Introduction : Pourquoi l’égalité et la justice maintenant 3
« Sisters in Islam » sur « les tendances de la réforme des lois de la famille dans
les pays musulmans ». Cette rencontre a réuni des militant(e)s musulman(e)s
et des intellectuel(le)s d’Asie du Sud-est, de Turquie et du Maroc (deux
pays majoritairement musulmans ayant récemment fait aboutir avec succès
des campagnes de plaidoyer en faveur de réforme des lois de la famille),
d’Iran, du Pakistan, du Royaume-Uni et des États-Unis pour partager leurs
expériences et leurs stratégies. Les participant(e)s à cette rencontre ont
ressenti le besoin impérieux de construire un réseau international reliant
les groupes de femmes du monde musulman qui travaillent depuis des
décennies sur les lois de la famille afin de partager leurs stratégies, leur
savoir et leurs meilleures pratiques. Cet échange développerait le discours
international, l’expression publique et un meilleur élan pour propulser les
efforts visant à protéger les droits existants et à promouvoir une réforme à
l’échelon national et régional.
Nombreux sont les groupes qui n’ont pas réalisé les progrès espérés
dans leur lutte pour une réforme parce qu’ils travaillaient isolément – tant
au niveau national que transnational – et à cause de l’opposition des cercles
conservateurs au sein de la société et du manque de soutien de leur
gouvernement. Dans d’autres contextes, plus particulièrement dans les états
du Golfe et certains pays africains, essayer de réformer les lois de la famille
est relativement nouveau. Et dans d’autres pays encore, le développement
des politiques identitaires et des politiques d’islamisation menace de défaire
les acquis passés dans la réforme des lois familiales.
Alors que des groupes de défense des droits des femmes tels que
Sisters in Islam revendiquent, depuis plus de vingt ans, la réforme dans
le cadre de l’Islam, beaucoup d’autres féministes du monde musulman
hésitent à le faire, préférant améliorer les droits des femmes dans le
cadre des droits humains. Au cours des dix dernières années, les femmes
militantes ont de plus en plus demandé à ce que l’on aborde d’un point de
vue religieux les problèmes liés au droit des femmes musulmanes, tout en
restant dans une perspective liée aux droits. Ce besoin et cette demande
viennent de militantes qui croient en un paradigme entre justice et égalité et