l`année de la foi à epheta - Catéchèse Biblique Symbolique

L'ANNÉE DE LA FOI À EPHETA
Table des matières
A. L'année de la foi...................................................................................................................................... 2
B. Des Symboles de foi à l'exégèse chrétienne...........................................................................................2
1. Les données en présence..............................................................................................................................2
2. Les symboles baptismaux..............................................................................................................................3
3. L'expérience du Père, une immense Réalité à découvrir..............................................................................4
4. C'est par le Fils que le croyant va au Père. ..................................................................................................5
C. Les cinq premiers siècles de l’Église ......................................................................................................7
1. Premier siècle : la sortie du judaïsme et l'évangélisation des païens ..........................................................7
a. Les Églises judéo-chrétiennes des années 30................................................................................................7
b. L'évangélisation des années 40-60.................................................................................................................7
c. L'antisémitisme exacerbé : de 64 à 70............................................................................................................8
d. Les années 70 et le retour en force du judaïsme rabbinique .........................................................................9
e. La fin du premier siècle..................................................................................................................................10
f. Une possible réforme liturgique ? ..................................................................................................................10
2. Le second siècle chrétien : le conflit des cultures.......................................................................................11
3. Le troisième siècle, le rayonnement spirituel d'un catéchète .....................................................................12
4. Le quatrième siècle et le début du cinquième.............................................................................................13
a. Origène vilipendé...........................................................................................................................................13
b. La question aujourd'hui .................................................................................................................................15
c. La typologie biblique fut d'abord juive. ..........................................................................................................16
d. La typologie chrétienne..................................................................................................................................18
D. Les cinq journées Epheta...................................................................................................................... 20
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A. L'année de la foi
L'année de la foi (2012-2013), ouverte par Benoît XVI, est l'année du croire. Ce croire s'appuie sur
deux supports fondamentaux : le Symbole baptismal1 et les Écritures qui nourrissent la prière de
l’Église et fonde la vie sacramentelle. Notre question est celle-ci : comment ces deux supports
s'associent-ils ? Comment la catéchèse les intègre-t-elle l'un à l'autre dans l'initiation chrétienne ?
Notre première partie cherchera à préciser le rapport qui relie en profondeur le Credo de l’Église à la
Bible chrétienne.
La seconde partie racontera l'histoire des cinq premiers siècles de notre ère qui ont précisé peu à peu le
lien spirituel qui unit la lecture chrétienne2 aux Symboles baptismaux. Notre développement sera
rapide, mais le schéma historique, si sommaire soit-il, devrait intéresser les animateurs de la Parole
parce qu'il montre comment s'est précisée peu à peu l'association du Symbole baptismal et des
Écritures chrétiennes.
B. Des Symboles de foi à l'exégèse chrétienne
Il s'agit de bien mettre en évidence le rapport qui unit le Symbole baptismal à la manière ecclésiale de
référer les Écritures au Christ, le Fils de Dieu, dont l'itinéraire, en douze étapes, constitue le centre du
Credo chrétien. Toutes les correspondances du Christ au Livre saint s'inscrivent dans l'une ou l'autre de
ces étapes. Ainsi l’Église évite-telle des interprétations sauvages qui ne renverraient pas au Seigneur de
gloire, et passeraient alors à côté du croire de la foi.
1. Les données en présence
Dans la foi de l’Église, Jésus ressuscité, Fils et Verbe du Père, est le Christ annoncé dans les Écritures
juives. Il est le Seigneur qui "parle" dans la Torah. Il est Dieu qui, de Dieu, est descendu en notre chair
puis est remonté pour nous mener "là-haut". Désormais, comme un berger, il conduit au ciel son
troupeau, toute l'humanité. Ses créatures ne quittent jamais le cœur de leur Créateur.
Nos symboles baptismaux formulent ce mystérieux trajet "ciel-terre-ciel" d'un Dieu qui s'est fait le
prochain de l'homme blessé en habitant sur terre pendant trente-trois ans : il est venu chez les siens,
mais les siens ne l'ont pas reconnu ! (Jn 1,11). Depuis lors, le Ressuscité de Pâques marche avec les
hommes sur la route du temps (Mt 28,20).
Il appartient alors à l'approche typologique de la Bible chrétienne d'initier à ce temps intérieur ceux qui
cherchent Dieu.
Le trajet terrestre, parcouru avant nous par Jésus, semble a priori dangereux, il est évité par les païens
qui ont peur des aléas du temps. En revanche, vivre la foi en Dieu dans ce temps, apporte un éclairage
à nos vies, qui s'orientent alors vers le ciel.
