intérêt de la participation de
l’entourage du patient aux réunions de PIII.

La compréhension par la famille ou l’entourage :
Le PIII va ainsi permettre une meilleure compréhension, de la pathologie, de ses
conséquences, de la situation et de son évolution, et de ce qui va pouvoir être fait pour
répondre à la problématique de la personne (E1, E2, E3). Il va permettre de clarifier les
choses, d’ « acquérir des connaissances importantes » pour la suite (E1, 108).
Deux professionnels mentionnent spontanément un intérêt du PIII en cas
d’anasognosie de la part de l’entourage. Le PIII va ainsi permettre de connaitre et de clarifier
leur représentation (E2, E3). Tous les soignants ont le même discours, « tout le monde
entende les mêmes choses, avec les mêmes mots » (E3, 79). Il va permettre une prise de
conscience, de « ne pas laisser d’espoirs infondés » (E3, 95).
Un ergothérapeute souligne également que la réunion, avec « le soutien des autres
professionnels » pendant le positionnement de l’ergothérapeute, va permettre à la famille de
« mieux cerner la prise en charge en ergothérapie », et « de la reconnaitre » à l’instar des
autres disciplines (E3, 151).

La participation active de l’entourage :
La participation de l’entourage va avoir un intérêt pour l’élaboration et la mise en
œuvre du projet de réadaptation, il va permettre de mieux envisager le retour au domicile
(E1, E2, E3). Il peut faciliter la coordination avec la famille et les autres soignants, dont
l’ergothérapeute, et également d’identifier d’éventuels problèmes par rapport au retour, dans
leurs relations (E1, E2).
Pour tous les professionnels interrogés, la présence de la famille va aussi être un atout
pour la prise en charge en ergothérapie, et notamment en cas d’aphasie, ou de troubles
cognitifs limitant les capacités du patient à participer activement à la prise en charge (E1, E2,
E3).

Rendre l’entourage facilitateur pour le soutien et la motivation du patient :
Deux ergothérapeutes ont souligné le fait que l’implication de l’entourage allait
représenter un plus pour la motivation du patient pour la prise en charge en ergothérapie (E2,
E3).
35
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.6. Concernant l’accompagnement de la personne

Accompagner la personne dans la construction d’une représentation favorable :
Deux ergothérapeutes (E2, E3) ont mentionné que la réunion du PIII était un moment
privilégié dans le parcours du patient. Cette réunion « créée une dynamique favorable » (E2,
163), permet de poser les vraies questions, d’identifier les vrais problèmes ». Elle permet
d’ « accompagner la personne vers une projection dans l’avenir » (E2, 163), mais en restant
dans la réalité.

Améliorer l’accompagnement :
Selon un ergothérapeute, la réunion peut aussi permettre de découvrir certains traits
de personnalité, d’en discuter, et d’ajuster l’accompagnement en fonction (E2, 143).
Un autre professionnel mentionne que justement le PIII revêt un grand intérêt « quand
on a besoin de faire le point, (…) quand on a besoin de poser les choses, (…) quand quelque
chose ne tourne pas rond et que l’accompagnement du patient est difficile, (…) quand une
situation est bloquée » (E3, 130, 175).
1.7. PIII et problématique d’ acceptation du handicap
Tous les professionnels interrogés ont confirmé un intérêt de la réunion du PIII dans
les cas de difficultés psychologiques, notamment dans l’acceptation du handicap. La réunion,
par son déroulement et par le cadre qu’elle instaure, est « un moyen à la fois efficace et
intelligent pour aider la personne » dans ce cheminement (E3, 92).
Le fait que « tout le monde tienne le même discours (…), permet de confronter aux
difficultés » (E2, 52), « parfois la personne reconnait cette difficulté (…), on peut
ressentir une remise en question » (E2, 55), il y a une « dynamique favorable » (E2, 163).
La clarification des représentations, avec la présence du médecin et l’information,
vont aussi permettre de ne pas laisser d’espoirs infondés, de donner de la force aux propos
(E1, E2, E3).
Les trois professionnels ont mentionné un grand apport du PIII à ce niveau. Certains
ont même rapporté que ce repère officiel, entendu de tous, permettait de s’appuyer dessus
pour l’accompagnement lors des prises en charges à venir si le problème persiste (E3, 82).
1.8. PIII et anosognosie
Tous les professionnels ont spontanément identifié l’anosognosie comme étant
l’obstacle majeur, pour que le patient soit motivé pour la prise en charge en ergothérapie.
36
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Aucun d’entre eux n’a repéré d’intérêt particulier du PIII en cas d’anosognosie pour le patient,
en soulignant le fait que quoi qu’il arrive, la non-reconnaissance restera, et que la personne
ne sera pas actrice de la prise en charge.
En revanche, deux professionnels ont spontanément noté que dans ces cas, la difficulté
peut être compensée par la présence de la famille, qui pourra mieux comprendre, et être un
allié pour le projet de retour au domicile (E2, E3).
2. Discussion
2.1. Analyse des données en réponse aux indicateurs

Un moyen intéressant pour favoriser la compréhension de la situation par le patient
La première réponse intéressante est que le PIII peut permettre une meilleure
compréhension, par le patient et par son entourage : de la pathologie et de ses conséquences,
des possibilités de rééducation et de réadaptation en réponse à ces conséquences, et de la
cohérence générale du projet de soins pouvant être mis en place. Conformément à ce qui avait
été proposé par Jamet & Herniotte (2005), la réunion du PIII constitue véritablement un
moyen intéressant pour l’information et surtout la compréhension par tous de la
problématique.
Une exigence d’information du patient, des efforts de clarté et de synthèse, est
reportée concernant le déroulement de la réunion. De plus, le cadre de la réunion avec la
présence du médecin, la possibilité de poser des questions, et le document transmis aux
participants, rendent l’information accessible, et lui apporter une fiabilité importante. Cette
information, sa qualité, son caractère officiel et sa fiabilité pour le patient, sont des éléments
fondamentaux reconnus comme pouvant favoriser la motivation du patient (Maclean et al.,
2000).
Cette donnée est très importante en regard de la problématique motivationnelle du
patient pour la prise en charge en ergothérapie. Elle permet également de limiter l’angoisse et
l’incertitude, la résignation pour le patient, qui sont généralement causées par la confusion des
informations (les « mixed messages », Maclean et al., 2000).
La réunion du PIII constitue le seul moment dans le parcours du patient pouvant mener
à une telle synthèse, à une compréhension de la globalité de la problématique par tous. Il a été
élaboré en ce sens, et sa mise en œuvre semble satisfaire à cette exigence. Sur ce point le PIII
semble donc être une piste intéressante pour favoriser la motivation du patient pour la prise en
charge en ergothérapie, et pour le projet en général. La présence du patient et de l’entourage
peut obliger les professionnels à faciliter la compréhension, à officialiser le discours et les
37
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
prises de positions.
Ceci pourra ainsi aider la personne à mieux évaluer la situation, ses chances de
réussites et d’échecs concernant la rééducation et la réadaptation, et ajuster la représentation
de la situation et de ses perspectives. Ces éléments sont des éléments facilitateurs de la
motivation, au sens de Maclean & Pound (2000), comme aux sens d’Atkinson (1967, cité par
Fenouillet, 2012) ou Bandura (2003, cité par Fenouillet, 2012).

Le PIII peut jouer un rôle favorable pour la compréhension de l’intérêt de
l’intervention en ergothérapie, mais ce facteur dépend surtout de ce qui est réalisé
pendant l’intervention
Concernant la compréhension et la reconnaissance de l’intervention en ergothérapie,
on constate que le PIII ne permet pas une grande avancée, l’essentiel étant réalisé en amont,
au cours des séances individuelles. Le travail réalisé par le professionnel au quotidien reste
l’élément clé pour la compréhension par le patient de son intérêt.
Néanmoins, la compréhension de la situation, le point réalisé sur les représentations de
chacun, sur les possibilités, peut tout de même agir en faveur d’une meilleure compréhension
de la prise en charge en ergothérapie. La réunion permet de bien positionner le rôle de
l’ergothérapeute, favorise la coordination de l’intervention avec la famille et les autres
intervenants, favorise sa reconnaissance par le soutien des autres professionnels. La réunion
permet de mieux l’intégrer dans la cohérence du projet individualisé, de donner un sens
concret à la prise en charge en lien avec la problématique mise en lumière pendant la réunion.
Cette réunion, avec une attitude favorable du professionnel au cours des séances, peut
permettre à la personne d’intégrer et reconnaitre l’intérêt de la prise en charge en
ergothérapie, et ainsi favoriser le développement d’une motivation « extrinsèque » d’avantage
autodéterminée pour la prise en charge (Deci & Ryan, 1985, cités par Fenouillet, 2012).

Un apport limité pour l’identification des besoins, mais une possibilité de montrer
à la personne que sa problématique est bien prise en compte, que des réponses sont
possibles
Au niveau du recueil de données et de l’identification des besoins du patient, le PIII ne
semble a priori pas apporter beaucoup plus que le travail réalisé en amont. Il peut permettre de
recueillir des données supplémentaires avec la présence de l’entourage, surtout si il constitue
une première rencontre ou que la visite au domicile n’a pas encore été réalisée. Il peut surtout
permettre de confirmer l’identification des problèmes, par l’intégration directe de l’avis du
patient et de l’entourage.
Sur ce point, l’apport principal selon les professionnels interrogés est avant tout la
38
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
synthèse des informations, leur hiérarchisation en regard de la problématique, avec la
présence des personnes concernées pour valider ou non ce qui est mis en avant.
La présence de tous les intervenants permet alors de clarifier, de montrer au patient et
à l’entourage que leurs besoins sont bien compris et identifiés, et des liens directs peuvent être
réalisés avec des possibilités, des solutions. Le PIII semble donc avoir un intérêt pour que le
patient ressente que ses besoins sont correctement identifiés, et peut donc jouer un rôle
favorable pour sa motivation (Maclean & al., 2000 ; Kemp, 1988).
La présence de tous les intervenants, dont l’ergothérapeute, permet aussi de démarrer
des travaux en coopération sur une base commune, et de présenter directement des solutions
concernant les différents domaines de réadaptation. Ce point peut paraître beaucoup plus
vague, hypothétique, si les réunions transdisciplinaires ne sont pas réalisées. Ici le lien, la
possibilité de réponse, est directe et accompagnée d’explications.

