5 > 25 MAI 2014 LES FLEURS DU MAL
DÉJEUNER SUR L’HERBE
Notes d’intention de Françoise Courvoisier, janvier 2013
« Dire un texte, c’est en proférer l’éloge », disait Greta Prozor, puis Richard Vachoux…
On n’a pas trouvé mieux depuis. Dire, savourer, se délecter du verbe et des sens…
Trois amis, une jeune femme et deux hommes, partagent une journée à la campagne. Des
liens divers se devinent entre ces trois-là. Mais ici, il n’est question que du bonheur de dire…
ou de chanter. Dans les sous-bois, entre pique-nique, sieste crapuleuse et confidences au
clair de lune, ils égraineront leurs plus belles Fleurs du mal.
Parce qu’elles ont consolé nombre d’adolescents écorchés, qu’elles sont logées dans le
cœur de chacun d’entre nous, c’est un véritable remède de les dire, de les entendre.
On découvre à travers ces textes qu’au-delà des différences, des âges, des professions, des
sexes… nous sommes bel et bien tous semblables.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat…
Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère.
Avec Baudelaire, nous sommes au-delà du jugement,
par-delà bien et mal
… Nous sommes
juste l’oreille collée contre l’âme et dans l’exacerbation de nos souffrances intimes. Et c’est
là que la musique intervient, dans « nos Fleurs du mal »… Elles sont le pansement pour la
plaie, la douceur de la compassion, la tendresse…
J’ai souhaité retrouver Arthur Besson, compositeur suisse parmi les plus doués, pour mettre
certains poèmes en chansons, comme il avait si bien su le faire déjà pour mon spectacle
Poussières d’étoiles
(2003 !). Le résultat est magnifique. Puis Brigitte Fontaine, avec son
audace, sa mutinerie et son immense talent de parolière, s’est vite imposée comme une
petite sœur de Charles Baudelaire. La grande dame a généreusement accepté de nous céder
quelques uns de ses plus beaux titres !
Un travail assidu sur la versification a été incontournable au début des répétitions, car
comme l’explique Charles Baudelaire si bien ci-dessous, la métrique entraîne le sens, la
rime le sentiment, en bref, la forme et le fond sont indissociables, en particulier dans
Les
Fleurs du mal.
Tout poète, qui ne sait pas au juste combien chaque mot comporte de rimes, est incapable
d’exprimer une idée quelconque ; que la phrase poétique peut imiter (et par là elle touche à
l’art musical et à la science mathématique) la ligne horizontale, la ligne droite ascendante, la
ligne droite descendante ; qu’elle peut monter à pic vers le ciel, sans essoufflement, ou
descendre perpendiculairement vers l’enfer avec la vélocité de toute pesanteur; qu’elle peut
suivre la spirale, décrire la parabole, ou le zigzag figurant une série d’angles superposés…
Extrait d’une des nombreuses préfaces des
Fleurs du mal