L’Église enseigne cet itinéraire existentiel qui monte vers le ciel. Elle le fait le vivre de l'intérieur et
apprécier. Car, pour goûter les bienfaits de l'agir divin, l'être humain a besoin du temps qui nous
traverse. C'est là que nos relations aux autres se relisent sous l'éclairage divin. Le Dieu biblique habite
l'histoire humaine, nous évitant ainsi la magie mortifère de l'espace religieux.
1Chaque dimanche, nous entendons l'un ou l'autre Symbole de foi, ou celui de Nicée-Constantinople, qui date du IVème
siècle, ou celui simplifié des Apôtres.
2Les deux Testaments réunis en Jésus-Christ : les Écritures héritées des juifs et le Testament Nouveau écrit au premier
siècle.
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C'est pourquoi Tertullien, ce mystique de la fin du second siècle, écrivait en pleine persécution à ses
concitoyens : "On ne naît pas chrétien, on le devient". Les païens de toujours attendent un dieu
magicien dans l'espace religieux, mais le Vivant des cieux habite la mémoire des hommes, autrement
dit leur rapport personnel au temps et au vieillissement.
Aujourd'hui, la terre devient petite, et les relations humaines prennent une dimension universelle.
L'amour du prochain, qui n'est pas naturel mais divin, fera disparaître tous nos égoïsmes et tous les
racismes. Et si les Symboles baptismaux disent si clairement la Trinité divine, c'est pour rappeler aux
chrétiens la manière que Dieu a de venir habiter le temps de l'homme, dans l'Esprit, par le Fils, vers le
Père.
C'est pourquoi l'initiation aux Écritures chrétienne s , qui unit les deux Testaments bibliques dans le
cœur de chacun, s'appuie sur le Symbole baptismal récité, chaque dimanche, par la communauté qui a
écouté la Parole. Cette Confession de foi biblique rappelle la manière dont le Verbe divin (le Fils du
Père), accompagné de l'Esprit d'amour, fait descendre ici bas la grâce venant du Père. Nous verrons
comment les histoires imagées de la Bible résonnent dans les esprits de ceux qui s'en sont imprégnés.
Une dimension spirituelle accompagne cette résonance, qui se renforce à l'excès dans le sacrement du
Pain et du Vin, du Corps offert et du don divin qui accompagne cette offrande : le pardon infini
prononcé à la Croix : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font (Lc 23,34).
2. Les symboles baptismaux
Dans l'antiquité, le Symbole baptismal était reçu en secret afin qu'il ne soit pas compris de travers par
des non-initiés qui en seraient restés aux mots. Cette règle de discrétion s'appelait "l'arcane". Les
baptisés recevaient oralement le symbole baptismal à leur Baptême, l'apprenaient par cœur, et
pouvaient ainsi participer à la prière biblique de la communauté.
Les symboles baptismaux donnent la clé de l'approche chrétienne de la Bible. Cette clé est centrée sur
Jésus, le Christ des Écritures, le Messie annoncé. Le Fils de Dieu s'approche de l'homme pour le
mieux connaître et le mieux comprendre. Et, depuis l'Incarnation de Dieu, l'homme (Adam) est appelé
à s'approcher de Dieu dont l'image humaine est Jésus de Nazareth. Ce Messie, narré dans les évangiles,
nous a montré comment témoigner au monde de la justice et de l'amour d'en haut.
Dieu est venu à l'homme pour que l'homme lève les yeux vers le ciel et s'oriente vers Dieu. La route à
prendre est celle prise par Jésus dans le temps de sa propre vie humaine que les évangiles racontent à la
manière biblique dans la foi de l’Église.
Cette foi, que le croyant vit de l'intérieur en sa propre histoire, fait naître en son cœur la mémoire de
Dieu. Cette mémoire, associée à des relations vécues, nourrit la vie du baptisé au fil du temps. Le
temps nous emporte tous vers un lieu inconnu, mais il nous traverse aussi laissant en nous des traces.
Avec l'âge qui fait revenir des souvenirs enfouis, nous en prenons conscience. C'est alors que le croyant
fait revivre en lui la mémoire de Dieu associée à d'innombrables images bibliques. Ce travail de
mémoire biblique peut commencer très tôt si le baptisé a bien été initié à la culture biblique et a appris
à rapporter à sa vie les récits de l'Alliance où Dieu et l'homme sont associés.