La personne a la possibilité de jouer un rôle actif dans l’élaboration du projet
Le déroulement semble être en accord avec les recommandations, la parole est laissée
à l’expression du patient et de l’entourage. La dynamique et l’ambiance générale sont
favorables à la libre expression. La réunion semble consister en un moment privilégié pour
exposer les vrais problèmes, les vraies questions, les vrais besoins.
Il ressort de ces entretiens qu’un effort est réalisé de la part des professionnels pour
permettre au patient de jouer un rôle actif, aussi bien dans le projet de soins, que dans la prise
en charge en ergothérapie.
La réunion donne effectivement la possibilité au patient de participer. Il peut poser ses
questions concernant la pathologie et les différentes interventions. Il peut donner son avis sur
les propositions des intervenants, sur ses besoins, ses attentes et ses priorités.
De plus, le patient peut s’exprimer en tant que personne. La place est faite à la
description de ses habitudes de vies, de son histoire, dans le respect de sa subjectivité. Il peut
également s’exprimer sur ses attentes, ses doutes, mettre des mots sur la souffrance et
l’incertitude.
Il peut également intervenir si des choses ne vont pas concernant les prises en charge,
il peut manifester son mécontentement, son incompréhension, en étant sûr que ses
revendications seront entendues. Le point peut être fait sur ce qui va, ou ce qui ne va pas dans
son parcours.
Cette possibilité de s’exprimer, d’être entendu, de jouer un rôle actif, rejoint également
la compréhension de la situation et des interventions. Ces deux éléments vont dans le même
39
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
sens, ils se complètent dans un sens favorable à la motivation du patient, car ils vont dans le
sens d’une intégration plus autodéterminée de l’intérêt de l’intervention en ergothérapie
(Maclean & Pound, 2000 ; Deci & Ryan, 1985, cités par Fenouillet, 2012). L’échange sur les
objectifs, les moyens des interventions, va permettre d’identifier des stratégies et des objectifs
pour répondre aux besoins, ce qui nous renvoie à la théorie du positionnement d’objectif de
Locke (1967, cité par Fenouillet, 2012).

La présence de l’entourage représente un grand intérêt, surtout pour le projet en
général
La famille est informée avec clarté et fiabilité, elle peut mieux comprend la pathologie
et la situation, la cohérence du projet, elle intervient pour apporter ses connaissances sur la
personne, et son avis sur la problématique.
De plus, cette présence se révèle être un atout considérable en cas de difficultés
relatives à l’état de santé du patient, pour mieux cerner la problématique, et y apporter des
solutions significatives et concrètes. L’apport pour mieux préparer le retour du patient dans
son contexte de vie est significatif pour les personnes interrogées.
Cette participation de l’entourage permet également de l’inclure en tant qu’élément
facilitateur pour l’accompagnement du patient vers une motivation pour le projet de soins, et
notamment pour la prise en charge en ergothérapie. La compréhension de la problématique de
réadaptation permettant à l’entourage de jouer son rôle de soutien en étant éclairé, ce qui peut
permettre de jouer favorablement du lien affectif entre patient et entourage (Maclean et al.,
2000).
D’autre part, la réunion du PIII peut permettre une meilleure reconnaissance de
l’ergothérapie comme intervention importante, auprès de l’entourage. Ceci permettant ainsi
une collaboration plus efficace avec la famille.

Une piste pertinente pour accompagner la personne vers un projet motivant de
réadaptation, et dans le processus d’ « acceptation du handicap »
Au sens de Bandura (2003, cité par Fenouillet, 2012) et de Maclean & Pound (2000),
l’accompagnement par le personnel soignant doit pouvoir permettre de favoriser la motivation
du patient pour le projet de soins en général, et plus précisément pour l’intervention en
ergothérapie.
Il est bien sûr à noter que cet accompagnement intervient principalement au quotidien,
lors des séances, ou encore en aparté dans les couloirs de l’établissement. Cependant, au vu
du déroulement de la réunion de PIII et des entretiens réalisés, on peut remarquer cette
réunion constitue un évènement privilégié et pertinent.
40
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
En effet, il créée une dynamique favorable, aussi bien pour la compréhension de la
situation et des interventions, que pour la définition des besoins et des réponses à donner, que
pour parler ensemble du vécu du patient. Il a souvent été rappelé que cette réunion permettait
de mettre l’accent sur les problèmes, de discuter à propos des vraies questions, de faire un
point sur la situation et sur l’avenir, dans un climat d’écoute, de partage, et de sincérité.
Un tel moment, rare dans le contexte institutionnel hospitalier en général, peut
constituer un bon point de départ, un basculement même, pour que le patient ressente le
soutien qui peut lui être donné dans son parcours. Il s’agit là d’un moment d’unité, où tout le
monde se fédère autour de la problématique de la personne, où tout le monde, patient et
entourage compris, essaye de réfléchir ensemble pour trouver les meilleures solutions visant à
améliorer la santé et la qualité de vie de la personne.
Ainsi des stratégies peuvent être adoptées pour trouver des solutions, la personne peut
avoir le sentiment d’être entourée par des personnes expertes pour l’accompagner, elle est
accompagnée pour se projeter favorablement dans l’avenir, renforçant ainsi son sentiment
d’ « auto-efficacité », et optimisant sa représentation de la situation (Atkinson, 1964 ; Locke,
1971 : Bandura, 2003, cités par Fenouillet, 2012).
Ce recueil de données permet de renforcer le propos de Jamet & Herniotte (2005) :
« Un moment où chacun, après un constat objectif de la situation présente, va participer à la
construction de l’image positive, mais non utopique, vers laquelle tend le patient ».
Ces auteurs ont émis l’hypothèse que le PIII pourrait permettre d’accompagner le
patient vers la « résilience », que l’accompagnement vers l’acceptation du handicap peut
rejoindre en de nombreux points. La mesure d’un tel apport reste très difficile à réaliser sans
une observation précise et développée de ce qui se joue pendant la réunion. Néanmoins les
réponses des professionnels interrogés viennent renforcer la pertinence cette hypothèse.

L’anosognosie représente le principal obstacle pour la motivation de la personne
L’anosognosie apparait comme LA limite à la motivation du patient pour la prise en
charge en ergothérapie. De l’avis de tous les professionnels interrogés, le PIII ne permettra
pas d’amélioration, l’anosognosie persistera, malgré tous les efforts déployés.
Il s’agit là de la première limite à l’apport du PIII, malgré la clarification, la synthèse
officielle qu’il représente en bien d’autres points. Malgré que de bonnes choses puissent être
mises en œuvre pour arriver à limiter l’impact de l’anosognosie, celle-ci semble inchangée
même après les réunions.
En revanche, l’intérêt de la présence de l’entourage peut permettre de compenser cet
obstacle pour que la prise en charge en ergothérapie soit efficiente, mais le patient ne sera
41
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
vraisemblablement pas plus acteur de la prise en charge. Même si le PIII n’a pas d’impact
favorable sur la motivation du patient pour la prise en charge en ergothérapie pour ce point, il
peut tout de même revêtir un intérêt pour l’intervention.
2.2. Eléments de réponse à l’hypothèse de recherche
L’hypothèse de cette démarche de recherche était que le PIII pourrait permettre de
favoriser la motivation du patient adulte victime d’AVC, pour la prise en charge en
ergothérapie. Après ce recueil de données auprès d’ergothérapeutes participants à des PIII, on
ne peut que renforcer l’intérêt de cette hypothèse, sans pouvoir l’affirmer véritablement.
En effet la méthodologie de recherche mise en œuvre ne permet pas de donner une
réponse suffisamment fondée. On peut cependant confirmer que cette piste transdisciplinaire
mérite de faire l’objet de recherches complémentaires, dont une méthodologie plus appropriée
permettrait d’évaluer précisément les effets, avec un outil de mesure de la motivation en
rapport avec les facteurs identifiés, et une observation sur le terrain.
Tous les professionnels interrogés ont pu spontanément révéler un possible intérêt du
PIII concernant les indicateurs identifiés, à part pour les cas d’anosognosie. Cette première
confrontation à la réalité du terrain permet de dire que oui : le PIII pourrait permettre de
favoriser la motivation du patient pour la prise en charge en ergothérapie, mais pas sans un
travail important en amont et en aval de la réunion de la part du thérapeute, et pas dans les cas
d’anosognosie.
Il le permettrait en favorisant la compréhension de la situation et de l’intérêt de la prise
en charge en ergothérapie, en permettant d’offrir une place plus importante au patient en tant
que personne, à la fois pour définir ses besoins et les actions à mettre en œuvre pour répondre
à sa problématique de santé. Il permettrait également d’accompagner le patient vers la
motivation, par un soutien et un accompagnement appropriés, et en impliquant l’entourage de
la personne dans cette démarche.
Enfin, le PIII peut représenter une piste intéressante dans les cas difficiles, où le
retentissement psychologique de la pathologie implique la mise en œuvre de moyens
importants, où la difficulté de la situation nécessite de renforcer et partager les efforts de
chacun, pour mieux soutenir et accompagner le patient vers une projection satisfaisante dans
l’avenir.
En revanche, cette hypothèse devra garder à l’esprit l’obstacle que peut représenter
l’anosognosie pour la motivation du patient, même si il permet tout de même un apport pour
le projet de soins dans cette situation.
42
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.3. Intérêt et limites de la démarche de recherche
2.3.1. Originalité et intérêts
Cette démarche de recherche aura été l’occasion de s’intéresser à une problématique
de fond, une question difficile, multidimensionnelle, mais pourtant fondamentale qu’est la
motivation du patient pour la prise en charge en ergothérapie. Ce sujet est finalement peu
abordé dans la formation et les publications des professionnels, mais pourtant fréquemment
source de questionnements dans la pratique.
Elle constitue ainsi pourquoi pas un point de départ pour d’autres études, par la
recherche théorique entreprise, et par la mise en avant des facteurs favorables à la motivation
du patient. Des recherches futures pourront s’appuyer dessus pour développer par exemple un
instrument simple de mesure de la motivation du patient pour la prise en charge, afin
d’évaluer précisément l’intérêt de différents moyens, dont le PIII par exemple.
