
1
Orages, inondations, tempĂȘtes, la multiplication
des phénomÚnes météorologiques a coûté 2,2 mil-
liards dâeuros aux assureurs, en France, en 20141.
Le montant annuel moyen des sinistres des vingt
années précédentes se situait aux alentours de 1,5
milliard dâeuros. Les intempĂ©ries liĂ©es au rĂ©chauf-
fement climatique prennent de lâampleur. Cette
intensiïŹcation des alĂ©as naturels est une des nom-
breuses conséquences du changement climatique
auquel il convient de sâadapter et dâen attĂ©nuer
les dommages. Selon le Programme des Nations
unies pour lâenvironnement (PNUE), les coĂ»ts
de lâadaptation au changement climatique pour-
raient atteindre 150 milliards de dollars par an en
2025/2030 et entre 250 et 500 milliards de dol-
lars en 2050, dans le cas oĂč lâobjectif de hausse
maximale de la température globale à 2°C en 2050
par rapport Ă lâĂšre prĂ©-industrielle serait respectĂ©2.
Par ailleurs, lâĂ©tude prospective « Changement cli-
matique et assurance Ă lâhorizon 2040 » publiĂ©e
par lâAFA, rĂ©vĂšle le coĂ»t croissant que reprĂ©sen-
teront les aléas naturels en France métropolitaine
au cours des 25 prochaines années. Un coût sup-
plĂ©mentaire qui sâĂ©lĂšve Ă 44 milliards dâeuros (en
euros constants), soit une hausse de 90% par rap-
port au montant des dégùts cumulés les 25 années
précédentes. Cette étude met également en lumiÚre
lâĂ©volution de la hiĂ©rarchie des pĂ©rils dâici Ă 2040
et le poids que représente le changement clima-
tique dans cette évolution.
Partant des retours dâexpĂ©rience des 25 derniĂšres
années et des perspectives des 25 prochaines, le
Livre blanc de lâAFA « Pour une meilleure prĂ©ven-
tion et protection contre les alĂ©as naturels » sâins-
crit dans la continuitĂ© de lâĂ©tude et fait des propo-
sitions concrĂštes sur les deux piliers de la gestion
du risque climatique que sont la prĂ©vention et lâas-
surance.
Câest lâenjeu majeur auquel doivent rĂ©pondre les
acteurs qui directement ou indirectement ïŹnancent
une grande partie des économies nationales :
banques, assurances, fonds de retraite, sociétés de
gestion, que nous appellerons génériquement « ac-
teurs ïŹnanciers ». Ceux-ci jouent un rĂŽle essentiel
en apportant Ă lâĂ©conomie les capitaux dont elle a
besoin pour fonctionner, soit sous forme de prĂȘts,
soit en apport en capital. Leur action concerne aus-
si bien les ménages et les entreprises que le secteur
public, les Etats et les collectivités territoriales.
Pour relever le dĂ©ïŹ du rĂ©chauffement climatique, les
acteurs de la ïŹnance et du secteur privĂ© demandent
que les Etats créent les conditions adéquates sur
les plans rĂ©glementaire, comptable et ïŹscal, tant au
niveau national que sur la scĂšne mondiale, notam-
ment en établissant un prix du carbone. Actuelle-
ment, en Europe, les réglementations prudentielles,
telles que Bùle III pour les banques ou Solvabilité II
pour les assureurs, limitent leurs engagements sur
le long terme. La mise en place dâun cadre adaptĂ©
est un des objectifs auxquels les conférences sur le
climat doivent répondre.
Jusquâil y a peu, les engagements pris par les Etats
nâont guĂšre Ă©tĂ© suivis dâactes. En 2009, la COP15
de Copenhague rĂ©ussit Ă ïŹxer la limite du rĂ©chauf-
fement climatique à 2°C, et propose de mettre en
place une aide de 100 milliards de dollars par an
dâici 2020 pour soutenir les politiques climatiques
des pays les plus pauvres. Cinq ans plus tard, les
fonds mobilisés atteignaient 62 milliards de dol-
lars, selon un rapport rĂ©cent de lâOCDE3. A Can-
cun (COP16), en 2010, lâidĂ©e dâun Fonds vert pour
aider les pays en développement émerge. Cepen-
dant, les sources de ïŹnancement ne sont pas dĂ©ïŹ-
nies.
INTRODUCTION
1.Chiffres de lâAssociation française de lâassurance (AFA)
2. Adaptation Gap (LâĂ©cart entre les besoins et les perspectives en ma-
tiĂšre dâadaptation), Rapport, Programme des Nations unies pour lâenvi-
ronnement (PNUE), décembre 2014 - http://www.unep.org/newscentre/
Default.aspx?DocumentID=2814&ArticleID=11097&l=fr
3. « Climate ïŹnance in 2013-2014 and the USD 100 billion goal »,
OCDE, avec Climate Policy Initiative, octobre 2015