Quand le temps humain est nourri de la Bible chrétienne, l'Alliance vécue par Israël puis par Jésus
ressuscité, mène en Dieu au-delà de la mort. Et la mort n'est jamais une fin, mais un voile qu'il faut
traverser, le voile de la foi. Comme le disait saint Augustin au début du Vème siècle : "Avant la mort, ce
n'est pas la mort. Après la mort, ce n'est plus la mort. Ainsi la mort n'existe pas !" Seule existe la Vie
divine en son heureuse éternité.
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D'ailleurs le Symbole donné au Baptême exprime la fin du temps de ce monde avec la mention de la
résurrection de la chair et de la vie éternelle. Au bout du temps qui nous traverse et que nous
traversons, notre être de chair ne disparaît pas, il est "transformé" (1 Cor 15,52-55) ! Les évangiles
évoquent même une transfiguration finale. Mais, vidé de Dieu, coupé de la foi et du Christ, le temps,
seulement associé à notre inévitable vieillissement, ne ferait que nous déprimer et risquerait même de
nous détourner de ce que Dieu prévoit pour nous : la Vie éternelle.
3. L'expérience du Père, une immense Réalité à découvrir
Qui est Dieu ? On l'imagine à notre image comme un individu isolé, c'est une tentation de chacun. Dieu
est le Créateur du ciel et de la terre, et même le promoteur de ce double univers visible et invisible
évoqué au début du Credo. Ainsi quiconque s’enfermerait dans les seules réalités visibles et
extérieures de ce monde-ci ne pourrait jamais rencontrer Dieu. Aveugle de naissance, il serait incapable
d'imaginer une telle Réalité dans un monde mental positif aux dimensions limitées3 (Jn 9). Mais la vie
avec ses aléas vient bousculer des idées toutes faites. L'être humain, qu'il le veuille ou non, est jeté
dans la foule des humains, et emporté par le courant de l'existence. Où ? Vers la mort, et s'il le désire :
au-delà de la mort, en Dieu ! Mais il doit chercher ce Dieu de liberté qui ne s'impose à personne. La foi
commence ainsi.
Dieu se révèle dans la méditation biblique, mais on l'imagine aux entours de la réalité psychique que
nous habitons. Mais le Dieu biblique n'habite pas l'espace extérieur, et l'image spatiale qui nous vient à
l'esprit est inadéquate. Dieu habite le temps que chacun traverse ; notre corps est comme une barque
posée sur une mer intérieure parfois agitée, car ce lac intime est enfermé dans ses rives. Les tempêtes
sont fortes et soudaines. Dieu dort dans la barque à la place du barreur ; il attend d'être réveillé, laissant
au passager la liberté de ce réveil (Mc 4,36-38). Durant la traversée qui est sa vie, le passager peut se
contenter d'observer les choses du dehors, souvent belles. Il ne voit pas que, dans la barque près de lui,
Dieu est là. Dieu attend d'être secoué, bousculé, d'être prié en vérité et avec foi. Il agit alors et mène le
passager au-delà des tempêtes selon une logique de navigation qui échappe à ceux qui ne voient que
l'extérieur, la sécurité de la vie.
Il existe une vision spirituelle, meilleure que l'image spatiale, celle de l'amour juste : l'intelligence de
la foi et la connaissance de Dieu. L'une et l'autre touchent à la gestion du temps intérieur. Cultivées
chaque jour, elles apportent peu à peu la mémoire du Seigneur. Ainsi faut-il apprendre à "relire" nos
vies en Dieu et pas seulement en nous ! Telle est la clé formulée dans le Symbole baptismal, clé pour la
Bible et clé pour la vie.
Dans la foi biblique, d'abord et avant tout, Dieu est "le Père " universel , père au sens sémitique du
terme. Bien qu'invisible et transcendant, cet Être originel donne vie à tout être, et il s'annonce lui-même
dans sa créature traversée par le temps. Cette annonce est "première", primordiale, fondamentale pour
la vie chrétienne. Dieu, l'origine de tout, est vivant, il est le principe même de la vie spirituelle. En
grec, on le dit : l'archè !
En araméen, le Père se dit "Abbah4". Le baptisé en témoigne dès que l'Esprit de Dieu vient s'unir à son
esprit. Paul souligne cette nécessité spirituelle et intérieure à des Romains tentés par un juridisme
extérieur (Rm 8,15-16), un ritualisme peut-être, attirés au mieux par une morale légaliste, enseignée du
dehors comme une leçon d'école qui éviterait de faire l'expérience du temps.
L'année de la foi nous invite à mesurer combien notre rapport à Dieu n'est pas de l'ordre de la nature,
3Cet univers n'a pas de transcendance, et Dieu lui-même appartient au cosmos comme dans les cultes agraires.
4L'article ha se place après le mot ab qui signifie "père".