Ce travail constitue un parallèle intéressant avec la démarche de qualité et de
traçabilité menée par les établissements et autorités de Santé (Sengler, 2010). L’ergothérapie,
en faisant le lien entre le milieu hospitalier et le milieu domestique, et par la dimension de son
intervention, gagnerait à s’investir encore d’avantage dans de telles démarches, notamment
aux sujets de l’information du patient et de l’entourage, de la place du patient dans
l’élaboration de son projet individualisé, de l’éducation à la santé, de la coordination et de la
continuité des soins.
D’autre part, cette étude se veut transposable : à d’autres populations cibles, d’autres
interventions de rééducation et de réadaptation, d’autres stades du parcours de soins. En effet
l’intérêt de la transdisciplinarité pourra être retrouvé dans tous les cas où l’intervention de
plusieurs compétences est requise. Le choix de la population d’adultes victimes d’AVC ouvre
ainsi le champ aux pathologies impliquant les troubles sensori-moteurs, cognitifs,
psychologiques. Un intérêt peut être retrouvé pour des recherches sur la motivation des
personnes victimes de traumatismes crâniens, ou encore les enfants présentant une paralysie
cérébrale. La problématique d’acceptation du handicap diffère selon l’étiologie de la
pathologie et selon la personne, mais la motivation reste influencée par ces mêmes facteurs.
Cette étude s’inscrit enfin dans une démarche transdisciplinaire : elle révèle comment
le partage d’expertises, entre les soignants et le patient, peut permettre de trouver des
solutions aux problèmes rencontrés dans la pratique. Elle révèle comment la coordination de
tous peut permettre d’améliorer le travail de chacun.
43
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.3.2. Limites et pistes pour la poursuite de la démarche
Plusieurs limites peuvent être énoncées concernant cette démarche de recherche. La
première est qu’il s’agit justement d’une « initiation » à la démarche de recherche, elle n’est
qu’un début de démarche, qu’une amorce.
Le sujet et la problématique étant plutôt vastes et complexes, le temps imparti a été
insuffisant pour pouvoir prétendre à démontrer des résultats significatifs. La technique de
l’entretien auprès de professionnels pour le recueil de données était néanmoins la plus adaptée
aux contraintes et aux moyens dans le cas présent.
L’élaboration d’un outil de mesure de la motivation du patient, à partir des critères
identifiés, aurait apporté plus de pertinence et de puissance pour répondre à l’hypothèse. Cet
outil aurait pu être diffusé aux patients adultes victimes d’AVC ayant participé à des PIII, et
une comparaison avec un même échantillon de personnes n’y ayant pas participé aurait pu
permettre de mesurer un éventuel apport. Cette méthode aurait permis une évaluation directe,
auprès d’un échantillon de personnes plus significatif et représentatif.
D’autre part, la réalisation d’observations aurait également pu apporter d’avantage de
précision et de vérité, concernant le déroulement de la réunion. Plusieurs observations
qualitatives, avec des grilles d’observations construites à partir des indicateurs de la
motivation, auraient ainsi pu être réalisées. Ces observations auraient alors pu être complétées
par des entretiens individuels, auprès des ergothérapeutes participants, et des patients, afin de
revenir sur ce qui s’est joué pendant la réunion en rapport avec les indicateurs. Cette
méthodologie gagnerait également à être menée avec un psychologue.
Enfin, un nombre plus important d’entretiens aurait pu être réalisé, pour augmenter la
représentativité de l’échantillon. La qualité des données recueillies auraient pu être améliorée,
notamment en prenant exemples sur des cas concrets, en les confrontant aux indicateurs.
L’idée de groupes de discussion aurait aussi pu apporter un bénéfice. Cependant aucun des
ergothérapeutes sollicités n’a pu se libérer pour une durée de plus de trente minutes, ce qui
laisse présager qu’une telle démarche sera plutôt difficile à mener. Etudier l’apport du PIII
dans différents stades du parcours de soins aurait également pu être intéressant.
44
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Conclusion
Finalement, cette initiation à la démarche de recherche aura permis de souligner un
possible intérêt de la démarche transdisciplinaire pour la prise en charge en ergothérapie, et
pour la qualité de l’offre de soins en général. Elle a également permis d’identifier des facteurs
de la motivation du patient pour la prise en charge, ouvrant ainsi la voie à la création d’un
outil de mesure, et offrant des pistes pour favoriser la motivation du patient en ergothérapie.
Pour revenir à ma situation d’appel, je dirais finalement que plusieurs éléments sont
nécessaires pour accompagner une personne vers une projection favorable dans l’avenir, vers
la construction d’un projet de vie significatif et satisfaisant, au travers de la prise en charge en
ergothérapie. Tout d’abord l’information du patient est primordiale, pour sa compréhension de
la situation et de ses perspectives. Disposer d’outils pertinents pour l’identification des
besoins véritables est également nécessaire, pour pouvoir envisager des solutions, et trouver
un intérêt à la prise en charge. Ces deux éléments pourront être facilités par une dynamique de
transdisciplinarité où chacun vient renforcer les efforts de l’autre, où tout le monde offre sa
compétence pour œuvrer vers un même but.
Enfin, de cette dynamique pourra naître un espoir, et cet espoir devra ensuite être
entretenu, soutenu, traduit en différentes actions tout au long de l’intervention. L’intérêt
évoqué dans les cas de difficultés relatives au processus d’acceptation du handicap peut
constituer une ouverture pertinente.
D’un point de vue personnel, ce travail m’a permis d’une part de prendre le temps de
réfléchir de manière rigoureuse sur ce problème de la motivation du patient pour la prise en
charge en ergothérapie. Cette démarche me permettra sans doute de mieux travailler avec la
personne, en coordination avec les autres professionnels et l’entourage des personnes que je
rencontrerais dans la pratique. Cette recherche m’a également offert la possibilité de mieux
me projeter dans mon avenir professionnel, en tant qu’ergothérapeute, et a permis de
développer ma motivation offrir mes compétences pour la problématique de personnes adultes
confrontées à un handicap acquis.
45
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Bibliographie
Babot, E. Cornet, N. (2010). L’ergothérapie à la croisée des chemins. In Ergothérapie
en pédiatrie. Chap. 1, pp. 13-27. Marseille: Solal.
Boulanger, YL. & al. (2004). Rééducation-réadaptation et interdisciplinarité.
Encyclopédie médico-chirurgicale. 26-006-D-10.
Boulanger, YL. & al. (2000). Comment optimiser le travail d’équipe en rééducationréadaptation. Journal de réadaptation médicale, vol. 20, n°3-4, p159.
Daviet, JC. & al. (2012). L’éducation thérapeutique du patient en post-AVC : prise en
charge non pharmacologique. Annals of physical and rehabilitation medicine.
55 : 641-656.
Fenouillet, F. (2012). La motivation. Paris : Dunod.
Ferry-Lemonnier, E. (2009). La prévention et la prise en charge des accidents
vasculaires cérébraux en France. Ministère de la santé et des sports.
Geelen, RJ. Soons, PH. (1996). Rehabilitation: an everyday motivation model. Patient
education and counseling. 28 : 69-77.
Goullet de Rugy, B. (2002). La démarche interdisciplinaire : rêve, cauchemar ou
possibilité? Ergothérapies, n°7, pp. 13-18.
Guthrie, S. Harvey, A. (1994). Motivation and its influence on outcome in
rehabilitation. Reviews in Clinical Gerontology.
Haute Autorité de Santé, (2009). Manuel v2010 de certification des établissements de
santé. Version juin 2009.
Iguenane, J. (2004). Motivation et éducation thérapeutique. Nutritions et facteurs de
risques, vol. 2, pp. 27-35.
Jamet, C. Herniotte, C. (2005). Le PIII : au service de la résilience ? Recherche en
soins infirmiers. n°82, pp. 62-70.
Jerome, D. & al. (2009). L’accident vasculaire cérébral avant 75 ans: attentes et
besoins d’aide. Annals of Physical and Rehabilitation Medicine, 52: 525-537.
46
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Kersten, P. & al. (2002). The unmet needs of young people who have had a stroke:
results of a national UK survey. 24 : 860-866.
Kemp, B. (1988). Motivation, rehabilitation, and aging: A conceptual model. Topics
in Geriatric Rehabilitation.
Lacroix, A. (2009). In Education thérapeutique Prévention des maladies chroniques.
Simon D & al. Elsevier-Masson, 2e édition, chap. 5, p33-39.
Lacroix, A. (2007). Quels fondements théoriques pour l’éducation thérapeutique ?
Santé publique, vol. 19 pp.271-281.
Lawrence, M. Kinn, S. (2012). Determining the needs, priorities, and desired
rehabilitation outcomes of young adults who have had a stroke. Rehabilitation
Research and Practice, vol. 2012.
Maclean, N. Pound, P. (2000). A critical review of the concept of patient motivation
in the literature on physical rehabilitation. Social Science & Medicine.
Maclean, N. & al. (2000). The Concept of Patient Motivation. A Qualitative Analysis
of Stroke Professionals’ Attitudes. Stroke.
Maclean, N. & al. (2000). Qualitative analysis of stroke patient’s motivation for
rehabilitation. British Medical Journal. 321:1051-4.
Röding, J. & al. (2003). Frustrated and Invisible: Younger stroke patient’s experiences
of the rehabilitation process. 25: pp. 867-874.
Sengler, J. (2010). Le projet individualisé ou projet de vie au cœur de la démarche
qualité. Annals of physical and rehabilitation medicine. 53s, pp. 156-164.
Teasell, R.W. & al. (2000). Social Issues in the Rehabilitation of Younger Stroke
Patients. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation. 81: 205-209.
Trouve, E. & al. (2012). Données probantes en ergothérapie. ANFE, janvier 2012.
Yelnik, AP. & al. (2012). Les parcours de soins en MPR du patient après AVC,
contribution au chemin clinique et à la consultation bilan. In Plate-forme
d’échange HAS : Programme pilote AVC « Améliorer les parcours de prise en
charge des AVC ».
47
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
ANNEXES
Annexe 1 : La motivation du patient pour la prise en charge en ergothérapie……II
Annexe 2 : Le PIII………………………………………………………………..III
Annexe 3 : Entretiens auprès de professionnels…………………………………..V
Entretien n°1………………………………………………………………V
Entretien n°2………………………………………………………………XI
Entretien n°3………………………………………………………………XVI
I
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 1 : La motivation du patient pour la prise en charge
en ergothérapie
Présence patient + entourage + intervenants
Description pathologie + incapacités
PIII
Habitudes de vie + situations de handicap
Plan d’intervention concerté
ANOSOGNOSIE
Motivation pour
l'intervention en
ergothérapie
Compréhension situation + intervention
Identification des besoins
Patient + entourage acteurs du projet
Accompagnement, feedback
Convergence besoins / réponse proposée
Prise en charge en
ergothérapie
Patient acteur
Implication entourage
Accompagnement, feedback
Réponse à la
problématique du
patient adulte
victime d'AVC
Projet de réadaptation
Favoriser la qualité de vie
II
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 3 : Le PIII
III
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
IV
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 4 : Entretiens auprès des professionnels
Entretien n°1
1
- En quelle année avez-vous eu votre diplôme ?
2
2012.
3
- Combien de temps avez-vous travaillé en service de neurologie adulte, en soins de suite et
4
de réadaptation ?
5
1 an, plus mes stages lors de la formation.
6
- Et depuis combien de temps participez-vous aux p3i ?
7
Depuis qu’on les a mis en place dans ce centre, donc depuis 8 mois environ.
8
- Avez-vous personnellement suivi la formation au p3i ?
9
Oui.
10
- Avez-vous participé à beaucoup de p3i ?
11
Je dirais une dixaine.
12
- Avez-vous participé à des p3i dans le cadre d’adultes victimes d’AVC ?
13
Oui
14
- Avec le p3i, est-ce que les patients comprennent bien leur situation actuelle, leurs
15
perspectives ?
16
- Alors généralement, pour vous dire franchement notre médecin est polonais, donc les p3i
17
sont compliqués parce que c’est le médecin qui fait la retranscription de toute l’équipe.
18
Généralement on est obligés de reprendre après, et disons que nous déjà en séance on a
19
tendance a beaucoup expliquer au patient tout ce que l’on fait, et pourquoi on le fait, pour quel
20
but, pour quel devenir et tout ça, mais nous en tant qu’ergothérapeutes on va dire que le p3i
21
n’est pas une finalité.
22
- Quand vous dites que le médecin est polonais…
23
Disons qu’en fait les patients comprennent pas forcément ce que le médecin veut dire. C’est
24
peut être pour ça qu’on fait aussi beaucoup de sensibilisation nous en ergothérapie, en séance
25
avant et après le p3i pour reprendre ce que le médecin a dit.
26
- Et comment se déroulent les réunions de P3i dans ce cas ?
27
En fait nous en équipe on prépare le p3i la veille ou le matin de la réunion. On se réunit en
28
équipe de rééducation donc ergo kiné psychomot ortho et quand c’est possible neuropsycho.
29
Donc on prépare nous déjà la réunion, capacités incapacités situations de handicap projet de
30
vie de la personne objectifs à courts et moyen termes. Donc quand nous on arrive en réunion
31
on donne cette feuille au médecin, le médecin en prend connaissance, on en discute, après on
V
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
32
fait venir la famille et le médecin retranscrit.
33
- D’accord, j’avais vu ça en stage dans un centre, avec synthèse interdisciplianire puis rdv
34
famille… Du coup le patient comprend il bien au final ?
35
Oui.
36
- Est-ce qu’il y a des obstacles particuliers à la compréhension ?
37
Alors d’abord nous d’un point de vue psychologique, la psychologue ne fait pas partie des
38
retranscriptions de ces entretiens avec le patient dans le cadre du p3i. Parce que sachant que la
39
famille est présente, parfois elle n’a pas à être au courant de ce qu’a la personne d’un point de
40
vue psychologique. Et nous parfois on n’est même pas inclus dans cette retranscription là en
41
fait. C’est vraiment une relation duelle que le psychologue a avec le patient et si vraiment il y
42
a un gros problème alors elle en fait part sinon non. C’est leur relation de confiance qui est
43
préservée en fait. Mais du coup je dirais que ça dépend vraiment de la personne et de la
44
sensibilité qu’elle a sur ses situations de handicap et sur ses difficultés. Parce que certaines
45
personnes qui sont très anosognosiques et qui ne prennent déjà pas conscience de leurs
46
troubles en rééducation et même en situations écologiques, dans ces cas là le p3i ne permet
47
pas non plus heu.. ne permet pas non plus d’avancer de ce point de vue là.
48
- Donc dans les cas d’anosognosie, la présence du patient pendant l’énoncé des déficiences,
49
incapacités et situations de handicap, le p3i n’apporte pas plus ?
50
Ça dépend après des capacités que la personne peut déployer dans l’acceptation du handicap,
51
quand il y a beaucoup de troubles cognitifs, généralement ça n’apporte pas beaucoup plus que
52
ce que l’on peut faire en prise en charge.
53
- Au niveau des besoins et attentes du patient et de l’entourage, sont-ils correctement
54
identifiées et pris en considérations grâce au p3i ? Arrivez-vous ainsi à mieux cerner ces
55
besoins et attentes ?
56
Ça dépend en fait car nous en tant qu’ergothérapeutes on a quand même un lien privilégié
57
avec la famille avant d’arriver au p3i. Nous généralement on fait les visites à domicile très
58
rapidement donc on est en lien avec les familles très rapidement et on cible tout de suite le
59
projet de vie et tout cela. C’est vrai qu’au niveau rééducatif même, c’est vrai que parfois les
60
familles ne sont pas vraiment au courant de ce qu’il se passe et les patients ne leur en parlent
61
pas forcément en soi, ou dans le cas d’aphasie par exemple. Moi j’ai pas l’habitude de convier
62
les familles aux rééducations parce que ça peut vite être un parasite et je ne le souhaite pas. En
63
kiné par exemple ils intègrent les familles sur des temps données pour qu’ils intègrent des
64
techniques, et qu’ils puissent les mettre en œuvre par exemple lors de week end
65
thérapeutiques.
66
- Et pensez-vous que l’instauration des p3i, a permis justement de favoriser l’implication de la
67
famille et du patient dans l’élaboration du projet de soins, les visites à domicile précoces ?
VI
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
68
Nous c’est strictement avant le p3i, parce que les reunion de p3i arrivent assez tard dans le
69
séjour du patient. De mon point de vue, la relation de confiance est déjà présente, et disons
70
que le p3i ça peut paraitre un peu froid quand même, avec la table ronde, la famille et le
71
patient d’un côté, l’équipe soignante de l’autre. Quand on connait déjà bien la famille, qu’on
72
s’est déjà bien incrusté dans leur vie familiale, sociale et tout ça, la tournure du p3i n’est pas
73
non plus la même. On connait mieux leurs habitudes, les kinés disutent beaucoup avec eux
74
aussi…
75
- Et si le patient a des attentes irréalistes ? comment la situation est-elle gérée ? est-ce que le
76
p3i permet de mettre les choses au clair avec le patient ?
77
Ça dépend parce que notre médecin ne prend pas beaucoup d’initiatives, donc parfois c’est à
78
nous de remplir ce rôle, ou à la cadre de santé du service. C’est vraiment du cas par cas,
79
suivant la difficulté de la situation.
80
- Et en ergothérapie, comment se déroule la définition des objectifs ? le patient et l’entourage
81
participent-t-ils ?
82
Oui, comme je vous le disais on prépare la réunion avant avec les kinés, et d’autres
83
intervenants si ils ont quelques chose à ajouter. Nous on pose nos objectifs qu’on souhaite
84
encore atteindre à court et moyen terme, et parfois on se concerte, parfois on a des objectifs en
85
commun, on aura pas les mêmes moyens ni les mêmes buts, mais c’est très pluridisciplinaire
86
et même presque transdisciplinaire.
87
- Le patient et l’entourage ont-ils leur mot à dire sur les objectifs du coup ? Ont-ils un temps
88
de parole dans tous les cas ?
89
Ha bah oui, nous on donne les objectifs qu’on a fixés au médecin qui les transmet au patient et
90
à l’entourage, et la famille a un temps de parole de toute façon à chaque p3i. Si ils souhaitent
91
rajouter des objectifs on en parle à ce moment là et nous on considère à ce moment là si c’est
92
atteingnable ou pas.
93
- Et si ils ne sont pas d’accord avec les objectifs ?
94
Généralement c’est des objectifs positifs donc ils sont plutôt d’accord, ils n’ont pas de raisons
95
d’être contre. Ça va toujours dans un sens de récupération ou d’amélioration de la qualité de
96
vie.
97
- Concernant la présence des patients et de leur entourage aux réunions ? Est-ce plus une
98
difficulté supplémentaire à gérer ? Est-ce que ça apporte beaucoup ?
99
Ça dépend vraiment beaucoup des patients. Pour les patients très anosognosiques par
100
exemple, le fait que la famille soit là et qu’elle soit de notre côté, elle devient un peu notre
101
allié. Des fois on ne souhaite pas trop que le patient soit là, parce qu’on a des difficultés avec
102
lui, dans tous les cas le patient est toujours là, mais si on souhaite parler à la famille seuls à
103
seuls alors on les voit dans le couloir après la réunion par exemple. Mais le patient est
VII
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
104
toujours présent, après tout c’est son projet de vie donc même si l’on n’est pas d’accord avec
105
ce projet, on ne va pas aller à l’encontre.
106
- Et la présence de l’entourage ?
107
Et bien oui parce que le patient clairement il connait toute l’équipe, il sait à peu près ce qu’il
108
fait en rééducation avec tous les intervenants, et c’est important que la famille fasse partie de
109
cette dynamique aussi, qu’elle acquière des connaissances, sinon ça n’a pas de sens.
110
- Les infirmiers ou aides soignants sont-ils présents aux p3i ?
111
Oui, il y a tout le temps un membre de l’équipe soignante, il y a la cadre de santé aussi qui
112
prend part aux réunions, tous les intervenants du patient en somme.
113
- Et l’assistante sociale ?