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qu'il appelle un travail particulier de notre esprit livré au temps. L'essentiel travail spirituel suppose une
ouverture à l'invisible Réalité qui se tient "au-delà" du réel habituel. N'est-il pas nécessaire de cultiver
en nous la transcendance d'un Dieu vivant qui se révèle en l'homme ? Un long apprentissage élargit
l'esprit humain à la dimension du ciel. L'exemple de l’antiquité chrétienne laisse entendre plusieurs
années d'initiation pour des catéchumènes, adultes, chercheurs de Dieu.
L'évangile de Jean revient plusieurs fois sur la Réalité du Père qui est aux cieux, qui habite au-delà de
notre existence. Jésus le dit pour lui-même : Le Père est en moi, et je suis dans le Père (Jn 10,38).
L'homme, qu'est d'évidence le fils de Marie, entend le Père en lui, et il ajoute la réciproque : "Je suis
dans le Père". Jésus habite ce Père. La Réalité divine qu'il perçoit en lui, qu'il entend dans la prière,
existe donc hors de lui. Dieu n'est pas une émotion religieuse passagère d'ordre psychique, il est la
Réalité fondamentale, appelée aussi vie éternelle. Et la recherche de cette vie éternelle semble être la
visée principale des évangiles, voire leur principe fondamental (Mc 10,17; Jn 3,15; Lc 10,25).
Jésus ne s'arrête pas là. Dans sa prière, juste avant sa mort, le Seigneur élargit à ses disciples la
réciprocité "Père-Fils" qui l'habite. Comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu'eux aussi soient
"un" en nous [...] pour qu'ils soient "un" comme nous sommes "un" : moi en eux et toi en moi [...] Que
je suis, je veux qu'ils soient avec moi (Jn 17,21-24). Jésus paraît déjà habiter la vie éternelle, il
réside dans cette Réalité invisible qui est l'unicité de Dieu. Dieu est UN ! L'unique Père embrasse toute
l'humanité de ses deux bras. Il nous entoure, nous accompagne, et nous entrerons tous en Lui après
avoir traversé la mort et être passés dans l'éternité. Nous avons l'aide du Fils visible en son humanité et
celle de l'Esprit que le croyant demande au Père en priorité (Lc 11,13; Mt 12, 31-32).
Les disciples de Jésus, qui acceptent, chaque jour, de prendre le chemin très risqué du temps, se
retrouvent avec leur Seigneur dans le même et unique "lieu" spirituel : la Réaliéternelle de justice et
d'amour. Celui qui aime et vit en vérité ne craint pas la mort naturelle qui vient de toutes façons.
En revanche, les païens, qui habitent tous les pays de notre monde (le mot n'est pas péjoratif), ignorent
la Réalité de l'Alliance et sa verticalité, ils ignorent Dieu. Et si jamais ils lisent la Bible, ils la prennent
au ras du texte et la comprennent comme un texte du passé puisqu'ils ne voient pas Dieu dans le texte,
mais seulement un mot qui ne leur dit rien. Les païens ne sont donc pas en mesure de quitter leur
ignorance.
Dans les Actes des Apôtres5, Luc esquisse le portrait du païen de son époque. Cet athée ignore tout du
Dieu vivant, il est incapable de concevoir la pratique priante de la sainte Écriture. Vu par l'évangéliste
qui désirerait lui confier l’Évangile, le païen semble inatteignable car il s'en tient au monde extérieur, à
la nature. Attaché au cosmos, il est tenté par la magie, la drogue et l'attrait de l'argent. Comment
pourrait-il avoir l'idée d'une Réalité invisible qui habiterait le temps de sa vie ? Il peut tout juste
imaginer Dieu dans la religion, dans les lieux de culte, mais que Dieu puisse être si près de lui sans
qu'il le sache, est de l'ordre de l'impossible. Un tel état d'esprit commande à la fois la religion
extérieure, et l'athéisme qui habite la même extériorité. Les missionnaires qui évangélisèrent le monde
pour la première fois avaient bien conscience de cet obstacle mental.
4. C'est par le Fils que le croyant va au Père.
La première évangélisation, lancée par Pierre et Paul en Asie Mineure et en Grèce, semble avoir voulu
5Les communautés juives chrétiennes disparaissent vers la fin du premier siècle. Deux facteurs s'ajoutent. Une
persécution systématique de l'administration romaine depuis la révolte juive (66-70). Les juifs sont traités de barbares.
Par ailleurs, sous la direction du judaïsme rabbinique, toutes les synagogues ont fermé leurs portes aux chrétiens, même
autour du lac de Tibériade, le berceau de l’Église (Lc 10,13-15).
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