114
Oui l’assistante sociale est toujours présente également. Il y a toujours une partie sociale
115
rattachée à la problématique du patient, en cas d’ALD, d’affiliation à la MDPH, à l’APA. Les
116
patients sont assez lourds pour qu’ils relèvent à chaque fois d’une aide sociale. Nous en tant
117
qu’ergothérapeutes on est très en lien avec l’assistante sociale, ça nous permet de nous mettre
118
sur la même base et de mieux travailler ensemble.
119
- Par rapport à la présence des infirmiers ou aides-soignants, est-ce que ça facilite la
120
coordination entre soignants, en favorisant par exemple l’indépendance et l’autonomie de la
121
personne ?
122
Je vais vous dire, clairement les infirmières et les aides-soignantes sont en sous-effectifs, et
123
elles n’ont pas le temps d’accorder du temps à l’indépendance et à l’autonomie de la
124
personne. Nous on a beau leur donner des pistes mais c’est à double tranchant, si elles font ce
125
que l’on souhaite au niveau indépendance et autonomie, alors les patients seront toujours en
126
retard pour les séances à 9h par exemple. C’est nous qui nous déplaçont en chambre, pour une
127
évaluation, des séances d’indépendance, ou pour faire des points réguliers ou quotidiens. Mais
128
elles ont l’avantage dans le P3i de donner un avis sur la réalité de la personne, et sur ce
129
qu’elle fait au quotidien, parce que nous on arrive quand on fait des interventions régulières
130
par exemple hebdomadaires, on voit la personne à un temps t on ne la voit pas tous les jours,
131
et les personnes notamment en neuro sont fluctuantes d’un jour à l’autre. Elles elles ont cet
132
œil là aussi, et elles permettent de savoir un peu comment appréhender le domicile avec des
133
auxilliaires de vie ou des aides soignantes qui viendraient à domicile.
134
- Au niveau de la relation thérapeutique en ergothérapie, le p3i permet-il de faciliter les
135
choses ?
136
On va dire que ça facilite les choses quand les patients n’ont pas compris, et qu’on est obligés
137
de reprendre derrière ce qui s’est dit au p3i. Sinon nous on est très clairs avec nos patients, on
138
leur explique pourquoi on fait tel exercice, pourquoi on fait telle intervention. Ça peut
139
apporter quelque chose c’est sur, mais quand on est assez clair avec la personne dès le début,
VIII
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
140
ça peut pas apporter beaucoup plus.
141
- Pour des patients adultes victimes d’AVC, combien de p3i réalisez-vous en général ?
142
Normalement on devrait en avoir deux : un p3i de rééducation et un p3i de réadaptation. Nous
143
dans les faits ça ne se passe pas comme ça, on n’en fait qu’un. Niveau agenda, le p3i arrive
144
quasiment un mois après l’entrée de la personne, on a pu un peu cibler le projet de vie et les
145
capacités de récupération de la personne, et on arrive déjà à envisager comment pourrait se
146
faire le retour au domicile, donc on mélange les deux, on fait un point rééducation et on
147
prévoit dèjà la réadaptation. Le mieux ce serait d’en faire deux, mais ça n’arrive que quand els
148
patients restent longtemps, comme un an environ.
149
- A côté du p3i, faites-vous beaucoup de réunions de coordination avec l’équipe ?
150
Alors nous on fait des réunions pluri-disciplinaires toutes les semaines, dans tous les services,
151
où tous les intervenants sont présents et où on fait un point sur tous les patients en une heure.
152
On a une vingtaine de patients en moyenne dans notre service. Ça permet de faire un point si
153
il y a un problème, si il faut revoir quelque chose, comment s’est passée la semaine… Sinon
154
on a aussi des entretiens famille aussi, qui sont strictement ergo et assistante sociale, pour
155
prévoir plus précisemment les retours au domicile et les dossiers de PCH, ce genre de choses.
156
Dès qu’on doit prévoir un dossier pch pour des personnes donc de moins de 60 ans, avec des
157
demandes qui doivent correspondre au plus près de la personne, sil il y a des aménagements
158
architecturaux, des commandes de matériels etc, on inclut toujours la famille, on propose et ils
159
disposent. Par exemple pour une patiente très lourde que je suis en ce moment, je fait un
160
dossier PCH depuis depuis deux mois maintenant pour qu’elle aille dans une MAS et qu’elle
161
rentre le week end chez ses parents, je fais un point avec les parents toutes les deux semaines
162
quand même.
163
- Est-ce que pour vous, le p3i facilite le positionnement du patient en tant qu’acteur de la prise
164
en charge en ergothérapie, et de son projet de soins en général ?
165
La réponse attendue est oui ou non ? je pense que ça dépend vraiment de la personne, de sa
166
personnalité et de ses troubles cognitifs. Je ne peux pas dire vraiment, c’est du cas par cas.
167
L’anosognosie surtout. Si la personne, si la personne a des troubles massifs, qu’elle est
168
aphasique, qu’elle a des troubles de la compréhension, on la rendra pas actrice. Ou sinon si on
169
a des personnes frontales par exemple, elle sont aussi très anosognosiques et avec un handicap
170
plutôt invisible, et on les rendra pas plus actrices avec le p3i non. Après je sais pas si vous
171
avez détaillé vous l’acceptation du handicap ? Donc après voilà il y a aussi des personnes qui
172
ne vont pas jusqu’au dernier processus d’acceptation.
173
- Et quand il ya une difficulté dans l’acceptation du handicap, le p3i apporte-il quelque
174
chose ?
175
Non quand on parle de ça, je pense essentiellement encore aux troubles cognitifs, c’est le plus
IX
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
176
gros frein.
177
- Et pour conclure, avez-vous le sentiment que le p3i permet de favoriser la motivation du
178
patient pour la prise en charge en ergothérapie ?
179
Oui ça peut aider, mais ce n’est pas systématique. Donc la réponse à votre problématique ce
180
serait oui, et non en raison des troubles cognitifs.
X
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Entretien n°2
1
- En quelle année avez-vous eu votre diplôme d’ergothérapeute ?
2
2006.
3
- Avez-vous beaucoup d’expérience en neurologie adulte ?
4
Depuis 2006, donc 6 ans.
5
- Depuis combien de temps participez-vous à des p3i ?
6
Et bien, depuis 5 ans, oui ça a commencé un an après mon arrivée.
7
- Avez-vous personnellement participé à la formation au P3I ?
8
Oui.
9
- Est-ce des P3I sont proposés pour les personnes adultes victimes d’AVC ?
10
Oui c’est automatique, au bout de 3 semaines à partir de la date d’admission. On fait un
11
premier P3I à ce moment là, en général les patients restent deux mois donc il n’y a qu’un seul
12
P3I, sauf si il y eu problématique particulière ou si les patients restent plus longtemps, dans ce
13
cas on peut en prévoir d’autres.
14
- D’accord, et du coup en 3 semaines ça vous laisse le temps de faire l’évaluation initiale de la
15
problématique de la prise en charge de la personne… Est-ce que vous en profitez pour
16
anticiper et rencontrer la famille avant la réunion ?
17
Et bien ça arrive qu’on la rencontre avant, comme on intervient en chambre on peut etre
18
amenés à la rencontrer, ou si elle nous sollicite bien sûr. Apres ça arrive aussi que le p3i soit
19
la première rencontre avec l’entourage. Après ça varie beaucoup en fonction des personnes et
20
des situations.
21
- Comment se déroulent les réunions de P3I dans votre centre ? Qui participe, comment se
22
déroulent-elles ?
23
Alors le médecin est celui qui anime, dans la majorité des cas c’est le cadre de santé qui est le
24
rédacteur. Il y a toujours un membre du personnel soignant (soit infirmière soit aide-soignant),
25
et ensuite il y a tous les intervenants : donc ergo, kiné, psychomot, psychologue,
26
orthophoniste, assistante sociale… le patient et la famille ou son entourage proche.
27
- Est-ce que ça arrive que le patient ou l’entourage proche n’y participent pas ?
28
Hmmmm j’ai eu un cas particulier, où la personne était vraiment seule, donc il n’y avait
29
personne d’autre qu’elle au p3i. Sinon on s’est toujours arrangés pour que l’entourge soit
30
présent. Sinon on le reporte, ce serait vraiment exceptionnel que l’entourage ne soit pas
31
présent. Après ça peut aussi être fait qu’avec l’entourage, si il y a un imprévu et que le patient
32
a une consultation par exemple. Après même qd les capacités du patients permettent pas une
33
véritable participation (éveil, coma, état végétatif), c’est plus difficile mais on essaye quand
34
même de l’inclure, même si les capacités de compréhension sont pas optimales.
XI
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
35
- Avec ces réunions, avez-vous le sentiment que la compréhension, par le patient et
36
l’entourage, de la situation du patient, mais aussi des différentes prises en charges et des
37
objectifs est favorisée ?
38
Oui je pense. Disons que ça permet de faire le point de manière claire. On fait le point sur les
39
capacités, donc on peut appuyer le fait que ça ça va, et que ça ça ne va pas… On peut
40
vraiment faire prendre conscience à la famille dans le cas où il y ait un problème. Après la
41
famille elle l’entend ou elle ne l’entend pas, pareil pour le patient. Il y a des patients voilà, qui
42
sont proches de l’anosognosie, qui n’ont pas conscience de leurs troubles. Nous on appuie
43
vraiment, on essaye ! après voilà comprendre c’est expliquer, de façon claire, on met l’accent
44
sur les problèmes… Après la famille et bien ils entendent ce qu’ils veulent bien entendre. Il y
45
a des cas où la famille n’a pas encore totalement pris conscience de ce que peut être un retour
46
à domicile. On est dans un service de rééducation donc les gens attendent une récupération,
47
après faire comprendre que ça peut être oui, ou que ça peut être non…
48
- Et dans les cas justement d’anosognosie, de difficultés relatives à l’acceptation du handicap,
49
est-ce que vous avez l’impression que ça favorise quand même la compréhension ? Est-ce que
50
ça permet une meilleure prise de conscience justement ?
51
Par rapport au patient, je réfléchis… oui c’est vrai qu’il y a un plus, on tient tous le meme
52
discours donc ça confronte aux difficultés d’entendre de la part de plusiseurs intervenants
53
qu’il y a un certain problème… Après une personne anosognosique, de toute façon elle restera
54
anosognosique, elle aura entendu, mais de là à le prendre en compte je pense pas. Pour
55
l’acceptation oui ça arrive que des patients se disent « effectivement vous avez raison » et ils
56
se remettent en question.
57
- D’accord, les troubles cognitifs seraient donc l’obstacle majeur dans ces cas…
58
Oui.
59
- Au niveau de la détermination des besoins et attentes de l’entourage, le P3I permet-il de
60
mieux les identifier ? de les cerner avec une plus grande acuité ? ça peut être par rapport au
61
retour au domicile, ou au retour à l’emploi, à la participation sociale…
62
Il y en a certains oui, les demandes sont mieux identifiées, on arrive à savoir mieux ce qu’il va
63
se passer à la sortie. A mieux se projeter ensemble. Après on arrive quand même au P3I avec
64
l’évaluation initiale en ergothérapie, donc on sait déjà ce qu’on va pouvoir faire pour répondre
65
à la problématique du patient.
66
- Et comment faites-vous votre recueil de données justement sur les besoins du patient ? Par
67
l’entretien ?
68
Oui il y aura l’enteretien de départ en ergo, et sinon c’est grâce au recueil de données du
69
médecin avec le patient et la famille, et aussi grâce à l’équipe soignante. Bon par contre pour
70
tout ce qui est problématique professionnelle, et ce qui touche plus à la réhabilitation sociale
XII
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
71
en quelques sortes, ces questions là ne sont pas abordées dans notre p3i qui a lieu 3 semaines
72
après l’admission en rééducation… ça va dépendre où en est le patient, mais en général la
73
priorité c’est la récupération et le retour au domicile. Si le patient reste lgtps là là question
74
peut se poser. Nos patients vont souvent en HDJ après, donc là il peut y avoir un second p3i
75
qui touchera plus ces questions là. Nous ici on pense à l’autonomie dans la vie quotidienne.
76
C’est plus tard dans le parcours de soins que ce posent les questions de réhabilitation socio-
77
professionnelle etc… Et nous on a un service comete, donc le projet pro ça se fera au sein de
78
ce dispositif.
79
- Et pour les démarches administratives, c’est aussi en HDJ que ça se décide ?
80
Alors pas forcément, dans les hospitalisations complètes on va préparer le retour au domicile,
81
avec tout ce qui est sécurisation et aménagements architecturaux. En HDJ ça va être la suite
82
de la récupération d’une part, et on a aussi des équipes mobiles AVC qui va intervenir à
83
domicile avec une ergo, donc si il y a des gros projets d’aménagements c’est elle qui suivra le
84
dossier. Nous ici, on va mettre en place des aides techniques temporaires, et évaluer la
85
nécessité et la possibilité d’aménagements, et c’est l’équipe mobile AVC qui poursuit quand
86
le patient sort de chez nous.
87
- Et avec l’assitante sociale, est-ce que ça facilite la coopération avec elle ? notamment pour
88
les questions de financements, d’allocations, de prestations de compensations ?
89
Alors en hospitalisation complete oui, pour le financement des aides techniques. Au niveau du
90
p3i oui ça va permettre de faire un point directement avec le patient, l’entourage, l’assistante
91
sociale et nous oui. Il arrive des cas où on arrive à faire la VAD avant, mais majoritairement
92
on la fait après. Donc si elle est pas encore faite, on peut pas vraiment lancer le projet quoi…
93
Elle est-ce qu’elle rencontre la famille avant je ne saurais pas dire, c’est possible. Mais bon
94
les démarches elles vont se faire en dehors après le p3I, généralement on n’a pas encore assez
95
d’éléments. Ça peut être discuté hein, c’est vraiment en fonction du patient, de la
96
problématique… C’est vrai que l’environnement va beaucoup déterminer les problèmes qui
97
vont se poser, et donc du coup ça permet de voir ensemble, si du coup il y a une sortie de
98
prévue dans 4 semaines et bien on va se concerter pour organiser au mieux, et la présence de
99
la famille oui ça va aider, ils sont experts de leur environnement. Ça va plus servir sur le plan
100
des aides humaines je pense. Le reste on le fait après, en dehors.
101
- Au niveau des attentes du patient, j’imagine qu’à 3 semaines elles peuvent se réveler
102
irréalistes, ou qu’il peut être assez perdu sur ses perspectives, est-ce que ces reunions p3i
103
permettent de clarifier les choses pour le patient ?
104
Ha oui, bien sur. Après c’est surtout le médecin qui se positionne là-dessus. Voilà vous êters à
105
tant de temps de l’AVC, la récupération en est à ce stade… on peut pas savoir non plus, on va
106
pas dire non vous n’allez pas récupérer. La situation peut être peu favorable, dans certains cas,
XIII
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
107
c’est le médecin qui va s’engager dans cette annonce.
108
- En ergothérapie, comment se déroule la défintion d’objectifs et de moyens pour la prise en
109
charge ? Vous proposez pendant la réunion et vous discutez avec le patient ?
110
Et bien d’abord on rappelle comment ça s’est déroulé depuis l’arrivée. Ensuite on dit ce qui va
111
être poursuivi, donc les objectifs qu’on a vus avec le patient avant, en effet c’est pas censé
112
être les notres. Le plus souvent il est demandé au patient quelles sont ses attentes, et après
113
c’est le medecin qui va dire bon vous en etes ici, on va travailler ça par rapport à votre projet :
114
VAD, rééducation motrice du membre sup quand c’est possible. C’est le médecin qui va
115
reprendre les objectifs et les adapter à la problématique du patient. Nous après on aura nos
116
objectifs spécifiques. Mais d’abord on laisse le patient s’exprimer, et on va faire un
117
récapitulatif des objectifs avec les différents intervenants.
118
- Comment se déroule les réunions à ce niveau, pour la place laissée à l’expression du patient
119
et de l’entourage, vous leurs posez des questions sur les habitudes de vies antérieures et tout
120
ce genre de choses ?
121
Oui, chaque intervenant va dire et expliquer ce qui est travaillé avec le patient, où est ce qu’il
122
en est actuellement, nous par exemple on détaille capacités/incapacités, le kiné tout ce qui est
123
relatif à la marche… juste avant le médecin fait un récapitulatif du contexte de survenue de
124
l’AVC, avec des explications sur la pathologie, là aussi la famille et le patient peuvent poser
125
des questions… Ensuite on leur donne la parole, on leur demande leurs attentes, leurs besoins,
126
quel sera le projet à la sortie de l’hospitalisation, on va voir aussi si le patient et sa famille
127
sont en accord, parce qu’il peut toujours y avoir des problèmes par rapport à ça.
128
- Et du coup au niveau de leur place au sein de la réunion, est ce qu’ils se sentent à l’aise, est
129
ce qu’ils arrivent à bien exprimer leurs attentes, à se livrer facilement ? est-ce qu’il ne sont
130
pas impressionnés ?
131
Non, à part bien sur l’apahasique pour qui c’est plus compliqué. On est nombreux mais ils
132
nous connaissent, l’ambiance est propice à l’expression, et puis c’est LE moment où ils
133
peuvent s’exprimer, poser des questions. Ils ne sont pas mal a l’aise non loin de là. Après
134
c’est pas évident car c’est sensible, mais il n’y a pas de problemes particuliers.
135
- Au niveau de la relation thérapeutique, est ce que ces réunions compliquent les choses ou est
136
ce que ça facilte les chose ?
137
Hmmmm c’est pas un obstacle non, après est ce que ça facilite ? non la relation est déjà
138
établie, ça change pas grand-chose. Les objectifs sont posés avec le patient, on lui explique
139
beaucoup ce qu’on peut faire donc il n’y a pas de double jeu, il ne découvre rien. Il ne tombe
140
des nues. A ce niveau là ce que le p3i va apporter c’est des connaissances notamment sur les
141
habitudes de vie antérieures grace à la famille, que nous on aurait pas pu mettre en lumière
142
seuls avec le patient par exemple, ou quand il ne peut pas s’exprimer. On peut découvrir des
XIV
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
143
choses qui peuvent faciliter la prise en charge apres, ou expliquer certains traits de
144
personnalité, ou mettre en lumière des troubles du comportements.
145
- Avez-vous des réunions interdisciplinaires en parallèle du p3i ?
146
Oui, toutes les semaines. On se réunit donc aves tous les intervenants, les médecins, et on
147
discute de tous les patients. Pas en présence des patients hein, c’est juste une réunion entre
148
nous, interdisciplinaire. On fait le point, on affine les objectifs en équipe, on se coordonne !
149
- Est-ce que la présence du patient lors des réunions, a permis donc de favoriser les efforts
150
d’information et d’explication lors des prises en charge au quotidien ?
151
Hmmm laissez-moi réfléchir… Peut-être effectivement. Mais bon on est censés le faire quoi
152
qu’il arrive dans la profession. C’est normal de le faire, le patient est censé être acteur de la
153
prise en charge, même sans p3i. Non j’avoue que je sais pas trop si ça a changé quelque
154
chose, plus oui mais… c’est pas évident. Même sans p3i il faut qu’on discute avec le patient
155
sur quoi on va axer la prise en charge, donc il faut qu’il sache quels genres de choses on va
156
pouvoir faire ensemble, donc oui il faut forcément informer et expliquer, avec ou sans p3i, ça
157
motive la prise en charge aussi bien pour lui que pour nous !
158
- Pour conclure, est ce que le fait de mettre en place des p3i pour les patients adultes victimes
159
d’AVC, permet de rendre le patient plus acteur de la prise en charge ?
160
J’aurais quand même tendance à dire que oui, dans la majorité des cas. Après tout dépend des
161
troubles cognitifs des patients : il y en a pour qui ça ne va pas changer grand-chose. Peut être
162
que le fait d’avoir cette réunion avec tout le monde et la famille, oui ça va crééer une
163
dynamique favorable, on pose les choses et on va parler de l’avenir, même si c’est qu’à court
164
et moyen terme. Ça va aider, mais c’est pas tout le temps flagrant quoi. Ça va vraiment
165
dépendre du patient. C’est facilitateur, après que c’est le p3i en lui-même qui le permet, j’en
166
suis moins sure, c’est plutôt ce qui est fait en amont et en aval qui va faciliter, comment les
167
thérapeutes le rendront acteur de la prise en charge au quotidien. Nous dans notre service il
168
n’y en a qu’un de p3i…
XV
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Entretien n°3
1
- En Quelle année avez-vous eu votre diplôme d’ergothérapeute ?
2
En 1979.
3
- Du coup, j’imagine que vous avez une grande expérience en neurologie adulte ?
4
Oui. Depuis 82…
5
- Et depuis combien de temps participez-vous à des p3i en neurologie adulte ?
6
Hmmm… Je dirais… 1995 ? Oui 1995 il me semble.
7
- D’accord ! Et cette formation vous avez pu y participer vous-même ?
8
Oui oui. Tout le service a été formé.
9
- Ok donc vous utilisez le p3i depuis 1995 dans votre service de neurologie adulte…
10
Alors oui on a été formé, ensuite des médecins ont aussi été formés de leur côté, et ils en ont
11
fait un peu ce qu’ils ont voulu…
12
- D’accord, ça a un peu évolué en fonction des personnes et ça s’est un peu adapté à votre
13
contexte institutionnel du coup..
14
Voilà ! Tout à fait.
15
- Comment se déroulent-ils ces p3i? C’est toujours le protocole de réunions
16
transdisciplinaires ? Avec la présence de tout le personnel soignant, le patient, son entourage ?
17
Alors j’aimerais décortiquer cette question là : tous les soignants, à peu près, c’est-à-dire que
18
des fois certains ne peuvent pas venir, dans ce cas ils laissent un compte-rendu. Le patient oui,
19
l’entourage oui et ils peut y avoir plus ou moins de proches, le max que j’ai vu c’était cinq
20
membres de la famille. Le médecin, l’interne, le cadre de santé, les rééducateurs, un infirmier
21
ou un aide-soignant, c’est à peu près ça.
22
- D’accord très bien. L’assistante sociale est-elle présente également ?
23
Ha oui je l’ai oubliée. Après quand il n’y a vraiment pas besoin d’elle elle ne vient pas, mais
24
elle est là souvent oui. Disons que plus de la moitié des fois on a besoin d’elle. Il y a d’autres
25
intervenants qui ne sont pas là tout le temps, comme l’orthophoniste quand elle ne suit pas le
26
patient. Ça dépend du besoin.
27
- Ok, et est-ce qu’il y a une psychologue qui participe aux p3i aussi ?
28
Non jamais. Mais on a pas beaucoup de temps de psychologue en fait. Elle vient vraiment de
29
temps en temps, sur demande ponctuelle en fait. Mais elle ne participe pas aux p3i non. Elle
30
doit avoir quelque chose comme un mi-temps pour trois services donc c’est très restreint.
31
- D’accord. Sinon, pour vous, en tant qu’ergothérapeute, est-ce que ces réunions, avec la
32
présence du patient et de l’entourage, facilitent la coordination avec les autres intervenants ?
33
Je pense notamment à l’assistante sociale pour les démarches administratives, de
34
financement…
XVI
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
35
Non c’est pas ça qui facilite le travail non. Le travail se fait vraiment en amont, je vais pas
36
dire au quotidien non plus, mais disons très régulièrement avec l’assitante sociale. Faut pas
37
attendre le p3i pour commencer le travail avec l’assitante sociale.
38
- Très bien, et la coordination avec le personnel soignant, infirmiers et aides soignants pour
39
l’indépendance et l’autonomie, j’imagine que c’est fait en amont aussi ?
40
C’est la même chose oui. Pour la coordination avec tous les autres intervenants c’est pareil
41
oui, on fait vraiment se travail en partenariat au quotidien, faut pas attendre le p3i pour ça.
42
- Vous êtes donc déjà bien dans une dynamique interdisciplinaire au quotidien donc ?
43
Oui, après ça pourrait etre mieux, mais on va dire oui quand même.
44
- Bien. Autre sujet, avez-vous l’impression que le p3i permet une meilleure compréhension de
45
ce qu’est l’ergothérapie pour le patient ? Est-ce que ça permet au patient de mieux
46
comprendre l’intérêt de la prise en charge ? Est-ce que ça favorise la connaissance et la
47
reconnaissance de l’ergo auprès du patient ?
48
Alors nous en fait, on fait le p3i au bout d’un certain temps après l’admission du patient. Ce
49
n’est pas un p3i d’entrée. Il intervient qu’au bout d’un certain temps. Parfois on en fait deux,
50
avec un p3i de sortie encore plus tard. On le fait jamais au début de la prise en charge. C’est
51
pour ça que je dirais que non ça n’aide pas, ça arriverait un peu tard! Si on attendait 2 ou 3
52
mois de prise en charge pour que le patient comprenne ce que c’est l’ergo, alors il y aurait un
53
petit problème !
54
- D’accord, j’imagine donc que dans votre pratique vous devez avoir pour habitude
55
d’informer et d’expliquer l’intervention en ergo. Avez-vous l’impression que c’est toujours
56
bien compris du patient ?
57
Alors pas toujours. Généralement oui mais, des fois les patients ont du mal à l’intégrer oui.
58
Après en mon nom personnel j’utilise un questionnaire d’activité, où on balaye vraiment
59
toutes les activités de la vie quotidienne, toutes les activités en général. Je lui explique que
60
l’on va voir ce qui est possible, ce qui est difficile, ce qui est impossible. Je lui explique qu’on
61
va essayer de se rapprocher le plus possible de l’autonomie, de retrouver les activités
62
antérieures qui ont du sens pour lui etc… Après je fait un effort de clareté hein dans le propos,
63
j’adapte mon discours. Et après on a des rubriques et on fait une conclusion pour chaque
64
rubrique, par exemple pour la toilette et l’habillage il y a des actions qui sont impossibles, bah
65
voilà moi en ergothérapie comme objectif je vais vous montrer des astuces pour pouvoir vous
66
habiller tout seul, que vous puissiez vous habiller tout seul, j’explique comment on va faire
67
comment on va s’y prendre. Et je fais ça pour chaque rubrique, mais c’est pour des situations
68
de handicap vraiment concrètes. Y compris la conduite auto, enfin voilà on balaye tout dès les
69
premières séances, et de cette manière j’essaye que le patient ait une vision assez complète ce
70
que l’ergothérapie peut lui apporter.
XVII
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
71
- D’accord, donc oui vous disposez déjà dans votre pratique d’un moyen intéressant pour
72
recueillir les besoins du patient, et faire converger l’intervention et ses besoins donc…
73
Voilà tout à fait, votre question est importante dans le sens où il faut que le patient soit acteur
74
de sa rééducation. Pour moi le p3i, bon déjà chez nous il arrive trop tard pour que ce soit un
75
moyen d’explication de ce qu’est l’ergothérapie, pour décider d’objectifs et de ce que l’on va
76
pouvoir faire. Et la deuxième chose c’est que pour moi c’est pas tout à fait l’outil qui
77
correspond à cela, pour moi c’est plus pour définir des objectifs communs, ça dit bien ce que
78
ça veut dire hein le Plan d’Intervention Interdisciplinaire Individualisé, c’est le seul moment
79
où tout le monde entend la même chose, avec les mêmes mots, les mêmes… comment dire…
80
je dirais presque le même pronostic puisqu’on envisage aussi l’avenir. Si il y a une
81
interprétation qui est faite par la famille ou par le patient, on peut revenir dessus, on peut
82
clarifier cette représentation, ou même rappeler « vous savez au p3i on avait dit ça… », pour
83
moi ça c’est la grande qualité du p3i, son grand intérêt, son apport. Après oui il y a les
84
objectifs en commun. Mais c’est pas pour expliquer ce qu’est l’ergothérapie.
85
- Ok, je reviens sur la compréhension, car dans ma partie théorique j’ai pu développer le fait
86
que la compréhension était essentielle pour devenir acteur de la prise en charge en ergo, mais
87
que cette compréhension pouvait être limitée et perturbée par des troubles cognitifs comme
88
l’anosognosie, ou des troubles psychologiques liés à la survenue et l’acceptation du handicap.
89
Est-ce que le p3i permet d’apporter quelque chose pour remédier à ces difficultés et favoriser
90
la compréhension ?
91
Alors pour les difficultés psychologiques je pense que oui c’est un gros atout. C’est un moyen
92
à la fois efficace et intelligent… L’anosognosie ben, l’anosognosie de toute façon on peut
93
faire ce qu’on veut hein, elle va rester quoi qu’il arrive, p3i ou pas p3i la non reconnaissance
94
elle est là. En revanche, par rapport à la famille ça permet de faire le point, de ne pas laisser
95
des espoirs non-fondés quoi. Il y a des fois des familles qui sont anosognosiques j’allais dire,
96
donc ça permet de recadrer un peu les objectifs de rééducation et de réadaptation. Et pour la
97
suite ça peut être un atout, car encore une fois tout le monde entend la même chose, avec des
98
explications, des bilans, des exemples aussi de ce que fait le patient au quotidien, en
99
rééducation. C’est pas de la théorie c’est du concret.
100
- Et pour poursuivre sur la présence de l’entourage, dans les cas où la problématique du
101
patient est difficile à cerner, quand on arrive pas a identifier ses vrais besoins, est ce que cette
102
présence constitue un atout ?
103
Alors oui ça peut être un plus, et c’est tout l’intérêt du p3i, c’est vraiment le gros gros plus.
104
Encore plus dans le cas des difficultés psychologiques d’ « acceptation », ou d’anosognosie
105
oui.
106
- D’accord. J’en viens aux objectifs de l’intervention en ergothérapie. J’ai lu que les objectifs
XVIII
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
107
doivent être concertés avec le patient et l’entourage pendant les réunions, comment ça se
108
déroule chez vous ? Vous arrivez avec des idées et vous en discutez véritablement avec le
109
patient ?
110
Oui, sachant qu’on en a déjà parlé avant. Ça tombe pas du ciel tout d’un coup, le patient n’est
111
pas surpris non, enfin normalement hein ! C’est un partage d’objectifs, on en discute avant
112
avec lui, on réfléchit aux objectifs on détaille les moyens même. Après lors du p3i on en
113
discute en équipe, on peut insister, on dit voilà on en a parlé ensemble, on a cet objectifs en
114
ergothérapie, on redit les choses, on clarifie on synthétise… On précise… Mais c’est jamais
115
une surprise pour le patient non.
116
- Ça vient officilialiser la prise en charge en quelque sorte…
117
Tout à fait c’est ça. Et puis c’est tracé sur un document collectif, accessible à tout le monde,
118
parce que le dossier ergo bon, c’est visible par le médecin et les rééducateurs mais bon , c’est
119
tellement compliqué avec le dossier informatisé : il y a des parties accessibles à tous, des
120
parties accessibles seulement à l’ergo, enfin c’est compliqué. Et là c’est un document qui est
121
commun à tous, et c’est le seul finalement. Ça donne une référence à un moment t de là où en
122
est le patient et de ce qui va être fait.
123
- Et vous m’avez dit toute à l’heure que le p3i intervenait tard, est-ce que du coup il permet
124
d’orienter un peu le patient vers un projet de réadaptation voire de réhabilitation, avec des
125
possibilités à l’extérieur de votre établissement, à la sortie ?
126
Alors on ne le fait pas pour tous les patients, on le fait quand on a besoin de faire le point. Ça
127
peut être à la demande de la famille, on l’appelle pas comme ça hein, mais la famille va
128
demander des informations, de rencontrer le médecin et un peu l’équipe donc le médecin va
129
pouvoir porposer le p3i. ça peut petre aussi une demande d’un thérapeute pour faire le point
130
sur les objectifs quand ça part dans tous les sens. Ça peut être une demande du patient, du
131
médecin aussi, mais c’est pas du tout systématique : sur 30 patients on va en faire moins de
132
10. C’est vraiment en cas de besoins ça n’a rien de systématique.
133
- Et en parallèle du coup vous faites aussi des réunions d’équipe ?
134
Oui on fait des réunions d’étage dans le service. Il y a la plupart des intervants, à part
135
l’assistante sociale. Et le patient est présent. Après c’est pas pareil dans tous les services, il y
136
en a où le patient n’est pas présent.
137
- Et est-ce que le p3i permet de mieux coordonner le travail au niveau de l’indépendance et de
138
l’autonomie, par la coordination avec les aides soignants et les infirmiers ?
139
Là encore je dirais qu’il ne faut pas attendre le p3i. Il y a en travail qui se fait au quotidien. Si
140
le patient a l’autonomie pour objectif, on va le prendre en séance en chambre, à la fin on fait
141
un bilan mis à disposition d’aides soignants et le patient continue à faire le maximum et eux
142
ils s’organisent, le message passe comme ça. C’est plus dur pour les transferts, car rien ne
XIX
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
143
passera tant qu’il y aura une méconnaissance du travail de l’autre. Il y a un risque de chute, de
144
sécurité quand on le travaille en séance. Pour ça c’est plus dur, il y a une méconnaissance de
145
comment on fait le travail. Il faut communiquer, mais ça c’est un état d’esprit, ça se décrète
146
pas. On peut l’encourager, c’est le travail des cadres.
147
- Je reviens sur l’ergothérapie dans le p3i, est ce que vous avez l’impression que
148
l’ergothérapie a pu être mieux reconnue depuis que vous utilisez le p3i dans le centre ?
149
Par rapport aux autres professionnels je pense pas. En revanche auprès des familles c’est sur,
150
même si encore une fois on attend pas le p3i pour les rencontrer. Mais c’est vrai que ça donne
151
une plus grande visibilité, et puis avec la présence et le soutien du médecin, des autres
152
professionnels c’est vrai que ça favorise.
153
- Plus généralement, est-ce que vous voyez des difficultés liées au p3i ?
154
Et bien par rapport à ce que l’on nous avait appris lors de la formation, normalement il faut
155
préparer avant, retirer la tenue professionnelle, des petites choses comme ça qui ne sont pas
156
faites. Après je suis pas sur que ce soit fondamental. Les difficultés c’est d’avoir une date
157
commune pour tout le monde !
158
- Et les réunions durent vrament une heure pile-poil ?
159
Oui c’est le cas. Nous aussi c’est le médecin qui est animateur et rapporteur. Et sinon oui, il y
160
a quelques années il y a un médecin qui avait très mal vécu la formation car il avait
161
l’impression de ne plus être le chef d’orchestre, parce que normalement tout le monde a une
162
place égale, il n’y a pas de hiérarchie.
163
- Après, ces réunions, ça peut paraitre impressionnant ?
164
Oui c’est pour ça qu’on nous avait dit de retirer les vêtements professionnels, je regrette un
165
peu qu’on ne l’ai pas fait. Mais les mentalités ne changent pas par l’apport d’une méthode, on
166
est encore dans des fonctionnements archaïques, même si ça bouge pas mal. On est toujours
167
avec le médecin au-dessus. Après je sais plus sur quel modèle ça se base, mais normalement
168
la famille est sur le même pied d’égalité que le médecin. Et c’est dommage qu’on l’ai pas mit
169
en place ça mais bon. C’est un peu éloigné de sa base, il a été transformé un peu.
170
- Mais le patient et son entourage peuvent poser des questions librement quand même ?
171
Ha oui oui ! Bien sûr ! Ils le font ! Dans la plupart des cas oui ils saisissent cette opportunité
172
oui.. C’est un moment très privilégié à ce niveau.
173
- Et le fait d’inclure cette démarche transdisciplinaire a permis de mieux coordonner les
174
acteurs, de favoriser la compréhension, de plus impliquer la famille pour la recherche
175
d’information ?
176
Et bien non je pense pas, déjà c’est pas systématique. Et il faut arriver à faire tout ça avant le
177
p3i, c’est plus pour faire un point d’étape, pour donner une synthèse à un moment t, ou alors
178
pour débloquer une situation quand il y a une chronicisation. Ça sert beaucoup plus à mettre
XX
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
179
des mots sur des évènements, des projets, avec des écheances. C’est vraiment un point d’étape
180
quoi.
181
- En conclusion, dans tous les cas, et dans les cas plus difficiles aussi, le p3i permet il de
182
favoriser la motivation du patient pour devenir acteur de la prise en charge en ergo ?
183
Je suis pas persuadée qu’il peut motiver, je pense que c’est plutôt les objectifs concrets, les
184
activités significatifves, des objectifs qui collent aux centres d’intérets. Le p3i ça va permettre
185
de rendre la famille plus actrice, ça peut le remotiver, mais c’est pas le premier je pense.
186
- C’est vrai que vous avez l’air d’avoir un bon moyen pour cerner les besoins du patient, avec
187
votre questionnaires d’activité ? C’est de vous ?
188
Oui ! On l’a fait il y a longtemps, c’est un bon moyen pour cerner les besoins, et aussi pour
189
introduire l’ergothérapie auprès du patient. Après pour vos questions j’ai répondu en fonction
190
de ce que je vois dans mon service, pas en hopital de jour où c’est un peu différent.
XXI
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
191
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
« Réfléchir ensemble : l’intérêt de la transdisciplinarité pour le projet de soins en
ergothérapie. »
L’intervention en ergothérapie peut permettre aux patients adultes victimes d’accident
vasculaire cérébral (AVC) de trouver des réponses à leur problématique de réadaptation.
Cependant la réussite de cette intervention nécessite une certaine motivation pour la prise
en charge.
La problématique de ce travail est donc de savoir comment favoriser la motivation du
patient adulte victime d’AVC, pour la prise en charge en ergothérapie, en soins de suite et de
réadaptation.
Cette démarche vise à mieux comprendre la motivation, à déterminer comment
améliorer la convergence entre les besoins de la personne et la réponse thérapeutique
proposée en ergothérapie, et comment susciter l’intérêt de la personne pour élaborer
ensemble un projet adapté.
L’hypothèse proposée est qu’un moyen de coordination des soins inspiré de la
démarche transdisciplinaire, comme le Plan d’Intervention Interdisciplinaire Individualisé,
permettrait de favoriser la motivation du patient pour la prise en charge en ergothérapie.
Plusieurs entretiens ont ainsi été réalisés auprès d’ergothérapeutes, intervenants auprès de
personnes adultes victime d’AVC, et participants à des PIII.
Les résultats de cette recherche soulignent une possibilité d’apport de la démarche
transdisciplinaire pour favoriser la motivation pour la prise en charge en ergothérapie. Cette
démarche transdisciplinaire permettrait ainsi une meilleure identification des besoins de la
personne, une meilleure compréhension réciproque de sa problématique et de l’intérêt de
l’intervention en ergothérapie, et un meilleur accompagnement du patient vers un projet de
réadaptation significatif. Elle rappelle également le rôle majeur de l’accompagnement de la
personne au quotidien.
Mots-clés : AVC, patient adulte, ergothérapie, réadaptation, transdisciplinarité, Plan d’Intervention
Interdisciplinaire Individualisé, motivation.
“Thinking together: the contribution of transdisciplinarity to the care plan in
occupational therapy”
Intervention in occupational therapy can enable adults suffering from cerebrovascular accident (CVA), or stroke, to find answers to their issues about rehabilitation.
However, getting involved in such an intervention requires motivation, which is in fact difificult
to achieve.
The research question of this study was therefore to discover how to promote a
stroke patient’s motivation to become active in occupational therapy intervention during the
rehabilitation process.
This approach aims to better understand a patient’s motivation, to determine how
reconcile intervention in occupational therapy with the patient’s needs, and how to stimulate
the person’s interest in order to involve stroke patients in collaboration for the development of
the care plan.
The hypothesis proposed was that a means of care coordination inspired by
transdisciplinarity, such as the Interdisciplinary Individualised Intervention Plan (PIII), enables
the promotion of a patient’s motivation for occupational therapy. Interviews were conducted
with occupational therapists, those intervening with adult stroke patients and those using the
PIII , in order to verify the pertinence of this hypothesis in real conditions.
The results of this study underscore the possible contribution of a transdisciplinary to
promote stroke patient’s motivation for occupational therapy. This approach enables a better
identification of the person’s needs, a better mutual understanding of the patient’s issues
about and interest in rehabilitation, and a better accompaniment of the patient towards a
meaningful rehabilitation plan. Emphasis is placed on the major role played by
accompaniment of the person in daily activities.
Key words : CVA (stroke), adult, occupational therapy, individualised interdisciplinary intervention plan
(PIII), motivation, rehabilitation, transdisciplinarity
LAMOITTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Téléchargement